Au dehors il y a... [PV Creek]

Sujet: Au dehors il y a... [PV Creek] Lun 18 Nov 2019, 19:43

La truffe dans les pages brunies aux lettres multiples, la femelle en avait oublié le reste du monde. Comme souvent d’ailleurs. Elle avait passé tellement de temps entre ces étagères qu’elle les connaissait toutes sur les bouts des griffes. Elle s’y promènerait sans difficulté les yeux bandés. Le museau dans ses pages, elle leva une seconde les yeux vers la fenêtre où elle aperçue les derniers rayons du soleil. Il allait bientôt falloir allumer des bougies pour y voir.

La louve éprouvait souvent de la douleur à sortir de ses lectures. Elle savait qu’elle ne survivrait pas dans un monde sans ouvrage. Un monde sans livre dans lesquels elle peut s’évader et penser à autre chose, quelle horreur ! Une véritable abomination ! Elle secoua la tête à ce songe avant de se relever, ses muscles inertes depuis des heures provocant une affreuse douleur dans la totalité de son organisme. Elle s’étira en râlant avant de s’éloigner de l’ouvrage. Aussitôt ses pensées retournèrent à ses parents, et à la peur qu’elle avait de sortir. Très régulièrement son cœur vacillait entre haine pure et angoisse totale… Sortir de ces lieux revenait à croiser le monde extérieure, et dehors… Dehors il y a le monstre… Elle n’arrivait plus à qualifié la louve qui avait tué ses parents autrement que par ce nom. Lui donner un prénom était beaucoup trop d’honneur aux yeux de Séchat dont la vie avait basculée à cause de la femelle.

L’esprit vagabond de la louve s’éloigna un moment de ses pensées premières. Elle traversa sans s’en apercevoir plusieurs rangées de livres avant de se diriger vers la sortie de la bibliothèque. Aussitôt elle se figea, les oreilles en arrière, elle recula avant de s’asseoir sur les dalles de pierre, ramenant sa queue de reptile contre elle. Son regard se posa sur l’extérieur. La porte ouverte dévoilait un monde connu et étranger à la fois… Quelque chose qui lui semblait hostile et merveilleusement attirant.

Elle hésita, se releva, avança d’un pas de plus et passa la truffe dehors. Le froid lui mordit le museau. Elle éternua avant d’observer les grands arbres éclairés par les derniers rayons du jour. Elle se redressa, déglutit, et se décida à descendre les deux marches du porche de la bibliothèque… Dehors les embruns de la nature lui agressèrent rapidement ses sens olfactifs. La louve était tellement habituée aux odeurs de l’encre, de la poussière et des livres qu’elle éprouvait un certain mal aise à sentir ces odeurs pourtant pas totalement méconnues puisqu’elle sortait de temps à autre pour manger. Enfin, elle sortait quand c’était vraiment nécessaire, sinon elle se nourrissait des rongeurs de la bibliothèque, ils étaient largement suffisant pour le peu d’activité qu’elle avait.

Elle continua sa marche sur la terre meuble et fraîche, les oreilles en avant, les sens aux aguets. Et si le monstre l’attendait, là, quelques part, et qu’elle s’apprêtait à lui sauté à la gorge. Un frisson lui couru dans tout le corps alors qu’elle continuait d’avancer. Elle savait qu’elle devait vivre, souvent elle avait pensé à mourir, sans son frère et ses parents la vie avait un goût fade et désagréable. Mais elle savait que Thalion ou Geb n’auraient sans doute pas appréciés qu’elle se donne la mort. Puis c’était totalement irrespectueux pour eux qui lui avaient sauvé la vie. Il fallait juste qu’elle réapprenne à vivre, mais n’était ni motivée, ni assez courageuse pour cela… Du moins, c’est ce qu’elle pensait.

Elle s’arrêta en entendant un bruit de pas, les oreilles pointées en avant, l’odeur de sel et de mer lui traversa la truffe. Un Pirate ? Elle pencha la tête, elle savait qu’il y en avait sur l’île, elle s’était toujours préparée à en croiser si elle venait à sortir. Ils n’étaient jamais venu la délogée de sa bibliothèque, et elle ne les avais jamais dérangée. Ils coexistaient parfaitement en ne se rencontrant que très rarement. Elle en avait aperçu un une fois, mais n’y avait pas fait plus attention que cela.

Cherchant la source du son, Séchat se heurta à un individu. Reculant violemment, elle mit les oreilles en arrière et s’écrasa sur elle-même de peur d’être tombée maladroitement sur un individu fort désagréable. Mais alors qu’elle reprenait ses esprits elle découvrit un loup aussi marin que terrestre. Elle fut tout d’abord totalement tétanisée et apeurée, mais incapable de prendre la fuite, car un sentiment de fascination et de curiosité était entrain de naître en elle avec une puissance dévastatrice. Le fait de s’être presque entièrement coupée du monde lui avait fait oublier comment s’adresser aux autres, et ce à quoi pouvaient ressembler ses congénères. Si bien qu’elle se trouvait presque sublimé par cet étranger à la fois inquiétant et envoûtant.

« Pa… pardon »

Parvint-elle a articulé d’une petite voix, totalement mal à l’aise. La fuite ne serait pas la meilleure des idées elle en avait conscience. Et puis il pouvait la pourchasser, si ça se trouvait il était beaucoup plus rapide et la tuerais si il n’avait pas au moins des excuses de sa part. Elle attendit alors, le regard fixé sur lui. Se préparant tout de même à fuir à la moindre occasion.

Sujet: Re: Au dehors il y a... [PV Creek] Mar 19 Nov 2019, 12:12

< Creek ; 4 ans et demi

L'anthracite était plutôt maussade en cette fin de journée. Il avait espéré tomber sur Ajani rapidement, mais visiblement l'île fantôme n'était pas le lieu qu'il fréquentait le plus, sa piste olfactive n'y étant pas récente. Le Pirate avait commencé par ici, car ce bout de terre encerclé d'océan lui était moins désagréable à la promenade. A croire que le fait d'être entouré d'un bras de mer amoindrissait les effets négatifs de la malédiction qui courait dans son sang. Il avait donc pu passer quelques heures relativement peinard sur l'île, à chercher des traces du loup blanc. Et il était donc là, allongé sous deux arbres feuillus rougissants, secoués par les bourrasques de vent venus de la mer, le regard dans la vague et déçu de n'avoir croiser celui qu'il cherchait. Cela faisait longtemps maintenant qu'il ne l'avait vu et ils avaient décidés, une bonne année et demi plus tôt, qu'ils se retrouveraient à peu près a cette période afin de voir comment avait évoluer le plan. Il ne l'avouerait pas, bien sûr, mais il avait hâte de revoir le fils de Chulhei. Le forban se releva, ses épaules craquèrent sinistrement alors qu'il secouait son corps massif et trapu. Il allait faire un dernier petit tour au soleil couchant avant de retourner vers le navire et s'abîmer dans le vaste océan qu'il aimait tant. Un dernier coup d'oeil vers l'horizon et il s'enfonça de nouveau vers le centre de la petite île Nakhu. Discret et attentif comme une ombre : il savait que certains fils de la Corneille n'aimaient guère les Raeders.

Tapi entre les buissons, pour éviter les quelques âmes a se promener sur l'île brumeuse, le noiraud se dissimula plusieurs fois dans la pénombre grandissante de la fin du jour pour ne pas être surpris. Il bifurqua alors vers la Bibliothèque, se demandant sir le jeune mâle blanc et brun aurait pu s'y rendre, c'était le seul endroit que Creek n'avait pas franchement approché, parce que lieu plus fréquenté. Et il n'était pas d'humeur à croiser du beau-monde. Il s'arrêta dans les fourrées bordant l'immense bâtisse et observa les loups en sortirent pour, il supposait, rejoindre leurs tanières ou leur meute. Après une journée de dur labeur à s'enfiler des pages et des pages de roman plus idiots les uns que les autres. Un sourire goguenard barra son museau tandis qu'il décida de s'approcher un peu plus du porche. Il était tout de même curieux de visiter ce lieu dont Heever avait souvent parler. Sa ère avait toujours aimé apprendre et lire, donc forcément elle portait la Bibliothèque en haute estime. Lui préférait les histoires racontées de vive-voix, les légendes transmises à l'oral et donc le fait que les détails s'échappent ou se modifient à chaque fois qu'on la racontait. Le papier n'avait pas ce côté vivant de la langue et de l'imagination. Lorsqu'il n'y eu plus beaucoup d'âme qui quittaient l'endroit, le pirate sorti à découvert, la truffe en l'air pour observer le bâtiment.

Du coin de l'oeil il vit une petite louve brune sortir et venir vers lui, mais il ne s'en préoccupa pas, elle n'avait visiblement rien d'agressif et il était occupé à analyser ce qu'il voyait. Elle le contournerait et s'en irait sans problème, il en était convainc- ... Non. Elle lui rentra dans le lard. Comme ça, sans prévenir. La loup à la patte de bois sursauta en grommelant dans sa barbe fournie. Il baissa le museau vers la pauvre femelle apeurée. C'était lui qui lui f'sait peur comme ça ? Sa réputation le précédait dit donc ! Jobard, le pirate s'esclaffa alors :

« Eh bien, les mousses n'ont pas le pied terrestre chez vous ? Vous devrieriez nous les envoyer ! »

Elle n'avait pas l'air très sûre d'elle, ni très épaisse d'ailleurs. Était-elle malade ? Fragile ? Faiblarde ? Pas étonnant pour une louve de clan. Cela dit il ne discerna aucune odeur autre que celles de l'encre et de la poussière sur son pelage, même en inspirant profondément... Il haussa les épaules et s'assit, le poids de la damnation de Pontos commençait à peser sur ses membres fatigués et des crampes commençaient à tirailler désagréablement.

« Bah, ouvre donc mieux tes écoutilles la prochaine fois. Ou tes hublots. »

Sourit-il, moqueur.

Sujet: Re: Au dehors il y a... [PV Creek] Mar 19 Nov 2019, 16:34

Séchat avait gardé les oreilles en arrière d’avoir croisée la route du loup dans lequel elle était entrée. Il avait sursauté en grommelant avant de la dévisager. Mais ne s’était ni montré violent, ni désagréable. Elle en dressa lentement les oreilles. Ses premiers mots la faisant sourire. Voilà un langage bien étrange et amusant. La voix qui résonnait au milieu des arbres silencieux était rauque, dur et chaude. De sa gueule s’échappait une odeur salée. Le loup tout entier transpirait cette senteur d’océan et de vagues. Voir qu’il n’était pas violent avait un côté rassurant, surtout qu’il était aussi imposant qu’intimidant.

Elle le vit s’asseoir et hésita une seconde avant de ramener ses pattes arrières contre ses pattes avant pour adopté approximativement la même position que lui. Il continua dans son langage de loup de mer. Mais elle ne comprit pas un traitre mot de ce qu’il avait pu lui exprimer. Elle mit les oreilles en arrière en détournant le regard.

« Pardon… Mais qu’est ce que sont des écoutilles, ou des hublots ? »

Demanda-t-elle curieuse de ces nouveaux mots inconnus. Elle ne se souvenait pas avoir entendu ses aïeux parler comme cela. Ni avoir lut d’histoires usant de ces mots. Ni même que Geb ou Thalion parlaient ainsi. Alors elle découvrait, et ça l’amusait. Découvrir de nouvelles choses avaient toujours été fantastique pour elle. Il faudra qu’elle note tout cela dans un vieux grimoire histoire de ne rien oublié. Oh les loups du dehors n’apprendraient rien. Mais si un jour les loups s’exprimant ainsi disparaissaient, les loups du futur en auraient au moins des traces écrites. Histoire qu’on parle encore de ces étranges personnages même s’ils finissent par reprendre le large.

Elle observa le mâle au pelage anthracite qui se tenait devant elle, et lui servit un sourire timide en redressant la truffe. Espérant ne pas le froisser avec sa première question. Elle l’observa, détaillant son pelage marin et les effets qu’il lui avait donné. Ça avait quelque chose d’atypique et d’étonnement amusant. Elle ne sentit pas tout de suite le mouvement lent de sa queue ni le fait que ses oreilles se soient pointées en avant par curiosité pure et simple pour le matelot.

« Vous avez vraiment un drôle de langage tout de même. Et vous sentez bon l’océan aussi. »

Lui avoua-t-elle en continuant de l’observer. Elle désirait presque se lever pour continuer son observation en détail. Mais cela serait fortement déplacée en sans doute très mal prit par son vis-à-vis, et ce n’était pas non plus dans ses habitudes de se montrer si intrusive, mais elle n’avait jamais rencontré de Readers de toute sa vie, c’était la première fois. Alors forcément tout ce qu’elle pouvait penser tomber sur ce pauvre loup. Qui ne semblait pas si pauvre que cela à bien y réfléchir.

Il avait l’air d’un roublard bien musclé et bon vivant. Tout le contraire d’elle qui était assez petite, chétive et dépressive en plus. Elle continuait de l’observer avant de se rappeler de ce qu’il avait. Elle n’avait pas le pied terrestre. Peut être mais elle n’avait jamais pris la mer non plus. Même si celle-ci avait quelque chose d’attirant et de vaste. Quand elle fixait la mer elle se sentait inquiète. Pas parce qu’elle avait peur. Mais simplement engloutit par son immensité et sa profondeur vertigineuse.

« J’ignore si j’ai le pied terrestre, je n’ai cependant jamais pris la mer. »

Lui avoua-t-elle en l’observant avec calme. Elle se demandait ce que ça faisait de prendre la mer. Elle n’avait jamais vu de vrai marin ni de bâteau. Elle avait juste vu ce genre de chose dans les livres et dans les histoires. Elle remua lentement la queue, attendant calmement une réponse du loup. Peut être qu’il en avait marre de l’avoir devant la truffe et qu’il allait la chassait pour avoir de la tranquillité.

< Creek ; 4 ans et demi

La première réaction instinctive de la louve brune, mêlant surprise et inquiétude, passa pour être remplacée par une espèce d’intérêt motivé de curiosité. Creek pencha la tête sur le côté, fixant ce regard vairon glace et or. Orbes qui n'étaient pas sans lui rappeler les exacts mêmes chez l'un des loups de leur groupe. Si le pelage étaient majoritairement bien différent en terme de couleur, on retrouvait pourtant également ce vert chartreux sur le poil de Cendrillon, ainsi que ce marquage assez particulier de tâches ressemblant à une nuée de bulles d'air s'envolant vers la surface de l'océan lorsqu'on était sous l'eau. Nul doute que ces deux là avait un lieu quelconque... Cependant l'odeur du pirate avait depuis bien longtemps changé et le noiraud à la patte de bois ne se rappelait pas de celle qu'il portait gamin, avant qu'ils ne l'embarquent sur leur île de Maudits. La langue du forban passa sur ses crocs lentement alors qu'enfin, la frêle petite femelle l'imitait en s'asseyant à son tour et posant une question surprenante. L'oreille restante du mâle et l'autre, sectionnée à demi, pointèrent le haut, alors que son sourire s'élargissait.

« On vous apprend quoi ici ? »

Il ricana avant de souffler fort par les narines.

« Les écoutilles sont les ouvertures sur le pont d'un bateau, qui permettent de descendre dans son ventre. Et les hublots sont comme des fenêtres, mais rondes en général. »

Finalement, elle releva le museau et l'observa. Il sentit bien qu'elle était dévorée de curiosité, visiblement, elle n'avait pas appris à cacher ses intentions comme beaucoup de loup de meute. Cela avait au moins un avantage, elle n'était clairement pas fourbe, en tout cas clairement pas plus que lui, et donc il ne risquait pas un sale coup en sa présence. Les Raeders étaient plutôt très mal vus par toutes les meutes. Il se rappelait encore des coups de crocs de l'Oracle dingo lorsqu'ils étaient venus récupérer le coeur de l'île sur demande de la Maîtresse des Abysses. Par reflexe, tout de même, Creek jeta un regard alentour avant de revenir vers la brune à la queue reptilienne, sidéré. C'était bien la première fois qu'on lui disait qu'il sentait bon. Il éclata d'un rire franc et presque juvénile.

« C'est bien la première fois qu'on me dit que le mélange sel, poisson et rhum est plaisant ! D'habitude les truffes se plissent... »

Il fallait dire qu'aujourd'hui, contrairement à son habitude, il n'avait pas prit de rasade goulue de son breuvage préféré avant de voyager à travers la mer, sans doute que son haleine devait être un poil moins chargée que d'ordinaire. Une chance pour la femelle il fallait croire. Il vit bien qu'elle semblait si intriguée par sa présence et sa condition de forban, a voir comment elle le fixait, qu'il n'avait presque pas envie de se débarrasser d'elle et de continuer son petit tour pour trouver Ajani. Un peu de compagnie était toujours agréable, et puis il parviendrait peut-être a en apprendre un peu plus sur le loup blanc vivant sur ces terres au détour de la conversation. Dans un haussement d'épaule il se redressa et fit quelques pas, avant de s'arrêter et d'attendre, levant une patte pour proposer à la femelle de l'accompagner.

« Tu devrais venir nous voir à l'occasion, tu découvrirais les plages du Sud et le soleil ! Rien à voir avec cette île brumeuse et ce climat humide ! »

Si elle venait, il prendrait le chemin de la plage, ainsi il pourrait reposer les pattes dans l'eau laisser derrière lui cette sensation de lourdeur et de crampes qui remontaient dans ses pattes. La malédiction était parfois une plaie, souvent même, heureusement bientôt Tatch lui filerait un des médaillons de Céto et tout cela serait oublié.

Assise dans la poussière, j’observais le mâle en face de moi. Curieuse de tout chez lui. Remuant ma queue, innocente j’avais totalement oublié le reste. Ne restait plus que lui et moi. Le monde qui gravitait autour de nous n’était que superflus et décor inutile. Je l’entendis alors me demander ce que l’on apprenait ici. Penchant la tête, je dû bien avouer que j’avais réfléchis à ma réponse. A part la chasse, le combat, et la vie en meute, et bien pas grand-chose. La vie était un peu fade et sans trop de vague sur la terre.

« Hum… Après réflexion, on apprend pas grand-chose. »

C’est vrai, la vie en société ne s’apprenait pas vraiment, la preuve il y avait de nombreux marginaux et des écarts fréquents. Elle-même en était la preuve, elle avait vécue en meute mais elle était totalement en dehors de ce genre de vie. Elle l’entendit ricaner elle dressa les oreilles en l’observant. Elle se savait totalement ignorante donc ne s’offusqua pas le moins du monde de la réaction du loup sombre. Même si au fond elle se sentait un petit peu ridicule voir légèrement honteuse. Elle s’y ferait de toute façon elle a pleinement conscience de ne rien connaître du monde vaste et hostile qui l’entour elle et sa tour d’ivoire.

Elle l’écouta alors avec intérêt, ne lâchant pas le loup du regard pour retenir tout ce qu’il était entrain de lui dire. Hochant vaguement la tête à ses paroles, signe qu’elle écoutait comme un bon petit élève. Dès qu’il eut finit elle souhaita déjà en connaître plus. Mais elle l’avait un peu trop reniflé et avait dit tout haut ce qu’elle pensait. Que son odeur était fortement agréable à sa truffe. Il regarda autour et elle en fit de même, mais non ils étaient belle et bien seuls ici. Puis elle reposa son regard sur lui quand il éclata de rire. Ecarquilla les yeux et le fixant, elle n’avait pas entendu de loup rire aussi spontanément et sincèrement depuis Thalion, alors le rire du loup la fit sourire et rire à son tour, la mettant alors en total confiance.

« Et bien sachez que j’aime l’odeur du poisson de base, j’aime également l’odeur de la mer, et je n’avais jamais senti celle du rhum mais elle ne me semble pas bien désagréable. Et puis c’est votre identité après tout. »

Lui dit-elle quand ils eurent tout deux terminés de rire. Ça lui avait fait du bien de rire un coup, ça n’était pas arrivé depuis tellement longtemps que les commissures de ses babines et sa machoire lui firent presque mal à cause du manque d’habitude. Ses muscles n’étaient clairement pas habitués à se tordre de cette manière. Quand elle le vit se relever et s’éloigner, elle cru qu’il allait partir pour de bon, et en le voyant s’arrêter retrouva espoir que sa compagnie n’était en fait pas si désagréable que ça. Elle le rattrapa alors sans grande difficultés, remuant la queue, heureuse d’avoir un peu de compagnie, surtout celle d’un loup qui inconsciemment lui remontait le moral.

Elle l’écouta lui dire de venir les voir, la proposition ne passait clairement pas dans l’oreille d’une sourde, bien au contraire. Elle dressa ces dernières, un sourire aux babines, une lueur de joie et de curiosité brillant dans ses yeux verrons.

« Je viendrais avec plaisir ! C’est vrai que c’est un peu triste et sinistre ici en plus. »

Remarqua-t-elle en le suivant avant de pencher la tête en l’observant. Pour voir sa barbe et sa quantité de pelage extraordinaire, le détaillant sous tous les angles sans vraiment se retenir. De toute façon cela ne semblait pas déplaire au loup, ni le mettre en rogne, alors autant qu’elle en profite. Puis elle agita les oreilles.

« Oh fait, je m’appelle Séchat, et vous ? »

Demanda-t-elle en se rappelant qu’elle ne savait même pas comment s’appeler ce matelot si sympathique et pourtant encore plein de mystères qu’elle comptait bien tous élucider.

< Creek ; 4 ans et demi

Ça n'avait rien d'étonnant à vrai. S'il était certain qu'on pouvait trouver des choses utiles dans les livres, Creek estimait néanmoins que la vie s'apprenait dehors, la truffe à l'air et surtout, face aux difficultés de l'existence. Il aurait été bien mal avisé de dire le contraire de toute façon, il avait passé tant de temps à se battre pour survivre depuis sa plus tendre enfance et à quérir de l'expérience et des connaissances au travers d'expériences diverses, variées et pas toujours agréables... Peut être que lire davantage lui aurait mis du plomb dans la tête plus vite... Mais il n'en était pas certain. Et puis Heever s'était assuré d'offrir à ses fils le savoir minimum nécessaire et la transmission de la curiosité utile à en découvrir toujours plus au travers de leurs explorations, et à l'occasion des bouquins croisés. Un très bon dosage entre l'érudition et la vie au grand air selon lui. Les prunelles cobalt du pirate ne manquèrent pas le hochement de museau de la petite femelle, indiquant alors que son esprit agrippait l'information donnée et en quémanderaient sûrement plus bientôt. Une érudite donc, grande curieuse, et adorant en découvrir toujours plus, cela expliquait en partie son corps filiforme de louve sous-nourrie... Elle devait tant passer d'heure à étudier ou lire dans sa grande bibliothèque et sortait sans doute trop peu pour son propre bien. Le noiraud à la patte de bois souffla fort des naseaux en réponse à la réponse justificative de la louve brune et verte aux yeux de deux couleurs différentes, identiques à Cendrillon.

« En effet, ce sont là les caractéristiques de base des forbans. Entre autres... »

La femelle le rejoignit en quelques foulées, et il remarqua dans un sourire en coin, qu'elle semblait soudain bien plus enthousiaste, comme... Détendue peut-être ? Moins méfiante en tout cas. Habituellement il faisait l'effet inverse. Cette drôle de petite était bien étrange quand même. Et il ne pouvait s'empêcher de se questionner sur ce lien qu'il pressentait exister entre elle et le Chapardeur Raeder. Il questionnerait Cendrillon en rentrant. S'il y pensait encore. Cela dit, vu comme elle semblait apprécier l'invitation, il pourrait presque l'emmener direct lors de son retour ce soir et la faire rencontrer l'autre pirate, ainsi il aurait directement la réponse à ses interrogations.

« Morbleu, évidemment que c'est sinistre ici ! Y a un cimetière pas loin ! Et pi l'brouillard t'abime le cerveau. T'manque de soleil et de grand air ma ptite loutre ! Puis tu verras, on sait faire la fête chez les Pirates »

Si elle trouvait l'endroit triste, nul doute qu'elle se plairait sur leur île prison. Bien sûr, il fallait aimer le vent qui fouettait le petit morceau de terre et soufflait entre les collines de Cranecoeur presque en continu, mais les plages étaient douces, le climat tempéré à chaud, et la vie bien plus enjouée qu'à proximité d'un cimetière et d'une maison du silence comme lz Bibliothèque. L'air malicieux du Raeder boiteux s'accentua lorsqu'il offrit à celle qui se présenta sous le nom de Séchat, un clin d'oeil amusé alors qu'elle le fixait comme s'il était un monstre de foire. Ce qu'il était un peu avec son poil hirsute, sa longue barbe fière -désormais bien plus longue que celle de ses frangins ! Dire qu'avant il était le moins poilu des trois... Quel complexe !-, sa patte postérieure de bois et son autre patte, devant, tordue un peu étrangement, et toutes ses breloques qui cliquetaient à chaque claudication.

« Pas de chichi entre nous, jsuis Creek. »

Malgré son haut statut au sein des Raeders, il restait un loup simple et accessible, le vouvoiement c'était pour les meutards péteux. La pensée de se présenter comme Second du Capitaine lui traversa l'esprit, parce qu'il était particulièrement heureux et fier comme un paon d'être le bras droit agissant dson andouille de frangin, mais il estima inutile de révéler cette info tout de suite. Tranquillement et à une allure modéré, le pas chaloupé du pirate lui rendait cette impression d'être sur le pont du navire et lui permit d'oublier vaguement les crampes dans ses membres inférieurs. Il n'était pas bon d'être trop proche de ses cinq ans et de venir encore sur une terre hostile. M'enfin, bientôt le Maître des Rituels lui donneraient sa part du butin de Céto et il oublierait bien vite ce désagrément !

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