Croquant mais appétissant ! [Liam]

Chaleur exécrable. Herbes hautes qui arrivent à hauteur de joue. Après midi d'un soleil qui brûle le dessus de sa tête comme une caricature de la nature. Des murailles de termites semblaient s'étirer jusqu'à toucher le ciel et Galahad pris soin de ne pas s'en approcher se rappelant très bien la dernière qu'il aura eu affaire à une tanière de cette envergure. Et quelques part, cacher dans sa petite crinière, l'envie guttural de miauler comme un lion qui serait le roi de cette dites plaine mais il savait pas comment faire.

Les herbes hautes dans laquelle il se faufile, son regard d'or chemine aussi. La chaleur torride de l'endroit lui donne envie de dormir mais Galahad à beau regarder, les seuls points de hauteur offert par les terres solitaires lui brûle les pattes dès qu'il les déposent sur les roches. Il fût assez tôt que le bouclier se demanda qui arrive à vivre dans une chaleur aussi lourde. Il regretta amèrement son choix d'être venu ici pour chasser. S'il marchait depuis une bonne heure tout ce qu'il trouvait c'était des criquets et des lézards qui eux, semble ne pas trop se plaindre de la chaleur extrême.

Le bouclier tourne en rond, cogite, il est un peu paumé au beau milieu de la savane. Son cerveau lui demande un peu de fraîcheur, un peu d'eau, un peu d'ombre sous cette chaleur abondante. Sa batterie corporelle est faible, presque morte. Il décide de s'arrêter au bout d'un moment sous l'ombre d'un arbre en priant Kiro de ne pas laisser son cerveau bouillonner parce que ce serait un peu bête de mourir comme un buffle au soleil. Le soleil l'aveugle, la chaleur accablante c'est vrai, mais le paysage est magnifique et de ce même paysage, Galahad s'en abreuve. Après tout, c'est pas tous les jours qu'on voit ce genre de terrain sur les terres Etel. Au loin, il pense apercevoir la silhouette d'un groupe de pachyderme et il se dit que ces grands animaux n'ont aucun équivalent. Il observe aussi plus près de lui quelques gazelles qui saute et qui, toujours sur le qui-vive s'alarme au moindre frottement de l'herbe sèche. Herbe dans laquelle le bouc se faufile directement, à plat ventre avançant à pas de sourie pour que sa cloche ne sonnent pas à son déjeuner que c'est l'heure de s'enfuir tiens. Il finiras par s'approcher assez près, son ventre grondant comme un lion.

La gazelle sauvage sait-elle qu'elle à pris pour gîte le même refuge que la bête ?

Son regard d'or parcours les formes de sa proie avant de décider de galoper à toute allure vers elle. Sa cloche sonnant le glas de la mort qui arrive par derrière. Oh et elle arrivera. Très peu impressionner quoique pris par surprise, la gazelle se retourne vers l'Etelkru, le regard écarquillé et les pattes tambourinant le sol. Un coup de sabot dans le jarret et un coup de corne sur sa tête comme pour repousser l'intrus, la bande s'enfuit à tout allure, laissant l'Etelkru mordre la poussière.

-Pff c'est ça, galope ton petit cul loin d'ici. J'avais même pas vraiment faim de toute façon.

Aucune douleur, mais un gros bleu sur l'égo, l'Etelkru se relève et éternue la poussière de la honte à ses pattes. C'était définitivement pas un moment glorieux. Il allait devoir s'en tenir aux sauterelles aujourd'hui. Croquant mais appétissant.

Regard contusionné, peau sèche. Pèlerin sortant d’un désert aride à la recherche d’une oasis splendide.Avide assoiffée à la bouche qui ne découvre à ce moment précis qu’une vallée profonde où coule la jouvence de l’échec. Galahad sort des grandes herbes hautes qui jusqu’ici le cachait presque du solitaire envieux à la seule idée qu’il puisse connaitre le désert comme sa poche et lui offrir l’eau qui lui sauverait la vie. L’Etel ne bougea plus d’un poil et suivit l’étranger d’un regard fasciné. Au bout de quelques secondes, Galahad dirigea vers lui des pas incertains d'ivrogne, étendit la patte et saisit une boucle des cheveux luisants entre ses doigts. Aussi fournis qu’une crinière de lion. Un sourire ne put s'empêcher de sortir d’entre ses crocs. Ce gars-là était autant à moitié lion que lui était à moitié chèvre et l’idée le fit marrer. Un beau portrait de basse cours.

Dans la patte brune du garçon, si brune qu'elle paraissait noire, les cheveux qu'il frottait contre ses coussinets faisaient un bruit d'étoffe.

Haleter, haleter, haleter, haleter, haleter.

Entre les grasses prairies le regard du bouclier se promène, comme si l’effet mirage finirait par se dissiper et leurs révéler cette oasis tant espérée par le voyageur. Galahad hausse les épaules. La chaleur torride le jette dans l’envie de se reposer, mais se reposer ici, sous ce soleil ardent c’était aussi signer son arrêt de mort. Il hocha la tête et décida de partager l’eau de sa précieuse gourde. Après tout, ici en terre neutre, ils étaient tous les deux des étrangers qui essayaient de survivre. L’etel en prit quelques gorgés avant de pousser du museau ce qui restait aux pattes de l’étranger. Rien de quoi le faire survivre encore des jours dans cette savane, mais assez pour qu’il en sorte.

Le bouclier recula de quelques pas avant d’avoir une idée lorsque le crépitement des hautes herbes se fit entendre à sa droite. La chaleur du sourire qui apparaît sur ses lèvres n’est heureusement pas aussi pesante que la température de la savane.

–Bon, maintenant que je t’ai partagé de mon eau, tu pourrais me partager ton pain ? Quelle genre de quête t’amène à venir te faire griller la crinière ?

Mais je promets de repayer cette dette, vous qui m'avez sauvé la vie, ou je ne m'appelle pas Liam !

Museau qui flaire l’environnement avec avidité mais qui surtout renifle de loin le filet de bave qui s’écoule sur la crinière de l’inconnue épaisse comme la corde. Galahad se pince les lèvres contre ses crocs en plissant les yeux devant l’étrange personnage qui se trouve devant lui. Le soleil lui serait-il tombé sur la tête ?Avec un grondement sensible comme celui d’un chat, le bouclier dévore voracement sa pitance de n’avoir rien à lui offrir en échange, gonfle son poitrail et engloutit les ténèbres de son échec. Il trouverait bien autre chose qui pourrait lui plaire à force de conversation. Ses yeux horizontaux plongés dans les ondulations élégantes de son pelage de feu, bercé par la douce musique de l’herbe aussi raide que leurs crinières, il pense.

-C’était que de l’eau mon gars, y’a pas de quoi promettre une dette.

Le parfum de ce feu exhalait l’amertume de l’échec. Pauvre solitaire qui avait dû quémander à l’autre de lui offrir le breuvage qui lui sauva la vie, jusqu’à la prochaine misère. Le bruit d’un tambour lui détourne l’attention. Tambour perpétuel des sabots contre le sable. La ténacité de la horde de buffle lui réchauffe les joues. C’est une belle histoire; courir sans savoir où l'on va; mais reste-il encore à savoir comment elle allait se terminer. La brûlure du soleil sur leurs têtes et cette sensation trop forte, presque caricaturale de la nature animale qui emplissait leurs poitrine, Galahad pousse de l’air par ses narines. Il finit par suivre le même geste que l’étranger à la crinière de lion. Il ne put s’empêcher de lâcher un léger rire en le faisant, après tout c’était la première fois qu’il promettait sur quelque chose d’aussi stupide que quelques gorgées d’eau -ajeun- c’est à dire. Parce que saoul, y avait des choses encore pire que ce qui était sorti de sa bouche comme une promesse à donner où à payer. Heureusement beaucoup d’entre elles se sont fait oublier dans le brouillard.

Son regard d’or serpente une dernière fois sur les alentours avant de conclure que l’autre devait être soit très paumé et avait réussi à se perdre dans le milieu de la savane ou il était là pour la même raison que lui, bouffer et Galahad savait très bien comment c’était terminé la dernière tentative de sauter sur son prochain repas, son coeur tambourinant encore là où reposait les traces sablonneuses des sabots de sa proie sur son torse.

–Je prends ça en note. Je note aussi que t’a l’air un peu paumé non ? T’es ici pour les gazelles ou les termites ?