Up is down — Gloriel

Tout chose en ce monde, finit tôt ou tard par s’éteindre. Les dieux aussi un beau jour, disparaîtront dans le néant.

Mozarthamès ne dormait pas. Les heures de sommeil étaient désormais rares ces derniers temps, rendant l‘adolescent à bout de nerf, donnant l’impression qu’il était prêt à bondir sur tout ce qui bougeait… ce qui était surement le cas. Le Lazulis n’avait de cesse de faire les cents pas dans son antre, rongé par ses pensées. Ces dernières devenaient progressivement toxiques, empoisonnant son esprit, le rongeant de colère et de rancune. Sentiments qui étaient destinées à plusieurs personnes, à commencer par Ao. La dragonne n’avait-elle été en mesure d’apporter son aide à celle qui de nombreuses années l’avait servi ? Mo’ la haïssait, cette divinité se prétendant toute puissante et qui au final n’était qu’une moins que rien ! Ces maudits pirates aussi paieraient le prix du sang, car désormais le disciple renégat avait la certitude qu’ils étaient impliqués dans le meurtre de Neït, plus aucun doute n’était possible.

Bien que éreinté, le jeune loup décida qu’il était grand temps d’apprendre la nouvelle à Gloriel, lui qui avait pendant si longtemps été un ami de l’ancienne prêtresse. Ancienne. Voilà que désormais ce titre revenait à Avalon. La Dragonne n’avait mis guère de temps à se remettre de la mort de sa servante… Mozarthamès rejoint ainsi l’alpha, nullement impressionné, avant de prendre la parole sans le moindre tact.

« — Neït est morte. »

Morte, lâchement abandonnée par les dieux… Mozarthamès ne ressentait ainsi aucun regret à avoir délaissé ce qui fut son glowstick, si les mortels ne méritaient pas l’attention des dieux, alors ils n’étaient pas dignes qu’on les serve. Doucement, un rire s’échappa de la gueule du loup qui passa sa patte sur une partie de son visage.

« — Ahah c’est si drôle, toute son existence consacrée à une déesse qui au final l’a laissé crever… »

Tellement drôle de savoir que d’autres suivraient ce chemin… tels de vulgaires de moutons. L’expression du loup devint de marbre, ses traits rongés par l’épuisement aussi bien physique que psychologique, tandis qu’il reprenait alors la parole.

« — En vérité c’est pathétique. À quoi peuvent donc bien servir les dieux si ils ne nous apportent point d’aide ? Nous ne sommes que leurs pantins entre leurs griffes, nos fils prêts à être trancher à tout moment.»

Impossible le Lazulis observa Gloriel témoignait de sa tristesse quant-a la mort de l’ancienne prêtresse. Certains auraient probablement profité de la situation, soit pour se moquer, soit pour compatir à la douleur, mais Mo’ avait versé suffisamment de larmes, désormais il n’était plus en mesure d’en verser une seule. La joie, l’innocence, tout cela était derrière lui désormais, ne demeurait qu’une intense colère mélangée à un la vengeance. Redressant sa tête, le mâle répondit à la réponse du balafré. Il ne le connaissait pas aussi bien que Neït, mais cette dernière avait beaucoup respecté le noiraud, aussi lui témoignait-il un certain respect.

« — Ao me l’a appris, après m’avoir attribué mon glowstick. »

Le jeune loup soutint le regard de son alpha, décidant de donner réponse à la question qui ne tarderait pas à suivre.

« — Je l’ai abandonné. »

tout comme j’ai abandonné bien des choses… Les dieux ne sont que de foutus égoïstes, c’est tout ce que le fils de Vivladi retiendrait de cette tragédie. Jamais il n’aurait dû leur accorder leur confiance, jamais Neït n’aurait dû croire en sa déesse ! Ao l’avait abandonnée, délaissée, cette saloperie de divinité ne méritait pas une once d’attention.

« — Les dieux ne sont que des enflures, ahah, ils demandent à ce qu’on les vénère, mais je ne ressent que haine et colère à leur égard. Si ces êtres étaient mortels, je n’aurais nul remord à les tuer.  »

Mozarthamès eu un regard glacial, presque déstabilisant. Oui, l’enfant s’en était allé, pour laisser place à un loup bien plus mauvais, bien plus froid, qui semblait avoir refouler la moindre once d’humanité. Les babines du loup se retroussèrent en   entendant la question de Gloriel. Les pièces du puzzle avaient mis un peu de temps à s’assembler, mais désormais tout était clair. Après tout, Ao lui avait entendre, sentir et par-dessus voir, oui car son épreuve n’avait rien eu de normal, Mo’ commençait à croire que son épreuve, était le en vérité le sort qu’avait subi l’une de ses mère et bien d’autres.

« — Les Raeders. Enfin je suppose, il y avait cette odeur de sel et le bruit des vagues… et puis j’ai vu. »

Sa place dans le clan ? Mozarthamès n’en avait plus rien à faire, seule la vengeance dictait désormais sa conduite. Un sourire indifférent vint étirer ses babines. L’alpha faisait-il du favoritisme parce que Neït comptait parmi ses mères ? Qu’il conserve sa pitié !

« — Je me moque bien de ce que pensent les autres, je me moque d’être ce païen reclus. »

Clairement, désormais il n’en avait plus rien à faire. Les dieux ne représentaient plus rien à ses yeux et ceux qui y avaient placé leur foi entre leurs pattes étaient bien sots. Jamais les divinités ne rendront aux loups quoique ce soit. Alors que les dieux le jugent, que son clan le jugent. Que feraient-ils de plus, le bannir ? Le tuer ? Le punir ? Ah ! Tout cela était des plus risible. Les oreilles du jeune loup frémirent en entendant le nom de la dragonne. Un rictus de dégoût vint étirer ses babines.

« — Votre Dame Ao m’a « montré », m’a fait « sentir » et « entendre ». » Le disciple déchu marqua une pause. « Je pense qu’un sacrifice a eu lieu, mis en place par ces maudits pirates. »

Mozarthamès n’avait pas envie de rentrer dans les détails, le contenu exacte de sa vision ne concernait que lui. Après tout, comment aurait-il pu admettre que c’était lui qui commettait ce sacrifice, tuant d’une dague ses mères, sa soeur ? Non, cela lui aurait valu d’être jugé un peu plus encore, voir même pourquoi pas être accusé de mensonges. Faisant volte-face à Gloriel, le sans rang s’apprêta à regagner sa tanière, sa voix raisonna comme un avertissement, alors qu’il disparaissait doucement dans l’obscurité.

« — Méfiez-vous des voix des dieux, Alpha, qui sait qui sera leur prochaine victime ? Les prêtresses ne semblent pas difficiles à remplacer.»