Une cohésion ♖ Lazulis

Anianka

C'est sans aucune précipitation qu'elle était venue rejoindre cette réunion de loups tous aussi égoïstes les uns que les autres. Le hurlement du disciple rose annonçait une conclusion à ce désastre, restait encore à savoir quelle issue allait être empruntée. Il était là, peu fier dans sa nouvelle peau de conseiller, un peu trop solitaire d'ailleurs. Où était ses deux protégées ? Les yeux vifs de la prêtresse fouillèrent autour d'eux mais aucune trace des deux femelles. La licorne aurait-elle prit la fuite avec la gamine dans le but de la protéger d'une justice jugée trop sévère ?

Le dos droit, elle était dignement assise auprès de ses enfants, ou du moins, de ceux qu'il restait. Malgré tout ce qu'elle venait d'affronter, malgré tout le travail psychologique et physique qu'elle avait fourni pour le temple, aucun signe de fatigue ne venait dépeindre ce visage toujours aussi séduisant malgré les marques laissées par le temps. A son cou, la douce mais dangereuse lueur de la tigresse irradiait sa poitrine et éclairait très visiblement les canines de l'effrontée trônant de part et d'autre du petit tube.

Elle s'était montrée particulièrement silencieuse lors de la dernière réunion, laissant ce chaos inévitable se produire. N'était-ce pas la volonté de l'ancien Alpha, qu'elle se taise et se retire ? Mais qu'avait été le résultat ? Si seulement il l'avait écouté, alors rien de tout cela ne se serait produit. Elle ne se priva pas de jeter un regard noir et accusateur au chevalier retraité qui se cachait derrière un mutisme un peu trop facile.
Elle écouta, patiente, ses yeux fixant tour à tour les quelques loups qui prirent la parole. Ses oreilles se dressèrent lorsque l'Etelkrue se joignit à la réunion. Une pointe de mépris habilla ses iris brûlantes et elle releva doucement le museau en l'air, laissant sa mèche retomber sur le coin de son visage.

Un rire malicieux résonna dans la maigre foule. Anianka s'était levée et écartée des autres pour s'avancer vers le bélier et la disciple du serpent. Elle s'arrêta d'abord devant Teddy pour le fixer droit dans les yeux, puis elle jeta son regard inquisiteur sur la louve de la meute opposée avant de se retourner pour faire face à la meute présente.

Aujourd'hui était le déclic.

C'est la queue droite et la poitrine relevée, comme à son habitude, qu'elle s'exprima alors, d'une voix haute et claire.

Il me semble que je vous avais mis en garde, il y a deux réunions de celle-ci. J'ai suivi votre choix en restant en retrait tandis que vous préfériez vous cachez dans les temples, et voyez ce qu'ils sont devenus. Voyez ce qu'on est devenus.

Sa voix accentua précisément le pronom personnel « on » pour désigner la tournure dramatique de la situation.

Qui parmi vous peut se vanter d'avoir participer à la reconstruction de ceux-ci ?

Son regard grave scruta les yeux qui la dévisageait avec froideur et intransigeance.

Le problème ne vient en réalité pas de vous, mais de ceux qui sont censés nous conseiller et nous diriger.

Son museau se tourna vers les concernés.

Il est grand temps que les choses changent. Si vous souhaitez réellement qu'une cohésion renaisse, il faut élire de nouveaux dirigeants qui sauront instaurer des règles.

Puis revint vers les membres.

Sans règles, il n'y a aucune harmonie. Le choix de Gloriel d'élire un conseil était une idée défendable, mais la situation est inadaptée, nous devons rétablir le couple d'Alpha si nous voulons que l'ordre revienne. Le temps a suffisamment coulé, désormais nous ne pouvons plus attendre. La famine ronge nos ventres, nous commençons à manquer de réserves médicinales et des étrangers pénètrent le dôme tandis que certains de nos enfants disparaissent derrière, piégés.

Elle marqua une pause, sa voix était devenue plus rude.

En temps qu'unique et dernière prêtresse de cette meute, j'appelle à un vote immédiat. Libre à ceux qui ne veulent plus rester dans cette meute de ne pas voter et de partir du territoire lorsque le dôme sera levé.

La renaissance avait été longue.

Leikn avait changé. Évolué presque. La coquille vide consumée par son pouvoir avait réussi à reprendre possessions de ses moyens, à contrôler la douleur. Les paroles d’Ao furent d’une aide précieuse, permettant à la louve de trouver une solution pour stabiliser sa santé mentale. Alors la revoilà, répondant à l’appel de son compagnon, lui, qu’elle avait délaissé un peu plus tôt, ne parvenant à le regarder sans raviver la douleur. Mais aujourd’hui tout avait changé. Encore. Les mots se firent entendre avant que la louve ne se dévoile.

« — Le chemin a été ébauché, mais c’est à nous d’en finir le tracé. »

Avec tendresse, l’ancienne solitaire vint offrir une caresse à la joue de sa fille, si heureuse de la voir ici. La mère ne put réprimer un regard de fierté alors que ses yeux en disaient long sur son amour, exprimant à la fois une forme d’excuses pour son absence de ces derniers temps. La Licorne s’assit alors, aux côtés de son enfant et de son compagnon, se faisant force de ne pas céder à sa joie de le retrouver, à la culpabilité de l’avoir laissé. Les poils avaient repoussé. Peut-être serait-il déçu de voir la lueur bleue toujours au coeur de sa corne, mais dorénavant, Leikn parvenait à mieux contrôler ses émotions. Bien que toujours maigre, son état physique semblait bien mieux qu’à leur dernière rencontre, de même que l’absence de camouflage permettait de constater que le tourment était en ce jour mis de côté.

Se font entendre les mots d’Anianka, plus durs à supporter que Leikn ne l’aurait cru. Cette louve qui ne pouvait rappeler la seule chose obtenu sans mesquinerie, son titre de prêtresse. Ce mot avait-il encore son importance aujourd’hui ?

« — Un couple d’alpha… Nous ne sommes plus q’une poignée à présent. Les Lazulis ne sont plus, c’est une évidence. Le moment est venu pour ceux qui reste d’accepter la disparition de la meute dignement. »

Les yeux verts de la Licorne se posèrent sur Anianka, s’efforçant de ne paraître nullement menaçante en ces temps déjà troublés.

« — Cela nous empêchera-t-il de vénérer nos dieux ? Non. Cela pourrait faire disparaître le dôme sans aucune hypocrisie ? C’est peut-être la seule solution. »

La Licorne lâcha un soupir avant de reprendre.
« — Certains disent que tout choses à un début et une fin… Mais est-ce réellement la fin ? En acceptant la situation, ne permettons-nous pas à d’autres plus tard de reforger une meute encore plus forte ? »

Les mortels étaient si effrayés par l’idée de la mort, alors que cela ne constituait que l’ordre des choses.

Tu avais tant l’habitude de tracer ce chemin, naturellement.

Au dessus de l’assemblée, un oiseau plâne. Un épervier. Il vole silencieusement, sans se faire remarquer puis fait demi tour. Lentement, l’oiseau se pose alors sur l’épaule du concerné et lui murmure chants et légendes. Ils sont unités une dernière fois.
C’est comme une obligation. C’est la fin du chapitre et tu te dois de l’observer. Tu as provoqué tout cela, tu veux savoir la conclusion.

Tu les as poussé dans un océan de doutes, maintenant il ne reste que le fruit de leurs réflexions. Lentement tu t’avances, comme une ombre sur le sol, comme un distant écho. Tu hûmes les odeurs, tu observes les courbes du paysage et tu te retrouves bien vite sur l’ancien lieu où tu passais toute tes journées étant enfant. En effet, ils sont bien là. Ils parlent, d’un futur, d’une meute qui se meurt.

Toi tu es assis en retrait, si on ne se retourne pas, on ne peut même pas te remarquer. Ta marque bleu zèbre ton visage ;calme. La colère est partie, tu es juste toi même désormais.

Un instant, tu lèves la gueule vers le ciel. Tu te demandes si Mido va venir et ôter cette cage ; que tu puisses enfin t’en aller.
Puis la question vient, Anianka meneuse d’une meute sous les ordres de la tigresse ? C’est ridicule et tu trouves cela hilarant. Cette ridicule prêtresse n’est qu’un tas de déchets sur patte, elle te donnait déjà la nausée à l’époque.

Rhaegar

Au fond de la foule, une immense silhouette brune et ébène dépassait par dessus celles des autres, une énorme tête imposante et pourtant si peu remarquée depuis ce début de réunion. Rhaegar observait le déroulement de la réunion avec son silence habituel et se contentait de remuer les oreilles d'un air attentif et sérieux. A côté de lui Elely se tenait droite comme un pic, assise aussi dignement qu'aurait pu l'être sa mère malgré son corps rachitique. Elle était si petite à côté de son aîné, et pourtant elle avait admirablement grandi, elle était devenue une belle jeune louve bien que la famine creusait son doux visage.
Son regard resta figé un instant sur l'ancien prêtre bleu, un goût amer l'obligea à tirer la langue grossièrement entre ses crocs. Elle s'efforçait de rester calme et de ne pas lui sauter à la gorge avec ses nouveaux poignards, ce n'était pas vraiment le moment de faire une scène.

Distant, Rhaegar écoutait les différents points de vus et les assimilait avec neutralité, comme le lui avait enseigné le gris. Il s'était racheté auprès des dieux pour ses erreurs et avait achevé son apprentissage avec fierté. Il avait été un bon garde pendant de nombreuses lunes et maintenant qu'il était nommé guerrier la meute s’effondrait. Le grand loup sombre savait que la fin de la meute était proche et pourtant, une part de lui avait envie de soutenir sa mère. Il avait beau y réfléchir, laisser ces belles terres à la portée d'étrangers lui mordait le cœur.

Il baissa un instant son regard, hésitant.

Êtes vous certains de vouloir abandonner un territoire aussi riche à des étrangers ? Avez-vous perdu à ce point espoir en l'avenir pour envisager de devenir tous solitaires ? Mais saurons-nous seulement survivre en tant que tel ?

Sa voix grave résonna dans le fond, aussi imposante et intimidante que l'était tout son être. Et pourtant, il ne criait pas, il n'haussait même pas le ton.

Que faites-vous des plus fragiles, des temples tout juste reconstruis, du Gouffre qui a de nombreuses années durant abrité les nôtres ? Et des prochaines générations ?

Il se gratta la gorge et resta le plus implacable possible, même si son œil maudit le rendait peu convainquant.

Vous soulignez vous même que nous ne sommes plus qu'une poignée et pourtant vous voulez nous disperser davantage. Nous ne pouvons élire trois nouveaux conseillers, préféreriez vous élire qu'un alpha ? Même si ça peut vous paraître difficile de le reconnaître, ma mère a raison.

Son regard tourna au dessus des têtes pour croiser celui, inflexible, de la prêtresse rose.

Il faut un règlement et des objectifs pour que nous avancions, aujourd'hui nous n'avons rien de tout cela. Ceux qui n'ont rien à perdre peuvent toujours partir, mais n'y a-t-il aucun d'entre vous qui se sent attristé ou même inquiet par cette option ?

< Spleen ; 5 PVs ( cause âge + famine + fatigue )

C'est dans l'ombre que se tiennent les deux louves blanches. Toutes deux observent et se taisent, pour des raisons bien différentes. La première, la plus âgée et la plus sage des deux, Spleen, l'ex-Prêtresse du Raptor, a le coeur triste de voir ces loups qui n'ont pas encore compris que de la fin d'une ère en naît toujours une nouvelle. Les lazulis en tant que tels n'étaient plus depuis longtemps. Leur manque d'organisation et d'entente avait même rendus ces terres pourtant si belles et si giboyeuses avant la colère de Mido à l'état d'épuisement mental et physique dans lequel se trouvait les loups eux-mêmes. Le manque de nourriture n'était bon pour personne. La femelle était en tout cas à stade de fatigue avancé, son corps déjà mince était désormais efflanqué. Mais elle n'avait pas un mot pour ces loups parmi lesquels elle ne s'était jamais investie, tout comme eux ne l'avait jamais vraiment adoptée. Sa seule relation dans cette meute avait été son Dieu sauveur. Son dernière acte envers lui avait été de lui rendre le don qu'il lui avait fait après des années à le prier et le remercier pour tous ses bienfaits. Elle avait pourtant manqué de vigilance pour lui parfois, mais dans sa colère il l'avait pourtant pardonnée. Sentant qu'il était temps pour elle, ses os douloureux et son appétit disparu l'ayant trop affaiblie pour participer encore à tout ça, Spleen s'en retourna vers le temple où elle savait pouvoir y prier une dernière fois, pressentant qu'elle ne verrait pas tomber cette prison verte.
Dé 2 Spleen - S'en va du lieu.


< Queen : 10 PVs

De son côté, la jeune Queen bouillait de rage. Tous ces idiots, tous ces abrutis. Il méritait bien tous de mourir ici et maintenant, de faim, de soif, ou de maladie. Elle n'avait pour eux pas une once de compassion. Le seul hic, c'est qu'elle vivait là aussi, avec ses frère et que ce dôme l'empêcherait de survivre et de retrouver leur père s'il ne disparaissait pas vite. Elle aussi commençait à sentir la faim la tenailler. Spleen avait tout fait pour leur partager, voir offrir complètement les rations qu'elle se chassait en plus de ce qu'ils se trouvaient seuls, afin que Vahnir, Nyoka et elle restent le plus en forme possible. Leur mère toutefois avait atteint ses limites et pour la jeune louve c'était la faute de ces Lazulis dont elle faisait partie malgré elle. Si elle avait vécu avec Sly, le loup gris, est-ce que tout aurait été différent ? Ses babines frémir alors qu'elle se levait enfin pour rejoindre le devant de la scène. Fusillant du regard tous les présents qui osaient encore espérer que leur meute ne soit pas morte. Elle allait leur rétorquer à ces faibles et ces lâches quand le sol et le ciel vert tremblèrent.
Dé 1 Queen - esquive réussie
Les oreilles de la blanche se couchèrent en arrière et elle bondit prestement de côté quand un morceau de la voûte de Mido vint chuter prêt d'eux et explosa en morceaux de verre offensifs. Pire, au sol, c'est une bête féroce qui naquit au point de chute : un magnifique et fier Raptor. La réponse de Mido à ces couards. Un sourire mauvais naquit sur ses babines et enfin, elle s'exprima avec morgue :

« Voyez comme Mido vous réponds, vous qui croyez encore que la meute peut survivre. Elle est déjà morte. Nous ne sommes pas un groupe et ce depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Il est temps de comprendre qu'il faut piétiner le passé et avancer. S'affranchir du précédent pour envisager de construire autre chose. Rien n'empêche, une fois la dissolution déclarée que ceux souhaitant rester ensemble ne se crée pas par la suite un mode de vie commun sous un même nom. Comme un phoenix, il faut d'abord brûler pour renaître. »


Fièrement campée sur ses pattes, la jeune louve au regard de givre défiait ce peuple désuni d'enfin voir clair, tout en observant du coin de l'oeil la manifestation du Dieu mécontent pour éviter d'en être la cible.

Anianka [8PV]
Rhaegar [10PV]
Elely [10PV]

Alors que son fils aîné prenait la parole pour la première fois devant une assemblée, Anianka sentit une certaine fierté réchauffer son cœur. Si seulement Méridor pouvait prendre exemple sur lui.. Elle coula vers son deuxième fils un regard distant, bien qu’intérieurement attristé. Alors qu'elle allait reprendre la parole, la terre se mit à trembler sous ses pattes et un sifflement venant du ciel lui hérissa le poil, la prévenant d'un danger imminent. Lorsqu'elle releva les yeux, c'est un énorme objet vert qui tombait droit sur eux qu'elle vit, s'approchant si vite qu'elle n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche pour prévenir qui que ce soit.  

[Dé esquive 1 – Anianka, offert à Méridor ; -2 pour Anianka]

La seule chose qu'elle eut le temps de faire, en revanche, c'est de se jeter sur son fils Méridor qui était la cible parfaite. Elle le bouscula suffisamment assez et se fit aplatir au sol par un bout du dôme qui se fracassa sur son arrière train. Un couinement provenant de ses entrailles grinça dans sa gorge au moment de l'impact.

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Rhaegar, surprit, bondit en arrière en voyant le morceau s'abattre sur eux dans un tonnerre de bruit. Des cris hurlaient ci et là et derrière un nuage de poussière il aperçut sa mère couchée au sol, à moitié assommée par l'objet vert qui prit vie sous ses yeux éberlués. La voix de Mido résonna aux travers de la bête et il sentit son oeil maudit lui brûler. Grondant de douleur, il se jeta aux côtés de sa mère pour la protéger, campés sur ses épaisses pattes.

[Dé esquive 2 – Rhaegar]

Jetant un coup d'oeil à sa fratrie, puis à son ancien mentor, il resta immobile comme un bouclier vivant, réfléchissant à une idée qui pourrait les sortir de cette situation.

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Elely jeta un regard à son frère avec une certaine admiration lorsqu'il prit la parole, sa grosse voix lui donnant des frissons jusque dans le bout de sa queue. Elle coula un regard à Méridor, quelque peu déçu de son éloignement si soudain. Elle le trouvait faible, pathétique. Mais il lui manquait terriblement.. Pourquoi était-ce si compliqué ?
Le regard baissé sur ses pattes, elle sentit des secousses sous ses coussinets et observa curieusement les cailloux s'affoler, sautillant comme des puces. La tension qui s'éleva de la foule lui fit lever la tête soudainement et le choc d'une énorme chose verte devant elle manqua de lui arracher le coeur de la poitrine, son corps se souleva de peur dans un bond vertigineux.

[Dé esquive 3 – Elely]

Un raptor ! Etait-ce Mido en personne ? Il devait payer pour ce qu'il avait fait à sa famille et à sa meute. Enragée, les crocs mis à nu, Elely balança l'une de ses dagues sur la bête, lui poignardant les côtes. Elle s'élança droit sur le dieu vert, l'autre dague fermement tenue entre ses crocs.

[Dé attaque 1 - Elely]