Boucaniers [Raeders]

[le rp se passe le soir même du jour où paprika est allé voir les précursors]

Le duo n'avait pas traîné pour retourner aux criques comme Paprika ne traîna pas pour faire signe au petit groupe complet de venir se rassembler. Elle prit à peine le temps de remarquer qu'on était venu leur rendre visite pendant son absence, en fait non, elle remarqua parfaitement bien l'odeur des séides qui était venue s'incruster jusque dans le creux de l'assemblement de tanières de fortune mais leur visite allait servir malgré eux. Chulhei lui alla directement faire un câlin à son frère pour le faire un peu chier et parce qu'il était de toute façon, câlin de base. Paprika grimpa sur un petit rocher pour être un peu en hauteur, habitude prise au travers des années qui n'allait pas se défaire si facilement.

« Comme vous le savez, j'ai été rendre une petite visite à nos nouveaux voisins et franchement, ça ne sent pas bon. Franchement, ils ont l'air d'être du genre à lancer un raid un matin aux criques entre le jogging du matin et le petit déjeuné. Il va falloir qu'on se réorganise pour éviter d'être par surpris, ça grouille dans les mines, on ne pourra pas leur faire face. »

En même temps, ce n'était pas avec leur nombre de membre et de guerrier qu'ils pourraient faire face à qui que ce soit en force brute, en rusant il y avait des chances. Nan la ils n'auraient pas le temps de préparer de quoi faire des pièges et c'était de l'énergie dépenser inutilement, ils pouvaient ruser autrement.

« On oublie les rangs, on va plus en avoir besoin pour le moment et on adopte le style boucanier. On a l'avantage d'être une petite meute, ça serait débile de perdre toute son énergie pour nous alors on va en profiter pour disparaître. Malheureusement on va devoir abandonner momentanément les criques et nos débuts de tanières mais soit c'est ça, soit on prend le risque de voir nos tête finir au bout d'une pique en guise de panneau de bienvenu. »

Elle attendit un petit instant, histoire d'avoir l'attention de tout le monde non sans un froncement de sourcil envers Chulhei qui après avoir emmerder son frère avait décidé de s'en prendre à la mini futur autorité que devenait Nil.

« On va tous se séparer, ça va être un peu du chacun pour soi. Evitez d'être à deux si possible et jamais trois, un trop gros groupe se verrait. Thyara, Hyozan, je suis désolée mais vous allez devoir vous séparez de vos petits. Prenez en un chacun avec vous, je vous laisse le soin de choisir à qui vous confierez les deux autres, on fera des roulements. »

C'était une décision difficile à prendre pour des parents mais ils n'avaient pas vraiment le choix. Vivre sans leurs parents pendant quelques jours permettra tout de même aux petits à apprendre à survivre via les autres adultes, c'était une bonne chose dans tout ce bazar.

« On se regroupera tout les un, deux ou trois jours à des endroits différents à des heures différentes. Pour évitez tout problème, on établira chaque prochain rassemblement dans le précédent, moins on aura de schéma d'automatisme, moins on aura de chance de nous tomber dessus. Dans ces rassemblement, on se penchera sur la situation de chacun et on aidera ceux qui s'en sortent le moins, n'hésitez pas à prévoir des caches d'herbes et de nourritures pour ce genre de cas. »

Plus de territoire fixe, pas de frontière, ils devenaient de plus en plus de voyageurs dont personne souhaitait s'encombrer d'une visite.

« On efface les odeurs et les traces également, ça évitera qu'on se fasse suivre. La meilleur solution reste la boue, va pas avoir peur de salir ces beaux pelages marrons, on essaye de se fondre dans le décors, on détruit les endroits où on dort et on essaye de se déplacer de préférence la nuit pour éviter d'être vu trop facilement. »

Si la nuit tout les chats sont gris, pourquoi pas les loups après tout.

« Bon on traîne pas, on part dés maintenant, on fait les derniers bagages et on s'casse la troupe. »

En descendant de son rocher, Paprika lança un regard à une proie rapportée, probablement par Sonic puisqu'il était ancien chasseur, elle alla la chercher pour la mettre devant tout le montre, l'éventra un coup de croc et plongea sa patte dans le sang avant d'en barbouiller un peu sur les rochers.

« Et transformez moi ce camp en parfaite scène de crime, on brûlera les tanières et on sacrifiera quelques uns de nos accessoires. Si on fait croire à une attaque et qu'on nous pense mort, on nous fera moins chier par la suite. »

Paprika savait déjà quel accessoire sacrifier. Elle avait commencé à arrêter de porter sa symbolique gavroche mais elle l'avait gardé pour des raisons sentimentales. C'était par ce couvre-chef que ses parents arrivaient à la reconnaître au premier coup d'oeil, tout comme le faisait ses anciens camarades et surtout son frère Reno. Il n'était jamais venu et la dernière fois qu'elle avait pu le voir c'était au camp séide lorsqu'elle partait pour aller fonder les Raeders. Elle l'avait longtemps attendu mais jamais sa fourrure brune n'était apparue. Elle avait fini par se faire une raison, il était fort probable qu'elle ne le reverrait jamais et elle ne lui avait même dit au revoir. Etait-il mort ? Etait-il avec Maisie ? Qu'importe les deux, il n'était juste pas là et maintenant il ne pourrait plus la retrouver.
Laissant les autres gérer leurs affaires, restant ouverte aux questions qu'on viendrait lui poser, elle alla chercher sa gavroche et y décrocha les pin's pour les garder avec elle puis elle l'imbiba de sang avant de la jeter au bord de la mer.

Cette journée aura été bien mouvementée et après le passage des Séides sur le camp des Raeders, voilà que Paprika et Chulhei faisait leur grand retour à la maison depuis les mines que les Precursors s'étaient apparemment fait une joie de reprendre. Malheureusement, ils n'apportaient pas de bonne nouvelle si ce n'est leur nécessité de partir d'ici avant de se faire butter vite fait bien fait. Le plan était de se séparer et de se cacher, tout ça pour glisser entre les griffes des Precursors et donc devenir les loups les plus introuvables de tout Punk Wolf. De vrais fantômes, tous disparus sans que personne ne sache ce qu'il est advenu d'eux.

Némésis approuvait les dire de Paprika, hochant la tête à chacune de ses paroles. Ils étaient une bande de pirates mais en effectif trop réduit pour se mesurer à n'importe quel groupe. Ils ne pouvaient prendre le risque de rester ici et de risquer la vie de tous les membres des Raeders et des jeunes. Vivre caché dans l'ombre était en plus de cela un domaine dans lequel Némésis pouvait très bien s'en sortir. Elle était rusé et connaissait de nombreuse technique pour bien se cacher. Elle savait grimper aux arbres et se dissimuler dans son environnement malgré son pelage rougeoyant. Ses connaissances suffiront à lui permettre de se fondre dans la nature et elle pourra même les partager à ses camarades. Mais en attendant, elle devait faire comme tous le monde et foutre le bordel dans la zone.
Elle arracha son bandeau jaune et le déchira de ses crocs pour le jeter sur la plage et renchérit le tout du sang d'un mulot fraîchement attrapé. Elle attacha alors à la place sur sa tête le bandeau Raeder.

Hyozan était tout aussi emballé par l'idée jusqu'à ce que Paprika annonce qu'ils allaient devoir se séparer de leurs enfants. Serrant discrètement les dents, le père au pelage caramel et blanc jeta un regard à ses quatre précieuses boule de poil qui observait la scène silencieusement. Soudain, au fond de son cœur, il ressentit une violente haine envers ces Precursors qui l'obligeait à quitter sa famille. Mais conscient qu'une telle haine ne l'aiderait pas à les vaincre tout de suite, il se calma et attendit que Paprika ait finit ses explication pour s'approcher de Thyara. Il passa sa tête dans le cou blanc de la jeune maman, jeta un regard inquiet à ses petits avant de se retourner vers sa compagne.

"Qu'est-ce qu'on fait...?"

Et alors qu'il lui demanda son avis, il sentit une petite boule de poil se fourrer entre ses pattes. Baissant la tête, il vit Mylo, le regardant d'un air un peu inquiet. Il serra son fils contre lui alors que ses trois autres enfants approchaient à leur tour.
Je ne laisserais jamais personne vous faire du mal...

Thyara avait été entrain de faire quelque chose d'absolument indigne avec les cheveux de son fils Illidan, lorsque Paprika était revenue de chez les Precursors. Toujours toute énervée et sur les nerfs à cause des ébats de l'après midi, elle n'arrivais pas du tout à les relever, pour que leur longueur n'oblige pas son fils à les traîner dans les sable absolument partout où il allait, sans pour autant lui donner l'air d'une petite louvette à qui on avait fait des couettes. Elle lui avait promis que ce serait une coiffure de guerrier pirate, et que bien que lui ne pourrait pas la voir, tous les autres sauraient dès qu'ils le voyaient qu'il n'était pas un petit Séide tout pourri.

Elle réussit enfin à lui façonner une queue de cheval à la samouraï, qui tenait très bien, malgré le piètre talent de la louve pour les coiffures -elle avait pris une semaine pour se faire une tresse de pirate, c'était dire- lorsqu'elle aperçut les deux figures brunes de la capitaine et de l'un des canonniers les plus jeunes qui se dandinait à trois pattes. Elle lâcha son fils en lui disant d'aller montrer à papa à quel point il avait l'air cool -en espérant que papa comprendrait son but en lui attachant les cheveux de cette manière- et se leva prestement en agitant ses longues ailes, consternée.
Qu'avaient-ils, comme nouvelles du côté des Precursors ?

Il s'avéra que c'était rien de bon, et qu'ils allaient devoir quitter les criques, feignant leur propre décès. De ce fait, les Precursors croiraient que les Séides s'étaient vengés, et les Séides penseraient que les Preecursors avait terminé ce qu'ils avaient commencé. Elle se mordit la babine, le moins évidement possible, pour que ses enfants ne voient pas son inquiétude.
Se séparer de ses enfants.
Elle faillit ouvrir la gueule pour dire à Paprika qu'elle préférait mille fois qu'ils restent avec elle plutôt que de les confier à quelqu'un d'autre … Avant de se rendre compte qu'elle leur faisait confiance. Elle baissa ses oreilles. Comment demander à une mère de se séparer de ses enfants ? Pire, d'opérer un choix entre eux ? Elle sentit soudain très lasse, épuisée. Elle aimait tous ses enfants, de différentes manières, et elle ne se voyait pas se séparer de l'un d'entre eux. Mais encore moins choisir.

Elle se tourna vers Hyozan, et vint cacher son museau brun sous le sien en fermant les yeux un instant.
« On les retrouvera très vite … Tout ira bien ...» souffla-elle ses yeux bichromes posés sur son mari. Elle avait peur de les laisser partir, mais ce serait peut être mieux pour eux, qu'ils apprennent à être indépendants.

Elle souffla doucement, puis les rouvrit, et regarda ses enfants.
« Vous avez entendu ? » demanda-elle en se tournant vers eux, et s'asseyant, pour être plus proche.
« Vous allez devoir aller avec quelqu'un d'autre de nous, et vous allez devoir vivre avec eux, et les écouter. Et surtout soyez poli … mais pas avec les oups qui ne sont pas Raeder... Sauf si ils sont des amis, d'accord ? Essayez de le pas vous faire mal, Nil lâche les cheveux de ton frère, et restez caché et … mhh »
Tout au long de ce qu'elle espérait être un courageux discours de mère courageuse qui allait laisser tous ses enfants partir avec d'autres, hors de sa vue et de sa protection, elle s'était sentie devenir de plus en plus émotionnelle, ne voulant absolument pas laisser ses enfants. Elle vint les serrer contre elle, ses longues ailes s'ouvrant en un espace protégé du soleil, doux et réconfortant. Elle vint frotter son museau contre celui de ses enfants. Elle allait rapidement les retrouver, très rapidement.
« Je vous aime tous très fort ... » leur souffla-elle.

Elle se releva, puis regarda Hyozan, cherchant son accord dans son regard de lavande avant de se tourner vers leurs beaux enfants.
« Nil, tu va aller avec Tata Paprika. » dit-elle, devinant sans grand mal que cela rendrait sa fille très heureuse.
« Aller bouge tes fesses, va lui demander si tu peux ! Sinon tu ira avec Tonton Eeno »
Elle observa sa fille qui la laissait, joyeuse, courant vers sa tante préférée -également parce que c'était sa seule tante- et sentit un petit pincement à son cœur. Il y avait quelque chose de si déchirant, à voir ses enfants la quitter avec autant de joie.
Elle se tourna ensuite vers Mylo, accroché à son père, et laissa celui ci prendre la décision, avant qu'elle laisse son regard tomber sur son fils-fille. Fawn la regardait avec quelque chose de comparable à la panique, ses grands yeux bleu-lavande écarquillés. De tous ses enfants, c'était lui qui avait le plus besoin de quitter ses parents, car il n'avait absolument aucune indépendance. Elle poussa doucement Illidan du museau.
« Tu veux bien rester avec moi Illi ? » demanda-elle, d'une voix qui ne tremblait pas. Elle ne voulait pas lui donner l'impression qu'elle allait le couver, mais plutôt qu'ils seraient deux grands pirates forts, qui allaient être boucaniers ensemble.

Elle pencha la tête, puis sourit.
« Je te laisse réfléchir un instant, attends, je reviens. »
Elle avait toujours veillé sur lui, de cause de sa mauvaise vue, mais avait également toujours essayé de ne pas le sur-couver, et de le laisser libre de ses propres décisions et de ses propres actes. Elle était sure qu'il s'en sortirai très bien dans la vie, car il avait tous les prémices d'un excellent pirate.

Elle fit signe, d'une sourire à Fawn de la suivre … Ce qu'il fit, ses longues couettes traînant dans le sable, les oreilles baissés, l’œil inquiet.

Elle fit quelques pas puis appela Chulhei, voyant du coin de l’œil les yeux de Fawn faire preuve d'un écarquillement inimaginable. Ah, elle avait oublié qu'il n'avait jamais parlé avec qui que ce soit d’autre que ses frères et sœurs et ses parents. Dieux, il avait besoin de sortir de sa bulle … Mais elle avait également cette grande partie d'elle qui voulait garder son fils-fille tout près d'elle, pour le protéger.

Le canonnier la regarda avec l'air de quelqu'un qui voit son fatum arriver.
« Est ce que tu voudrais bien prendre Fawn ? Ça lui ferais du bien de sortir un peu. Il a besoin d'être un peu plus indépendant, si il veut être un bon pirate. » lui dit-elle, alors que Fawn se rangeait discrètement en dessous du ventre de sa mère, tentant de rester loin du 'cousin' qu'il ne connaissait absolument pas, et qui l'effrayait même quelque peu.

Thyara regarda son cousin, alors que son fils-fille reculait lentement. Si ce n'était pas Chulhei, ce serait sûrement Daehwan. Elle sentit Fawn s’accrocher à sa patte arrière gauche et sentit son cœur se serrer. Elle n'allait pas pouvoir rester très longtemps comme ça, sinon elle essaierait de le garder avec elle.
S'il te plaît, Chulhei...

Wah, ça avait mouliné dans la tête de sa tante au chemin du retour, ça expliquait pourquoi elle n'avait décroché un mot et encore plus pourquoi elle avait marché si vite. Avec ses trois pattes, Chulhei avait eu du mal à la suivre mais après réflexion, même avec quatre ça aurait été plutôt compliqué. Elle n'était plus toute jeune mais elle avait encore de l'énergie à revendre la tata. Cependant, ce qu'elle annonça le fit un peu grincer des dents. Il comprenait mais... il coula son regard vers son double bleuté. Il le reverrait régulièrement, tout les trois jours maximum, la meute se rassemblerait souvent mais... Une journée c'est long et Chulhei n'avait jamais été séparé aussi longtemps de son frère et le petit brun avait tendance à être très pot de colle avec le bleu, petit héritage d'avant naissance peut-être. C'était un peu ç, il avait l'impression qu'on les séparait une nouvelle fois quoique là ça serait probablement moins douloureux et sans cicatrices.
Mais Chulhei était ce genre de loup qui lorsque les choses n'allaient pas forcément très bien, il préférait en rire qu'en pleurer alors il s'approcha en clopinant de DaeHwan avec l'air du drama théâtral complètement surjoué.

« Nous allons devoir nous séparer mon frère. »

Quoique ça, ce n'était pas si sûr, rappelons tout de même que les jumeaux n'étaient pas vraiment du genre à obéir à tout et Chulhei avait tendance à remanier ce qui avait été dit pour se refaire des versions qui lui plaisait plus, en d'autres mots, sale gosse. Il s'assit sur ses pattes arrière comme il le faisait souvent lorsqu'il utilisait les deux avant et posa sa patte atrophié sur son front tendit qu'il fit taire son frère avant toute parole de sa part avec l'autre patte sur son museau.

« Shhht je sais ce que tu ressens. Je sais que c'est dur et que quelques choses au fond de nous est en train de se briser. Je sais que ça fait mal. »

Reprenant ses pattes avant pour les reposer devant lui, il plongea son regard inversé dans celui de son frère avec un air de chiot abandonné mais qui puait la malice de la farce.

« Mais il faut que nous le fassions. Que nous tenions face à cette nouvelle épreuve.»

Il posa une patte sur son cœur et l'autre sur celui de son frère.

« J'ai foi en nous. »

En arrière-plan Eeno regarda un instant la scène, les oreilles en arrière avant de se détourner de ses fils et leurs conneries pour suivre les ordres de sa sœur.
Chulhei lui finit par afficher un grand sourire, se retenant de rire de ses propres bêtises lorsqu'une fois féminine lui fit dresser les oreilles et attira son attention. Bordel elle lui avait fait peur en plus, il ne s'attendait pas à ce qu'on l'appelle. C'était Thyara qui voulait qu'il prenne avec lui un de ses mômes. Euh... ok mais... Etait-ce raisonnable ? D'un autre côté le seul couple censé et officiel des Raeders avaient été de bons parents jusque là, sa cousine y avait probablement déjà réfléchi, jugeant le pour et le contre.

« Euh si tu veux. »

Ah en juger le regard du gamin, lui était plutôt dans le contre.

▂ ♣

Levé de bon matin, Illidan s’était promené aux alentours du camp pour ses petits échauffements matinaux. Enchaînant des sauts assez ridicules ainsi que des figures d’agilité dignes d’une marmotte amputée, le jeune brun aux longs cheveux nacrés s’était alors assit sur le sable, essoufflé.

De par sa cécité presque totale, il n’avait jamais pu réellement suivre les cours avec sa fratrie ; sortir du camp était trop dangereux, se battre était trop risqué, chasser était trop difficile, trop trop trop…trop nul plus qu’autre chose, pour un gamin avide de se défouler comme les autres.

Alors, pour s’occuper, il était déterminé à ne rien laisser et s’entraîner dans des endroits « safe » autant qu’il le pouvait. Chaque fois que son grand-oncle Sonic revenait de la chasse il le harcelait pour avoir des astuces de chasse, connaître l’intégralité de la théorie même s’il ne pouvait appliquer la pratique, et en faisait de même avec à peu près tous les autres membres Raeders. Au final, à force de déambuler dans le camp sans problèmes et récupérer des tonnes de détails stupides sur tout et n’importe quoi, il finissait par se demander s’il n’était pas injuste de l’éloigner autant de tout. Il avait beau ne voir qu’une immense palette de couleurs floues, il entendait et sentait parfaitement tout ce qui l’entourait- après tout, il avait toujours vécu comme ça, alors il n’avait pas l’impression de manquer de quelque chose.

Alors, de frustration, il se musclait comme il pouvait, et s’entraînait à écouter les autres afin de réagir à leurs actions le mieux possible. Au final, sa bête noire plus qu’autre chose restait les objets inanimés, qui ne sentaient pas grand-chose et ne faisaient pas le moindre bruit- une horreur. Il ne comptait plus le nombre de fois qu’il s’était ramassé dans les rochers près de la mer, revenant à la maison avec une ou deux griffes brisées, des égratignures ou même une fois une patte foulée.
Evidemment, là étaient les seules choses que l’on retenait de ses escapades…alors qu’il lui arrivait de plus en plus souvent de battre ses frères ou sœurs en duel.

Illidan se sentait guerrier au fond de son être, il voulait plus que tout atteindre toutes ces activités qui lui étaient interdites, se battre, défendre le camp, aider à la chasse. Sauf qu’il se retrouvait entre les pattes de sa mère, chouinant et couinant tandis qu’elle essayait de le coiffer.
Ses cheveux avaient tellement poussé qu’ils traînaient tout autour de son encolure, et s’emmêlaient constamment- au grand damn de Thyara, qui finalement se décida à les lui relever dans une queue de cheval samouraïesque. Pour le peu qu’il en avait à faire, Illidan n’avait pas la moindre idée de ce à quoi ça ressemblait, alors tant que ça la satisfaisait et l’embêtait pas, c’était parfait.

Puis Paprika revint de chez les Precursors, et les rameuta d’urgence pour leur annoncer qu’ils devaient tout quitter, fuir, se faire passer pour morts. Quitter la maison.

Le jeune loup brun était né sur cette plage. Il y avait été élevé, apprenant à marcher sur le sable, au milieu des embruns rejetés par la mer, avec Mylo, Nil et Fawn piaillant autour de lui, tandis que ses parents les entouraient avec amour. Il était encore jeune, affreusement jeune, et cette décision le traumatisa sur place. Cette idée de proximité avec les grands méchants Précursors dont les autres membres de leur famille évoquaient le nom avec attention, fièrement comme toujours, mais avec une réserve inquiétante, les rendait tout de suite plus angoissants ; à cause d’eux, ils devaient quitter la maison.
Serrant ses petites ailes contre ses flancs, il se ratatina quand grand-tata ajouta qu’ils devaient se séparer.

Levant vivement des yeux inquiets vers ses parents, il écouta attentivement sa mère, se sentant légèrement rassuré en l’entendant lui proposer de rester avec elle.
Illidan voulait être un guerrier, mais Illidan était pour l’instant un enfant, et l’idée d’être séparé de sa famille lui donnait l’impression que son monde s’écroulait.

« O-oui maman.. »

▂ ♠

DaeHwan était installé dans la tanière qu’il partageait avec son frère, quand Paprika revint. Plongé dans un ouvrage traitant de médecine commune par les plantes, il lâcha un "tsk" agacé en entendant le rappel, considérant peut-être zapper celui-ci, étant donné son intérêt nettement plus marqué envers le livre "emprunté" (à ses risques et périls) précédemment à la Bibliothèque.
Il fut toutefois poussé par le respect qu’il avait envers sa tante, sachant qu’elle n’appellerait pas tout le monde pour des prunes- à moins que ça soit pour une fête, auquel cas il pourrait retourner râler dans son trou. Clopinant avec lassitude vers la place principale de leur petit camp, il se fit subitement sauter dessus par une boule de poils brune, lui arrachant un énième râle tandis qu’il faillit se retrouver la gueule pleine de sable.

« Chul… »

Toutefois l’annonce fit son effet, et Dae se retrouva à nouveau hautement perplexe du tournant que prenait encore sa vie. Le loup bleuté fronça ce qui lui servait de sourcils, sentant un malaise remonter à nouveau le long de sa gorge. Déjà plus jeunes, ils se faisaient chasser des Séide, et désormais ils devaient quitter leur propre camp…il fallait croire qu’on ne les laisserait jamais vivre en paix. Qu’y avait-il de si mal, à ne pas approuver les idées des autres, et souhaiter vivre en famille loin du monde ? Ce n’était pas comme s’ils cherchaient à s’imposer au monde, c’était même plutôt le monde qui s’imposait cruellement à eux.

« Nous allons devoir nous séparer mon frère. »

Le sérieux de Dae se retrouva quelque peu amoindri en entendant le ton excessivement humble de son frère. Il eut un léger mouvement de recul quand l’autre posa ses pattes un peu partout sur sa tête, ayant une petite moue dégoûtée en se retrouvant avec des coussinets pleins de sable sur sa truffe.

« Shhht je sais ce que tu ressens. Je sais que c'est dur et que quelques choses au fond de nous est en train de se briser. Je sais que ça fait mal. »

Qu’avait-il fait pour mériter ça. Son poil se hérissant peu à peu au fil du discours du brun à la mèche noire aussi fabuleuse que la sienne, il finit par s’écarter de lui d’un élégant mouvement de bassin, éloignant son cœur des pattes baladeuses de son frère.

« Toutefois notre grandeur éternelle nous permettra évidemment de nous tirer honorablement de cette impasse émotionnelle, tu en conviendras, » répondit le bleuté d’un air faussement dédaigneux.

Thyara s’approcha alors d’eux, afin de demander à ChulHei de s’occuper de la garde de leur rejeton au moins aussi fucked qu’eux deux, le petit au sexe indéfinissable. L’atrophié à la fourrure bleue et noire posa son regard bicolore sur la petite chose brune et blanche qui avait suivi sa cousine, et se sentit presque mal pour ielle. Il savait ce que ça faisait de quitter la maison, mais en plus se retrouverait seul avec ChulHei, il y avait de quoi être traumatisé.

Levant le regard vers sa tante, puis vers le ciel, son regard se perdant parmi les nuages les surplombant, le son de la mer porté par le vent berçant ses oreilles habituées, Dae soupira.

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