Plic Ploc - Mort d'Odette

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C'était le petit bruit du sang qui s'écrasait sur la roche, gouttant du menton et des babines fripées de la vieille louve. Elle s'était couchée dans un coin, à l'écart du monde, peinant à respirer, ses flancs se soulevant dans un rythme chaotique. Des râles bruyants s'échappaient de sa gueule entrouverte entre deux quintes d'une toux grasse qui n'augurait rien de bon.

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C'était le petit bruit de la vie qui s'écoulait hors de son corps.
Odette partait, lentement, et elle le savait. Son regard bleu vitreux sondait une dernière fois le gouffre aux Faucons. Elle partait, oui, pleine de regrets pour cette générations dont elle n'attendait rien. Pleine de mépris pour ces loups qui ne la comprenaient pas, qui n'avait plus le même respect pour les divinités que celui qu'elle avait pu avoir par le passé. Oh, comme elle avait pitié de cette nouvelle génération de pitre qui en oubliaient le savoir vivre et bien d'autres choses essentielles... Elle ne ressentait pas même la moindre affection pour sa propre descendance. Casto était parti chez les traîtres et avait, de ce qu'elle avait ouï dire, eu une descendance avec une traînée.
La vieille s'agita, souffrante, ses yeux exorbités. Sa respiration devint plus rapide encore.

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Elle toussa, encore une fois, expulsant un crachat sanglant au passage.
Quelle souffrance.
Odette aurait pu en finir là. Elle savait qu'elle partirait d'ici une heure, au maximum. Elle aurait alors pu arracher son glowstick pour partir plus vite. Après tout, c'était lui qui lui avait offert cette vie si longue. Vingt ans ! Elle aurait vu vingt ans d'ici quelques petits mois ! Mais ce n'était pas correct de rejeter ainsi un cadeau des Dieux. La dévote ne souhaitait point les offenser et le suicide n'était pas une solution acceptable.
Alors elle endurerait, elle ferait avec. Que les choses se passent comme les Dieux l'avaient voulus. C'était peut-être un moyen de tester sa foi, qui sait ?
Elle leva les yeux vers ce ciel auquel elle avait toujours cru, auquel elle croyait encore, lui adressant un sourire crispé par la douleur.

C'est cet instant que son cœur émit son dernier battement avant de s'immobiliser dans sa cage thoracique. La lourde tête de la vieille louve retomba sur le sol.
C'était fini.