Summer Bloom♖ Anianka

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

Penché au dessus de l'eau, tu découvrais de jour en jour l'étendue de ton pouvoir.
Celui, encore récent, qui faisait battre dans ton corps une énergie nouvelle. De toutes les particularités dont tu disposais déjà, le pouvoir de ton glowstick venait prendre la seconde position, derrière cette amulette qui te permettrait une résurrection, si on venait à te tuer, toi. Ça te rendrait sans doute encore un peu plus sûr de tes capacités, toi qui accumulais les dons divins et génétiques.
La résistance par un don inné. La force par le pouvoir de ton glowstick. Une seconde vie par ton amulette.
Tu quittas des yeux ton reflet, sur lequel tu dardais un regard tantôt satisfait, tantôt déçu, selon ton humeur. Aujourd'hui, tu étais partagé. Entre cette satisfaction, d'enfin obtenir ce glowstick sur lequel tu avais bavé toute ta vie, ce même glowstick que tu aurais pensé obtenir bien plus tôt dans celle-ci. Et dans une certaine déception, aussi, de savoir que tu avais achevé ta divergence familiale, que jamais plus l'espoir d'être un jour inclus -même dans l'au delà- parmi les tiens ne serait envisageable.
Tu possédais le pouvoir, au même titre que tu étais honte pour ta famille.

Redresse la tête, regarde le ciel.
Ouais, ceux qui sont là-haut, toujours parti trop tôt. Tu n'es pas à plaindre : c'est toi, qui avait filé plus vite qu'eux. Et te voilà, là. Lazulis, arborant avec trop de fierté un glowstick rose glané à un âge avancé de ton ère adulte, aboutissement d'un rêve de gosse qui te laissais désormais vide de tout objectif, si ce n'était l'envie de voir s'épanouir ta nièce et celle irrépressible de repartir en voyage. Encore.
Comme si t'allais foutre le camp, à force : on finirait par se demander ce que tu trafiquais, à toujours t'avancer plus loin des frontières, à manqué aux appels, à te faire introuvable. T'avais bien manqué de t'en trouver un nouveau, d'objectif, avant qu'l'envie de bouger ne te revienne ainsi ! A Moiro, tu avais voulu demander, où il se trouvait, si ta nouvelle situation de disciple faisait de toi un protecteur de ta prêtresse. Mais elle avait disparu, avant que la question ne puisse effleurer tes lèvres.
Alors, tu t'étais abstenu, à te dire que la déesse devait lire dans tes pensées. Et que ça n'était sans doute pas à toi de te soucier de ça, même si cela revenait parfois dans le cours de tes pensées égocentrés.

Tu te détournes de la rivière, alors qu'une liane partie de ton glowstick était venu s'écraser dans l'eau, dans l'espoir de soutirer un poisson de la rivière. Avant qu'elle ne se solidifie à son contact, qu'elle ne devienne pierre alors que tu remontais l'entité composant ton pouvoir. Un inconvénient, celui de ne pouvoir toucher l'eau, en dernier bras d'honneur à tes premières origines. T'en aurais presque ris, finalement.
Laissant tes problèmes et tes remises en questions à cette place que tu quittais, tu t'enfonças dans ces terres désormais bien connus, t'avançant vers une femelle bien connue. Celle que tu n'avais encore été voir, préférant t’éclipser dès la fin de ton épreuve au profit d'une autre sortie.
Mais v'là que t'allais quand même la retrouver, celle dont tu devais ta présence ici. C'était grâce à elle, après tout, que tu possédais ça !
C'est ainsi que tu rejoignis Anianka, là où tu pensais la trouver. Sur cette île que tu considérais comme sienne, où elle s'était imposée en maîtresse plus encore que Moiro elle-même.

« Hey ! 'fallait bien que je vienne te remercier, pour tous les conseils que tu m'auras filé. »

Et, accessoirement, lui montrer ta réussite, celle que tu lui devais en partie.

Anianka

Devant son reflet, elle resta immobile, son visage parut figé sur une image dont seule elle avait le secret. Elle voyait tout, elle voyait comment la rancune gagnait son coeur, comment l'inquiétude rongeait son esprit, comment les doutes lui retournaient l'estomac.. Toutes ses personnes qui s'égaraient et qui ne réagissaient pas. Elle soupira, avec l'absence de Neit il ne restait plus que Bree et elle pour mettre de l'ordre. Gloriel et Astaroth semblaient préoccupés par d'autres soucis, elle se promit d'aller voir le guerrier pour le tenir informer.

Une voix résonna dehors, une voix qu'elle ne connaissait que trop bien. Les images s'envolèrent au rythme de plusieurs cercles dans l'eau transparente de la source sacrée. Ses yeux reprirent un peu de vie, ses oreilles remuèrent un instant. Elle se retourna et sortie calmement de la roseraie, un sourire accueillant illuminant son ravissant minois.

Elle observa le corné s'approcher d'elle et fut surprise de voir sa métamorphose. Son regard évaluateur s'arrêta sur la magnifique lueur rose qui colorait ses diamants et ses ailes spectrales. Voilà qui était curieux ! Pouvait-il voler avec ça ?

Teddy, je vois que tu as réussi ton épreuve, félicitations ! Lança Anianka avec une joie sincère, ses iris ambrés scintillants comme si quelqu'un y avait jeté des étoiles.

Elle tourna autour de lui à petit trot pour admirer ce spectre étrange qui se formait à l'origine des cristaux lumineux. Ses pattes frôlaient presque le sol tant elle se dandinait avec légèreté, avec la grâce féline d'un chat, sa queue sinuant derrière elle. Ses poils ondulés frémissaient au rythme de sa démarche charmante, son regard enjôleur ne le quittait pas. Elle s'arrêta finalement, ravie de voir l'évolution de cet être égaré qu'elle avait rencontré sur des terres éloignées.

Moiro a du tomber sous le charme, c'est sûr, pour t'offrir un tel don. Taquina-t-elle.

Les cicatrices qu'elle portait de l'attaque d'Alys avaient presque entièrement disparues, quelques traces seulement étaient encore visibles sous son pelage soigneusement entretenu. Aucune marque entière n'était déchiffrable actuellement, impossible de savoir combien de pattes lui avaient lacéré le flanc, ni de qui elles provenaient. Elle espérait que son ami n'aurait plus de doutes envers elle, en tout cas, elle lui était reconnaissante de l'avoir soigné sur le moment, sinon Rhaegar n'aurait probablement jamais vu le jour..

Fais moi une démonstration ! Défia-t-elle, un sourire plus provocateur relevant ses babines.

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

C'est en prononçant ses mots que tu songeas d'ailleurs au cadeau que tu avais voulu lui faire, pour la remercier de ce service rendu. Oublié au fond de ta grotte, là où tu entassais bien trop de choses estimées utiles et où tu laissais sécher toutes les plantes que tu avais coutumes de ramasser, par habitude de ton ancienne vie et cette peur de manquer en cas de besoin. Un baume préparé en revenant de ton voyage, avec les plantes qu'utilisaient les femelles d'une autres terres sur leur cicatrices, elles qui préservaient beauté malgré les violences de leurs actions. Ainsi les verraient-on encore moins, ces cicatrices que tu lui savais, pour l'avoir soigné lorsque ce mâle étrange l'avait attaqué.
Histoire aussi étrange, sur laquelle tu avais fais abstraction : tu avais décidé de la croire, elle, et de faire fit du reste. Par loyauté.
Par amitié.
A tort ou à raison, l'avenir te le dirait peut-être, ça ne faisait plus partie de tes préoccupations actuelles...

Tes babines s'entrouvrirent, dévoilant tes crocs dans un sourire qui se voulait autant fier que satisfait, lorsqu'elle te félicita pou l'obtention de ton précieux glowstick, la remerciant d'un simple petit merci. Ton expression et ta posture parlait suffisamment pour toi.
Elle te scuta, puis partit en un ton trop léger pour paraître pleinement réel, tournant autour de toi pour observer de plus près ces ailes de lumière que tu avais laissé se former dans ton dos. Comme pour remplacer celles inscrites dans tes gênes et qui ne s'étaient pour autant manifestées à ta naissance, à l'inverse de deux membres de ta si grande fratrie. Elle finit par stopper cette danse captivante qui n'était pourtant qu'un déplacement, revenant se positionner dans ton champ de vision.

« C'est que ma récompense se devait d'être à la hauteur de la prestation offerte à l'entité qu'elle m'aura fabriquée. »

Parce que plus encore que ta réussite, tu portais un regard empli de contentement sur ton épreuve elle-même. Ta préparation en amont, tes mots employés, ta vérité énoncée : tu avais déployé ta superbe, comme tu ne l'avais jamais fais auparavant, comme tu ne pourrais sans doute jamais le refaire.
C'est avec tout autant de présomption que tu chérissais le don qu'elle avait mit entre tes pattes. Celui dont les effets de lumière nimbait les alentours, pour se tamiser lorsque tombait la nuit, toujours en accord avec l'ambiance environnante. Elle avait sû te donner une belle chose, qui sublimerait ta défense ou ton attaque.
Car c'est à ça, que cela servirait ton pouvoir.
Celui dont elle te demanda une démonstration, dans un air de défi. Et dieu sait que tu ne parvenais à refuser les défis...
Un sourire en coin, les yeux plissés, tu lui répondis.

« Avec plaisir. »

Et les spectrales ailes formées par l'entité qui prenait essence en ton glowstick même se déployèrent de part et d'autre de ton corps, avant que tu ne les projettes sur le sol pour soulever ton corps et balayer quelques pétales de rose. Tu t'élèves un instant vers le ciel, défit les Dieux plus que tu ne prétends le faire.
Juste un instant, avant que ne se modèle en tout autre chose cette matière malléable que ton esprit dirige. Tu n’atterris sur tes pattes, mais prends appuis sur ces excroissances qui se plantent dans la terre. Comme des pattes d'araignées dardées d'une lance, qui se replient alors que les tiennes regagnent le plancher des vaches. Tu redresses la tête, les yeux mi-clos pour ne pas surprendre tes pupilles par la lumière qui se dégage de cette matière. La matière dessine un cercle autour de toit, qui se hérisse de pointes et de clous qui planteraient quiconque pourrait décider de te sauter au cou.
Avant de disparaitre, un instant, regagnant en totalité ton glowstick.
Et que tes ailes ne reviennent à leur place, dans une position de repos.

« Je ne doutais pas des capacités que pouvaient octroyer les Dieux, mais je ne pensais apprécier autant la puissance que peut conférer un glowstick. »

Tes yeux se dardent sur elle, dans les siens.

« Tu avais raison, lorsque tu m'affirmais il y a quelques années de ça que le rose me rendrait plus viril encore. »

Tu souffles par le nez, amusé.

Anianka

En lançant ce défis Anianka ne douta pas un instant du plaisir que Teddy prendrait à le relever. Elle le connaissait suffisamment pour savoir qu'il était joueur et surtout très fier de ce nouveau don, et une démonstration ne ferait que nourrir son égo. Ses babines s'étirèrent de plus en plus et bientôt toute une dentition parfaitement soignée fit son apparition, illuminant son visage d'une expression radieuse et sincère. Elle admira ce spectacle avec un mélange de surprise et d'émerveillement.

Il s'envola d'un coup et une bourrasque d'air fit soulever la mèche couleur sang de la prêtresse, puis il se réceptionna avec ce même spectre qui se modélisait au gré de son imagination. Il fit apparaître un bouclier d'épines impressionnant et puis tout disparu pour réapparaître dans son dos, comme à l'origine.

Le spectacle se terminant, son sourire redevint espiègle et elle le félicita d'un mouvement du museau, simple mais digne, comme toujours. Il avait sous-estimer le pouvoir des dieux et encore plus celui de la Tigresse, c'était une erreur qu'il était bien content d'admettre maintenant. Anianka avait un pouvoir tout aussi puissant mais qui à défaut d'être matériel touchait l'esprit et le coeur, comme un poison lent, un envoûtement indéfectible.

Et bien te voilà presque un dieu maintenant. Charria la féline en lui tirant la langue et en s'approchant.

Le rose te va à merveille, mon cher Teddy. Répondit-elle avec un sourire qui se voulait flatteur.

Elle fixa un moment la lueur rose qui illuminait son pelage, cette douce couleur qu'elle portait elle aussi à son cou.

Qu'en est-il du loup qui cherchait justice dans ces terres isolées ?

Son regard dans le sien, son visage était devenu plus grave, plus sérieux. C'était là la motivation de l'ancien solitaire lorsqu'il avait choisi de la suivre il y a des années maintenant de cette conversation : la justice. Son esprit est-il toujours tiraillé par la vengeance ? Anianka venait de lui donner les armes qu'il avait besoin, mais allait-il s'en servir comme il l'avait pensé ? Elle le dévisagea de la même insistance que lors de leur première rencontre : elle pénétra dans ses yeux violacés pour juger ce qu'il y avait de plus intime en lui.

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

« J'étais déjà un presque-dieu, je n'ai pas attendu de rencontrer la belle Moiro pour obtenir le meilleur de mes atouts. »

Taquin, toujours. Mais tu disais pourtant vrai. Elle n'avait rien de belle, celle qui t'avait octroyé la capacité d'une fois renaître au travers d'une amulette, lorsque la mort viendrait à t'emporter : c'était le plus grand pouvoir que tu possédais, donné par une folle louve au nom de Mona-Lisa, à l'épreuve plus corsé que celle de deux dieux réunis. Une capacité une fois héréditaire, si tu n'avais la chance (enfin...) de l'utiliser de ton vivant : bien que cela marquerait une préférence dans tes enfants, si tu venais un jour à en avoir, ce n'est chose que tu emporterais dans ta tombe. Sans enfant, sans doute l'offrirait tu a une de tes nièces, ou au dernier apprenti que tu aurais la chance de former.
Mais elle était toutefois si discrète, cette capacité, par rapport à celle flamboyante et éblouissante de Moiro. C'est sans doute pour ça qu'elle n'était ta favorite, finalement.

« Je te retourne ce compliment. »

Anianka était l’égérie même du glowstick rose, aucune autre couleur n'aurait pu lui aller mieux que celle-ci. Incontestablement l'une des louves les plus charmantes que tu avais été en mesure de rencontrer, bien que si loin de cette représentation éphémère dont tu avais été témoin lors de ton épreuve, et qui revenait agréablement te hanter par instant.
Les yeux dans les tiens, la question qui suivit te fit pencher légèrement la tête sur un côté, alors que se plissait tes paupières. Tu maintins tes épaules hautes, bien qu'un soupir aurait menacé de les faire s'affaisser. Qu'en était-il, hein, Teddy, de celui que tu avais un jour pensé être ? Un loup rongé par son envie de justice ? Et qui finalement, se retrouvait là.
A causer. Sans plus de but, dans sa pauvre existence. Ta réponse sonna morne.

« Il est sans doute mort et oublié. »

Car tu ne tiendrais pas tes envies de justice, elles ne feront que pourrir ton cœur en attendant que d'autres objectifs viennent prendre leur relève. Tu avais renoncé à la vengeance de ta lignée lorsque celle-ci ne s'était plus que réduite à Mel, désormais hors de danger. Ton glowstick et son malus ne te permettrait de te confronter à un dieu réel venu des mers, comme tu te serais vanté de vouloir le faire il y a encore peu de temps. Et puis, elle avait besoin de toi, tu te devais d'être présent, même si elle ne savait combler le vide de tes journées. Il n'y aurait à s'inquiéter que des enfants qu'elle aurait un jour : pour l'instant, tu la voyais encore comme une petite enfant, ce temps tenait davantage pour toi du mythe que d'une réalité future.
Quant à cette envie de planter tes crocs dans celui qui avait fait du mal à ton amie, ce n'était qu'une attente de l'opportunité. Tu ne pouvais rien faire de plus qu'attendre, en espérant que la déesse saurait mettre sur ton chemin celui qui s'en était pris à sa prêtresse.
Ta vie se résumait donc à une morne routine qui, un jour peut-être, aurait raison de toi et te ferait briser glowstick et promesse de loyauté pour repartir à l'aventure, sur des chemins où tu pourrais à nouveau prendre tes mauvaises décisions et faire d'autres mauvais choix.
Amer résumé de ton existence.
Tu restes droit, balaye tes pensées d'un mouvement de la queue, les poils biseautées de celle-ci venant frôler l'herbe du sol.

« Je ne t'ai pas demander : comment se porte tes blessures ? Pas de tension, dans tes muscles, de douleur particulière ? »

Tu préférais changer de sujet, avant de lui offrir l'occasion de répondre à ta dernière phrase. Pour quelque chose de plus concret, et qui ne parlerais pas de toi. Tu t'étais occupé des blessures infligés par ce mâle, Alys, aussi voulais-tu savoir si tu devrais surveiller un muscle insuffisamment décontracté après une telle attaque, ou si tu devrais la soulager d'un nerf resté bloqué.
Tu accordais plus de passion à la guérison qu'à la confession, mon cher Teddy.

Anianka

Le compliment lui fit battre des cils, mais cette flatterie était trop facile à son goût. Son corps à la souplesse féline et son caractère s'assemblaient au rose de Moiro de manière indéniable. Elle pourrait presque être la fille de la déesse tant elle lui ressemblait dans son attitude affriolante, mais elle était loin d'avoir une aura aussi puissante et ensorceleuse, elle avait à l'instar de la déesse bien des défauts.

Elle pencha d'un poil la tête en biais en entendant la réponse du mâle, une réponse qui résonna comme un mensonge refoulé à ses fines oreilles.

Peut-être se mentait-il à lui même en affirmant cela, ou alors la question avait simplement été oublié depuis le temps. Quelque chose pourtant brillait dans ses prunelles qu'il gardait pour lui, peut-être avait-il des regrets ? Elle n'eut pas le temps d'engager une nouvelle question car il changea bien vite de conversation, ce qui lui fit plisser les paupières avec frustration. Anianka n'était pas du genre à laisser une conversation de côté, quand elle a quelque en tête elle est obstinée à avoir des réponses.

Mes muscles se portent très bien Teddy. Souffla-t-elle comme un marmonnement évasif, son visage restant dur et incrédule.

J'ai parfaitement cicatrisé grâce à tes soins et je t'en suis reconnaissante. Rajouta la prêtresse en souriant et en inclinant le museau avec grâce.

Si tu veux des explications, je te les donnerai Teddy. Je sais que cette attaque t'a laissé perplexe, tu as le droit de savoir.

Elle marqua une pause pour observer ses réactions, sa queue touffue sinuait derrière elle.

Mais avant, dis moi ce qui te rend si nerveux.

Prête à l'écouter, elle laissa ses fesses se poser sur le sol et se permit une petite toilette de la patte avant.

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

Ton intérêt pour un autre sujet, quand bien même il touchait directement à ton amie, ne lui fit oublier ton manque de réponse. Ce qui ne t'arrangeait guère, Teddy. Au jeu du mensonge et de la manipulation, tu n'étais qu'un petit joueur à ses côtés, elle obtiendrait de toi tout ce qu'elle désirait, comme d'habitude. Parfait petit soldat. Idiot petit soldat. Ses paupières plissées face au virage placé dans votre conversation te fit battre une fois de la queue, d'une manière qui trahi ta nervosité. Échec, tu n'avais retenu les manifestations de ton corps, et savait pertinemment qu'elle allait rapidement t'épingler.
Je ne sais trop à quoi tu voulais jouer, Teddy. Mais une chose était certaine : tu perdrais.
Tu hochas la tête, gardant tes oreilles droites lorsque celles-ci menaçaient de partir vers l'arrière, tout comme restait lisse ce museau qui manquait de se froncer. Tachant de rester de marbre face à ses traits durs, dont la détente par un sourire et un mouvement gracieux eurent raison d'un soulagement immédiat dans cette tension qui te prenait.
Ainsi ne conservait-elle de séquelles, qu'à peine des cicatrices, de cette attaque inexpliquée.
Celle qui ne le resterait pas tant que ça, finalement.

Elle te proposait des explications, à ton bon vouloir. Ça te fit ciller. En voulais-tu vraiment ? En avais-tu vraiment besoin ? Tu ne sais pas s'il serait bon, que tu lui demandes de t'éclairer. Si tu avais été pris de tant de doute, face à cette situation impromptue, tu portais aujourd'hui un tout autre regard là-dessus.
Le sien. Tu ne regrettais pas ce que tu avais fais lors de cet affrontement : ne pas te battre, mais soigner. C'est ce qui avait été le plus en accord avec ton cœur, c'est ce qui te permettait aujourd'hui de passer sur cette confrontation.
En contrepartie, de devoir lui avouer ce qui te rendait nerveux.
Tes pupilles tombèrent vers le sol. On y revenait.

« C'est vrai, que j'ai d'abord été perplexe, au début, et j'm'en excuse. Mais je n'ai aujourd'hui besoin d'explications : je ne te demanderais rien, tu n'as pas à revenir là-dessus. Je te fais confiance. »

Tout simplement.
C'est rien et tout à la fois. Si important, la confiance. Cette situation était la sienne, libre à elle de tout de même t'en parler bien que tu n'en avais exprimé le besoin. Et puisque tu lui faisais confiance, tu décidas d'aborder autrement ton refus de parler. Tu ne t'avouerais faible, tu l'avais déjà trop été par le passé.

« Quand à ce qui me rend nerveux, ce n'est que des tracassements sans importance qui n'ont pas lieu d'être, tu ne pourrais rien y faire. Ça ne tient qu'à moi, de remédier à ça. »

Aller de l'avant sans savoir où poser tes pattes. C'est ce que tu comptais faire. Non. Ce que tu ferais. Ce que tu faisais déjà ? Tu étais fort, pour ça. Tu finirais bien par te trouver une nouvelle raison de mener cette existence en désaccord avec tes origines et qui te rappelait à quel point tu aimais la liberté, une fois celle-ci perdue. Malgré ceux que tu aurais aimé savoir à jamais éteint, et cette impossibilité cuisante de le faire. Malgré ta quête aboutie d'une meute et d'un glowstick qui ne laissait finalement qu'un grand vide en toi, et l'envie d'à nouveau changer de vie.
Tes crocs se trouvèrent pour crisser légèrement les uns contre les autres, alors que tu la fixais davantage au-dessus des yeux plutôt que droit dedans.

Anianka

Entre quelques coups de langue ses fines pupilles le sondaient sans expression tandis qu'il affirmait n'avoir besoin d'explications. Il avait finalement décidé d'avoir confiance en elle ? Ces paroles étaient-elles sincères ou disait-il simplement ce qu'elle voulait entendre ? Elle agita une oreille et se contenta de cligner des paupières en l'écoutant, terminant de ronger ses griffes. A quel point avait-il confiance en elle, pouvait-il attaquer sans se poser de questions si elle était en danger ?
Quartz l'avait fait lui, peut-être aurait-elle dû le remercier un peu plus..

Tandis qu'elle se redressa, un sourire très petit vint s'esquisser à peine sur le coin de sa babine, elle était ravie d'entendre qu'il se rangeait de son côté, mais elle n'était pas certaine de sa fidélité. Si elle décidait de se venger demain, elle n'était pas sûre de pouvoir l'inviter sans prendre le risque qu'il se retourne contre elle. Teddy était sûrement un peu trop docile et respectueux pour l'accompagner dans des choses qui peuvent parfois être injustes. Mais la vengeance est une justice amère, Teddy devait probablement le savoir.

Merci Teddy, pour ta confiance. J'espère en être digne.

Son sourire s'effaça aussi vite et simplement qu'il était apparu. Elle demeura froide, un peu vexée par cette situation embarrassante qui avait creusé un écart entre les deux lazulis.

Sache que si tu as des questions, je serais là pour y répondre.

Car peut-être qu'au fond de lui, l'ancien solitaire avait toujours des doutes. Et Anianka ne permettait pas que ses proches aient des doutes sur elle, ses principes sont droits et strictes, elle ne tolère que la fidélité et la justice.

N'oublie pas que je suis prêtresse mon cher Teddy. Intervint-elle en souriant malicieusement, d'une voix un peu plus mielleuse.
Je dispose des yeux de la Tigresse, et je peux voir le tracas de chacun.

Sa queue vint s'enrouler autour de ses pattes.

Mon rôle est de t'aider, qu'importe ce qui te rend si nerveux.

D'un mouvement du museau, la prêtresse l'invita à se confier. Si il avait réellement confiance, il lui confierait davantage ses sentiments après tout n'est-ce pas ?

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

En aurais-tu, des questions à lui poser ? Non. Tu n'en aurais pas, il y avait des choses que tu préférais garder sous silence. Cela ne t'apporterais qu'une frustration supplémentaire, celle de ne pouvoir l'aider, comme ça avait déjà pu être le cas lors de son agression. Alors à quoi bon se retrouver, encore, plein de hargne et de colère froide, envers un putain d'individu contre qui tu ne pourrais jamais rien faire ? Tu l'aurais descendu, son violeur. Mais tu ne le pourrais jamais, même avec un pouvoir que tu aurais presque obtenu rien que pour ça.
Et cette situation serait identique.
Pour ça, tu ne lui demanderais jamais rien. Sous peine de renforcer ces mauvais sentiments qui t'habitaient, d'entretenir ta rage qui bouillait parfois et te foutait la haine.

Et puis voilà qu'elle te parla d'une capacité insoupçonnée, des yeux de la tigresse. Ceux qui lui relèverait les tracas de chacun, si tu en croyais ses dires. Une façon de te pousser à la confidence, de ne te permettre d'y réchapper ?
Voyait-elle aussi autre chose ? Le mensonge pouvait devenir délicat, si elle pouvait surprendre tes actions. C'est presque si tu venais à sentir ton intimité se fragiliser, tes secrets se fracturer. Peut-être en avait-elle déjà capter certains ? Tu venais à douter de tout, maintenant.
En une phrase, elle venait de te déstabiliser.
Modifiant ta position, tu laissas tomber tes épaules, baissant la tête et arrondissant ton dos. Puis tu trouvas de tes iris mauves ses yeux d'ambres, marquant une hésitation avant de parler.
Encore une fois, elle gagnait sur toi.

« Il est possible que je ne sache plus pourquoi je suis ici, maintenant que je n'ai d'objectifs pour alimenter mon quotidien. J'ai l'impression de vivre une existence morne, en plus d'être gâchée depuis longtemps. »

Ton plaisir d'être Lazuli c'était estompé au moment même où tu avais obtenu ton glowstick.

« J'avais jusqu'à présent celui d'obtenir un glowstick, pour trouver la puissance nécessaire à la réalisation de taches que je m'étais fixé. Ce qui n'est qu'un échec. Tant parce que le délai de l'une d'entre elles est écoulé et que le malus de ma particularité se serait bien foutu de moi si j'avais tenté son accomplissement... »

Il y a encore quelques temps de ça, tu avais prétendu vouloir défier Pontos même. Équipé d'un glowstick au pouvoir avantageux, d'une résistance accrue et d'une amulette qui t'aurais une fois sauvé de la mort, tu aurais pensé pouvoir l'abattre, quitte à revenir amoché. Dans cet objectif de lever cette malédiction, qui pesait sur ta famille.
Mais qui restait-il, dans ta famille, hein Teddy ?! Une nièce stérile et dépressive. Bientôt, deux autres que tu récupérerais comme si elles étaient de ta progéniture, et qui te détesteraient autant que tu les chérirais pourtant. Adieu les frères et les sœurs, tu n'étais que le vilain petit canard qui était devenu cygne aux ailes cassées bien loin des siens.

« ...Que parce que je n'aurais eu la bonne faculté pour l'autre, dont même une tentative de concrétisation en demandant de l'aide à la déesse n'aura finit qu'en cuisant silence. »

Quand bien même ça concernait sa propre prêtresse, et le viol qui avait été commis. Tu n'aurais jamais vengeance pour ton amie. Tu aurais beau voler haut dans le ciel, tes chances de retrouver cette pourriture était inexistante : peut-être même la vieillesse ou un autre évènement l'aurait déjà emporté, bien avant ton courroux vengeur.

« Alors il se pourrait bien que tout cela me rende nerveux, oui, de ne rien pouvoir faire, de me retrouver toujours un peu plus face à mes échecs dans cette routine vide qui me tort les tripes, d'entretenir toujours l'amertume des remords et regrets. »

Tu détends tes sourcils, ceux qui s'étaient froncés, te redresse enfin.

« Mais comme dit, tu ne pourras rien, à tout ça. Je suis seul responsable de cette culture des regrets et de ma propre amertume. Il aurait fallu que j'apprenne à faire de bons choix, pour ne pas en arriver là. »

Bref rire, qui traduit ladite amertume. Elle ne pourrait rien, pour toi, et des paroles pleines de promesses et de positivisme ne feraient que te lasser davantage.
Tu continuerais donc à cacher tout ça sous des airs de couillons, à chercher à berner ta routine en y cherchant des éléments nouveaux, à oublier tes soucis durant quelques bons moments que tu arrivais encore à trouver, par chance.
Et tout ira bien.
Un sourire en coin, pour rehausser l'atmosphère, une dernière phrase pour conclure ce tout :

« Enfin, t'auras au moins eu la foi de m'entendre me plaindre durant cinq minutes, alors j'te remercie. »

Anianka

Ses mots avaient résonné avec un arrière goût de menace aux oreilles du disciple, Anianka avait ce don d'imposer la peur dans le coeur des autres, sans pour autant le vouloir. En temps que prêtresse elle avait le devoir de veiller sur les autres et en cet instant bien que l’aveu de son “espionnage” soit déstabilisant, elle ne se souciait que du bien être de son ami.
Elle l'écouta sans un mot, observant son changement de posture d'un regard neutre. Seules ses paupières qui s'ouvraient et se fermaient doucement et ses oreilles qui frémissaient durant sa confession démontraient qu'elle était attentive.

Il lui confirma finalement son égarement et lui avoua une déception profonde de l'abandon de sa vengeance. L'ancien solitaire semblait rongé par l'échec et les regrets, chose qu'Anianka comprenait mieux que personne. La vengeance est un plat qui se mange froid, et elle se plaisait à le répéter.

D'une voix calme et posée, elle répondit après avoir attendu qu'il termine :

Le loup qui cherchait vengeance n'est donc ni mort ni oublié de ce que je constate. Cette vengeance te tient à coeur plus que tu ne voudrais l'admettre, et je suis bien placée pour comprendre ta frustration.

Une vengeance ne se planifie pas seul Teddy, plus tu es accompagné et armé, plus les choses seront faciles. Tout se fait avec le temps, peut-être que tu ne devrais pas renoncer si vite..

Elle marqua une pause, ses paupières légèrement plissées.

Tu détiens un pouvoir qui te donne une puissance inégalée, cela serait bien triste de ne pas être satisfait. Moiro t'a offert une force supplémentaire de vaincre tes ennemis alors que cherches-tu de plus ? Jamais tu n'auras chance pareille. Cet échec que tu persistes à croire n'est qu'un abandon de ta part, libre à toi de trouver la force pour aller jusqu'au bout de cette vengeance, ou de trouver la paix sans elle.

Elle repensa à sa propre vengeance, à Alys et aux Etelkrus. Bientôt, après tout ce temps de préparation, elle verrait enfin l'accomplissement de la sienne. L'idée qu'Ezhekiel soit mort dans son coin l'enrageait, elle rêvait de lui arracher la tête et de la traîner devant Alys et les autres crétins, eux qui la sous-estimaient..

La seule chose qui te frêne dans cette vie, Teddy, c'est cette vengeance inachevée. Cette routine morne comme tu la décris, cette amertume qui te serre l'estomac, il semblerait que tu livres ton propre combat entre ce que tu choisis et ce que tu désires réellement.

Nouvelle pause pour analyser un peu plus sa réaction. Elle dégagea sa mèche d'un mouvement de la tête et savoura une légère brise sur son visage.

Tu peux compter sur moi Teddy, je suis ta prêtresse mais aussi ton amie. Dit-elle en soufflant par le nez d'un air plus décontracté et en souriant plus chaleureusement.

Summer Bloom

▬ ft. Anianka

Été 2019.
7ans

Tu ne pensais Anianka capable de te décevoir à ce point, Teddy. Avec ces paroles que tu attendais trop, sans l'ombre de celles espérées. Ces mots collaient sur ton visage une expression que tu tachais de garder cordiale : une petite moue sur les babines. Mais les yeux terriblement vide, comme cette sensation qui se creusait un peu plus à chaque instant en ton être.
Elle parlait que tout ne se faisait qu'avec le temps, qu'il ne fallait pas renoncer si vite. Tu rejettes ta tête en arrière, regarde vers le haut.

« C'est pourtant bien le temps, qui m'a rattrapé. Je voulais les sauver, non les venger : ils sont tous morts, maintenant. Continuer n'aurait plus de sens, si ce n'est de perdre encore un peu plus ce temps. »

Cette quête était donc terminée, il n'y avait plus rien à espérer. Quant à la deuxième, se sont les propres mots de la prêtresse qui te laissèrent d'autant plus supposer qu'en plus d'une frustration de n'être en capacité de la réaliser, tu ne pourrais pas même espérer le faire dans un proche futur. Tu avais voulu la peau de son agresseur, celui qui l'avais violé.
Mais visiblement, ce n'est pas elle qui comptait se faire accompagner, pour cela. Sinon, elle t'aurait donné la possibilité de le retrouver, des indices sur sa position, une piste à suivre. Les yeux de la Tigresse devait bien lui permettre ça, non ?
Tu en venais à te sentir quelque peu trahi, finalement, et le masque d'hypocrisie que tu portais jusqu'à présent s’effaça au profit d'une expression chargée de frustration et d'amertume.
Alors oui, le pouvoir de Moiro ne te satisfait pas.
Plus encore.
C'est toute ta vie au sein des Lazulis, qui venait à ne plus te satisfaire, à cause de cette première chose. Ta foi envers la meute s'égrainait progressivement, de membre impliqué tu devenais plus discret.
Pour le coup, elle n'arrangeait en rien tes pensées, t'enfonçait même plus dans les moins positives d'entre elles.

Anianka t'offrit quelques autres paroles. Oh, elle savait bien parler. Tout sonnait pourtant si fade, à tes oreilles, ne changeant en rien ton expression. Tu étais neutre. Presque glaçant.
Au moins avait elle raison sur un point.

« Tu as au moins raison sur ce point : je n'ai jamais su concilier mes choix à mes volontés. Je n'en ai fais que des mauvais. »

Comme le seul fait d'être ici.
Ca se voit, que ça te fait chier de poursuivre cette conversation, maintenant. Tu ne t'attendais pas à ça, toi.
Tu pensais parvenir à une fin aujourd'hui, tu ne t'en retrouvais que plus en colère, ne modifiant ton comportement même face à son sourire plus chaleureux.
En perdant tes deux objectifs de manière définitives, alors que tu entretenais encore le maigre, si maigre espoir, de parvenir à la réalisation de l'un d'entre eux... Elle te laissait défait, avec cette déprime qui avait désormais toute place pour t'envahir.

« J'avais espéré compter sur toi, c'est vrai. J'attendais une piste, un indice, plus encore maintenant que je sais que tu peux voir. Pour le retrouver, voir que je n'ai pas gagné pour rien ce glowstick, qu'il ne servira pas qu'à faire le beau. Parce qu'une vengeance se fait accompagné. »

Mais cette vengeance semblait être la sienne. Exclusivement la sienne : il faudrait te faire à cela, Teddy. Alors tu te lèves pour lui tourner le dos. Si elle est ton amie, il n'en reste qu'elle n'était capable de faire quelque chose pour toi. C'est plus mal que bien que tu repartirais d'ici.

« Mais je me serais encore trompé. Bye, Ani. »

Tu retournais t'occuper de tes filles, maintenant. Au moins n'aurais-tu aucun mal à te séparer de ton glowstick, le jour où tes trois nièces ne seraient plus à tes côtés, si ce jour viendrait un jour à arriver et que ta position ici n'aurait plus lieu d'être...
Être Lazuli ne t'aurait donc rien apporté.

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