Ce gout de la mort. (Avec Cro)

« Ce goût de la mort.

« Spleen & Sly


Spleen avait passé la nuit la truffe en l'air à regarder le ciel, observant les constellations tourner et la nuit danser jusqu'à l'aube. Sa nuque endolorie craqua dans un bruit sec lorsqu'elle bougea la tête. Depuis le départ de son géniteur pour un monde meilleur, la blanche n'avait plus vraiment trouvé le sommeil. Elle ne se sentait pourtant pas tant affectée par le chagrin, la colère ou toute autre émotion forte. Il n'y avait qu'un vide béant et sombre dans sa poitrine et chaque sentiment semblait se perdre définitivement dans cet abîme sans l'atteindre. C'était comme si ce trou noir absorbait tout sans lui laisser le loisir de ressentir quoi que ce soit. Elle avait cru que retrouver le Roi des fantômes lui aurait ouvert un champ d'émotions inconnues, elle aurait pensé que vivre non loin de son père biologique et rencontrer sa famille légitime lui aurait permis de se trouver une place dans ce monde mais c'était tout le contraire : Roy en père n'était jamais devenu plus qu'un songe inatteignable et a côtoyer sa demie-soeur, Spleen n'avait fait que réalisé à quel point son existence était une farce. Jamais elle n'aurait dû être ici, jamais elle n'aurait dû fouler ce continent, jamais même, elle n'aurait dû naître. Et malgré ça, aucune haine ne caressait son coeur, aucune gratitude non plus.

Elle était juste là, sans y avoir été invitée. Elle existait, alors que rien n'était prévu pour son arrivée en ce monde. Sa propre mère ne l'avait jamais attendue... Ankhylosée, Spleen commença à redescendre pour rejoindre le temple de son Dieu. Le Raptor lui avait offert un glowstick et une place de Prêtresse, ce qui avait l'espace de quelques mois, gonflé l'orgueil et la confiance de la née pirate. Cela n'avait toutefois pas duré, puisque déjà elle se sentait comme une imposture. L'idée que sa naissance ai été voulu des Dieux pour qu'elle soit ensuite mise à cette place l'avait tillé une ou deux fois, mais elle ne parvenait pas à croire que le destin avait ainsi agit sous couvert de la puissance divine. devait-elle se sentir miraculée en pensant cela ? En réalité, Spleen se sentait plus maudite qu'autre chose. Et cette damnation là, aucun Dieux ne pourraient la lever.Personne ne pourrait l'aider à trouver sa place dans ce monde qui n'était pas fait pour elle. Alors qu'elle cherchait des yeux quelques plantes utiles, si déjà elle passait par ici, une voix attira son attention et un souvenir résonna dans son âme. L'écho de sa toute première nuit sur ces terres réchauffa un peu son être glacé. Elle se remémora ses premiers pas, et sa première rencontre avec un loup de clan. Un Etelkru, Sly, disciple de le Renarde. Il avait été gentil et chaleureux... Il avait été ce qui se rapprochait le plus d'un ami pour une toute jeune louve qui débarquait dans un monde inconnu. Un ami d'une nuit.

Cela faisait plusieurs années maintenant, à l'époque elle était à peine adulte. Curieuse et mue par l'envie de recroiser ce mâle gris si sympathique, elle baissa le museau pour chercher une piste odorante à suivre. Son corps endolori par l'immobilité la fit grimacer un peu, mais elle chassa bien vite ce désagrément de son esprit. Elle ne tarda pas à trouver le loup derrière un bosquet, en train de... Torturer un oiseau ?

« Et cruel... Mais le vie l'est bien souvent, n'est-ce pas ? »

Demanda Spleen en sortant des buissons pour aller à la rencontre de l'Etelkru. Elle le détailla rapidement, il ne semblait pas avoir tant changé, les traits un peu plus tirés peut-être. Après tout, les années avaient été longues pour tous...

L'oiseau fini par ne ressembler qu'a un tas de cendre fumant après avoir cessé de bouger tout muscles de son petit corps, je n'avais donc pas vraiment pus me nourrir tout compte fait, et puis tant pis, je n'avais pas vraiment de l'appétit. Puis une voix retentit derrière moi, cette peur de me faire attaquer ou déranger pour une broutille me rendit nerveux, et je me retournais brusquement en montrant les crocs dans un lourd grognement en position semi-défensive semi-prêt à l'attaque. Mes yeux brillaient d'agressivité, ou je perdis un peu le contrôle de mon esprit.

Il me fallut quelques secondes pour reprendre mes esprits et remarquer que la fourrure de la louve me disait quelque chose, ainsi que sa voix...Et je relevais la tête. En silence, je la détaille de haut en bas, regardant sa tête, son corps, elle avait bien changé depuis son départ de l'autre fois, elle semblait plus grande, plus....Je secouais ma tête, et plaquais mes oreilles en arrières en levant la tête pour la regarder de haut en lâchant "tsss" sarcastique, les yeux fermer.

"-Bah tien. Voilà une revenante." Je réouvre les yeux en agitant ma queue de gauche à droite et poursuivis par un simple mot. "Mouais." Je ne savais pas quoi lui répondre, ni quoi lui dire tout court. Je lui en voulais d'être partie...de n'avoir jamais pris le temps de voir comment j'allais, de venir, alors que moi je m'étais fait une fausse joie d'avoir une nouvelle amie, que je m'inquiétais pour elle quand je passais près de son clan et que je ne la voyais pas. J'étais énervé.

"-Je suis surpris de te revoir. Surpris que tu te souviennes de moi, et surpris que tu me parles...." Dis je méchamment. Ce n'étais pas volontaire, j'avais laissé place à de la haine ces derniers temps, et je me retournais, dos à elle, les oreilles à présent baissées de tristesses. Pourquoi elle revenait ainsi? C'était blessant.

« Ce goût de la mort.

« Spleen & Sly


L'Etelkru se retourna avec une telle vivacité que Spleen dû reculer d'un peu, surprise. Le mâle montra les crocs en réponse à un sentiment de peur, supposa t-elle. Ou alors il ne voyait en elle qu'un membre de la meute adverse. Même si les deux clans étaient en paix tacite, peut-être que tous les éléments groupés sous la bannière des Dieux Anaconda, Grizzli et Renarde ne pensaient pas que du bien de cette ignorance passive ? Il était vrai qu'elle ne s'occupait aucunement de politique et se contentait de guider ceux que Mido mettait sur son chemin. C'était son rôle après tout, et n'ayant rien d'autre à quoi se raccrocher, à défaut d'avoir une vie sociale ou une famille, au moins elle avait un but, une mission. Sly se calma enfin, abandonnant l'agressivité pour un air glacial et et ironique. Décontenancée, et un peu déçue de cet accueil, la blanche baissa les oreilles en arrière et fronça le museau. Ses prunelles de glace cherchèrent à capter le regard du disciple de Dairo, mais il avait les paupières closes. Il finit par la regarder en face un instant. Juste assez pour qu'elle sente sa frustration, sa colère. Usant de la vision offerte par le Raptor, La prêtresse écouta les émotions qui tourbillonnaient dans le coeur du mâle. Beaucoup de solitude, de sentiment d'abandon, une forme d'angoisse aussi... La peur du rejet ? Au milieu de tout ça, elle remarqua pourtant une flamme de tendresse avortée. La Lazuli se sentit coupable, elle aurait pu aider ce loup à aller mieux des lustres plus tôt, si seulement elle avait cru possible de se lier à quelqu'un.

« Je suis terriblement désolée Sly. Je ne t'ai jamais remercié pour m'avoir montré la voie. »

La femelle s'assit, essayant de montrer la sérénité et la confiance qu’elle ressentait face à lui.

« C'est grâce à ton aide si j'ai pu croisé la route du Raptor. »

Après tout, il avait été la première âme à lui filer un coup de patte alors même qu'il était autant torturé qu'elle. Peut-être l'était-il plus encore ? Elle ne connaissait pas grand chose de son existence, mais elle partageait le poids de son esprit. Elle connaissait la solitude, sans doute à une échelle différente que l'Etelkru, mais elle comprenait son cruel manque de relation lupine. Elle avait tout de même eu une mère, froide et distante, certes, mais qui l'avait nourrie et s'en était occupée comme d'une élève. C'était mieux que rien. Elle avait pu côtoyé soin géniteur sur ses dernières années même s'il avait été un fantôme à peine plus présent que lors de son enfance. Et puis il y avait cette demie soeur et ces demi-frères dont elle n'osait s'approcher en se pensant complètement illégitime. Son existence était une mauvaise blague du Panthéon, et pourtant, voilà qu'elle était la messagère du Dieu émeraude. Un sourire timide s'épanouit sur les babines de craies de la louve alors qu'elle se releva pour faire un pas vers le mâle.

« On peut dire que tu as illuminé mon chemin. »

Tentative d'humour, tombée plutôt à plat. C'était plutôt nul, mais Spleen n'était pas douée pour autre chose que l'introspection et l'écoute des autres... Et encore, elle avait été incapable de répondre au besoin d'amitié de Sly. Si seulement elle avait su que d'une certaine façon, elle reproduisait le schéma maternelle ? Incapable d'aimer ou de montrer les émotions qui animaient son coeur emprisonné dans un étau de glace. A l'instar d'Heever une décennie plus tôt, elle réalisait à quel point elle était inapte aux sentiments positifs...

La louve qui ce soir là me faisait avoir confiance en un futur plus joyeux avec une amitié, chercha sans doute à s'excuser ? Mais pour moi cela ne serait pas si simple, ôh que non. J'avais vu en elle une louve nouvelle sur cette terre ou j'étais né, qui ne m'avait pas jugé, pas rejeter..Mais qui m'avait enfin fait sourire, fais partager un moment, qui au début je voulais voir seul, magique. Pour une fois je me sentais bien, et pas vu un gros loup solitaire sans grande importance. Ce soir-là, j'avais eu un espoir de pouvoir m'évader de cette meute qui n'était pour moi pas une famille...
Et elle, elle s'excusait ainsi. Sur le coup je sentais mon sang bouillonné en moi, de colère par son simple remerciement. Encore une fois, je me sentais complètement con et débile, je refusais ses excuses et ses explications, et pendant que ma queue montrait ma colère ma fourrure fut brillante de petites étincelles orangée. Les oreilles bloquées par le silence de ma colère, je n'écoutais plus en secouant ma tête.

Depuis tout petit j'étais dans mon coin à vouloir apprendre à rester discret pour mieux observer les autres, toujours à être collé de mes parents trop protecteur, énervant mais que j'aimais. Avec le temps, je finis par comprendre que je ne voulais pas que rester discret, je me sentais différent...différent de par ma façon de penser, de voir les choses, et d'agir. J'avais peur, à chaque fois de faire un pas vers un autre et de me faire abandonner ensuite. J'avais tout le temps cette angoisse..qui par les années qui avançaient, n'arrangeait absolument rien, j'étais devenu un loup complètement seul et ennuyeux, dépressif...ce n'était pas ce que je voulais. Je voulais juste me faire des amis, trouver un sens à ma vie. Je me sentais fardeaux pour les autres. Je prenais de l'âge chaque jour, aujourd'hui j'en pouvais plus, je voulais en finir moi..Et pourtant....

Quand enfin je repris conscience, je l'entendis prononcer cette phrase:
« On peut dire que tu as illuminé mon chemin. »

Mes oreilles tressaillirent un peu. J'étais surpris de sa phrase, je n'avais donc pas été si inutile tout compte fais, mais pourtant si stupide vu qu'une fois trouver elle disparaît. Et d'un coup mes épaules s’affaissèrent...et je tombais en sanglots, c'est le museau crispé, et les joues humides que je baisse la tête. De nouveau, la colère passa à la tristesse pour de bon.

"-Je...je voulais juste pouvoir enfin avoir une chance...une simple chance dans cette vie en dehors d'être encore vivant. Je pensais que ce serais toi, que l'on a entendu mes prières, mais tu m'as montré le contraire." Je pris la peine de relever la tête vers le ciel, en me reniflant légèrement.
"-Ce soir là....je ne te voyais pas comme une étrangère, mais....pour un ange. Oui, un ange. Tu étais si belle, si douce, tu n'étais pas apeurée, ni craintive....Tu me faisais sourire, et j'étais bien, bien mieux avec toi qu'avec les miens. Ce soir-là, je pensais que tout irait mieux..Quand je t'ai vue partir je priais pour te revoir. Tu n'imagines pas le mal au fil du temps, ce que j'ai pu ressentir de nouveau en pire." Je n'osais même pas tourner la tête vers elle.

"-Te revoir me fais mal dans le sens où j'avais besoin de toi, mais tu n'étais pas. Je ne peux même pas t'en vouloir...je n'ai pas le droit. Je suis content pour toi...si tu as trouvé ce que tu cherchais."

« Ce goût de la mort.

« Spleen & Sly


Spleen fini par l'atteindre du bout de la patte, par toucher son coeur loin derrière les défenses qu'il érigeait pour se protéger. Cette petite brèche suffit à éventrer cette muraille, qui s'effondra en un tas de gravas. A l'instar du mâle qui libérera toute sa peine brutalement. Ses épaules se relâchèrent comme s'il abandonnait tandis que de chaudes larmes venaient inonder ses joues sombres. La Prêtresse ne sût pas tout de suite comment réagir à cette soudaine confiance. Après tout, on ne lui avait jamais vraiment appris à être tactile ou tendre, à aller vers les autres. Sa mère était une statue de glace et son père aussi distant physiquement que moralement. Elle s'approcha néanmoins, lentement pour ne pas l'effrayer ou qu'il ne la rejette, et posa une patte douce sur son épaule secouée de spasmes. Attentive à ce trop plein d'émotion qu'il devait évacuer. Les oreilles de la louve se braquèrent sur l'Etelkru et écoutèrent sans ciller ce qu'il avait a dire. Il évitait son regard clair, préférant se perdre dans les hauteurs de la voûte céleste. Qu'y voyait-il ? Un océan de vide ? L'infini et ses merveilleuses étoiles ? Le Domaine des Dieux ? Les prunelles de givre de la disciple du Raptor se perdirent un instant dans le ciel également, avant de revenir sur Sly, qui achevait ses aveux.

« Il est vrai qu'à l'époque, je n'aurais pu imaginer cela. Les émotions positives, les sensations de joie ou même de souffrances sont quelque chose que je découvre à peine, comme un nouveau-né qui fait ses premiers pas. Je n'ai aps grandis dans un environnement où mes sentiments étaient... Importants. Je me rend compte maintenant que je les ai toujours terrés au fond de moi. Probablement par peur de vivre ce que tu ressens actuellement... »

Spleen marqua une pause. Elle baissa le museau pour forcer le mâle à la regarder.

« Grâce au don du Seigneur Raptor, je me rend compte de ce qui m'a toujours manqué, et je veux aider tout ceux qui en ont besoin à trouver leur chemin vers le bonheur et la sérénité. J'espère qu'il n'est pas trop tard et que tu voudras me laisser une seconde chance. Je souhaiterais vraiment réparer le mal que je t'ai causé, si tu le permet bien sûr... »

Elle ne savait pas trop ce que cela impliquait, ni même quel engagement elle venait réellement de faire là. Mais sa mission était d'aider son prochain, Mido lui même l'avait choisie pour cela. Et Sly était de ces loups perdus qui ne trouvait pas leur place, ou qui ne parvenait à être bien dans leur vie. Elle voulait lui apporter réconfort et soutien. Et même si elle manquait cruellement d'empathie, la compassion, elle, ne lui faisait pas défaut. La femelle blanche et turquoise avait toujours mis les autres avant elle, d'où son absence presque totale de confiance en elle ou d'écoute de soi. Elle n'avait eu sur elle que le même regard scrutateur et critique de sa mère. Se juger toujours trop faible, trop moyenne ou pas assez vive, pas assez digne. Toujours trop ou pas assez. Jamais juste comme il faut. Forcément, le fait qu'elle ai pu être une forme d'espoir pour le mâle gris lui était très agréable à entendre, même si bien sûr, elle peinait à y croire totalement. Il lui faudrait sûrement de longues années pour voir une autre image d'elle même que celle inculquer profondément par son enfance. Il allait falloir qu’elle apprenne a s'exprimer, qu'elle apprenne à ne plus avoir peur du jugement des autres. Il était peut être temps aussi, qu’elle vive pour elle même et non plus dans le souvenir de ses parents et de leur faute. Après tout, même si elle n'aurait jamais dû exister, Mido l'avait choisie elle, pas une autre... Un petit sourire timide naquit sur les babines de Spleen, pour encourager le disciple de la Renarde. Peut-être que, à partir de maintenant, son esprit allait cesser de tourner en rond sur les mêmes idées grises et sans saveurs qui l'avait jusqu'ici coincée dans une spirale infernale de destruction et de châtiment auto-infligé... ?

Je finis par me taire une fois mon petit dialogue terminé, je n'avais vraiment plus rien à ajouter. sur tout ça C'était peut-être ridicule, mais je voulais le lui dire, j'en avais besoin plutôt que de le garder encore une fois tout pour moi, on en avais eu preuve de ça, ce pauvre oiseau en avait fait les frais. La louve se retrouva auprès de moi, elle s'était mise assise en silence pendant que j'avais parlé, et maintenant, c'était son tour de dire ce qu'elle avait à dire, pendant que mes larmes coulaient toujours, je l'écoutais elle à présent, la tête toujours levée vers le ciel.

Ce que j'entendais me surprenais un peu, elle aussi avait du mal avec ses émotions, mais elle, elle s'était en quelque sorte protégée, alors que moi non..Ca me surprenait, car le soir où je l'ai rencontré moi je la trouvais joyeuse, enfin, contente et non pas triste, peut être moins bavarde que moi, mais pas triste. Ou alors je m'étais trompé, et c'était fort probable.. Puis elle me fit baisser le museau, ce que je fis pour la regarder timidement, au début, j'avais le regard fuyant et hésitant, puis j'osais posé mon regard sur elle, dans ses yeux bleus.

Je ne savais quoi penser de ce qu'elle me disait, elle voulait faire le bien, rendre les autres plus heureux. Elle voulait m'aider à être plus serein..Et même si je lui en voulais, je ne pus refuser la patte qu'elle me tendait en fin de compte. C'est donc après quelques secondes que j'allais finalement poser mon museau contre sa poitrine blanche, mes oreilles plaquées en arrières. Je n'avais rien su dire sur le coup, mais j'acceptais son aide tout compte fait, je lui donnais cette fameuse deuxième chance, ce que je ne ferais pas en temps normal. Je voulais retrouver ce sentiment chaleureux que j'avais goûté comme l'autre fois..Je voulais de nouveau le ressentir, alors oui, je voulais bien lui offrir cette seconde chance, qui, rien qu'à cette idée, une flamme chaude se fit eu creux de mon ventre, je me sentais de plus en plus apaisé, rassurer..



Bien entendu, j'espérais que cette fois la femelle ne m'abandonne pas de nouveau, je ne le supporterais, car si je me retrouvais encore seul dans ce monde qui me dégouttais, ce n'est plus un oiseau que je cramerais...ce serais tout le monde. Et moi avec. J'emporterais dans ma tombe le plus de loup possible pour m'avoir pas laisser de chance d'être avec eux.

« Ce goût de la mort.

« Spleen & Sly


Elle vit son attitude changer doucement, s'apaiser. Il finit par la regarder et elle tenta un sourire faible mais encourageant. Sly se laissa alors aller contre elle, posant sa tête contre son cou. Le souffle du mâle la chatouilla un peu mais elle n'osa pas bouger, de peur de perdre la confiance qu'il s'était difficilement installée entre eux. Elle appuya son menton sur la tête de l'Etelkru dans un étreinte légère, répondant au geste de sympathie -de tendresse peut-être ?- du gris. Spleen inspira doucement et l'odeur de son congénère lui rappela cette première soirée sur la plage. Celle où elle était arrivée, revenue sur la rive de son enfance, retrouvé le berceau natal après tant d'années coincée sur une île prison. Cette fameuse nuit où le disciple de Dairo l'avait aidé à trouver son chemin, où il avait été le premier non hostile croisé. Si son coeur n'avait pas été jusque là un bloc de glace, peut-être que les choses auraient pu tourner différemment. Peut-être qu’elle ne serait pas devenue la Prêtresse du Raptor, peut-être n'aurait jamais retrouvé son géniteur... Impossible à savoir. Impossible aussi, de dire si elle avait fait les bons choix jusqu'à maintenant. Le Seigneur Mido semblait l'avoir pensé à un moment en tout cas. Le regard pâle de la louve blanche fouilla le ciel à la recherche d'une réponse ou d'un signe qui ne vint pas. Ou alors elle était trop concentré sur la respiration et le rythme cardiaque du mâle contre sa poitrine pour écouter les échos d'un monde divin. Elle baissa le museau vers Sly.

Elle sentit la colère sous-jacente, la peur et l'attrait de tout brûler si les choses ne tournaient pas en la faveur de l'Etelkru. Spleen n'aurait pas imaginé une telle violence tourbillonner dans l'âme du loup, elle fût à la fois effrayée et fascinée par cette vague d'émotion qu'elle se savait incapable de ressentir. Sly était une vraie bombe à retardement et a priori, il ne tenait qu'à elle d'être une des actrices de son déminage. Cette idée la fit sourire alors qu’elle revoyait ses cousins jouer avec de la poudre à canon. Elle lui fallait faire des efforts de sociabilisation afin d'aider l'Etelkru au mieux. Et quoi de mieux, pour commencer, que d'essayer de le comprendre et de communiquer ?

« Qu'est-ce qui te rend heureux Sly ? »

Questionna la Prêtresse de Mido d'une voix douce.

« Est-ce que, par exemple, observer le feu te fait du bien ? T'apaise ? Ou bien préfère tu rôtir les petits oiseaux ? »

Le regard de givre de Spleen s'illumina alors qu'elle tenta un trait d'humour maladroit et... pas si drôle en fin de compte. Elle n'était pas douée pour faire des blagues, vraiment.

« Ce goût de la mort.

« Spleen & Sly


Un sourire doux irradiait ses traits de lumière alors qu'elle écoutait avec attention la réponse de Sly. Il n'y avait dans ses mots qu'une description des petits bonheurs quotidiens que l'on découvrait auprès de ses proches, de sa famille le plus souvent et par la suite avec la tribu qu'on se construisait. Au fond d'elle même, elle sentit son coeur se serrer. N'était-ce pas le genre de chose qu'elle avait rêver de partager avec sa mère trop froide et son père trop absent ? Spleen n'avait jamais su se faire d'amis avec qui partager de tels moments simples mais si beaux.

« J'aimerais beaucoup que tu me fasse découvrir tout ça. »

Elle donna un coup de museau dans le menton du mâle gris pour qu'il relève la tête et la regarde. Pour que leurs regards se croisent et s'accrochent. Il sembla alors enfin prendre courage et lui proposa une chasse en duo. La louve blanche s'éloigna d'un petit saut, le museau fendu d'un sourire joueur. Elle avait soudain sentit le besoin, -ou peut-être l'envie ? elle ne faisait pas bien la différence- de mettre un peu de malice dans leur échange. Comme la naissance d'une complicité.

« Tu es sûr ? Je risquerais d'attraper plus de proies que toi ! »

Tête basse, son regard glacé pétillant et ses oreilles pointant le loup, l'ancienne pirate était prête à courir et retrouver le goût du vent dans ses longs cheveux. Une petite partie de chasse était un excellent moyen pour passer un moment agréable avec quelqu'un, et apprendre à le connaître. L'idée qu'ils soient de meute opposés ne l'effleura même pas. Prêtresse de Mido, certes, mais élevée comme un esprit libre et sans frontières. Après tout, elle était Raeder de naissance, et fille du Roi des fantômes, n'est-ce pas ? Si Mido devait la blâmer d'oser enfin s'offrir un instant de détente, qu'il en soit ainsi. Elle ne faisait rien de mal à chasser avec un ancien ami retrouvé. Dans un éclat de rire, elle partit en courant, louvoyant entre les roches et les arbustes avec aisance, tantôt truffe au sol pour pister une cible, tantôt jetant un coup d'oeil au mâle qui partageait son jeu. La chasse est ouverte messire ! Et le vrai gibier n'est peut-être pas celui qu'on croit !