Little King [Feat. Narcisse]

Meshret était d’humeur… d’humeur Meshret, rien ne pouvait décrire la personnalité complètement ingérable de la jeune femelle aujourd’hui âgée d’un an. Elle remua lentement sa queue avant de descendre de la pierre où elle s’était endormie un peu plus tôt. Les oreilles dressées vers l’avant, la jeune femelle observait la meute. Les choses semblaient bien rouler, c’était agréable à voir. Elle aimait bien quand tout était en ordre. Maintenant, elle désirait toujours apprendre à se battre, à devenir une louve puissante et forte qui pourrait protéger tout le monde.

Mais aujourd’hui, elle était d’humeur à faire sa gamine. Elle ne voulait pas devenir chiante et froide comme Saqqarah. Il était plus jeune de quelques semaines. Mais il avait un caractère qui la rendait totalement folle. Comment un loup pouvait-il être aussi… impassible et stoïque ? En plus d’autre petites crevettes étaient nés durant son adolescence. Des enfants de Sheina et Annette, avec qui elle comptait toujours avoir un duel. Mais pas quelque chose de méchant bien sûr, elle respectait bien trop son alpha pour ça.

Alors qu’elle se dirigeait vers le tas de viande, un bulldozer poilu heurta sa patte avant droite. Elle se figea et baissa son regard vers la mini crotte. Un mâle de toute évidence. Probablement un enfant des louves auquelles elle avait pensé vu ses couleurs. Elle leva lentement la patte, le toisant un peu. Elle retint une remarque. Elle devait se montrer respectueuse malgré elle, ne désirant pas avoir de mauvais rapports avec Annette à cause de cette… boule de poils !

« Salut toi, j’suis pas assez grosse pour que tu me rentres dedans comme ça ? »

Demanda-t-elle calmement, comme elle avait beaucoup grandit, elle gardait des attitudes de son père, elle était musclée et plutôt forte. Pas svelte et élégante comme certaines louves qu’elle voyait et qu’elle surnommée les brindilles. Elle était sûre que celle là ce briserait en morceau au moindre combat.

« Tu t’es pas fais mal à la truffe au moins ? »

Ça serait un comble tient. Que monsieur boule de poils se soit fait mal en la heurtant. Enfin, il avait une bonne bouille ce nain de jardin quand même. Elle se demanda une seconde si elle avait la même gueule toute rondouillette quand elle était mome ? Faudra qu’elle demande à son daron et sa mère chérie.

C’était seul que cette fois, il s’était rendu au coeur du centre de la vie des Etelkrus, parce que maintenant, le chemin ne lui était plus inconnu. Que maintenant, il avait un compagnon de vie, qui le suivait dans ses aventures. Bien que de petite taille, la créature n’en faisait pas moins une présence appréciable, loin d’être réduit au titre pompeux d’animal de compagnie, juste une compagnie. C’est le dit compagnon qui fit manquer de vigilance au fils de la prêtresse de Kiro, lui faisant heurter la patte d’un autre loup. Génial.

Impassible, le jeune hybride ne pipa mot, n’exprimant aucune émotion, se contenant de regarder le Koridé qui vint se coller contre lui, visiblement peu rassuré par l’attitude de leur interlocutrice. Grosse ? Certes, elle l’était. Du moins comparé à lui, ou sa mère, ou même Anita. Eux avaient hérité de la silhouette svelte, d’un corps fin, contrairement à Anette et Alex qui elles étaient toutes en muscles.

Prétentieuse.

C’est ce qu’elle dégage cette louve. Narcisse remue doucement sa queue féline, ses yeux mauves scrutant avec une certaine attention l’attitude de cette étrangère. Parce qu’ils étaient tous étrangers à ses yeux, à moins de mériter un autre titre. Ses mères auraient voulu qu’il s’excuse, mais c’était contraire aux valeurs du jeune loup, user des mots vident de sincérité. Alors, le jeune Etelkrus la contourne, cette étrangère, sans presser le pas pour feindre une fuite, juste en l’ignorant.

Mais c’était bien mal connaître les autres que de croire qu’ils se laisseraient marcher sur les pattes sans rien dire, non ?

Meshret observa la boule de poils qui la fixait sans répondre. Elle agita doucement les oreilles, vu qu’il n’avait pas bronché il n’avait sans doute pas dû se faire mal. C’était suffisant pour rassurer la femelle qui n’avait pas envie de blesser un membre de sa meute par accident. Elle pencha la tête, se demandant si il allait ouvrir la truffe, ou pas. Et finalement, non, il garda la gueule fermée et la contourna. La louve l’observa calmement, le suivant du regard avant de s’asseoir étirant un sourire.

C’était amusant, finalement, elle était convaincue d’avoir eus ce genre d’attitude. Souvent elle avait ignoré les autres, elle les avait prit de haut comme ça, sans vraiment les prendre de haut. Juste histoire de montrer qu’on ne pouvait pas lui marcher sur les pattes. Il avait cette attitude des petits princes, mais en même temps ne lui semblait pas franchement méchant, juste un peu supérieur, juste un peu… comme elle. Elle remua sa courte queue.

« Tu as du caractère toi… »

Observa-t-elle avant d’aller jusqu’au tas de viande, prenant une proie de petite taille avant de retourner là où le petit lui était rentré dedans. Et de se coucher en sphinx. Elle observa le petit avant de pencher doucement la tête. Est-ce qu’elle arriverait à lui faire ouvrir la bouche même pour se faire insulter ? ça pourrait être un challenge tient. Il déchira un morceau de sa proie qu’elle avala rapidement avant de reposer ses yeux sur le louveteau. Quel pouvait être son nom ?

« Moi c’est Meshret, et toi ? »

Demanda-t-elle à la boule de poils. Se disant que si elle posait une question plus pragmatique et naturel, il répondrait peut être. Fallait bien se présenter après tout. C’était le minimum syndicale, c’est ce que lui avait apprit Joy. Il fallait se présenter ! C’était essentiel pour apprendre à savoir qui était l’autre. Même si lui ne semblait pas intéressé par la chose. Peut être qu’elle parviendrait à piquer sa curiosité.

La louve prit une pièce de viande, plutôt petite comparé à la croissance que son corps devait subir. Sheina avait expliqué cela à Narcisse, que leur corps grandissait pendant un certain âge jusqu’à ne plus bouger. Manger était donc important. L’inconnue refusait-elle de prendre une plus grosse proie seulement parce qu’elle ne s’en jugeait pas digne ? Narcisse se stoppa dans sa marche, le Koridé poussant une protestation grave qui lui était propre.

C’est que tu hésites, hein Narcisse, à le dire ton nom ? Parce que tu ne te sentais pas particulièrement d’humeur à faire des « efforts » avec les autres. Enfin celui-ci t’en demandait bien peu.

« — ...Narcisse. »

Comme la fleur.

Comme celui qui fut consumé par l’amour qu’il se portait à lui-même.

Sauf que toi tu ne comptais pas te laisser consumer...

L’enfant tourna sa tête de trois quart, observant de biais son interlocutrice, sa queue féline remuant doucement.

Meshret mangeait peu, elle n’avait jamais eut une très grosse faim. Et puis elle considéré qu’elle devait apprendre à chasser sa nourriture, donc ne mangeait que pour avoir l’énergie pour apprendre. Si elle arrivait à chasser, elle manger sa proie, sinon elle reprenait dans le tas de gibier le soir même. Mais elle savait qu’il en fallait pour tout le monde, et qu’elle était loin, très loin d’être prioritaire. Le petit auquel elle causait se mit à soupirait, serait-elle entrain de le souler ? Probablement pas trop non plus, en soit, elle ne faisait rien de bien mal.

Elle attendait patiemment, que le petit parle. Elle avait finit par apprendre la patience, à ses dépends, même si cela la soulait encore. Meshret avait tant à apprendre. Elle voulait tout apprendre, mais ne se rendait pas compte de sa personnalité insupportable. Elle ne se rendait pas compte qu’elle était une véritable chieuse, encore bien loin de sa mère et de sa force. Parce que Joy, n’est pas une emmerdeuse, c’est une louve noble, et Meshret se voulait aussi noble qu’elle. En entendant son prénom, elle étira un sourire satisfait. Elle lui avait tiré les vers du nez. Elle secoua sa queue.

« Voilà un prénom que tu sembles bien porter »

Observa-t-elle. Oh ce n’était ni de la moquerie ni de la méchanceté. Seulement une observation. Il se tenait droit, la tête haute, l’air arrogant, l’œil vif, Narcisse était un nom à la hauteur de sa personnalité. Celui la lui semblait être un futur petit chef. Ah moins qu’au contraire cette carapace ne cache un cœur tendre et doux ? Qui sait.

Il y avait aussi cette plante, il lui semblait, elle avait déjà vu Saqqarah en lire une page, avant qu’elle ne lui pique son livre, ne parte en courant après, et ne tombe dans une flaque, ruinant l’ouvrage. Elle se souvient du jeune mâle se faisant enguirlander parce qu’il n’avait pas prit soin du livre une fois qu’il était rentré chez les Panseurs. Elle avait tellement ri. Elle étira d’ailleurs un sourire à cette pensée.

« ça te tenterais, de sortir un peu avec moi ? »

Lui proposa-t-elle. Bien malgré elle, la femelle adorait la compagnie. Elle espérait qu’elle pourrait gagner un camarade. A moins que celui là soit de ceux trop sérieux qui la fatigue.

Narcisse ne sourit pas.

Un instant ses yeux mauves brillent d’un certain agacement en entendant la remarque de cette louve. Voilà qu’elle pensait le connaître. La queue féline du gamin trahit son agacement, il lui faudrait apprendre à ne pas trahir ses émotions au travers d’elle. Commet un nom pouvait-il représenter ce qu’était réellement Narcisse ? Comment ses mères auraient pu le deviner ? D’aucune façon. Ce nom n’était qu’une formalité, les surnoms parlaient mieux, beaucoup mieux. Le fils de la prêtresse se retourna cette fois.

« — Un nom. Cela ne représente rien à moins que ce ne soit les autres qui te l’attribuent bien après ta naissance. »

Sortir.

Comme si sortir était la solution pour trahir l’ennui. Narcy grimaça, alors que le Koridé vient doucement faire quelques pas. L’attention de l’enfant se porta sur un point particulier du grand castel.

« — J’ai mieux. »

Beaucoup mieux maintenant. Pas besoin de sortir pour s’occuper l’esprit et gagner en agilité. L’enfant observa droit dans les yeux son interlocutrice.

« — Ton père et ma mère ont construit le garde manger sous un des tunnel du Grand Castel. Il doit bien en avoir d’autres. On pourrait y jeter un coup d’oeil. »

Histoire de voir si les tunnels ne s’étendaient pas ou permettaient l’accès à d’autres lieux inconnus.

Meshret fixait le jeune loup, observant sa queue onduler. Contrairement à certains, elle ne comprenait pas très bien le langage du corps. Du coup elle ne comprit pas tout de suite qu’il était agacé. Mais quand il lui répondit la femelle étira un sourire amusé. Il n’avait pas tord, elle devait bien l’admettre. Voilà une remarque qu’elle trouvait très sage malgré elle. Elle remua doucement la queue en terminant son repas.

« Je dois admettre que c’est une sage remarque. »

Elle dressa les oreilles, attendant sa réponse alors qu’elle se pourléchait les babines et passait sa langue le long de ses gencives. Elle avait bien mangé même si la quantité était moindre. Les oreilles en avant, elle entendit le petit dire qu’il avait mieux et étira un sourire intéressé en approchant son visage de lui.

« Dis moi. »

Elle remuait doucement la queue, intéressée très à l’écoute de ce petit mâle qui attirait hautement sa curiosité. Elle l’écouta et agita les oreilles. Elle ignorait que son père et la mère du gamin avaient construit cela. Rien que par curiosité de la création de son Thalion adoré, la femelle avait bien envie de découvrir cela. Elle se redressa alors, secoua son pelage, revoyant sa mèche en arrière avant de reposer ses yeux sur le jeune mâle.

« Avec plaisir. »

Répondit la jeune louve, hautement intéressée. Elle n’avait jamais songé à fouiller l’intérieur du Castle. Elle c’était toujours préoccupée de l’extérieur. Mais il avait sans doute raison. A l’intérieur aussi, il devait y avoir milles et un secret à dénicher.

Bien.

Au moins acceptait-elle cette aventure. Cela les occuperait bien un moment, si tant-est que la louve ne se dégonfle pas au dernier moment, mais cela ne semblait pas être son genre. Le fils de Sheina et Anette le sentait, celle-là même si elle avait les jetons irait jusqu’au bout des choses, ne serais-ce que par fierté. Une bonne chose.

Les yeux mauves de Narcisse se posèrent sur son familier, visiblement à moitié endormi.

« — Ne te fais pas trop remarquer. »

La queue du gamin disparut dans le garde manger dans lequel il atterrit non sans une certaine grâce. Narcisse s’était entraîné. Dans le garde-manger régnait diverses odeur de viande séchée, de plantes diverses ainsi que d’accompagnements que le gamin ne connaissait pas encore. La queue féline du p’tit remua doucement, alors qu’il se faufilait déjà derrière plusieurs provisions, s’adressant néanmoins à son accompagnatrice.

« — J’espère que tu n’as pas peur du noir. »

Parce que là où ils se rendaient, il ferait sûrement plus que noir… Les griffes de Narcisse raclaient la pierre, produisant un son peu agréable.

Narcisse semblait être un petit loup débrouillard, mais aussi intriguant. Meshret appréciait, ce comportement froid et distant, qui mettait des barrières mais n’était pas pour autant vraiment désagréable. Elle se releva, étirant son corps pour se préparer à le suivre. Voyant le compagnon du jeune loup avait de l’entendre dire qu’il fallait être discret, ne pas se faire remarquer. Elle ne sut pas s’il lui parlait à elle, ou à la créature qui l’accompagnait. Mais elle roula des yeux, un petit sourire effleurant ses babines. Pour qui la prenait-elle au juste ? Elle secoua son pelage, soufflant doucement.

« Tu me rabaisses. »

Elle l’observa filer et le suivit calmement, vérifiant que personnes ne surveillaient ou ne les voyait faire. Suivant le jeune loup, une fois avoir traversé le tas de nourriture, elle suivit le cliquetis de ses griffes, n’apercevant qu’une sombre silhouette. Elle l’entendit lui demander si elle avait peur du noir et plaqua ses oreilles contre son crâne, définitivement, il la prenait pour une faible créature géniarde et inquiète ou quoi ?

« Et toi, tu en as peur ? »

Demanda-t-elle en étirant un sourire sombre dans la pénombre. Elle marchait juste derrière lui, dans le plus grand des calmes. Elle sentait ces effluves nouvelles qui se mêlaient à quelques vestiges de celles de sa meute. Meshret aimait l’aventure, la découverte, et ce qui sortait généralement de l’ordinaire.

Les oreilles pointues de l’hybride remuèrent en entendant les mots de la louve. Il n’y avait pas qu’elle. Narcisse les rabaissait tous, parce qu’ils étaient pour la plupart sans intérêts et que peu méritaient son attention. L’odeur d’humidité et de moisissure chatouillait les sens de l’hybride, décidément, peu de loups avaient dû se rendre jusqu’ici, ou alors c’était il y a très longtemps… Peut-être même avant la refonte des meutes ? Peut-être qu’ils exploraient les vestiges d’anciennes meutes ?

« — La peur, ça fausse le jugement. »

Narcisse ne craignait pas la peur, bien au contraire, il était important de s’en faire un précieux allié, afin de pouvoir la contrôler dans les moments les plus délicats, dans les situations les plus périlleuses. Crissant un peu plus sur le sol rocheux, les griffes du loup vinrent rencontrer quelques chose de froid et humide… de l’eau ? Ou du moins des restes d’eau… Cela expliquait les invasions de rats !

« — Fais attention où tu marches. »

Le louveteau préférait le lui dire, avant qu’elle ne fasse quelques chose de stupide… Les loups avaient bien souvent besoin qu’on les guide par la patte pour ne pas commettre d’imprudence.

Se stoppant net, le gamin renifla, à la recherche d’une piste à suivre