Sale PROUT l PV Kala

Elle avait entendu beaucoup, beaucoup, beaucoup de bruit. Et Alexandrine a-do-rait quand il y avait beaucoup de bruit, parce que ça voulait dire qu'il se passait des choses, et aussi qu'il y avait sûrement des copains pour jouer avec elle. Alors, elle courait vers la source du bruit qui, s'il était grand, n'était en fait surtout pas très loin.

C'était une petite louve, une petite grande, qui râlait. Et criait. Et râlait.

Et sur quoi râlait-elle ?

Eh bah sur Quarrah.

Et Quarrah, il disait rien. Rien du tout. Pas même d'arrêter. Qu'est-ce qu'il était bête... Alex, telle un petit tank monté sur des pattes assez puissantes pour le propulser en avant, battant à demi des ailes pour accélérer encore sa course, fonça tête la première dans la personne qui embêtait son ami.

Elle percuta un flanc, qui céda sous son poids et sa tête de fer. Alexandrine, sonnée, secoua la tête et prit le temps de se remettre avant de brailler, conquérante :

T'ARRÊTES D'EMBÊTER QUARAH TU VOIS PAS QU'IL A PAS ENVIE ET QUE TU L'EMMERDES SALE FACE DE PET AVEC DES COUILLES DESSUS ?

Piclou, il aurait été tellement fier ! Elle avait utilisé plein de jolis mots ! Pour faire bonne mesure, elle cria un bon coup de nouveau en agitant ses ailes et sa queue, cette dernière sifflant comme une arme derrière elle. Si elle ne savait pas encore voler, Alexandrine devenait avec l'âge de moins en moins gourde, et se marchait de moins en moins sur les ailes et sur les pattes.

L'entrainement qu'elle recevait régulièrement de Désastre, et les humiliations dues à l'agilité de sa fratrie, n'y étaient pas pour rien.

Saqqarah avait la truffe dans un bouquin, comme très souvent. Aujourd’hui il cherchait un moyen de connaître la température d’une texture sans avoir à y mettre la patte. Il avait encore mal de ses essaies d’hier. Quel con aussi de ne pas avoir soufflé sur la pâte. Il se râlait dessus en marronnant. Il n’avait pas du tout fait attention que le jour c’était levé, il avait commencé ses essaies dès son retour, et avait commencé sa lecture dès qu’il avait crié en secouant les pattes comme un abruti de première qualité.

Mais qui disait jour, disait emmerdeurs de petites tailles. Les petits avaient tendances à facilement comprendre qu’il ne voulait pas forcément jouer. Ou pas avec violence. Un exemple simple était Alexandrine. Seule jeune connaissance qu’il trouvait profondément agréable. A non, sa sœur aussi était un être adorable. Si seulement elles pouvaient ne pas grandirent. Par contre, celle qui avait grandit, et pas changé, c’était Meshret, qui en le voyant lui lança qu’elle s’entraînait à la chasse au cerf. Au début il ne comprit pas, mais quand elle lui sauta sur le flanc, il réalisé que le cerf, c’était lui.

« Meshret ! Merde à la fin ! J’suis pas une proie ! »

S’énerva-t-il en se déplaçant légèrement. Il était contre la violence, même si la frappait le démangeait. Il savait que jamais il ne lèverait la patte sur elle. Mais elle recommença en riant.

Meshret avait dormit comme un loire, trop fière d’elle, de ses connaissances, de son apprentissage. Du souvenir qu’elle avait réussi à attraper la queue d’Annette. Elle voulait encore plus s’entraîner, et en général elle le faisait assez tôt. Et ce matin, en se levant, vers le milieu de matinée, elle trouva sa proie habituelle.

Elle avait admit que comme Saqqarah ne répondait jamais par la violence, c’est qu’être la proie ne le dérangeait pas. Elle pensait même qu’il râlait juste pour la forme. Incapable de saisir qu’elle pouvait lui faire mal. En plus d’être méchante. Aujourd’hui elle lui annonça qu’elle chassait le cerf, et se jeta sur lui, il râla, comme toujours, mais c’était trop habituelle. Alors elle ria.

« Roh ça va, comme d’habitude quoi ! »

Elle remua le postérieur et lui attaqua une patte. Avant de le voir lui donner un coup de queue. Elle recula, puis, vit une mini crotte, arriver. Elle plissa les yeux, la chose lui foncer dessus en braillant. Elle observa la petite louve et éclata de rire. La petite louve avait des couleurs de Annette, elle se rappelait bien que Annette lui avait fait la leçon plutôt que de la laisser s'entraîner. En fait c'est de famille. Elle se décala quand l'oiseau draconnien la heurta. Pas vraiment secoué, mais tout de même, il fallait garder l'équilibre.

« Bah alors Saqqarah ? T’es tellement incapable de te protéger qu’il faut qu’un bébé te défende ? »

Demanda la jeune femelle, âgée d’un an et trop fier de cela. Elle observa la jeune louve en remuant la queue.

« Roh ça va, il râle juste pour la forme, j’lui fais même pas mal. Puis de quoi tu te mêles d’abord ? Va jouer avec des loups à ta taille. »

Oooh l'autre était désagréable au possible ! Oh lala ! Alexandrine allait pas duu tout aimer ça. Elle se renfrogna et recula d'un pas, son poil ras dressé ne se remarquait pas tellement il était court, mais la colère se lisait dans ses yeux. Il n'y avait besoin de rien d'autre. Alexandrine se redressa et étira ses ailes au maximum et... Il fallait dire qu'elles avaient une envergure tout à fait impressionnante, de plusieurs fois la taille de la louvette. Elles s'élevaient haut au dessus de sa tête, haut au dessus de la tête de son antagoniste, et bien au large de leurs corps, cachant le soleil qui tentait d'éclairer le Grand Castel. Alexandrine gronda :

Si il a pas envie de se battre contre toi, c'est son choix ! MOI JE VEUX BIEN LE FAIRE !

Elle gronda et avança d'un pas, sa voix déjà grave baissant encore d'un octave. Elle restait maladroite, mais elle prenait tout de même de l'assurance. Et surtout, elle ne lâchait rien.

Jamais.

TU L'EMMERDES ! Ca se VOIT non ? Ou même si t'es Grande t'es trop CONNE pour t'en rendre compte, HEIN ? Je suis PETITE mais au moins je suis pas BÊTE ET JE SUIS PAS UNE RACLURE DE FUMIER qui PUE !

Bon, c'était pas encore ça. Mais c'était déjà pas mal, non ?

Saqqarah était perplexe en voyant les deux femelles, refermant son ouvrage. Il était assez touché qu’Alexandrine le défende. Un petit sourire tendre s’étirant sur ses babines. Mais il fut de courte durée et mourut très rapidement. Meshret avait mauvais caractère, et Alexandrine semblait vouloir en découdre. Et lui au milieu risquait d’avoir mal par l’intermédiaire des deux femelles. Il mit les oreilles à l’horizontal en se relevant.

« Ola on se calme. »

Mais sa voix, plus douce et plus fluide que celle d’Alexandrine et de Meshret, se perdit dans leurs éclats de colère. Il poussa un profond soupir. Il ne voulait pas qu’elles se battent. C’était impensable pour lui. La violence le rendait malade, mais qu’une amie se batte contre un membre de son clan. Il secoua doucement la tête, prenant une inspiration pour les calmer avant d’entendre les dernières paroles d’Alexandrine et de dresser les oreilles.

« Magnifique vocabulaire d’insultes, j’approuve »

Lança-t-il à la jeune femelle en lui souriant. Oui, il approuvait. Saqqarah n’était pas violent avec son corps, mais s’il pouvait l’être par son attitude et ses paroles. Elle était sans le vouloir entrain de lui apprendre un palmarès d’insultes qu’il ne perdrait pas, et réutiliserait sans doute très facilement.



Meshret dévisageait la jeune louve, étonnement perturbée et intimidée par la taille de ses ailes. Elles étaient impressionnantes, lui donnèrent presque le vertige. Elle n’entendit même pas Saqqarah, mais la jeune femelle lui avait proposé de se battre, et aussitôt elle dévoila les crocs en quittant sa position assise.

« Vient te battre sale gamine ! »

Siffla-t-elle avant de se faire insulter, elle battit plusieurs fois des paupières, avant d’entendre la voix du mâle approuver les paroles d’Alexandrine. Comment osait-il l’insultait ? Elle lâcha un grognement. Les paroles de la jeune louve la troublait, mais elle était trop prise dans sa colère. Elle hérissa son pelage.

« Ferme ton clapet Saq à merde ! On t’a pas sonné ! »

Grogna-t-elle à la truffe du mâle, l’obligeant à reculer, avant de reposer ses yeux sur Alexandrine, la dévisageant.

« Tu insinues que je fais du mal à un membre de ma meute et que je suis pas foutu de m’en rendre compte ? Il se serait laisser martyrisé sans rien dire ? »

Elle entendit le loup marmonner qu’il ne disait pas rien. Mais n’en tint pas compte. Elle avait depuis longtemps considéré que c’était sa personnalité d’être un peu renfermé, et que l’embêter pouvait l’aider à s’ouvrir.

Alexandrine commençait à voir rouge - c'était insupportable ! Elle fit claquer ses mâchoires dans le vide et arqua son dos déjà si large et épais. Puis vint la dernière question de la louve qui ressemblait temps à ces grands guerriers de la meute ! sûrement une fille de Thalion et Joy, comme les appelaient mamans. C'est à ce moment, sur ces derniers mots, qu'Alexandrine se dit que finalement, elle n'était peut-être pas si méchante, que finalement elle ne méritait pas qu'on la morde et qu'on lui apprenne les vraies choses.

Finalement, elle était peut-être juste très très bête, et on lui avait jamais bien expliqué les choses.

Alexandrine se redressa, et replia à demi ses ailes.

D'accord.

Elle tendit une patte vers Quarrah.

Donc si là, maintenant, Quarrah il dit que tu l'embêtes et que tu dois plus jamais, jamais faire ça, parce que ça le blesse...

Alexandrine s'approcha d'un pas, régalienne et sûre d'avoir raison.

Tu le laisseras tranquille pour TOUJOURS ?

Et si Tita et Narcisse et MaSheina avaient raison, si parfois la solution se trouvait dans quelques mots plutôt que dans quelques coups de patte ?

Meshret n’était pas totalement stupide, elle avait seulement besoin qu’on lui dise les choses de manière claire. Mais elle n’arrivait pas à s’imaginer que Saqqarah était vraiment mal de son comportement. Elle écouta la jeune louve, pas très convaincu, avant de tourner la tête vers Saqqarah.

« Mais Saq’ dis tout le temps que ça l’embête. Genre il n’a jamais aimé jouer. »

Remarqua –t-elle en observant la petite louve, ne se doutant pas que le jeune mâle n’aimait juste pas les jeux violents. Qu’il pouvait très bien jouer à cache-cache, un deux trois soleil, ou chat, ou la course. Que frapper pour frapper, et se faire éventuellement mal ne lui plaisait pas du tout.

« J’essaierais »

Marmonna la femelle en détournant la tête. Agacée de se faire gronder par une naine. C’était très vexant et profondément rabaissant pour la louve. Surtout que la petite ne semblait pas se tromper en vu du calme de Saqqarah.

Saqqarah qui les observait en silence, rassuré qu’elles ne se battent pas. Il n’avait pas envie de les voir se donner des coups de pattes plus ou moins violents. Et n’avait pas envie que l’une d’elle abandonne parce que l’autre lui aura fait trop mal. Le futur Panseur était trop calmement pour chercher le conflit, même verbale.

La louve beige ne faisait pas parti de ses liens d’affections. Mais c’était une femelle. Et il la respectait beaucoup plus que si elle avait été un mâle. Il n’arrivait pas à agir contre une louve, même si ça le mettait mal et qu’il en ressortait parfois blessé.

« Pour te répondre Meshret, j’aime jouer. Mais tout d’abord je ne t’apprécie pas donc je n’ai aucune raison de jouer avec toi. Ensuite je suis contre la violence. »

Remarqua-t-il en observant la louve. Il préférait largement jouer avec Alexandrine, ou passer du temps avec elle.

Alexandrine se redressa et s'assit, avant de lever les yeux au ciel.

T'es bête bête bête. Il dit que ça l'embête, et toi tu l'écoutes pas ?

La jeune louve fit fleurir un grand sourire sur son visage. Oui, décidément, MaSheina avait vraiment toujours raison. C'était beaucoup plus simple avec les mots, et puis au moins, comme elle avait raison, elle était sûre de gagner.

Si tu fais ça avec tout le monde, tu seras amie avec que des gens bêtes. Ou des gens méchants. Ou alors avec personne, parce que tout le monde te trouvera méchante.

Elle agita sa longue queue vipérine et piailla, tout de suite plus joyeux :

A la place on peut jouer à des jeux rigolo ! A trois, c'est déjà un jeu. Vous voulez faire quoi ? Oh, tu t'appelles comment au fait ? Moi c'est Alexandrine. Mais Saqqah l'a déjà dit.

Elle était contente, à l'idée de construire quelque chose de commun avec d'autres louveteaux.

Il suffit de trouver un truc qu'on aime tous les trois.

Saqqarah observa Meshret, qui semblait si vexé que ça en était ridicule. Mais il était à la fois content qu’elle comprenne, et que ça soit Alexandrine, une plus jeune, qui la remette à sa place. Il écouta alors la petite louve proposer un jeu et remua doucement la queue. Lui donnant un petit coup de truffe amicale.

« J’aimerais reprendre mon exercice Alex, mais dès que j’ai fini je viendrais jouer. »

Lui dit-il doucement, un petit sourire aux babines. Il la remercia du regard, lui faisant ainsi comprendre qu’elle lui avait vraiment rendu un immense service. La fille de Annette lui faisait penser à la louve. Elles avaient de grandes similitudes et semblaient toutes deux vouloir aider les leurs. Même si dans le cas de Alex, c’était beaucoup plus maladroit que chez sa mère, il trouvait ça absolument trop mignon.

Meshret en voyant Saqqarah partir avec son bouquin, bomba le poitrail prête à lui sauter dessus pour qu’il la regarde et joue avec quelle. Mais elle piétina sur place et lança un regard à Alexandrine, la toisant avant de souffler.

« C’est bon ça va, je vais voir ailleurs. »

Elle se retourna d’un pas presque provocateur et s’éloigna de la petite louve. Hautement frustrée et agacée.