Cold Blood - prio Azura

♪ In Cold Blood - Alt-J

Debout aux bord des falaises, Abélard se laisser malmener par le vent violent. Ses anneaux pendus à ses cheveux s'entrechoquaient en un cliquetis et son glowstick lui tapait dans les pattes.
Et il brillait d'un éclat provocateur.
Il les avait toujours méprisés, mais maintenant ils les haïssaient.
Les Dieux.
Qui balayaient tout d'un revers de leur divine patte.

Il n'avait toujours pas digéré la dissolution des meutes et l'éclatement de ses membres.
C'était de leur faute si Esterno était parti. Leur faute si ils avaient été séparés, comme des vulgaires plantes qu'on trie par couleur.
L'idée de n'être qu'un pantin de plus, lui donnait envie de vomir.
Cette constatation le heurtait maintenant dans une brutalité douloureuse.

Il avait la nausée.
Et même la vue de ces grands espaces ne l'aidait pas à se sentir mieux.
Puis il eut se frisson, que l'on a quand on se sent observé. Il se retourna pour découvrir Azura, petite silhouette beige.
Il la rejoignit en quelques pas et se laissa tomber sur les fesses, las.

Salut. lâcha t-il. Chiant d'être dominé par ses émotions.

Spoiler:


Tapie dans l’ombre.
Elle rampait, doucement. La souris grise était là, fière d’elle, en train de choisir les baies qui feraient son festin du jour. Elle rampa, rampa et…

« JE VAIS TE CASSER LA GUEULE SALOPERIE ! »

Back to present.

Les ressources des Lazulis en baies curatives étaient carrément pauvres. Ils avaient beau être six ou sept, c’était quand même un véritable foutoir, et une désorganisation complète. Elle s’était donc chargée d’une mission, de rapporter le plus de baies possibles et de différentes propriétés afin d’alimenter le stock. Seulement voilà, cela faisait bien une heure qu’elle cherchait, mais elle n’avait récolté que dix baies. Qu’elle avait soigneusement disposées au creux d’un arbre car elle ne pouvait pas tout porter. Avec Everbloom, c’était compliqué de discerner les baies toxiques des vraies baies curatives, car elles se ressemblaient beaucoup à quelques détails près. Elle venait de trouver un buisson rempli de belles baies et sa joie fut instantanée. Elle sautillait en cueillant les quelques baies, et se dépêcha de retourner vers sa base à provisions. Quand soudain…

« WHAT »

Plus. Rien.
Nada.
Si, une baie rose, mais elle était abîmée, destroy.

Folle de rage, membres tendus comme un arc, elle regarda partout autour d’elle, à la recherche du voleur. Or, elle ne sentait nullement l’odeur d’autres loups. Les yeux plissés, elle déposa ses baies, et fila se cacher dans les herbes hautes.
Elle attendit patiemment, bien que bouillonnant de rage, elle essayait de toutes ses forces de se contenir afin de ne pas activer son pouvoir et faire voler toute la végétation environnante. Quand il apparu.
Le fourbe.
Ou plutôt, la fourbe.
Tapie dans l’ombre.
Elle rampait, doucement. La souris grise était là, fière d’elle, en train de choisir les baies qui feraient son festin du jour. Elle rampa, rampa et…

« JE VAIS TE CASSER LA GUEULE SALOPERIE ! »

Bien sûr, Azura, qui s’était contenue depuis bien trop longtemps à son goût, n’a pu s’empêcher d’exploser en sautant de sa cachette, entraînant ainsi la fuite de l’animal. Du fourbe.
Avec toutes ses autres baies aussi, parce que sinon, c’était pas drôle.
Le vent siffla autour d’elle, créant des bourrasques qui la fit presque s’élever dans les airs dans sa course poursuite. Elle réussit à lui tirer la queue, et, de ce fait, lui faire tomber deux trois baies. Mais l’activation involontaire de son pouvoir la fit trébucher, et elle devait reprendre son souffle, incapable de reprendre sa course effrénée.

Elle crachait ses poumons quand elle sentit l’odeur de loup.
Les yeux encore troubles, elle regarda les silhouette s’approcher, et remarqua un vert familier.

« Salut. Chiant d'être dominé par ses émotions. »

Elle explosa de rire. À qui le disait-il ? Elle était bien placée pour le savoir. Comme pour illustrer la chose, elle déclencha son pouvoir une nouvelle fois, histoire de bien l’achever, en créant des légères bourrasques de vent.

« Abélard ! Ça fait longtemps. Tu sais pas à qui tu parles, là. Je suis la reine des bipolaires, les émotions, ça me connaît. »

Sur ces mots, elle lui fit un clin d’œil. Puis, dans la joie de retrouver son ami, elle se rappela le fourbe. Elle sonda son congénère.

« Dis, traîne pas, viens m’aider ! Cette putain de souris m’a volé mes baies, on en a besoin chez les herboristes et je laisserai pas cette merde gâcher mon travail assidu. »

Sur ces mots, elle se leva tant bien que mal, tentant de ménager ce vent, son glowstick, et se mis à courir à l’odeur de cette fourberie sur pattes.

Ouais, justement, tu me comprends. lâcha t-il d'une voix collante.

Et comme en écho, autour d'Azura se leva une bourrasque. Si seulement ce vent pouvait chasser tous ses soucis.
L'air rieur de al louve et son enthousiasme à la chasse, arrachèrent un maigre sourire à Ab.

Et comme déjà elle partit en courant le laissant là, il n'eut d'autre choix que de lui emboîter le pas - à un rythme effréné.
Il ne voyait aucune souris et encore moins de baie, mais il se concentrait sur la pointe jaune de la queue de la louve devant lui.
Etre coureur dans la nouvelle meute lui avait semblé naturel. Abélard courrait très bien, c'était un expert en fuite. Toute sa vie il avait fui, toutes les catastrophes il les avait esquivées. Ni à Everbloom ni contre Chronos on avait eu le luxe de l'apercevoir à la baston.
Parce que c'était plus simple de fuir, pour rester en vie. Seuls les lâches et les héros survivaient au champ de bataille. Les gens normaux comme Esterno mourraient.

Le loup accéléra l'allure, le coeur lourd.

Donc tu t'es faite voler tes baies par une souris ? haleta t-il entre deux foulées Et tu espère vraiment la battre à la course ?

« Donc tu t'es faite voler tes baies par une souris ? Et tu espère vraiment la battre à la course ? »

Elle jeta un oeil à son camarade, avant de le faire taire d’un mouvement de queue.
Là, elle était hyper concentrée.
Elle ralentis la cadence, et intima à Abélard de faire de même. D’un geste de tête, elle lui montra un gros buisson garni de baies toxiques d’Everbloom - qu’elle reconnaissait à leur subtile odeur macabre - et elle finit par ramper dessous. Elle s’avança comme un serpent, discrète comme la louve qu’elle était. Elle avait quelque peu mal au dos dû à la vieillesse qui pointait son museau chez notre Herboriste, tandis qu’elle rampait, mais elle fit taire la douleur bien vite lorsqu’elle aperçut enfin le poil de ce sale petit voleur de rongeur. Il était entrain…

Sans mot dire, sans prévenir, ni laisser le temps au rongeur de comprendre ce qu’il se passe, Azura bondit et atterrit directement la gueule sur le maigre corps de cette enflure.

« HEY, CHE CHAIS QU’T’AS FAIM, MAIS CH’EST PAS POUR TOI »

Elle tenta de saisir le rongeur entre ses griffes et lui faire recracher les baies avant qu’il ne les gobe. Elle jeta un regard désespéré à son ami.

« Une chouris ch’est un peu con… Aide… Moiii rrrrhaaaaa ! »

Elle se retenu de ne pas lui donner le coup de croc fatal, mais elle tenait à ses baies.

... !

Abélard s'interrompit immédiatement, ne voulant pas contrarier la femelle et encore moins se bouffer des poils de queue. Il la regarda d'un air sceptique lorsqu'elle se mit à ramper sous un buisson toxique. Il s'abstient de tout commentaire, mais son sourcil haussé d'un air circonspect en disait assez long.

Pensait-elle vraiment réussir à coincer le rongeur sur un terrain aussi peu pratique ?
Eh bien il semblerait que oui.
Le mâle blanc entendit un petit couinement lorsque la femelle fondit sur la proie, bien décidée à lui dire ses quatre vérités. Franchement, il n'aurait vraiment pas aimé être à la place de la bestiole.

color=darkgreen]Une chouris ch’est un peu con… Aide… Moiii rrrrhaaaaa ![/color]

Le loup blanc contourna le buisson, pour se mettre en face de la femelle et non plus en retrait. Vraiment, il aurait aimé aidé, mais il ne voyait vraiment pas ce qu'il pouvait faire.

Eeerrr .. Non ? tenta t-il.

La souris avait les baies à moitié mâchées dans la gueule, qu'elle essayait d'avaler tout en tentant d'échapper à Azura. C'était une gueule si petite, comment un loup pataud comme lui pouvait-il réussir ce tour de précision ? Bref, désireux de se rendre utile, Ab avança une patte pleine de griffes, et essaya de forcer le rongeur à ouvrir sa gueule. Pas évident, vu comment il remuait. Lorsqu'il parvint à insérer une griffe dans sa minuscule gueule, Abélard fit levier trop violemment et entendit le bruit caractéristique d'un os fracturé. Une mâchoire en l’occurrence.

Oops.

Mais il lui fut ensuite facile d'extraire les baies de cette gueule béante. Alors, satisfaite ?

Azura explosa de rire.
Abélardd venait malencontreusement de tuer la voleuse. Il avait essayé de l’aider, d’une façon maladroite, et maintenant elle était morte. Au moins, les baies étaient intactes ! Et c’était le principal. Elle toucha de quelques coups de pattes la pauvre bête, pour vérifier qu’elle avait vraiment prit le coup fatal. Elle haussa les épaules.

« On a un casse-dalle maintenant ! »

Elle fit rouler la souris vers les pattes d’abélard, et entrepris de réunir les baies. Elle avait maintenant de quoi remplir le stock des herboristes en baies guérisseuses.

« Je te l’offre, mange. »

Azura s’assit, et commença à se perdre dans ses pensées. Cette petite aventure finie, elle retourna auprès de ses pensées sombres. Elle soupira, soudainement abattue.

- Je te l’offre, mange. 
- Aha mais j'avais pas l'intention de partager !

Abélard se coucha sur le ventre, pour dépecer la toute petite souris - qui lui revenait de droit puis qu'il l'avait tuée - content d'avoir un petit casse croûte.
La vue de cette viande lui rappela combien il avait faim. Il n'avait pas trop le cœur à s'empiffrer en ce moment et cette courte course l'avait épuisé.
Il sentait aussi la fatigue et la lassitude maintenant.
Il n'avait jamais été un grand sportif et la griffe du temps ne l'avait pas épargné non plus.

C'est des baies qui font quoi, ça ? demanda t-il à Azura, la sentant devenir plus sombre J'espère que je ne suis pas en train de manger une souris qui avait elle même dans sa gueule des baies empoisonnées !

Les herboristes avaient cette manie bizarre d'utiliser des plantes toxiques qui soignaient dans certains cas.

Azura fut amusée de la réaction de son ami. Il était vrai que les baies ingurgitées par cette souris - ou du moins, ce qu’il en restait - ressemblaient étonnamment aux baies produites par Everbloom, qui elles étaient carrément toxiques. Pour autant, elles ne faisaient pas perdre la tête.

« T’inquiète Ab, j’t’aime trop pour te tuer d’une façon aussi ridicule. »

Elle soupira, repensant à d’autres histoires du passé.

« Alors Ab… Ça va, toi ?… »

Azura, penaude, la tête renfrognée dans les épaules et le regard triste, avait presque mâché ces paroles. Mais elle avait envie d’extérioriser son malheur, maintenant qu’il était là.
Après tout, c’était son ami, non ?