Changements [PV Holly]

-Iris-

La journée était belle. Le soleil avait doré le ciel froid d'hiver, couvant les rares nuages de ses rayons éclatants, et même si la neige s'obstinait à lui répondre, une douce chaleur se diffusait à l'entrée de la tanière d'Iris. Le temps, bon ou mauvais présage, ne changeait cependant rien à l'état de stress dans lequel il était. Difficile à quantifier, tant il se mêlait à une hâte folle, une fébrilité enfantine comme un louveteau devant un cadeau. Demain, tout changerait. Du moins, il l'espérait, autant qu'il en avait peur.

Il avait parlé à sa mère de la recette trouvée à la bibliothèque. Il lui avait montré les deux ingrédients trouvés, taisant la provenance du bourgeon qu'il avait récupéré avec l'aide d'Ibéris. Il lui avait demandé son aide pour changer ; et elle avait accepté. Les panseurs avaient validé la recette, été mis au courant au cas où quelque chose tournerait mal. Car si Iris était plein d'espoir, il ne pouvait pas exclure que cette recette, trouvée dans un coin de livre, soit en réalité une blague, ou pire, un danger pour son corps.

Pressé, il avait pris les deux objets enveloppés dans des tissus propres et s'était dirigé vers la tanière de l'alpha, qui aujourd'hui serait plus maman que dirigeante. Il ne voulait pas être seul, c'était là sa plus grande frayeur. Il voulait à ses côtés la présence réconfortante d'Holly lorsqu'il rouvrirait les yeux après que la magie eu opéré. Il marche d'un pas allant vers sa tanière, avant d'y passer le museau.


Il entre et pose la sacoche à ses pieds.

-Iris-

Maman l'accueille d'une caresse douce, mais ses yeux sont inquiets. Iris aussi l'est, et il ne cherche pas à le cacher devant sa mère, qui est bien une des seules avec qui il pouvait s'ouvrir sans se cacher. Il s'assoit et inspire, avant d'hocher la tête, plus déterminé que jamais. Il allait le faire. Il avait choisi son chemin. Il sort de la besace les deux ingrédients nécessaires, l'éclat de vœu et le bourgeon trouvé avec Ibéris, qu'il pose devant lui, près du feu de la tanière.


Il hoche de nouveau la tête, comme pour se donner du courage. Il n'en avait pas tant besoin, mais était consumé par ce mélange de peur et de hâte. Il avait simplement envie que tout soit terminé. Il sort son bol de terre cuite, et s'en va verser de l'eau dedans. Mais avant, il pose une patte sur celle de sa mère, brièvement, avant de la regarder.


Il la lâche alors pour se remettre à la préparation, qui était pour le moins simple. Le bol est posé sur le feu, le morceau de voeu est infusé dans l'eau. Il remue et peu à peu, observant la couleur nacrée se dissoudre lentement dans le liquide. Puis, il ajoute le bourgeon et continue de remuer, concentré. Et après l'infusion, il pose sa cuillère en bois et se redresse.


Une sorte de question, comme s'il cherchait la validation de sa maman. Pourtant, c'était son choix ; mais elle était celle sur qui il s'appuyait, bien souvent.

-Iris-

Un dernier regard entendu, d'encouragement, d'assurance. Iris la sait, il devra faire preuve de courage, comme souvent - et il n'était pas mauvais pour ça. Alors, lorsque sa décision est prise, il souffle et d'un coup, prend la mixture avec soin avant de l'avaler, d'un coup. Elle avait un drole de gout, un mélande sucré et acide, presque pétillant. Et lorsqu'Iris a terminé, il ferme les yeux, et formule son voeux.

Celui d'avoir un corps changé.

Lorsqu'il rouvre les yeux, il semble que rien a changé, mais il sait que celà prendra du temps-la nuit, tout au plus. Alors, il s'installe aux cotés de sa mère, prêt à passer la nuit à ses cotés. Et d'un murmure, il la remercie.


D'avoir toujours été là.

-Iris-

Le lendemain, Iris met quelques minutes à s'éveiller, et se souvenir de la raison de sa mère à ses cotés. Gueule encore pateuse, il bondit sur ses pattes avant d'inspecter son corps, coeur battant et anxiété montant en flèche. Il ne lui fallut que quelques secondes pour constater que son corps avait changé. Il était devenu male. Il reste sans voix, quelques secondes, avant que l'émotion ne le submerge. Comme si un poids s'était levé de ses épaules, le soulagement était immense, indescriptible. Il avait longtemps pensé pouvoir se contenter d'être considéré comme un male par ses pairs, son malaise s'étant peu à peu effacé, remplacé par une confiance plus grande.

Pourtant, à chaque fois qu'un inconnu se laissait guider par ce qu'il voyait, il avait eu mal. A chaque fois qu'il avait du corriger, demander, expliquer, il avait eu mal. A chaque fois qu'il se souvenait qu'il était différent des autres, à chaque fois qu'il passait devait un miroir sous un angle peu flatteur, à chaque fois qu'il avait du retenir ses sentiments tumultueux envers louves ou loups à cause de son corps, il avait eu mal.

A partir de maintenant, il n'aurait plus mal.

Et dans l'intimité de la tanière, alors que sa mère était encore endormie, il s'autorise à pleurer, de joie et de soulagement, d'un mélange de larmes et de rire qui le secouait avec bonheur. Une fois l'émotion passée, il essuie sa truffe et va réveiller sa mère d'une voix pleine de joie et de surprise.


Il avait encore du mal à y croire. Il enlace sa mère, heureux que tout se soit bien passé et surtout, heureux de partager cela avec elle, qui l'avait toujours accepté.

[Finiii]