Le jugement divin | Avalon

Astralys

C’était vraiment la chiasse. Non seulement elle n’avait pas réussi, mais elle n’avait pas de glowstick, et la prêtresse Neït était morte. La rouge avait patiemment attendu qu’Ao trouve une remplaçante, et finalement, c’était un p’tit gars qui avait été choisi. La grande rouge balafrée avait grommelé des nuits à la suite qu’elle n’irait pas voir un p’tit morveux pour lui demander de l’aide, ou si elle était assez bien pour avoir un glowstick. Finalement, elle s’était résignée, et elle était allée trouver cet Avalon, pour lui demander son avis.

La rouge était agacée, bien sûr, mais elle était toujours (ou presque) dans cet état-là. Ainsi, en arrivant dans le camp elle soupira, et regarda autour d’elle. Petit, branches dans la tête et vitiligo. Voilà ce dont elle se souvenait de la description qu’on lui avait fait du p’tit morveux. Elle contourna plusieurs tanières, en se dirigeant vers celle des prêtres. Spleen, celle de Mido, une p’tite blanche qui se croyait méga futée, Anianka la bourrine dragueuse et le p’tit nouveau. Ça ne devait pas tjrs être marrant, avec ses deux congénères femelles abrutissantes ? Astralys s’éclaira la gorge, puis toqua sur la paroi de l’entrée de la grotte avec l’une de ses protections métalliques.

« Excusez-moi, pourrais-je parler à Avalon s’il vous plait ? C’est Ao qui m’envoie » demanda-elle, debout à l’entrée de la grotte.

Elle espérait vraiment qu’il estimerait qu’elle avait sa place ici. Elle ne voulait pas laisser Gloriel. Ce qu’elle avait avoué durant l’épreuve de la déesse lui taraudait l’esprit.

Astralys

Elle n’avait jamais été grande, mais elle s’était toujours tenue bien droite et fière, surplombant d’un peu les autres, alors ce grand machin maigre qui raboula ses p’tites pleines de vitiligo l’agaçait déjà. Elle avait du lever la tête pour regarder dans ses yeux. Et ça, déjà, ça l’agaçait. Par contre, elle ne put s’empêcher de remarquer que question muscles, elle était mieux fournie que lui. Hmpf, prends ça s’pèce de mante religieuse à bâtons.

Elle dut quand même finir par avouer qu’il avait les traits d’’un prêtre d’Ao. Il avait l’air sérieux, fort de l’intérieur, et étrangement calme en même temps, mais peut être n’était ce qu’une apparence. Elle, louve de bonne taille, était musclée, avec un pelage flamboyant creusé par les cicatrices de ses batailles passées, la plus notable, en forme de sabot de cerf, recouvrant quasiment entièrement son œil gauche. Elle n’avait pas encore l’air d’une vieille, mais à 9 ans et demi, elle avait la stature et la manière de se tenir d’une louve qui n’étais plus tout à faire jeune, et qui avait passé sa vie en guerrière. Elle arquait ses épaules, son regard était sombre et soupçonneux, parfois même jugeur mais le reste de son visage restait placide. Comme si elle s’était pris un rocher de mauvaise humeur dans la figure, et que la trace était restée à jamais.

La louve rouge soupira. Un soupir de fatigue. 6 ans de sa vie, même plus maintenant, elle s’était battue pour avoir une place dans un clan, pour avoir un glowstick, privilège des jeunes claniques, qui ne se rendaient même pas compte de la chance qu’ils avaient, intégrés dans un groupe, bien traités, avec l’accès à un pouvoir, à un enseignement, à une vie en société. Elle, elle était née en dehors de tout ça, tout ce qu’elle avait eu, elle s’était battue longtemps, et dur, pour l’avoir. Et maintenant, sa ménopause approchait. Elle n’avait pas de famille. Pas d’enfants. Pourtant, elle aurait aimé avoir des filles, à qui transmettre la fierté d’être une louve et une combattante… Elle avait trouvé l’amour, ou quelque chose qui s’en rapprochait, mais elle avait été tellement prise dans son entrainement pour être une bonne guerrière Lazuli, que le temps avait filé, et maintenant, alors qu’elle espérait tout lui avouer, elle se savait avoir perdu la beauté fatale de ses jeunes années. Elle avait toujours été désagréable, mais jeune, elle était aussi belle, alors parfois, les mâles ne voyaient que ça. Maintenant que les traits de l’âge creusaient discrètement ses joues, et que les cicatrices de ses nombreuses batailles, faites au nom d’un idéal dont elle ne portait même pas les couleurs pour les serviteurs des divins qui refusaient de lui donner une place parmi les siens, cassaient son visage… Elle savait que son temps était révolu. Mais elle espérait quand même une dernière chose avant.
Elle espérait prouver qu’elle n’avait pas fait tout ça en vain. Qu’elle avait quand même une place ici.

« Je suis allée passer l’épreuve d’Ao, après en avoir reçu le droit de la part de nos chefs. Toutefois, je ne sais pas si j’ai réussi ou non. La déesse Ao m’as dit d’aller voir son prêtre, car lui seul saurait si j’étais digne de son glowstick ou non. » dit-il, abruptement, de son voix un peu métallique et pas très agréable à l’oreille.

Elle pencha la tête un peu. Ses cheveux étaient relevés en chignon guerrier, pour les empêcher de la saouler, et ils rebondissaient à chacun de ses mouvements, alliant un côté comique à son visage de tueuse.

« Qu’est ce que je dois faire ? » demanda-elle en le regardant dans les yeux
Donne-moi un truc à faire, quelque chose à dire, quelque chose à prouver, et je te montrerai que je ferais tout pour enfin avoir ma place ici. Pour ne plus être une solitaire, une mercenaire des Lazulis presque. Donne-moi une raison pour rendre fier Gloriel.

à archiver svp !