Avez-vous déjà vu ? [Boîte à Clou]

Élaine

Le soleil ne pointe plus son museau depuis quelques temps, ou est-ce les épais nuages laiteux qui l'empêchent de s'exprimer. La saison glaciale est instaurée, des milliers de flocons tombent sur les terres des Etelkrus, n'évitant pas l'immense château naturel creusé dans la roche. Quelques stalactites se sont formées sur le haut plafond, menaçant de s'abattre sur le premier malchanceux passé. De la neige s'est accumulée dans la cour à ciel ouvert, tapissant la roche d'habitude sèche et rugueuse d'un lit de neige fraîche et persistante. De nombreuses traces de pattes attestent que les Etelkrus n'hibernent pas. Au milieu de ce tapis de neige, la silhouette gracile d'Élaine marche avec lenteur. Depuis sa rencontre avec une étrange créature blanche sortie de nulle part, son pelage beige s'est teinté d'une blancheur immaculée. Elle n'est qu'une pâle copie d'elle-même, son chignon est soigné mais ses cheveux sont, eux aussi, d'un ivoire crème. Elle fixe ses pattes qui s'enfoncent dans la neige, cherchant une différence de couleur mais rien n'y fait, ses pattes se confondraient presque avec la neige. Elle soupire et lève la tête, observe à droite puis à gauche. Elle ignore où se trouve la tanière de celui qui s'occupe des corps, ou même son "lieu d'activité". Elle cherche alors, demandant à quelques membres de la meute s'ils n'ont pas vu un loup imposant à la gueule recouverte de clous, mais les réponses furent minces, un haussement d'épaule, un léger hochement de tête et une indication dans le vague. Elle soupire, et une brume blanche sort de sa gueule. Mais où peut-il être ?

Elle s'approche du long couloir qui relie toutes les petites tanières, le traverse en prenant soin de ne pas faire trop de bruits, le simple cliquetis de ses griffes sur la pierre trahit sa présence. L'ombre blanche passe sa tête dans certaines tanières, bredouille des excuses quand elle dérange, puis continue sa recherche. Les sourcils froncés, elle réfléchit tout en progressant. Deux membres de la meute ont mystérieusement disparus. Une petite louvette ainsi que la fille adoptive d'Ezhekiel. Malgré le fait qu'elle ne connaissent aucunes des deux personnellement, son devoir d'Alpha lui impose de les rechercher. Elle a envoyé deux groupes de quatre loups fouiller les alentours, consacrer deux rondes nocturnes à la recherche des deux femelles, en vain. Les yeux dans le vague, elle avance, et le couloir lui paraît interminable. Mais où peuvent-elles bien être ? Elles ne sont pas revenues depuis plusieurs lunes et Élaine a bien une idée du sort que les Dieux leurs ont réservés. Elle a pris le soin de ne pas en parler avec son partenaire Alpha, préférant lui éviter son idée qu'elles soient mortes de froid. La petite louvette aurait très bien pu se sauver ou échapper à la vigilance de sa mère adoptive, cette dernière l'aurait pisté, cherché jusqu'à ce que les deux finissent seules dans un coin reculé, à l'abris des regards, seule et affamée. Elle secoue la tête, et hausse les épaules. Cruelle est la vie. Elle espère que celui dont on lui a parlé a retrouvé les deux corps et s'est occupé des deux cadavres pour les enterrer avec honneur. La jeune femelle songe alors qu'elle n'a jamais réellement discuté avec le loup en question, elle ignore son nom. Elle se souvient juste l'avoir aperçu quand il était arrivé parmi eux. La tête baissée, le regard dans le vague, elle continue de marcher, et les odeurs de ses compères l'assaillent. Elle sent l'odeur de Nout et de sa famille, celle de Korra et de ses petits, mais les odeurs respectives de Mère et Père ont disparu depuis longtemps. Elle soupire, et absorbée dans ses pensées, elle se retrouve soudainement stoppée dans sa marche. Elle a percuté quelque chose, ou quelqu'un. Elle redresse la tête, confuse, et bredouille des excuses.

"Oh excusez-moi, je... j'étais..."

Sa voix se perd comme une brise hivernale aspirée par les longs tunnels de pierre. Elle lève son regard et voit qu'elle a, effectivement, percuté quelqu'un de dos. Elle revient à la réalité doucement et entend quelques petits cris stridents derrière elle. Elle tourne la tête et voit qu'un groupe de vingt souris la suit, dont trois gros rats. Elle soupire, et reporte son attention sur celui ou celle qu'elle vient de bousculer. Elle hésite à lui demander s'il n'a pas vu le croque-mort des Etelkrus, mais elle préfère attendre avant de lui poser une question tout de go alors qu'elle vient de lui rentrer dedans.

Un grognement rauque mais de volume modéré s'échappa du loup désignée ayant été cogné. Le temps de se frotter légèrement là où il avait été percuté et que les souris se fassent entendre, et il se retourna. La phrase au ton désabusé ponctua son visage un peu blasé qui regardait un peu perdu dans le vague, voyant sans vraiment voir à qui il s'adressait.

· Y'a pas de mal, z'êtes pas la première, j'fais cet effet aux filles...

Après JolieTemps et Mele, une troisième !
A force, se faire télescoper ou approcher de très près d'une façon très étrange par des individus féminins allait devenir un running-gag pour le loup aux teintes de bois clair. Au lieu de blâmer son charme, ceci dit, il aurait du accuser les joies du hasard ou un destin un peu farceur. Ses yeux noir de jais se posèrent finalement la louve aux teintes entièrement rendues blanches, bien qu'elle aurait du être normalement brune. Mais ce fut l'occasion pour Boîte à Clou d'avoir un léger silence, le temps de replacer ce visage qui lui semblait pourtant familier.

Si, si, ces cheveux bouclés, ça lui disait quelque chose ! Et ce tour du coup aussi avec un glowstick orange... 'Clou plissa les yeux, comme pour mieux réfléchir. Puis elle avait ces plaques sur les épaules, là, en or. Il pencha légèrement la tête. Les yeux clairs comme le ciel, le port de tête un peu hésitant mais qui essayait de se placer haut. Il ne croisait pas vraiment les gens, plus occupé au cimetière qu'autre chose mais il y avait cette louve là qui avait tous ces traits qu'il était certain d'avoir déjà vu, d'avoir porté attention. Il n'y avait pas dix milles loups dans la meute, surtout de ceux qu'il avait tâché de retenir ! Sa mémoire aimait quand même bien l'embêter malgré tout. Il savait que c'était important, pour avoir fait cet effort. Oui voilà c'est ça, parce que c'était une louve importante...
C'est là qu'il prit la mesure de qui il avait en face de lui.
C'était l'Alpha, Elaine !
Il était important de retenir qui étaient les chefs, quand même. Parce que c'était à eux qu'on s'adressait en cas de pépin... Qu'on blâmait souvent, en cas de pépin... Qu'on applaudissait quand il n'y avait plus de pépins. Bref. Boîte dressa les oreilles et eu un air un peu plus réveillé, et il hocha la tête quand même en guise de respect, de soumission et puis de politesse.
Mais malgré tout, il ne pouvait que remarquer l'évidence.
Elle était toute blanche !

· Eeeh, sans offense, z'avez l'air d'avoir joué un peu fort dans la neige, tout va bien Alpha Elaine ?

Il ne savait pas comment s'adresser à elle ou quelle titre donner. Il n’interagissait pas souvent avec le haut de la hiérarchie il fallait dire ! Déjà qu'il avait du mal avec les autres rangs, alors la bienséance avec le "haut gratin"... Lui, en plus, ses interlocuteurs n'en étaient pas le plus souvent. Les morts, ça ne causait pas beaucoup. Il était plutôt de type monologue à raconter un peu n'importe quoi parce qu'ils ne jugeaient pas vraiment.

Élaine

Quand le bousculé se retourne en parlant d'une voix rauque et posé, Élaine reconnait aussitôt le visage criblé de clou du croque-mort. Bien qu'il a l'air de prendre cette bousculade avec légèreté, la jeune louve ne peut s'empêcher de remarquer son air ennuyé, voire renfrogné. Malgré la première impression froide, ses babines se soulèvent en un sourire amusé, il répond avec humour et la blanche apprécie ce trait d'humour. Elle rencontre son regard d'un noir profond, tel deux fenêtres sur une abysse troublante et calme, un océan d'encre qui vacille doucement au rythme d'un battement de cœur à peine perceptible. Elle se recule quelque peu, marche sur la queue du souris, soupire d'ennui. Elle se retourne un instant et d'un mouvement de pattes, elle fait fuir quelques petits mammifères effrayés. Elle revient à son lupin et ce dernier donne l'impression d'être plus éveillé, plus alerte. Si elle avait joué dans la neige ? Quelle hypothèse intéressante et surtout extrêmement mignonne. Elle se surprend à rire d'une voix enfantine. Alors qu'il lui demande si tout va bien, elle se rend compte que la meute lui donne souvent bien des noms différents. Nout l'avait, un jour, surnommé l'Alpha en couche-culotte ou l'Alpha-môme tandis que certains l'appelaient simplement Alpha ou alors Élaine. Elle n'a pas d'exigences, son prénom lui suffisant amplement, peut-être que d'autres préfèrent mettre une distance en employant son rôle au sein de la meute comme diminutif. Elle se souvient alors rapidement de la voix de sa mère, douce et endormie, l'appelant du bout des lèvres. C'est fou comme un prénom ne sonne pas de la même façon selon la voix qui le prononce.

"Eh bien, aussi dingue que cela puisse paraître, une petite créature surgissant d'une neige à peine tombée m'a frôlé la patte, rendant chaque poil de mon corps aussi blanc qu'un ciel d'une saison froide."

Curieux, mais malgré tout réel. Elle n'a aucune idée ni explication concernant l'existence de ces bestioles, et elle a appris qu'un des leurs, Gabryël, avait également été touché par cette magie blanche. Elle soupira, légèrement impuissante face à cette incompréhension, elle ne sentait rien de spécial, juste un léger froid dans ses veines, seule la couleur de son pelage semblait modifiée. Élaine haussa les épaules pour chasser toute inquiétude.

"Je vous remercie de votre attention, je me porte comme un charme ! Et vous, comment allez-vous ...?"

Élaine se sent soudainement bête et ignorante, elle ne connait pas le prénom de celui en face d'elle, alors que lui connait le sien. Mauvaise Alpha, se dit-elle. Elle plonge alors son regard clair dans celui foncé de son interlocuteur. Il est d'une élégance brute et sauvage, son corps massif et musculeux lui donne l'allure d'un ours. La jeune (ancienne) brune songe alors qu'il ressemble à une effigie d'Aka, avec moins de poils, et au vu de la lueur rougeâtre qui brille avec panache à sa patte, elle se dit qu'il a bien choisi sa divinité. Elle le regarde, patiente et polie, heureuse de connaître un membre de plus de la meute, et elle s'interroge s'il ne souffre pas de tous ces clous enfoncés dans sa peau. Quoiqu'il en soit, une pointe de soulagement naît en son for intérieur d'avoir enfin mis la patte sur le croque-mort.

Une petite créature qui l'avait rendue toute blanche, raconta l'Alpha.
Ah.

Boïte à Clou ne sut pas trop sur quel pied danser, car le ton de la femelle de son âge était... transpirant de sincérité. Il n'aurait pas pu le résumer autrement : elle avait l'air aussi honnête qu'un louveteau qui aurait balancé spontanément sa dernière pensée. Il resta un peu circonspect d'une telle révélation mais ne put que la croire, ne voulut pas faire autre chose de toute façon. Il n'avait aucun intérêt à remettre en doute la parole de sa meneuse de meute, déjà par loyauté et parce que... C'était elle qui savait, c'était à elle que c'était arrivé, pas à lui. Le croque-mort hocha tout bêtement la tête, avec une moue à peine discernable, n'ajoutant pas de paroles, n'étant pas un grand bavard. Il se concentra plutôt sur la seconde question d'Elaine, qui lui retournait la politesse en cherchant à s'enquérir de son état. Ce à quoi le loup-balourd qui n'était pas un troubadour malgré le jeu de mot intentionnel de la part de la joueuse, émit un petit souffle simplet. Expressif, un léger mouvement de sa tête et de ses épaules qui se haussèrent un peu indiquèrent en plus de ses paroles à ce moment là que pour lui, et bien...

· Bôh... Beh la routine.

Aussi sobre qu'efficace dans le choix de ses formulations.
Néanmoins, comme c'était très court, même pour lui, et que ça ne renseignait pas tellement... Il reprit après une petite seconde t.

· 'Fin, ça va. 'Fait froid mais c'est calme, pis c'pas les macchabées qui m'enquiquinent.

Les vivants de toutes façons non plus, d'ailleurs.
Bien peu de gens se ramenaient pour venir râler sur le fossoyeur, généralement. Il n'avait d'ailleurs encore jamais reçu de plainte sur son travail, donc il estimait que ça allait et qu'il ne l'avait pas mal fait. Le grand loup qui comprenait mieux pourquoi l'alpha avait troquée ses couleurs contre une toile vierge resta un peu bête sur ses pattes une seconde ensuite, n'ayant pas grand chose à apporter à la conversation sinon. Il n'était pas poète comme elle et encore moins un extraverti sociable et ouvert. Ses yeux se perdirent autour d'eux, observant les rongeurs qui semblaient comme vouloir revenir, après qu'Elaine ai voulu les effrayer. Tous souhaitaient s'approcher et s'agglutiner derrière la femelle en face de lui. Une des souris faisait la fière, même, cherchant à se faufiler devant en faisant le tour. Malheureusement pour elle, elle rencontra la route de 'Clou qui bloqua la queue du dit animal sous une de ses pattes d'un geste instinctif. La petite chose grise couina vivement, vocalisant son effroi face à une éventuelle fin de vie. Mais tout ce que fit le grand dadet fut de la tourner pour l'envoyer dans l'autre sens.

Il mangeait à sa fin et voyait assez de morts par jours pour ne pas trop avoir envie de chasser.
Ou peut-être avait-il peur pas déformation professionnelle de finir par creuser une tombe à la souris.

Élaine

Élaine sourit, elle apprécie les lupins qui ne se perdent pas en phrase inutile, son ton est sobre, efficace, l'information est délivrée, basta. Il reprend alors la parole et Élaine l'écoute avec attention, les oreilles dressées sur son crâne en signe d'intérêt. Sans vraiment trop savoir le pourquoi du comment, la jeune Alpha apprécie le loup en face d'elle, il est concis, et une discussion avec lui ne sera sûrement pas inutile et embêtante. Bien qu'elle n'ait rien contre ceux (et plus souvent celles) qui se perdent en élocution teintée de plainte, de réflexions simples ou de constatation, son côté légèrement masculin, sûrement récolté par l'entraînement prodigué par son père pour devenir une combattante hors-pair, préfère la compagnie des mâles, moins loquaces, plus concrets. Elle sourit encore une fois, il a sincèrement de l'humour, et sa réflexion lui décroche un rire clair et fluet. Elle sait bien qu'elle risque de passer pour une potiche, mais elle s'en fiche. Fini le temps du manque de confiance en elle. Elle sait ce qu'elle vaut, ce qu'elle veut, alors qu'importe l'image qu'elle pourrait refléter. Elle suit alors du regard une souris aventureuse, attrapée par la patte de l'ours-lupin sans poil. Au lieu de la tuer ou de la torturer, il change juste sa direction, la petite souris se mit alors à couiner et partir se réfugier entre ses consœurs. Le nombre facilite la sécurité. Ces souris, autant que la meute des Etelkrus, puisent leur force dans leur nombre. Seule, une souris aussi grosse soit-elle ne pourrait venir à bout d'un loup adulte et normalement constitué. Mais des milliers pourraient déjà faire basculer le prédateur, inversant alors la chaîne alimentaire logique et cruelle. Élaine frissonne en regardant la foule de rongeurs, son don avait beau être passif, il en restait incommodant, mais à force, elle s'était habituée à être suivie tout le temps, partout, où qu'elle aille, par toutes les espèces possibles. Elle soupire et après un léger silence, elle se tourne à nouveau vers le grand loup.

"Dites, à ce propos, n'auriez-vous pas découvert deux louves ? Une adulte et une plus jeune."

Elle réfléchit, essaye de se souvenir à quoi elles ressemblent mais elle n'a croisé ces deux femelles que de vue, elle est incapable de décrire à la perfection leurs corps.

"Elles ont disparu des terres Etelkrus depuis plusieurs lunes, et avec le froid, je voulais vous demander."

Elle lève les yeux pour les plonger dans le regard noir de son semblable. Une mèche blanche se pose délicatement devant un de ses yeux, elle souffle et la fait voler pour qu'elle reprenne sa place. Elle attend patiemment, la jeune louve laissera le temps qu'il lui faudra pour se souvenir si oui ou non, il aurait vu ces deux femelles. Peut-être en voyait-il tant qu'il ne se souviendra pas. Elle songe un instant à lui poser un tas de question. Qu'est-ce que ça fait de s'occuper de ses congénères morts ? Est-ce que les Lazulis et les Nakhus ont, eux aussi, le privilège d'avoir quelqu'un pour s'occuper de leurs défunts avec honneur et soin ? Elle se tait, son éducation l'empêche de devenir lourde avec ses questions, elle attend, et une pointe de joie et d'excitation curieuse naît en elle. Elle est contente de parler avec un nouvel individu, surtout heureuse d'apprendre une nouvelle vie, un nouveau rôle au sein de sa meute. Elle frissonne une fois de plus et finit par s'asseoir, amenant sa queue entourer ses pattes, la colonne vertébrale droite et la tête suffisamment haute pour le regarder dans les yeux.

Elle avait un rire léger, agréable à écouter.
Le mâle voyait en sa camarade de meute, supérieure par le rang mais similaire par l'âge, quelqu'un de sympathique. De loin, elle avait eu l'air peut-être légèrement prétentieux qu'on se faisait des hauts-rangs, pour lui, surtout avec les plaques dorées qui ajoutaient à l'imagerie reluisante. Mais maintenant qu'il l'avait en face de la truffe, elle lui apparaissait juste comme ce qu'elle était. Du moins, il voyait en elle quelqu'un de simple, mais de sérieux. Et poli, aussi. Il se rendait bien compte que l'esprit se forgeait des idées toutes préconçues. Et qu'c'était nul, si on utilisait le vocabulaire du fabricant de tombes. Clou observa une petite seconde aussi le manège avec les souris et l'alpha qui en soupirait voilà une fois de plus. Blasée par son escorte, la femelle blanche faite hôte de ces pierres au lieu de bois, aurait visiblement bien troqué son ramage de fromage attirant dames les souris. 'Clou n'était pas le plus futé mais puis-ce qu'elle exprimait son exaspération à de multiples reprises, il ne pouvait que constater cela. Et en rire, un peu. Cela complétait le fait qu'il s'était décidément trompé sur son compte, et bizarrement cet agacement face à la gente rongeur lui seyait bien. Un léger souffle par le nez avec un relèvement léger de ses babines épaisses traduisit son amusement. C'était assez drôle à regarder.

Quand vint la question de la femelle, il fronça les sourcils.
Cela balayait le léger amusement qu'il avait pu manifester, certes, mais c'était pour faire place au plus grand sérieux sur son visage. La demande aurait pu sonner tout autrement dans un contexte normal, si la recherche avait été au temps du quotidien, de la vue de la veille. Mais 'Clou comprenait toute l'implication qu'il y avait dans le fait qu'elle s'adresse à lui, qu'elle parte du froid, l'emploi du terme disparition. Il y avait une dimension autrement plus funeste dans les mots concis de la femelle, ils en devenaient lourd, pesants de sens. Des gens qui cherchaient, qui erraient dans l'incertitude et l'inquiétude, l’abattement, il en avait eu. D'autres qui se demandaient où étaient leur défunts, conscients de leur sort, s'étaient adressé à lui aussi -notamment Karigan de leur clan- quelques fois. C'est pour cela que le croque-mort avait laissé place au sérieux, et qu'il était pleinement attentif. Ainsi qu'entièrement dévoué.
Il chercha immédiatement dans sa mémoire, fouillant dans les souvenirs des personnes dont il s'était occupé récemment. Comme un film, il se repassait des images, des accessoires, des couleurs, des morphologies. Des silhouettes multiples mais pas encore trop nombreuses pour qu'il ne s'y perde. Même si l'arrivée de l'hiver venait avec dans ses valises un peu plus de "clients" pour lui. Il ne lui sembla rien y trouver, mais il y avait un détail. Quelque chose qu'il énonça tout de suite à son interlocutrice pour ne pas laisser le silence trop durer non plus.

· J'pas eu ça mais... j'pas fait trop l'tour des terres après récemment.

Lui, il venait plus souvent quêter les âmes dans l'enceinte des roches, aussi.
Il agita les oreilles, un peu triste de ne pouvoir éclairer Elaine plus que ça. Il ne pouvait ni raviver l'espoir de retrouver ces disparus, ni couper court à cette petite flamme qui subsistait perpétuellement sans confirmation d'un décès. En conséquence, il n'était d'aucun apaisement et ça ne lui plaisait pas réellement.
Les mourants dont il s'était occupé dernièrement avaient plus été aux mains des guérisseurs pour des soins palliatifs que dehors. Surtout en hiver où tout le monde s'abritait plus à l'intérieur ! Mais il lui arrivait, aussi, de faire un tour d'horizon en collaboration avec les gardes pour voir si personne n'avait chuté, ou n'avait prit un mauvais coup de corne et ainsi perdu la vie. Ses amis gardes connaissaient mieux le terrain mais à force d'aider il avait apprit aussi les recoins insidieux dans lesquelles les gens se terraient pour trouver refuge quand ils étaient faible et à l'article de la mort. Alors, il reprit après une petite seconde.

· J'vais fouiller du coup, et j'vous tiendrais au jus.

Le ton calme et certain de sa voix indiquait presque une affirmation, plus qu'une proposition. La question ne se posait pas pour lui, puis-ce qu'il faisait le tour des fois, il n'avait pas eu d'intérêt récemment mais puis-ce que là il y en avait un, il allait y aller. C'était juste logique.

Élaine

Une violente bourrasque de vent hurle au loin, et une légère bise court le long des galeries reliant les tanières. Élaine sent son poil voleter, puis frissonne. Le froid lui mord les pattes à force de rester debout sans bouger, elle sent un frisson monter le long de sa colonne vertébrale quand le mâle lui répond. Elle soupire, mais pas contre lui, elle imagine bien qu'il n'a pas que ça à faire, il est poli et chaleureux, et son air se fait un peu plus grave, il l'écoute et Élaine a envie de lui dire merci d'être aussi bon, mais elle a appris qu'il était parfois mal-vu de faire des compliments, ils pouvaient être interprétés comme de la drague, et la jeune Alpha ne voulait pas le mettre mal-à-l'aise. Elle tourne la tête vers les souris comme en attente d'une réponse. Après tout, les gardes lui auraient sûrement dit s'ils avaient trouvé quelqu'un dans la neige. Elle reporte son attention sur le mâle et observe ses yeux noirs.

"Excusez-moi mon impolitesse mais quel est votre nom ?"

Aussi spontané que soudain, la voix cristalline d'Élaine résonne contre les pierres froides. Il la tiendra au courant, alors la jeune femelle n'aura rien à craindre, il sait sûrement où la trouver, mais elle espère qu'il trouvera quelque chose, que les choses soient claires. Si elles sont mortes, il ne restera que le deuil à faire. Si elles ont disparues sans laisser aucune trace, qui sait combien de temps elles mettront à revenir ? Et si elles avaient fugués délibérément ? Trop de questions se bousculent dans son crâne, elle souhaite les effacer mais aucune réponse ne peut lui apporter un réconfort. Elle regarde le sol, ses pattes blanches qui contrastent avec le gris froid du sol. Elle relève la tête et hésite à demander quelque chose. Elle n'a pas envie qu'il accède à sa requête seulement parce qu'elle est Alpha, elle vient le voir en tant qu'amie, même si, à ses yeux, elle n'a pas plusieurs casquettes, elle désire depuis sa nomination être une amie, une guide, une confidente. Elle répugne l'idée d'être chef autoritaire et très peu porté sur le social. Elle balance sa queue de droite à gauche, effleurant au passage quelques museaux de souris, et un petit rire sort de sa gueule. Elles sont rigolotes à se moquer à ce point d'elle, de leurs états de proie face à deux prédateurs. Rien que le mâle pourrait en écraser une à la simple force d'une patte, mais elles restent là, obnubilées par Élaine. Cette dernière ne sait toujours pas pourquoi elle est ainsi suivie, pour quelles raisons la Renarde lui aurait-elle confié ce merveilleux don d'attirer tous ces mammifères et ovipares ? Sa beauté n'est pas incroyablement éblouissante, son odeur n'est pas extraordinaire, rien n'explique que les petites bêtes la suivent.

"Accepteriez-vous que je vous accompagne lors de votre recherche ?"

Ses yeux verts d'eau le détaillent, elle veut se rendre utile, et à deux têtes, on réfléchit mieux, plus vite. Elle estime ne pas être trop agaçante, elle pourrait se faire discrète, le suivre, et elle en profiterait pour apprendre. Jusqu'à présent, elle ne traquait que les bêtes vivantes pour les tuer et les dévorer, lui devait traquer les morts. Et les cadavres ne bougent pas, ne parlent pas, ils sont sûrement pratiquement introuvables. Elle frissonne à nouveau, l'or de ses épaulettes est froid, et ses épaules ont du mal à se réchauffer à cause de la fraîcheur du métal poli. Il pouvait refuser sa demande, elle ne se vexerait pas, elle désire simplement l'aider, surtout que c'est de sa faute s'il se retrouve avec plus de travail sur le dos.

Il remarqua le frisson de l'Alpha, son poil légèrement secoué par ce spasme qui trahissait la sensibilité au vent qui s'était engouffré dans l'endroit, qui faisait rage dans le lointain. Lui avait sa couche de graisse, était moins sensible malgré le poil ras, aux températures, même s'il se revêtait en conséquences des fois. Alors il imaginait aisément qu'avec sa taille de guêpe, à part son pelage plus chaud que le sien, elle n'avait point plus de protections que cela. Peut-être qu'elle aussi avait des moufles ou quelque chose ceci dit ? Il eu une moue, l'entendit soupirer et poser les yeux sur les rongeurs autour d'elle. Désirait-elle en croquer une pour se faire un peu d'adipocytes ?
Visiblement non puis-ce qu'elle se retourna vers lui, et lui demanda son nom. Comme il n'aimait pas son nom réel, il s'apprêta à sonner son appellation courante mais aussi soudain que la demande avait été, Elaine était passée à autre chose. Balayant le nez des petites créatures derrière elle de sa queue, cette action lui arracha un nouveau petit rire cristallin. Un son aussi léger dans l'air qu'un petit volute de vapeur. Il quitta momentanément sa réflexion sur leur différence de constitution et sur son nom, pour darder ses yeux sur son Alpha avec amusement lui aussi. Plus attentif finalement à ce que faisait Elaine plus qu'à ses tergiversations un peu banales. La seconde question vint ensuite, sur le sujet de l'accompagner dans ses recherches. Rien que le principe de lui demander le laissa un peu dubitatif, mais pas dans le mauvais sens du terme. Il trouvait juste ça... inutile de demander. Car la réponse semblait évidente à ses yeux.

· Ouais ? Contrairement à pour son prénom, la réponse était venue au tac-au-tac. 'Fin vous m'dérangerez jamais, c'vous qui décidez.

Il monta les épaules, complétant le tableau que pour lui, cela ne poserait jamais problème et qu'il n'y avait pas besoin de s'encombrer des questions de politesse. Il était un gars simple, il respectait ses Alphas et leurs décisions. Loyal ? Sans doutes. C'était comme cela qu'on aurait pu définir ce grand loup aux muscles cachés sous son manteau adipeux. Puis, comme il avait répondu à la seconde mais pas à la première, il donna la clé de la première demande de la femelle aux teintes blanches temporairement.

· Sinon moi c'Boîte à Clou.

Voilà qui répondait aux questions de la demoiselle.
Et puis-ce qu'il avait donné son accord, qu'elle avait frissonné un peu, et qu'il valait mieux se mettre au plus tôt à la recherche des deux disparues, 'Clou se mit en marche. Il se douterait bien qu'elle le suivrait, cela ferait connivence sans doutes. C'était elle qui avait demandé de toutes façons, et il n'y avais pas plus de raisons de ne pas se mettre en route immédiatement. A part peut-être ce à quoi il avait pensé plus tôt.

· J'fais un crochet, v'voulez aussi une cape ?

Et oui, car il avait ses manteaux d'hiver. De quoi se protéger des températures et des chutes de neige !
Enfin, là, en l’occurrence, du vent qui soufflait fort. Et quoi de plus naturel que de proposer à l'Alpha qui avait grelotté.

Élaine

La jeune femelle garde son regard sur lui, il paraît gêné et Élaine s'en veut pendant quelques secondes. Elle baisse le regard, confuse d'avoir peut-être éveillé quelques douleurs que ce soit. D'un coup, sa voix retentit à nouveau, elle lève les yeux et sourit, heureuse qu'il accepte. Enfin, qu'il ne dise pas non. Une de ses oreilles penche un peu, et une chaleur diffuse se répand dans ses joues. Puis il dévoile enfin son prénom, du bout des babines. Elle reste un instant béate, répétant dans son crâne son prénom. Boîte à Clou. Étrange. Quoique, qui est-elle pour juger un prénom bizarre ? Elle le regarde et fronce les sourcils, dubitative. Est-ce qu'il s'appelle Boîte à Clou suite aux clous sculptant son visage ? Ou alors a-t-il décidé de se nommer ainsi à cause de ça ? Est-ce qu'un lion à l'œil balafré s'appelle Scar à cause de la cicatrice ou est-ce le prénom donné à sa naissance et donc un prénom prémonitoire ? Trop de questions se bousculent dans la tête de la jeune Alpha, si bien qu'elle n'a pas vu Boîte à Clou s'éloigner. Elle se relève en sursaut et le suit d'un pas rapide, il est plus grand qu'elle mais son pas est allongé, elle le rattrape aisément. Elle se rend compte avec enthousiasme qu'elle ne lui a rien répondu, mais le silence n'est pas gênant ni pesant et Élaine apprécie cette simplicité. D'un coup, il lui demande si elle désire une cape. Étonnée, elle redresse sa queue qui se balançait à quelques centimètres du sol.

"Eh bien, si je ne vous prive pas, je veux bien, je ne sais pas pourquoi j'ai si froid en ce moment."

Elle continue de trotter, s'arrête quand Boîte à Clou s'éloigne, sûrement pour aller chercher les capes. Elle sourit en le regardant partir, elle n'a jamais pensé à mettre un manteau sur ses épaules et elle se sent bien bête. Elle regarde au loin et s'approche de la petite sortie qui donne sur l'extérieur, sur la cour intérieure du Castel. Au loin, dans la neige, elle voit deux louveteaux s'amuser à constituer un louveteau de neige. Elle plisse les yeux et reconnaît les petits de Korra, ses neveux. Élaine sourit, et d'un coup, une violente bourrasque fait voler les petits poils des enfants. Elle remarque que sa petite sœur sort en trombe de nulle part, attrape ses petits d'un air affolé et rentre dans une des galeries du Castel. Avec une pointe d'amertume, elle regarde le petit bonloup de neige qui perd sa tête, roule plus loin, poussé par le vent violent. Elle regarde dans la direction où Boîte à Clou est parti, et elle espère que là où ils iront, le vent ne sera pas si violent. Elle hausse les épaules, son esprit se libère de toute crainte. Qu'il vente, qu'il pleuve, qu'il neige, Élaine se doit de braver les Dieux pour espérer retrouver les petites disparues. Elle reste droite, sa queue balayant l'air derrière elle, le regard posé sur le louveteau de neige qui se décompose avec tristesse.

Réponse positive, c'était donc parti.
Il ne fit pas de commentaire sur le reste de ses mots, mis à part sourire légèrement. Lui qui s'était fait la réflexion qu'elle n'était guère plus épaisse qu'une allumette devait avouer que ça ne le surprenait pas vraiment. Enfin, peut-être qu'il se trompait après et que cela avait lien avec sa rencontre mystérieuse avec ce petit être qui l'avait rendue couleur de neige. Il n'en savait rien, et n'en saurait rien sûrement. Il passa à autre chose en la laissant pour aller attraper donc ses vestes. Il observa derrière lui le temps de s'éloigner, après qu'elle ai cessé de regarder dans sa direction. Un peu de temps, l'occasion de la voir fixer au-dehors avec un sourire. Il tourna la tête et s'absorba à sa tâche, trottinant dans les galeries de pierre. Une fois dans sa tanière, il s'entoura d'une cape et attrapa la seconde qu'il possédait en gueule pour mieux repartir. Ce serait plus pratique que de porter les deux à la fois, comme elles étaient grande, elles pesaient quand même un peu leur poids !

Il ne fit pas vraiment de pose et décolla presque tout de suite pour faire le chemin inverse, endurant.
Il arriva silencieusement pour retrouver Elaine regardant toujours au-dehors, mais dans une pose plus droite. Avec un air perdu, peut-être légèrement dérangé, sans comprendre. Il n'avait pas vu le balai de Korra ramenant ses petits. Mais son expression suffit à le faire s'arrêter un peu en retrait, et lui rappela qu'il y avait la tempête, là dehors. Et que la situation était néanmoins triste. Il supputait inconsciemment simplement qu'elle s'inquiétait encore. Il aurait presque pu oublier, car l'ambiance avait été un peu plus calme, entre deux pensées et paroles un peu stupides à propos de son nom ou de la physionomie de son alpha. Il laissa ses yeux dardés sur elle, le temps d'un battement de cil un peu contemplatif, et finalement reprit sa route pour s'approcher.
Sans rien dire, puis-ce qu'il était déjà vêtu lui, il posa la cape directement sur les épaules de la femelle aux plaques d'or.
C'était une cape de cuir noir, doublée à l'intérieur de laine pelucheuse. Un cuir propre, bien pratique car étanche pour éloigner les gouttes ou les flocons, et une laine épaisse et chaude qui permettait de braver de bien s'isoler de la matière noire bien plus froide. Une large capuche pour bien se couvrir sans trop aplatir ses oreilles et ainsi bien entendre, et le tableau était complet. Évidemment, pour El', elle était bien trop grande, vu la différence de taille. Mais c'était un peu cocasse.
Il avait une envie intrinsèque de remonter un tantinet son moral donc il se permit une boutade.

· Essayez d'pas vous noyer d'dans.

Avec un très léger ricanement, presque indiscernable, Clou finit par observer dehors à son tour.
Le vent faisait ce qu'il savait mieux faire, à savoir venter, et les flocons tombaient un peu sauvagement. Le croque-mort mit l'ample capuche, d'un air décidé. Ce temps ne lui faisait pas vraiment peur. Il se faisait un petit plan, un chemin en tête, passant en revue mentalement les endroits les plus à risque non-loin, et puis plus lointains. Optimiser leur route pour ne pas trop s'épuiser et en voir le plus possible en une seule sortie lui semblait plus judicieux. Passer d'abord par les montagnes, les ravines les plus dangereuses et ensuite voir les bois... Hmn. Dès qu'il eu terminé sa cartographie en prenant en compte le temps actuel, il tourna la tête vers Elaine.

· Prête ? demanda t-il en dernier, attendant son top départ pour partir d'enfoncer dans la neige, et les terres de Punk Wolf couvertes de neige.

C'était s'assurer une dernière fois qu'elle voulait bien le faire, voir si elle tiendrait mentalement le coup aussi. Une précaution pour bien faire équipe avec son acolyte du jour. Il donna d'ultimes recommandations qui sonnaient également comme des questions, pour un accord, une dernière préparation avant d'y aller. Se remémorer les règles de base.

· On s'lâche pas des yeux et on se sépare pas. Et j'passe devant ?

Élaine

Élaine sent le vent qui ébouriffe ses poils, et quand Boîte à Clou revient avec une cape qu'il dépose sur son dos, elle frémit de plaisir et de soulagement, la cape de cuir fin, doublée de laine, lui apparaît comme un cadeau des dieux. Elle sent une chaleur réconfortante l'envelopper, et surtout, le vent ne l'agresse plus, elle ferme les yeux quelques instants, profitant de la douceur de la cape et note dans sa conscience qu'il lui en faudrait une comme ça. Quand Boîte à Clou lui lance une vanne, elle ne peut s'empêcher de mêler son rire cristallin au ricanement du mâle au poil ras presque inaudible. Elle le regarde d'un air plus tendre, il lui apparaît comme un grand mâle un peu maladroit, il paraît, aux premiers abords, agressif, presque méchant avec sa carrure musculeuse et ses clous dessinant son visage, mais à présent qu'elle lui a parlé, elle le trouve immensément gentil, et d'une douceur brute. Elle sourit quand il lui demande si elle est prête, elle se lève et secoue un peu son derrière, sous les mouvements latéraux de sa queue. Elle se sent toute excitée de sortir sous la neige, accompagnée de Boîte à Clou, elle se sent l'âme d'une enfant qui part à la recherche d'un trésor perdu. Mais la réalité la rattrape bien vite, ils ne partent chercher que deux disparues, peut-être même deux cadavres. Elle sourit faiblement, regarde dehors la neige qui tombe en petit tourbillon.

"Prête."

La jeune alpha hoche la tête à ses recommandations, elle ne le lâche pas des yeux et elle ne doit pas se séparer de lui. Elle sourit et hoche encore la tête, acquiesçant sans soucis. Qu'elle soit alpha ou non, il connaît son métier, il sait ce qu'il fait et Élaine n'a pas les capacités pour faire tout ça. Elle s'élance alors à la suite de Clou, la cape du mâle volette derrière lui, son pelage blanc, elle se fond dans le décor. La neige mord ses fines pattes, ses coussinets s'enfoncent dans l'épaisse couche de poudreuse, le vent souffle mais la cape de cuir l'isole de toute brise. Elle sourit, les yeux plissés pour éviter que des flocons de neige s'immiscent dans ses yeux. Avant de partir pour de bon, elle s'arrête au niveau de Boîte à Clou et d'une voix douce, elle lui intime un merci tout près de son oreille, le vent sifflant plus fort que sa voix. Elle le laisse marcher et se glisse derrière lui, le suivant de près, obéissant à la lettre. Ils s'enfoncent tous deux dans la neige, l'abysse virginale les engloutit avec facilité, même leurs traces de pattes laissées dans la neige s'effacent doucement. Deux silhouettes, proches l'une de l'autre, partant à la recherche d'éventuelles mortes.