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Sujet: Matin neigeux [Ezhekiel] Sam 09 Déc 2017, 19:30
Élaine
L'hiver n'est même pas encore là, il devrait arriver d'ici quelques lunes mais pourtant, la neige qui tombe paresseusement donne l'impression à la jeune Alpha des Etelkrus d'être sur une banquise en plein grand Nord. Élaine est au fond de sa tanière personnelle, petite grotte aménagée, blottie dans une couche faite de plumes, de poils et de coton qu'elle a cueilli dans la Rougelande. Bien au chaud, ses deux grands yeux bordés de cils fixe la cour sur laquelle elle a vue, et une expression de satisfaction apparaît sur sa gueule. Elle n'a jamais vu la neige, elle la connait seulement par les explications éclairées de sa mère. Elle baille puis se lève, s'étire à la manière d'un félin en balançant sa queue de droite à gauche, lentement. Elle sort la tête hors de la petite grotte en ne prenant pas garde à sa longue chevelure de jais ébouriffée. Elle sourit, et soudainement, elle se sent comme une petite louvette, excitée de voir une grande couche blanche sur le sol. Elle ose de toucher la neige avec sa patte et quand celle-ci s'enfonce de plusieurs centimètres, Élaine la retire avec hâte, un sourire enfantin sur les babines. Elle coule un regard de droite puis à gauche, espérant qu'aucun des membres de la meute ne la voit retomber ainsi en enfance, surtout avec sa crinière d'habitude rassemblée en un chignon soigné. Le soleil est masqué par d'épais nuages floconneux mais elle imagine qu'il doit être tôt le matin, elle lève la tête et avec un petit rire léger. Elle rentre dans la petite grotte et coiffe ses cheveux à la manière que sa maman lui a apprit. Elle regarde un instant sa longue chevelure noire et songe qu'elle a hérité de la couleur de son père mais de la longueur et de la densité de sa mère. Elle pouffe toute seule, elle sent une joie inexpliquée monter en son cœur, elle a envie de sortir courir, se rouler dans la neige, et surtout de voir son compagnon de galère, son gros Bêta qu'elle affectionne de plus en plus. Elle y réfléchit en attachant ses cheveux avec des gestes adroits, depuis sa tentative ratée de noyade, elle a remarqué qu'il était moins... enfin, plus... elle ignore ce qu'il était mais en tout cas, une nette amélioration s'était sentie. Il avait arrêté de la considérer comme une moins-que-rien et il s'était fait plus sympathique. Sans pour autant frôler l'euphorie amicale, il était devenu une partie à part entière de la vie d'Élaine, et elle pensa avec un mélange de douleur et d'évidence qu'elle passait plus de temps avec cet inconnu désigné par les dieux qu'avec sa propre famille. Elle baisse les yeux, et sent une pointe d'amertume poindre en elle. Elle n'a pas vu sa sœur Anastasia depuis l'Apocalypse. Elle aurait aimé la voir, la prendre contre elle et lui demander comment elle va, comment elle s'en sort, mais elle se sent bloquée par un elle-ne-sait-quoi. Quand elle pense à Anastasia, elle imagine qu'elle lui en veut à mort, peut-être parce qu'Athelstan l'a suivi elle et pas Anastasia. Peut-être parce que, pendant un moment, elle a hébergé ses parents, peut-être parce que Korra a enfanté dans sa meute et pas dans la sienne. Elle secoue la tête avec résignation. Il n'y a pas de quoi se plaindre, Anastasia a Gloriel et... c'est tout. Mayuri a suivi la voix de leur mère, rejoignant ainsi les Nakhus, suivi de près par Méléagant qui, par amour, a abandonné Aka pour ne pas être séparé de sa bien-aimée. Alys, Athelstan et Korra sont à ses côtés, et Élaine est toujours très heureuse de les croiser, de les aimer jour après jour. Elle aime la gueule friponne d'Alys, son odeur de cigarette perpétuelle qui lui colle à la peau, elle aime les yeux si doux de Korra, et elle se promet d'aller la voir pour enfin rencontrer ses neveux et nièces. Et Athelstan, elle adore passer du temps avec lui, elle aime courir à ses côtés, chasser et s'entraîner avec ardeur.
Elle soupire et remarque qu'elle a perdu beaucoup de temps dans ses songes, elle secoue la tête pour vérifier la stabilité de son chignon, puis elle sort d'un pas gai. Elle se dirige vers son endroit favori, le haut de colline contre laquelle le Castel est adossée. Elle croise plusieurs membres de la meute et les salue gaiement. Elle grimpe à la manière d'un bouquetin agile, manque de glisser plusieurs fois à cause d'une fine couche de verglas et arrive à son point d'observation. La neige a rendu le paysage encore plus beau que d'habitude. Les montagnes et collines s'entremêlent et ne se distinguent plus à cause de l'épais manteau neigeux. L'horizon est perdu, le ciel est aussi blanc que la neige. Elle aperçoit au loin quelques boucs qui bêlent énergiquement, un petit cabri s'ébroue avec joie dans la neige, sous le regard attentif d'une mère peu amusée par ce froid. Élaine reste debout sur ses quatre pattes, l'idée de poser son fessier dans la neige lui déplaît légèrement. Elle se retourne et cherche du regard une tache noire avec quelques points d'orange mais ne trouve pas Ezhekiel. Déçue, elle revient à l'observation de leur territoire. Le mutisme parfait des montagnes lui donne l'impression d'être un cocon, telle une chenille. Elle sourit et ferme les yeux, inspire un grand coup et recrache un léger nuage de brume de sa gueule. L'air glacé racle sa gorge puis s'étend dans ses poumons. Revigorée, elle descend rapidement et manque, une fois de plus, de se casser la margoulette en glissant sur une plaque de glace. Elle cherche Ezhekiel pour lui proposer une ronde, et peut-être une petite partie de chasse. Elle s'approche de la tanière dans laquelle il a pris ses quartiers, passe sa tête avec discrétion et le voit endormi, roulé en boule. Elle sourit et s'approche avec lenteur. Elle sent une vague de tendresse amicale l'assaillir et lentement, délicatement, elle dépose une léchouille sur le front noir d'Ezhekiel, afin de le réveiller en douceur. Elle pose une patte sur son épaule et pousse délicatement.
"Hey, bel endormi, il est l'heure de se réveiller."
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Mar 12 Déc 2017, 16:15
Matin neigeux
Je m’installais sur ma paillasse rudimentaire aux premières lueurs de l’aube. J’avais passé ma nuit à cavaler à droite et à gauche pour vérifier la gestion des stocks de nourriture avec l’hiver à nos portes, mais également à régler des soucis plus pratiques tels que les petits soucis sociaux des membres et autres galères qui leur arrivaient. Être chef n’avait rien de simple, mais peu à peu j’avais appris à passer outre le négatif. Je ne dirai pas qui avait réussi cet exploit et dans quelles circonstances, mais le fait est que j’avais repris du poil de la bête et que mes nuits étaient désormais plus paisibles. Enfin, quand je parvenais à trouver du temps pour m’octroyer une bonne sieste méritée cela dit. Mais l’équilibre qui régnait dans la meute permettait un fonctionnement prospère et plus le temps avançait et moins je m’inquiétais d’une multitude de détails qui me tenaient éveillé avant.
Ma couchette m’apparaissait comme une bénédiction en cet instant. Il fallait dire que l’air froid, et les rafales du vent qui nous secouaient n’aidaient que peu à garder la forme. L’avantage de notre château naturel était que même s’il avait du mal à garder la chaleur, il nous coupait totalement des intempéries. J’avais pris soin de me sélectionner une petite alcôve peu spacieuse et assez reculée. A la fois pour une question de tranquillité et de sécurité, le côté pratique était indispensable. Et c’est peut-être également pour cela que je n’y accordais que peu d’importance, je ne le voyais que comme un endroit utile, mais pas indispensable. J’avais eu l’habitude de beaucoup bouger du temps des Séides, et quelque part dans ma caboche perturbée j’avais dû inconsciemment me résigner à ne pas avoir de tanière fixe. Il m’arrivait d’ailleurs encore régulièrement de découcher pour préférer une nuit à l’extérieur.
Malgré tout la paille qui formait un tapis sur le sol froid m’aspira dans des songes mouvementés. A n’en pas douter, j’allais m’agiter et détruire ma paillasse d’ici mon réveil. Mon rêve finit par se calmer et mis mon corps en boule. Mon souffle clame et apaisé, je voguais d’image en image, de personne en personne. Une revenait tout particulièrement depuis que j’avais failli passer l’arme à gauche et…
Mes yeux s’ouvrirent d’un coup, mon corps tendu prêt à bondir. Puis je sentis son odeur, réalisais que c’était sa voix et sa patte qui m’avait fait émerger. Enfin sa patte et, l’humidité qui s’était collé à mon front après sa léchouille. Elle. Encore et toujours elle. Je me détendais et me mis sur le flanc pour m’étirer à la manière de certains félins, toutes pattes tendues. Puis je la regardais un sourire taquin au coin de ma babine.
« On s’incruste dans la chambre des mâles désormais Joli cœur ? Je ne te pensais pas aussi entreprenante mais bon, venant du sexe faible j’aurai dû m’en douter. »
Dire qu’il y a peu de temps encore je pensais réellement ce que je disais. Désormais elle était l’exception, celle avec qui je le disais sans le penser ne cherchant qu’à la titiller. C’était devenu un jeu, sans trop que je l’ai décidé. A quel moment avais-je cessé de la considéré comme une potiche incapable ? Bonne question, mais à l’heure actuelle je pense que nous étions devenu amis, aussi choquant que cela puisse-t-il me paraître. Restant allongé à faire la larve en sentant le manque de sommeil omniprésent, je me mis à sourire et continuais.
« Alors, que se passe-t-il donc pour que la grannnnde Reine de ces lieux daigne débarquer dans les quartiers du petit peuple ? Une envie de petite sieste ? »
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Mer 13 Déc 2017, 18:27
Élaine
Élaine l'observait et sa réaction ne se fit pas attendre, il ouvrit ses deux yeux de miel dans un sursaut, et la jeune au chignon noir se tendit en même temps que son compère le noiraud. Elle frémit de surprise puis quand elle vit ses pupilles se détendre, il roula sur le flanc, pattes tendues, son éternel sourire arrogant et taquin collé à ses babines. Elle sourit et un rire fluet sortit de sa gueule, elle s'assit, fit mine d'être gênée en posant ses deux pattes sur chacune de ses joues.
"Oh non, tu m'as prise sur le fait, mon masque est tombé !"
Le sourire aux lèvres, elle lui donna un léger coup de patte pour exprimer son mécontentement concernant sa remarque sexiste. Au début de leur relation, Élaine détestait ses remarques misogynes, elle sentait un courroux hors-du-commun naître en ses entrailles quand il dénigrait ses collègues féminines. Mais à présent, elle en riait plus qu'autre chose car au fond d'elle, elle savait qu'il ne pensait pas la moitié de tout ce qu'il disait, enfin, du moins elle l'espérait. Elle se mit à marcher autour de lui, telle une prédatrice encerclant sa proie, tout en regardant les murs de pierre qui formaient sa petite tanière. Elle sourit une fois de plus quand il reparla, et un nouveau rire cristallin résonna dans sa gorge. Elle n'était pas Reine, et il n'était pas le petit peuple, mais il fallait avouer qu'une partie d'elle louait ce surnom, gonflant son estime et son ego. Pour l'embêter, elle s'allongea sur lui, de façon perpendiculaire et que ses pattes avant soient sur son dos, elle ferma les yeux un instant et mima un ronflement atroce. Elle rouvrit les yeux et rit encore une fois, elle sauta au-dessus de lui et tourna en rond, impatiente, son regard attiré par la neige au-dehors.
"Est-ce que le petit peuple serait opé pour aller faire une petite partie de chasse sous la neige ?"
Elle s'arrêta de marcher et s'assit, essayant de contenir son excitation. Elle ignorait pourquoi, mais elle désirait plus que tout au monde partager sa joie causée par la neige avec lui, et lui seul. Sa queue, trahissant son impatience, se balançait de droite à gauche de façon régulière. Son regard avait une lueur un peu folle, presque enfantine.
O-Shana » Habitué'
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Dim 17 Déc 2017, 23:59
Matin neigeux
Je la laissais me malmener d’un coup de patte, ne laissant pas mon sourire fier quitter mes babines. Mon côté goujat l’irritait tellement par le passé, mais étrangement je n’étais pas certain que le fait qu’elle le prenne désormais à la rigolade ne me dérange réellement. Nous avions bien changé après plus d’une année et demie à se fréquenter. L’un comme l’autre, nous avions évolué en faisant de notre mieux pour mener cet embryon de meute à grandir au point de devenir une unité forte et équilibrée. Et il allait sans dire que cela nous avait fait comprendre bon nombre de choses sur la vie, mais aussi l’un sur l’autre étant donné que nous avions été forcés de collaborer quotidiennement. Et s’il m’aura fallu des mois pour me faire à l’idée qu’une femelle pouvait être autre chose qu’une chose fragile et inutile, Joli Cœur avait réussi l’exploit de changer ma vision de sa personne.
Et avant que je ne vois l’occasion de me relever, un poids plutôt léger vint m’entraver. Comme si la fine louve allait pouvoir me gêner bien longtemps. Toutefois, notre proximité rendait mon corps bizarre et je ne sus trop comment je devais réagir. Je restais donc là, tel un flan, étalé sur le côté avec une femelle excitée comme au jour de la grande chasse sur moi. J’allais lancer une remarque digne de ma personne mais avant même qu’elle ne m’en laisse l’occasion, Joli Cœur s’était déjà relevé – et non je ne ressentis pas une pointe de regret à cet instant… Aucunement je vous dis – et s’était assise en trépignant. Sa proposition fit pétiller mes iris dorés en échos aux étoiles qui brillaient dans les siens. Je pris alors une voix blasée et rendais ma figure impassible avant de lui répondre.
« Ah ? Et que voudrais-tu que je fasse d’une femelle dans mes pattes ? Sous le froid et la neige en prime ? Sincèrement t’as vraiment des idées qui m’épuisent, retourne t’occuper des gosses et laisse les hommes se reposer du dur labeur qu’ils effectuent au quotidien. La Reine est congédiée. »
Je reposais ma tête au sol et fermais les yeux un instant… Avant de les rouvrir en bondissant à côté d’elle et de lui octroyer une léchouille furtive sur la joue, mon museau soufflant dans ses courts poils. Je lui murmurais alors d’une voix excitée et très rapide :
« Le dernier dehors mangera les restes du premier Joli Cœur ! »
Puis je détalais tel un gamin dans les tunnels qui me mèneraient à l’extérieur. Je lui laissais cependant la possibilité de me rattraper, car après tout j’avais joué la carte de la surprise mais je trouvais ça beaucoup plus drôle de courir à ses côtés plutôt que loin devant. Ce dont j’étais certain de pouvoir faire évidemment. La lumière m’apparut non loin et l’envie de me rouler dans la neige fit battre mon cœur un peu plus vite. A moins que ça ne soit la perspective de le faire avec elle ? Non non, laissons de côté toutes ces réflexions pour le moment, seule la chasse à venir expliquait ma joie matinale évidemment.
Dans la poudreuse s'agite soudaine une petite ombre. Pas plus grosse qu'un lapin, elle jaillit de la neige en foulées légères et qui ne laissent pas de traces. On dirait presque un fantôme, qui semblait vous attendre là. Elle s'approche, vive et sautillante, et vient frôler le pelage d'Elaine...
Votre pelage devient intégralement blanc ! Si vous possédiez des marquages ou des mèches, ils sont désormais à peine visible, bleutés. Rien d'autre n'a changé en vous, seulement votre apparence. Ou bien... Peut-être pas.
Elaine possède désormais le pouvoir hivernal : "Coussinets antidérapants" Vous pouvez marcher sur la glace sans risque de glisser.
Oysteria » Habitué'
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Élaine sentit une pointe de tristesse naître en elle, il n'avait pas l'air d'avoir envie de profiter de la poudreuse qui tombait avec douceur au dehors. Quand il la congédia de la pire des manières, elle se redressa, sourcils froncés, le poitrail gonflé d'orgueil et de rage, sa queue battant l'air à toute allure, elle leva le menton et s'apprêta à répondre quelque chose de cinglant quand il bondit, une léchouille furtive se déposa sur sa joue et il se mit à cavaler en lui disant que le dernier arrivé mangerait les restes du premier. Perdue dans une tempête de sentiments, hésitant entre le poursuivre et lui plaquer la tête dans la neige et rentrer dans sa tanière pour bouder, elle finit par céder à la tentation qui la tiraillait : un grand sourire s'afficha sur sa gueule et elle fit un demi-tour maîtrisé pour le poursuivre. Il ne courrait pas vite, et la brune observa qu'il ralentissait ses foulées. Son cœur s'emplit d'une légèreté hors-du-commun, et elle accéléra un peu, déambulant dans les longs couloirs de pierre froide. Le Grand Castel naturel ressemblait à un château mais les petites tanières étaient toutes unies par de petits tunnels les protégeant du vent et de la pluie. L'écho du rire d'Élaine donna une once de vie à l'immense bâtisse en pierre, elle esquiva plusieurs membres de la meute, lançant des regards espiègles à Ezhekiel de temps à autre.
Arrivée dans la neige, elle plongea ses pattes dans plusieurs couches de neige blanche immaculée. Même les cheveux de Winnifred n'étaient pas aussi étincelants. Elle poussa un petit cri de joie, haletante mais toute excitée. Ils étaient arrivés tous les deux en même temps, en atteste les traces de pattes laissées dans la neige. Alors qu'elle se retourna pour narguer son compagnon, une silhouette bleutée sortie de la neige, ni vue ni connue. Élaine ouvrit la gueule d'un air hébété, suivant du regard la petite créature. Elle essaya de chercher ce dont il pouvait s'agir mais jamais elle n'avait vu une telle bestiole. Elle eut un mouvement de recul instinctif quand la bête s'approcha d'elle à petits sauts gais. Elle lança un regard inquiet à Ezhekiel qui l'observait également. Elle voulut demander ce que c'était mais quand elle se résonna à ouvrir la gueule, la créature frôla la patte avant d'Élaine. Elle ne sentit aucune douleur, juste un minuscule changement de température, une douce sensation de fraîcheur là où l'oreille de la créature avait touché ses poils. Le petit cerf-loup repartit dans la neige, disparaissant presque aussi vite qu'elle était arrivée. Elle la suivit de son regard vert d'eau et quand elle tourna la tête pour regarder Ezhekiel, elle se sentit invisible. Une mèche de son chignon noir de jais apparaissait blanche. Élaine recula la tête, mais la mèche recula avec elle. Elle s'arrêta et s'assit dans la neige, elle défit sa longue crinière de l'emprise de l'élastique et observa sa chevelure. Ses cheveux aussi noirs que l'aile d'un corbeau étaient aussi translucides que la neige. D'une blancheur pure et immaculée, elle sentit son cœur battre à toute allure. Elle regarda ses pattes, d'habitude blanches, mais ses taches beiges, héritées de maman, avaient disparu. Elle s'approcha d'un pas hâtif d'une pierre polie, reflétant quelque peu la réalité. Dans le miroir de fortune, elle observa la silhouette déformée et floue qu'elle renvoyait. Elle était devenue toute blanche. Son pelage, ses cheveux, du bout de ses griffes jusqu'au dernier poil de sa queue, il ne subsistait de son pelage que de vagues nuances de bleu. Elle retourna vers Ezhekiel, apeurée.
"Ezhek, je crois que... oh mon dieu, soit j'ai vieilli d'un coup soit cette créature m'a volé mes couleurs."
Elle posa son regard dans la direction dans laquelle la petite chose avait disparu. Elle sauta à la manière d'un renard polaire et se mit à gratter avec motivation la neige, envoyant par moment quelques boules de neige sur Ezhekiel. Mais rien. La créature avait bel et bien disparu. Telle une louve polaire, elle se tourna autour d'elle et couina d'une manière désabusée. Elle ne comprenait rien. Elle leva ses yeux vers le ciel, espérant ne pas avoir perdu la couleur de ses yeux, et pria intérieurement Dairo. Elle revint près d'Ezhekiel, essoufflée de s'être inquiétée de la sorte, et s'assit dans la neige, d'un air abattu. Bien qu'elle apportait très peu d'importance à son image, le beige de son pelage maternel et ses cheveux aussi noirs que ceux de Méléagant étaient une fierté, une manière de porter la tête haute la fierté de ses parents. Elle regarda Ezhekiel, curieuse de voir sa réaction. Allait-il se moquer d'elle ? Lui qui était noir comme un orifice particulier d'un corbeau, il se moquerait sûrement d'elle, blanche telle une colombe. Elle espéra juste qu'il n'annule pas leur partie de chasse, une envie pointait en elle : elle voulait passer du temps avec lui, avec ou sans couleurs sur ses poils. Elle leva son regard vers le noiraud qu'elle appréciait amplement, et se jura d'aller demander à Dairo ce que signifiait tout ça.
O-Shana » Habitué'
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Lun 08 Jan 2018, 21:09
Matin neigeux
Je sentais un vicieux petit sourire satisfait m’étirer les babines tandis que cette jeune louve intrépide allongeait la foulée en zigzagant sans mal parmi les quelques âmes qui erraient encore dans les couloirs de pierre froids. J’en oubliais de regarder qui de nous deux posait les pattes dans la couche légère aux couleurs virginales, mais mon égo aurait envie de dire que j’étais arrivé le premier cela dit. La fraicheur me saisit violemment, contrastant entre la chaleur si agréable que j’avais emmagasinée sur ma paillasse rudimentaire et j’expulsais l’air de mes poumons sous la surprise. Immédiatement, un nuage brumeux me brouilla la vision puis disparu l’instant d’après pour me révéler cette femelle intenable. Mes yeux s’accrochèrent sur elle, mais en voyant son air d’incompréhension je tournais la tête dans la même direction qu’elle.
Je grondais en réaction à mon inconfort de découvrir une créature surgit de nulle part. On aurait dit un mélange de cerf, de louveteau et de glace, et n’était en aucun cas identifiable aux êtres vivants normalement sur les terres de Punk Wolf. Mais je n’eus pas véritablement le temps de la réflexion car aussi vite que le clignement de mes paupières, le petit être venait d’effleurer mon binôme. Mes iris s’étrécirent, ma gueule devint béate et je commençais à douter de l’intégrité de ma matière grise. Etait-ce une hallucination ? L’angoisse me saisit aux tripes tandis que mon regard se figeait sur le pelage désormais immaculée d’Elaine. Par les Dieux Kiro qu’est-ce que c’était que ce bordel ?! Sa beauté naturelle avait disparue. Entièrement. Pour laisser place à un blanc immaculé, sans plus de distinction que l’élastique qui tenait habituellement sa chevelure de jais, ses bracelets et la douce lueur orangée de son glowstick. Tout avait disparu. Seule restait sa silhouette si agréable et ce blanc pur. Et son regard perdu cherchant le mien.
Je n’eus pas le temps de répondre à sa remarque qu’elle se remit à s’agiter frénétiquement. On aurait pu la prendre pour un de ces vicieux renards polaires si elle avait été un peu plus petite. Je n’avais toujours pas bougé, pris dans un état de tétanie qui semblait lié à mon incompréhension totale de la situation et à mon manque de contrôle sur tout ça. Je la laissais donc faire, muet et perturbé, tandis qu’elle laissait libre court à sa recherche du responsable qui s’était volatilisé. Elle n’en était pas moins belle, mais ce changement était totalement illogique, et j’admets que j’aurai été bien plus virulent qu’elle si cela m’était arrivé. Je la vis revenir vers moi, l’émotion était palpable et je crus un instant que la jeune louve allait flancher. Mais évidemment ma compagne de route sut me surprendre en se maîtrisant assez pour ne pas exploser. Mais le dépit que je lisais dans ses prunelles claires me fit mal au cœur. A vrai dire je ne savais pas trop ce que je devais faire face à ça, elle n’avait pas l’habitude de montrer cette expression et j’étais certain de ne pas aimer la voir la porter.
« Je … Tu… Tu tentes de me faire comprendre que je suis le méchant de nous deux en faisant ressortir ma noirceur par ton blanc Joli Cœur ? »
Je m’approchais d’elle et m’assis à mon tour juste en face d’elle. Puis je posais délicatement mes pattes avant sur ses deux joues, et dans la foulée je l’attirais pour coller nos fronts. Fermant les yeux je chuchotais d’une voix un peu trop tendue selon moi.
« Je ne sais pas ce qu’il s’est produit à l’instant Elaine, mais on va trouver d’accord ? Pour le moment tu es d’une blancheur virginale certes, mais seuls tes pigments ont disparu. Ni tes capacités physiques, ni l’esprit dont tu es doté ok ? »
Je reculais en toussotant, et ouvris mes paupières pour trouver son regard. C’était … Gênant et pourtant j’avais senti ce besoin de réconforter mon amie. Bon Dieu si on m’avait dit un jour que j’en serai là aujourd’hui je pense que je serai mort à force de rire. Mais à ce moment, je n’étais plus vraiment dérangé par cette perspective : j’avais tissé des liens, et elle m’avait sauvé la vie. Je repris d’une voix plus assurée.
« Donc on va omettre ce léger détail totalement ahurissant pour le moment, et je propose qu’on parte chasser. Au passage un petit jeu de piste pour retrouver cette espèce de saloperie bleutée ne nous fera pas de mal et nous éclairera peut-être sur ton état. Montrons au monde que le yin et le yang forment le meilleur duo qui existe Joli Cœur ! »
Je remontais un coin de babine sur cette fin de monologue et me levais pour appuyer mon flanc contre son épaule pour la faire bouger. Il était temps d’aller trouver des réponses et au passage de se défouler dans la poudreuse pour éliminer la tension que nous venions d’accumuler. Putain de sacrée journée encore.
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Jeu 18 Jan 2018, 16:15
Élaine
Le noiraud se met à plaisanter, et le cœur d'Élaine se libère d'un poids indicible. Elle baisse le regard, peu enclin à rire aussi facilement. Elle se sent nue, comme si elle n'avait que sa peau sur les os, malgré le fait qu'il n'y ait que ses couleurs qui ont disparu. Elle le sent plus proche, elle relève le museau et le voit, elle sourit faiblement, il attrape ses joues avec ses pattes et colle son front au sien, ses cils battent à quelques centimètres des siens, elle n'a jamais eu autant de proximité avec elle, et une chaleur se diffuse dans ses joues puis dans son corps. Elle plonge ses yeux verts dans ceux fermés de son partenaire et hoche la tête à ses paroles, lui remettant du baume au cœur. Il a raison, songe-t-elle, je n'ai perdu que mes couleurs. Il recule et ressent une certaine tension dans ses yeux, il a l'air gêné, inquiet. Elle baisse les yeux et attend quelques secondes pour essayer de retrouver son calme intérieur. Sa proposition lui donne envie de pleurer, elle se sent si mal, les larmes lui montent aux yeux, elle meurt d'envie de s'enfoncer dans sa tanière, s'enterrer et attendre que les couleurs lui reviennent. Elle soupire et son petit coup de flanc sur son épaule fait briller son épaulière dorée. Elle la regarde, et perçoit un reflet flou d'elle-même. Sa tête blanche, ses cheveux toujours ramenés dans un chignon soignés sont d'une blancheur étincelante. Elle soupire et finit par se lever, ses babines s'étirent et un sourire finit par s'afficher sur sa gueule. Elle se met à marcher, puis elle trottine aux côtés d'Ezhekiel. Le ying et le yang, côte à côte dans la neige. Elle secoue son pelage de neige et frissonne, une drôle de sensation de fraîcheur lui glace le sang mais elle s'en fiche. Elle n'a pas dit un mot, mais elle a l'impression qu'elle n'en a pas la nécessité, Ezhekiel n'interprète pas les silences, elle sait qu'ils sont sereins, qu'ils ne traduisent aucune gêne ni honte.
Ils arrivent dans la petite plaine en contrebas, les hautes montagnes étalent leurs pieds sur la terre, et en sortant de la grande brèche abritant le Castel naturel, elle ressent une énergie nouvelle. L'herbe est blanche, il n'y a aucun bruit, même les oiseaux se sont tus en cette période de grand froid. Élaine regarde le ciel, il est d'une blancheur pure, lui aussi et elle sent un poids sur ses épaules. Tout est blanc, tout lui rappelle qu'elle aussi est devenue blanche. Elle balaie l'air avec sa queue d'un geste irrité et s'apprête à râler quand un sursaut dans son champ de vision la stoppe. Ses sens en alerte, elle lève la tête et observe un buisson qui bouge fébrilement. Son rythme cardiaque s'accélère, une fragrance sucrée s'invite dans ses narines. D'un coup, elle voit une tête sortir du buisson. Un faon broute tranquillement le buisson d'houx. Il semble complètement détaché de la situation, comme si le monde dans lequel les deux lupins vivaient n'était pas celui du bébé. Élaine glisse un regard à son compagnon, et une étincelle d'excitation éclate dans ses pupilles. Elle frissonne et se tapit dans la neige, s'approchant avec douceur. Ils n'ont aucune couverture, mais elle se sent invisible, blanc sur blanc, contrairement à son ami, noir sur blanc, il est plus facilement remarquable. Elle souffle doucement et se met à courir d'un coup. Elle bondit, fonce sur la petite cervidé qui se met à détaler avec une rapidité hors-norme. Elle se met à le prendre en chasse, l'acide lactique gonfle ses muscles, elle sent son sang affluer partout, ses pattes se réchauffent malgré la neige dans laquelle elle s'enfonce à chaque foulée. Elle court, et entend qu'Ezhekiel la suit. Elle sourit, et ses babines se gonflent un peu à cause de l'air qui s'engouffre dans sa gueule. La langue pendante pour réguler sa température, elle court en observant les zigzags de sa proie, elle cherche à les semer mais c'est peine perdue. Deux loups adultes et chasseurs versus un faon à peine aussi grand que les pattes des adultes. Dans sa course folle, tous ses soucis s'envolent, blanche ou beige, chevelure blanche ou noire, Élaine se sent en vie, elle prend le risque de glisser un regard à Ezhekiel. Elle sourit encore une fois et continue sa course, haletante. D'un coup, elle prend appui sur ses pattes arrières et dans un saut, elle atterrit pile sur le petit. Elle l'écrase contre le sol sous son poids intensifié par la chute, il est sur le sol, ses longues pattes filiformes donnent des coups hasardeux pour repousser l'adversaire mais elle plante ses crocs dans son cou délicat. Ses yeux bleus bordés de longs cils noirs sont gorgés de terreur, il tremble et son regard se voile, sa gueule s'entrouvre et un mince filet de sang tache la neige immaculée. Elle sourit, essoufflée, lève les yeux vers son partenaire et se met à éclater d'un rire cristallin.
"On l'a eu, il était rapide dis donc !"
Elle rit encore et s'approche d'Ezhekiel, laissant le petit cadavre inerte derrière elle. Dans un élan de tendresse, elle passe sous la tête d'Ezhekiel, de façon à ce que sa mâchoire inférieure caresse son crâne puis sa colonne vertébrale et finit par sa queue touffue. Elle revient à ses côtés, et monte sur son dos, les deux pattes en avant sur son dos, elle se met à mordiller l'oreille d'Ezhekiel. Elle se sent retombée en enfance, elle sourit et grogne un peu, excitée par l'adrénaline qui se diffuse dans ses veines. Tandis qu'elle taquine le noiraud, elle ignore que derrière elle, un grand cerf aux ramures imposantes s'est approché, le regard fixé sur le corps inerte de son semblable mort.
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Dim 21 Jan 2018, 17:10
Matin neigeux
Je crus un instant qu’elle n’allait pas céder à l’euphorie que la vision du paysage blanc lui avait provoqué plus tôt dans la matinée. Et à vrai dire j’aurai pu comprendre son manque d’entrain, perdre sa couleur avait tout de déroutant et d’inquiétant. Je ne pouvais qu’espérer qu’il ne s’agisse d’un effet intempestif et non pas d’un virus ou d’une maladie sans quoi nous serions dans une sacrée panade. Une légère angoisse zonait dans la noirceur de mes pensées, mais je tentais de l’omettre pour garder la face envers Joli Cœur. Elle n’avait clairement pas besoin que j’en rajoute une couche au vu de ses yeux humides. Pourquoi Diable fallait-il que ça tombe sur elle ? Visait-on à affaiblir les alphas ? Etait-ce un acte isolé ? Mes neurones fonctionnaient à plein régime tandis que je restais proche de la jeune louve. Son silence me laisse perplexe, mais je la vois céder doucement au calme dont elle sait si souvent faire preuve, aussi ne cherchais-je pas à le briser. Je me complais dans ces instants de répits où seul le vent acclame notre présence.
Nous nous mîmes en route vers une des nombreuses plaines qui côtoient notre château naturel. Tout est blanc, aussi virginal et laiteux que le doux pelage de mon binôme. C’est reposant je dois le concéder. Un coup d’œil à Elaine me laisse deviner ses pensées : ses yeux hagards luisent de tristesse et sa moue trahit son sentiment d’inconfort. Mais ça ne dure pas, car non loin de nous une âme promise à la faucheuse vient de surgir dans notre ligne de mire. Le jeune cervidé a du se perdre, mais je ne peux m’empêcher de me dire que Mère Nature l’a mené sur notre route dans un effort de sauvegarde. Les réserves commencent à se faire plus rares, bien que nous ayons réussi à gérer le stock avec l’aide de tous. Mais l’hiver s’éternise, et ce faon sera le bienvenue pour sustenter deux estomacs de plus. Instinctivement nous nous plaçâmes de manière à réduire ses possibilités de fuite. Nous ne sommes que deux, mais face à un jeune herbivore de sa trempe seule la mort l’attend. Aussi je ne bougeais que très peu, bien trop repérable dans cette blancheur environnante. Je laisse la tâche immaculée se mouvoir en silence jusqu’à l’approcher assez pour lancer l’assaut. Alors je ne réfléchis plus, je bande mes muscles saillants et je me propulse en direction de notre proie, le sang bouillant dans mes veines. Palpitant avec l’excitation de la chasse et de la traque. Un sourire s’esquisse, mais je suis trop concentré pour y prêter attention, nous y étions. Virevoltes, accélérations, dérapages. Tout s’enchaîne mais le petit être n’a aucune chance. Je la regarde bondir avec plaisir, fier de la voir reprendre du poil de la bête. Le tout ne lui prend que quelques secondes, durant lesquelles j’ai ralenti ma course au profit d’un petit trot élégant. Ma queue fouette l’air sans honte de l’acte que nous venions de perpétrer. Nous étions des chasseurs. Nous étions de ceux qui remercient la nature pour nous permettre de vivre un jour de plus. Nous étions de ceux qui tuent pour survivre, mais aussi pour le plaisir.
Je suis surpris de l’entendre rire à gorge déployée, les femelles sont vraiment particulières à passer d’un état à l’autre sans nous laisser le temps de suivre le mouvement. Il est presque trop clair, trop fort, dans ce décor silencieux. Mais il réchauffe mon cœur inquiet, même si jamais je n’oserai l’avouer à haute voix. Je sais que quelques mois auparavant, je l’aurai snobé, ignoré et pire je l’aurai prise tellement de haut qu’elle se serait énervée. Mais le temps passe, les responsabilités affluent et mon esprit s’adapte. Lentement. Trop surement pour que tous me considèrent comme un alpha digne de ce nom, mais je m’y emplois. Ils sont devenus ma meute, ma famille, ceux pour qui j’irai au bucher sans hésiter. Et tout ça je lui devais en grande partie. A ce petit bout de femmelle qui n’avait que deux ans quand nous nous sommes rencontrés. Que je ne connaissais pas et que je n’aimais pas à cause de son passé de Brethen. Elle qui depuis a appris à m’aborder, à m’impliquer, à m’énerver. A me sauver. Alors oui, avant je l’aurai renié, mais aujourd’hui le loup en moi a changé aussi je la laisse m’approcher. Je ferme les yeux sans crainte, profitant du contact de ses cheveux laiteux sous mon menton. Et je ris avec elle, me laissant entrainer dans cette spirale enfantine qu’elle a créée. Je sautille sur place pour la faire tomber, colle ma truffe contre son flanc et souffle dans le duvet de son poil. Je laisse l’innocence que je n’ai pas eu enfant me saisir l’espace d’un instant. Trop court. Car contre la cime d’un conifère je l’aperçois. Grand, majestueux et… Furieux.
Je perds tout sourire, et écarte Elaine d’un grognement la plaçant instinctivement derrière moi. Le roi de la forêt est là, pleurant la perte de sa progéniture. J’ai rarement vu un spécimen aussi imposant et je sais que notre situation est bien plus problématique qu’avec le jeune faon. Nous sommes fait pour attaquer en meute, à deux nos chance d’arriver à exterminer la menace d’un cervidé fou furieux est mince. Les yeux de ce dernier se lèvent du corps étendu qui a rougi la neige. Je trésaille furtivement et me mets à grogner tandis qu’il commence à s’approcher. Sa pupille noire est peu engageante et il va nous falloir trouver une solution rapidement. Nos choix sont minces : la fuite, mais ça voudrait dire laisser derrière nous une carcasse fumante, ou le combat qui peut s’avérer risquer. D’une voix calme, tel un murmure résonnant dans l’environnement isolé où nous sommes, j’interpelle ma compagne.
« Joli Cœur, j’espère que tu es en état parce que je crois que je ne parviendrai pas à écouter la voix de la raison. Et le papa de Bambi n’est pas très heureux du sort du rejeton. »
Et sans attendre sa réponse, je mets en off la voix qui tente de me dire de m’en aller d’ici. Je libère mes instincts les plus primaires, ressentant moi aussi le besoin de planter mes crocs dans la chaire chaude d’une proie. Je me mets à décrire des cercles autour de lui, ne quittant jamais son regard. Je le taquine, le harcèle, en me demandant quand l’ouverture se créerait. Un balai mortel se met en place, crocs et griffes contre ramure et sabots. La poudreuse vole, et ne résonne que nos souffles. Le temps paraît infini, alors même que les minutes s’écoulent lentement. Je suis dans ma bulle, au cœur de la folie qui surfe habituellement sur les limites de ma raison. Je ne suis plus l’alpha, je suis Ezhekiel, Gabelou des Séides et meurtrier aguerri. Je suis cet être, qui aime faire saigner, qui aime cette couleur pourpre aux reflets sombres. Je suis celui qui sortira vainqueur de cet affrontement . Et ce qui me réjouit le plus dans cette situation ? C’est que désormais, je ne serai pas le seul victorieux de l’histoire. Car ma belle et incroyable guerrière est désormais avec moi. Ma combattante. Ma potiche. Ma chieuse. Ma compagne. Mienne.
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Jeu 25 Jan 2018, 16:25
Élaine
Alors que la jeune louve s'esclaffe de cette belle prise, quelques rires sont nerveux, la peur qu'elle a ressenti s'évapore, et les babines ainsi contractées en un sourire lui font oublié qu'elle a perdu ses couleurs, enfin, elle n'oublie pas, elle commence à se dire que ce n'est pas si grave. Élaine secoue son derrière tandis que sa queue se balance de droite à gauche énergiquement quand Ezhekiel répond à ses avances de jeux, il sourit, lui aussi et elle se demande quand était la dernière fois qu'elle l'a vu rire. Tout d'un coup, elle se sent immergée par une chaleur diffuse, depuis qu'ils se sont rencontrés, ils se sont tous deux amadoués, ils se sont domptés. Elle le connaît presque par cœur, et il doit, lui aussi, en avoir appris sur elle. Ils ne sont plus qu'un couple d'alphas formés par la volonté divine, ils sont devenus proches, des amis, ose-t-elle penser. Tandis que la joie et le froid lui mordent les pattes, elle sent qu'Ezhekiel ne suit plus, elle ressent son corps tendu, ses yeux sont devenus sombres. Et quand il prononce ces quelques mots, Élaine ne comprend pas tout de suite. Elle se retourne lentement et fait face à l'immense arbre vivant. Le cerf les toise tous deux, alterne son regard sur la progéniture en sang, ses sabots grattent le sol enneigé, et ses yeux sont froids, durs et inquiétants. Ses ramures indiquent à Élaine qu'il n'est pas tout jeune, il doit être dans la fleur de l'âge, une bête toute en muscle, qui doit avoir semé des faons partout dans la forêt. Avant même de penser, Ezhekiel s'engage dans une ronde macabre, il tourne autour du cervidé enragé, et ce dernier le suit du regard, ayant presque oublié Élaine. Elle se fige, elle sait qu'à deux, leur chance de vaincre un monstre pareil est mince, si seulement les Etelkrus étaient tous réunis, le cerf n'aurait même pas eu le temps de respirer qu'il serait déjà mort.
Alors qu'Ezhekiel danse, elle peut percevoir l'électricité qui s'installe, les deux mâles se toisent, et elle sait que le combat n'est pas purement pour satisfaire la faim des deux lupins, ce combat est celui d'un Alpha contre le Roi de la forêt, c'est un duel princier, auquel Élaine ignore encore si elle doit se rallier. Elle les regarde, et ses babines se redressent, une rage puissante se dévoile en elle, la bête est grande, le tas de gibiers pour nourrir les siens est pauvre, ce serait une victoire extraordinaire de triompher du Roi. L'ambiance régicide se glace quand le cerf donne un coup de tête dans la direction de son adversaire, ses bois filent à travers l'air dans un sifflement, ses yeux injectés de sang sont agrandis. Il est peut-être fou d'ainsi provoquer une bagarre contre deux loups, mais peut-être ce faon était-il l'héritier ? Alors les deux loups se seraient rendus coupable d'un crime de lèse-majesté, et le Roi ne peut laisser passer ça. La jeune alpha blanche s'approche du cerf, cherchant un moyen de l'affaiblir, mais elle reste à l'écart, voulant préserver la fougue qu'Ezhekiel semble avoir, ses pupilles sont minces, Élaine l'observe, il paraît bestial, assoiffé de sang, de chaire. La fille de Winnifred ignore ce que le cerf pense, peut-être sait-il qu'il est voué à mourir des crocs du noiraud, peut-être imagine-t-il les tuer facilement ? Élaine observe ses sabots, ils semblent durs comme de la pierre et elle préfère éviter tout coup de pattes. Tandis qu'Ezhekiel entame un nouveau cercle autour de la bête, Élaine entend des petits murmures, elle se retourne, et autour d'eux, tels des spectateurs, des lièvres, des écureuils, quelques marcassins et des oiseaux les observent, les yeux rivés sur le combat naissant. Elle sent une légère piqûre au bout de sa queue, elle se retourne en hâte pour découvrir un renard qui mordille sa queue. Affolée par cette nouveauté, elle se met à grogner, elle met un coup de pattes au rouquin, et se demande intérieurement ce qui cloche chez eux. Alarmé par le grognement, le cerf se retourne d'un coup vers Élaine et la fixe d'un œil mauvais. Malheureusement, la belle guerrière est occupée à chasser le renard, et elle ne comprend qu'elle est devenue cible de la fureur du Roi seulement quand une douleur effroyable lui transperce les côtes. Le cervidé a foncé sur elle, tête bêche, et a projeté Élaine quelques mètres plus loin. Aucune blessure superficielle, elle ressent une énorme douleur au niveau de sa cage thoracique, ses bois sont solides. Elle se relève péniblement et grogne plus fort, défiant le roi. Ses pattes tremblent un peu, elle se sent vaciller mais son regard se fait plus dur, ses douces iris vertes font place à des prunelles en feu, elle fronce les sourcils, agacée et dans un élan énergique, elle saute sur le cerf, essaie de planter ses crocs dans son cou mais elle loupe sa prise, elle retombe sur le flanc, et évite de peu un coup de sabot.
La neige virevolte autour d'eux, elle se redresse et se recule pour que le cerf s'avance, laissant à Ezhekiel la possibilité de l'avoir. Elle se tapit contre la neige, et dans un essai un peu fou, elle s'approche des pattes du cerf, son chignon se défait, laissant tomber ses longues mèches autour de sa gueule, elle plante ses crocs dans la patte avant du cerf, celui-ci se met à pousser un râle plaintif et redouble de rage, il donne un coup de sabot puissant sur la cuisse d'Élaine. La jeune louve se recule, couine quelque peu, elle a terriblement mal, et son souffle se fait rauque, ses côtes lui brûlent. Alors qu'elle reste en arrière, elle glisse un regard vers Ezhekiel, son Roi. Le Roi de la forêt a touché la Reine des louves, il faut que son Roi la protège, ou alors qu'il laisse court à sa soif de sang. Son cœur bat si fort qu'elle a l'impression de recevoir des coups sur les tempes, elle se relève et une tension nouvelle s'installe. La bête aux ramures ne bouge plus, tendu, il observe Élaine avec un mélange de fierté et de dédain. La jeune Alpha tousse, crache un filet de sang sur la neige immaculée et défie le cerf du regard. Elle n'a pas peur, elle se battra jusqu'à la mort s'il le faut, elle a failli se faire noyée par un cygne quand elle était jeune, elle a encaissé sa nomination divine, elle a ressenti une souffrance intense en voyant sa famille se défaire et se séparer, elle a su apprivoiser l'ours mal-léché qui lui sert de compagnon de galère, ce n'est pas un petit faon avec des bois trop grands pour lui qui la mettra K-O. Malgré la douleur sourde qui bat à ses oreilles, Élaine reste plantée dans le sol, le torse gonflé pour se rendre plus grosse, les babines retroussées, et un grognement rauque sort de sa gorge tandis que les spectateurs muets de la forêt observent la bataille.
Ils pourraient au moins m'encourager, ces abrutis de bestioles, songe-t-elle, et un sourire amusé et carnassier se dessine sur ses babines.
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Mar 06 Mar 2018, 14:57
Matin neigeux
Je sens que je perds son attention, le cervidé détourne son regard pour le figer sur la louve immaculée. Le sang pulse à mes oreilles, ma nature primaire hurle dans mes veines, bandant mes muscles et réduit mon champ de vision à l'être qui a osé se dresser face à moi. Je suis loup, je suis puissance, et par dessus tout je suis alpha. Aussi, lorsque je le vois foncer sur ma compagne, je suis le mouvement, faisant souffrir mon corps sans y prêter la moindre attention. Une fois de plus je suis surpris de l'obstination de la louve qui m'épaule, lorsque je la vois se relever pour retourner à l'assaut. Les Dieux l'avaient si bien choisie, cette reine blanche, si forte et qui ne rechigne jamais à aller au front.
Alors qu'elle harcèle le roi des bois, je lance de multiples assauts, aussi furtifs que sanguinaires. Un tendon cède à l'arrière, et je sens son équilibre être perturbé, d'autant plus qu'Elaine vient de l'attaquer à l'avant. Nous sommes coordonnés, malgré le manque d'entrainement ensemble. Je recule un instant, évitant ainsi un coup de sabot dans la truffe. Le temps semble se suspendre alors. Aucun de nous trois ne bouge plus, seuls les souffles et le sang qui coule prouvent que la vie continue à se dérouler. Le grognement émit par ma femelle lance le signal, son regard me suffit. Je ne hurle pas, je ne préviens pas, je fais ce pour quoi j'ai toujours été le meilleur : le sadisme et la violence. Alors je bondis sur sa croupe, et prends appuis dessus pour me propulser sur son encolure massive. Mes griffes fouillent dans son pelage dru, trouvent la peau et se plantent. Je m'ancre sur le cervidé sans une once d'hésitation, démarrant un rodéo mortel. Ma mâchoire claque, perçant sans relâche la veine palpitante du massif cerf. Ses ruades perdent en puissance à chaque coup nouvellement porté. Il se fatigue, nous le savions tous les deux.
Le monde ne se résume plus qu'à nos égos, lutant chacun pour tenir le plus longtemps possible. J'halète à travers ses poils, j'ai cessé de lâcher ma prise et m'obstine à la serrer violemment. L'objectif ne consiste plus qu'en une seule chose: secouer ma tête et faire le plus de dégâts possible au passage. L'excitation, la folie du sang et plus que cela, le véritable danger provoqué par cette situation m'excite. Je suis mauvais, je le sais et je l'assume. Le rôle d'alpha nécessite que je camoufle ma noirceur, mais ce n'est qu'illusion. Tous les séides le savent, tous ceux qui ont croisé ma route dans des temps désormais révolus sont au courant. Rien ne me fait me sentir aussi complet que d'avoir mon poil rougi par le sang et les muscles endoloris par l'effort.
La peau cède, je crache au sol tout ce qui s'est invité dans ma gueule. Ma tête se balance en arrière, les yeux voilés de plaisir et un sourire fou aux babines. La fin est proche, je me dois de profiter. Plus de brides, plus de faux semblants, juste la faucheuse et le goût métallique de l'hémoglobine. C'était ça la vraie vie. Mes dents percent une ultime fois le cou de la bête qui s'est affaissée. Sa jugulaire atteinte, il ne lui reste plus aucun espoir. Je descends de l'herbivore en tremblant. Je ne suis plus en état de dire s'il s'agit là de fatigue, de peur accumulée, de relachement ou bien de joie et d'euphorie.
La neige autour de nous est souillée, maculée de tâches et de traînées rougeâtres. Un silence troublant suit la chute du maître des lieux. Un nouveau roi est né, accompagné d'une reine toute aussi mortelle. Je bonde le torse, encore sous le coup des émotions et je hurle. Un cri, un appel au monde, imposant notre puissance et notre exploit face à la masse désormais inerte à mes pattes. Ce soir, les Etelkrus danseront et hurleront en cœur autour d'un repas de fête. Je me détourne de la carcasse, lorgnant en direction d'Elaine. Elle avait morflé, mais à aucune moment n'avait flanché. Son regard parlait de lui même, tout le long de cet affront elle s'était imposée, et avait été une arme redoutable. A nous deux rien ne nous arrêterait. Jamais.
Je me dirige vers elle, le sang continuant à battre à mes tympans tels des tambours rythmant mes pas. Plus je progresse dans sa direction plus l'excitation se fait ressentir. C'était assez malaisant j'imagine, mais la vision du sang sur son pelage blanc pur ainsi que son odeur m'attirait inextricablement. Nous l'avions fait. Je ne sais pas trop ce que ma figure peut bien proposer comme émotions, mais je ne prodiguais pas un mot, me contentant d'avancer. Il n'y a plus de place pour les léchouilles, ni pour la tendresse en général en cet instant. Je gronde doucement, puis je lui mordille l'encolure, laissant mes instincts bestiaux mener la danse pour la dominer. J'ai conscience que je ne le pourrai pas si elle ne le souhaitait pas réellement. Mais je lui force un peu la main, peut-être est-ce précipité, ou encore mal venu en ces circonstances. Mais je m'en fous, j'allais la marquer ici et maintenant. Elle était mienne. Il fallait qu'on le sache, que plus personne ne l'approche. Il était temps de la revendiquer, de ne plus en faire une compagne de route mais ma femelle. Et ce devait être maintenant.
Je continue de grogner, la montant et la démontantdans cette plaine désormais profanée. La carcasse encore fumante et toutes les petites bêtes amassées faisant office de spectateurs. Tant mieux, ils colporteront la nouvelle plus vite. Plus un mâle ne viendrait jouer au Don Juan avec Joli Coeur. Le temps des taquineries était fini. Je ne suis probablement pas doux dans mes gestes, mais les brides ont cédé plus tôt et les câlineries auront lieu plus tard, c'était aussi simple que cela. Alors que je m'active sur elle, je sens la petite mort m'emporter. Un râle long et puissant jaillit de ma gorge. Mon corps ne tient plus, je m'affale et l'entraîne dans ma chute. La neige nous rattrape, amortisseur naturel. Je fais alors résonner d'une voix rauque quelques paroles, fixant ma compagne d'un regard primitif et satisfait.
" Ma guerrière. Ma femelle. A moi seul et à jamais. "
Je ne cherchais pas à me relever tout de suite, profitant de l'extase qui m'avait saisi. Mon souffle peinait à retrouver une logique, et je trouvais tout ça absolument exceptionnel. Cette journée était parfaite bordel de merde.
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Sujet: Re: Matin neigeux [Ezhekiel] Dim 11 Mar 2018, 19:10
Élaine
Élaine est calée contre un tronc, son souffle brûle sa gorge, elle sent son cœur palpiter à ses tempes. La neige ne la refroidit pas, elle sent ses côtes douloureuses, mais elle doute qu'elles soient blessées. Ce n'est qu'une égratignure. Elle observe le ballet mortel qui se déroule sous ses yeux, plus loin. Son coéquipier harcèle la bête, hargneux, elle se surprend à sourire d'un air niais en voyant les yeux emplis de fureur d'Ezhekiel. Il semble lointain, comme si l'Ezhekiel qu'elle connait était parti, laissant sa place à une bête plus monstrueuse, plus violente, assoiffée de sang et de souffrance. Loin d'être effrayée, elle meurt d'envie de se lever et de le rejoindre dans cette bataille, ce duel princier qui prend une tournure revancharde. S'il venait à perdre la vie, Élaine ne s'en remettrait sûrement pas, mais une once d'inquiétude l'assaille, comme si elle savait qui allait gagner entre les deux Rois. Tandis qu'elle se calme, elle inspire et expire profondément, pour diminuer le point de côté qui s'est développé. Elle tousse et un filet de sang s'échappe de sa gueule pour rougir la neige pure et immaculée. Un gémissement lui fait redresser la tête, Ezhekiel s'adonne à un rodéo macabre, le cerf se bat, mais finit par se laisser abattre. Dès que ses jointures de pattes avant se posent sur le sol, s'enfonçant dans la neige tachée de sang, Élaine sait que le duel est terminé. Elle regarde la bête noire postée sur son dos, ses crocs plantées si loin, et la jeune alpha ne peut s'empêcher d'éprouver une fierté innommable. Il l'a tué. Il a tué l'hôte de ses bois. Celui qui a osé les défier. Elle lance un regard au jeune faon, son corps inerte est recouvert d'une fine pellicule de glace, sa chaleur a cessé de s'évaporer, il est aussi froid que les flocons qui se mettent à tomber. Elle se sent si fière, si heureuse. Les Etelkrus mangeront à leur faim, ils festoieront tous en cœur, hurlant de joie devant une carcasse aussi charnue.
Le hurlement d'Ezhekiel réveille en elle un instinct plus grand encore. Elle lève la tête et hurle à son tour, sa douleur n'est plus, elle se lève doucement mais une intuition lui conseille de se recoucher. Elle obéit, regardant son prince s'approcher, une lueur cruelle brillant dans ses yeux. Elle se sent soudainement honteuse, son pelage blanc immaculé, cette lourde odeur de sang, de désir charnel lui colle à la peau, son poil est sali d'éclaboussures. Elle se sent misérable, elle baisse la tête, un instant, puis quand il est à quelques centimètres d'elle, elle la relève, et cherche ses mots. Mais pas besoin de parler. Elle sourit quand elle sent ses crocs attraper sa peau, ces crocs qui venaient de se planter dans une chaire délicieuse. Elle lance un regard au cerf, un regard malin, hautain. Ils l'ont vaincu, et à présent, elle s'offre à son Roi. Elle ferme les yeux et le laisse faire. Sa violence ne la brusque pas, elle se laisse aller, elle ne s'est jamais autant sentie à sa place, elle ne s'est jamais sentie aussi Reine. Son odeur lui emplit les narines, et son poil brun s'emmêle avec le sien. Ils n'étaient que deux âmes en perdition, au début, à présent ils ne font qu'un. L'osmose, l'apothéose l'envahit. Elle ne sent plus Élaine, jeune alpha paumée et inconsciente, elle sent elle-même. Cet acte n'a pas besoin de mot, elle sait ce qu'il signifie, et une drôle d'appréhension l'assaille. Elle sent son cœur s'emballer. Était-ce sa manière de lui dire qu'il l'aimait ? Elle n'en sait rien, et elle ne posera pas la question. Elle l'aime, elle, et elle sait qu'il l'aime aussi, à sa manière. Il tombe, et l'entraîne dans sa chute. Un rire cristallin sort de sa gorge. Attendrie par ses mots rauques et graves, elle se blottit contre lui, son museau dans son encolure, s'enfonçant dans l'abysse de ses poils, ténèbres réconfortantes. Il est devenu si important à ses yeux, il n'était rien et voilà qu'aujourd'hui, il deviendra le gardien de ses nuits, elle l'aime à mourir. Son cœur bat la chamade. Il est son premier amour, il est le premier pour lequel elle se sent louve. Elle sourit, mais il ne le voit pas. Pourtant, elle sent ses zygomatiques tirer, elle sourit à s'en décrocher la mâchoire. Ils venaient de triompher d'un être puissant et majestueux, ils avaient scellés leur union, ils n'étaient plus qu'un binôme d'alphas, ils étaient un couple. Elle sourit, toujours et encore, avec un bonheur non-maîtrisé dans la voix, elle lui susurre à l'oreille.
"Mon Roi."
Entourés de neige sanglante, de mammifères curieux, d'une carcasse de cerf et d'une de faon, les deux lupins semblent à l'abri du monde entier. L'odeur de peur et de tension qui avait régné jusqu'à là laisse place à une fragrance de bonheur intense. Et la neige se met à tomber dru, une légère brise souffle, agitant les arbres sans feuilles. Comme si toute la forêt se racontait ce qu'elle venait de voir.