Juste pour rire [LIBRE][Ft Anie & Quartz & Thalion]

« Juste pour rire »
Ft Anianka & Quartz [Libre]

Première nuit de vadrouille pour le nouveau garde Etelkru. Thalion était fier de lui, il portait enfin la couleur du grand Grizzli. Il se sentait plus fort, plus robuste. Le souvenir des yeux admiratifs de ses parents lorsqu'il leur a montré ses beaux bois lumineux ne cessait de quitter ses pensées. Il était heureux, heureux comme un enfant. Mais il n'en était plus un, il était un mâle adulte maintenant, un dur de dur ! A cette pensée, il fronça les arcades sourcilières d'un air robuste, dressant les muscles de sa poitrine. Quel pouvoir Aka lui avait-il donné ? Il était impatient de le découvrir.. Il s'imaginait toutes sortes de choses, parfois sottes, parfois un peu trop surréalistes.
Il continua sa ronde, pensif, un sourire niais collé aux babines. Il devait protéger les siens désormais, fini les chasses aux crapauds. Bientôt, il devra fonder sa propre famille lui aussi. Etait-il seulement prêt à séduire une femelle ? Con qu'il est, qui voudrait de lui ? Seules ses soeurs et sa mère pouvaient voir la générosité de son âme et l'amour débordant de son coeur. Il en avait rencontré plusieurs des demoiselles, mais il n'avait jamais vraiment pensé à en séduire une. Il repensa à son oncle, Gloriel. Il n'est pas très à l'aise avec les femelles lui non plus, peut-être pourra-t-il le conseiller ?

Un bruit interrompit ses pensées, il s'arrêta et tourna la tête derrière son épaule, inquiet. Avait-il oublié quelque chose ?

La nuit était bien entamée lorsque la jeune séductrice et son compagnon squelettique débarquèrent devant les frontières Etelkrus. Ils avaient franchis le territoire Nakhus sans encombre, se fondant dans la brume nocturne comme des ombres. Anianka savait parfaitement où mettre les pattes pour éviter de se faire repérer, ce chemin là, elle l'avait fait de nombreuses fois étant gamine. Son sourire n'avait pas quitté ses babines de tout le trajet, ses prunelles ambrés s'animaient d'une excitation presque effrayante. Quartz allait-il vraiment prendre des risques comme il le disait ? Elle n'en était pas si sûre, mais la réponse se ferait vite savoir..

Ils s'arrêtèrent derrière un tronc assez large pour les dissimuler tous les deux. Anianka observa le camp opposé de loin, yeux plissés. Un garde leur tournait le dos, s'éloignant de l'autre côté. Il était seul, et elle reconnut sa silhouette épaisse, sa chevelure grisée.. Il s'agissait de Thalion, ce bougre de Thalion. Anianka l'avait déjà vu, il était parfait pour la situation. Le rouge de son glowstick illumina son dos et Anianka sembla surprise, il avait donc réussi son épreuve cet idiot. Aka serait-il devenu trop gaga pour refuser un disciple handicapé ? Ses babines s'étirent de plus belle, cela la faisait bien rire.

Es-tu prêt, mon cher ami ? Questionna-t-elle au fantôme disparu dans le noir de son ombre.

Ou préfères-tu peut-être te dégonfler et rentrer à la maison...  

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre et s'avança a découvert en direction du jeune hybride, se trémoussant de sa démarche féminine. C'était à elle d'ouvrir le bal en attirant son attention. Arrivée en face du garde, elle lui tourna autour et l'orienta de sorte qu'il soit dos a la forêt et au fantôme.

A toi de jouer maintenant..

"Tiens, tiens, mais qui voilà ?"

La voix émergea de la nuit, comme émanant d'une lumière rouge qui se déplaçait non loin, avant que son porteur ne sorte de l'ombre. La haute silhouette d'Athelstan se dessina à la lumière d'un croissant de lune, les cheveux tirés en un chignon négligés sur son crâne et l'allure sèche. Les stigmates de la famine étaient bel et bien présents sur son corps et en avaient éliminé toutes les allures courbes de sa silhouette, qu'il tenait de sa mère. Tout en muscles noueux et la tête redressée, le guerrier Etelkru s'avança vers les deux jeunes loups qui se faisaient face. Il n'ignorait pas qu'il s'agissait là de la première vraie ronde du nouvellement disciple d'Aka Thalion, et avait décidé de faire un petit crochet pour s'assurer que tout se passait bien. Les derniers événements avaient secoué toute la meute, et il pardonnerait un peu de distraction. Il avait donc emprunté la sente qui menait aux Dents du Roc avec l'idée d'une petite patrouille un peu moins solitaire, et éventuellement d'une conversation sympathique. Mais l'odeur discrète et pourtant bien repérable d'un envahisseur l'avait fait tiquer lors d'une violente bourrasque de vent. Visiblement, son odorat ne lui avait pas fait défaut.

"Voilà un moment que nous ne t'avions pas vue par ici, jeune dame Anianka." Lança-t-il à la louve en s'arrêtant près de Thalion, la chaîne autour de son poitrail cliquetant légèrement.

Sa disparition, tout comme son apparition dans la meute, avait été fort remarquée. Enfant illégitime de la prêtresse Noroi, elle et sa soeur avaient créé quelques vagues au sein du clan à leur naissance. Une affaire qui avait marqué la meute et ses dirigeants tant il avait été délicat de trancher sur la bonne conduite à adopter. Quoi qu'il en fut, Anianka avait finalement quitté la meute à l'âge où elle aurait dû passer son épreuve de glowstick. Les effluves que transportaient son pelage laissaient assez peu de doute sur l'endroit où se trouvait sa nouvelle famille désormais.
Et qui, malheureusement, faisaient qu'elle n'était plus vraiment la bienvenue en ces terres.

De points oranges se tournèrent en sa direction, et il comprit seulement en les voyant grossir qu'il s'agissait d'une paire d'yeux. Au fur et à mesure qu'elle s'approcha dans la nuit, Thalion découvrit sa silhouette gracieuse et élancée. Comme une ombre, il ne pouvait voir que ses contours féminins et ses iris perçantes. Grâce à la lumière de son glowstick, il put percevoir le sourire acéré de la demoiselle qui tournait autour de lui. Il déglutit péniblement en se sentant prit au piège comme une proie, puis il se remémora les paroles du Grizzli et adopta une position plus confiante, oreilles dressées et muscles bombés. Il se tourna pour éviter d'être dos à elle, un air farouche collé au visage.

Qui êtes-vous ? Questionna-t-il de sa voix grave qui se mua en un étranglement étrange, trahissant sa gêne.

Il se racla la gorge pour chasser sa timidité, puis un frisson lui glaça le dos lorsqu'un souffle froid se glissa le long de son cou. Ses oreilles tressaillirent, était-elle un démon ? Une sorcière ? Peut-être même les deux. Mais son sourire carnassier était irrésistible, son regard le clouait sur place. Il se sentait envouté, enfermé, incapable de dévier le regard.
La pression était telle que la voix qui émergea de l'obscurité le fit sursauter. Il s'agissait de son oncle, Athelstan. Il tourna ses iris reptiliennes sur le brun et blanc et le salua d'un sourire convivial.

Anianka ? Ce nom lui disait quelque chose, il fixa la femelle en face de lui un moment puis ses iris s'écarquillèrent. Cette gamine était devenue une belle adulte ! Quelle métamorphose.. Il ne l'avait même pas reconnue. Quel idiot ! Il avait bien envie de se foutre un coup de patte dans la truffe.

Il se plaça aux côtés de son oncle qui prenait une attitude beaucoup plus sévère que lui. Il tenta de l'imiter, reprenant son air farouche de départ.

Voyant son compagnon approcher derrière le garde du coin de l'oeil, un sourire amusé découvrit ses dents pointues, ses prunelles ambrés ne perdant rien du spectacle. Rien sur son visage ne trahissait l'arrivée du fantôme, Thalion semblait totalement hypnotisé par son charme enchanteur. La poitrine, la queue ainsi que le museau fièrement dressés, elle montrait une assurance inébranlable.
Une voix l'interpella, sortie tout droit de la nuit. Elle tourna le museau vers le porteur et devina les traits d'Athelstan, un autre garde parenté à l'idiot reptilien. Elle remua sa queue avec raffinement, attendant qu'il s'approche sans mot dire.

Bien le bonsoir, messire Athelstan. Salua-t-elle brièvement d'un mouvement du corps avec son sourire malicieux.

Effectivement, je venais rendre visite à ceux qui me sont encore chers. Répondit-elle en le piquant de son regard ambré, indifférente à la froideur de leurs yeux.

Quartz était reparti se cacher, était-ce de la peur ou de la stratégie ? Elle espérait que le fantôme ne l'avait pas abandonnée. Après tout, le jeu ne faisait que commencer..

La nuit était tombé depuis un moment. Ayant des difficultés à trouver le sommeil ces derniers temps, Alys était sorti de sa tanière, clope au bec. Cela faisait un moment qu’il n’avait eu l’occasion de pouvoir fumer tranquillement sans crainte que cela n’affecte Siam. Le gamin avait bien grandi. Au fur et à mesure que ses pas le guidèrent loin du camp, Alys aperçut plusieurs silhouette. Techniquement, seul Thalion était de garde, alors que faisait donc son frère aîné Athelstan et Sly ? Et pourquoi y avait-il une louve avec eux. L’odorat brouillé par ses cicatrices, Alys ne parvenait à déterminer le clan de l’individu. Aussi, il s’avança, désireux de savoir pourquoi il y avait autant de monde et là, le disciple de Dairo se figea. Anianka. Que faisait donc la bâtarde de Noroi et Morrow ici ? N’avait-elle donc pas compris que sa présence n’était pas désirée ? Dévoilant légèrement ses babines, l’Etelkrus salua tout de même ses compagnons de clans avant de poser ses prunelles vairons sur la jeune louve.

« — Anianka. Est-ce de la provocation ou de la stupidité de revenir ici ? Je pencherais plutôt pour la deuxième option. »

Bien que l’idée de la provocation n’était pas à omettre. Du peu que Alys avait pu constater chez Anianka durant son court séjour parmi les Etelkrus, c’était une gamine à forte tête. Cela venait-il de chez Morrow ? Peut-être bien, le bêta ne s’était pas posé la question et il n’en avait clairement rien à faire. Il avait assez à s’occuper sans devoir en plus tenter de comprendre les traits de caractères de chacun. Les paroles de la gamine tiquèrent à ses oreilles. Personnes qui lui étaient chères allont bon ! Elle serait montrée plus discrète.

« — Les traîtres ne sont pas le bienvenue en nos terres, ta chère mère Lazulis ne te l’a pas encore enseigné à ce que je vois… »

EZHEKIEL

La fraîcheur toute relative qui accompagnait la demie noirceur de cette nuit d'été m'avait attiré comme la lumière attire les insectes. Mon corps réclamait sa dose de défoulement, de relâchement et d'épuisement. Alors j'avais répondu à cet appel qui susurrait des promesses de chasses alléchantes à mes fines oreilles. J'avais abandonné notre couche, laissant Joli Cœur se reposer tranquillement tandis que je quittais ce château naturel.
La furtivité m'enveloppe, et je me dérobe avec l'agilité et la rapidité qui avaient su plaire à mon Dieu. Mon pas s'allonge, mes muscles se bandent et me propulsent en avant, ivre de cette joie insouciante liée à la liberté que je ressens. Cela fait tant de bien, après tout ce que nous avions vécu, d'avoir la possibilité de courir sans avoir un but funeste qui nous attend au bout. Et puis je l’aperçois, ce petit être aux longues oreilles sur lequel mon regard d'or s'accroche. Mon attention se rive sur la tâche qu'on ne discerne que peu avec l'avancée de la nuit, mais il est désormais mien, la sentence va être prononcée. La poursuite, l'odeur métallique de l'hémoglobine, la plaisir du liquide épais qui coule dans ma gorge. Rassasié.

Les pattes boueuses, le museau ensanglanté, je mets de côté l'image que je dois renvoyer au monde. La bête, l'ancien Séide et l'assassin sont de sortie ce soir, loin du regard des âmes que je mène la journée. J'ai la sensation de retrouver une partie de mon être qui, même si elle ne disparaît jamais, passe son temps à être bien scellée. L'obscurité est mon berceau, je me sens libéré des chaînes que je traîne au quotidien, aussi décidais-je de continuer ma ballade nocturne.
Je ne compte plus le temps qui passe, me contentant d'explorer ces Terres qui m'ont vu naître, et qui ont tant muté avec le cours des événements. Quelle désolation. Bien que la pluie reprenne ses droits régulièrement, le spectacle qui nous est offert du paysage est dramatique, et je ne parle même pas des réserves de nourritures qui se sont amenuisées au point que nous pleurions encore certains des nôtres. C'était tellement frustrant de ne pouvoir défendre les siens et trouver des solutions lorsque tout s'effondre.  

Je suis tiré de mes réflexions alors que je foule les Dents de Roc, en apercevant au loin un petit comité. Un grondement sourd s'élève de ma gorge en voyant cet attroupement. Je n'ai plus confiance en ces rencontres nocturnes, et je sens ma vieille et chaleureuse colère s'élever en moi. A qui appartiennent ces masses indistinctes ? Les nôtres ? Des étrangers ? Je suis trop loin pour que mon odorat ne me permette de les identifier, alors je dévie ma route dans cette direction. Mes coussinets fouettent la terre, dans un petit trot agressif et je ne me détends qu'en identifiant les acteurs de cette réunion. En revanche l'odeur de la gamine m'horripile. Sale petite ingrate impudente. Une épine qui s'était ôtée d'elle-même, je ne pensais pas avoir à la recroiser si tôt. Et un sourire ironique faillit s'afficher sur mes babines en pensant à l'image cauchemardesque que je devais renvoyer entre ma crasse, mes poils hirsutes et le sang sur mes babines. Ajoutez à cela le comité d'accueil qu'elle avait eu la chance de rencontrer, et je pense qu'elle ne devrait pas être très avenante durant cet entrevue. Une fois arrivé, ma voix profonde résonne, tandis que je salue mes congénères.

« - Etelkrus bonsoir à tous. Comment vous portez-vous en cette douce nuit ? Et Anianka... Quel déplaisir de croiser ton chemin sur ces terres. »

Je m'approche d'elle en inspirant profondément et en m'imprégnant de cette odeur irritante, ignorant les convenances alors que le chasseur est encore aux portes de mon âme. Je fais un tour de sa personne, constatant qu'elle avait grandi en ce qui me paraissait être bien peu de temps. Puis je m'éloigne bien vite, me plaçant à côté de mon bêta. J'avais envie de lui faire du mal, sans plus d'argument pour le rejet dont elle avait fait preuve vis-à-vis de la meute. Cette petite impure, bâtarde Lazulis et Etelkrus dont Elaine avait tenté de sauver la mise et la vie. J'aurai du m'écouter, nettoyer le problème à la source. Et loin de ma douce, j'avais du mal à trouver les raisons qui m'avaient poussé à tolérer leur existence, exact opposé aux croyances des anciens mœurs auxquels nous tenions. Mais en présence de tant d'individus, je ne pouvais me permettre de lâcher la bride de mon sadisme et de ma folie cachée. Frustrant

Et alors que mon regard accrochait une lueur ténue au couvert des arbres juste dans le dos de la jeunette, la surprise calma l'envie de sang. Une forme indistincte réveilla en moi de lointains souvenirs, et plus je me concentrais sur cette tâche de plus en plus nette, plus cela ravivait les scènes : la carcasse sur ma truffe, les cailloux dans mon pelage... Diantre que cela remontait. Un étrange sentiment de soulagement m'envahit quand je pus fixer le fantôme dans les yeux. Ainsi il était toujours de ce monde. Il avait été ce que j'avais eu le plus proche d'un ami, bien que le terme correspond assez mal à ce que je ressentais à l'époque. Un lien tout au plus m'avait uni à Quartz dans ma jeunesse, mais cela faisait des années que son nom ne m'était pas revenu en tête. Je ne dis rien, me contentant de le fixer, avec un léger sourire en coin. Son manque d'activité dans cette partie me surprenait, lui qui appréciait tant perturber les non croyants.

Quelle rencontre nocturne étrange et intéressante.    

Finalement, ce qui aurait pu être une simple soirée en duo avec son neveux s'avéra bien plus chargée en autres lupins. Il vit l'attitude de Thalion changer légèrement lorsqu'il fut près de lui, et se sentit encore davantage impliqué dans l'espèce de mission qui consistait plus ou moins à lui donner un exemple. Sa famille, bien que déchirée, était désormais follement étendue et il était de son devoir de veiller sur chacun de ses membres. Le douloureux souvenir de sa dernière rencontre avec Anastasia lui revint une ombre brève passa dans son regard. Les mots échangés avaient été durs, la sentence de son choix de rejoindre Elaine sévère. Petits, ils avaient tous les trois été proches - tous les quatre avec Brienna - et il avait sciemment choisi de rejoindre l'une plutôt que l'autre. Le choix avait été compliqué, mais il devait être fait. Cela faisait longtemps désormais, mais les vestiges de ce jour où leur sang avait été scindé demeuraient encore, avec les deux aînées à la tête de chacune des meutes.

Anianka lui répondit sans se démonter, avec une sorte d'arrogance qu'il ne lui reconnaissait pas vraiment. Mais les gens changeaient avec le temps, et le temps avait visiblement fait son effet.
Avant que l'un ou l'autre des présents n'ajoute quoi que ce soit, une autre silhouette sortie de l'ombre, portant cette fois-ci les effluves familiers des Etelkrus, tout comme ceux de sa famille. Le grand Alys émergea des ténèbres et leur adressa un salut rapide, avant de retrousser les babines en direction de l'intruse. Athelstan eut la pensée presque amusée que le tout allait tourner à la réunion de famille si cela continuait de la sorte. Il éprouvait de la fierté à voir que son frère et son neveu semblaient partager ses valeurs, celles que portaient le sang des Chevaliers. Même si Anianka n'affichait aucune réaction un tant soi peu effarée, elle devait sans doute faire chauffer son encéphale pour remettre en question sa petit intrusion sur les terres de son ancienne meute. Elle lui avait répondu qu'elle était venue visiter des êtres chers, mais quels êtes restaient-ils à cette louve qui leur était aussi étrangère d'odeur que de caractère désormais ? Seule son apparence pouvait encore la faire reconnaître du groupe qui l'avait élevée, de son avis.

Et soudain, une autre odeur vint s'ajouter à celles des présents. Une odeur qui inspirait l'assurance autant que le respect au guerrier, et qui lui fit tourner la tête de nouveau vers la nuit. La voix en surgit avant la silhouette sombre. Ezhekiel. Peu réputé pour la chaleur de ses propos, il affichait une mine féroce et il émanait de lui une aura presque sombre. Il avait le poil hirsute et les yeux glacés. Athelstan répondit à son salut du'n mouvement de tête et suivit ses mouvements du regard. Jusqu'à ce qu'il ne fixe un point soudain dans la nuit, où rien ne semblait se tenir.
La venue de l'alpha incita le fils de Méléagant et Winnifred à rester silencieux. Il se contenta de darder sur la jeune louve un regard impénétrable.

Joli Cœur ne dormait pas. Elle avait fini par se lever, ne sachant trouver le repos tant ses pensées étaient agitées. Tournant tantôt vers ses parents décédés, puis vers sa fratrie séparée, elle ne trouvait de réconfort qu'en méditant sur sa relation avec Ezhekiel. Elle avait perdu beaucoup, mais au final, gagné plus. C'était la vie, certains mourraient, d'autres, comme elle, vivaient. Et Élaine voulait vivre purement et simplement. Quelques instants après qu'Ezhekiel l'ait quitté, elle finit par partir se balader, dégourdissant ses pattes longues et élégantes. Elle ébroue sa fine fourrure et se dirige d'un pas serein vers les Dents du Roc, trouvant silence et apaisant au sein des hauts conifères. Elle en profiterait sûrement pour déposer une offrande au Grizzli, et un regard vers sa horde habituelle de lapins, écureuils, souris et autres rats, elle sait qu'il ne sera pas trop difficile d'en avoir un. Le Bois est calme, la nuit si avancée que seule la lueur du quart-de-lune accroché au velours de son collier éclaire ses pas. De multiples odeurs se mêlent à celle de la résine séchée, du lichen envahisseur, des proies fuyantes et discrètes. Celle de son compagnon lui parvient, ses babines esquissent un sourire, puis celle de ses frères, de son neveu, Thalion, puis... des Lazulis ? Elle se stoppe, hume l'air et se met à trottiner vers la source du ballet de parfums.

Quelle surprise de voir cette réunion nocturne. Athelstan, Alys, Thalion et Ezhekiel sont bel et bien là. Elle sent également l'odeur de Sly, mais ne le voyant pas, elle en déduit qu'il a du passer par ici. Elle s'avance, et finit par se glisser entre Alys et Ezhekiel. Elle sent la nervosité ambiante, l'agressivité refoulée de son mâle et d'Alys. La tête haute, elle regarde l'intruse. Anianka. Elle soupire profondément. Qu'est-ce que cette louve vient faire ici ? Malgré la décision des alphas de les garder jusqu'à ce qu'elles soient en âge de choisir leurs clans, il faut croire qu'elle a décidé de partir, pour mieux revenir. Tâchant d'être la tête froide du couple, elle se contrôle, respire profondément et d'une voix faussement douce, elle interroge.

"Que ce soit simple provocation ou réel désir, tu n'as pas à te balader sur ces terres comme si elles étaient tiennes. Les nôtres sont tolérants de ne pas t'avoir arrêté sur le champ. Si tu voulais voir les tiens, tu aurais du te présenter là où la meute vit, et non vadrouiller comme une voleuse."

Elle plante ses yeux verts clairs dans les siens, et elle semble y voir une tempête indéfinissable. La jeune louve ressemble tant à sa mère que ça en est presque déstabilisant. Élaine sait que la jeune est là par provocation, par plaisir de semer le trouble, peut-être même de se montrer et d'attirer l'attention. Elle ressent alors presque de la pitié pour la rouge devant elle. Si seulement elle avait une vie plus normale, un amour maternelle peut-être plus présent, ou alors tout simplement des responsabilités, elle ne serait pas là à embêter les honnêtes lupins de garde. Elle regarde doucement les siens, et ses yeux changent. A la vue d'Alys et d'Athelstan, son regard se fait infiniment plus doux et tendre. Thalion gagne également un regard de tendresse. Mais le gagnant reste Ezhekiel, les prunelles de la jeune alpha brille d'un amour fabuleux. Elle reporte son attention sur l'intruse, et plus loin, elle aperçoit une masse presque fluorescente, elle plisse les yeux, curieuse, mais finit par abandonner.

"Je te prie de quitter de suite les lieux, et de ne plus revenir de la sorte. La prochaine fois, ça ne sera pas une discussion que tu obtiendras."

Elle la regarde d'une manière calme et sereine. Elle n'a nullement peur, elle voudrait juste éviter de devoir engager les siens à se battre inutilement. Mais si la rouge oppose résistance, elle n'hésitera pas à se battre pour la virer à la force de ses crocs hors des terres Etelkrus.

L'attente ne fut pas bien longue avant qu'un autre garde débarque, l'odeur des Etelkrus empestait l'air. Elle reconnut les formes des grandes plumes d'Alys dans le noir, jusqu'à ce qu'il s'approche assez près pour qu'elle discerne ses couleurs, ses yeux et puis sa longue tresse. Ses babines se retroussèrent en un sourire plus large et elle dévoila ainsi de parfait crocs blancs.

Moi aussi je suis ravie de te voir, Alys. Répondit-elle d'un air amusé.

Elle passa sa langue sur ses babines et se mit en marche, tournant autour du bêta dans une démarche silencieuse et sensuelle. Son corps semblait couler sur le terrain à la manière d'un renard, lui conférant une aura incroyablement charmante mais aussi quelque peu menaçante. Sa queue relevée lui donnait une posture dominante, malgré la menace des regards masculins qui l'assaillaient. Elle s'arrêta et releva les oreilles lorsqu'une voix particulièrement hostile émergea de la nuit.
Son regard sembla s'illuminer, tandis qu'elle observa l'arrivé de l'inconnu. Ezhekiel.
Strike ! En plus de son larbin, Anie avait réussi à attirer ce gros ours mal léché. Quelle belle surprise, deux pour le prix d'un. Fière d'attirer autant l'attention, elle releva dignement la poitrine et coula un regard amusé à son camarade de jeu, toujours tapis dans l'ombre.

Son visage reprit une mine sérieuse lorsqu'il fut assez près et elle inclina le museau respectueusement. Le museau encore dirigé vers le sol, un sourire mystérieux se forma discrètement sur le coin de sa babine, aussitôt disparu lorsqu'elle releva la tête.

Déplaisir partagé, Ezhekiel. Ironisa-t-elle en lui souriant.

Il avait vieilli et grossi. Il n'était plus aussi menaçant qu'autrefois, quel dommage pour l'inquisitrice..

Eh bien eh bien.. Tout ce petit monde pour m'accueillir, je n'attendais pas autant d'attention, je suis flattée. Rajouta-t-elle de sa voix coquette en jetant un regard sur chacun des mâles.

Sa queue sinua derrière elle, légèrement abaissée depuis l'arrivée du mâle dominant. Elle n'avait pas l'intention de le provoquer de trop, ce n'était pas le but.

Dame Elaine. Salua-t-elle avec plus de sincérité lorsque l'alpha se joignit au petit groupe. Il ne manquait plus que Grimm et elle aurait réuni les plus dominants de la meute rien qu'à elle ! La hargne qu'ils avaient contre elle était telle qu'elle les attirait comme des mouches. Déconcertant. Et pourtant, elle sourit, encore et toujours.

Ah parce que je serais passée sans encombre jusqu'aux tanières ? Questionna-t-elle en haussant un sourcil.

Je ne crois pas que mon accueil aurait été si différent si mon chemin s'était arrêté au Grand Castel, Dame Elaine. Continua-t-elle, avec un peu plus de fermeté dans la voix.

Elle abaissa un doux regard sur Quartz qui venait de se placer contre elle, dans l'ombre de son corps faussement faible. Elle lui afficha un bref sourire complice, avant de relever son attention sur les canidés présents.

Soit, je m'en vais. Mais nous nous reverrons. Dit-elle en se retournant. Elle arrêta son regard sur Alys, puis sur Ezhekiel, et les dévisagea avec son sourire arrogant. Elle glissa un clin d'oeil en direction de Quartz, puis se dirigea vers la sortie de sa démarche aphrodisiaque.

C’était un véritable regroupement ! À croire que tous les Etelkrus s’étaient passés le mot… Alys inclina la tête en voyant Ezekiel rejoindre la bande, suivit par Élaine, quelques minutes plus tard. Le bêta ne put s’empêcher de lui lancer un regard de reproche, son indulgence les avait conduit à cette situation déplaisante. Voilà que maintenant la bâtarde rodait sur leurs terres ! Les oreilles du bêta remuèrent en l’entendant l’appeler par son nom. Franchement, cette gamine avait une araignée au plafond, personne ne lui avait jamais appris que jouer avec le feu était chose dangereuse ? C’est alors que la gamine fit quelque chose de stupide, se mettant à tourner autour d’Alys comme si il était son prochain repas. Le disciple de Dairo apprécia peu, faisant violemment claquer sa gueule à quelques centimètres du visage de la louve. Approches donc sang-mêlé, que je t'arrache ce jolie petit minois... L’attitude de la Lazulis avait radicalement changé à l’approche d’Ezhekiel, comme si elle moins sûre d’elle.

« — Ne te lances donc pas trop de fleurs, bâtarde, approches donc de notre camp et ta fourrure servira de litière aux anciens. La vermine n’est pas tolérée en nos murs. »

Et encore moins une vermine de ton espèce. $$$ Alys détestait cette assurance qui se dégageait de la progéniture de Morrow, cette dernière n’était-elle pas compétente pour cadrer ses fichus marmots ? La queue recourbée du mâle remua d’agacement, qu’elle revienne donc pour savoir ce qu’il arrivait aux traîtres. Soit rien de bon. Cependant, tandis que Anianka faisait volte-face, s’apprêtant à rejoindre son territoire, le bêta se tourna vers sa soeur, l’observant quelques secondes, une expression contrariée étirant ses traits. Finalement, le fils de Méléagant se tourna vers Ezhekiel.


« — Souhaitiez-vous que nous la rattrapions pour lui donner une leçon, Ezhekiel ? »