Dysis avait passé des jours à la bibliothèque. Des nuits à lire. Apprendre. S'entrainer. La première chose qu'elle avait cherché à maitriser étaient les mathématiques. Le plus dur n'avait pas été de compter, mais de rester concentrée. Avancer dans son livre d'exercices mathématiques alors qu'elle aurait pu être dehors, à chasser, avait été une torture. Mais elle avait tenu. Elle n'avait pas le choix. Elle devait s'améliorer.

Et puis, une discipline s'était créée. Elle était passée aux connaissances. Médecine. Histoire. Philosophie. Elle avait beaucoup appris. Avait trouvé des textes qui résonnaient, avec elle. Elle avait fini par aimer ces après-midi passée dans l'endroit. Après des semaines d'apprentissages, elle avait pu les appliquer pour concevoir un nouveau toit à l'ancienne Eglise de Aiiro. Elle avait approfondi encore sa connaissance des pièges. Des appâts. Des monstres. Usant de ces livres comme une récompense après ses autres lectures.

Puis, mamie était morte. Cela avait fait mal. Très mal. Comme après l'échec de son épreuve, Dysis avait ressenti, avec plus d'intensité. Une tristesse, mais aussi cette déception. Elle était déçue, que mamie n'ai jamais pu la voir réussir. Elle avait gardé ses mots en tête. Avait utilisé cette déception pour renforcer sa détermination. Petit à petit, elle se sentait plus prête. Petit à petit, elle devenait meilleure.

Le sentiment grandissait, devenait puissant. Il y avait une infinité à apprendre. Mais son temps, lui, était fini. Elle voulait aider son clan. Elle voulait le voir uni. Elle n'avait pas besoin d'être la meilleure. Simplement prête. Un jour de pluie, museau levé de son livre traitant d'architecture, elle s'était décidée. Elle l'était, prête. Elle était allé voir mamie. Son corps, plutôt. Avait porté une branche de houx sur sa tombe. Lui avait annoncé la nouvelle.

Elle avait presque pu sentir sa fierté.

Elle avait employé la semaine qui suivait à composer une deuxième offrande. D'abord, elle avait choisi ce qu'elle voulait montrer au Dieu. Montrer qu'elle avait compris ses preceptes. Une solution simple. Elle avait voulu le lier avec la chasse, comme souvent. Alors, elle avait composé un piège simple. Simple, mais unique. Usant de ses nouvelles compétences en chimie, elle avait récolté de la sève pour en faire une colle. Avait cherché les meilleurs appâts pour ce qu'elle voulait chasser. Un faisan. Des baies et du miel. La colle, mixture étrange mais diablement efficace, avait été posée au carrefour du passage.

Et son piège simple avait simplement fonctionné. Le faisan mis à mort, Dysis l'avait plumé. Le corps ferait une bonne viande pour le clan. Les organes, elle les mange encore chauds. Pour se donner de l'énergie. Du courage. Puis, elle avait choisi la plus longue plume. L'avait taillée. Creusée. En avait fait une plume pour écrire. Dessus, elle avait gravé quelques runes. Connaissance. Endurance. Simplicité.

Puis, elle était repartie vers la tanière profonde. Elle connaissait le chemin, mais l'avait fait seule, cette fois-ci. Une sorte de rituel. Avec elle, la présence de Nocera. A ses cotés, dans le vent et les traces. Pour qu'elle n'hésite pas. Et en entrant dans la tanière, elle n'hésite pas. Elle s'avance jusqu'à la statue. Dépose son offrande devant la fontaine. Puis, inspire. L'air était frai. Immobile. Propice à la réflexion. Elle aimait être ici. A ses cotés, la présence a disparu.
Elle serait seule, comme la première fois.


Ses yeux chasseurs fixent la statue. Elle savait que le Dieu sondait son ame sans peine. S'il en avait l'intérêt. C'était pour elle, qu'elle voulait porter ce glowstick. Pour se donner les moyens de faire plus pour son clan. Pour répandre les valeurs du raptor.
Mais, en un sens, c'était aussi pour créer un dernier lien. Un lien avec Nocera, avec mamie.
Pour qu'à travers la mort, elle soient réunies.

Les yeux se la statue s'allument, perçants. Mido était là. Sa présence faible résonnait dans tout le Temple. Et puis, il lui parle. Accepte. Mais sa seconde chance serait sa dernière. Dysis reste immobile. Elle n'avait pas peur de l'échec. Comme la première fois, elle réussirait ou échouerait. Quel que soit le résultat de cette épreuve, il changerait le cours de sa vie. Mais ne changerait pas elle. Sa déception, elle l'a changée en force. Moteur.
Alors, c'est déterminée qu'elle aborde l'épreuve. Concentrée, qu'elle attend les énigmes.

Enigmes qui ne viennent pas.
A la place, le décors change, la surprenant. Elle ne se sent pas déplacée. Ses yeux fouillent le flou, avant de reconnaitre immédiatement la bibliothèque. Elle était vide. Sombre. Elle n'entendait rien d'autre que le silence ouaté et concentré. Elle sent que quelque chose n'allait pas. Elle n'y était pas ; Pas vraiment. Les Dieux avaient le pouvoir de provoquer des visions. Celle-ci en était surement une. Le cercle luisant de vert le lui confirme.
L'épreuve avait changée.

Devant elle, une table. Une variété de choses qu'elle ne reconnait pas. Pas forcément. Des fioles. Un mortier. Une plume et un écrit. Et puis, les mots du Dieu qui viennent la guider. Elle devrait fabriquer. La présence s'éloigne, mais elle reste. Plus seule, l'esprit s'échauffant. Le changement. La fabrication. Cela résonnait avec les mots d'Aiiro. Son propre changement. Le Dieu vert avait-il changé, lui aussi ?
Elle se le demande, mais se reconcentre sur son épreuve. Peut-être pourrait-elle le demander, après. Mais d'abord ...

Elle s'approche de la table. Les éléments -ingrédients- sont variés. Elle en reconnait un : Un morceau de torse insectoide, qu'elle avait trouvé dans le Dédale. Le reste lui est inconnu.
Elle avait du travail, alors.

D'abord, elle choisit de trier les éléments. Certains viennent de monstres. Le torse, principalement. Ceux-la seront les plus faciles à chercher, pour elle. Elle connaissait les bestiaires. D'autres sont végétaux. Une branche, d'une plante qu'elle pourrait reconnaitre dans les herbiers. Encore ici, elle voyait où chercher. Pour le reste, c'était plus flou. Une poudre qui semblait minérale. Terreuse. Lui rappelait les terres sombres. Une fiole remplie d'un liquide huileux. Une autre remplie d'un brillant. Et le dernier ... Noir. Celui-ci ressemblait à du sang. Peut-être pourrait-elle commencer par ça.

Alors, elle cherche. D'abord, elle écume les bestiaires et trouve sans trop de soucis l'origine du torse. Flammamouche. Le nom était lié au feu, à la lumière. Aux insectes, aussi. Puis, la branche est cherchée dans les herbiers. Elle a été correctement conservées. Les feuilles et les branches dansantes sont facilement reconnaissable. Elle trouve son nom dans un herbier. Passiflora caerulea. Paciflore. Dans le même temps, elle cherche quelque livres sur les terres et la géologie. Elle inspecte la poudre et en déduit qu'elle vient en effet des terres sombres. Elle est absorbante ; C'est peut-être cette caractéristique qu'elle retient le plus.

Restaient les différentes fioles. La recherche de leur nom prend un peu plus de temps. Dysis cherche dans les livres de cuisine, puis de magie. Elle trouve la mention de l'huile dwemer, qu'elle lie avec l'une des fioles. Après quelques temps, découvre le nectar de soleil. Un liquide brillant qui ne laissait aucun doute. Elle pousse la fiole aux cotés des autres. Ne restait que le dernier. Le sang noir.

Celui-ci l'intéresse un peu plus. De quel animal venait-il ? Venait-il d'un animal ? Elle cherche, alors. Va chercher du coté des bestiaires plus sombres. Elle avait rencontré des monstres au sang sombre, mais jamais aussi noir. Elle se souvenait de cette bête aux yeux multiples rencontrée avec son frère. Elle se souvenait de ce dragon d'os et de lianes qui l'avait abattue avec Nyu. Elle savait que les bestiaires des chasseurs comportaient des informations sur le sang, lorsqu'il était différent. Alors, elle cherche dans ses souvenirs et dans ces livres la provenance du sang. Toutes ces informations sont notées sur les pages vierges, de son écriture en pattes de mouche.


Maintenant, quoi faire. Dysis se recule pour réfléchir. En face, les ingrédients. Dans son crane, leurs noms. Il y en avait beaucoup. Plus que pour tout ce qu'elle avait entreprit avant. L'utilité de ce qu'elle pouvait produire était multiple. Pourtant ... Pourtant. Trois des fioles étaient des liquides. Huile, sang, nectar. La poudre pouvait servir d'absorbant. De base pour tenir un mélange. Mais Dysis savait que mélanger à l'aveugle était dangereux. Peut-être qu'en petites quantité ... ?

Elle devait obtenir plus d'informations. Elle examine les trois fioles. Une noire, une huileuse, une lumineuse. Avec le torse, beaucoup de choses avaient trait à la lumière. Elle le note dans un coin de sa tête. S'y repenchera plus tard. D'abord, elle devait en savoir plus sur les trois liquide. Elle commence par l'élixir du Soleil. Son nom le rapproche au Désert. Elle part examiner les livres d'explorateurs y étant allé. Cherche des expériences sur ce liquide. Ses effets. Ses pouvoirs.



Puis, l'huile. Cette dernière ne lui disait rien. Elle va alors chercher d'abord dans des livres de cuisine. Ne trouve pas grand chose. Elle ne devait pas être utilisée régulièrement. Mais, elle se souvient. Lors de ses nombreuses recherches et préparations à l'épreuve, avait lu sur les mécanismes. Ces derniers avaient besoin d'huile, parfois. Elle retourne alors dans le petit rayon les traitant. Cherche un livre, une expérience sur les huiles utilisées. Peut-être que là ....




[La description de l'épreuve n'appelle pas de lancers de dès, je fais donc sans mais n'hésitez pas à me dire s'ils sont nécessaires pour les recherches ! J'ai aussi combiné plusieurs recherches en un post je sais pas si c'est ok]

Les informations concordent. S'accordent, plutôt. Les trois éléments liquides ont des liens évidents. Celui d'une puissance contenue, et d'un lien avec la lumière ... Ou les explosions. Une consultation rapide d'un dictionnaire, puis d'un livre de chimie lui indique. Les hydrocarbures. Hautement explosifs. Avec mille précautions, Dysis ouvre la petite fiole et renifle. Elle plisse le museau. Constate l'odeur de souffre. Ce n'était pas du sang, alors. Il faudrait encore le tester. Si ç'en était, cela n'empêchait pas son caractère explosif. Et pour son application, cela suffirait.

Elle le délaisse pour s'occuper du reste. Le fluide du soleil permettait de régénérer. Un alchimiste avait tenté de le gouter. Les notes s'arrêtaient là ; Elle ne tenterait pas, alors. Mais l'idée commence à germer dans son esprit. Un fluide de lumière régénérant pourrait produire une lumière éternelle. Elle repense aux lumières du Dédale. Peut-être n'était-elle pas la première à y avoir pensé. Restait encore à voir si tous les ingrédients concordaient. L'huile de Dwemer pourrait aider à la mèche. La poudre absorbante à composer la base de cette sorte de bougie. Pour la mèche ... Dysis se saisit de la branche de passiflore. Pourrait-elle la changer en mèche ? Ou bien, avait-elle d'autres propriétés ?

Dans le silence de la bibliothèque, elle se décide à chercher. D'abord, d'autres livres sur les plantes. Herbiers, et autres livres d'herboristes. Elle cherche les propriétés de cette plantes, notamment séchée. De sa branche, surtout. Elle n'avait ni feuilles, ni fleurs. Puis, elle se dirige et cherche un livre sur la confection de lampes. C'est plus précis. Cela prendra plus de temps. Elle voudrais savoir de quoi étaient composées les mèches. Elle cherche aussi comment fonctionnent les lampes à huile. S'appuie sur la photo présente dans le dernier livre. Se renseigne sur la capillarité - un principe physique faisant remonter des liquides par différences de pression.


Restait encore le torse insectoide. Dysis commence d'abord par noter le résultat de ses recherches. Puis, commence quelques dessins. Une lampe à huile nourrie d'élixir de soleil, qui resterait allumé pour toujours. Elle avait donc plusieurs composants. D'abord, le carburant. Le sang noir ferait peut-être l'affaire. Elle devrait encore le tester. Puis, l'élixir qui lui permettrait de se régénérer. La poudre pour servir de base et s'imprégner du mélange. Puis, une mèche plantée à l'intérieur. Imprégnée d'huile de Dwemer pour faciliter la montée du mélange. Enfin ...
Il restait l'allumage.

Son regard se tourne vers le corps du monstre. Elle n'avait pas sur elle de quoi allumer un feu. Le torse de flammamouche pourrait lui donner ce que son nom indiquait : Une flamme. Elle n'avait jamais combattu ce monstre. Mais, avait vu des images dans les bestiaires. Ils brillaient, de leur torse. Alors, elle s'attelle à l'ouvrir. Avec toute la précision d'une chasseuse ayant dépecé des centaines de proies. Elle écarte le reste des ingrédients de la table. Son livre, aussi. Puis, vient chercher de ses griffes une ouverture dans la carapace. Elle étudie les différents organes vus de l'extérieur. Ne veut pas abimer la carapace, alors passe par l'ouverture du haut. Puis, du bas. Les pattes étaient absentes, alors elle regarde aussi ici. Cherche l'organe produisant de la lumière. Elle ne voulait pas l'abimer.

Une fois qu'elle eut étudié un peu plus attentivement le corps, elle se dirige de nouveau vers les bestiaires. Va chercher ceux où elle avait trouvé les infos sur les flammamouches. Les ouvre, et cherche. Elle voudrait des infos sur leurs capacités. Sur leurs organes spécifiques. Plus particulièrement, sur la manière dont ils produisaient de la lumière. Sur l'origine de leur nom, aussi ; Portaient-ils vraiment le feu ?

Les yeux dévorent. Les phrases s'enchainent. Les livres lui révèlent ce dont elle avait besoin. Ses longues heures d'étude lui servent, à présent. Son endurance à la lecture avait augmenté. Et lorsque Dysis trouve enfin les quelques informations sur le flammamouche, elle relève les yeux. Elle pense avoir assez pour un plan. Il lui faut le noter. S'assurer que tout était en ordre. Elle n'avait plus le droit à l'erreur.

Elle tourne une page du carnet. Note les ingrédients. Leur utilité.

Combustible : Sang noir pour la flamme. Elixir de Soleil pour le régénérer. Huile de Dwemer pour faciliter la capillarité.
Contenant : Jarre de terre. Résistante à la chaleur.
Mèche : Passiflore. Empêche la flamme de remonter dans le contenant.
Combustion : Torse de flammamouche pour initier la réaction.

Un diagramme agrémente sa recette. Il restait encore quelques tests à faire. Elle ne savait pas si le sang noir était en effet un combustible. Elle ne pouvait tester en utilisant le torse. Elle regarde autour d'elle. Sait qu'il n'y a rien d'autre. Elle pourra essayer de percuter le torse. Obtenir une flamme. Mais elle risquait de l'abimer. Une fois abimé, elle ne pourrait plus obtenir de flamme. Elle plisse le museau.

Elle s'approche une fois encore du torse. Devine que la flammèche était utile à l'animal de son vivant. Produire du feu était un atout indéniable. Eclairer. Attirer des partenaires. Effrayer des prédateurs. Elle avait même lu sur certains bancs de poisson formant des chorégraphies intenses pour imiter un animal bien plus gros. Elle aurait aimé le voir de ses yeux. Mais la maitrise du feu était capitale. L'insecte ne devait pas s'embraser. D'une griffe, elle sépare la pose de gaz et celle de liquide. Salpêtre, elle avait lu. Le gaz devait se mélanger avec ce dernier. Le métal provoquait une étincelle pour embraser le tout. Elle ne pouvait pas ouvrir la poche de gaz sans le libérer. Le choix était risqué. Alors, elle essayerait directement.

Une fois son choix fait, elle referme le torse. Ses griffes mettent en contact avec délicatesse les éléments. Ainsi, il n'y aurait plus qu'à l'écraser le moment venu. Puis, elle se tourne vers le bol. Restait encore une dernière chose à vérifier. Le bon mélange des éléments. Huile, hydrocarbure et élixir, les trois devaient se mélanger. Sans cela, elle devrait aviser. Au vu des propriétés, elle ne voulait pas provoquer d'explosion. Pas dans la bibliothèque. Si elle savait que l'épreuve était illusoire, elle était consciente qu'une erreur aussi bête la ferait rater. Pour toujours.

Alors, tests ce sera.
Le plus dangereux était le sang noir. Mélangé à l'elixir, il pourrait bruler longtemps. Fort. Son premier test sera donc sans l'élixir. Si ce test était une erreur, alors au moins elle serait petite. Pas éternelle. Elle se saisit du bol et approche les deux éléments. Ecarte l'élixir de Soleil hors de portée. Vers un peu de sang noir dans le bol. L'écarte lui aussi. En cas d'explosion, la bibliothèque ne s'embraserait pas ... Et elle non plus. Elle approche l'huile, et le verse. Etudie le mélange. Pose une patte sur le bol. Relève la température du mélange. Le voir trop chauffer pourrait signifier qu'il était au bord de la combustion.


Un fois un peu d'huile ajoutée, Dysis étudie les proportions. Ajoute de l'huile. Encore. Etudie le mélange. Sa couleur. Sa visquosité en le faisant tourner dans le bol. Les proportions devaient être idéales. Bruler sans exploser. Remonter dans la branche sans la faire s'embraser.


Une fois le mélange étudié, Dysis s'en va chercher l'élixir. Selon les livres, il ne devait pas créer de feu. Elle fait tout de même attention d'écarter l'huile. Puis, en verse une toute petite goutte dans le mélange. Une fois encore, l'étudie. Sa couleur. Son homogénéité. Sa température. Il devait être stable. Il n'y avait qu'avec cela que sa lumière pourrait fonctionner sans être dangereuse.


Puis, comme avant, elle augmente progressivement la proportion d'elixir. En ajoute, et étudie le résultat. Couleur. Viscosité. Température. Ses recherches n'ont pas indiqué de proportions. L'expérience des buches lui indique que l'Elixir est puissant même en quantité plus faibles. Alors, elle ne va pas trop loin.


Une fois ses expériences finies, elle se redresse. Les proportions devaient être correctes. Elle savait qu'elle pourrait trouver au moins celles des lampes à huile classiques. Pour l'Elixir, elle se baserait sur son expérience. Alors, elle replace tout. Puis, s'en va rouvrir le livre sur les lampes à huile. Relève lles proportions indiquées, s'il y en avait, pour la composition de l'huile.

La colonne vertébrale souffre. Lentement, Dysis la déplie. S'étire. Devant elle, son plan de travail soigné. Ses yeux voguent un instant sur les livres. La lumière. Le vide. Elle était fatiguée. Mais surtout ...
Elle avait terminé.

Ses recherches, du moins. Son mélange était stable. Son plan, fixé. Ne restait plus qu'à tout mettre en oeuvre. La chasseuse s'assoit. Observe ses pattes. Elle ne devrait pas trembler. Rester concentrée, encore un peu. Au fond de son ventre, la hate. Que l'épreuve se termine. Que le résultat soit donné. Que la lumière soit ... Ou non. Elle serre les crocs. Elle était encore déterminée. Une épreuve de concentration, sur le long terme. Différente des énigme, mais similaire en ce point.
Elle expire. Elle s'était entrainée, des heures, pour cela.

Ses pattes ne trembleraient pas. Ses yeux ne cilleraient pas. Son souffle ne tressaillirait pas. Elle devait être parfaite. Elle expire. A une dernière pensée pour sa grand-mère dont la présence s'est effacée face à l'épreuve. Puis, se relève pour se mettre de nouveau devant l'établi.

D'abord, elle reproduit le mélange. Les proportions optimales sont gardées : 40/40/20. Il n'était pas encore question de tests et de variation ; Simplement d'un premier prototype. Le mélange devait être versé dans la jarre en terre, mais la poudre pourrait servir à autre chose. Dysis voulait-elle le tenter ? Elle plisse le museau. Puis, verse le mélange dans la jarre.

C'est le bol qu'elle remplis de poudre. Avec soin, elle se saisit de la jarre et verse le mélange sur la poudre absorbante. Imbibe. Elle repose la jarre. Prend la tige de passiflore, qu'elle trempe également dans le mélange. Elle la plante dans la poudre. Une mèche, qui s'imbibe. Capillarité.

Ne restait plus qu'à allumer le feu.

Dysis n'hésite pas. Elle se saisit du torse de flammamouche. Affermit sa prise. Plisse les yeux pour les protéger. Elle n'avait plus à faire marche arrière. Il n'y avait que l'avant.

Elle presse le torse entre ses crocs pour produire une flammèche sur la mèche.
Que la lumière soit.

Lumière ne fut pas.
A la place, fumée. Epaisse et sombre. Dysis souffle. S'était-elle trompée ? Une fraction de seconde, seulement. Puis, elle comprend. Voit la mèche gonflée entre ses crocs. Ce n'était pas une torche. C'était un bâton de fumée. Un fumigène, qu'elle avait vu utilisé dans certaines techniques de chasse et de combat.
Son coeur s'emballe.

Mais soudain, tout disparaît. La revoilà dans le temple. Ses yeux sont grands ouverts. Devant elle, le regard de la statue. Impérieux. Le jugement était venu. A ses pattes, le bâton de fumée. Ses notes. Et surtout, son glowstick.
Elle avait réussi.

Le museau se fronce. Elle reste droite. Ecoute les paroles du Raptor. Fabriquer des pièges. Associer des ingrédients. Découvrir plus d'objet. C'était un impératif constructeur, plutôt que d'intelligence. Les connaissances, elle les avaient. Elles savaient les trouver. Maintenant, il lui faudrait les créer. Son coeur palpite, dans sa potirine. Une émotion rude qui la submerge. Une motivation froide. Mais surtout, surtout, surtout ...
Un lien.

Le dernier avertissement retentit dans le Temple. Elle ne serait pas décevante. Elle y travaillerait. Elle avait l'impression de pouvoir tout faire. De devoir tout faire. Les idées affluent, en vrac. L'émotion la submerge. Elle garde ses yeux braqués sur la statue. Dans son coeur, une certitude.


Elle ne pouvait pas savoir. Mais elle ferait tout pour ne pas le decevoir. Alors, elle se retrouve seule. Et seule, elle se saisit de son glowstick. Seule, elle sort du Temple. Seule, la voilà recouvrer le ciel. Les oiseaux. Le vent. Les odeurs.

Pourtant, elle ne se sentait pas seule. Par cette couleur, un lien s'était créé. Mamie ne le verrait jamais, mais elle savait qu'elle saurait. S'il y avait une vie, une présence après la mort, elle verrait.
Et, sortie de ce temple dans la nature d'un printemps précoce, patte posée sur le même glowstick que Nocera avait porté toute sa vie, un instant, elles étaient réunies.