Revenir ➼ La famille

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▬ ft. La famille.

Été 2023.
12ans.

Demain.
J'avais dis sortir demain mais davantage de temps s'est écoulé. Quelques journées et quelques nuits, peut-être une ou deux semaines ; la notion du temps s'est transformé, depuis que je vis ici. Mon quotidien s'était calqué sur une routine implacable, régis par l'arrosage des plants, leur entretien, leur soin, les repas lorsque mon ventre gargouillait et de nombreuses heures de sommeil.
Depuis...
Tellement d'années.
Cela fait presque ou plus de cinq ans, me dirait mon corps. Celui au poil terne et aux dreads qui me tombent presque jusqu'au poignet.

Tellement d'années passées en solitaire, dans ce terrier où personne n'aurait pu venir me déloger.
Fermé à jamais.
Cru-t-on.
Je suis devenue la seule qui savait que non.
Et c'est pour ça, que je resta seule.

Se tenir devant la porte qui y mène est presque un moment d'émotion. Ca fait longtemps, que mon coeur n'a pas eu une pulsation aussi forte, sans que je ne sois énervé. Il battait toujours vite, lorsque je repensais à ce connard de Raeder qui m'avait poussé aussi, qui n'était pas mort de ses blessures puisque moi, j'étais resté vivante, comme à ces fachos et à ces culs-bénits que je détestais.
J'inspire.
Expire.
J'avance une patte, forçant ainsi l'ouverture de la terre et des roches et-

Le soleil est si aveuglant que je rentre aussitôt.

Il n'est pourtant que lumière au bout d'un tunnel.
Mais c'est déjà trop.

Je retenterais demain.

-

Demain à cette fois-ci des allures de ce soir.
Car repousser à chaque fois ma sortie ne me conduirait qu'à accepter de mourir ici sans honorer cette promesse faite à l'esprit du terrier.
Elle, qui m'avait laissé vivre tant de temps ici. Sans jamais s'interposer. Sans jamais me venir, jusqu'à ce que je l'appelle.
Elle, qui en contrepartie de m'avoir logé, ne demandait qu'à revoir les louveteaux qu'elle avait protégés.
Moi, qui voulait bien revoir l'un de ceux-là, surtout. Parce que c'était mon frère.
Et qu'il me manquait, en réalité, comme me manquait mes soeurs, comme me manquait mes amies.

Je m'apprêtais à les découvrir changés.
Je savais, pour les chiards de Prudy et d'Onyx.
Ils seraient déjà adulte.
Tous avaient dû vivre bien des choses.

Je me sentirais presque inconnue.
Comme je paraitrais sans doute comme une inconnue.

Avait-on gardé mes affaires, au fond de ma grotte taché de sang ?
Le refuge était-il encore existant ?

Il l'était, à la dernière visite de mon daron.
Elle remontait à longtemps maintenant.
J'inspire.
Expire.
J'avance une patte, forçant ainsi l'ouverture de la terre et des roches et-

Dehors j’entends la pluie tombée, c'est un orage d'été. Il fait nuit et l'air humide et chaud me happe.
Pas si différent, de celui dans le terrier.
Ce terrier dont je sors, un pas après l'autre.
C'est presque dérangeant, et je dois me retourner, pour constater la fermeture de la porte dans mon dos.

Si je m'en rapproche, elle se rouvre...mais ce n'est plus le moment, pour faire demi-tour.

« Je reviens vite. »

En compagnie de Ted.
J'hoche la tête. Hésite peut être une seconde...

Et puis le tunnel au sein de la pleine aux champignons, menant au terrier, est alors dépassé. Le contact de l'herbe tendre sous mes coussinets me fait écarte les doigts, et la pluie rince la poussière de mon poil.
Tout.
J'ai l'impression de tout redécouvrir.
J'ai l'impression de me remettre à vivre.
Pourtant tout n'avait été en suspend, entre l'agression et maintenant.
Mais...
Je chasse tout ça d'un mouvement de tête et je m'avance. J'ai presque froid, finalement. Il faut que j'extirpe de mon sac un vieux et long tissu troué, dont j'entoure mes épaules et rabat un pan sur ma tête en guise de capuche.

C'est comme ça.
Comme ça que je m'avance, en tournant la tête partout, tachant de me repérer à nouveau.

Ici, rien a changé.
Et le refuge semble toujours exister.

Amas de pierres et de corps endormis, dont je sens les odeurs. Beaucoup connus. Certaines inconnus.
Et puis...
Et puis...

Et puis je poussa un aboiement, plantée au beau milieu du lieu. Incapable de savoir quoi foutre d'autre, un peu paumé parmi tout ça.
Rauque et éraillée, d'avoir si peu parlée. J'ai le cœur qui bat à cents à l'heure.
Mais je veux leur dire, tout de suite

Je suis de retour.

Avec bébé Marty

Image par moi-même

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Il pleut.
Ce simple élément météorologique dissuade la p'tite licorne d'aller mettre la truffe dehors. Au lieu de ça, elle profite, avec ses enfants, d'un repas préparé avec amour.
Ils sont grands, maintenant, tous les trois, mais c'est plus fort qu'elle : elle les voit toujours comme des p'tits louveteaux et ne se cherche pas plus de prétextes pour les couver et leur faire plaisir.

Comblée par leur présence, celle même qui endors les maux, elle les couvre du regard.
Onyx ne relève la tête que lorsqu'elle entend un cri, d'une voix éraillée mais... Bien connue ?
Un instant, elle croit rêver, et les larmes lui montent instantanément aux yeux.
C'est une joie si grande qui traverse son coeur et l'anime : un bonheur qu'elle n'espérait plus.

La petite louve bondit, comme un ressort : Il lui semble sentir Mica à sa suite, un peu confus, mais ne sait pas encore si ses autres enfants la suivent dehors.

- ... Maman, qu'est ce qu'il se passe ? C'est qui ?

- GATHOU !

Sa gueule s'ouvre sur un large sourire couvert par les larmes de joies.
Dans sa poitrine, son coeur s'emballe et c'est sans attendre, qu'elle serre sa grande petite soeur dans ses pattes.

- Bienvenue chez toi, p'tite sœur. Tu m'as manqué.

3 an (30/03/2023) Yeux fait de feu I | E | F | A 1 | 1 | 0 | 2

-Ted-

Il n'était pas revenu à un foyer complet.

C'était ce à quoi Ted pensait, alors qu'il regardait la pluie matinale tomber, bien au chaud entre ses couvertures. Tout le luxe de sa tanière après des mois d'ascétisme glacial, tous ses livres, tous ces fruits et légumes, tout, tout ça ne valait pas la présence de sa soeur, et la différence lui broyait le coeur au bulldozer (du moins, une comparaison qu'il aurait pu tenter s'il avait su ce qu'était un bulldozer). L'annonce était encore fraiche et lui, sous le choc. On lui avait raconté, il avait eu du mal à le croire. Du mal à croire tout ce qu'il avait raté.

Il soupire. Contre lui, son compagnon dort encore (il croit) et au moins, au moins ils étaient encore là, eux. L'absence était plus froide que tout, et le deuil exacerbé. Aux cotés des tombes de ses parents et de Vanhir devait se rajouter une plus récente, et lui ne savait pas encore comment gérer. Petit à petit, surement. Son regard se perd dans la pluie quand soudain, il entend un appel rauque. Lentement, il se dégage de sa couche, s'ébroue et pondère l'importance du son face à sa non-envie de sortir. Finalement, il inspire et va se frotter à l'eau, trop curieux.

Le spectacle qui l'attend vaut tous les orages du monde. Devant lui, une silhouette immense enlacée par les pattes de sa soeur, quil reconnaitrait entre mille : Agathe. Une patte monte à sa gueule, étouffant un glapissement de surprise devant celle qu'il croyait être morte. Et sa gorge se noue, sans pouvoir rien dire tant l'émotion est violente, choc et joie, tout emmêlé. Seuls ses yeux prouvent qu'il l'avait bien vu, car à l'instar du ciel, ils s'ouvrent pour déverser un torrent presque honteux de larmes et de sanglots.

Agathe était revenue.

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▬ ft. M'man, Mica, les tontons et...Une tatie revenue ?

Été 2023.
3 ans.

Tu dormais pas, quand elle s'est plantée au milieu du Refuge. Cette forme immense, qui t'avais fait redressé un peu la tête. C'que tu dormais pas, depuis quelques jours, il faut dire. Ou peu, du moins.
Tu clignes tes yeux fatigués malgré tout
(ils sont paradoxales, à vouloir rester ouvert mais à se plaindre d'être fatigués ensuite)
Te demande c'que c'est. Ou qui c'est ?

Quelque chose qu'à une drôle d'allure mais qui aboie.
Quelqu'un que M'man reconnait, qui vous quitte soudain pour aller retrouver.

Gathou.

Tu clignes des yeux.
Et contre le flan de Mica, que tu vins trouver, tu murmuras étonné, peut être un peu choqué.
(tu étais choqué de beaucoup de choses, en c'moment)

« C'est... C'est elle, l'autre sœur de M'man ? »

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▬ ft. La famille.

Été 2023.
12ans.

C'est moi.
Gathou. Agathe. La grande disparue de ces dernières années, je sais, j'ai abusé.
Vous auriez eu droit de me faire la gueule. De me détester. Moi, j'vous aurais au moins un peu chambré.
Bah alors, on part sans prévenir ?
A la place...

Tu te jettes à mon cou, 'Nyx. T'es la première personne qui me touche depuis plusieurs années et putain, ça fait un bien fou, en fait. De toucher autre chose que de la terre, que de l'eau, que des racines, du bois, des feuilles ou des cristaux. De sentir la chaleur de ton poil court qu'humidifie la pluie.
J'referme ma patte dans ton dos et j'te ramène contre moi.

« 'Nyx ! T'es toujours aussi p'tite...Et tu m'as manqué, toi aussi. »

Dans mes mots, y a un sanglot qui déborde. Un peu trop d'émotions qui éclate soudain sous la pluie, des larmes qui s'oublie sur mes joues, alors que j'enfouie mon museau contre ta joue pour humer bruyamment ton odeur.
J'l'avais presque oublié.
Ou c'est parce qu'elle a tant changé, après toutes ces années.

Avec un sourire pincé et tremblotant, je releva alors la tête vers une autre ombre, plus haute, après les avoir passé sur les deux plus juvéniles, au fond, que j'avais l'impression de reconnaitre sans avoir jamais vu.
Mais là, en gris et orange...

« Salut, Ted. »

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Il a du mal à croire qu'il fait partie d'une famille, quelques fois.
C'est drôle pourtant il aime bien être appelé Tonton Lùgh, c'est un bon rôle ça. Mais il oublie aussi du coup que ça veut dire qu'il a des... belles-soeurs.
Il avait presque occulté de son esprit comment, il y a un moment de cela, ils ont pu chercher l'une d'entre elles. Sans succès, d'ailleurs.
Une amère défaite qui avait peiné son promis, ça aussi il a du mal à réaliser quelques fois aussi.

Mais quand ils sont revenus, ce n'est pas celle qu'ils ont cherché, qu'ils n'ont pas retrouvés.
C'est Prudence, de loin la moins côtoyée pour lui, qui a péri parmi la dévastation de terres Nakhus par un dragon. Encore une fois, il ne sait pas s'il prend pleinement conscience de toute l'étrangeté, horreur, et tristesse de cette histoire là. Tout ce qui est tangible est la tristesse d'Onyx et Ted, après tout ça.
Alors il dort près de son compagnon et le serre fort, quand il en a besoin, le laisse respirer et ne le frôle même pas les autres moment où c'est ça qui est requis.
Cette nuit là, ils dorment proche l'un de l'autre.

Il est alerte, toujours, des bruits. Petit dormeur.
Quand il y a un appel rauque, il est réveillé et découvre que Ted l'est aussi. Il se lève en silence à sa suite, le loup gris ne semblant pas percevoir qu'il a été réveillé aussi. Ce n'est pas grave. Il pointe le nez hors de la tanière à son tour et trouve la pluie comme eux.

Enfin.
Eux trouvent un peu plus que cela.
Ils retrouvent une sœur.

Lui, ce n'est pas la sienne, c'est un vague rêve, une vague discussion avant et après, une tolérance de la grande louve à son égard quand lui a osé peut-être l'appeler presque une amie. Avec le temps passé il pense qu'elle l'a oubliée cependant. Il reste en arrière, par respect pour cette famille qui se retrouve et qui s’unit. Du moins... jusqu'à voir Ted pleurer. Pour une fois, c'est de joie et si la raison est plus plaisante, il est toujours faible face aux larmes de son promis, alors il s'approche et revient à ses côtés le soutenir un petit peu.

Il lui murmure, même.

"Va la voir, muiañ-karet."

Il mérite d'aller la retrouver dans ses pattes, désormais.
Et de retrouver un peu de bonheur dans cette vie compliquée.

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