Bridge of Light | Roy & Ao si possible

[le début de ce rp se déroule au camp des Séides]

Cela faisait quelques temps, depuis le changement d'alpha qu'elle s'entraînait physique, comme pour s’apprêter à l'obtention du glowstick d'Aka. Comme si, en devenant physiquement plus forte, plus puissante, elle serait ensuite capable de briller à l'épreuve du rouge …
Mais plus elle s'entraînait, plus elle se rendait compte que cette force physique, elle ne la cherchait pas. Cette puissante musculature, elle l'avait déjà, cette technique de combat, qu'elle avait passé des années à élaborer... Tout ceci, c'était des points fort, mais en aucun cas son véritable talent.

Son véritable talent, était celui qui l'avait poussé à cet entraînement. C'est ce qui faisait qu'elle se tenait, debout, là, devant la tanière des Alphas, en fin d'après midi.
C'est qu'elle était encore plus forte à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Pleurer, devant l'étendue de ses erreurs ne la rendait pas faible, au contraire, elle s'était enfoncée pour s'en sortir puis fort ensuite.
Elle avait toujours été physiquement vaillante.
Mais grâce à lui, elle pouvait se considérer mentalement forte. Parce que la douleur de le voir avec cette autre l'aurait bien tuée, sinon.

Elle soupira baissant un peu la tête, ses boucles blanches et noires recouvrant un instant son regard bleu, seule touche de couleur sur son corps.
Elle avait pris sa décision.
Il était temps.

Elle frappa un peu la pierre de la tanière de ses griffes, puis s'arrêta, et agita ses oreilles.

« Roy ? » demanda-elle.

Elle l'avait vu entrer le soir même, et elle espérait qu'il n'avait rien de la soirée Ce serait pas mal, pour une fois.

« Comment ça va ? » demanda-elle à la forme blanche qui s'approchait, dans la pénombre.
Elle avait bien vérifié que Tatsu avait foutu le camp pour l'après midi, pour s'occuper des affaires des Alphas.. Elle agita ses oreilles, un peu gênée de toutes son observation de cette fameuse femelle, pour s'assurer qu'elle ne viendrait pas la déranger. Les déranger, avec un peu d'espoir.

« Je suis venue te demander le droit d'aller chercher un glowstick. A l'époque j'avais demandé à Paprika, qui m'avait fait bouger le rocher, pour voir si j'étais capable de faire un effort de groupe. 'fin j'aurais pas réussi sans toi, surtout, donc je ne sais pas si … Enfin … »
Elle perdait ses moyens. Merde.

Elle commençait à sentir quelque chose dans ses joues, comme une chaleur qui montait lentement.
Oh non. Elle respira profondément, pour essayer de contrer le rougissement.

« je voulais juste savoir si je pouvais tenter. Ca remplacerait aussi quelques guerriers à glow qui sont partis. »

Elle le regarda, son cœur se serrant. Est ce qu'elle osait ?

« Et si oui, tu pourrais m'accompagner ? C'est pas que je veux te distraire de tes occupations de l'après midi, si tu en as, mais je … j'aimerai bien un peu de compagnie, même juste sur la route. »
Elle espérait franchement qu'il n'allait pas l'envoyer balader. Oui, les moments qu'ils avaient passé ensemble avaient toujours été plutôt brefs, et ça avait presque toujours été lui qui l'aidait, elle, alors elle se sentait un peu coupable de lui demander encore un énième service … Mais d'un autre côté, elle avait vraiment envie qu'il vienne avec elle, pour des raisons qu'elle ne pouvait lui monter.

La journée était bien avancée déjà. Il avait pris le temps de consacrer la matinée à l'apprentissage d'Heever, qu'il n'avait que trop négligé depuis son accession au rang d'Alpha et ils avaient travaillés ardemment jusqu'à ce que le soleil ne soit à son zénith. Elle progressait bien et il était satisfait de ses progrès, même s'il ne le lui montrait pas forcément. Ils étaient arrivés à un point où il lui faudrait discuter avec elle. Elle avait les compétences nécessaires pour faire une Savante respectable désormais, ce serait à elle de choisir si elle désirait continuer quelques temps son apprentissage afin qu'il continue de lui transmettre des savoirs plus subtils et qui avaient fait de lui plus qu'un simple Savant, ou bien si elle souhaitait se détacher de son mentor pour voler de ses propres ailes. Lui-même ne savait pas trop ce qu'il préférait. Il s'était habitué à la présence quasi constante de la louve grise à ses côtés et ne pouvait pas dire qu'il n'appréciait pas sa compagnie. Elle était plus loquace que lui, mais pas beaucoup plus, et surtout extrêmement concentrée dans son travail. Il avait fait l'effort de la féliciter un peu pour qu'elle se rende compte qu'elle avançait dans la bonne voie, même si c'était loin d'être une chose naturelle chez lui. C'était comme si son propre apprentissage sous l'oeil chaleureux de Romance n'avait laissé aucune trace. Il lui avait offert de s'installer dans sa propre tanière également, puisque lui vivait désormais dans celle des Alphas avec Tatsu.

Il venait à peine d'y entrer et de constater l'absence de la louve sable lorsqu'une odeur familière, rapidement suivie d'un cliquetis de griffes, le fit se retourner vers l'entrée. Hikotsu. Sa vision réveilla en lui un remous lointain, des souvenirs d'avant, mais sans que rien ne se lise dans son regard. Le remous s'estompa bien vite. Il la salua d'un hochement de tête.

"Je vais bien, je te remercie." Répondit-il.

Il n'ajouta rien, puisqu'elle était de toute évidence loin d'avoir terminé son discours. Une expression de gêne familière état collée à son visage - était-elle ainsi dans le malaise devant tous les loups auxquels elle parlait ? Elle se comportait souvent ainsi lorsqu'elle lui parlait, et il ne savait trop comment comprendre la chose. Elle état venu lui parler de son glowstick, ce qui n'était pas une grande surprise. Avec l'agitation qu'il y avait eu lors de leur nomination à Tatsu et lui, elle n'avait sans doute pas eu l'aval de Paprika pour se présenter à un dieu. Désormais, c'était celui d'autres loups qu'elle devait avoir. Sa seconde demande était un peu moins commune en revanche. Il ne savait pas trop si la blanche le considérait comme une simple connaissance ou comme d'avantage - lui-même n'était pas certain de la manière dont il la considérait - mais ce qu'elle lui dit fit pencher la balance vers quelque-chose d'amical plutôt que de trop distant. Il posa sur elle son regard clair s'accordant quelques instants de réflexion.

Il n'avait pas spécialement prévu de choses à faire, même s'il y en avait encore. Il leur fallait nommer de nouveaux Bêtas, et puis bien-sûr régler le soucis de ces loups à glowsticks qui avaient quitté leur meute. Désormais, ils étaient des parias puisque la règle sacrée était qu'il fallait faire partie d'une meute pour posséder un pouvoir. Tous ceux qui les avaient quittés et portaient une lumière s'étaient inscrits sur une jolie liste des traqués puisqu'ils la violaient. Mais après tout, c'était leur choix. Ils en assumeraient les conséquences.

"Tu as mon aval pour passer l'épreuve. Tu as montré ta loyauté à notre meute et ton implication dans son soutien." Répondit-il.

Il eut un doute bref, se demandant ce qu'elle attendait véritablement de lui, ce qui se cachait sous les tourments qu'il voyait dans son regard clair. Mais il le chassa. Il discuterait avec Tatsu à son retour, aussi ne voyait-il pas vraiment de raison de refuser.

"Je peux t'accompagner si tu y tiens."

Ce qui était équivalent à un grand oui de sa part, exprimé à la façon Roy. Il prit le temps de confier la garde du camp à Nout et Rolaba, puis revint vers Hikotsu, la laissant choisir le chemin. Elle n'avait pas précisé quelle couleur elle porterait, aussi lui laissa-t-il l'initiative du départ.

Elle lui avait sourit, entre des tirades, quand il lui avait assuré qu'il allait bien. Ça la rassurait un tout, tout, tout petit peu, car si il avait dit qu'il allait mal, c'est que ça n'allait pas du tout. Mais dire qu'il allait bien n'était peut être pas complètement franc non, bien qu'elle espérait qu'il était honnête.

Mais il voulait bien qu'elle tente de passer l'épreuve.
Owuiiiblblbl.
Elle était partagée entre la joie de pouvoir s'y rendre, de tenter de se rendre plus forte, d’appréhender cet infroissable noyau de nuit qu'il y avait en elle … et la peur de se rater. Mais bon, si elle se ratait, au moins, elle avait le mérite d'avoir tenté. Elle agita ses oreilles, et sourit au blanc. Elle devait tenter.

Et il accepta de venir avec elle. Son cœur se gonfla de nouveau de bonheur, de joie, avant de se serrer. Et si elle se ratait ? Est ce qu'il aurait honte d'elle ? Elle réfléchit un instant. Non. Il s'étaient entraidés plusieurs fois maintenant, et elle doutait qu'il se moque d'elle si elle n'y arrivait pas. Le problème serait sa propre déception. Elle avait peur de le décevoir lui … Elle baissa ses oreilles un instant, alors qu'il partait confier la garde du camp à d'autres loups, puis les redressa à son retour.

Elle attendit un instant, puis se détourna, et prit la route du nord, le chemin de la lande des brumes. Il y avait tant de fois qu'elle avait pensé qu'il n'y avait plus d'espoir, que tout était fini, mais finalement, sa vie avait continué, et elle entrevoyait enfin cette possibilité qu'elle soit heureuse …

Elle marchait pas trop lentement ne voulant pas donner l'impression qu'elle avait peur, mais ne forçait pas non plus, pour ne pas donner l'impression qu'elle stressait. Évidement, elle était à la fois inquiète et stressée, mais quelque chose la poussait à continuer.
Elle avait pris la décision d'aller se présenter à l'épreuve d'Ao, et c'est exactement ce qu'elle faisait.
Sachant le calme qui préférait le savant blanc, et avança pendant plusieurs minutes dans un silence complet, avec seul le bruit de ses pas et de sa respiration pour trancher la nuit qui tombait. Au dessus d'eux, le ciel se teinta de rose, puis de violet sombre, puis devint bleu, des étoiles apparaissant timidement dans le ciel pour scintiller au dessus des deux loups. Ce ne fut que quand la louve aperçut la lande brumeuse au loin qu'elle commença à parler.

« Est ce que tu sais en quoi consiste l'épreuve d'Ao ? » demanda-elle, en regardant Roy de ses prunelles bleues.

Sa voix ne trembla pas, alors qu'elle se décidait à être forte, à ne pas montrer son inquiétude. Après tout, il fallait qu'elle rassemble tout son esprit, pour se concentrer entièrement sur l'épreuve à venir. Sur quoi la déesse pourrait elle évaluer, pour voir la force d'esprit ? Probablement quelque chose qui la mettrai mal à l'aise ... quelque chose qui lui ferait peur.
Elle ? Elle avait peur de ne pas pouvoir défendre les gens qu'elle aimait, de les voir mourir devant elle alors que elle, elle était incapable de faire quoique ce soit. Les voir se battre alors que elle, était incapable de les aider. Les voir tomber sans pouvoir les sauver ...
Mais la déesse n'allait pas tuer ses amis, aussi peu nombreux qu'ils soient. Alors elle n'avait pas à craindre ceci.
Avait-elle peur d'autre chose ?
Les araignées ? Non, c'était mignon.
Le feu ? Tant qu'il ne la brûlait pas quoi.
L'eau ? Non, sinon elle ne la boirait pas, pfff.

Elle agita ses oreilles, dans ses pensées.

Ils firent une grande partie du chemin en silence, ce que le blanc meneur ne trouvait pas foncièrement dérangeant. Une partie de ses pensées continuaient à songer aux tâches qui l'attendaient au camp, aux choses dont il fallait qu'il parle avec Tatsu à son retour, aux actes qui seraient les leurs. Des questions d'une importance plus ou moins grande tapissaient ses pensées, qui ne changeraient sans doute pas la face du monde mais qui pouvaient avoir suffisamment d'impact sur son existence pour qu'il juge nécessaire d'y accorder un peu de réflexion. Et parmi ce genre de questions venait celle de la place de la louve sable dans son existence. Certes, cela ne faisaient pas bien longtemps qu'ils étaient Alphas mais il ne se faisaient que peu d'illusion sur ce que l'on attendait d'un couple de meneurs - et cela ne consistait dans l'esprit de beaucoup pas qu'à commander la meute. Leemoncello et Paprika avaient été critiqué sur un point bien particulier de manquement à leurs obligations en tant que couple dominant et la question devrait être abordée un jour ou l'autre. Dans quelques temps, bine entendu, et l'instinct dictait au blanc d'attendre que ce soit sa compagne de rang - il ne savait pas exactement s'ils avaient été d'office déclarés compagnons - qui s'engage sur ce terrain. Elle était encore en deuil d'Ether, et même si la notion de délicatesse et de compassion était quelque-chose qui n'avait plus une grande place dans ses pensées, Roy avait conscience que cela serait au pire blessant et au mieux inutile de tenter quelque-chose dans ce sens maintenant. Mais il ne pourrait sans doute pas éternellement échapper à cette responsabilité.

C'était étrange, d'ailleurs, le détachement avec lequel il alignait ce genre de pensée, cette froideur dépourvue du moindre sentiment à l'exception de celui du devoir, de la responsabilité. Il ne s'était jamais imaginé que les choses viendraient à lui de cette manière - mais il avait bien changé.

Hikotsu marchait à un rythme mesuré, légèrement devant lui. Il identifia rapidement le chemin de la Lande des Brumes. Ainsi donc, elle se présentait à l'épreuve de la Force Mentale. C'était intéressant, pour une combattante comme elle. L'idée de lui proposer de nouveau de rejoindre la meute de manière concrète l'effleura - la perspective d'essuyer un nouveau refus n'avait rien de vraiment humiliant et était de plus en plus improbable au vu du temps que passait la louve au Creux aux Loups et auprès des leurs. Elle serait un précieux élément pour soutenir les Séides, ainsi que pour traquer les parias. Car ses paroles avaient lancé un compliqué engrenage de réflexions dans l'encéphale du Savant blanc, qu'il ne dérangeait pas de méditer sur bien des choses à la fois, et était apparue la certitude que le blasphème fait par les parjures devait être puni. Peut-être même que les dieux se chargeraient eux-mêmes de corriger cette erreur dans l'équilibre, car ceux qui quittent leur meute ne peuvent vivre sous la bénédiction des dieux.

La voix d'Hikotsu le fit mettre cette idée en filigrane et reporter son attention elle. Elle avait légèrement ralenti pour se retrouver à sa hauteur et le fixait, une éclat préoccupé dans le regard. Les loups qui revenaient de l'épreuve d'Ao étaient pour la plupart discrets sur ce qui leur arrivait, ce qui laissait penser combien le défi de la Dragonne pouvait briser toutes les barrières et aller creuser jusqu'aux régions les plus intimes de leur esprit. Il était question de résister à une grande peur, et souvent les discours s'arrêtaient là malgré la question muette des spectateurs sur la nature de cette peur. Mais qui irait avouer à de pseudos-amis sa peur la plus profonde, la plus intime, la peur qui criait tout au fond de lui, cachée sous la mascarade des sourires ? Il y avait un fascinant jeu d'hypocrisie dans ces simples conversations.

"On dit qu'il s'agit de faire face à une peur profonde." Répondit-il simplement. "Quelque-chose au fond de soi."

Ses prunelles de glace lurent la frayeur qui devait nouer les entrailles de la louve alors qu'elle s'avançait ainsi vers le regard divin. Elle ne devait pas être sans ignorer que même s'il serait présent physiquement, jamais les dieux ne le laisseraient intervenir dans l'Epreuve qui aurait lieu, et la dragonne encore moins. Il se demanda s'il assisterait à ce que la déesse azur ferait vivre à Hikotsu, ou si elle avait une sorte d'éthique divine de discrétion qui lui faisait conserver tout ce qu'elle voyait uniquement entre elle et son futur disciple. Rien que pour répondre à une telle question, il n'tait pas inintéressant d'être venu.

Ils slalomèrent entre les restes de plantes géantes, témoins immobiles de la férocité d'Everbloom, et la silhouette du temple d'Ao finit par se dessiner dans le lointain.

Une peur profonde.
Est ce qu'on pouvait même connaître ses peurs les plus profondes ? Bientôt, il semblait qu'elle les connaîtrait … Rien que pour ça, cette épreuve était la plus intéressante à passer. Au fond d'elle quelque chose se remua. Elle avait peur de perdre celui qu'elle aimait plus que tout, celui qui faisait battre son cœur. Elle avait peur de le perdre dans la plus légale façon, alors qu'il se liait avec celle qui lui était destinée par les traditions du clan, et qu'elle regardait de loin, sans pouvoir rien faire. Qu'elle devrait se plier à cet amour.

Elle ne saurait quoi faire. Elle ne pourrait s'insurger contre des Alphas bien plus puissants qu'elle. Tatsu pourrait la briser, la faire mettre en prison, ou se battre contre elle. Elle n'aurait aucune chance, surtout sans glowstick... Raison de plus pour venir ici. Raison de plus pour se battre jusqu'au bout.
Son sang se glaça à l'idée que la déesse pourrait deviner cette peur, mais elle pouvait encore espérer que ce serait autre chose. Que la déesse lui penserait une peur des araignées … Au fond d'elle, elle savait que la déesse ne serait pas dupe.

Elle vit le temple et sentit une onde de froid traverser son corps, glisser sur sa colonne, rendant tout son corps électrique.
Bientôt.

Elle regarda Roy un instant, puis souffla :
« Merci d'être venu, vraiment... Je ne peut pas penser à quelqu'un avec qui je me sentirai mieux. »

Et c'était tellement vrai. Elle s'entendait avec Zizana, mais pas comme elle s'entendait avec Roy. Bien que la vieille louve était gentille avec elle, et qu'elles s'entendaient bien … Roy avait été le premier loup avec qui elle avait fait connaissance depuis des mois. Il pansait la plaie qui lui avait été laissée par son copain, qu'elle avait laissé avec ses deux enfants, ses deux fils, Artemor et Ereborr. Pendant tant de temps, elle n'avait cru que personne pourrait la refaire sourire, mais finalement, tout était revenu tout seul. Elle avait refait sa vie, ici.
Et largement grâce au loup blanc.

Elle sentit son cœur se serrer.
Il ne pouvait pas savoir. Elle ne pouvait pas lui dire, ce n'était pas réciproque.
Il ne devait pas interpréter cela comme c'était vraiment, il fallait qu'elle y donne une légèreté …
« Je te fais confiance pour ne pas raconter à tout le monde que ma plus grande peur c'est les papillons de nuit ? » lui dit-elle, avec un petit sourire, qu'elle arrivait à peine à étirer, dans son stress, mais ses yeux scintillaient de gentillesse, d'amusement, malgré le fond d'inquiétude.

Elle retourna le museau vers le temple .. Et le trouva juste sous son museau. Elle leva ses yeux sur la grande ouverture, qui donnait sur les colonnes sombres... C'était maintenant que tout se jouait. C'était maintenant qu'elle saurait.
Elle hésita un instant, avant de poser sa patte sur la première marche. C'était un des plus grands moments de sa vie, était-elle réellement prête ?

Elle revit Everbloom.
Elle revit ses fils.
Elle revit Amadéus.
Elle revit So.

Elle devait le faire. Elle devait être plus forte.
Elle ne voulait pas être faible.
Il était temps.

Elle posa sa patte sur la marche, son regard décidé, et se glissa par l'ouverture, ses yeux tournés alors vers la statue qui trônait en fin de galerie, au dessus d'une fontaine de bleu phosphorescent, qui brillait dans la pénombre, illuminant d'une manière presque maléfique, une dragonne de pierre, dont le regard était posé sur l'entrée, comme pour dissuader les moins forts de prétendre à l'épreuve.
L'épreuve de la dragonne.

Hikotsu avait toujours aimé les dragons, avait toujours rêvé d'en voir un, et, alors qu'elle avançait dans la galerie, son regard porté vers la statue, elle se rendit compte qu'elle ne verrait peut être jamais une réplique aussi réaliste que celle ci. Les ailes, les écailles, les crocs inconcevablement dangereux... Tout était ciselé à perfection, d'une manière qui criait la magie et la divinité du lieu.

Elle tourna son regard bleu vers le blanc, qui l'accompagnait. Elle le voyait, dans la pénombre, illuminé de l'éclat de la fontaine, ses longs cheveux brillants d'éclats argentés-bleutés, ses yeux si clairs brillants d'un éclat singulier.
Si elle était tombée amoureuse d'un autre, aurait-elle pu vraiment se sentir heureuse. Elle lui sourit, doucement. Elle avait si peur qu'on le lui prenne, sans qu'elle puisse avoir espoir qu'il y aurait quelque chose entre eux.
Son regard se fit tendre, avant qu'elle ne se détourne, son museau vers la statue de la dragonne et qu'elle n'avance dans le demi cercle où la lumière était la plus forte, l'ombre quittant peu à peu son corps alors qu'elle s'avançait vers le cercle de lumière.

« Je vous salue, déesse Ao. Je suis venue vous demander l'honneur de tenter votre épreuve, pour avoir le droit de porter vos couleurs »

Elle sentait son cœur battre fort entre ses cotes. La déesse, répondrait-elle à son appel ? Malgré qu'elle ne soit que Mercenaire ? Malgré qu'elle n'ait pas 1 ou 2 ans ? Ou est ce qu'elle allait rester là, dans le silence de la désapprobation de la dragonne , sans pouvoir même essayer de prouver sa valeur.

[comme dit au dessus, la plus grande peur d'Hikotsu est que Roy lui soit 'volée' par Tatsu, et que, par les traditions des Séides, il s'unisse à elle, pour avoir des enfants, et que toutes ses chances/espoirs soient détruit(e)s]

Il fallut, en temps mortel, quelques instants d'un silence froid avant que la déesse ne montre un signe de vie. Presque égarée dans un plan de la réalité qui dépassait de loin la compréhension des deux êtres qui étaient entrés dans son temple, son attention était rivée sur la menace qu'elle sentait planer au-dessus de leur monde, sans réussir à savoir de quoi il s'agissait. Et cette chose qui glissait entre ses griffes divines sans qu'elle ne parvienne à en saisir la substance était terriblement frustrante et mettait à mal sa patience qui n'était pas légendaire. Alors elle s'aventurait de plus en plus loin du panthéon, se détachant de plus en plus de ce que les mortels qualifiaient de monde réel pour chercher, encore et encore.
Leur présence au coeur de son temple attira suffisamment son attention pour que son regard se détourne de cette quête pour le moment vaine et fasse une apparition au-dessus du liquide lumineux de sa fontaine. La louve qui se présentait devant elle incarnait complètement l'absence de confiance en soi, aussi la jaugea-t-elle d'un regard sévère, sondant son esprit.

Elle était accompagnée par l'Alpha de la meute Séide, qui lui avait accordé le droit de posséder un glowstick en vertu d'un accord tout récent et qui accordait une sorte de rang privilégié à certains solitaires. Soit. L'apparition de la dragonne fut brève, avant qu'aux yeux d'Hikotsu tout e change autour d'elle, la plongeant dans une situation qu'elle penserait réelle pour éprouver sa force mentale. Les alentours du camp des Séides apparurent sous la lueur de la lune, et la louve pouvait voir en contrebas la tanière des deux alphas. Deux silhouettes en jaillirent, courtes sur pattes et jeunes, pépiant à qui mieux mieux. Et à leur suite se dessinèrent les silhouettes de Tatsu et Roy, les yeux accrochés aux silhouettes de leurs enfants, ou bien se croisant dans une complicité irréelle et différente de celle qu'auraient de simples amis, de simples collègues de rang.

Ao, presque impatiente, observa le déroulement des choses, fourmillant d'envie de rendre l'épreuve plus difficile encore. Un exutoire comme un autre à cette sorte de folie qui semblait la guetter par instants, tant elle nageait dans l'incompréhension.

Elle avait la désagréable impression de se réveiller d'un rêve étrange … Elle cligna des paupières, en regardant autour d'elle, et reconnut tout de suite le camp, cet endroit qu'elle avait fini par considérer comme un chez-soi, presque plus que sa tanière isolée dans les plaines savanes. Elle avait pourtant été sur qu'elle était au temple d'Ao, un instant auparavant. Confuse, elle regarda autour d'elle de nouveau, et se regard tomba sur des petits loups.
Oh, des petits.
Un petit sourire étira ses babines, et elle se baissa pour les regarder leur sourire... Et quelque chose tiquait. Les petits ressemblaient à quelqu'un. Elle pencha la tête, essayant de comprendre... Avant de déceler quelque chose chez eux. Le mâle était petit, cheveux bruns, marquages brun clairs, la fille plus grande, longs cheveux blancs …
Roy.

Elle le sentit et leva le regard, perturbée, son cœur battant vite. Que ce passait-il ?
Elle le vit, et ses oreilles, hésitant à se baisser se relevèrent … Avant qu'elle ne se fige complètement.

A côté de lui, il y avait Tatsu. Tatsu, la louve brune au glowstick bleu. Tatsu, son Alpha. Tatsu, qui regardait les deux petits bouts de chou avec une expression dont Hikotsu ne l'aurait même pas cru capable. Une expression de douceur, une expression d'amour, une expression de mère.
Le cœur de la louve se serrait, alors qu'elle tournait son regard vers Roy, qui abordait un regard du même genre.
Elle sentait quelque chose se fracturer en elle.
Non.

Lentement, le blanc trapu au collier illuminé de vert leva son museau vers Tatsu, et la douceur qu'elle pouvait lire dans son regard lui était presque insupportable. Il avait choisi Tatsu.

Il avait choisi Tatsu.

Elle fit un pas en arrière, et son cœur se serra, si fort, que c'en était dur de respirer. Elle les voyait se sourire, elle voyait ce sourire qu'elle n'avait jamais vu sur le museau du loup blanc, et il la torturait. Elle … se sentit soudain vraiment insignifiante. Il avait préféré la brune à elle. Et en même temps, pourquoi pas ?
Elle n'était qu'une mercenaire, une mercenaire de rien du tout. Une louve sans famille, sans amis.
Elle n'était rien, à côté de cette louve là.

Elle serra les crocs, aussi fort qu'elle pouvait, jusqu'à qu'une douleur commence à se développer dans les muscles de sa mâchoire.
Elle ne pouvait plus rien faire.
Elle ne respectait pas Tatsu comme elle respectait Roy, alors balancer Tatsu du bord d'une petite falaise n'aurait pas été un problème … Si elle n'avait pas été aussi consciente du fait que ça empirerait tout. Il lui en voudrait encore plus. Il l'aimait, cette louve.
Ils avaient eu des enfants.

Dit moi quelque chose. Vois moi. Regarde moi. Tu ne peux pas me laisser comme ça.

Ça lui semblait si idiot, elle aurait du tout lui dire, lui avouer … Maintenant c'était impossible.
Personne ne saurait jamais ce qu'elle l'avait aimé. Personne ne verrait jamais cette brûlante douleur, qui la consumait de l'intérieur. La douleur semblait atteindre un paroxysme. Il l'avait oubliée. Il n'avait plus rien à faire d'elle. Il n'avait aucune reconnaissance pour tout ce qu'elle avait, ni même pour elle.
Elle, qui pourtant, l'aurait suivi n'importe où.
Elle comprenait enfin à quel point elle l'aimait, à quel point elle avait besoin de lui dans sa vie. Et elle ne le comprenait que maintenant, maintenant qu'elle le voyait heureux avec une autre.

Son cœur se serra une dernière fois.
Elle l'aimait.
Mais il était heureux, maintenant.

Elle se sentait se déchirer à l'intérieur, prise dans étau de fer, qui se resserrait lentement sur son corps, brisant ses os, brisant tout ce qu'elle n'avait jamais eu. L'étau géant de sa vie.
Elle devait le laisser partir, maintenant. Il n'était pas à elle.
Son cœur était entrain de se briser, alors qu'elle prit sa décision.

Elle ne lui dirait rien.
Elle garderait tout ça à l'intérieur d'elle.

Il était celui qu'elle aimait, mais elle devait lui dire adieu maintenant.
Il fallait qu'elle le laisse partir, même si elle était si désolée qu'elle n'avait pu l'atteindre.
Mais elle ne voulait pas, elle le voulait pour elle ! Elle l'aimait bien plus que cette Tatsu ne pouvait même imaginer !

C'était comme une muraille, qui s'érigeait autour d'elle, alors qu'elle décidait librement de laisser celui qu'elle aimait le plus au monde avec une autre louve.
Elle n'arrêterait jamais de l'aimer. Elle veillerait sur lui. Elle veillerait sur ses enfants.
Mais elle ne lui dirait rien.

Elle s'approcha doucement, chaque pas qu'elle faisait vers ce couple qu'elle ne voulait que briser, d'un coup de griffe, d'un coup de crocs … Mais elle était plus forte que ça. Elle ferma les yeux un instant, en refermant son cœur, en le forçant à battre, malgré la douleur incroyable qui pesait sur son diaphragme, sur tout son corps.

Ses yeux bleus se posèrent sur le couple d'amoureux.
Tatsu est si près maintenant. Un coup de griffe, une seul coup de griffe …

Elle les regarda, la bataille qui se livrait en elle ne transparaissant pas sur son museau blanc, son regard se tournant presque imperceptiblement vers le loup blanc. J'aurais pu être celle là, si tu m'avait donné ma chance ...
Elle devrait vivre avec ça, maintenant, avec cette douleur aiguë.
Une partie d'elle voulait se jeter des falaises des criques du soleil, pour mettre fin à cette douleur …

Mais ce n'était pas une solution. C'était lâche. Ses yeux devenaient presque humides, mais elle refoulait les larmes.
Soit forte maintenant.

« Toutes mes félicitations. »

Ça avait été si dur à prononcer. Si dur de reconnaître qu'ils étaient ensemble, de déchirer tous ses rêves, tous ses espoirs.
Elle l'aimait vraiment, de tout son cœur, comme elle avait aimé personne avant, mais elle devait le laisser partir. Le laisser vivre, malgré que ça ne soit pas ce qu'elle désirait, et pas que pour lui. C'était sa deuxième histoire d'amour désastreuse, et elle n'avait plus l'espoir d'aimer quelqu'un d'autre, que ce soit réciproque.

Elle laissa son regard tomber sur Roy, leurs regards bleus se rencontrant, et un mur se formant entre eux, invisible.
Ce n'était pas par respect de son Alpha, qu'elle décidait de le laisser partir, pas par compassion pour Tatsu, ni pour les deux jeunes enfants du couple... Mais justement, c'était parce qu'elle l'aimait qu'elle tirait ce trait. Quelle construisait ce mur.
Il fallait qu'il soit heureux, même si ça lui coûtait son bonheur à elle.

Elle le laissait partir, et toute une partie d'elle hurlait de douleur.
Mais elle le laissait quand même.

La scène s'effaça, laissant de nouveau apparaître la silhouette azurée d'Ao, à la mince indéchiffrable et inquisitrice. Elle fut presque surprise, presque... impressionnée par la réaction de la louve blanche. Une telle faculté à maîtriser une pulsion qui attirait tant d'ennuis aux mortels n'était pas si commune - en tout cas pas au degré de passion qu'elle sentait poindre en l'éprouvée lorsqu'elle songeait au mâle blanc qui l'accompagnait. Certes, une simple épreuve ne permettait pas de juger sur le long terme quelles seraient les conséquences d'un tel acte, d'une telle décision, d'un tel reniement de ses désirs es plus profonds.
Mais elle avait trouvé la force d'y faire face, d'une manière peut-être destructrice pour un futur mais peut-être salutaire également. Les mortels étaient des êtres aux sentiments si éphémères qu'ils avaient la capacité de se reconstruire quelles que soient les épreuves. Celle-ci en avait peut-être le potentiel.

"Mes félicitations, Hikotsu." Sa voix était froide, mais ce n'était pas une surprise. C'était une déesse austère, impatiente, qui n'était pas aussi chaleureuse que sa soeur Dairo pour ses enfants. "Tu as réussi cette épreuve avec brio. Je t'accorde donc mon glowstick, porte le avec fierté et rend lui l'honneur qu'il mérite."

Son esprit sonda avec une curiosité brève celui, étrangement glacé, du second présent. le tant espéré amour, qui semblait mener vers un chemin bien trop semblable à celui que lui avait montré la plus grande peur d'Hikotsu.

"Mesure toutefois le poids de tes décisions sur toi-même. Se détruire est parfois un profond gâchis, surtout par des temps si troublés."

Sur ces mots, elle s'évapora soudain.
Et ce fut comme si rien ne s'était passé.

Elle fut de nouveau désarçonnée, lorsque soudain la vision d'horreur se désintégra devant elle, et que la figure bleue d'Ao se matérialisa, brillant dans la pénombre, comme une petite bougie au milieu d'un vaste vide. Elle mit un moment avant de se rendre compte de qui c'était, de pourquoi elle était là, de ce qui venait réellement de se passer.
C'était donc faux ? Ça avait été une illusion ? Roy n'était donc pas vraiment avec Tatsu ?
Elle eut un petit doute, qui fit se serrer ses entrailles. Elle avait encore le temps ? Avait-elle encore une chance ?
Elle regarda la grande louve et déesse dont les yeux de blanc étaient froids, mais pas tout à fit désintéressés, alors que celle-ci la félicitait, à sa manière.

…
Elle avait réussi ?
Elle avait la même impression que la fois où elle était morte, et que So lui avait rendu la vie, causant son propre décès. Elle avait cette même lenteur dans ses mouvements, cette profonde perte, ne sachant pas trop où elle était, ce qu se passait.
Mais Ao était là, et Ao lui annonçait qu'elle avait réussi.

Elle s'accrocha à tout ce qui pouvait être réaliste dans cette scène, avant que la voix divine ne lui parvienne :
"Mesure toutefois le poids de tes décisions sur toi-même. Se détruire est parfois un profond gâchis, surtout par des temps si troublés."

Quelque chose se serra de nouveau en elle, comme un constriction presque involontaire. Mesurer les conséquences que ses actions auraient sur elle même ?
Oui.
Ça elle ne doutait pas que ce serait désastreux, si elle choisissait de rester dans l'ombre en voyant le loup qu'elle aimait avec une autre. Que ça la torturerait. Qu'elle n'y survivrait peut être pas. Mais quelle autre option avait-elle ?

Ne laisse pas ce futur arriver. Ne la laisse pas te le voler.
Elle ne pouvait forcer quelqu'un à l'aimer, tout de même, ce serait à l'opposé de ce qu'elle espérait.
Aide le. Soit là pour lui, c'est ainsi que vous serez proches, même plus proches que Tatsu.

Elle devait être là pour lui, n'était tout. Elle devrait le soutenir quand il irait mal, l'aider quand quelque chose n'allait pas. Elle devrait essayer d'être une amie, au moins, et elle aurait peut être le privilège d'une certaine complicité avec lui, qu'elle garderait au fond d'elle, dans un coffret d'or, là où personne ne pouvait le voir. Et ça la retiendrait de la perte,parce qu'elle saurait qu'elle lui apportait du bien, quelque chose de rassurant.
C'était ça, qu'elle voulait.
Elle ancra son regard dans celui de la divine, avant qu'elle ne s'évanouisse, dans le noir, disparaissant de la vision de la louve blanche et noire, qui sentit de nouveau les dalles de pierre sous ses pattes, comme si elle avait momentanément oublié leur présence. Elle avait été si absorbée par la déesse, par l'épreuve, par les dires de la divine. Elle baissa la tête, un énorme poids semblant se poser sur ses épaules, alors que ses yeux picotaient, puis, soudain, se retourna vers Roy, le cherchant du regard.

Il était là, loup blanc, illuminé de bleu, dans la pénombre, ses longs cheveux renvoyant des reflets de la lumière bleue de la fontaine.
Elle ne put s'empêcher de vérifier que Tatsu n'était pas présente, de sonder ses yeux, à la recherche de ce regard qui lui avait tant fait mal … Mais il n'était pas là. Il n'y avait pas cet amour pour une autre.
Il n'y avait pas d'amour, point.
Bien que cela était en soi, quelque chose de triste, elle ne put s'empêcher de se sentir légèrement rassurée, et pointa ses oreilles vers lui. Son cœur battait toujours très fort dans sa poitrine, à cause de ce qu'elle avait vu, de ce qu'elle avait entendu, de ce qu'on lui avait dit.

Elle finit par faire un pas vers lui, puis un autre, et franchit lentement la distance qui les séparait, sans pour autant croiser son regard. Ce fut quand elle était à 1 mètre, qu'elle leva son regard bleu pour le poser sur lui. Et il fut alors évident que le bleu de son regard avait gagné quelque chose, car en effet, ses iris bleues brillaient doucement de la lumière d'Ao.
Son glowstick était ses yeux.

Elle ne sut quoi dire pendant un instant, son cœur se serrant. Qu'est ce que tu vas faire, Hiko ? Il n'est peut être pas destiné pour toi.
Elle ouvrit la gueule.

« J'ai … pas été partie trop longtemps ? Tu vas bien ? » demanda-elle, les mots lui venant presque sans réfléchir. Elle se redressa tout de même, ne voulant sembler trop faible, avant d'agiter ses oreilles, puis de tourner son museau vers la sortie du temple. Heureusement que ce qu'elle avait vu n'était pas la vérité. Pas encore la vérité.

Dieux qu'elle était heureuse de le voir là. Seul. Sans Tatsu.
Il lui sembla inutile de lui dire qu'elle avait réussi, son regard, qui brillait dans le noir le prouvant assez bien tout seul, et se contenta de le regarder, sans trop insister, avant de sourire un peu.
Elle avait passé son épreuve, ils pouvaient rentrer, maintenant.

La plaisanterie crispée que lança la louve ne détendit pas vraiment l'atmosphère, mais peut-être ce genre de propos pouvait-il l'aider à décompresser. Il n'eut cependant pas à faire l'effort de se montrer amusé car elle tourna aussitôt la tête et, d'un pas tendu, passa sous la haute porte du temple. Les traces sanglantes du blasphème qui y avait été fait avaient été nettoyée, et seul demeurait un morceau de la corde qui avait servi à suspendre la peau de bête. Effacer les choses était un fait, en effacer l'existence était bien plus compliqué. Ils n'étaient pas encore parvenus à comprendre ce que signifiaient ces provocations, ces insultes aux divins et menaces aux loups. Une tension certaine pesait sur tous les territoires.

L'ambiance dans le temple était fraîche et silencieuse. Il décida de se placer légèrement sur le côté, laissant la louve blanche entrer dans l'aura de lumière qui entourait la fontaine de la Dragonne. Leurs pelages se teintèrent d'azur. Avant de parler, Hikotsu lui adressa un sourire, et il lui rendit un regard profond. Il pensait sincèrement qu'elle était capable de prétendre à un glowstick et d'en réussir l'épreuve. Elle avait montré son attachement et son dévouement aux Séides ainsi que de nombreuses qualités que personne ne pouvait réellement nier. Il l'avait souvent vue en peine et préoccupée, hantée par des images d'un passé qu'il devinait houleux et par une angoisse perpétuelle de ne pas être acceptée comme l'une des leurs. Chose qui rendait presque paradoxal le refus qu'elle lui avait poliment opposé lorsqu'il lui avait proposé une première fois de rejoindre les rangs des Séides. ce jour-même, il n'avait pas exactement saisi les fils de son raisonnement. Peut-être n'était-elle juste pas prête alors, et le serait-elle aujourd'hui, lorsqu'elle arborerait la lumière bleue de la déesse.

Une lumière crue inonda les lieux lorsque la déesse se manifesta, faisant se retenir son souffle à l'Alpha durant quelques instants. Les dieux, même dans l'apparence restreinte qu'ils adoptaient pour faire face aux mortels, étaient un tel concentré de puissance et de majesté qu'il était impossible de ne pas se sentir si petit, de ne pas sentir sa condition d'être éphémère et doté de bribes de magies lorsque l'on se trouvait face à eux. Il avait ressenti la même chose lorsque le Raptor était apparu pour le soumettre à son épreuve. Et même si le regard perçant d'Ao n'était pas sur lui, il était impossible de détacher son regard de cette silhouette luminescente et émanant de puissance.

Le mâle blanc ne vit de la scène qui se déroula que le regard d'Ao qui se posait sur Hikotsu, alors que celle-ci restait immobile, les prunelles accrochées à la déesse. Il vit un frémissement la parcourir, des expressions changeantes et discrètes passer sur son museau. Puis ce fut terminé.
La louve blanche mit quelques instants à reprendre pied dans la réalité, et la Dragonne annonça son succès. Une sorte de sentiment de satisfaction passa brièvement dans l'esprit de Roy - satisfait pour elle d'avoir réussi, sans doute. Les dernières paroles de la déesse étaient mystérieuses mais faisaient sens lorsque l'on connaissait la blanche. Un peu, du moins. Il se demanda ce à quoi elle avait été confrontée, sachant toutefois qu'il ne s'autoriserait jamais à le lui demander. C'étaient là des choses qu'il devinait bien trop privées, et si lui même avait dû y faire face il n'aurait pas du tout apprécié que l'on montre à cet égard une malsaine curiosité. Il n'y avait jamais de grande intention positive derrière le désir de connaître les faiblesses de l'autre. La plupart des loups utilisaient ce gente de connaissances pour y planter une pique lorsqu'ils jugeaient que cela était nécessaire.

Finalement, lorsque la déesse s'évapora, Hikotsu vint vers lui, réduisant sans dépasser courtoisie la distance entre eux deux. Il nota avec une légère surprise la lueur qui s'allumait désormais dans ses yeux. Les glowsticks prenaient parfois des formes bine étranges et fascinantes - celui-ci avait une certaine esthétique en plus.

"Cela a été l'affaire de quelques minutes." La rassura-t-il."Toutes mes félicitations."

Son regard scruta celui désormais lumineux de la louve, pesant un instant le pour et le contre, avant de finalement déclarer :

"Les Séides auraient beaucoup à gagner à t'avoir dans leurs rangs. Tu as su montrer ta loyauté et les qualités que tu possèdes sont nombreuses." Lança-t-il. "Tu aurais ta place parmi nous, si tu le désirais."

Il ne savait pourquoi, il y avait dans les tréfonds oubliés de son âme une sorte d'inexplicable envie qu'elle accepte. La part pragmatique de son esprit répondit à cela qu'une guerrière de sa trempe et de sa fiabilité serait un élément tout à fait intéressant et utile à la meute - et c'était une bonne explication, après tout. Peut-être même pourrait-il l'élever à un autre rang que celui de simple soldat si elle faisait ses preuves.
Il guetta sa réponse en silence.

La blanche et reçu les félicitations avec un tout petite sourire. Elle ne pouvait comprendre qu'on la félicite pour ça. Elle n'avait rien fait de grand, de magnifique, d’héroïque. Elle avait laissé celui qu'elle aimait se mettre avec une autre. Il ne l'avait donc pas vu, mais elle restait profondément troublée par les dernière paroles de la déesse. Pourquoi lui dire ça après l'épreuve ?
Sûrement parce que ce scénario était fortement probable.

Il reprit soudain la parole, ses yeux bleus, qui pourtant, eux, ne brillaient pas la captivant de nouveau complètement, tant ils étaient beaux, de cette teinte de bleu si douce et claire, dans laquelle luisait malheureusement un regard si froid.

Elle espérait, au fond d'elle, qu'un jour, elle aurait l'occasion de le voir sourire. C'était un tout petit espoir, un tout petit vœu. C'était quelque chose qu'elle avait vu, ce léger sourire amoureux sur ses babines, lorsque Ao lui projetait sa peur la plus profonde. Mais c'était pas ce sourire qu'elle voulait voir. Elle voulait voir le sourire d'un loup heureux.
Elle espérait qu'elle aurait un moyen, un jour, de le faire sourire.

Elle agita ses oreilles, alors qu'il lui proposait de rejoindre la meute, et son cœur se serra. De nombreuses qualités ? Est ce qu'il le pensait vraiment, ou disait-il juste ça pour l'entraîner dans la meute.

« J'avais dit non...» lui rappela -elle en baissant son regard.

Elle le revoyait avec Tatsu. Elle avait peur de se rapprocher encore de cette situation .. Mais en même temps, est ce que son rang avait vraiment quelque chose à avoir là dedans ? Et puis elle voulait le seconder, l'aider, ce loup blanc aux longs cheveux, et pouvait-elle vraiment faire ça, en restant hors du cercle des Séides ?

Mais elle n'allait pas accepter juste pour faire partie de la meute, bien qu'elle adhérait à ses principes. Elle avait trop peu de contact dedans, trop peur de personnes à qui elle faisait confiance, qu'elle appréciait sincèrement. Il n'y avait que Roy, réellement.
« Mais … Est ce que tu veux que je vienne ? » demanda-elle, alors que son cœur ratait un battement, ne croyant pas qu'elle venait de demander ça.

Pourtant, elle restait mesurée :
« Ce que je veux dire c'est que je n'ai pas vraiment de loups à qui je fais confiance à part toi, et si c'est pour venir dans la meute mais rester à l'écart, sans quiconque à qui parler … Si tu ne veux que je vienne que pour que je me batte, autant que je reste Mercenaire. J'aimerai savoir si tu veux que je vienne. J'aimerai bien avoir un ami. »

Elle ne le ferait pas pour la meute, mais elle voulait bien le faire pour lui.
Tout ce qu'elle faisait, elle le faisait pour lui, finalement.

Car si il répondait oui, sa réponse pour l'intégration à la meute serait de même. Elle se garda d'exprimer son envie de rejoindre la meute, pour être aux côtés du blanc, ses prunelles luisant très, très doucement. Les deux loups blancs, debout dans le temple d'Ao finirent par croiser leurs regards. Elle sentait comme quelque chose qui se retenait en elle, l'espoir qu'il veuille bien qu'ils se considèrent comme un peu, un tout petit peu plus que juste un mercenaire et son alpha.

Sa réponse eut au moins le mérite de le surprendre. Pour lui il était évident que s'il lui demandait, c'est qu'il désirait qu'elle entre chez les Séides, tout comme ç'avait déjà été le cas la première fois. Ses yeux eurent un imperceptible plissement alors qu'il cherchait un autre sens à sa question, mais il eut à peine le temps d'aligner un raisonnement qu'elle se chargea de le faire par elle-même. Il vit alors clairement une chose qu'il avait soupçonnée, mais sans savoir exactement quelle en était la mesure : la louve blanche était malade de solitude. La peine sourde et en filigrane de ses dernières paroles était sans équivoque, et il se sentit soudain à une place qui n'était peut-être pas la sienne - ou plutôt à laquelle il ne jugeait pas mériter être. Il lui semblait qu'il avait pris dans la vie de la Mercenaire une place un peu plus importante que ce qu'il n'aurait cru, même sans qu'aucune émotion ne le traverse le constat était impossible à éviter. Il hésita un instant. Même s'il ne restait plus grand chose qui ressemblait à de l'empathie chez lui, la vision de la tristesse qui se lisait au fond des prunelles lumineuses de la louve secouait en lui des échos d'un temps révolu, de scènes déjà vécues et durant lesquelles il avait, peut-être, eu un rôle clé pour le dénouement.
Et d'un mot, d'une attitude, sans s'en rendre compte, il pouvait briser cela.
Il le savait, il en était parfaitement conscient. Mais il n'aurait éprouvé aucune satisfaction à la briser elle, l'un des rares vestiges du loup qu'il avait été. Maisie était partie, mais Hikotsu était restée, comme un fantôme toujours présent. Comme une dissonance chaleureuse dans la tombe de glace qui l'avait enterré.

"J'aimerais t'avoir à mes côtés, en effet." Répondit-il doucement en pesant soigneusement ses mots, sachant toutefois qu'il serait extrêmement délicat d'éviter tout quiproquo si la profondeur de ce que semblait éprouver la blanche à son égard s'avérait... réelle.

Son regard clair, qui paraissait encore plus décoloré désormas face à celui de la solitaire, s'accrocha aux prunelles lumineuses de la blanche.

"Beaucoup de Séides te font confiance, déjà. Ta place est parmi eux. Parmi nous."

Il se redressa, et ses cheveux glissèrent le long de ses épaules, luisant légèrement à la lumière saphir qui émanait du regard de la louve. Il ne lui en voudrait pas de refuser, après tout, elle l'avait déjà fait. Mais avec les sombres temps qui venaient, l'avoir en tant que membre à part entière du clan ne pouvait être qu'une bonne chose.
L'idée de faire front aux côtés de Tatsu, d'Heever, de toute la meut Séide mais aussi aux côtés d'Hikotsu avait tout d'une image qui... lui plaisait.

Elle lui sourit légèrement. Elle le voyait bien, dans ses yeux, qu'il ne voulait pas le dire comme elle, elle le ressentait. Il n'était que trop évident que ces sentiments là ne l'habitaient pas. Pas du tout, même. Alors elle se contenta d'un sourire, et agita ses oreilles.C'était quelque mots qu'elle allait garder pour toujours, précieusement, dans son cœur. Quelques mots qui lui faisaient chaud au cœur, malgré leur sens si éloigné de ce qu'elle espérait réellement, le peu qu'elle avait lui faisait vraiment plaisir.

Elle hésita encore un instant, et ses yeux brillèrent, quand il lui dit que la meute lui faisait confiance. Cela lui faisait réellement plaisir, bien qu'elle savait qu'elle avait encore beaucoup à prouver à certains. Elle releva la tête, son air se faisant plus calme et réfléchi, avant de hocher la tête.

« Alors oui, je vous rejoins.» décida-elle en agitant ses oreilles.
Elle pourrait être avec lui, comme ça, et garder un œil sur ce qui se déroulait avec Tatsu, parce que franchement, elle n'avait pas envie de revivre l'épisode d'Ao.

Elle agita la queue, semblant un peu perdue, comme si l'idée ne l'avait pas encore complètement percutée, puis ses yeux brillèrent, de leur lueur non naturelle, et elle pointa ses oreilles vers la sortie, avant de pencher la tête vers l'ouverture, comme pour demander au blanc si ils allaient y aller.
Elle irait se joindre aux soldats, ce serait bien plus simple ainsi, puisque c'était ce qu'elle savait faire le mieux.
Elle serait guerrière Séide, et une guerrière qui avait confiance en les forces qui régissaient le clan, puisque son cœur allait avec Roy, et elle le suivrait bien où il voudrait. Elle n'avait pas conscience de à quel point son amour pour le loup blanc c'était idéalisé, mais c'était vraiment un amour fort, un amour qui la guiderait dans sa vie.

Elle releva la tête, alors qu'il sortaient du temple, et pointa son museau vers la direction du camp Séide, usant de son sens de l'orientation de Solitaire, complètement implacable. Elle allait s'élancer, à un pas mesuré, lorsqu'elle se retourna vers Roy, la lueur de son regard était lus douce, maintenant qu'ils étaient sortis.

« Merci beaucoup. » lui dit-elle.
Et ce merci n'avait pas l'air de venir de sentiments profonds, cachés, inavouables, mais plutôt d'une sincère amitié, et d'une reconnaissance pour l'offre qu'il venait de lui faire. Offre qui lui permettait d'avoir de nouveau une grande famille : la meute des Séides.
Il s’avancèrent alors, ensemble, vers la cordillère, la lune illuminant leurs deux silhouettes claires.

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