Oeil pour oeil [PV Nocera]

-Dysis-

Comme lorsque Dysis bondit pour tuer un lapin ou un cerf après une longue traque, le mouvement est rapide, mortel. Mais peut-être qu'au fond, Dysis s'attendait à ce que sa grand-mère l'arrête ou l'évite, qu'elle empêche la blessure. A la place, le gout du sang explose dans sa gueule, lui provoquant un haut-le-coeur quasi immédiat. Elle avait blessé mamie. On le lui avait demandé, mais elle l'avait fait. Et tout son être lui hurlait que ce n'était pas naturel. Elle ferme les yeux, restant accrochée une seconde à sa grand-mère alors que son ventre s'agite, luttant contre son instinct, contre l'envie de pleurer un peu aussi.

Jusqu'à ce que Nocéra lui pose une patte sur la tête, la faisant immédiatement lâcher. La louvette a les cheveux en bataille, l'oeil écarquillé, et lorsqu'elle s'éloigne, la vision du sang de mamie lui retourne le ventre. Cela n'aurait pas du se passer comme ça, elle n'aurait pas du-
Pourtant, si. C'était une leçon à comprendre, une leçon qui s'inscrit dans son esprit impressionné par l'expérience, une leçon importante : parfois, blesser ses alliés était nécessaire. Pourtant, Dysis se jure en même temps qu'elle ne le fera plus jamais. Même si elle sait qu'en cas de besoin, elle devra le faire, cette idée lui donne encore plus envie de vomir.

Elle baisse les yeux, les muscles encore contractés et tremblants. Mamie ne semblait pas plus remuée que ça par sa blessure, et cela ne soulage pas vraiment Dysis. Et maintenant, maintenant elle allait devoir la soigner. La louvette reste silencieuse un instant encore, sentant d'étranges connaissances lui venir, lui apprendre sans mots comment suturer cette plaie qui la dégoûtait tant, car elle l'avait faite. C'était pourtant ce qu'il fallait faire ; réparer les dégats qu'on avait causé.

Alors, lentement, elle se saisit d'une aiguille et du fil, d'une patte gauche mais pleine de connaissances qui n'étaient pas les siennes. Elle commence par désinfecter -tuer les bactéries qui pullulaient sur à peu près tout- avec ce qu'elle trouvait. Mais pendant qu'elle oeuvre, elle reste totalement silencieuse.
Peut-être n'était-elle pas encore prête à parler, après ça.

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'PC ING - Soin' :

-Dysis-

La voix calme de mamie apaise peu à peu la jeune louve, qui continue son oeuvre avec concentration. Elle laisse les connaissances étrangères affluer dans son esprit, mais se demande alors d'où elles viennent. Nocera répète sa question, et son glowstick s'illumine - Dysis en déduit qu'il y avait un lien, entre tout ça. Elle voudrait demander, mais l'idée de parler, là tout de suite, lui donne encore la nausée.

Sous ses yeux, la plaie se resserre malgré ses pattes gauches et tremblantes. Les sutures ne sont pas bien droites, ni très belles, mais Dysis s'applique, et l'afflux soudain de connaissance l'aide à se guider. Finalement, au bout de plusieurs minutes, sa petite voix s'élève.


Elle ne voulait pas que mamie ai mal.
Pas encore.

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'PC ING - Soin' :

-Dysis-

Peut-être que Dysis s'était attendue à entendre un mensonge rassurant de la part de sa grand-mère. Mais lorsqu'elle lui dit qu'elle avait mal, elle réalise qu'elle préfère l'honneteté. L'explication qui suit résonne en elle, elle la comprend mieux, alors. Elle comprend mieux pourquoi mamie l'a poussé à ça, et pourquoi elle ne trésaille pas alors que ses pattes maladroite font un travail médiocre sur sa blessure.

Dysis ne sera jamais une grande sortcelière. Mais après s'être autant appliqué, et avoir profité des connaissances insufflées par le glowstick de Nocera, elle parvient tout de même à terminer la suture de la plaie. Ses pattes sont encore un peu pleines de sang, mais elle se sent mieux. ELle avait au moins réparé, un peu.


Elle cille, réfléchit un peu. Puis, pose la question qui la titillait depuis le début.


Elle relève ses deux yeux barrés de croix sur sa grand mère. Elle avait passé son épreuve, maintenant, elle voulait savoir ce qu'elle avait combattu.

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'PC ING - Soin' :

-Dysis-

Un dernier noeud, et c'est terminé. Dysis s'éloigne, le ventre en vrac et l'esprit épuisé, bien plus qu'après une longue traque infructueuse. Elle ne serait pas sortcelière, ça c'était certain, et l'idée de devenir mage était une sorte de réconfort après la blessure de mamie qu'elle venait d'affronter. La discussion dérive vers un sujet qui l'interresse plus, et elle écoute avec attention alors qu'elle essuie ses pattes sur l'herbe pour en oter le sang.

Ainsi, Famine n'avait pas été apprivoisée. La jeune louve l'inspecte encore, plissant les yeux. C'était une histoire étrange, et elle serait presque tentée de ne pas la croire. Mais pourquoi mamie lui mentirait sur ce genre de choses ? Un prédateur, joueur et affectueux, qui se liait à un loup, ce n'était pas commun. Elle souffle doucement, réfléchissant.


Un léger mouvement de menton vers la bête pour la désigner. A dire vrai, elle n'aimait pas trop ça, ne savait pas si elle voulait essayer d'apprivoiser une bête. En général, certaines étaient chassées, d'autres chassaient. C'était ainsi.

-Dysis-

Dysis écoute avec attention. Famine était un monstre, son existence l'était, naturelle. Ce n'était pas sa question. Elle aurait du être plus précise. Mais mamie comprend, et répond à son interrogation primaire. Elle ne sait pas ce qu'elle lui apporte, parle de symbiose et Dysis retient ce mot. Elle le chercherait plus tard à la bibliothèque. Elle hoche la tête, comprend que peut-être, ce lien là n'était pas naturel mais d'autres oui. Elle devait se renseigner. L'émotion y jouait part, aussi, et elle avait du mal à l'organiser autour.

Les émotions étaient naturelles, aussi. Des processus chimiques et complexes qu'elle appelait instinct. Elle se redresse. Sa tête est pleine de pensées.

Elle voulait aller chercher d'elle-même. Réfléchir. Approfondir. Un regard vers sa mamie. La leçon était-elle terminée ? Car elle était fatiguée.