Âme d'améthyste [Yurai]

Richard

Ce matin en me réveillant j’ai vu tomber des flocons de neige.

Une nuée d’oiseau s’envole à l’horizon dans un ciel au camaïeu de couleur resplendissant du matin. La brise froide remue mon pelage beige et noir. Je me tiens là debout, à l’entrée du squat, le torse bombé sur ma longue respiration. Le museau pointé vers le ciel et les yeux fermés. Profitant de cette agréable sensation du soleil nouveau qui vous réchauffe pendant qu’il fait froid. Je n’ai pas besoin d’y voir clair pour savoir que cette journée sera sublime. La bonne humeur me tend les bras. c’est dans cet esprit que je décide de me rendre au temple de La Corneille.

J’ai traversé le champ où trône les dolmens en direction du sud. L’herbe givrée craque sous mes pattes. Par endroit la neige c’est accumulée là où à d’autres elle fond et forme une marre de terre gadoueuse. Je m’arrête par moment pour observer les traces laissées par un loup qui est passé par là. Alors je me tourne et observe également les miennes. Tout le chemin que j’ai parcouru. Serein je reprend ma marche et fixe le lointain. Tout le chemin qu’il me rester à arpenter. Les sentiers qui me font faire des détours. Ceux qui n’aboutissent à rien. Et ceux qui vont m’amener jusqu’au bonheur. Je m’écarte pour laisser filer un louveteau qui m’adresse un large sourire.

« Bonjour monsieur ! Me dit-il avant de disparaître dans le tapis blanc.
- Bonjour. » Dis-je à mon tour dans un murmure apaisé.

L’innocence de la jeunesse. La douleur des épreuves de la majorité. Quel nouveau paradoxe m’apportera le futur ? Je suis le seul à le savoir. La poudreuse tourbillonne. Elle se dépose délicatement sur mon épaisse fourrure de nouveau complète. Seule la marque de la brûlure persiste et persistera encore à l’abri sous ma veste en jean. Je suis redevenu entièrement moi même.

L’arrivée devant l’imposante foret me fait le même effet que la première fois. Cette magnificence. Je me souviens de cette journée d’été. La végétation était sublime. l’hiver lui donne aussi une robe superbe. Un manteau de bois foncé et de blanc pur. Je ne sais pas qu’elle saison entre les deux je préfère. Peut être devrais-je revenir au printemps et à l’automne afin d’en apprécier également les couleurs. Je contourne les premiers arbres comme la première fois. Je sais d’où je viens, où je vais et pourquoi je viens. Mon chemin est identique. Ma fascination pour ce lieu magique intacte. Je retrouve le ruisseau sinueux. Le clapotis de l’eau est faible. Celle-ci est d’ailleurs à son niveau le plus bas. Une fine pellicule de glace recouvre la surface mouvementé.

l’ambiance est douce. Je remonte une nouvelle fois le ruisseau sur ses berges. Alors que je passe à côté d’un buisson environ 30 à 40 centimètres plus grand que moi je m’attarde sur les fleurs qui l’ornent. Les fleurs de couleur blanche à rose pourprées se détache d'un feuillage solide. Formant de petites grappes au sommets des branches ces mini bouquets m’intéressent. Je fais le tour du buisson pour chercher le plus bel arrangement. c’est un lot plus foncé que les autres que je décide de couper. Je pousse avec ma truffe la branche délicatement pour ne pas perdre de fleurs. Puis je saisit la branche entre mes crocs avant de couder le bois pour mieux le couper. La plante bien vivace m’oppose quelques résistances avant de céder. Je suis fier de mon cadeau.

Ma route s’enfonce toujours plus dans la foret jusqu’à arriver face à la cascade. Je n’avait pas oublié ce mur aquatique qui risque d’abîmer la fragile offrande que j’apporte. Malgré le froid je m’enfonce dans l’eau. Face au mur je plonge la tête sous l’eau avec la branche et nage sous le rideau avant de ressortir de l’autre côté. j’ai réussi. Mon bouquet est rafraîchit et n’a pas perdu une seule fleur. Je le pose délicatement au sol et m’ébroue avant de patienter sagement que je sèche avant de me présenter au temple. Les minutes passent lentement. Et finalement après de longues minutes je reprend mon présent et entre dans le temple. Il est toujours là. Toujours aussi beau. La statue de Yurai également est présente ainsi que sa fontaine. Cet endroit me donne du baume au cœur.

Il me semble voir sous la fontaine un cadeau précédemment déposé. Je m’approche et constate qu’il s’agit également d’un bouquet de fleur. Je dépose les miennes à côté puis je m’assieds. Au milieu du temple.

« Bonjour dame Yurai. Je suis heureux d’être ici ce matin pour vous remercier. Vous et les autres dieux qui avaient donné la force et le courage à tous mes amis et à tous ceux que je ne connais pas, pour combattre et vaincre la créature. Grâce à eux j’ai survécu. Alors merci infiniment. »

je termine ma phrase en m’inclinant le front contre le sol.

« Vous êtes très importante à mes yeux et chaque jour, chaque instant où je pose mon regard sur mon glowstick je repense à vous. C’est également pour cela que je suis ici. Au delà des remerciement c’est pour vous que je suis là. j’ai du mal à exprimer ce besoin que j’ai de venir vous voir. De vous parler, de vous entendre. »

Je me redresse. Et fixe la fontaine, le regard brillant d’un tourbillon de sentiments et de pensées.

« Je vous suis entièrement dévoué, Yurai. »

Probablement que dévoué n’est pas un mot assez fort pour exprimer ce que je ressens, pour cette déclaration hors du commun.