Bain de minuit [Feat. Tequeela] [FINI]

Allongée sur le flanc à l'entrée de leur grotte familliale, l'Alpha observait ses trois rejetons dormirent paisiblement. Auprès d'eux ronflait leur père. Si elle s'était montré relativement ennuyée de devoir changer ses habitudes pour ses petits, elle avait vite appris à apprécier cela. Et même si elle restait peu démonstratrice d'affection, elle devenait chaque jour plus douce et protectrice envers eux. Il était amusant de voir comme la maternité pouvait changer une louve. Pas fondamentalement bien sûr, et Tequeela faisait tout les efforts du monde pour être agréable à tous, même quand son cerveau lui hurlait d'envoyer les autres se faire voir. Son rôle de chef de meute lui était donc bénéfique, autant pour le moral, puisqu'elle restait celle qui avait été choisie, et puis, parce que cela l'obligeait à montrer plus de sympathie envers les loups du clan. Et puis, à mesure que le temps passait, elle se rendait compte que d'être le chef n'était pas une fin en soi. Il fallait qu'elle fasse mieux que de les gouverner. Elle devait les guider avec soin et confiance, donc elle devait devenir une bonne meneuse. Là était la difficultés. Mais Tequeela avait la volonté d'y parvenir et s'acharnait à travailler dur pour ça. Elle deviendrait une chef efficace et appréciée. Elle le voulait. Manzanee serait fière d'elle, si elle avait était encore là.

Les prunelles bleu ciel de la femelle sombre quittèrent la pénombre de la grotte pour se poser sur le campement endormis. Nul âme ne venai troubler la quiètude de la nuit. Ah ? Si. Une ombre furtive s'échappa de l'un des trous noirs comme l'abysse qui signalait une ouverture dans la roche et donc, une grotte. Curieuse elle suivit la silhouette caressée par les rayons de lune. Un loup brun s'échappait, seul, vers une destinations connu de lui seul, au creux de la nuit. Tout pour éveiller les soupçons de l'Alpha aux aguets. Dans un regard en arrière pour vérifier que son petit monde dormait à poings fermés, elle s'élança à la suite du mâle dont elle reconnu rapidement l'odeur. Leste et au pelage anthracite, il lui était aisé de restée cachée et de traqué l'insomniaque sans se faire repérer. Bien vite, elle comprit qu'il s'agissait là d'une promenade de santé et pas d'un traître rejoignants ses amis raclures pour leur donner des informations ou cherchant un énième louveteau dont on ne savait rien pour le ramener à la meute. Il s'agissait simplement d'un loup qui, sans doute, ne pouvait dormir, et qui avait décider de se rafraîchir un peu. La nuit était déjà bien froide, mais soit. Ceci dit, peut-être attendait-il un signal ou que d'autres le rejoignent ?! Sur les terres Séides ? Les prunelles claires de la louve fixèrent Haku. Non. Elle était sans doute bien trop suspicieuse et épuisée : cela la rendait paranoïaque.

La voix du mâle aux cheveux blanc la stoppa nette, tandis qu'il s'adressait à quelqu'un, elle resta interdite. Puis comprit que c'est à elle qu'il s'adressait. Elle venait de se rendre compte que ses pas crissait sur les petits cailloux qui contouraient l'étang. Elle se mordit la lèvre inférieure, se morigénant de s'être si aisément découverte. Si complot il y avait, elle venait de tout empêcher ce soir et ne saurait pas si d'autres devaient venir ici ou non. Elle soupira tout en décidant qu'elle surveillerait de très près le brun à l'avenir. Puis elle avança dans sa direction et s'assit au bord du lac, avant d'ne lapper quelques gorgées fraîches. Dans un mouvement d'épaule ensuite, elle replaça sa longue natte sur le côté et planta son regard couleur glace sur le mâle qui pataugeait serreinement. Même pas il s'était inquièté de se savoir suivit. Mmph. Devait-elle le lui reprocher ? D'un autre côté, s'il était confiant, c'est qu'il n'avait rien à se reprocher, et qu'il se sentait en sécurité sur les terres Séides. Ce pour quoi elle devrait être contente non ? Décidemment, il fallait qu'elle se repose un peu plus pour avoir les idées bien claires ! Les prunelles de la louve sombre plongèrent dans celle de l'autre disciple de la Dragonne. Une brise vint jouer dans les cheveux de Tequeela, au même moment, des nuages mouvèrent dans l'empyrée célèste et la lune déversa ses rayons diaphanes sur le monde, et donc, sur l'Alpha au pelage presque noir et le loup caramel et chantilly.

« Moi. »

Haku n'était pas dupe. La louve sombre en fût à la fois satisfaite et ennuyée. Elle préferait de loin avoir des loups vifs à l'esprit aiguisés que des tas de muscles ignares au sein de la meute. Toutefois, il n'apprécierait pas d'apprendre qu'effectivement ce n'était pas une coïncidence si elle se trouvait exactement ici, à cet instant, avec lui. Les oreilles de Tequeela se braquèrent vers l'arrière un court instant, avant de se dresser vers l'avant à nouveau. Elle restait la chef, et n'avait pas à se sentir inquiétée ainsi de devoir dire une vérité. Oui elle l'avait suivit. Oui elle doutait de ses intentions. Oui elle doutait de tout les loups de cette meute. Et oui, surtout, son cerveau en ébullition ne lui permettait pas un repos correcte ces temps-ci. Sans cesser de fixer la mâle brun et blanc de ses prunelles topaze, elle répondit d'une voix légèrement incertaine, qui laissait sous-entendre une confession difficile à avouer.

« Pardonnes-moi, je suis épuisée depuis la naissance de mes petits, mes angoisses prennent le dessus sur la raison. »

Quant bien même elle était Alpha et se devait d'être forte et stable, elle ne pouvait lui mentir. Ce n'était pas son genre. Elle pouvait se montrer retorse et mauvaise, elle était capable de garder des secrets ou de cacher une vérité, mais jamais elle ne pourrait aussi effrontement déformer les faits à son gré. Cela n'était pas respectueux et correcte. Ce n'était pas digne d'une grande Dame. D'autant plus maintenant qu'elle l'était réellement. Elle eut une pensée pour ses fils et pour sa fille. Ils étaient pourtant relativement grands maintenant. Bientôt, ils auraient six mois. Oui. De longues semaines, où régulièrement le sommeil venait à manquer et les angoisses d'une jeune mère se mêlaient à celles d'une dominante qui ne souhaitait que le meilleur pour son clan. Elle soupira.

« Je suis inexcusable. »

Et elle le pensait. Au moins à moitié, puisqu'elle était réellement embarassé pour lui. Elle se rendit compte qu'avouer ainsi une faiblesse était une forme d'humilité. Et son orgueil se gonfla de l'idée qu'elle avait été humble. Elle se zappait elle même toute sa crédibilité. Et le comprenant, elle se mordit la lèvre inférieure. Son esprit divaguait vraiment ! Il était temps qu'elle dorme. Bon dieu, qu'on l'assome s'il le fallait ! Elle demanderait à Raw un peu d'aide et de soutien, oui. Elle avait confiance en lui, il veillerait au grain sur leur progéniture et sur le clan le temps d'un jour ou deux qu'elle se repose enfin. Oui c'était une bonne idée. Son cerveau réfractaire à la discipline revint vers Haku. Tequeela lui sourit et ses yeux bleu pâles quittèrent le loup pour observer la lune.

« Tu n'as pas trouver le sommeil non plus, alors ? »

Elle esquissa un sourire maladroit.

l'Alpha fixa le mâle caramel, plantant son regard pâle dans lequel se refletait l'astre nocturne dans celui de l'autre, tout aussi clair. Puis, ses prunelles bleu glacé montèrent vers la nuit. Silencieuse, elle écouta les paroles de son congénère. Il semblait de bonnne humeur, simplement heureux d'être là, a cet instant tandis qu'elle était rongée d'angoisses. Vint alors la question retour, pourquoi ne dormait-elle pas ? POurquoi ne pas être restée après des siens, allongée contre leurs corps chauds et assoupis ?

« Un mauvais pressentiment. »

Les yeux de Tequeela se fermèrent un instant pendant qu'elle inspirait profondément les saveurs de la nuit. Puis, elle baissa le museau vers Haku, et lentement, se redressa pour entrer dans l'eau fraîche. A son tour, elle sentit ce délicieux frisson remonter le long de son dos puis de son échine a mesure qu'elle s'enfonçait dans l'étang. La louve anthracite aimait assez la saison d'hiver, elle appréciait la tranquilité d'une journée froide, alors, en ce début de fin de cataclysme polaire -oui elle avait entendu quelqu'un dire ça parmi les loups de la meute-, alors que la température s'adoucissait un poil, le contact de l'eau glacée lui procurait une sensation d'apaisement tout à fait agréable. Comme une anesthésie générale, L'Alpha se sentit vidée de toute son énergie mais surtout, vidée de tout ses soucis. Elle se laissa tomber allongée prêt du bord, là où, une fois couchée, l'eau lui arrivait jusqu'a mi-poitrail. Ainsi, elle ne mouillerait pas ses cheveux, qu'elle prenait soin d'enrouler autour de son cou, ni son museau. En gardant la tête hors de l'eau, elle s'assurait de restée alerte et proche de la rive pour bondir au besoin. Détente certes, mais pas trop non plus. Elle restait une louve bien trop stricte pour se laisser aller à de la paresse ou du manque d'attention. Profitant toutefois de prendre un bain, elle commença à fristionner son pelage gris à l'aide sa langue, afin de se laver sommairement. De toute façon, elle était majoritaiement déjà propre, comme toujours. Elle prenait grand soin à être impeccable, tirée à quatre épingle. Ses prunelles bleu ciel rendues très pâle par la lune ne quittait que rarement le paysage autour, pour observer les mouvements du mâle caramel et chantilly. Elle écoutait les sons de la nuit dans les fourrées alentour, et se laissait bercer doucement.

La voix du mâle brun et blanc surprit l'Alpha, balayant ses pensées sombres sans ménagement. La question posée était assez étrange, mêlant intrigue et incertitude chez la femelle au pelage anthracite, qui ne voyait pas du tout en Haku voulait en venir. Tequeela plongea ses orbes pâles dans les yeux cyan du mâle, inquisitrice. Elle ne savait pas vraiment quoi répondre à vrai dire, elle ne s'était jamais posé la question. Quelques instants de reflexion lui firent avouer que finalement, la couleur qui la définissait le mieux restait celle de l'hiver.

« La couleur du givre. Un bleu froid mais scintillant. »

Les sourcils de la femelle se froncèrent alors qu'elle se décrivait avec justesse mais maladresse. Avouer qu'elle se rendait elle-même compte qu'elle pouvait se montrer glacial, et que l'aspect physique jouait beaucoup pour elle. Cela dit, elle faisait beaucoup d'efforts pour changer ça, et donc pour se montrer plus agréable et chaleureuse. Mieux, sa grossesse, la maternité et son rôle d'Alpha l'avait forcé à mûrir, certes tardivement. Elle était donc plus sympathique et s'attardait moins sur l'aspect visuels des choses, même si son perfectionnisme et sa maniaquerie pathologique restaient pesant sur sa vie de tout les jours. La couleur bleu représentait également la grandeur du ciel et de la mer. C'était la couleur de l'eau vive, de l'eau qui désaltère. Echo de la vie, nuance rafraîchissante et pur qui permet de trouver une certaine sérénité. Tequeela imagina un cours d'eau claire. Et trouva une autre sens à cette couleur pâle : celle de la vérité à l'image de l'eau limpide qui ne peut cacher le fond de son lit. Ainsi le bleu la décrivait vraiment bien. Elle était à l'instar de cette couleur, en accord avec elle même et n'avait jamais caché sa personalité profonde. Elle était vivante et fraîche. Et elle s'efforçait de trouver ce calme intérieur qu'on pouvait comparer à un fleuve tranquille glissant lentement des montagnes pour rejoindre les vastes océans... Après cette introspection force, elle retourna la question à son interlocuteur, finalement fière et en parfait accord avec sa propre réponse.

« Et toi, jeune loup ? »

Les prunelles topaze de l'Alpha quittèrent une nouvelle fois le mâle pour fixer le ciel noir d'encre. Tequeela n'aimait pas s'étendre sur son sujet, sur ses émotions, ou sur n'importe quoi qui la concernait directement en fait. Mais n'ayant rien de mieux à faire, et surtout ne pouvant se permettre de remballer le pauvre Haku d'un aboyement grincheux, elle se résigna à répondre, lointaine et dans le vague.

« Sûre de moi. »

Parce qu'elle l'avait toujours été. Confiante, arrogante, orgueilleuse. Elle n'avait pas hésité une seconde quant à l'étendard qu'elle désirait porter haut et fort. Elle n'avait pas hésité une seule seconde lorsqu'il était venu le jour de la révolution de sa première année. Face à Ao, bien sûr, la peur l'avait prise. Mais elle avait sû maîtriser cette faiblesse et rester placide, froide. La Dragonne avait été contente de cette performance de jeune princesse égocentrique, puisque depuis elle arborait ce bracelet de perle luminescente qui faisait d'elle la disciple de la déesse cérulléenne. Sans le regarder, elle lui revoyant la balle. Pas qu'elle s'interessait réellement aux expériences des autres, mais elle devait le faire croire. Et puis, d'un point de vue psycologique, ça pouvait être utile pour comprendre le fonctionnement de certains loups. Alors au fond, ce n'était pas perdu de connaître le passé des autres.

« Pas toi ? »

Tequeela sortit de l'eau pour s'ébrouer, puis s'allonger sur la rive, la tête sur les antérieures. Une énième fois, son regard pâle vira sur le loup brun et blanc. Il était curieux ce louvard quand même.

Oui après tout, pourquoi pas. Certains pouvait craindre l'échec. Elle ne le craignait pas, parce qu'elle s'éevertuait à réussir à chaque fois, parce qu'elle voulait vaincre. Ceci dit, elle n'avait jamais eu affaire à un échec, donc... elle ne pouvait savoir comment elle réagirait ni si elle serait toujours aussi convaincue de sa propre réussite pour la suite. L'idée d'une perte ou d'un obstacle qu'elle ne pourrait surmonter ombragea son regard. Puis elle balaya cela d'un revers de cils. La femelle se releva, s'ébroua encore pour liser une nouvelle fois son pelage brillant. La fatigue la gagnait enfin. Elle pouvait remercier Haku. Le loup blanc et caramel avait apaiser son angoisse en la rassurant sur ses intentions et en discutant brièvement d'un sujet très lointain de ce qui avait animé son esprit avant.

« Eh bien, je suis contente de voir que tout va bien pour toi. Mis à part tes insomnies. »

Elle quitta les prunelles claires du mâle pour rejoindre la lune. Décidemment ce ciel attirait son regard comme un aimant.

« Je sens peser mes paupières. Mais j'apprécierais d'aller chasser avec toi demain, sit u es en forme ! »

Dans un sourire sincère, elle le salua et le remercia pour l'aide qu'Haku avait apporrter à l'Alpha, puis elle s'éloigna en trottinnant. Prête à rejoindre sa couche, son compagnon, ses enfants. Et enfin, peut-être, se reposer.