Parfum floral [Holzer]

Les choses se calmaient enfin ici, Holzër se sentait moins à fleur de peau. Au contraire, il vivait sur un vrai petit nuage depuis plusieurs mois maintenant, son ami étant devenu compagnon, sa moitié de vie bien qu'à ses yeux, Stendhal était depuis toujours son petit monde autour duquel tout tournait, son tout. Avoir placé un mot sur leurs ressentis mutuels avait été un nouveau cap important dans leur relation.

Son rôle de sortcellier était aussi pris très à coeur, d'abord perdu dans ce qu'il devait faire, les choses étaient finalement venues naturellement en même temps que son âme s'apaisait. C'était aussi ça, la paix intérieure, trouver un intérêt au quotidien. Et quoi de mieux que de participer à la recherche de racines et autre trucs dans la nature ? Une idée avait germée, en plus de ramener de quoi produire des huiles essentielles, il ramènerait aussi des boutures d'un rosier orange, et en admirer sa pousse. C'était une couleur curieuse, qui attirait beaucoup le loup blanc. Ça rendrait si bien, devant leur chez-eux !

Au passage, il avait ramassé du patchouli, des menthes sur le chemin, et une fois sur l'île convoitée, quelques roses, feuilles et tiges. Les odeurs prenaient au nez, mais c'était doux et apaisant. Le soleil était encore bien haut dans le ciel, c'était l'occasion de prendre son temps pour admirer le coin d'un oeil moins intéressé et profiter de ce que l'endroit avait à offrir. Peut-être qu'il emmènerait Liza à l'occasion, elle devait savoir un tas de truc sur la vie d'ici !

Comme tout bon jardin, des chemins étaient déjà créés à travers les bosquets. Tout semblait si bien rangé, si bien ordonné. C'était beau, et le Nakhu prenait énormément de notes sur tout ce qu'il voyait. Ce qui le frappait, c'était aussi la présence de si belles fleurs malgré l'Hiver bien installé. Elles ne semblaient souffrir de rien, ni du froid, ni du manque de soleil. Au détour d'un angle du jardin, une masse bleue se présence, brisant un peu la colorimétrie du lieu. C'est d'abord un air surpris qui se fige sur le visage du mâle et qui laisse place à une certaine curiosité, surtout sur la gestuelle de la louve-paon, très singulière, très féminine, qu'il s'en voit intimidé.

Elle le remarque au moment où une pluie légère tombe sur eux. La sensation d'eau qui colle les poils entre eux n'était pas agréable du tout pour le mâle qui se sent instantanément mal à l'aise, et d'autant plus gêné et angoissé alors qu'elle s'approche poliment.

Il ne parvient pas à répondre dans un premier temps, pris de court par cette rencontre inattendue. Mais il avait promis de faire des efforts, de s'impliquer parmis les siens. Alors même s'il avait juste envie de fuir loin, il reste, juste un peu tétanisé.

- J-j-je viens de c-cueillir des pl-plantes, oui. Mhf.

Il souffle, stressé, tendu. Il n'y avait rien à craindre ici, non ? En se reprenant, il fige ses yeux fendus dans ceux de la louve. Ces yeux d'or ... Ca le rassure, quelque part. Et il tend une patte polie.

- Holzër. Nakhu.

Peut-être elle aussi l'était ? Elle n'en portait pas l'odeur, du moins, alors c'était peut être quelqu'un qui cherchait de l'aide, des informations, qui s'était perdue. Ou qui cherchait des plantes. Tant de possibilités, sa queue balaie le sol en un seul aller-retour.

Un coup de vent qui s'agite par la petite pluie qui s'était bien installée désormais, et qui fait remuer le pollen autour d'eux. Peu habitué par ce genre de phénomène sinon jamais autant exposé, le loup blanc éternue subitement sans qu'il ne le sente venir.

- Ah, pardon !

Hydilisse. Il note, mémorise, observe. Bon, une louve bleue d'un tel acabit, il n'y en avait pas deux. Il lui adresse un sourire en réponse, très maladroit, mais déjà un peu plus détendu. Elle était amie du clan, donc il n'y avait plus lieu d'être aussi timide. Après tout, il était un grand garçon maintenant !

- Oui. Pour des remèdes, des huiles.

Il renifle sans trop faire de bruit. Serait-il allergique aux plantes ..? Ah non !! Il demanderait à papa Vio' si lui était allergique, et si c'était grave. Ce serait nul sinon, lui qui adore être au milieu de ses fruits et légumes, de son petit cerisier ... Il ne pouvait pas y renoncer.

- Vous connaissez les plantes ?

Elle devait bien être ici pour un but bien précis. Quoi que, l'endroit était relaxant au possible, un petit bout de paradis où il semblait qu'il était difficile de croiser quelqu'un. Alors il s'assied, il pouvait bien bavasser un peu avec quelqu'un, faire connaissance, échanger des savoirs.

Lorsqu'elle confirme par la positive, et même qu'elle se confie sur son cursus, Hol' est tout de suite admiratif. De la médecine ! Il se sent si petit, d'un coup, bien plus qu'il ne l'était, mais il y voit là une porte d'entrée pour en savoir plus.

Il reste timide, une proposition de coopération bloquée dans ses cordes vocales. Si ça se trouve, la louve se débrouillait déjà très bien sans lui ... Alors il ne dit rien, d'abord. Ses oreilles vibrent à sa question.

- Oh, euh, non. Pas celui-ci. C'est Moiro pour les roses. Mais on a notre propre jardin sur le plateau.

Il n'était pas aussi fleuri, mais l'intérêt en était totalement différent. Si ici il y avait beaucoup de médicinale, ce qui permettait à bien des loups de se nourrir sans avoir à chasser. Et c'était là une très grande fierté en plus de perpétuer un héritage honorable.

- Vous y êtes déjà allée ? En haut ?