Out in the dark ~ft. Azura

Aristote

Il était sorti de la bibliothèque, enfin, pour aller se perdre dans la nature. Il était vraiment, vraiment perdu, bon pas physiquement, il venait de rentrer dans la forêt, donc il n’était pas perdu, mais il était perdu mentalement. Il n’avait plus sa belle et douce Romance à ses côtés. Elle reposait sur une paillasse, sous les regards inquiets des savants, dont sa fille et son fils, qui s’occupaient surement d’elle. Enfin ça il n’en savait rien.

En vérité, il n’avait pas vu ses enfants depuis quelques mois. Il ne les croisait jamais, venant rarement au camp pour dormir, mais passant plutôt jours et nuits dans la bibliothèque, à chercher un livre qui lui permettrait de trouver une solution à tout ça. Et surtout qui lui permettrai de sauver sa belle. En effet, c’était le plus important pour lui. Bien qu’il soit tout à fait loyal à sa meute, et qu’il voulait les aider, ce qui le motivait à autant travailler, sans relâche, c’était Romance. Il ne pouvait pas supporter de la savoir malade, mal en point, alors que lui allait bien, et donc, il devait trouver un moyen de la guérir. Il marchait entre les arbres, silhouette blanche à petites ailes, ses longs cheveux un peu en bazar, d’avoir eu si peu d’attention ces derniers mois, tombant du côté habituel de son visage. Pourtant, il ne sentait pas mauvais, il sentait le papyrus, les vieux papiers et livres, qu’il lisait tout le temps, se noyant dans les sigles compliqués, les hiéroglyphes anciens, sur les plantes, mais ne trouvant rien qui expliquerait la croissance Everbloom. Il soupira, et serra ses ailes contre lui. Ce que Romance lui manquait …

Si il n’y avait pas eu ce risque d’attraper la fichue maladie, il serait couru à l’hôpital pour aller la serrer contre lui, lui promettre qu’il trouverait la solution, de ne pas s’inquiéter, où alors il serait resté près d’elle, en essayant de l’aider de toutes les façons … Mais non, il ne pouvait pas. Et il la choppait, cette fichue maladie, il ne pourrait plus se rendre à la bibliothèque. Il ne pourrait pas trouver.

Il passa entre deux troncs d’arbres, s’éloignant pas trop du bord de la forêt, agitant sa queue avec inquiétude, il n’était pas très certain de ce qu’il était venu faire ici, mais il avait espéré trouver quelqu’un à qui parler.
Il avait beaucoup mûri, depuis son arrivée ici, et la belle grise aux cheveux blancs y était pour beaucoup. Notamment, il n’avait plus peur des femelles, elles se ressemblaient toutes, dans l’ombre de sa très chère Romance, mais peut être était ce parce qu’il en connaissait si peu ? Il n’avait jamais vraiment parlé à beaucoup d’autres gens que sa chérie. En vérité, le fait était qu’il n’avait besoin d’autres personnes pour être parfaitement heureux. Soit, il était très très heureux avec ses enfants aussi, mais à la mesure, leur mère lui manquait, et être avec eux le la lui rappelait, ce qui pouvait vite devenir douloureux. Même si il aimait profondément son fils, et était très très fier de lui, et chérissait sa petite fille, qui n’était plus si petite d’ailleurs. Il espérait qu’eux allaient toujours bien, il faudrait qu’il aille les voir, un de ces jours. Il voulait vraiment savoir comment ils allaient tous les deux, tout de même.

Il agita la queue, en remarquant quelque chose, il y avait une forme claire au bout du chemin tracé par les pattes de nombreux loups qui avaient passé ici, sur la route pour aller il ne savait où. Il la détailla en s’approchant, se disant de toute façon, dans les terres libres, il n’avait rien à chasser du territoire ni rien. Heureusement.
Il trouvait toujours qu’il peu moins de violence aurait été préférable. Il sentait le sol sous ses pattes, et le silence autour de lui pesait sur lui. Tant de silence n’était surement pas naturel. Il inclina un peu la tête, en arrivant à son niveau, avec respect, et gentillesse brillant dans ses yeux bleus.

« Bonjour madame » Dit-il, de sa voix de loup, calme et posée, comme si chaque mot avait le droit à son moment particulier.
« Comment allez-vous ? » Demanda ‘t’il alors, par politesse, et pour lancer la conversation, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas parlé à quelqu’un.

Il n’avait pourtant pas l’impression d’avoir dit quelque chose de mauvaise, qui prêtait à l’inconfort. Mais il était soudain inconfortable. C’était peut être son ancienne peur des conversations avec les louves, qui le mettait mal à l’aise, et alors qu’elle regardait autour d’elle, il se demandât si elle n’espérait pas qu’il parlait à quelqu’un d’autre. En tout cas, c’était une jolie louve. Beige, avec le bout de la queue jaunâtre, ses cheveux bruns aux beaux reflets le tombant sur les omoplates, elle le contemplait d’un regard bleu
.
« Ca… ça va » lui assura-t-il, avec un sourire, ses cheveux bleus et blancs tombant à droite de son visage, et lui barrant à moitié la vue.

Il se rappelait de la première fois qu’il avait parlé à une personne d’ici, cette personne avait été une louve, et donc la tâche n’avait pas été de toute simplicité. Mais c’était une belle louve grise et blanche, qui avait fini par se réfugier dans son cœur, où il la protégeait vaillamment. Mais comme si quelqu’un d’autre pouvait lui voler sa place. Il n’avait, jusque là, pas connu de louves, et Romance, avec toute sa douceur, l’avait rassuré, lui avait permis de s’ouvrir à quelqu’un. Lui avait permis d’être heureux, ici, si loin de ses terres natales. Mais il était vrai que le territoire de sa jeunesse lui manquait parfois. Les courses dans les cavernes avec sa sœur Arcadiem, les câlins cette dernière et les moments les plus doux de sa jeunesse lui resteraient toujours, mais surtout, les terres. La caverne où il était né, les bois où il pouvait chasser, mais aussi la forge de Kirai, son vieux mentor en ami…
Tout cela lui manquait beaucoup.

A présent, la douleur d’avoir été arraché à ces terres, à sa sœur, à son mentor se calmaient, comme une vieille cicatrice qui se referme, qu’on arrive à oublier ... Mais qui demeure toujours, quand on cherche un peu. Sa sœur lui manquait. Elle devait croire qu’il l’avait abandonné, qu’il était parti, juste comme ça, alors qu’en vérité, il cherchait à la venger, et avait perdu un combat, de façon injuste, se faisant pousser dans la mer. Et de là, il avait dérivé sur ces terres ci.
Et il devait parler à une femelle. Ah, maintenant il se sentait gravement bête d’être sorti. Quelque chose l’intrigua. Elle ne sentait pas les Séides, mais une autre odeur qu’il ne … connaissait pas très bien. Certes, il avait entendu parler qu’un autre clan, mais vraiment, n’en savait pas plus que ça. Il agita donc les oreilles.

« D’où venez-vous, si cela ne vous semble pas trop indiscret … ? » Demanda t’il, ses yeux bleus curieux.

« Êtes-vous un membre de la meute … de … » zut, on lui avait pourtant dit le nom. Pourquoi avait-il, en ce moment, tant de mal avec les noms ?