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 When a heart breaks {Libre}

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Liliandr!l
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MessageSujet: When a heart breaks {Libre}   When a heart breaks {Libre} EmptyDim 2 Oct - 20:09



Elle se traînait un peu, sur le sable, laissant des tranchées derrière elle. La douleur allait-elle donc la tuer ? Elle était sortie pour aller chercher des provisions, pour Roy, même si il lui avait demandé de rester au calme, et de ne pas faire de folies, avec son ventre de bébé baleine. Mais elle voulait sortir, elle n’en pouvait pus, de rester cloitrée dans les tanières des savants, avec de regard désolée et furieux à la fois de son père, quand celui-ci se posait sur elle. Alors elle leur avait échappé, et au début, tout allait bien, la balade la revigorait, et elle se sentait enfin un peu plus libre. Elle se sentait pousser des ailes, après toutes les chaînes du désespoir, liés à son ventre rebondi qu’elle n’avait pu, pour tant de temps, pas expliquer.

Et la verdure autour d’elle, pour une fois qu’elle n’était pas dans un coin infesté, semblait lui tendre les bras, les ronces ne la griffaient pas, les cailloux ne lui crevaient plus les coussinets, pour quelques instants, tout lui semblait beau et bien. Puis il y eut une contraction, une douleur soudain, poignante, qui vint dans un choc, la faisant s’arrêter, avant de se retirer lentement comme une baffe de quelqu’un qu’on apprécie, qui claque, et qui reste, qui picote pendant longtemps, parce que ça blesse physiquement. Mais aussi mentalement.

La douleur qui l’atteignait, n’était pas seulement du domaine physique, c’était du mental. Elle allait avoir un enfant, elle ! A 2 ans ! Elle allait être mère.

Son cœur se serra. Elle n’était pas une louve odieuse, une louve mauvaise, mais elle avait quand même donné de ces coups à cette marque qui la différenciait des jeunes de son âges, espérant que ce qu’elle contenait ne serait plus, ne voulant pas le voir. Elle avait eu peur que ce serait un monstre. Un monstre, comme celui qui lui avait donné ce fardeau terrible. Mais maintenant elle avait arrêté, parce qu’elle savait, que maintenant, les coups c’était le loupiot qui le lui les donnait, d’un entrain surprenant, d’ailleurs.

Et la douleur montait toujours, elle n’aurait pas du oublier les feuilles de framboisier, c’était horrible.

Elle se rappelait du jour où elle avait compris ses symptômes. De la panique énorme, le ‘c’est impossible’ qui lui était venu aux lèvres. Elle n’y avait pas cru, pas un instant. Elle n’avait eu de relation amoureuse avec un mâle, elle ne savait pas d’où pouvait venir cet enfant, d’où venait cette grossesse. Cela lui avait semblé tout bonnement impossible. Elle ne savait pas si les midi-chloriens existaient ici, comme dans les histoires de son père, mais elle n’avait pas pu comprendre. Maintenant, tout était plus clair, ce n’était pas un miracle. Mais une erreur. Une terrible erreur.
Si seulement l’enfant ne survivait pas.

Cette horrible pensée. Pensée qui revenait toujours.

Elle se laissa tomber sur le sable, et regarda, la marée qui descendait, floue. Le sable était encore chaud du soleil qui l’avait réchauffé durant la journée, et lui offrit quelques secondes de répit, avec que la douleur revienne. Tous les dieux. Quelle douleur.
C’était ici qu’elle était venue au monde. C’était ici que sa mère lui avait donné la vie. Mais dans un contexte si différent, entourée d’amis, de chaleur, de douceur. Et ainsi tout était rêche. Cet horrible sable, qui se faufilait partout. Cette douleur impossible à contenir. Elle avait pourtant voulu venir ici.

Lorsqu’elle était tombée sur la mousse, dans la forêt, elle avait eut qu’une seule pensée, retourner où tout avait commencé, pour tout finir.
Parce que ce n’était pas là un début, c’était une fin. Elle en était persuadée. Comment quoique ce soit de bien pouvait venir de cette erreur ?
Sa réputation ? Poubelle.
Sa famille ? Dégoût.
Son respect pour soi même ? Adieu.
Et ce loup … ce loup qui lui avait tout donné, l’espace d’un soir. Elle ne comprenait à peine. Hormones ou sentiments ? Mélange des deux ? Elle ne pouvait plus le cerner, dans ce cercle de désespoir infini, donc il était devenu l’alpha et l’oméga. Le début et la fin. Pourquoi lui ? Pourquoi elle ? Pourquoi maintenant ?
Le monde, avait-il pour seul but de la torturer ainsi ? Et comme si cette erreur ne lui avait pas assez coûté, il fallait lui donner un enfant.

Elle respira lourdement, inhalant du sable, la faisant tousser, en même temps que son asphyxie plus où moins maîtrisée. Elle grogna. Si un loup venait maintenant, il la variait par terre, entrain d’essayer d’agripper le sable, pour oublier le tir de la douleur, pour résister à la tentation de hurler. Dans une telle position de faiblesse. Il y avait un temps, ça l’aurait indignée. Mais maintenant, elle ne demandait que ça. Une patte douce pour la guider, une voix pour la tirer des tréfonds de la peur, du désespoir. Elle s’était menti à elle-même. Être enceinte, ça lui avait fait peur, mais avoir un enfant la terrorisait. Elle n’était pas prête. Les couples qui s’aimaient depuis des années hésitaient à avoir les louveteaux, alors pourquoi elle, petite louve blanche sans attachements, se retrouvait à grogner au soleil couchant ? Elle aurait donné bien des choses pour avoir un loup qui l’aimait, qu’elle aimait, à ses côtés. N’importe qui. N’importe qui pouvait venir, elle avait juste besoin de compagnie. Elle était trop jeune pour avoir aussi mal. Même si la présence d’un autre n’avait pour autre motif que la pitié, tout était mieux que cette solitude douloureuse, que cette peur de l’inconnu.
Elle haleta, et grogna enfonçant ses griffes dans le sable, puis ramenant sa patte vers elle. Meurt. Meurt. On ne veut pas toi ici. Pourquoi tu viens ? Ne vois-tu pas que ce monde n’as aucune bonté ?

Elle chouina, incapable à penser à quoique ce soit de beau, de bien, dans cet état, et des larmes glissèrent de sous ses paupières d’habitude si vigilantes. Stupides larmes. Elles n’aidaient en rien. Ses yeux n’étaient pas infectés, pour l’instant. Elle ne voulait pas être là. Pourquoi … pourquoi elle ?

La vague se jeta sur le sable avec un cri d’H2O enjaillé, et se retira doucement, tirant le sable vers lui, voulant l’emmener avec lui aux tréfonds de sa profondeur bleue et verte. Le bruit de l’eau qui ruisselait entre les minuscules grains de sable lui fit ouvrit les yeux. La douleur n’était plus. Elle se tourna, et donna un coup de langue à l’unique bestiole. Elle ne savait pas d’où venaient ces réflexes, mais ils étaient bien là. Elle s’arrêta, en entendant l’enfant piailler, et se détourna d’elle.
T’es triste ? Dans le sable rugueux ? Dans le froid ? Dans ta solitude, sans frangins ?
Bah tant mieux, moi aussi. Souffre donc avec ta mère, et en silence, veux-tu ?

Mais la boule de peau à peine couverte de pilosité ne voulait pas se taire, et criait pour le lait dont elle avait besoin, pour l’attention qui lui était dû. Mais la mère ne lui répondait pas, la tête posée sur le sable, les yeux fermés.
« Tout ça n’est pas vraiment arrivé » Souffla t’elle doucement, à personne.
« Je vais me réveiller, maman va me faire un câlin, ce n’était qu’un horrible cauchemar. »
Le soleil passa sur son pelage blanc, de ses derniers rayons, et un cri de louveteau plein d’espoir retentit.
Elle hurla, et se tortilla, se jetant sur la petite forme, la prenant par la peau du coup. Elle se releva avec difficulté, et prit la direction de la mer. Peut être que la petite bête savait ce qui allait se passer, elle se débattit un peu, puis rendit compte de son impuissance, et piailla ses cris d’enfant triste. Chaque patte s’enfonçait dans le sable, la difficulté de marcher s’accroissait plus la mer se rapprochait, se définissant lentement, chaque vague, chaque couleur, chaque goutte. Elle serra un peu la petite. Tais-toi, veux-tu ? Tu ne peux pas savourer tes derniers et premiers instants en silence ?
L’eau venait, partait, devant elle, frappant ses pattes avant, laissait un effet de fraîcheur. Regarde comme l’eau t’appelle, comme le sable, elle finira par t’emporter petite. Comme ceci, ce serait comme si rien ne c’était passé, on ne la regarderait plus avec dégoût. Elle rentra dans l’eau, sentant la substance liquide lui caresser le poil. Il fallait juste lâcher. Elle ne serait plus. Le fardeau serait parti.

Les vagues tombaient, reculaient, s’élançaient, tombaient, reculaient, s’élançaient.
Et pourtant, ne s’arrêtaient jamais. N’abandonnaient pas. Il n’y avait pas de solution facile. L’eau salée de ses yeux rejoignit la mer. Elle n’arrivait pas à desserrer les crocs. Elle ne voulait pas lâcher cet enfant.
Si, si, elle voulait le lâcher ! Elle ne l’avait jamais désirée ! Qu’elle reparte à cette nature qui l’avait créée.
Et pourtant, son instinct, son corps, son cœur ne lui disait pas ça. C’est un cadeau, c’est un être vivant, elle est venue ici pour une raison, peut être qu’elle changera tout. Tu ne peux pas laisser une chance comme cette petite t’échapper. Tu ne peux pas détruire quelque chose que toi-même tu n’as pas créé.
Cet argument ne pesait rien. C’était elle qui avait été enceinte. Mais tout de même, elle ne lâchait.
Et la dénudée semblait avoir accepté son sort. Ce qui n’aidait pas. Si seulement elle criait, elle l’insupportait, ce serait plus facile, mais la minuscule bête s’était tue, comme si la mort l’attrapait déjà par la peau du cou, la traînait déjà loin de sa mère.

Sa mère.

Qu’est ce que Romance aurait pensée d’elle, en la voyant essayer de jeter une de ces vies qu’elle œuvrait si souvent à sauver à la mer ? Elle ne serait pas très contente.
Maman … Maman pourquoi n’es-tu pas là ? Quand j’avais besoin de toi ? J’avais besoin de toi ...
Son cœur se fendait. Avait-elle demandé tant de choses à ce monde ? Pourquoi lui retirait-on sa mère, pour lui donner un enfant illégitime ? Elle s’assit dans l’eau, sanglotant. La vie était si injuste. La vie était si dure. Pourquoi était-elle là, avec un enfant entre ses crocs, au bord de l’eau ?
Le vent semblait la pousser vers les terres. Rentre chez toi.
Elle se laissa pousser, entraîner loin de l’eau, et son enfant bougea entre ses crocs. Elle la posa par terre, sur le sable, et s’allongea près d’elle, la guidant à la chaleur et le lait qu’elle désirait depuis le début. L’erreur était bouclée, l’enfant survivait.
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Ehnala
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MessageSujet: Re: When a heart breaks {Libre}   When a heart breaks {Libre} EmptyDim 9 Oct - 16:25

    Il s'était immobilisé lorsqu'elle avait fait un pas dans l'eau, puis un autre, et que tout s'était suspendu dans une atroce attente de ce qui allait se passer.
    Sa silhouette fondue dans le mur de végétation qui séparait le continent des idylliques Criques du Soleil. L'un des seuls lieux encore sûrs de tout le territoire, et étrangement, un lieu qui semblait appeler la vie plus que tout autre. De ce qu'il avait pu en voir en tout cas, ou en savoir. C'était ici qu'avaient vu le jour les petits de Maât et Lieutenant. Ici que Romance avait donné la vie. Y avait-il une sorte de cercle dansant que suivait le destin et qui continuait sans cesse de ramener son sang à cet endroit précis. Peut-être était-ce la mer ? Bleue, grondante, immense. Peut-être ses flots tantôt paisibles et tantôt tumultueux appelaient-ils à eux les vies à venir, menant les louves à venir mettre bas près du sable chaud et des vagues au rythme doux. Il s'était arrêté, masqué dans les fourrés, lorsqu'il avait vu la silhouette claire de Maisie étendue sur le sable. Elle n'y était pas restée bien longtemps. A peine avait-il été immobile, les oreilles dressées et le regard accroché à sa silhouette claire, qu'elle s'était redressée, dévoilant à sa vue une petite chose vagissante apparue sur le sable. Un louveteau. Oh, ce n'état pas un secret bien-sûr, que la jeune Savante allait avoir un enfant. Cela avait fait circuler quelques rumeurs et regards dédaigneux au clan car elle n'avait pas de compagnon. Qu'il les avait trouvés stupides alors, ces loups aux propos hautains. Le destin n'accordait pas deux parents à tous les enfants.
    Anthem était bien placé pour le savoir.

    Il se doutait bien, observant la jeune louve se remettre sur ses pattes, que ce n'était pas lui qu'elle attendrait. Le père, sans aucun doute, mais comment pourrait-il savoir ce qui se passait ? Son frère peut-être. Sûrement. Il avait remarqué le lien fort qu'il semblait y avoir entre les deux, et qui n'était pas sans lui rappeler la relation qu'il avait entretenue avec sa défunte soeur Maât. Il repoussa es douloureux souvenirs des derniers instants de la louve crocodile. Inutile de s'attrister à cet instant, ce n'était sans aucune doute pas le bon moment. Il avait secoué la tête ne silence, les ombres venant jouer dans ses longs cheveux de neige, et avait amorcé un geste pour sortir des fourrés et révéler sa présence à sa petite-fille. Par les Dieux, qu'elle ressemblait à sa mère. A Romance. Elle avait hérité de la douceur des traits de son visage, de la démarche gracile qu'elle avait eue elle aussi dans ses plus jeunes années. Elle avait dans le visage d'avantage de malice et de oie exprimée, mais il revoyait en elle le fantôme de sa fille lorsque lui-même lui avait tourné le dos. Les erreurs du passé revenaient sans cesse vous hanter, aussi assumées qu'elles soient. Mais alors qu'il passait sous un haut bosquet de fougères pour entrer sur la plage, Maisie s'éloigna. Le louveteau n'était plus sur le sol.
    Elle allait vers la mer.

    L'anthracite s'avança dans sa direction et la vit soudain s'arrêter, les pattes dans l'eau. Il crut la voir trembler, mais peut-être n'était-ce que le reflet de la lumière dans l'eau qui jouait sur son pelage clair. Il s'immobilisa, de peur que, si elle s'apercevait de sa présence, elle précipite les choses. Le temps s'étira, les secondes étaient longues et tendues. Il se tenait prêt, tout en disputant un sévère dilemme au fond de lui-même. Que ferait-il si elle le faisait ? Si elle laissait la mer emporter son enfant ? Se précipiterait-il tel un héros ou se contenterait-il de contempler la scène, croisant le regard empli de larmes de la jeune louve lorsqu'elle se retournerait et comprendrait qu'il y avait eu un témoin ? Dieux merci, il n'eut pas à se poser la question trop longtemps car finalement, elle fit volte-face et remonta sur la plage, à une dizaine de mètres de lui, pour aller se mettre en boule sur le sol, le petit entre les pattes. La tension retomba du' coup et le grand loup eut un soupir silencieux. Il les contempla un instant sans mot dire, puis finit par s'approcher d'elle d'un pas mesuré.

    Son ombre trahit sa présence sans doute bien avant qu'il ne parvienne à sa hauteur, et il se contenta de la saluer d'un hochement de tête. Son regard se posa sur la petite silhouette qui remuait contre le flanc de Maisie. L'image était étrange et saisissante. L'enfance avait laissé encore quelques traces sur le visage de la louve blanche. Comment pouvait-elle déjà être mère ? Il détailla la petite boule de poils sans un mot. Elle avait des ailes et un pelage chocolat. Il devina sans peine que son glowstick s'allumait un peu plus alors que de complexes réflexions et déductions se mettaient en place sous son crâne pour deviner l'identité de son géniteur. Il mit ces pensées en filigrane, sachant pertinemment que s'il s'agissait d'un loup qu'il avait déjà croisé, son pouvoir ne mettrait que quelques instants à l'identifier. Sachant aussi pertinemment que ce n'était pas du tout le sujet à aborder là tout de suite avec sa petite-fille, qui avait le pelage ensable et les yeux emplis de larmes. Et puis au fond, quelle importance cela avait-il pour lui ? Il n'était pas là pour venir jouer les enquêteurs.

    Il releva son regard vairon vers celui de Maisie. Le silence dura encore un instant, doux ami qu'il était de l'anthracite, puis celui-ci murmura :

    "Tu as fait le bon choix."

    Ses yeux papillonnèrent pour se poser de nouveau sur la petite forme brune.

    "Il faut rentrer maintenant. Quelqu'un doit s'occuper de vous."

    L'âge lui avait plus ou moins réussi sur un point - l'âge et tout les coups qu'il avait endurés durant son existence et qu'il endurait encore -, il était devenu moins froid avec les membres de sa famille. Même avec Maisie et Roy, malgré son houleux passé envers Romance, il avait réussi à créer une relation cordiale, presque normale pour un grand-père envers ses petits enfants.

    "Quel est son nom ?" Demanda-t-il en attrapant de nouveau le regard de la grise.
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MessageSujet: Re: When a heart breaks {Libre}   When a heart breaks {Libre} EmptyDim 9 Oct - 19:10



Elle s’était mise à chanter, avec la petite louve contre le ventre, une vieille mélodie, qui lui était revenue alors qu’elle regardait la petite. Sa mère le leur la chantait, à elle et Roy, quand ils étaient tous petits. Sa voix, d’abord hésitante s’affirma au bout des premiers quelques mots, son regard posé sur sa fille. Elle ne cessait de lui remarquer des choses.

"Constant as the stars above … "

Elle était peut être petite, mais la brune avait des ailettes, sans compter une touffe de pilosité crème sur la tête, qui promettait déjà une chevelure abondante. Et elle ne criait plus, pétrissant de sol de ses petites pattes à la manière un petit chat, comme si elle essayait de comprendre ce sur quoi elle se tenait, s’étant calmée à la voix de sa mère.
Et soudain, une ombre masqua son enfant, et la blanche releva la tête, toujours allongée par terre, ses pattes repliés, ses ailes à demi ouvertes, sa queue traînant sur le sable, elle regarda son grand père, Anthem, s’approcher. Le vieux loup noir aux cheveux blancs l’observa un instant, son regard passant sur son enfant, et sa mère claire. Elle ne s’interrompit pas pour autant, puisque cela fonctionnait.

"Always know that you are loved …."

L’enfant commença à laisser tomber sa tête contre le ventre de sa mère, son corps suivant lentement le mouvement.
Et à ce moment là, la jeune mère se rendit compte qu’elle aimait cette petite boule, cet enfant, malgré tous les maux qu’elle lui avait causé, et qu’elle lui causerait surement, chaque jour suivant celui-ci, d’un amour profond que seules les mères connaissent. La lumière se déclinait, et les petites étoiles apparaissaient dans les coins plus sombres du ciel. La mère leva son museau vers le ciel, vers ces étoiles qu’elle venait de citer, qui scintillaient contre le bleu d’outremer. Elle s’en voulait, au fond, de mettre au monde une petite fille, car c’était bien une fille, qui n’aurait peut être pas de père. Et elle se décida alors que, plutôt que d’avoir un père qui ne l’aimerait pas, si son vrai père décidait en effet de la haïr, elle devrait aller se chercher un père qui l’aimerait. En somme, elle ne lui dirait pas d’identité de son vrai géniteur si elle n’était pas sure que le vrai l’aimerait. Elle avait espoir, quelque part, au fond de son cœur, que le brun les aimait, elle et sa fille. Car c’était le seul qui n’avait jamais fait de pas vers elle... Quelque part sous ces étoiles, il devait vivre, puisqu’il semblait vivre de la nuit, son cœur se serra. Père de son enfant. Pourquoi n’être pas venu la voir ?

Anthem parla soudain, dans un murmure, lui disant qu’elle avait fait le bon choix. Et quelque part, l’once de doute qu’elle avait eu s’effaça, comme balayé par la même brise qui l’avait ramenée sur le sable. Mais la suite la piqua. Rentrer. Assumer son enfant devant tout le monde. Tout le monde verrait de qui il était. Si doutes avaient été possibles auparavant, maintenant la ressemblance à son père était incroyable, on ne pouvait douter de qui elle avait eu l’enfant. Elle ne voulait pas rentrer … pour lui … Si il ne voulait pas de sa fille … Il …

Elle ne voulait penser à ça.

Elle se leva donc, lentement, après avoir hoché la tête, ses longs cheveux caressant le sol, prenant délicatement son enfant par la peau du cou, pour la poser sur son dos, entre ses ailes, où elle savait que la brunette serait en sécurité. Elle commençait à s’endormir, à l’évidence.

"And my love shining in you …

Elle sentait la petite forme qu’elle protégeait avec ses petites ailes, collée entre ses omoplates, brune sur gris.

"Will help you make your dreams come true…
Will help your dreams come true …


Elle espérait elle, que sa fille aurait un père qui l’aimerait. C’était son rêve à elle. Elle sut soudain que son enfant dormait, sans pouvoir l’expliquer, elle la sentait paisible et calmée, comme par la voix mélodieuse de sa maman qui pourtant n’aurait jamais cru pouvoir rassurer un aussi petit enfant avec seulement sa voix. Elle tourna son museau vers Anthem, en entendant sa question, leurs regards se croisant, le saphir dans l’azur et l’or, et réfléchit. Un prénom. En vérité, elle y avait rapidement songé avant, mais n’y avait jamais vraiment réfléchi. Elle avait eu d’autres choses pour occuper ses pensées.
Le prénom ne pouvait pas ressembler à celui de son père, et devrait tenir compte de la douceur qu’elle exprimait actuellement. Un son doux …
« Thyara » souffla la grise, en regardant l’arrière grand père de son enfant.
Le prénom se glissa dans la brise, qui semblait acquiescer, en remuant les cheveux de la louve blanche et grise, autour de son visage creusé par l’inquiétude, malgré sa jeunesse, qui brillait dans ses pupilles.
« Elle devra être éduquée par nous … » souffla la grise, et par nous, elle parlait de sa famille, des descendants d’Anthem. Elle aurait voulu retarder le retour, elle ne voyait absolument pas rentrer, elle ne voulait pas voir la reconnaissance sur le visage de Roy, quand il verrait son enfant, et elle ne pourrait pas indéfiniment l’empêcher d’aller trouver le père, pour lui en toucher deux mots. Il ne voulait pas que s’installe encore plus d’animosité.
Est-ce qu’elle avait vraiment aimé le père ?
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MessageSujet: Re: When a heart breaks {Libre}   When a heart breaks {Libre} EmptyDim 9 Oct - 21:18

    La jeune louve ne fit pas d'histoires et se contenta de se redresser en acquiesçant, continuant de fredonne rune berceuse qui sonnait familièrement aux oreilles d'Anthem, sans qu'il ne sache exactement où il l'avait déjà entendue. Elle faisait remonter en lui des vagues de nostalgie, la saveur d'un regret déjà bien loin dans son passé. Rien dans son expression ne montra ces quelques pensées, fugaces, qui jetèrent le temps d'un battement de coeur une ombre dans son regard vairon. Mais la jeune louve ne le regardait pas à cet instant, et cela passa comme parfaitement invisible. Lui en revanche avait parfaitement la lueur effarée qui avait brillé dans les prunelles bicolores de la grise lorsqu'il avait parlé de rentrer. Oh, elle ne s'y était pas opposée, non. Mais il devina que la perspective d'assumer devant le clan une enfant sans ère pouvait effrayer. Au fond, n'avait-il pas vécu un peu la même chose ? Des images lui revinrent. Les images de son retour, bien des années auparavant. Il se souvenait avoir promis à Raw de payer la dette qu'il devait au clan, ses deux années d'absence, contre la vie de Romance. A cette époque là, il ne voulait pas revenir. Non. Sa vie avait déjà pris ce tournant glissant et périlleux qui l'entraînerait dans ses plus sombres instants durant les années qui suivraient. Mais pour la première fois il avait surmonté cela et était revenu afin que les Savants puissent lui sauver la vie. Il était seul, il n'avait pas de compagne et il n'en parlait à personne. Pas même à Romance. Il ne savait pas si Maisie connaissait cette histoire tant elle avait longtemps été taboue. Peut-être était-elle encore trop jeune - même si la maternité l'avait plongée brutalement dans l'âge adulte - pour avoir déjà entendu ce qui s'était passé. D'où venait sa mère. Ce qu'il avait fait.

    Mais plus que tout autre loup, il pouvait comprendre ce qu'elle ressentirait lorsqu'elle franchirait l'entrée du camp avec sa fille. Lorsque les loups présents poseraient les yeux sur elle, seule avec son enfant, et que les nouvelles et rumeurs se répandraient. Mais il savait qu'elle n'était pas comme lui. Elle serait sans doute une bonne mère, tout comme Romance l'avait été, tout comme Plume l'avait été et le serait de nouveau bientôt. Quelle folie d'ailleurs.

    Elle le tira de ses réflexions en répondant à sa question sur le prénom, après une hésitation. Thyara. Cela sonnait joliment aux oreilles de l'anthracite, mélodieux et léger. Adapté sans nul doute à la fille de Maisie. Puis elle laissa en suspend une phrase plus mystérieuse sur son éducation. Enfin, mystérieuse... Son sens était clair, mais il semblait qu'elle avait eu bien du mal à laisser cette idée s'échapper de ses pensées où s'entremêlaient la honte, la peur et certainement un peu de déception. Ce fut également par ces quelques mots qu'elle convainquirent Anthem que même s'ils faisaient un semblable départ, à de nombreuses années d'intervalle,s ce serait là le seul point commun qu'il y aurait entre les destins de Romance et de la petite Thyara. Il inclina la tête dans un geste d'approbation. Si elle l'exprimait ainsi, c'était qu'elle ne connaissait toujours pas l'identité du père - il avait eu vent de cette crise d'amnésie qu'elle avait eue, apparemment au mauvais moment - ou bien que celui-ci avait renié leur liaison et le fruit qui en résultait. En observant la jeune louve, il pencha plutôt pour la seconde option. Il se demanda comment réagiraient son père Aristote ou son frère Roy. Quoi qu'il en était, si le mâle avec qui elle avait eu cette aventure l'avait repoussée, il n'en ressortirait sans doute rien de bon pour quiconque.

    "Elle a une famille." Répondit-il doucement en plongeant ses yeux dans ceux de sa petite-fille. "Nous veillerons tous sur elle."

    Il lui fit un signe de la tête pour l'inviter à marcher à ses côtés. Vu sa posture tendue, elle redoutait l'instant où ils parviendraient au camp. Il ne savait trop quoi faire pour la réconforter, sachant pertinemment que même s'il était avec elle lorsqu'ils franchiraient les hautes pierres du Creux au Loup, elle affronterait cette épreuve seule avec ses chimères. Mais le regard qu'il lui lança voulait balayer cette certitude. C'était l'une des rares fois de sa vie où il incarnait réellement une figure... paternelle. Protecteur, serein, il la soutiendrait. Il était de son côté. De son sang.
    Ils étaient une famille.
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