Ombre rouge | Epreuve de Glowstick

Elle avait toujours su où elle irait, de toute manière.

Alors, le jour de ses 1 an, la jeune louve sombre à la masse de cheveux bouclés se leva le matin, et s'étira, son regard étincelant se posant sur ses frangins. En fait, c'était des sœurs, et un frère adoptifs, qui étaient et fait ses demi-soeurs et son demi-frère, puisque Sekmêt l'avait adoptée comme sa fille. Elle était tellement heureuse d'être dans cette famille, comparée à comment elle s'était sentie avec sa mère biologique …
Elle donna un petit coup de museau à Neït,puis sortit discrètement de la tanière. Enfin, aussi discrètement qu'on le pouvait lorsqu'on faisait 3 fois le poids normal d'un loup d'un an. Elle escalada la montagne de corps, puis trottina dehors, pour regarder autour d'elle.
Il fallait que, aujourd'hui, elle fasse preuve de qui elle était.
Il fallait qu'elle devienne une louve accomplie dans le clan. Il fallait qu'elle devienne adulte.
Elle devait aller chercher son glowstick.

Ou plutôt, elle devait se battre pour l'obtenir, puisque le glowstick qu'elle avait choisi était le rouge. Elle n'était pas futée comme certains, et ne prétendrait donc pas aux couleurs de la Renarde, se raisonna-elle, en sortant du camp. Elle n'était pas assez sage pour aller quémander le violet de la sagesse. Elle n'était pas suffisamment jolie pour aller draguer Moiro. D'toute façon elle draguait pas les meufs, non mais quelle idée. Elle était peut être forte, mais d'esprit, elle ne savait pas, elle était d'ailleurs certainement pas assez agile pour embêter Kiro, pas assez intelligente pour voir Mido.
Sa large carrure, sa voix grave l'avaient placé dans le domaine des plus valeureux loups : les loups combattants. Et c'était une visée qui lui allait plutôt bien, bien qu'elle ait longtemps hésité, pour le rose, quand même. Elle n'allait pas mentir qu'elle aimait séduire les loups …
Mais les loups mâles, hein, pas une déesse chelou qui se faisait passer pour un mec. Ça, non merci, byebye.

Elle déboula sur l’écueil magnétique et chercha d'un regard fier la fontaine. On lui avait toujours dit qu'elle était tout en haut. Alors elle allait monter.
Ses yeux brillèrent, alors qu'elle s'approchait de la première plate forme. Elle adorait les défis, alors elle tentait de toujours tout voir comme un défi. Elle fit un bond vers la première plate forme, décidée et s'accrocha dessus avec difficulté. Non seulement elle était pas censée être là pour une épreuve d'agilité, mais une épreuve de force, mais il y avait aussi des plate-formes en lévitation éloignées les unes des autres ? Mais merde quoi, c'était qui qu'avait eu cette idée d'emplacement ? Kiro ou Aka ?

La louve bougonna quelques instants, puis commença l’ascension, ses griffes lui servant plus qu'elle ne l'avaient jamais fait dans sa vie antérieure.
Quelque chose l'avait forcée à grandir tout d'un coup, beaucoup plus violemment que les autres. En effet, la mort de la seule mère qu'elle avait jamais aimé l'avait complètement bousculée, et avait déchiré sa vie. Quelque chose avait fait déclic, au plus profond d'elle. C'était elle la plus grande, la plus forte des enfants de Sekmêt -enfin des 'enfants', elle savait très bien qu'elle avait été adoptée- et elle se sentait responsable. Elle aurait du pouvoir aider maman. Elle était donc venue ici, pour prouver sa valeur, pour devenir la plus forte, la plus puissante, et ainsi, elle pourrait se battre contre les non-Séides.
Elle agita ses oreilles, sentant ses imposants muscles se contracter sous sa pelisse, alors qu'elle gravissait les plates-formes avec la seule force de ses pattes avant. Avec son poids, sa musculature sur-développée, elle ne pouvait pas faire preuve de cette grâce et élégance que recherchaient les mecs de son âge, chez les filles.
Alors elle avait décidé d'être la première à demander un glowstick, des jeunes de son âge.
Elle allait leur montrer qui était la meilleurs.
Elle allait leur prouver que ne pas ressembler aux autres ne faisait pas d'elle une louve moins bien qu'eux.

Avec un petit grognement, elle se hissa sur la dernière des roches en lévitation ses yeux verts se levant vers la fontaine, décidée... Avant qu'elle fasse deux rangées de pas mesurés, en respirant calmement. Il fallait qu'elle s'oxygène, pour bien pouvoir se battre.
Elle avait vu sa mère se battre jusqu'à la mort.
Elle avait ce courage aussi.
Elle pouvait le faire.

Elle releva son regard vers la statue d'ours, et vint se tenir juste devant, soufflant un bon coup.
Elle allait le faire.
C'était ce qu'elle voulait faire, elle était faite pour être forte, et elle le serait. Elle fouetta l'air de sa queue osseuse puis leva fièrement la tête :

« J'suis ici pour vous prouver ma valeur, et demander votre glowstick, dieu Aka ! » s'exclama la louvette sombre aux arabesques claires.
Le temps était venu pour qu'elle sorte de son ombre naturelle.

Spoiler:

Il apparut, flamboyant, royal, impressionnant ….
Mais très, très rouge. Le rouge du coup de soleil flamboyant. Du bon rouge sa mère.

Puis il parla, d'une voix grave, forte, et il savait d'ors et déjà qu'elle était une fille. Ah, ça ne ratait rien les dieux, surtout pas un utérus. Mais elle fronça ce qui lui servait de sourcils alors qu'il finissait sa phrase.
Petite ? C'était tout ce qu'il lui trouvait, à premier coup d’œil. Bah excuse moi de ne pas faire ta taille, mais moi au moins je ne passe pas mes journée à manger de la soupe.

C'est alors qu'une figure massive commença à prendre forme près du dieu, et qu'une sombre, énorme taureau se dessina. Ah bah parfait. Il avait décidé qu'elle ressemblait à une petite boule de muscles, alors il la mettait face à une grosse boule de muscles. Qui détestait le rouge.
Et elle n'avait pas de meilleure idée esthétique que porter des foulards rouges.


La louve androgyne attrapa le grand foulard rouge autour de son cou, l'arrachant vite fait, alors que la grosse bestiole grattait le sol, son regard rouge posé sur le foulard, baissant la tête pour charger. Heureusement que ça baissait la tête pour charger, les taureaux. Oui, c'était une bonne idée vu qu'il avaient des cornes aiguisées sur la tête, mais au moins ils gardaient pas l’œil sur leur 'proie'.
Elle agita un instant le foulard, en grognant, pour énerver la bestiole. Elle avait l'air d'une grosse malade qui s'enfonçait, mais Varkyrith avait remarqué que plus on était furieux, moins on faisait attention à des petits détails. Plus on fonçait.
Il fallait qu'elle reste le plus calme possible.
Elle eut un choc et roula de côté au dernier instant, ayant réfléchi si dur pendant quelques instants qu'elle avait oubli que le taureau allait la charger.
La corne l'évita de très, très peu, alors qu'elle se relevait et qu'elle reculait, évaluant la bête. Mais elle semblait être tapissée d'épais muscles.
Bordeeeel meeeec tu ne pouvais pas me balancer une belette ? C'est vicieux, mais au moins c'était petit.

L'animal freina, puis regarda autour d'elle, soufflant fort, évidement toujours furieuse, et son regard tomba sur une forme dotée de rouge.
Hors ce taureau n'était pas un taureau tout à fait normal, ce à quoi n'avait pas tout à fait pensé Varkyrith, en balançant son foulard sur un rocher, pour distraire l'animal, et lui sauter dessus par derrière.

Il faut avouer que la louve éprouva un mélange de grosse déception quand le regard rouge se détacha du foulard pour se poser sur elle.
Alors, réfléchir vite.
Ils étaient peut être tous les deux pareils, mais donc ils avaient les mêmes défauts. Qu'est ce qu'elle n'arrivait pas à faire ?
Éviter, elle n'arrivait pas à éviter. Quoi d'autre ?
Le taureau avait baissé la tête de nouveau.
Courir vite c'était dur aussi.
Sauter aussi.

La bête chargea, et Varkyrith se rassembla sur elle même, la voyant approcher sans pour autant se détourner. Il allait devoir faire un effort. Elle attendit quelque fractions de secondes, puis bondit entre les cornes baissées, par dessus la tête de la bestiole, avant de sortir les griffes pour les planter dans la partie entre le cou musculeux et les épaules toutes aussi musculeuses de la bête.
Elle beugla, relevant la tête, se secouant, essayant de la faire bouger. Varkyrith était peut être lourde, mais certainement pas autant que cette bête là, alors elle s'accrocha de toute ses forces, enfonçant ses crocs dans les épaules de la bestiole.
Re-beuglement furieux, et cette fois ci, la bête commença à relever la pattes arrières, puis les pattes avant, essayant de se débarrasser d'elle, la faire perdre prise. Varkyrith respirait l'odeur pleine de sueur de la bête, sentait le sang au goût métallique contre sa langue, mais soudain, d'un violent coup, elle perdit prise, son corps balancé avec force, ses pattes arrières perdirent leur prise, et elle glissa sur dos de la bête. Elle allait le sentir, la bestiole donc il fallait boug-
BLAM.
Un sabot lui attérit dans le ventre, l'arrachant à l'énorme herbivore, l'envoyant rouler sur le sol.
Ouille.
Elle grinça des dents.
Aie.

Tout de même, elle avait bien blessé la bestiole, qui semblait bien furieuse, pour le coup. Elle grinça des dents, en se relevant, ses yeux verts retrouvant ceux, rouges et furibonds, de son opposant.
Il fallait qu'elle atteigne le cou de l'animal, il fallait qu'elle la blesse assez pour qu'elle puisse atteindre cet endroit si bien gardé par des cornes pointues.
Le taureau chargea de nouveau, et Varkyrith, prévoyante, roula sur le coté de nouveau, puisqu'elle bougeait plus vite comme ça que en bondissant, puis, se relevant le plus vite possible, se jeta sur les pattes arrière de la bête, et mordit de dans, les griffant aussi fort qu'elle le pouvait. Il fallait l'affaiblir. Elle trancha la chair, évitant de près le sabot de la revanche, puis bondit en arrière, reculant aussi vite que le permettait son large corps. Le taureau chargea de nouveau, avec un cri furieux, et elle roula de côté. Mais elle commençait à fatiguer, et la corne lui érafla l'épaule, faisait gicler du sang sur le pelage de sa nuque.
Ouille, ça lui apprendrait. Ais malgré ça, elle se jeta de nouveau sur les cuisses et pattes arrière de la bête, restant cette fois bien sur le côté, là ou elle était la plus inaccessible, tachant la peau de la bête, avant de soudain se glisser sous le ventre de la bête, et de bondir derrière un rocher, à l'inverse de là où on aurait pu croire qu'elle irait se cacher.
Elle se calma un instant, et attrapa le foulard qu'elle avait laissé sur le rocher, pour glisser un gros, gros cailloux, avec mal dessus, puis elle bondit devant le rocher et aboya, ramenant l'intérêt de la bête à cornes sur elle.
Ouais mec. Je suis toujours là. Amochée, un peu, mais toujours là.

Elle vit le regard rouge sanglant se poser sur elle. Elle était repérée, ça, au moins, c'était sur. La bête fonça, presque, peut être, sans réfléchir, furieuse, blessée, moins rapide dans ses mouvements, à cause de ses membres arrières bien entaillés, mais elle fonça quand même. Varky avait réussi à l’énerver encore plus qu'elle l'était de base.
Elle se concentra. Esquiver n'était pas son point fort. Elle attrapa les bout de son foulard entre les crocs. Heureusement qu'il était méga solide.

Et, utilisant toute la force qu'elle avait encore, elle balança la masse de pierre englobée de tissu rouge sur le crâne approchant de l’enragé, visant le mieux qu'elle pouvait le front de la bête. L'énorme masse de roche qu'elle avait eu tant de mal à glisser sur son foulard glissèrent du tissu, et frappèrent le crâne de la bestiole avec un énorme craquement. Le sang gicla soudain, éclaboussant la louve sombre, et le corps énorme de la bête sembla soudain perdre de sa vigueur, mais, avec l'élan vint frapper Varkyrith, qui se retrouva soudain entre une montagne de muscles morts, et un cailloux.

Bordel.

Elle grogna, et s'extirpa avec difficulté, poussant l'énorme masse avec ses pattes avant noueuses, pour finalement avoir assez d'air pour respirer un peu. Elle regarda l'énorme bestiole, puis attrapa entre ses crocs une grosse partie de l'une des cornes, bien que plutôt endommagée, qui avait été séparée du reste du corps de la bestiole à cause de gros cailloux. Elle se leva, grimaça, en sentant son épaule douloureuse, de laquelle coulait encore un filet de sang, puis rejoint la fontaine, pour y poser l'os sanglant, étant venue en clopin clopinant.
Elle releva la tête vers le dieu, essoufflée.

Le voilà, son steak.