This is the End [Gloriel]

L'atmosphère était lourde, même jusque sur Morne-oeil pourtant balayée par les vents quotidiennement. Au-dessus de leur tête, le ciel était d'un noir menaçant, le noir de la tempête, de celle qui crache la foudre et déclenche les incendies avant de noyer la terre. Profondément dans les nuages, déjà le tonnerre grondait, illuminant le cœur visible que par ceux qui regardaient les tempêtes. Safran était de ceux là, elle avait toujours estimé qu'elles ne venaient jamais seules, qu'elles étaient synonyme d’événements, de changements. Elle avait souvent eu raison.
Assise en haut d'une dune à moitié rocheuse, la Seconde attendait, le regard sur la tempête qui se préparait et sur le lointain assombri. Oreille à l'écoute, elle guettait la voix de Limule qu'elle avait envoyé dans quelques grottes sèches de l'île à la recherche des trésors de Céto. Elle, elle demeurait à l'extérieur, elle guettait, elle n'était pas aussi fugueuse et jeune que le reste des membres actifs des Raeders, elle savait que leur liberté avait un lourd prix, ils avaient déclenché une guerre ouverte avec le Continent et il y aurait bien dans le tas, quelques loups qui chercheraient vengeance. Cette fois-ci, rien n'empêcherait Safran de planter ses crocs dans un loup des Terres,

« Continue à chercher, je reviens. »

Limule sortit un instant sa tête du trou où elle était fourrée pour voir le dos marron de sa sœur s'éloigner vers la plage. Lorsqu'on venait du Continent, on ne pouvait pas arriver n'importe où sur l'île, surtout on n'était pas habitué à nager en pleine mer. Le courant et les vagues ne permettait qu'un endroit, perdu entre les pics rocheux de la falaise où était échoué la Carcasse et les dunes plus sablonneuse du reste de l'île. A cet endroit, ils avaient fait les sacrifices bien qu'il n'en restait plus aucune trace, l'Océan était possessif et une des choses qu'il volait le mieux, c'était les souvenirs, il en demeurait l'unique gardien à jamais tout comme il engloutissait leurs aînés disparus. Mais sur cette plage entre sable et rocher, il restait une chose ses loups dérobés à la terre, les Raeders s'en étaient assurés. Sur des piques étaient plantés les crânes des sacrifiés, lavés par les mouettes et les crabes, n'y restait que l'os et parfois un peu de fourrure ou de cheveux auquel était accroché un dernier accessoire qui n'avait attiré la convoitise d'aucun des pirates. Safran avait longtemps surveillé ces têtes arrachées à leur corps, au visage déformé, elle les avaient vu noircie par des oiseaux gourmands, elle les avait vu disparaître en quelques coup de bec avant que la chaleur et l'odeur ne dégoûte tout le monde.

En réalité, elle n'avait pas vu le loup arrivé, elle ne l'avait pas senti non plus et encore moins entendu. Les sens étaient malmenés ici, le sel agressait la truffe, l'éclat des vagues assourdissait les oreilles et celui du soleil sur l'eau brûlait les yeux bien qu'aujourd'hui, il était absent, dévoré par la tempête en devenir. Pourtant, Safran savait qu'il y avait un intrus, elle le sentait, au fond d'elle. Elle était Seconde des Raeders et une des gardienne de l'île, l'Océan lui soufflait lorsqu'on accostait chez eux. Lui, ou les démons qu'Illidan avait lâché tout au long de sa vie. Elle ne le vit réellement que lorsqu'elle arriva sur la hauteur qui surplombait la petite plage aux têtes tranchées. Elle l'accueillit d'un rictus dévoilant parfaitement ses canines.

« Bienvenu aux Portes de l'Enfer, loup du Continent. »

Il ne correspondait pas beaucoup à l'idée que Safran pouvait se faire d'un continentale, plus musclé, l'air plus maraudeur avec ses cicatrices, un minimum de charisme également, il était assez simple de supposer que chez lui, il n'était pas n'importe qui. La louve elle, ressemblait déjà un peu plus à l'idée qu'on pouvait se faire d'une femelle de l'île. Elle n'était pas laide mais pas spécialement jolie. Son pelage était rêche, malmené par le sel du lieu, elle perdait même encore quelque touffe de mue. Elle était plutôt maigre, comme la plupart des Raeders à cause d'une nourriture pauvre et difficile à attraper, sans pour autant être famélique, ses muscles se dessinant parfaitement sous le pelage. Ses pattes avant étaient déformées, ses doigts étaient plus longs que la moyenne, se terminant par des griffes bleues maintenue aiguisées malgré le terrain de l'île. Et pourtant, malgré la banalité de l'apparence, malgré la déformation qui pourrait la faire passer pour une tare, Safran avait dans son regard de sang et son attitude la prestance qui incitait à se dire qu'elle non plus, n'était pas n'importe qui chez elle.

L'air se faisait véritablement suffoquant alors que le vent balayait l'île mais il était chaud et chargé d'électricité mais au delà de celle de la météo, la tension entre les deux loups. Ils se jaugeait tout les deux, cherchant chacun à comprendre qui était l'autre, qu'est-ce qu'il valait. Le mâle se redressa, il ne chercha pas à se rendre agressif mais il paraissait un peu prétentieux. Ceci dit, il aurait pu impressionner un autre loup mais il en fallait plus pour impressionner un Raeders, eux dansaient avec les monstres abyssaux, ils étaient la version canine des créatures  affreuses de l'Océan. Safran n'était peut être pas encore physiquement de ces monstres mais son cœur lui, dévorait déjà les âmes.
D'un pas agile, preuve irréfutable d'une habitude depuis l'enfance à marcher sur le sable, elle se rapprocha des piques et du Continental qui se tenait entre. Plus elle avançait vers lui, plus le pelage sur son dos se hérissait, ses babines se plissaient et un grondement résonnait dans sa gorge, bien que malgré ça, elle n'attaqua pas, pas tout de suite. Queue dressée derrière elle, oreilles droites, elle ne lâchait pas non plus l'inconnu du regard. Dans celui du mâle, elle voyait de la tristesse, avait-il versé des larmes ? Sans doutes, sans doute qu'il connaissait l'un de ces crânes que les bêtes de l'Océan avait nettoyé. Dans un mécanisme, Safran passa sa langue sur ses babines. Ici, les loups étaient des proies, les Raeders eux, avaient dans le sang la malédiction qui faisait qu'ils n'en étaient plus tout à fait des loups et pourtant, ça ne les sauverait pas non plus, rien ne disait que demain, ce n'était pas eux qui seraient dévoré.

« Les Puissances qui nous régissent sont bien plus cruelles que les votre. »

Morne-Oeil appartenait à l'Océan et l'Océan n'avait aucune pitié pour les êtres de la surface. Un jour, il lancera ses bêtes sur la Terre et l'engloutira, et les dieux qui la protègent suivront, leur puissance dévoré  nourriront les monstres.
Passant proche d'une des piques, la louve frotta sa queue sous le menton d'un des crânes avant de faire un pas de nouveau vers ce loup qui venait de la Terre.

« Grâce à eux, Il nous a entendu et du sang qui se mélange aux flots, Elle est apparue. »

Un instant, un sourire illumina son visage et le contact visuel avec le mâle se perdit. Elle regarda la mer et sembla y contempler une chose que seule elle pouvait voir. Mais rapidement, ses yeux de sang revinrent sur le loup tandis que son grognement, plus fort, résonna à nouveau dans son être.

« L'Océan n'est jamais satisfait, il réclame toujours plus de vie. Tout ceux qui posent un jour la patte dans son royaume est contraint de lui offrir une vie, que ça soit la sienne, ou celle d'un autre. Personne n'y échappe, pas même vous qui vous vous croyez protéger par des dieux qui ne peuvent vous entendre, pas même nous qui seront un jour rappelé à lui. »

Soudainement, elle se mit à ricaner, son regard digne et fier se changea pour quelque chose d'autres, d'indéfinissable, un mélange entre une sorte de folie et la satisfaction d'une idée propre.

« Mais ne t'inquiète pas Loup de la Terre, je vais t'aider à  payer ta dette. »

Et sans crier gare, alors qu'un éclair vint zébré le ciel, elle lui sauta à la gorge, dans un geste vif et sec, l'élan soulevant une volée de sable, les crocs cherchant à s'agripper, cherchant à dévorer la chair.

Elle sentait le goût du sang sur sa langue mais bien que trop légèrement, rapidement le continental l'arracha à lui pour l'envoyer plus loin, sans la moindre blessure. La projection la fit glisser sur le sable mais bien loin de trébucher, Safran resta bien campée sur ses pattes, marquant le sable de ses griffes. Elle se lécha à nouveau les babines mais cette fois, pour y laver le sang qui les avait tacheté. Elle le fixait pendant qu'il parlait, pendant qu'il montrait les crocs, pendant que son glowstick s'emballait. Oh range ta lumière combattant de la Terre, ici, tes dieux ne peuvent te voir.

« Qui a parlé d'apaisement ? »

Non, ils n'ont jamais cherché à apaiser qui que ce soit, ni l'Océan, ni ses créatures. Ça aurait été plutôt contre productif de les endormir alors qu'eux cherchait leur puissance, ils voulaient voir les flots déchaînés pour se mélanger à eux, ils couraient dans la tempête qui accompagnaient leurs pas. Ils cherchaient la libération pour déployé leur propre fureur sur la Terre. Safran avait été dans cet optique, venger Illidan en déchaînant les flots.
Elle leva un sourcil lorsqu'il évoqua sa volonté de ne pas lui faire du mal. Une bien noble pensée, mais le mauvais endroit pour ça et il était en face de la mauvaise louve. Safran avait appris à haïr le Continent pour Illidan, elle avait promis de tous les dévorer pour Illidan et s'il n'était plus, si les démons l'avaient emporté, si elle avait échoué à dérober la puissance des dieux pour le sauver, elle gardait sa quête en tête. Pour l'Océan qu'elle avait toujours servi et qui était encore là, pour le nouveau capitaine qu'elle rendrait puissant et vainqueur.

« Et pourtant, je n'ai pas l'impression que tu sois de ceux qui payeront leur dette autrement. »

Un éclair zébra le ciel derrière elle, affichant sa silhouette en contre jours quelques instant alors qu'un nouveau grondement remontait dans sa gorge, ses crocs d'un blanc éclatant découvert de toute babines.

« Cette île est maudite  il peut paraître simple d'y venir mais on ne sait jamais quand on pourra s'y enfuir. On y repart d'ailleurs jamais sans y avoir perdu quelque chose. »

Une malédiction qui vous emprisonne et vous transforme, une cœur que l'on vous dérobe qui vous pousse à y revenir jusqu'à y laisser un enfant, une promesse qu'il vous sera chargé de tenir, une vie que l'on doit payé afin de nourrir les monstres.

« L'Océan gagne toujours. »

Elle se tenait droite et fière, au premier geste qu'il ferait à son encontre, elle se jetterait aussi sur lui, que leurs deux corps se rencontre dans la violence et le sang.

« ça, c'est ce que les Continentaux imaginent toujours. »

Nouvel éclair, nouveau tonnerre qui retendit au delà du fracas des vagues furieuses et alors que le mâle et la femelle, que le guerrier et la pirate se jetaient l'un sur l'autre dans le seul but d'assassiner son adversaire, la pluie commença à tomber. D'abord, de simple gouttes imposantes s'écrasant ici et là, noircissant le sable de la plage mais rapidement la pluie se transforma en déluge. Les crocs des deux êtres cherchèrent la gorge de l'autre, le mâle, plus grand, plus imposant agrippa mieux. Safran pouvait sentir les crocs transpercés sa peau, déchiré sa chair, elle sentait son sang coulé entre ses poils, se mélangé avec l'eau de cette pluie qui alourdissait son chapeau. La pirate ne parvint à attraper plus que la peau entre ses crocs, peau qu'elle pinça pour étouffer un grognement de douleur.  A défaut de mordre, elle chercha à griffer, ses longs doigts de pattes avant cherchant à s'agripper sur la peau, ses longues griffes bleues cherchant à la transpercée.
Cependant avec les mâchoires du mâle autour de sa gorge, avec l'air trop lourd et la pluie qui rentrait dans la truffe, elle étouffait bien qu'elle ne laissa montrer aucune faiblesse. Safran comprit assez rapidement que physiquement, le continental lui était supérieur. Parce que lui n'avait pas la faiblesse d'un sang appauvrit dans les veines sans doute mais surtout parce que la Terre avait fait en sorte qu'il vive sans manque, parce qu'il était gras de tout ces lapins et toute ces biches que lui offraient ses forêts. Sur Morne-oeil, la vit était plus difficile, l'eau potable et la nourriture y étaient plus rare et bien moins nourrissante mais sur l'île maudite, on apprenait à vivre autrement, on apprenait d'autre astuces, d'autres méthodes.

La louve arracha le mâle de son cou, se tordant d'un coup sec avant de s'éloigner de quelques pas dans le même bond, laissant dans la gueule de son ennemi quelques touffes de poil et un de ses colliers de pièces. Elle grogna en toute parole un ruisseau d'eau et de sang coulait le long de son poitrail pour aller abreuver le sable à ses pattes. Safran ne laissa pas l'occasion à son ennemi de souffler un peu, une nouvelle fois elle lui sauta dessus, mais cette fois-ci, bien qu'elle ne chercha nullement à être douce, son objectif premier n'était pas de blesser, ce n'était qu'un bonus qu'elle acceptait volontiers. Non, elle emporta le mâle dans une roulade, l'emmenant jusqu'à la mer dont la marée montait. Lorsqu'elle même rentra au contact de l'eau, elle ne put empêcher une grimace à cause du sel qui venait brûler sa plaie toute fraîche. Mais maintenant, ils étaient dans son élément à elle, encore plus que sur la plage. Safran savait marcher sur le sable mais elle savait aussi se mouvoir dans l'eau bien qu'elle n'ait pas encore ses attributs aquatiques.
Le loup de la Terre était plus fort qu'elle ? Soit, elle le noierait.

Il la jaugeait, il montrait ses crocs et probablement même qu'il la haïssait de tout son être. Elle qui représentait l'Océan, lui qui représentait la Terre. Elle le voyait, il cherchait une stratégie, il se savait plus fort, il la savait dans son élément. Avec la tempête, l'eau s'agitait, pas encore très profonde, elle venait s'écraser sur les pattes des deux loups mais d'ici quelques minutes, leur position serait immergée par la marée. Safran savait tout cela, elle savait lire la mer, elle savait marcher dans le sable, elle savait nager sur les vagues et ce avant même la moindre mutation. Elle l'attendit, le laissant s'approcher, se fatiguer tout seul en luttant contre l'eau sur quelques pas jusqu'à elle. Quand il bondit, elle vint le réceptionner, refermant ses crocs dans sa chair. La pirate eut un instant le souffle coupé, le choc de l'armure de métal du mâle contre son poitrail compressant ses poumons, un instant court mais suffisant pour que le continental ne vienne planter ses crocs dans sa cuisse, déchirant les chairs, Safran eut comme l'impression de ses sentir jusqu'à ses os, de sentir même ceux-ci vibré comme s'ils allaient se briser.
Une vague submergea le duo, les entraînant vers le fond. Safran se laissa couler, emportée, elle savait qu'on ne devait pas lutter contre le courant. Se retrouvant sous le ventre du mâle, elle y planta ses griffes au plus profond qu'elle pouvait, lui déchirant les flans jusqu'à pouvoir libérer sa patte, juste avant de sortir sa tête de l'eau alors que le niveau de celle-ci la submergeait déjà de moitié. La mer était devenue noire dans cette ambiance sombre de tempête, à cause du sang des deux loups qui  l'imprégnait, le goût métallique se mélangeant avec celui du sel.

Sa patte était terriblement lourde et douloureuse, Safran le sentit, dans ce combat la blessure l'handicaperait mais l'Océan lui donnerait le force ou du moins, l'impulsion suffisante pour qu'à  nouveau, elle plante ses crocs dans la gorge du mâle. Une nouvelle vague les submergea, la femelle perdait patte, elle ne touchait plus le sable, le mâle ne devait plus en être très loin non plus. Safran le lâcha, se servant de lui pour une impulsion vers la surface, pour le faire couler alors qu'elle prenait une dernière bouffée d'air avant de plonger.
La mer sous la surface faisait un vacarme monstre, les grains de sables, brassés par la marée fouettait les visages, le courant se mélangeait au combat et la louve vint écrasé le mâle sur le sol, posant une de ses pattes sur le torse pour lui vider les poumons, une autre sur la gorge pour lui enfoncer la tête dans le sable mou. Malgré sa patte blessée, à cette instant, c'était elle qui dominait, les Raeders avaient plus de souffle que les Continentaux, ils tenaient bien mieux l'apnée qu'eux parce qu'ils apprenaient à le faire depuis leur plus jeune âge. Ce mâle, aussi fort soit-il ne pouvait rien contre l'Océan, même s'il se débattait, même s'il réussissait à s'échapper de sons étreinte, il perdrait en énergie et il n'aurait suffit d'un rien pour le faire couler à nouveau, avant même qu'il ne puisse reprendre son souffle à la surface. Elle avait gagné, elle le savait. L'Océan triomphait de la Terre. Elle avait perdu son chapeau, emporté par la marée, ses dreads, lâchées dans la liberté de l'eau donnaient une image menaçante de pieuvre refermant ses tentacules sur sa proie.
Dans ces eaux sombres et agitées, à la lueur bleu de présent divin du clanique, brillait les crocs blancs du sourire de la pirate.

Elle le sentait, sous ses pattes, sous ses griffes qui se plantait dans la peau, il perdait en résistance, il forçait de moins en moins, il mourait tout simplement. Elle avait gagné, l'Océan avait gagné, comme toujours et une fois encore il dévorerait la Terre. Malgré la noirceur de l'eau, malgré la pénombre provoquée par l'orage, elle voyait le visage du mâle abandonné, elle voyait les bulles sortant de sa gueule devenir de moins en moins nombreuses, sa lumière divine commencée à vaciller. Sur les babines de la pirate, un immense sourire satisfait et meurtrier alors qu'elle accentua la pression sur les poumons, pour les remplir plus vite, pour que l'eau remplace l'air.
Soudainement, tout changea. Comme si un éclair bleu venait frappé l'Océan, l'eau s'illumina, absorbant les deux loups dans un tourbillon de bulles. Une force nouvelle repoussa la pirate, expulsant la moitié de son corps hors de l'eau, à la merci du fracas des vagues. Elle sentit, entre ses côtes, transperçant son cœurs, cette immense lame qui ne devait être là. Elle la sentait dans toute sa longueur, le métal froid dans sa chair, celui contre lequel elle sentait son sang coulé, celui qui coupait son souffle, celui qui avait fait tombé son sourire. Doucement, ses yeux rubis descendirent jusqu'au mâle, tenir l'arme dans sans gueule, revivre d'un souffle nouveau. Elle le regardait sans comprendre ce qu'il se passait, sans savoir pourquoi il n'était plus en train de mourir entre ses pattes, sans véritablement deviné à qui appartenait tout ce sang qui venait rougir l'Océan furieux, sans vraiment sentir la douleur des crocs de la mort.

Figée dans sa position, ses muscles, son corps contracté comme cherchant à lutter contre l’inévitable, contre les vagues qui voulait tout engloutir et même après que la lame ait de nouveau disparu. Elle ne comprenait pas, elle n'arrivait pas à savoir ce qu'il s'était passé. Pourquoi avait-elle si froid ? Pourquoi elle ne sentait plus son ennemi sous ses pattes, les vagues contre sa fourrure, l'adrénaline de la victoire ? Elle n'entendait plus rien non plus, ni le grondement du tonnerre, le mer sur les falaises de pierres de Morne-oeil. Elle entendit pourtant la voix du mâle, sans vraiment savoir qu'elle lui appartenait, comme une enfant perdue, elle tenta de lui répondre bien qu'aucun son ne parvint à sortir de sa gueule. A cause de l'effort, elle se mit soudainement à vomir une flasque de sang.
D'un seul coup elle se réveilla, son corps se tordit en arrière et elle se mit à hurler, le visage déformé par la douleur, son propre sang l'étouffant dans sa gorge, le poitrail ouvert dans une entaille nette d'où s'écoulait à flot le liquide sombre de sa vie. Elle retomba dans le fracas des flots, son regard rempli de colère tourné vers le mâle sombre qui s'échappait de griffes de l'Océan, vomissant le surplus d'eau de sa noyade. Babine retroussées à leur maximum, dernier éclat de croc sous la lumière d'un éclair, elle essaya, tenta de formuler quelques dernières paroles haines.

« Pro...tège... ceux que.. tu... aimes... Nous... les dévor...erons... TOUS ! »

Et telle des mâchoires d'eau qui se refermaient sur leur proie, elle fut engloutie par la rage de l'Océan. Chaque chose lui revenait un jour et ses eaux dévoraient chaque Raeders qui lui appartenaient.