Un appel dans la nuit - ao

Invité

AVALON

L'EPERVIER

L'APPEL
Ta douce nuit, elle s'est jetée sur ta gorge, ton corps s'est alourdis, comme tombant d'une chute douce et sans bruit et elle s'est glissée dans ton esprit. Douce nuit, la déesse bleue est venu à toi, elle te fixe, encore, encore, encore. Son souffle n'est pas et le tiens résonne dans tes oreilles. Douce nuit, tu t'es levé en précipitation, le matin même, comme si ton corps entier se faisait brûler sur place, tu t'es mit à courir à t'en arracher les poumons. Douce nuit.

Tu dois la rejoindre.
La lueur de ton glowstick bat en rythme avec ton coeur, tu t'arrêtes une seconde devant la cascade pour reprendre ton souffle. Inspire, expire. Le vent frais de l'aurore refroidit ton pelage qui au niveau de l'encolure était brûlant. Avalon tu laisses tes iris dépareillés se perdre sur la chute de l'eau, sur ses courbes et ses dessins. Une boule d'angoisse ronge ta gorge, tu n'as pas prévenu ton père, loyal comme tu es tu n'as cependant pas hésité une seule seconde. Après tout, pour l'instant tu n'es qu'un soldat. Docile. Brave. Maudit.

Tu te souviens encore de ta première transformation, de ton corps qui se déchire sous une douleur brutal puis ; plus rien. A vrai dire, " tu te souviens " est bien trop fort, car tu ne te rappel que des dix premières secondes puis après c'est les ténèbres. L'inconnu, la terreur. A ton réveil il y a toujours ton père, contre toi, qui te murmure que tout va bien, que c'est fini. Tu as un peur qu'un jour il ne soit plus là et que tu te retrouves aux côtés de corps, de blessés, pire, de lui mais inconscient.
Ton père le sait, que tu trembles à cette idée alors il te rassure à chaque fois. Mais cela te tortures. Peut-être était-ce pour cela que Ao l'appelait ? Pour lui supprimer son glowstick ? Pour le supprimer lui ?
Pourquoi es-tu aussi anxieux Avalon. Parce qu'il est jeune.

Le jeune loup prit sa respiration d'un coup et enfin, pénétra l'entre de la dragonne. Après quelques minutes de marches - il connait les lieux, il a déjà fait ce chemin - il se retrouva en face de la fontaine. Sa gueule se redresse vers la statue qu'il observe un long instant, puis le fils du borgne s'assit sur le sol, tentant d'étouffer ses sombres pensées il avait vite reprit le dessus et la façade froide et calme de l'héritier de Lieutenant reprit le dessus.

— Ao vous m'avez demandé de venir me voilà. J'ai fait aussi vite que possible.

Sa tête s'incline légèrement, signe de respect de la candeur en lui qui réalise sa petitesse face au Divin.

— Que se passe t-il.

Son disciple avait répondu à l'appel rapidement, sérieusement. La situation qui se présentait aujourd'hui était diamétralement opposée à celle qui s'était jouée en ce même temple bien des années auparavant. Cette fois-ci nulle improvisation n'était nécessaire, même si une infime hésitation avait laissé la Dragonne indécise. La disparition de Néït avait causé des réactions bien différentes chez les mortels, chacun en fonction de ce qu'il avait vécu à ses côtés. Et alors que l'océan s'agitait, loin à l'Ouest du continent, il était temps pour Ao de choisir de nouveau celui qui serait ses paroles sur cette terre.
Et sauf erreur de sa part, il était venu jusqu'à elle.

La statue devant Avalon se chargea de lumière, et se fondit bientôt en une silhouette gracieuse au regard sévère, au regard familier. Plus grande qu'un loup, la déesse lui apparut dans une forme qui lui ressemblait légèrement, plus effilée que d'ordinaire. Ses prunelles azurées se posèrent sur lui, en l'ultime instant de silence qui le séparait de l'un des choix les plus déterminants de son existence, possiblement.
Puis elle parla.

"Je te remercie d'être venu à moi, Avalon, fils de Lieutenant."

Sa silhouette éthérée se coula vers e sol, descendit de son piédestal pour faire face à moindre hauteur au jeune loup. Elle en restait bien plus grande que lui, mais pour les mortels se mettre sur le même pied qu'eux pouvait avoir une grande signification. Et cette nuit-là, Ao n'était pas là pour lui infliger souffrance et domination. Elle savait qu'il lui était dévoué, et la rapidité avec laquelle il avait réagi, sans se poser de question, en était une preuve supplémentaire.

"Je t'ai appelé ici car, tu l'ignores peut-être, celle qui fut ma Prêtresse a malheureusement quitté les vivants. Néït n'est plus, et son rang demeure sans prétendant."

La Prêtresse n'avait pas été d'une grande importance dans la vie du jeune loup, devinait-elle. Mais là n'était pas l'important.

"Je suis ici car je souhaite t'accorder mon Regard, Avalon. Que tu prennes en ce temple la place de Prêtre, afin de porter sur la terre ma parole, et de guider ceux qui en ont besoin."

La tête de la silhouette se redressa légèrement, sans pour autant sur ses prunelles ne lâchent un seul instant le loup face à elle.

"Je ne te cacherai pas ce que cela implique. Chaque soir de pleine lune, tu devras te rendre dans une pièce secrète de ce temple, pour y boire l'eau de la source qui y coule. Ce seront nos moment privilégiés de communication. Si tu acceptes, tu seras lié à moi pour le reste de ta vie. Si tu devais me trahir ensuite, tu perdrais ton glowstick, et aucun autre dieu ne pourrait t'en accorder un nouveau."

Sur les derniers mots, son ton était redevenu plus froid, plus semblable à celui qu'elle arborait devant tout un chacun. Bien mal avisé serait le mortel assez téméraire pour la trahir. Même Néït n'avait pas tenté, malgré son fort caractère et les idées avec lesquelles elle était venue à elle.

"Qu'en dis-tu ?"

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AVALON

L'EPERVIER

L'APPEL
Ce fut comme une violente tornade qui le fouetta de plein fouet, une nouvelle bien trop grande, bien trop parfaite pour qu'il ne flanche pas. Son corps entier fut prit d'un frisson qui secoua son pelage d'une vague mouvante. De la tête jusqu'au bout de sa queue. Une vive lueur passa dans ses iris dépareillés et le jeu de la justice débuta. En quelques secondes seulement il visita le pour et le contre, le bien et le mal. Devait-il accepter ? Le méritait-il assez ? Non, Avalon possède assez de confiance en lui pour trouver cette réponse là. Un pas en avant, il leva la gueule vers l'entité. Fier.

— Je ferai en sorte de ne jamais vous décevoir, de toujours prêcher vos paroles et d’honorer vos mœurs.

C'est comme un chant qu'il hurle, comme une prophétie, et il fera tout pour qu'elle se réalise car maintenant il n'est plus ce petit fauconnier effacé, il est le prêtre. Grande ombre derrière lui, tu grandis, tu grandis, tu dévores tout sur ton passage, bientôt tu seras une traîne, guidant le marié vers le trône.

Avalon incline légèrement la tête dans un signe de respect.

— Je vous remercie, Ao, de m'avoir fait confiance. C'est un honneur.

Il compte être une statue de marbre devant le palais des Lazulis, guidant les âmes perdues, redressant les âmes en chutes libres. Il compte être les ailes des divins, offrant le voyage vers les mortels, il compte être la vérité de la bouche de l'enfant. Il ne laissera aucune faille prendre place, aucun échec.
Il compte être la justice des dieux.

La déesse sentit l'emphase qui naissait dans le coeur du loup et sut quelle réponse il donnerait avant même qu'il ne les prononce. C'était sans doute là le plus important. Elle le vit prendre cette désignation comme une estime, comme une preuve qu'il n'était pas qu'un simple être trop faible ou trop éphémère pour compter dans le monde. Feu Néït avait été loin d'avoir cette réaction, puisque la proposition avait été un presque affront entre elle et la Dragonne. Ce prêtre-là serait différent, Ao l'espérait, à la hauteur autant que l'avait été l'empoisonneuse.

"Fais honneur à ce rang autant qu'il est nécessaire, et c'est ainsi que tu me remercieras, Avalon." Répondit la voix de la déesse.

Une bouffée de chaleur traversa le corps du mortel, alors que la silhouette éthérée d'Ao s'effaçait dans la pénombre du temple. Lorsqu'il ouvrit de nouveau les yeux, le Regard de la Dragonne était sien.
Il était devenu Prêtre d'Ao.

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