Un nouveau hurlement [Meute Lazulis]

COUP D’ETAT

Tu observes encore la surface de l’eau; ce sont des vagues. Des immenses vagues qui engloutissent tout, elles dévorent la peau, les os, les rêves et les espoirs. Elles écrasent les vivants, il ne reste que les divins. Oh les divins.
Tu brûles tu crame tu exploses tu es incendie. Tu es venu dévorer les plantes, les oiseaux, les cerfs les loups les chiens, tu es venu arracher la vie, tu es la justice et elle demande vengeance. Tu es la lame et elle hurles à la violence. Tout n’est que mensonge et ils se noient dedans.

Ton meneur appel, tu arrives. Ton regard est mort, ton visage fermé, tu trembles presque ton souffle se fait court; tu as hâte. Il annonce des formalité, de la politique, des grades, des belles paroles. Puis il termine. Il termine et Avalon bondit aux côtés de l’Alpha. Il ne demande pas la permission, il ne courbe plus l’échine.

— Merci Gloriel, de nous assommer avec d’autres futilitées.

Tu claques ta mâchoire puis tu t’assois, droit, bien trop droit, bien trop grand. Comme si tu avais attendu cela depuis des années.

— Quel est mon pouvoir. Quelqu’un sait ? Bien sûr. Les éperviers, je leur parle.

Après avoir fini cette phrase, tu murmures un mot et un grand épervier descendit du ciel pour venir se poser sur son épaule.

— C’est ce que Glorial dit, ce que mon père dit. Ce que mon père disait. Ao ? Tu me regardes, je te sens dans mon dos. Tu veux leur dire quel est mon pouvoir et je te gâche le plaisir moi même ?

Silence.

— Je m’en doutais. Mon réel pouvoir, celui que Lieutenant vous a caché, ce que Ao m’a donné, c’est que je me transforme en bête difforme et monstrueuse les nuits sans lunes. Maintenant autre question ! Savez vous pourquoi Lieutenant est décédé.

Silence à nouveau, tu continues.

— JE l’ai tué. Gasp général ! Ne vous en faîtes pas, je m’en mord les pattes aussi. Je me suis tant détesté pour ça, chaque nuit il me protégeait de moi-même, car sous cette forme je ne me contrôle pas … mais il était trop vieux .. il avait besoin d’aide … il n’arrivait plus à me défendre, et je l’ai tué.. tout ça pour quoi ..?

On peut voir une seule larme tomber sur sa joue. Une seule, c’est tout ce qu’il offre.

— Puis j’ai compris. Qui était le véritable responsable. Vos pouvoirs, ils sont là, ils sont beaux, ils sont utiles n’est-ce pas ? Quartz, regardes toi, tu n’es plus que reflet dans notre monde … Vivaldi a quitté notre monde dévorée par son pouvoir.. Les dieux. Les Dieux sont égoïstes, ils restent bien en sécurité, nous donne des ARMES pour nous BATTRE LES UNS CONTRE LES AUTRES, CES MEMES ARMES NOUS TUANT SILENCIEUSEMENT. Les Dieux ne veulent pas d’égo.

Avalon fit un pas en avant

— Je suis allé voir les vieux livres, les ouvrages, qui parlent des vies avant tout ça… les guerres provoqués, les trahisons … LES MONSTRES que les dieux ont fait naître… ils ne sont pas là pour nous protéger. Non. Ils sont là pour s’amuser, nous sommes des amuses gueules, nous ne duront que quelques années, ils sont immortels, ils nous observent mourir, ils ne sont là que pour nous mettre des bâtons dans les roues, histoire que nos courtes vies deviennent amusantes.

Le prêtre reprend son souffle. Son regard balaye l’assemblée et il reprend. Il ne laisse pas le temps aux troubles-fêtes de lui couper la parole.

— Les Dieux ont déjà provoqué une fin du monde, réduisant tout à néant. Ils peuvent encore le faire. Nous prions des entités qui ont leur mâchoire autour de nos cous en permanence, des entités qui nous donnent du poison liquide, un mensonge bien déguisé qui nous donne l’impression d’être plus fort. Des Dieux qui mentent, des dieux fourbes.

— Imaginez … un seul moment … ce que notre vie serait sans eux. Simple, calme, sans meutes, sans rangs, sans rois, sans pouvoirs sans contraintes. Juste .. nous.

Un léger sourire se dessina sur ses lèvres

— Mon père serait peut-être encore en vie … vous n’auriez plus à vous cacher d’aimer un loup venant d’un autre clan, vous n’auriez plus à mentir pour voir vos frères d’ailleurs, plus à courber l’échine pour calmer une colère divine … juste … nous.

Puis il se tourne vers l’Alpha

— Nous devons agir. Nous devons CESSER de prier des Dieux MAUVAIS. Oh et Ao … Dragonne .. ma voix est-elle toujours la tienne ? Veux-tu briser mon glowstick ? LAZULIS, NE VOUS LAISSEZ PLUS FAIRE. ne vous laissez plus manipuler. Je vous en prie. Je crains pour mes enfants, qu’adviendra t-il d’eux, le jour ou en voyant mon petit naître, le jour ou je l’accompagnerai passer son épreuve, il revient avec une malédiction sur le dos. Je ne veux plus laisser les Dieux décider de nos vies. Si vous me suivez, Lazulis, non, Loups, alors nous pourrons changer la donne une bonne fois pour toute.

Répugnant.

Toutes ces couleurs scintillantes, à l’effigie des dieux. Les babines retroussées, Mozarthamès observait les loups détenteurs de glowstick, ces naïfs petits êtres qui étaient tombés dans le piège mortel des immortels. Un hurlement sort le païen de ses pensées. Encore un. Pour annoncer quel drame cette fois ? La mort et la désolation ? À l’écart, le sans-glowstick écouta les dires de Gloriel. Pauvre de lui. Quelque chose avait changé toutefois, une chose qui fit froncer les sourcils du jeune loup, un sourire venant étirer ses babines. Oui… Oui ! Comprends donc la nature même des choses, entends mes paroles… entends la vérité ! La mise en place d’un conseil indifférait totalement le loup à la tignasse bleu, seule la destruction et la vengeance l’intéressait. Un frisson d’excitation traverse son corps. Une joie nouvelle brille dans ses yeux, mêlée à la jubilation sans doute, lorsqu’Avalon rejoint l’alpha.

Silencieux, le mâle écoute, se frayant un passage jusqu’à la première ligne, lui qui avait renié les dieux depuis longtemps, lui qui ne croyait plus en rien. Nulle expression ne traverse son visage en entendant les dires du prêtre, lui qui représentait cette déesse pourtant si détestée par le fils de Neït. D’un bond, lui aussi rejoint cet allié inespéré dans son objectif de se venger des dieux.

« — Les dieux ne sont que manipulateurs. Les dieux ne sont que poison. Combien de familles déchirées par leurs décisions ? De violence engendrée ? Les raeders ont tué… LA FAUTE À QUI ? Observez donc, mes frères, les véritables intentions des dieux. Le chaos. »

Les loups n’étaient que des pantins entre leurs griffes, tous.

« — Nombre de naïfs parmi nos rangs semblent oublié que derrière chaque monstre, l’on trouvait un dieu. Que derrière chaque drame, ces satanés immortels étaient derrières tout cela. Combien de morts vous faudra-t-il avant d’ouvrir les yeux ? Ao a laissé mourir ma mère, SA PRÊTRESSE ! N’aurait-elle pu avertir quiconque du danger ? Non bien sûr que non, elle a préféré attendre que je vienne à elle pour me faire vivre les derniers instants de Neït. Son frère a condamné mon autre mère à vivre comme un buisson. Qu'ils aillent donc se faire voir, eux et leurs autres frères.   »

Relevant le museau, Mo’ toise tout ces glowstick qu’il rêve de détruire, écraser sous sa patte.

« — Que le système tout entier aille se faire voir. Nous sommes pas du bétail, pas leurs marchandises. Nous sommes des loups !   »

Le reclus incline l’avant de son corps, un sourire aux babines.

« — La question est, combien d’entre-vous se rendent compte de la supercherie ? Combien d’entre-vous sont prêts à détruire le système ? »

Les yeux verts de Mo’ s’attardent un instant sur Anianka, parce que ces mots tous deux les avaient entendus, d’une louve à la langue bien pendue lorsqu’il s’agissait de semer le chaos.

Par habitude, Mésange traînait dans les pattes de DeuxCornes, évitant le contact avec les autres membres du clan qu’elle ne cherchait pas à connaître. Elle vivait déjà avec deux personnes, quand une troisième ne s’ajoutait pas, elle n’avait besoin de plus. Toujours perdue dans ses pensées, pendue aux mots qu’Azzinoth murmurait dans son esprit, elle avait souvent l’air éteinte, ou en veille, dans un coin à gratter distraitement le sol d’une patte.

Ou alors, elle suivait les envies de celui qui partageait sa tête, à défaut de ne rien avoir à faire ou personne avec qui passer le temps, quand Méluciole dispensait son chaos quelque part par elle-même ou que leur père était occupé.

Mais aujourd’hui, sur le promontoire dont elle n’avait écouté un mot depuis le début de l’assemblée, elle entendit enfin quelqu’un. Elle découvrit son existence, autant que sa ressemblance frappante avec la Ruine que tu avais connue tes premiers mois. Il y avait cette même fragilité empreinte de folie, ce fracas psychotique qui lui rappelait les récits de son père. Non pas celui cornu, mais son premier père, Ruine du Ciel rappelée à la Mer, la Terre n’ayant jamais voulu de lui.

En ce Prêtre piaillant, Mésange y reconnaît le Ciel par l’oiseau sur son épaule, mais il manque l’odeur de sel et d’algues en décomposition, il manque la Mer. Normal, il n’était pas la Ruine. Mais il reste quelque chose de similaire ; aurait-ce été ce à quoi la Ruine aurait ressemblé si elle avait pu voler ? Il était un Faucon au fond d’un Gouffre, mais il lui semblait capable de s’en échapper d’un battement d’aile.

Azzinoth la convainc de suivre sa sœur qui s’approchait du Faucon et de l’espèce de palmier bleu, intéressé. Serait-ce enfin l’occasion qu’il attendait ? Un taré prêt à tout pour combattre des principes fumeux, si sa Mésange pouvait se lancer à la mort pour ses belles paroles cela l’arrangerait bien. Insulter les dieux à travers elle ne pourrait de plus le mettre que de bonne humeur, tout était bon à prendre dans cette histoire.

Mésange elle, observe, fascinée, sa sœur grimper aux côtés du Faucon. N’essaierait-il pas de croquer la Luciole de son bec acéré ? Mésange était toujours un peu effrayée par l’inconnu, aussi rassurant qu’il puisse paraître par son familier discours.

Vu le morceau, ta sœur est probablement plus apte à être celle qui croque ici.

Elle le sait, elle a vu aujourd’hui même les puissantes mâchoires de Méluciole détruire passionnément le temple du Raptor ; aucun os ne saurait lui résister. Mais elle ne peut s’empêcher de transférer ses propres peurs irrationnelles sur sa Luciole, se sentant parmi cette foule proie, frêle, Mésange malgré l’apparence de démon qu’elle partageait avec Azzinoth. Bientôt cela lui passera, mais pour le moment, elle est encore jeune, alors elle observe sa soeur et le Faucon avec fascination sans oser les rejoindre.

Nouvel appel, nouveau rassemblement. Ça bougeait chez les Lazulis, ils n'arrivaient pas à se décider, à se poser et Quartz au milieu de tout ça avait l'impression de perdre son temps, d'autant plus qu'il savait qu'il ne lui en restait plus beaucoup. Il sentait le monde filé sans lui ou recommencer en boucle en l'oubliant toujours derrière lui. Certains voulaient la guerre, lui avait vécu celle divine d'il y a une petite quinzaine d'année, ça ne l'intéressait pas. Certains voulaient la paix, mais il semblait qu'elle n'existait plus vraiment tandis que d'autres... fondaient des familles comme pour lui rappeler que même s'il était présent, il était comme le reste de la sienne : mort et appartenant au passé. Ao aussi lui soufflait ça, il était obsolète maintenant, ce monde devait exister sans lui parce qu'il n'appartenait plus à ce monde.
Gloriel l'acheva. Bien que très mauvais coursier, ça avait été le seul rang qu'il avait occupé dans sa vie et l'alpha le balaya d'un revers de patte, enfin alpha, conseiller maintenant. Le mâle brun et noir n'avait jamais eu le respect que le fantôme avait à l'égard de Morrow, oh pas que c'était la faute du chevalier mais Quartz n'avait jamais véritablement respecté les autorités au dessus de lui. Les premières qu'il avait connu étaient Roy et Tatsu, il n'avait pas supporté de voir le mâle blanc lui voler sa mère absente bien que même sans ça, ils s'étaient avérés mauvais dirigeants. Morrow elle, avait su le piquer à vif, à trouver le point sensible et tenter d'arranger cela. Elle lui aurait demandé n'importe quoi, il l'aurait fait. Gloriel et Astaroth n'avaient pas été mauvais mais ils n'avaient pas l'intérêt qu'avait la louve rouge, Quartz ne leur avait porté aucune attention, ni à eux, ni à leurs projets et le fantôme avait fini par faire ce qu'il redoutait le plus : errer sans but quelque part sur le territoire.

Soudainement, comme une nouvelle claque donner par le changement, le jeune prêtre de la déesse bleu prit la parole dans une volonté de détruire celle qu'il servait, celle dont l'existence du fantôme ne dépendait que de sa volonté. Lui qui était enchaîné à la dragonne, voilà qu'il servait d'argument pour la cause du jeune, Quartz ne put s'empêcher d'émettre un grognement, ce n'était pas grand chose dans ce cas là, mais il avait horreur qu'on se serve de lui surtout comme excuse. Le mâle tricolore n'avait pas envie non plus de se lancer dans une guerre contre les divins, il avait passé sa non-vie à apprendre à accepter son sort et voilà que les jeunes qui n'acceptaient pas les leurs chouinaient pour condamner tout le monde. Les morts revenaient encore sur le tapis, on s'en servait comme exemple et pourtant... Quartz se souvenait que malgré tout, Vivaldi avait aimé son pouvoir, elle avait aimé ses plantes, avaient pleuré lorsqu'elles allaient mal, il se souvenait qu'elle aimait l'idée qu'un jour, elle en deviendrait une elle aussi. Alors il se leva dans un claquement de mâchoire que seuls les croyants entendraient, ils se faisaient plus nombreux chez les lazulis avec me temps, on finissait pas s'habituer à l'idée.

« Cessez donc de couiner le nom des autres sans même savoir ce qu'étaient leurs maux véritables. Vous chouinez pour condamner tout le monde mais assumez au moins que c'est pour vous même que vous le faites plutôt que de faire semblant d'être le héro de quelqu'un qui n'en a pas besoin. »

Son regard balaya les jeunes qui s'étaient mis en avant, il avait la même apparence qu'eux, et pourtant, lui était aussi vieux que leurs parents si ce n'était plus et le seul encore présent pour le savoir.

« Chacun à ses raisons, j'irais pas l'encontre de la votre cause mais j'irais pas la soutenir non plus, c'est pas mes oignons mais prenez sur vous le fait qu'il suffit que d'un souffle pour les trois divinités au-dessus de nous balaye les lazulis. C'est pour vos propres intérêts à pas pour celui de loups qui ne sont plus là pour savoir ce qu'ils désirent. »

Son pelage commença à se reposer un peu sur son dos, son agacement diminua légèrement.

« J'ai vu et connu la guerre divine qu'il a eu lieu à la Plaie du Monde. A ce moment là, les Sept ont été contraint de faire du chantage afin d'obtenir l'aide des Mortels, ils en avaient besoin contre Cronos, ils le craignent. »

Un faiblesse dans cette puissance qui les tueraient tous.

« Faites ce que vous voulez mais foutez donc la paix aux morts, là où ils sont, ils en ont plus rien à faire de vos histoires. »

Et de là où il était, Quartz n'en avait rien à faire non plus. Alors sur ses mots il quitta l'assemblée. Ce n'était pas son problème et il sentait dans sa poitrine, le verre de son glowstick se fissurer toujours un peu plus. Qu'ils détruisent le monde  si ça leur plaisait mais qu'ils assument leurs actes, lui n'existerait peut-être plus demain de toute façon.

COUP D’ETAT

Les paroles s’entassent, les alliés, ceux qui ne suivent pas. Puis une louve qui parle, sa voix l’agace, il n’a jamais rencontré telle être. Imbécile.
Ton sang brûle, puis se calme de nouveau. Un simple vent du nord, tu ne fais pas attention. Tu observes ceux qui t’ont rejoint, un léger sourire étire tes lèvres. Tu n’es pas seul à penser que les Dieux ne sont que douleur.

Puis lentement tu te concentres sur l’assemblée. Tu fais un pas, puis deux … puis tu te retrouves juste devant elle, juste devant la fille du buisson. Tu attrapes ton propre glowstick entre tes crocs et d’un violent coup de mâchoire tu le brises. Le liquide bleu coule le long de ton cou.

— J’ai prié jours et nuits, j’ai donné ma vie, mon temps à ma déesse, tout ce que j’avais. Et elle a prit mon père. Ao la Dragonne. Tu viens de dire à l’instant que nos meutes baignent dans le sang. Tu trouves cela acceptable ? Tu apprécies, patauger dans les morts ? Parce que les Dieux te disent que c’est la bonne chose à faire, tu continues ? Tu te couperai la gorge pour satisfaire les caprices des Dieux ? Que les mortels s’occupent des mortels et que les Immortels s’amusent entre eux, ils l’ont déjà fait, le simple mot de Cronos les font frémir. Nos propres Dieux vivent dans la peur. Ils ont leurs problèmes à gérer, je pense qu’ils doivent être fatigués de s’occuper d’enfants comme vous.

Avalon redresse légèrement la gueule.

— Je ne demande pas aux Lazulis qui croient encore de me suivre, ni même de vous lier à nous. Je demande simplement à vous, à vos coeurs et âmes, de peser le bien et le mal. D’essayer de vivre sans eux, de penser sans eux.

Cependant la colère de la jeunesse te percute.

— Et ta mère, Vivaldi, regarde ce qu’elle est devenu. Un buisson. Un buisson sur lequel les immondices de mâles répugnants qui s’amusent à violer et abuser de nos comparses urinent dessus. Non, les dieux ne lui font pas éloge, dans 50 ans, elle sera oubliée, écrasé par un rocher, résultat d’une autre guerre divine, d’un autre caprice.

Anianka & Rhaegar

Rhaegar était là depuis le commencement, lui aussi. Mais à l'inverse des autres, il était incapable de rester discret, de se cacher dans la foule. Énorme tête dépassant celle des autres, corps imposant attirant les regards, un simple grondement dans sa gorge pouvait faire hérisser le pelage de ceux qui l'entouraient. Ses oreilles remuaient dans toutes les directions, écoutant le discours, puis les chuchotements et enfin ce débat révoltant. Un peu impatient, il bougeait d'une patte à l'autre, alors même qu'il était assis. Sa queue soulevait de la poussière derrière lui, volant parfois sur les autres. Il n'y faisait pas vraiment attention, il était trop concentré sur les arguments énoncés.
Il guettait de temps à autre le chemin qui menait vers le sud, derrière son épaule. Il s'inquiétait, elle mettait beaucoup de temps à arriver.
Mais elle arriva, finalement, en retard. Elle marchait doucement, son ventre énorme paraissait lourd à vu d'oeil. Un tel effort devrait être déconseillé, mais Anianka n'en avait que faire des conseils, elle n'avait pas été prévenue de cette réunion et elle était en colère. Sur son visage, son regard était noir, presque ténébreux. Il avait fait exprès, il avait probablement pensé qu'elle serait dans l'incapacité de venir et donc, d'imposer son droit de s'exprimer. Elle avait proposé de les mener, elle s'était montré présente et surtout forte pour les soutenir. Mais Gloriel avait peur d'elle, il avait peur de ce qu'elle pourrait faire, de sa justice. Une justice qu'elle jugeait nécessaire, droite et surtout intransigeante. Une justice que lui redoutait et qui, pour faire profil bas, l'évita en obligeant une déformation totale de la hiérarchie. Une déformation de leur histoire, de leur passé et de leur avenir. Il avait ainsi éviter un vote, car il savait, très certainement, qu'elle aurait réussi. Car elle était la seule à avoir les épaules assez carrées pour endosser ce rôle, la seule à être assez franche et sévère pour mettre de l'ordre.

Elle s'approcha de Rhaegar qui cligna doucement des paupières en la voyant. Elle s'assit, se soulageant de ce poids qui pesait sur son dos, puis finit par s'allonger et laissa son ventre arrondi se poser entre ses pattes. Elle ne verrait rien dans cette position, mais qu'importe, son fils lui, avait des yeux pour elle. Il pencha la tête jusqu'à son oreille et murmura pendant un long moment, provoquant sur le visage de la future mère des rides de frustration. Ses oreilles écoutaient la voix de son fils, mais également celle de la dernière disciple de Moiro qui s'exprimait pour la première fois. Ses prunelles indifférentes allèrent sur Teddy, Leikn ainsi que sur Quartz, puis elles se posèrent pour finir sur l'alpha, le père de ses enfants à naître. Lui, dominant sur son petit promontoire et qui pourtant était entrain de se faire renverser. Triste résultat.. Mais il ne récoltait que ce qu'il avait semé, après tout. Peut-être l'avait-elle un peu trop surestimé en pensant qu'il était fort et digne ? En tout cas, la déception peignait son visage à ce moment précis où elle le dévisageait, ce mâle si fier qui pensait oeuvrer pour le bien de la meute.

Mais en réalité, il était faible. Il n'était pas à la hauteur, indigne de ce poste que Morrow lui avait légué. Il était incapable de prendre les commandes, de se faire respecter et de mettre de l'ordre. Sans elle pour l'aider à gouverner, il était pitoyable.

Elle resta silencieuse, aussi étrange que ça puisse être. Anianka n'était pas en posture de lever le ton et de s'imposer. Elle se contenta donc d'écouter ce débat grotesque, un sourire vint même jusqu'à pointer sur le bout de ses babines. Ce désordre devenait distrayant. Les paroles sages de Teddy avaient du sens, mais la sagesse était rarement suffisante devant des actes de trahison. Ce n'était qu'une question de temps désormais, avant que cette meute s'écroule. Avant qu'il ne lui demande son aide, ou avant qu'elle n'agisse de force.

Une vaste Bibliothèque détruite sous les flammes.
Un concert de hurlements dans le noir d'une nuit.
Une rose tâchée de sang.

C'était là les mots du Raptor. C'était là la vision qu'elle avait sous les yeux. Spleen observa les visages autour d'elle, jaugeant les museaux renfrognés, ceux dépités, ceux choqués ou indifférents. Son coeur écoutait les émotions brûlantes, violentes qui jaillissaient des âmes et emplissaient l'air de leur négativité. L'atmosphère se viciait. Trop de haine couvait, trop d'esprits échauffés et perdus. La louve blanche était assise dans un coin, discrète apparition. Fantôme silencieux dont les prunelles glacées suivaient l'agitation.  
Une vaste Bibliothèque détruite sous les flammes.
Elle y voyait là l'incendie qui couvait dans les âmes déchues et brûlait avec rage ce qu'il restait de leur passé, de leur Histoire. Peu importait la voix de la raison ici, ce qu'elle entendait, elle, c'était qu'une énième fois, on ne comprenait pas les événements d'autrefois, qu'on n'écoutaient pas, et surtout qu'on ne tirait aucune leçon... Inlassablement, tout recommençait. Les loups se révoltaient contre des idées qui n'étaient plus les leurs, les loups se battaient contre leurs mœurs pour en gagner d'autres, le sang coulait, la violence primait. On perdait de vue la foi, ou alors on en trouvait une autre... Le Destin du monde était-il un éternelle recommencement ? Un vague sourire étira ses babines, alors qu'elle comparait ces loups traîtres à leur déesse, étonnement tous fils d'Ao -peut-être alors fallait-il reconsidérer leur attachement ? Ils n'étaient digne de la Dragonne... Ou bien la Déesse céruléenne avait des attentes bien différentes quand au futur de ses disciples. Spleen se demanda si de tels propos la ferait réagir ou si, pour leur prouver leur tort de croire que les Dieux étaient trop présents pour eux, elle les ignorerait simplement et poursuivrait ses occupations habituelles. Le Panthéon seul savait ce qui les occupait d'ailleurs !

Un concert de hurlements dans le noir d'une nuit.
Ou une meute de loup se crachant au museau des avis bien trop tranchés et manquant cruellement de recul sur fond de temps sombres. L'équilibre entre les différents groupes peuplant ce continent était déjà bien fragile, y apporter de si grandes scissions dans le clan n'apporterait aucune stabilité. Nouveau sourire alors qu'encore une fois, c'était le genre de désaccord fondamentaux qui avait fait naître les Raeders. Les Lazulis crachaient tant sur la famille qu'elle avait abandonné sans trop de regrets jusque là alors que leur comportement devenait similaire... La Prêtresse se demanda alors où était sa place finalement, dans ce grand bazar. Elle avait pour son dieu un immense respect bien sûr, grâce à la conscience aigu de l'immensité de son pouvoir sur ces terres, parce qu'elle avait vu de ses propres iris ce que pouvait faire la malédiction d'un être supérieur aux loups mortels. La damnation de Pontos dont elle avait vu les effets directs sur sa mère et les autres pirates n'avaient fait que conforter sa peur et sa dévotion à l'égard de ces entités puissantes et immuables. Mido lui avait offert la liberté, il avait lavé son sang des fautes d'Heever. Elle lui en était si reconnaissante, si pleine de gratitude aussi que ses propres petits n'ai à subir ce mal. Qu'ils soient protégés par l'action de grâce du divin, des griffes acérées de l'océan. Le dieu Raptor avait rayé sa dette envers l'océan. Du moins le croyait-elle vraiment. Non. Elle l'espérait en fait. Car au fond d'elle, elle craignait toujours la vague retour qui l'emporterait et lui ferait payer sa fuite... Sa foi en le dieu de l’Intelligence ne l'avait jamais soulagé de ce fardeau d'angoisse.

Une rose tâchée de sang.
Si aucune image littéral ne lui venait à cette évocation, autre que la colère manifeste de la Prêtresse de Moiro, elle se demanda si cela pouvait présager la déchéance de la Tigresse au même titre que Mido dont le temple avait été bafoué et brutalisé par deux fois maintenant, ou Ao dont les disciples se soulevaient un par un... La rose représentait aussi l'amour, l'honneur, la foi, la dévotion, la beauté, l'équilibre, la passion, la sagesse, l'intrigue et la sensualité, l'intemporalité aussi. De l'hémoglobine sur toutes ces valeurs, c'était exactement ce que faisait les Lazulis sous ses yeux un peu surpris de la tournure dramatique de la réunion. Quelque part, Spleen se demanda si elle devait donner son avis, si elle devait laisser entendre sa douce voix. Mais pour dire quoi ? Qu'avait-elle a apporté à tous ces loups ? Elle était là pour conseiller et se retrouvait en proie aux doutes. Pas sur la foi donnée à son Dieu, il l'avait sauvé, c'était indéniable. Mais le Panthéon avait-il une volonté d'exercer une pression quelconque sur ses disciples ? Spleen ne s'était jamais senti oppressée par son glowstick, pas même quand elle avait physiquement trahi ses pairs en s'accouplant avec le loup qu'elle aimait secrètement. Elle se sentait coincée par cette meute, pas par ses croyances. La louve se racla la gorge et parla enfin, d'un ton doux et apaisant, espérant ainsi calmer les ardeurs trop vives :

« Les Dieux n'influent sur les meutes qu'en fonction de l'importance que vous leur accordez. Leur puissance est réelle, et n'est ni bonne ni mauvaise. Elle est simplement ce que vous en faites. »

La queue de Spleen battit l'air.

« Il ne tient qu'à vous de laisser leurs préceptes vous guider ou non. Je ne vois pas en quoi cela devrait influencer sur la fonctionnement d'une meute ou d'un groupe de loup quelconque. Ils ne régissent aucune vie qui ne souhaite pas l'être. Cessez de rejetez vos erreurs sur le dos d'être supérieurs et donc hors de votre contrôle. Vous ne pouvez vous dédouanez de votre passivité, de votre manque de confiance ou de tous les maux que vous croisez sur vos chemins.  »

Tous comme elle ne pouvait se déculpabiliser d'avoir abandonné les siens au profit de son avenir, et pourtant... Elle était là, elle l'avait fait. Elle avait choisie son chemin et avait changé son futur malgré la puissance des entités de l'océan. N'est-ce-pas ?

***

De son côté, Queen écoutait avec attention. Depuis quelques temps déjà son coeur s'était tourné vers un ailleurs pas si lointain. Déjà dans sa petite tête d'enfant, des rêves de grandeur et de liberté poussés par ses nouvelles connaissances de l'histoire de son sang. Elle voyait en Avalon et Mozarthamès des faibles qui n'avaient su mettre à profit une puissance prêtée par une déesse forte. Oh bien sûr, elle ne disait pas non plus qu'ils avaient tort. Ce que sa mère lui avait expliqué du monde c'était que les entités célestes ou abyssales avaient toute une puissance qu'eux, mortels, ne posséderaient jamais. On pouvait donc les louer ou les blasphémer, dépendamment de ce qu'on attendait d'eux, non ? Faire le beau et prier une divinité permettait de s'octroyer des faveurs, ou du moins d'essayer. Les mécontenter vous faisait risquer une malédiction quelconque, la preuve en étant ses oncles ! Oncles qui avaient su trouver une autre entité -de ce qu'elle avait compris- pour les aider, et avec qui ils avaient échanger des faveurs. Tous les dieux de ce monde ne fonctionnaient donc pas pareil. Certains pouvaient être achetés. Peut-être bien qu'était dans cette idée que s'épanouissait plus encore sa volonté de grandir et de se porter à un niveau au dessus des autres. Pour marcher sur leurs têtes, pour faire ce qu'elle voulait et dominer, pour ne plus jamais avoir à obéir ou se restreindre. L'enfant au pelage blanc baissa le museau en fixant ces loups sur le promontoire. Son regard si pâle les jaugeait, tandis qu'un sourire étrange pour un louveteau vint chatouiller ses babines. Elle jeta un coup d'oeil à la Prêtresse de Moiro et son gros ventre.

Elle avait eu de l'admiration pour cette louve forte et indépendante, charmeuse et dominante. Maintenant, elle ne voyait plus qu'une autre femelle engrossée qui n'avait, en fin de compte, pas de perceptives de réelle grandeur. On ne s'embêtait pas avec des enfants quand on voulait diriger, pas tant qu'on avait pas assis sa position. Tant de malsaines réflexions dans l'esprit encore malléable d'une enfant, un peu empoisonné par les paroles sarcastiques d'un oncle ou deux et par un caractère très dynamique, c'était quelque part, un peu inquiétant. Si Spleen avait su ce qui se tramait dans la tête de sa fille, elle aurait peut-être été partagée entre la fierté et la peur. Queen était maligne, réfléchie et donc digne de prétendre au glowstick du Raptor. Mais elle était aussi téméraire et confiante, faisant d'elle une disciple de la Dragonne. Par ailleurs, elle savait déjà comment user de ses capacités pour obtenir ce qu’elle voulait et promettait de devenir une louve gracile et fière, ce qui correspondait aussi bien à la Tigresse. De cette constatation pleine d'auto-suffisance et d'autocompliments, Queen réalisa qu'elle pouvait choisir chacun des trois dieux et y être à sa place. Il lui fallait aller quérir les trois glowsticks, elle pourrait être la première ! Ou alors... Alors... Elle comprit alors que ce n'était pas auprès de ces entités là qu'elle allait devoir lancer des échanges de bons procédés, mais qu'au contraire, il lui fallait chercher une puissance supérieure. Et comme l'avait mentionné les adultes avec Cronos, il existait quelque chose de plus fort, de plus haut. Il fallait juste trouver quoi. Comme les Raeders qui avait cherché à changer leur sort, elle allait trouver comment améliorer son avenir. Le sourire de Queen s'élargit, s'épanouissant alors comme une fleur.

Charmante enfant dont seuls les yeux de givre presque blanc témoignaient encore de rêves avides.

Dehors, de sombres nuages d'orages se mirent à planer au-dessus du Gouffre aux Faucons.
L'amas cotonneux se fit rapidement, beaucoup trop rapidement pour être naturel. L'air se fit soudainement lourd, humide; les pelages et les cheveux se dressèrent vers le ciel. Des nuées de centaines d'oiseaux déboussolés volaient dans tous les sens, coassant à rendre sourd, leur mouvement commun dansant dans un sabat diabolique et en perdition. Le vent se leva, faisant d'abord bruisser les feuillages, puis danser les branches, puis plier les arbres. Des rochers roulèrent au plafond, craquant le minéral, laissant, béant au-dessus de leurs têtes empoussiérées, une gueule rocheuse grand ouverte, dont la gorge se constituait du ciel assombri. L'électricité de l'air sembla descendre de ce trou comme une cascade et plongea les cœurs de tous dans la fébrilité bien connue des temps de tempête.

Des éclairs bleutés couraient au-travers des cumulonimbus en colère comme autant de veines palpitantes dans la chair. Les oiseaux se turent. Le vent cessa subitement de souffler.

Le ciel noir se mit à tourbillonner, formant ce qu'on aurait pu croire le début d'une tornade, mais qui pris rapidement la forme d'un œil titanesque. Un œil reptilien, électrique, furieux. Une pupille fendue naquit des éclairs sauvages, se rivant avec sévérité sur l'ex Prêtre bleu.

L'oeil de la Dragonne.

Le tonnerre claqua avec force dans le Gouffre avec la force d'un fouet, laissant un son aiguë désagréable dans les tympans de tous.

« Avalon, mon enfant. Tu me déçois. »
Le tonnerre se modula en voix crépitante d'électricité, roulant avec une force surnaturelle sur les parois rocheuses de l'alvéole. L’œil divin se plissa.

« Je me suis trompé à ton sujet. Toi, représentant de la force mentale, n'a su apprendre à contrôler le don que je t'ai offert, et tu en a payé le prix, par la mort de Lieutenant. Ne prend pas ta faiblesse pour une malédiction de mon invention. »

Le liquide bleuté du glowstick brisé se rassembla lentement, descendant des joues et des lèvres du mâle, rampant sur le sol, quittant le pelage taché, et forma une boule liquide qui s'éleva devant les yeux du prêtre. Elle pris une forme que le Prêtre déchu connaissait bien; une tête lupine déformée, aux traits torturés. Le portrait de la bête qu'il avait abandonné en brisant son glowstick. La tête claqua des mâchoires sur le museau d'Avalon avant de disparaître en fumée.

« Comme ton cœur est délibérément aveugle à ma guidance, tes yeux se voileront à leur tour. Tu vivras dans la noirceur jusqu'à ce que tu trouves rédemption, et répare l'insulte innommable que tu perpétue en mon nom. Si tu possède réellement la force mentale dont je te croyais capable. »

L’œil se tourna vers l'assemblée, cette fois avec une expression un peu plus douce. Les Lazulis n'étaient pas tous porteurs du bleu, mais elle portait chacun d'eux en estime. Ils étaient sa fierté; et elle ne voulait pas être déçue.

« Lazulis. Ne vous laissez pas porter par la haine. »

Sur ces derniers mots, l'oeil, ainsi que l'orage qu'il amenait avec lui, disparu aussi vite qu'il était apparu.
Une pluie fine se mit à tomber, mais Avalon ne la vit pas. Ses pupilles s'étaient blanchies, le laissant dans l'obscurité des plus totales.
La Dragonne était partie.

STRONGER THAN YOU

Les éclairs vinrent briser le ciel en deux, rayer les inquiétudes, rayer la peur, pour en faire une réalité. Les ombres se fracassent sur le sol, un bruit horrible assourdit les loups en présences. Puis un oeil, un oeil qui se rive sur toi et ton corps brûle. Tu ne crains pas le dragon, tu attends son souffle, tu attendais ça. Tu lui as volé le plaisir de briser ton être, alors tu veux voir ce qu’elle te réserve. Tu sais bien que tu n’en sortiras pas entier, les dieux sont violents. Violents.

I'm never going down at the hands of the likes of you
Because I'm so much better

Sa voix résonne et gronde, elle parle de déception, elle parle beaucoup. Elle te fait revivre ton meurtre et te le met sur le dos, bien sûr. Tout en eux te rend malade. Les ailes de ton père effleure ton flanc, le pelage de tes proches sont près du tiens, tu leur lance un regard. Un dernier regard. Et tu tombes dans les ténèbres. Ta tête se baisse, comme si tu venais de recevoir un violent coup. Tu fléchis légèrement les pattes, presque soumis. Un immense frisson de peur te prend, tu essaies de cligner des yeux, que la lumière revienne à toi, mais rien. Plus rien. Ton souffle se fait court, tu n’entends pas le loup ailé répéter ton nom, tu ne vois plus rien. Tu es aveugle.

Go ahead and try and hit me if you're able
Can't you see that my relationship is stable

Tu t'autorises une minute. Une minute de panique, une minute de terreur pure, simple, puissante, qui prend possession de tout ton être. Tes os tremblent, s’entrechoquent, ta mâchoire aussi. Plus jamais tu ne verras son sourire, plus jamais tu ne verras son rire. Plus jamais tu ne verras la tombe de ton père, plus jamais tu ne verras l’écume dévorer les coquillages, plus jamais tu ne verras le vent embrasser le feuillage des grands arbres immortels. Peu importe. Tu donnerais ta vie pour que les Lazulis réalisent la violence de ces Dieux.

If you break us apart we’ll just come back newer
I am made of love

La minute passe, tu te reprends. Tu reprends le dessus. Tu ne laisseras plus les dieux te marcher dessus. Plus jamais. Tu relèves la tête, tes iris d’or sont maintenant opal, perle dans un océan de brun.




— La différence entre vous et nous, mortels, c’est que nous connaissons l’amour, nous connaissons les sentiments, nous sommes des sentiments. Vous n’êtes que colère,violence, punition et déception et je ne vous laisserai pas prendre le dessus sur nous, nous sommes bien plus puissants que vous. Nous valons mieux que ça, nos vies ne sont pas entre vos pattes, nous ne vOUS APPARTENONS PAS.


This is who we are
This is who I am
And if you think you can stop me
Then you need to think again


Tu parles, tu prends la parole, simple feuille d’automne devant des Immortels. Tu as peur, tu es seul dans tes ténèbres et des larmes viennent couler sur tes joues. Et pourtant tu te tiens là, et tu te tiendras à jamais debout. Car cela n’a plus d’importance. Tu fais ça pour la nouvelle génération, tu fais ça pour tes futurs enfants, tu fais ça pour qu’un jour le monde ne tremble plus sous les règles et punitions de ces dieux colériques.



— Et si vous venez encore à blesser un des miens, à menacer une vie, à la remettre en question.


Cause I am a feeling
And I will never end
And I won't let you hurt my planet
And I won't let you hurt my friends




— Je vous tuerai.

I am made of love
and it’s stronger than you.

Cela peut être risible, une blague, mais sa volonté. sa volonté est un incendie, son ombre est grande, étirée par les flammes qui l’habite. Il est là pour défendre, c’est un bouclier, la justice, et les dieux sont une arme. Une arme pointée sur eux, tout le temps.
Puis les dieux s’en vont, ne laissant que la peur.



— .. Lazulis, je suis navré, encore une fois les Dieux nous menacent et resserre les cordes autour de nos cous, encore une fois ils font preuve de violence. Par ma faute.

il secoue légèrement la tête.



— Mais ils nous offrent aussi une possibilité de vivre sans eux ! Nous pourrons enfin nous libérer de cette emprise .. de ces yeux. Nous pourrons enfin être une famille et non un clan martial. Et peut-être que le message passera, que les guerres cesseront, que les meurtres s’arrêteront. Sans politique, sans religion… la paix. Nous ignorons ce que l’avenir nous offre, mais à vos côtés je n’ai pas peur. A vos côtés, je sais que nous arriverons. Nous n’aurons plus besoin de meneur, d’alpha, Gloriel tu t’es tant donné, tu as tout donné, maintenant nous pourrons vivre en harmonie. Une simple pensée commune. Nous prendrons soin les uns des autres, nous arrêterons de nous battre. De prier. De sacrifier. Et nous utiliserons nos pouvoirs que pour une seule et unique chose : défendre. Et non attaquer, comme les dieux veulent le voir.

La brise est revenu et vient sécher tes larmes, Avalon.



— Nous pouvons enfin vivre et non survivre..

< Spleen

La femelle blanche baissa les yeux sur son fils et lui sourit en resserrant ses pattes autour de lui. Avec l'agitation qui régnait dans la meute, elle avait moins prit le temps pour ses enfants et s'en trouvait attristée. Elle releva brusquement le museau quand l'atmosphère changea et observa l'amas de nuages se former à une vitesse inquiétante. L'espèce d'orage électrique qui grondait alors au dessus de leur tête était la manifestation divine la plus impressionnante qu'elle n'ai eu l'occasion de voir. L'oeil céruléen et fendue d'une pupille verticale portait le jugement. Le tonnerre roulait, se répercutant contre les parois du gouffre aux Faucons, se faisant écho et amplifiant le son. Avalon fût le seul à subir le courroux de la Dragonne. Il n'était pourtant pas le seul à blasphémer. Parce que l’apparition était titanesque et imposante, la louve ne pu en être que spectatrice. Ao venait rappeler le respect qu'elle attendait. N'était-ce pas légitime d'instaurer ce minimum alors qu'elle offrait une partie de son pouvoir aux mortels ? Pour la Lazuli, si. Surtout quand on considérait justement ces récits du passé mentionnés par le mâle désormais aveugle : leur époque était douce, le Panthéon était miséricordieux. Il l'avait été beaucoup moins, des générations en arrière.

Lorsque le calme revint, Spleen reprit sa respiration qu'elle n'avait pas eu conscience de stopper et se baissa vers Vanhir pour le serrer contre son poitrail. Et le sol se mit à trembler. Les vibrations se répercutèrent dans les pattes, les épaules et puis la tête de la Prêtresse du Raptor. Elle n'eut pas le temps de s'en inquiéter cependant, parce que son esprit savait déjà : elle sentait la présence de son Dieu avant même de l'entendre. Tout comme son coeur se serra alors que la culpabilité l'étreignit. A mesure que grandissait l'ombre verte partant de ses propres pattes, la douleur dans son esprit augmentait. Comme un étau de fer cerclant son cerveau. La tension dans sa boîte crânienne lui fit baisser la tête. Mido était en colère. Mido était plus déçu encore que sa soeur Dragonne. Et c'était de sa faute, à elle. Elle n'avait pas été à la hauteur du cadeau qu'il lui avait fait. Elle n'avait pas été assez attentive aux jeunes de cette meute et n'avait pas été présente pour empêcher les dégâts causés dans le temple par deux fois. Son rôle de mère et de compagne l'avait éloignée de son devoir envers son sauveur. Et il le lui rappela avec une certaine forme de cruauté. Mais ne méritait-elle pas cette punition ? A l'instar d'Avalon qui avait rejeté sa déesse, elle n'avait pas fait le nécessaire pour apaiser le Raptor et protéger son temple.

Elle ne valait pas mieux qu'un parjure. Ce qu'elle était déjà au fond, puisqu'elle avait abandonnée les Raeders, pourtant sa famille. Une douleur cuisante irradia dans sa tête, sa vision devint floue. Un éclair vert zébra son champ de vision qui s'amenuisa alors que la souffrance s'élevait. Spleen ferma les paupières, aussi fort qu'elle pu, mais cela ne servit à rien. Quand elle releva le museau vers les autres autour d'elle, elle fût désorientée par une vue réduite, troublée, assombrie. Elle mit quelques secondes avant de réaliser qu'il manquait des têtes à sa gauche. Parce qu’elle n'était plus capable de les voir. La disciple du Raptor étouffa un glapissement. Elle ne niait pas l'injustice ressentie, la rancoeur naissante et le mal d'être ainsi marquée à vif. Elle savait le Dieu émeraude capable du meilleur comme du pire. Après tout, il l'avait sauvée, elle, de la Damnation des Pirates, mais avait aussi ignoré la nièce de Teddy atteinte du même mal, provoquant ainsi sa disparition. Il avait laissé faire les mortels à leur guise, laissant voir l'évolution naturelle des comportements, et on avait laissé des enfants détruire son temple sans trop rien dire. Spleen ne pouvait que constater à quel point ses propres paroles faisant sens. Les Dieux n'étaient ni bons, ni mauvais. Ils étaient des êtres supérieurs qui apportaient parfois leur aide à ceux qu'ils estimaient en valoir la peine ou qui s'en montrait digne, ou qui simplement les intéressaient un temps soit peu... Ou n'agissaient simplement pas.

Ils offraient parfois à qui le méritait, une infime partie de leur puissance en échange de louanges et de déférence. Ce qui n'était pas cher payé, au fond. Par ailleurs ils n'influaient pas sur la vie de ceux qui ne leur quémandait rien... Le douloureux rappel à l'ordre de Mido dans l'esprit de la Prêtresse fit son chemin jusqu'au tréfonds de son âme. Elle devait réparer ses erreurs et montrer qu'il avait eu raison de la sauver de la malédiction de Morne-Oeil. Après tout, c'était elle qui était venue le trouver pour changer son destin. Le Raptor aurait pu ne jamais répondre et la laisser retourner sur l'île des Raeders pour survivre. Parce qu'il pouvait tout aussi bien la condamner à y retourner. Tout comme il avait punit les deux filles de Teddy à se repentir pour espérer vivre au delà de leur cinquième année sur le continent. Qui était-elle pour juger ce qui était juste ou non ? Elle s'en était remise à la divinité en lui demandant de la sauver. Tout le reste de son résonnement devait partir de là. Entre temps, l'ombre du Raptor s'était dissipé et le calme semblait revenu. Laissant les Lazulis pantois, haletants, perdus. Il y aurait un choix à faire pour chacun en fonction de son coeur et de ses volontés. Pour la Prêtresse, désormais tout était plus limpide que jamais, parce que le choix, elle l'avait fait des années plus tôt, en passant l'épreuve du Dieu vert. Sa voix s'éleva alors, répondant à la diatribe du Prêtre déchu.

« Nous l'étions déjà Avalon. Ils n'ont jamais forcé personne à aller quémander un glowstick. Il est de notre choix d'user du pouvoir qu'ils nous accordent de manière pacifiste ou de n'en pas vouloir du tout. La foi n'a rien a voir avec le fonctionnement d'une meute. C'est un outil de rassemblement pour ceux qui le désire seulement. Personne ne vous demande de louer des dieux que nous exécrez. »

Spleen rameuta ses trois enfants autour d'elle rapidement, et leur proposa de la suivre ou de rester ici et de faire un choix différent du sien. Ils étaient jeunes encore, mais capable de comprendre ce qui se jouait ici et maintenant.

« Les enfants, à vous de décider comment diriger votre existence. A vous de choisir si vous voulez ou non de la présence des Dieux dans votre vie. Ecoutez votre coeur mes amours, vous seuls savez de quoi vous avez besoin et envie, ne laissez personne, jamais, vous dictez ce que doit penser votre âme. »

Elle releva le museau vers les autres adultes.

« Quand à moi, j'ai un temple à nettoyer. Et une vie à continuer telle que je l'ai toujours fait. »

Elle avait insisté sur ce mot, pour bien faire comprendre que pour elle il n'y avait jamais été question de survie jusqu'ici mais déjà d'une vie heureuse. Dans la mesure où elle avait été capable de voir le bonheur bien sûr, mais cela n'avait aucun rapport avec autre chose que son éducation et ses relations avec feu ses parents. Puis elle quitta l'assemblée la tête haute pour rejoindre rapidement la maison de Mido.

De son côté, Queen observa sa mère partir, tout sourire disparu de son minois. Cependant, elle ne bougea pas d'un poil en voyant sa mère disparaître derrière un mur de roche du Gouffre aux Faucons. Elle avait une idée, désormais bien précise, de ce que serait sa vie. Et elle ne serait pas dirigée par des Dieux si faibles. Elle devait s'en trouver un autre avec qui négocier plus de puissance que tous les autres. Une étincelle plus déterminée que jamais brûla dans son regard très pâle.

Tous hurlent.

La Licorne avait mis plus de temps à rejoindre les autres, attendant que tous soient installés avant de se frayer un chemin parmi ces corps, toutes ces âmes en peines, celles qui viendrait murmurer à ses oreilles. Leikn s’installe aux côtés de Teddy, frôlant son museau du bout de la truffe, les sourcils froncés. Les murmures montés, venaient raisonner à ses tempes, lui suppliant une aide, la suppliant d’apaiser la douleur. La Lazulis serra les crocs observant Nugget, puis Méluciole et Azzinoth, avant de porter son regard sur Gloriel. La suite des événements se déroula incroyablement vite, Avalon déversa un flot de rancoeur et de colère, suivit par biens d’autres… Cela aurait probablement pu continué un long moment, si les dieux eux-mêmes n’avaient jugé opportun d’intervenir. Le sol tremble, les sanctions tombent et la décadence commence.

La souffrance hurle.

Faisant volte-face vers les nièces de Teddy, les sons se font entendre, plus fort que ce qu’elle n’aurait pu imaginer. Disparaissant aussi rapidement qu’ils étaient apparus, sauf une. Celle de Teddy persiste, surplombant les autres, tandis que la Licorne l’observe ne sachant comment réagir. Nugget cherche à arranger la situation, mais dans un geste protecteur, la disciple d’Ao se met entre l’enfant et ceux qui s’efforcent de détruire le système. Ses yeux verts observent tout à tour ceux qui ont été punis, ceux qui auraient pu l’être, défiant du regard quiconque de s’en prendre à la petite pour son intervention. Tout cela la mettait à cran, lui redonnant ce comportement défensif qu’elle pensait avoir laissé avec sa vie de solitaire.

Tous hurlent.

Les plaintes s’accentuent dans son crâne, l’obligeant à porter une patte à son front, les crocs serrés pour contenir un gémissement d’inconfort. Ce n’était pas le moment. Arrêtez. Alors cela semble s’apaiser, lorsque Teddy suit la petite silhouette de Nugget. Les yeux de la Licorne suivent la silhouette du brun, sans un mot, car elle ignorait comment apaiser sa souffrance, comment calmer ses tourments, sa douleur. Elle ne pouvait que partager, se contentant d’écouter les plaintes, considérant cela comme sa propre punition à défaut de pouvoir lui apporter son aide. C’était à elle aussi son fardeau.

Perdue dans ses pensée, elle ne sent pas la présence de Mozarthamès derrière lui, lui paria depuis si longtemps, impuni contrairement aux autres. Probablement le seul qui avait été en mesure d’échappé au courroux des dieux. Ses yeux en dit long sur son dégoût lorsque ses yeux se posent sur le glowstick bleu, mais Leikn n’y prête guère plus attention. Il ne représentait la moindre poussière de tourment dans son esprit, bien au contraire. La Licorne conserve le silence, se frayant un chemin jusqu’à l’extérieur, afin de probablement errer jusqu’à constater la sanction des dieux sur les territoires. Les Lazulis s’éteignaient, en même temps que le volcan de leur colère grondait.

Tous hurlent.

CROCS ET GRIFFES

Une douleur violente vint percer son iris, Anael te voilà marqué de la croix du raptore. Un soupire las t’échappe alors que tout cela se termine. Puis une inquiétude en voyant ton fils tanguer, il a perdu la vue. Doucement, tu te poses à ses côtés, l’enveloppant de ses ailes. C’est si facile de parler, Lazulis, regardez vous. Vous tremblez de peur. Les dieux s’en vont, les faibles prennent alors la parole. Une prêtresse aussi lâche que son dieu, un parent tremblant, un enfant qui ferait mieux de se taire que de parler, et d’autres qui ne lui font aucuns effets. Son fils étouffe un léger rire faible, comme anxieux, et tu le vois t’éloigner et quitter l’assemblée. Tu sais très bien ce qu’il a en tête et tu t’apprêtes à le suivre mais avant tu dois mettre les choses au clair.

— Le premier qui ose s’en prendre à mon fils, je n’aurai aucune hésitation, je supprimerai sa misérable existence. Vous n’êtes que des enfants gâtés et vous me donnez envie de vomir.

Un battement puissant d’ailes qui envoie une bourrasque sur la pourriture qui se trouve en contrebas et tu t’envoles, les laissant mariner dans leur jus. Avec un peu de chance ils trouveront une solution avant qu’Avalon ne supprime toute les statues des Dieux.

Avalon et Anaël ont quittés les lieux -

Imposer, exiger, écraser, maudire. Il n’y a plus besoin de prouver que l’histoire se répète, mais avec le temps ça en devient risible. Quoi de pire envers un mortel qu’une malédiction ? Le tuer, c’est lui épargner bien et mal. Le maudire, c’est le condamner à ne plus vivre sa vie que par des moments teintés de douleur.
Le bien le plus précieux d’un mortel est sa propre vie. Les immortels le savent très bien, et ne cesseront donc jamais de s’amuser à la malédiction, terrain de jeu illimité.

D’abord surprise par la subite intervention des dieux, Mésange observe les yeux écarquillés les effets pyrotechniques illuminer le Gouffre aux Faucons. Ah, donc ils savaient se bouger le cul finalement ? Mais rapidement la colère la gagne, partiellement pas le biais d’Azzinoth.

D’une prétention sans nom, Ao juge le Faucon, et le rend aveugle. Passée la stupéfaction que lui évoque une telle cruauté, son être se fige.

Aveugle comme la Ruine. Un autre oiseau déchu ici en ce jour funeste par ces divinités doucereuses et arrogantes.

Puis, Mido prend lâchement le flambeau allumé par sa comparse, et la suit pour leur reprocher quelques caprices à propos de sa fontaine. Allons bon, il pouvait s’invoquer dans l’ombre d’une louve mais pas se recoller sa propre statue ? Azzinoth est fasciné. Vraiment, ces minables dieux en étaient à materner honteusement les pathétiques créatures de cette contrée, tout en leur réclamant constamment de l’attention comme des enfants gâtés. C’était là la différence fondamentale entre Dieu et Démon, les dieux avaient besoin des prières de leurs adeptes pour persister, les démons quant à eux n’avaient besoin de personne pour vivre. Leur seul intérêt envers les mortels étaient leurs promesses, qui augmentaient considérablement leur puissance, mais jamais un démon n’hésiterait à se débarrasser d’un mortel devenu trop encombrant.

Enfin, sauf quand d’autres démons plus puissants que vous vous envoyaient conclure un pacte les arrangeant eux sans votre consentement. C’était là le prix de leur société à la puissance effrayante, personne n’était allié avec personne ; sinon ils auraient conquis tous les univers depuis bien longtemps.

Cependant, il se passe un élément de trop pour le démon.
Ce minable, misérable, risible être partageant lui aussi le don d’immortalité, s’attaque alors à son vaisseau temporaire. Mésange était sa proie, son fardeau, sa victime. Il s’était promis de la condamner aux plus terribles souffrances, de lui faire vivre la pire mort qu’un tas de chairs comme elle pouvait endurer, de retrouver son âme après sa mort et la dévorer lorsqu’il aurait retrouvé sa forme originelle. Personne d’autre que lui n’avait le droit de la toucher sans son consentement ; si elle mourait sous les crocs d’un autre, ça n’aurait été que parce qu’il l’y aurait envoyée. Mais tuée par ses némésis déiques de ce continent ? Il en allait de son honneur : jamais il ne leur laisserait ce plaisir.

Alors, tandis que les yeux de son hôte se ferment instinctivement sous la brûlure vive qui marque son œil droit, Azzinoth se gonfle en elle, laisse sa colère l’inonder. Et elle, perdue entre la douleur et le désespoir, n’a momentanément pas la force de le repousser et conserver son intégrité, alors elle se laisse envelopper par la présence terrifiante du démon en elle.

Et ils hurlent.
Elle hurle de douleur, il hurle de colère. Synchrones, entité unifiée sous le flot des émotions, leurs cordes vocales anormales produisant un son terrible.

Ses yeux s’ouvrent alors vers le ciel, noyés de larmes, teintés de la croix verte qui y brille désormais.

Quand les deux divinités se retirent dans le fracas des tremblements de la terre, elle s’effondre à moitié, épuisée. Tête basse, assise à moitié de côté, elle reprend son souffle, pendant qu’Azzinoth tourne en rond dans le fond de son esprit, cherchant comment se sortir de cette situation.

Mésange remarque alors sa sœur, Méluciole, qui vient vers elle avec une expression presque aussi sombre que celle d’Azzinoth actuellement. Quand elle tourne la tête, elle voit DeuxCornes qui s’éloigne d’elles. Soit, elles n’avaient pas besoin de lui tant qu’elles restaient ensemble. Reprenant peu à peu contrôle de son corps massif, Mésange se rapproche de sa sœur, fixant quelques instants la croix qui orne son œil à elle aussi, avant de venir noyer silencieusement son museau dans sa chevelure rosée.

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