Un cauchemar (Désastre)

C'est toujours son tour des frontières, qu'il achevait à cette heure. Celui qu'il commençait en partant du Castel, et qu'il terminait à la jonction entre la moère et les terres des solitaires.
Pivotant sur ses pattes pour faire demi-tour, ne sortant que de plus en plus rarement en dehors des frontières (que lorsqu'une mission l'exigeait, qu'il se devait de rendre visite à l'ami important, ou lorsque le besoin d'aller emprunter quelques livres à la bibliothèque se faisait ressentir), il entreprit de rentrer au Castel en marchant sur ses propres pas.

Imperturbable dans ses habitudes.
Son quotidien n'avait pas encore besoin d'être réorganisé.

Une oreille attentive pour les bruits des terres solitaires, en tout confiance pour ce qui était des terres Etelkrus, il ne put manquer les pas lourds de celui qui fut son apprenti, malgré le fait que ce soit l'oreille non entendante, qui fut tournée vers lui.
Il stoppa ses pattes.
Fixa le jeune loup, attentif dans son observation, qui le fit dire en guise de salutation :

« Ottar. Tu as l'air malade. »

L’œil semble un peu flou. La salive un peu plus abondante aux abords de ses lippes. Il a l'oeil avisé et l'habitude des patients, bien qu'il n'ait que très peu soigné de maladies.
Il n'espère pas qu'il vient pour ça.
Désastre ne fut jamais spécialiste, des maladies.

Il n'était pas malade.
C'est ce que lui affirma le jeune mâle qu'il éduqua au rang de soigneur, et il ne douta de cette réponse. Ottar ne mentait pas, il croit. Il n'aurait pas eu raison de le faire devant lui, et ses propres compétences en soin devait lui permettre de savoir s'il l'était ou pas, malade.
...
C'est autre chose, qu'il est.
En état de choc.
C'est un mal de l'esprit dont il a prit connaissance sans l'avoir pleinement étudié.
En état de choc parce qu'il avait vu une abomination.
Un loup moitié vivant, un loup moitié mort, dévorant une charogne en putréfaction.

Un tressaillement de ses sourcils.

Il note les informations transmises.

« Mmh. Il t'a fait quelque chose ?
...
S'en était peut-être une, oui. D'abomination.
...
Certains loups se lient avec les monstres, plus qu'avec les dieux. Certains loups peuvent aussi être maudits, par les dieux ou une autre entité. »

Il a été maudit quelques fois. Par le monstre aux yeux tourbillons. Par le monstre d'yeux et de noir aussi, il croit.

L'apprenti ne sait plus bien penser, trop perturbé par ce qu'il vient de voir.
Il s'exclame, essaie d'organiser ses pensées, il croit. Mais il ne sait plus quoi en penser. Désastre reste malgré tout attentif, les yeux posé sur les siens. Calme.
Comment est-ce possible.
Il a besoin de trouver des réponses à toutes les questions qui se précipitent. Il sait que s'il est venu le voir, c'est pour avoir son aide.
Alors c'est ce qu'il fit.
Lui fournir de l'aide.

« Certains loups le sont. Fous.
...
Nous avons eu à la prison, il y a très longtemps, une louve venue par deux fois au-delà des frontières. Pour s'attaquer aux nôtres. Elle a perdue à chaque fois mais ça ne l'a pas empêché de revenir. Les conséquences n'importaient pas. Comme si... Mmh. Le danger était un jeu. »

C'était au-delà d'une maladie de l'esprit.
Cela ne se soignait pas.

« Beaucoup de choses ne sont pas normales, sur ces terres.
Je suis né à cause du monstre aux yeux tourbillons, qui a créé ma vie dans les entrailles de Pepper sans qu'elle ne se soit lié avec un autre. Et plusieurs sont nés ainsi, sur les terres. Je me suis fait téléporter par le monstre de noir et d'yeux, dans une dimension différente. J'en suis revenu avec des puces.
Nous découvrons des monstres.
Nous subissons leurs pouvoirs.
La bibliothèque permet d'en savoir plus sur certains. Les dieux peuvent renseigner sur d'autres.
...
Je peux me renseigner avec toi. Sur ce que peut être, l'abomination vue. »

La voici.
L'aide qu'il peut lui apporter.

Une louve qui aurait pu être normale, il croit. Si on se limitait à la description de son pelage. Il disposait aussi, d'un symbole similaire à une lune, au-dessus de chacune de ses épaules : ce n'était pas un marquage suffisant pour faire de soit quelque chose d'autre qu'un loup.
Ce qui la composait, pour une moitié du corps, était plus anormale, et c'est ce qui l'intéressait le plus.

« Elle était peut-être hôte d'un monstre. Possédée. Ou contaminée par celui-ci. »

Une vie partagée avec un monstre, une entité, un démon, quelque chose.

« Je n'ai jamais vu, ce que cachait les bandes des momies. Peut-être a-t-elle subit une malédiction de celles-ci. Ou bien est-elle morte-vivante, comme ceux que l'on appelle zombies.
Mmh.
Il faudrait rechercher, quels entités ont un lien avec les insectes. Les insectes sont souvent considéré comme étant nuisibles, il n'est pas impossible qu'une ou plusieurs soient en lien avec ceux-ci.
...
Ce n'est pas l'une de mes spécialités. Les loups qui ont sondés les profondeurs sauraient peut-être mieux te renseigner. »

Puisque c'est dans leurs tréfonds, que l'on rencontrait le plus de monstres.
Il en avait vu quelques uns.
Ne s'y était, pour autant, pleinement intéressé, plus occupé par d'autres sujets.

S'il souhaitait s'investir sur tel sujet ?
Désastre s'était intéressé à bien des choses, durant sa vie. Les thèmes concernant la médecine furent les plus étudiés. De façon indirecte, celui-ci semblait lié aux maladies et autres maux. Il était peut-être bon, de commencer à apprendre quant aux malédictions et à ces états du corps et de l'esprit qu'il ne connaissait pas encore.
Qu'importe son âge, il lui semblait nécessaire de ne pas laisser celui qui fut son apprenti apprendre seul.

« D'accord. »

Il est moins d'avis d'aider une solitaire. Mais il n'en dit rien ; son ami comme un frère en est un, de solitaire.
Trouver un remède permettrait, aussi, de soigner ceux de leur meute qui pourrait être touché par ce mal.
La solitaire serait aussi un test, pour vérifier si les soins fonctionnaient, s'ils n'étaient pas létaux ou facteurs d'aggravations.

« Souhaites-tu te rendre maintenant, à la bibliothèque ? »

Désastre n'avait jamais été de ceux qui acceptent puis oublient.
C'est tout de suite, qu'il pouvait agir.

Plus il apprend, plus il comprend. C'est ce que dit l'apprenti, et Désastre ne peut émettre d'objection à ce fait. Il ne pouvait en être autrement, il croit.
Si on ne comprenait pas mieux, alors, c'est qu'on avait mal apprit.

« Et la compréhension fait cesser la peur. »

Est ce qu'il ajouta finalement. Plus on avait conscience de la situation et de toutes ses possibilités, moins l'hésitation et la peur envahissaient l'esprit. Les choix étaient plus raisonnés et rapides, le recul plus grand.
C'est pour cette raison, qu'il n'avait jamais connu la panique.
Il s'était toujours préparé par l'apprentissage, du corps ou de l'esprit, à toute éventualité.

« Pour aller plus vite... Grimpe. »

Ses pas devinrent souples et c'est rapidement, que son corps s'allongea.
Il devint Quetzalcóatl, pour mieux les transporter vers la bibliothèque des terres Nakhus.

Mieux valait garder toute l'énergie disponible pour les recherches, plus que pour la marche.