Un cap | ft. Aiiro

Il cogitait beaucoup, de la curiosité, de l'amertume, de la tristesse. Un mélange de beaucoup de ressentis qu'il souhaitait lisser autant que possible, comprendre. Pourquoi ? Qu'est-ce que cet entremêlement de plusieurs âmes pensait ? Qu'avait-ael gardé de tous ? Son nez s'était plissé plusieurs fois, perdu, en cherchant des réponses. Et les livres ne l'aideraient pas : ce renouveau était au moment présent, il n'y avait personne qui avait assez de recul pour donner des réponses.

...

Hol' s'était réveillé à l'aube, après avoir échangé quelques petits pains avec Stendhal, il s'était équipé avec des livres vierges et du fusain, des plumes et de l'encre pour rendre visite à Aiiro. Lui poser des questions, mieux comprendre sa place. Le loup blanc n'était pas vraiment tranquille en restant ainsi dans le flou. Alors rien de mieux que de puiser les informations à la source-même : lae déité.

Il avait aussi amené avec lui des fleurs, quelques unes des plus belles de l'entrée de la lavvu commune de son compagnon. Lui, il croyait en Aiiro. C'était bien personnel comme chose, la Foi. Stendhal devait avoir ses propres raisons, et Hol' craignait de ne pas être d'accord, ne pas comprendre plus, et créer un malaise. Il en était hors de question, son Adoré avait bien le droit d'avoir son petit jardin secret à lui.

- Aiiro ?

C'est une voix profonde et curieuse qui se dirige vers l'autel. Sans trop attendre, il vient y déposer l'offrande à son pied avant de reculer de deux pas. Le Nakhu se sentait tendu, submergé par la crainte que quelque chose se passe mal, de ne pas comprendre, toujours pas. Il pensait à sa soeur notamment qui avait beaucoup souffert du changement offert par la Corneille.

- Je voudrais vous parler.

Et sa patte vient enserrer sa demi-corneille près de son coeur.

Ael ne se fait pas attendre, presque immédiatement, Aiiro apparaît devant le petit loup blanc effaré. C'était la première fois qu'il lae voyait d'aussi près, d'aussi complet.e. Il en a même le souffle coupé. Il remarque l'absence de sourire et d'énergie, la voix aux plusieurs gammes entoure le duo.

Un sursaut alors qu'ael avoue lire dans sa tête. Et enfant sage, il écoute plus qu'il n'observe, remanie les mots dans son esprit pour bien comprendre les sens des phrases. En un clignement d'oeil, le voilà Blizzard, repassant en une poignée de microsecondes ce qu'elle avait pu vivre, une image pour mieux comprendre, appuyer des propos, se justifier. A son tour, il doute et regrette bien des choses de par son ignorance.

Alors il comprend, acquiesce. Si d'abord il avait été rongé par la rancune, de l'eau avait été versée dans son vin, et cette rencontre devait être nécessaire pour comprendre et apprendre. Il passe de regarder ses pattes aux yeux multicolores de son interlocuteurice, un peu confus, plus confiant aussi.

- Elle en souffre.

Sa voix se brise sur le dernier mot alors que ses yeux s'humidifient. Il aurait préféré être plus scolaire dans cette première vraie rencontre plus que de jouer sur la table de la sincérité. Il y avait eu bien de non-dits, et se sent soulagé dans un sens. Il ne reste pas insensible à l'abattement d'Aiiro pour autant.

- Donc ... vous ... vous savez. Pourquoi elle a peur.

Ses oreilles bougent en un sursaut d'arrière vers l'avant. Une affirmation, pas une question. Hol' savait que les dieux ne pouvaient pas vraiment intervenir de façon individuelle auprès de leurs disciples, ce serait bien trop simple.

- Elle ... mérite d'être heureuse.

Mais voilà, il ne savait plus vraiment comment s'y prendre pour la protéger, surtout d'elle-même.