Celle qui connait les maladies ☉ Neisseria [FAST]

S A J D A ▴ Cinq mois

Si mes yeux bleus détaillent beaucoup, ces visages et ces arbres de savoir qui se dressent au-dessus de chaque tête,
Si mon silence cesse parfois pour entamer quelques discussions,
Il me faut, entre ces deux occupations, œuvrer à tuer le temps.



Poussé par un instinct, par l'évidence d'un moment où, il me semble, cela se prête au jeu.
C'est mon corps qui agit presque avant mon esprit, dans une fraction de seconde où il se veut plus intrépide que j'aurais pu l'être en dehors de ce temps. Loin des regards, ou pas forcément ; je m'y prêtais plus facilement seul mais être surpris n'était point une honte.

J'ai un morceau de bois brûlé.
J'y ai fais mes crocs et désormais, je le fais proie ou bien comparse. Je ne suis pas certain de dissocier pleinement ces deux rôles : il peut être l'un et l'autre, les comparses soumis à d'autres ont après tout l'attitude d'une proie.
Je le lance. Bondit à sa suite.
Le chasse. L'attrape.
L'envoie plus loin. Recommence.
Puis je le bloque, entre mes pattes. Le ramène à côté de mon flanc.
Je fais une sieste.
Du moins m'allonge.

Mais l'odeur me tint éveillé, dressant la tête avec un léger haut le coeur.

Neisseria n'était pas loin.

S A J D A ▴ Cinq mois

Petit enfant, réveille-toi.
Il y a quelque chose qui me frôle le dos. Je le sais, que c'est quelque chose et non quelqu'un. Il en manque la chaleur, il en manque la douceur ; plus que celle donnée par intention, celle du poil et de la chair tendre d'un nez ou d'un coussinet.
Cela me force au plein réveil.
Je l'étais déjà. L'odeur m'empêchait de dormir.
Mais cet état n'était jusqu'alors pas visible.

Désormais, elle me voyait réveillé.
Je cligne des yeux et la regarde claquer des mâchoires. Calme, sans paraitre trop assuré.

Je suis conscient de certaines choses.

Mon instinct me dicte, de par ma petite taille, de ne pas m'insurger devant les adultes. Ceux, du moins, dont le corps l'est.

« Qu'est-ce qu'il y a, Neisseria ? Tu veux jouer avec moi ? »

S A J D A ▴ Cinq mois

Elle se couche en face de moi et la façon dont elle me regarde ne me rassure pas. Elle a les yeux d'un prédateur en face de sa proie, plus intéressé pour ce que pourrait lui apporter la proie que pour ce qu'était la proie.

Je n'ai pas le temps de répondre à sa première question, ayant à peine eu le temps d'y réfléchir.
Je lui aurais proposé d'assembler le bois, pour hériger des sépultures. Ou bien de chasser une grenouille ou une souris.

« Pas encore. »

Il n'y a pas d'eau assez claire et assez profonde pour me le permettre, ici. Mais c'est un apprentissage que je comptais acquérir, pour un jour être en mesure de suivre ma Lumière sur l'Atoll.

Mais elle, le peut elle seulement ?

L'oeil entre les deux bleus s'ouvrent, pour le vérifier dans l'arbre qui se dresse au-dessus de sa tête, encore bien petit.
Je me devais de conserver une méfiance certaine, pour ne pas finir noyé.

S A J D A ▴ Cinq mois

Le troisième œil se pose sur elle et il constate.
Et pourtant elle propose de m'apprendre sans une once de cette compétence, elle qui a même allure que mes pas de louveteaux.

« Non, pas aujourd'hui. »

Elle risquerait de me noyer, je le pressens. Mais il faut arrondir les angles, le refus pur me semble dangereux.

« Quand il fera un peu plus chaud ? »

C'est approprié.

S A J D A ▴ Cinq mois

Elle gonfle ses joues. C'est à se demander si elle ne va pas me cracher dessus, lorsqu'elle les aura dégonflé. Il n'en est rien. Neisseria m'écoute et n'insiste pas, et je peux me satisfaire de ne pas mourir noyé aujourd'hui.
Il me faudra bel et bien véritablement apprendre à le faire, pour assurer plus certainement ma survie.
Quand vint sa question, je répondis sans temps de réflexion, l'ayant déjà faite lorsqu'elle demanda à quoi jouer puis enchaina sur la nage.

« Je veux bien attraper des souris ou des grenouilles. Ou bien ramasser des bâtons pour les tailler, si ce n'est les planter dans ce que nous aurions attraper. »

Je ne berce pas dans le sadisme ; ce n'est là qu'une stratégie pour l'éloigner de mon propre mal en la faisant s'exercer sur des bêtes à la vie dérisoire. Une idée qui la retiendra, peut-être, et évitera qu'elle propose d'autres choses qui me conduiraient à un destin funeste.

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Elle semble soudain piqué d'une certaine folie, qui secoue mes épaules d'un très bref sursaut. Elle ne s'adresse point à moi, je le comprends aisément : je ne fis rien pour entraver ses mouvements, naturellement disloqués.
Peut-être au démon qui l'habite.
Peut-être aux insectes qui la consument.
Peut-être au vent, simplement, je m'attendais à tout comme à rien, en sa compagnie.

Et si elle ne veut guère souris ou grenouilles, c'est un rat, qu'elle souhaiterait.

« Je peux essayer. »

Je ne peux rien promettre.
Il serait risqué de le faire. Elle pourrait s'agacer d'un échec potentiel, et trouver là une raison suffisante pour me plonger dans la mare.
Me voici donc relevé, mes narines bougeant au grès des flux d'airs qui y passent. C'est, le temps de quelques secondes, mon seul mouvement.
Le temps de trouver une piste.
Je ne suis pas un chasseur bien aguerris, je n'ai encore à gagner ma propre pitance.
Mais la théorie m'est connue, et j'eus déjà l'occasion d'attraper quelques petites proies.

[RC - Trouve une ratte et ses petits ; RS - Trouve un rat ; ES - Suit la piste d'un rat sans le trouver ; EC - Ne trouve rien et s'est rapproché de la mare ]

L'odeur captée, je courbe la nuque et frôle le sol de mon museau, remontant à un rythme régulier la piste de l'animal. L'animal qui se dévoile, rat qui fouisse dans les feuilles et prend alors un résidu de bois dans sa gueule aux dents longues et acérées.

« Dois-je le tuer, ou veux-tu le faire toi ? »

Loin de moi l'envie de lui ôter ce plaisir.
Loin de moi l'envie de la contrarier.

S A J D A ▴ Cinq mois

Elle pousse des sons étranges, que je n'aurais su classifier entre loup et démon. Elle, partagé entre les deux, qui claudique derrière moi. Je pourrais la semer, si ses demandes devenaient trop insistantes, ou bien trop étranges pour qu'il soit sain de les mener à bien.
Mais je fais le choix d'obéir.
Elle est en capacité de me féliciter, pour ce rat attrapé.
Celui qui la fait sourire, celui que Morbus veut vivant.

Et c'est Morbus qui le dévore.
Il l'attrape dans son extinction, le fait disparaitre dans les méandres de bois pourris qui compose les membres de la louve. Je n'aurais su dire, en cet instant, si j'éprouvais pour ça une fascination macabre,
L'envie de toucher, enfantine,
Ou un certain dégoût masqué par la curiosité que cette scène provoquait.

Je reste enfant,
Toucher m'effleure un peu plus l'esprit et mes yeux insistent.

Et plus que de me soumettre à ce statut de serviteur, je fais le choix de vouloir revoir cette scène.

« Je peux l'être en lui en donnant ceux que j'attrape. »

C'est ainsi un engagement modéré, incertain d'être en capacité d'en attraper un nombre précis par jour ou par demande.
J'anticipe alors toute autre demande, et répond à ce besoin de rats. Mes narines s'écartent, je flaire, je cherche...

[ PC Réussite pour d'autres rats. ]

Et mon approche est bonne, sans doute meilleure qu'avant, dans un progrès que je m'efforce de faire en cet instant.
C'est une ratte, dans un renfoncement au creux d'une pierre. J'ai entendu les petits fourmillaient.
Et c'est elle que je bloque d'une patte, la gardant en vie.
Les petits sont minuscules, à peine capable de marcher, nés il y a peu. Ils ne comprennent pas le sens du danger. Seul la mère que je tiens le sait.

« Regarde, ils sont nombreux. »

Et par cette prise que je juge bonne, je me juge en droit d'avoir réponse à cette question :

« J'aimerais savoir, pourquoi Morbus en veux tant. »

Elle communique avec lui. Elle ne sait pas, mais elle peut lui demander.

S A J D A ▴ Cinq mois

C'est une plainte, qu'émet Neisseria. Une plainte qui me fait me ranger du côté de ces gens : il n'y a qu'au travers de son démon, qu'elle se démontre intéressante. Sans, elle n'est qu'une louve vide de connaissances.
Je garde néanmoins le silence, dans une attitude presque penaude.

Elle se veut être bien trop enthousiasmée par les rats et par la satisfaction de son démon, pour insister sur ce point.

Aussi, c'est au silence que je le laisse.
Pour apprendre ses desseins.
Si elle n'était celle disposant du plus de savoirs, elle n'en restait pas moins une louve dangereuse. Soumise à l'instabilité de son tempérament, comme à la présence d'un démon.
Elle contaminerait les proies et rendraient les loups malades.
Elle pouvait être vectrice d'une épidémie.

Et ma Lumière, ne risquerait-elle guère d'y être touchée ?
Devais-je l'arrêter.

Je suis encore trop petit.
Mais je dispose désormais de cette information.

« Alors ils se contaminent dans tes pattes, avant d'en ressortir malades ? C'est une grande ambition. Tu pourrais dominer tous les loups, et ils seront bien obligés de s'intéresser à toi, comme ça. »

Je les observe. Ses pattes qui grouillent, qui savent à peine la faire tenir debout. Ses pattes si dangereuses.
Combien de temps, ce processus prenait-il ?
Je savais quand y était rentré le rat. Je n'avais plus qu'à y guetter la première sortie...

S A J D A ▴ Cinq mois

« Je vois. »

Morbus collecte les rats pour les contaminer ensuite.
C'est ainsi que je le comprends. Elle me livre une information importante, qui pourrais compromettre ses plans s'il me prenait l'envie de les livrer à ceux qui ne souhaiteraient voir tel fléau se répandre. Il existerait bien quelques loups, intéressés par ce fait. Je le sais. Parmi ces porteurs de lumière, parmi ces loups d'alignement bon.
Mais je n'ai pour vocation de faire le bien.
Ce n'est pas ce qui m'intéresse. Je n'ai besoin de m'ériger en juvénile héros.
Et il m'apparait alors plus évident de tirer mon épingle du jeu, lorsque d'épidémie, il y aurait vraiment.
J'aurais l'information de la source.
Je pourrais obtenir quelque chose de plus important que si je livrais tout, maintenant, à quiconque ne me prendrait assez au sérieux.

C'est une carte à jouer avec finesse.
Il me paraissait, de ce fait, important de garder Neisseria dans mon entourage, et c'est pour cela que je l'aida :

« On peut, oui. Je vais chercher des bâtons. »

L'enthousiasme me reprit un peu, alors que je m’attela à cette tâche, aimant les bâtons.
Je n'aurais qu'à les nouer, pour les faire tenir ensemble dans une cage de fortune.
Pour qu'elle y entasse les rats.

Les rats que j'irais lui chercher, de temps en temps.
Dans cette morbide curiosité, de ce qu'il se passerait ensuite...