Lestat - Justice [TERMINE]

Il attendit quelques instants, curieux de voir si un quelconque effet était censé arriver, puis haussa les épaules et reprit sa route en constatant qu'il ne se passait absolument rien. Tant pis, au moins c'était rien de mauvais non plus.
Le coq marcha jusqu'à la sortie du tunnel et inspira une goulée d'air frais, puis repéra dans les rochers l'un des oeufs qu'ils aimaient tant -faciles à attraper. Comme Lestat n'avait pas encore surgi du tunnel pour aller le chercher comme à son habitude, Justice tenta sa chance en attendant qu'il arrive pour l'aider au cas où.

Comme prévu, le lapin était bien plus doué que lui pour cela et il fut capable de déloger l'oeuf d'un seul puissant coup de pattes.

Si il y avait bien quelque chose dont il ne doutait plus, c'était que chacune de leur forme avait été soigneusement choisie pour s'assembler à celle de l'autre, chacun possédant ses propres talents pour contrebalancer les défauts du camarade. C'était uniquement grâce à la collaboration, dans la plupart des cas, qu'ils étaient parvenus à remplir leur objectif pour récupérer les oeufs. Et cela se démontrait toujours, quand suite à son échec pour déplacer l'oeuf de pierre, Lestat vint à son secours. Un nouvel oeuf a ajouter à leur stock.
Ils reprirent leur route, continuant leur descente jusqu'au bas de la montagne, toujours enveloppés par la brume, quand le lapin qui gambadait à sa suite prit la parole, brisant la monotonie de la route de pierre.

— Que vas-tu faire une fois rentré chez toi dans notre monde ?

Il jeta un oeil au lapin et réfléchit quelques instants avant de lui répondre, fixant l'horizon grisâtre.

— Mhh. Comme d'habitude. Survivre.

Il ne savait réellement quoi lui dire d'autre - sa vie se résumait à ça.
Il réalisa que la descente était déjà achevée -bien moins longue que l'ascension, étrangement, mais il ne fallait pas trop se poser de questions ici- quand il sentit la caresse de l'herbe sous ses pattes. Ils étaient toujours entourés d'une nappe de brouillard qui leur cachait l'environnement sur une longue distance, mais cela ne l'empêcha pas de déceler la présence d'un oeuf simple -l'un des violets qu'ils trouvaient facilement en prairie. Il s'attarda à peine sur son cas, baissant l'encolure pour effleurer la coquille sans même faire de halte, la brume violette se diffusant.

Visiblement la réponse ne semblait pas exactement rentrer dans l'idée que le petit lapin s'était fait de sa vie, et il l'observa d'un air perplexe. Quand il énuméra toute une liste d'attaches qu'il aurait pu avoir en ce monde, le coq noir se contenta de balancer doucement la tête d'un air négatif. S'il n'était pas complètement seul en ce monde grâce aux quelques liens qu'il commençait à former avec quelques autres loups qu'il avait pu croiser à de multiples reprises, il n'était pas sûr de pouvoir appeler l'un d'entre eux amis. A vrai dire, il n'avait pas non plus de définition précise du mot ami, ni de référentiel connu. Les éléments de sa meute d'antan n'étaient certainement pas amis juste parce qu'ils passaient leur temps collés ensemble à partager les carcasses et la poussière. Non, il devait y avoir autre chose... Il voyait au mot une consonance bien plus pure qu'il ne pouvait pour le moment revendiquer avec quiconque.
Ses sœurs avaient sans doute été ses seules "amies", du peu de temps qu'il avait pu les avoir à ses côtés.

— Est-ce si compliqué de vivre seul pour un loup ? J’veux dire, on est plutôt faire pour vivre en groupe nan ?

Il haussa vaguement ses épaules de poule. La vie en solitaire n'avait probablement rien de bien reluisant aux yeux de la plupart de ses congénères sociaux, mais elle était synonyme d'un semblant de liberté pour lui, durement acquis et qu'il se battrait pour conserver. L'idée de meute ne lui était pas hostile de base, mais il avait lutté si dur pour se départir de son ancienne vie et du seul modèle qu'il avait connu...

— Dans certaines situations il vaut mieux finir seul qu'aux côtés de mauvais loups.

Sa voix était devenue un peu plus basse et évasive, et là encore il ne ralentit même pas pour s'occuper d'attraper l’œuf basique qui était logé dans l'herbe à côté de lui. Celui-ci aussi disparu en fumée.

Le lapin sembla réfléchir un certain temps à sa réponse tandis qu'ils continuaient d'avancer, toujours tout droit, toujours sans se poser de questions, toujours en répétant des mots et des phrases dans leurs têtes pour décrire la façon dont ils marchaient sans réel but dans l'espoir de grappiller quelques mots notamment quand on attaquait son 4ème rp de dragon à la con.
Il le laissa se retourner le cerveau en silence, s'attendant sans réel doute à ce que les questions suivantes finissent par fuser, car si Lestat était bel et bien un tout jeune loup comme il le pensait dans le monde réel, il ne s'arrêterait probablement pas à ces quelques mots pour satisfaire la curiosité qui animait les jeunes esprits. Il l'entendit se rapprocher de lui en quelques bonds légers et comme prévu, il enchaîna avec le reste de ses interrogations.

— Comment on sait si on est un bon loup ou un mauvais loup selon toi ? Je trouve ça un peu subjectif comme vision des choses, un bon loup pour quelqu’un pourrait être un mauvais pour un autre et vice versa nan ?

En tant que coq, Justice ne pouvait pas sourire, mais son esprit de loup s'imaginait déjà le rictus qui en cet instant déformerait ses babines en un sourire asymétrique et un peu amer. D'un côté, le lapin-loup n'avait pas tout à fait tort dans son raisonnement, et il préférait encore entendre ce genre de mots sortir de sa bouche que des poncifs binaires d'un individu classant le monde en deux catégories, tout de blanc ou de noir, sans nuances de gris.
Mais élevé chez les Nakhus comme il l'avait été, il était probablement qu'il n'ait jamais rien vu d'autre sur sa route que de l'amour, de la dévotion et de la compréhension. Il n'avait probablement pas idée de la diversité des êtres en ce monde et des tréfonds impurs que pouvaient atteindre certains... esprits.
Il prit une brève inspiration et se prépara à répondre, s'attardant un peu moins qu'en temps normal sur les mots qu'il allait employer. Après tout, il ne s'agissait que d'un rêve. Peut-être même que tout ça, malgré la situation extrêmement particulière qui lui semblait bel et bien différente d'un songe normal, restait une création de l'esprit et qu'il se réveillerait d'un étrange sommeil sans aucun souvenir - peut-être que Lestat, ces oeufs, ces créatures divines qui chuchotaient à l'oreille n'existaient pas du tout. Alors il pouvait se permettre d'être légèrement plus bavard. Que risquait-il ?
Au passage, les interrogations de Lestat levaient également des questionnements en son propre esprit. Il se risqua à laisser les méandres de ses pensées retourner jusqu'à un passé délaissé, se demanda un instant combien de temps il lui avait réellement fallu pour réaliser qu'il ne pourrait vivre ainsi et qu'il fallait fuir, qu'est-ce qui faisait qu'au contraire certains semblaient se contenter de cette vie, pourquoi lui avait été un des seuls à ne pas s'y soumettre, à ne pas se retrouver embrigadé ?

— Pour certains tu n'auras pas à te poser la question. Tu le sauras. Mais tu as raison. Ils n'ont peut-être pas l'impression d'être mauvais. Certains croient être en leur bon droit et agir par... Justice.

Il fit une petite pause, enjambant le cours d'eau et positionnant avec précaution ses pattes sur les rochers glissant, écoutant l'avertissement de Lestat.

— D'autres seront plus vicieux et ne révéleront leur vraie nature qu'après un certain temps. Il suffit de ne pas trop se fier aux autres.

Une pensée amusée lui vint - ses paroles auraient sûrement pour effet d'outrer un Nakhu classique. Mais peut-être pas celui-ci, qui semblait simplement avide d'en connaître davantage sur des expériences qui n'étaient siennes.
Il renifla effectivement une odeur similaire à celle des côtes et des falaises qui plongeaient dans l'océan. Se pourrait-il qu'ils aient fait le tour de l'espace disponible, soient arrivés à la limite sans avoir accomplis leur mission ? Cela serait... Étrange. Il ne s'imaginait pas tourner en rond ici à l'infini sans jamais se réveiller. Il se serait imaginé disparaître de ce monde aussi soudainement qu'il était arrivé - sans s'en rendre compte, en un clin d'oeil.
Il fut coupé court dans son raisonnement par la forme bosselée qui reposait au bord des falaises et vers laquelle Lestat se dirigeait inconsciemment à bonds joyeux. Encore quelques mètres et il foncerait dans ce qui aurait pu ressembler à un tas de rochers éboulés et rassemblés à tas s'il n'avait pas vu la volute de vapeur caractéristique s'échapper depuis le centre de l'éboulement.
Ce "tas de rochers" n'était rien d'autre qu'un énième dragon, roulé en boule sur lui-même et se dorant au soleil, profondément endormi comme tous les autres. Mais pour combien de tête si un lapin se cognait contre ses pattes ?

Saisi par l'urgence de la situation, le coq émit un bref cri d'alerte et bondit de l'avant en battant des ailes de toutes ses forces pour rattraper Lestat avant qu'il ne soit trop tard. Plumes ébouriffées, il parvint à le saisir de justesse, refermant une patte sur sa queue touffue et le tirant en arrière, une aile devant la bouche pour étouffer son potentiel cri de surprise.
Il le déplaça avec lui en hâte, reculant tous deux de plusieurs mètres pour mettre de la distance avec le dragon côtier. Justice laissa échapper un sourire de soulagement, son plumage gonflé retombant lentement sur son corps. Ils étaient passés à deux doigts d'une catastrophe.
En revanche, ce qui était une plutôt bonne nouvelle, c'était que la créature de légende ne s'était pas enroulée autour du précieux oeuf l'arc en ciel dont ils avaient désormais l'habitude - celui-ci était négligemment abandonné près de la pointe de sa queue, et Justice s'en approcha à grands pas silencieux sur des pattes tremblantes. Pour une fois, ils délaisseraient leur stratégie habituelle : Lestat avait besoin de se remettre de ses émotions pour quelques instants, et la tâche était si aisée que même le coq avec ses griffes pouvait s'approcher de l'oeuf sans risquer d'éveiller l'attention du dragon, dont la tête était repliée bien plus loin.

Il effleura la coquille irisée - et celle-ci disparut sans laisser de trace. Justice ne traina pas pour revenir sur ses pas, pressant le lapin de s'éloigner - et tous deux prirent un chemin descendant et escarpé pour disparaître au sein des falaises, loin du dragon et de sa vigilance.

Il grommela un semblant de « c’est rien » quand Lestat le remercia de l’avoir rescapé, toujours un peu secoué par l’aventure. Le lapin s’était éclaté la truffe sur le sol lorsqu’il l’avait plus ou moins plaqué sur le sol un peu dur, mais tant pis, il n’avait pas eu le choix vis à vis de l’urgence de la situation. Il le croyait quand il lui dit qu’il ressentait très bien la douleur en ce monde onirique, mais là encore, il avait une définition et une sensibilité à la douleur un peu différente des autres même en temps normal. Il y avait été habitué très jeune et il lui fallait désormais un certain nombre d’épreuves pour commencer à geindre (ou alors un 5eme rp à 1000 mots, ça c’était pas mal pour se plaindre) et à se plaindre sur son sort. Il trouvait donc parfois un peu ironique de voir certains se complaindre de douleurs et d’épreuves tout à fait mineures, mais il essayait de ne pas juger trop durement. Il ne souhaitait pas à grand monde de subir ce que lui avait eu à vivre dans sa jeunesse simplement parce qu’il était né au mauvais endroit, au fond des mauvais tunnels puant la suie et le soufre, après tout. Bien heureux étaient ceux qui pouvaient se sentir malheureux d’une simple égratignure.
Ils finirent par descendre les rochers escarpés sans davantage de problème, Justice gardant toujours un oeil derrière eux également grâce à sa haute taille, au cas où quelque chose les suivrait. Qu’il s’agisse d’une bestiole en chocolat ou d’un de ces dragons peut-être éveillé, il n’était pas d’humeur à continuer de croiser des difficultés pour le reste de ce rêve et espérait que la conclusion en serait paisible.

Pour l’instant ils n’avaient donc d’autre choix que d’avancer en longeant le bord de mer. Ses yeux s’attardèrent sur la crête des vagues qui formaient de jolis motifs tout en courbe, dessinant des créneaux sur la mer, et il se demanda quelle nuance de bleu convenait le plus à la mer quand il s’agissait de la décrire. Bleu ciel, comme le firmament qu’elle reflétait les beaux jours ? Bleu azur ? Bleu lagon, pour le côté un peu paradisiaque ? Certains jours elle était vert écume, d’autres bleu foncé ou bleu turquoise, surtout quand une tempête se préparait et chargeait le ciel de ses lourds nuages eux-même chargés de pluie, qui ensuite libéreraient leur eau dans la mer et les rivières, gorgeant les affluents qui se jetteraient ensuite dans un fleuve, tout cela pour perpétuer le grand cycle d’eau - n’oublions pas de remplir les nappes phréatiques. Il avait vu ça en SVT.
Bref, la mer était aujourd’hui bleu océan, voilà. Parce que dans ce monde trop parfait les couleurs semblaient toujours être étrangement saturées et brillantes, comme si tout y était beau et bien façonné alors que pourtant on s’acharnait à envoyer des dragons sur leur gueule au détour de chaque chemin.
Droit devant, un éclat d’une blancheur éblouissante attira son attention, et il lui sembla que Lestat l’avait également remarqué. C’était comme... Un phare, ouais. Il n’en avait jamais vu, et ne pourrait jamais en voir car il était un loup et les loups ne maitrisaient ni la construction de phare ni l’électricité (sauf par pouvoir de glowstick éventuellement), mais il savait tout de même que c’était un phare. De toute façon ç’aurait été complètement con de faire un phare, c’est pas comme si ils en avaient besoin au vu de la circulation maritime au large des côtes de Punk Wolf, à part pour éclairer les Raeders qui approchent en sous-marin...

Sans un mot et d’un accord tacite, les deux loups-de-pâques continuèrent à marcher sur le sable en direction du phare pour s’en rapprocher.
Et plus ils avalaient la distance, plus Justice se disait que c’était peut-être pas un phare, finalement. Comme quoi il y en avait, des surprises en ce monde. Et si ce n’était pas un phare... Il n’y avait que deux choses qu’ils croisaient à foison en cet univers : des oeufs et des dragons.
Comme les dragons avaient toujours eu la même gueule et étaient rarement aussi brillants que le front de Macron lors de ses discours présidentiels, alors que les oeufs étaient eux apparus sous des formes très diverses et variées, il se dit qu’il valait mieux miser sur la promesse d’un autre oeuf et continuer à avancer vers celui-ci jusqu’à pouvoir en distinguer la forme. Pour l’instant, ils n’en voyaient qu’un halo brillant et aveuglant.
Tellement aveuglant que bientôt, il sentit ses rétines cramer comme s’il regardait le soleil, ce qui était profondément gênant. Fermer les yeux n’était malheureusement pas une option : ils arrivaient bientôt sur un monticule de rochers à escalader s’ils voulaient gravir la côte les menant à l’oeuf, et il ne désirait pas se tordre la patte.

En revanche, en observant méticuleusement les alentours, il avisa un petit tunnel à flanc de falaises qui semblait former un boyau à l’intérieur, remontant vers le haut de la falaise. Exactement ce dont ils avaient besoin - ils pourraient progresser en hauteur en s’abritant de l’éclat de cet oeuf trop blanc. Il tapota Lestat du bout de l’aile pour le mener avec lui jusqu’au tunnel, puis s’y engouffra, soupirant de soulagement quand la lumière cessa d’agresser ses yeux de poule.
Ils gravirent prudemment le tunnel dans l’obscurité, prenant garde à ne pas faire rouler de rochers, puis ils progressèrent vers l’autre extrémité.
Là, Justice put enfin émerger, et les voilà arrivés sur le plateau en bord de falaises qui était le royaume de ce nouvel oeuf. A nouveau il eut presque l’impression de devenir aveugle en le regardant, alors il étala son aile devant ses yeux pour s’en protéger et avança pas à pas vers l’oeuf scintillant. Il y était presque.

Encore quelque pas et il était presque au bord de la falaise. Là, il put tendre le cou vers l’avant et toucher la coquille brillante de son bec - l’oeuf disparut, et la lumière aveuglante avec lui. Justice lâcha un soupir de soulagement. C’était un de plus.

Justice fit demi-tour, satisfait de s'être débarrassé de l'oeuf brillant et commença à descendre la pente pour regagner l'autre côté de la plage, accompagné comme toujours de Lestat.
Une étoile passa devant eux et il ressentit le besoin de la toucher ; elle brilla alors et tournoya sur elle-même avant de disparaître, diffusant sur eux un sentiment de bien-être et d'accomplissement.
Il ne savait pas quoi, mais elle avait accompli quelque chose de bénéfique.

Ils se remirent à marcher sur le sable quand son regard fut attiré par une silhouette vaguement familière, perché en haut des falaises bordant leur parcours. Un chocolapin.
Justice eut un grondement étouffé et donna un coup d'épaule à Lestat pour lui faire remarquer la présence de l'ennemi, avant de s'éloigner de lui à grands pas pour aller picorer du sable au bord de l'eau, émettant des roucoulements en plusieurs vocalises et essayant d'adopter la démarche caractéristique du coq. Le manège dura un certain temps - de son oeil il guettait la présence du chocolapin au bord des falaises, et après quelques instants à les fixer de ses pupilles vides et lisses, il finit par tourner les talons et disparaître.

Justice cessa son manège de coq et revint aux côtés de Lestat, prêt à repartir et à s'éloigner de la vue des autres potentiels ennemis.

Bien, le lapin avait compris le message. Il le vit s'éloigner et brouter quelques brins d'herbe dépassant ici et là, et ils ne se retrouvèrent ensemble que lorsque le regard vigilant du chocolapin les avait abandonnés.
Ils se mirent à marcher en longeant le pied de la falaise, à l’abri d'autres éventuels observateurs qui pourraient être postés au bord du précipice. Ils avaient eu cependant de la chance - de tout le temps que durait leur aventure, ils s'étaient rarement attirés les foudres de ces étranges gardiens en sucre et en pâte de cacao, et ils n'avaient donc pas beaucoup eu à se soucier de leur comportement.

La plage s'étendait encore sur plusieurs centaines de mètres, à perte de vue pour le moment avant de disparaître derrière d'autres rebords de falaises. Ils voyaient plusieurs chemins remonter parfois sur des buttes et des collines pour rejoindre à nouveau l'intérieur des terres s'ils le souhaitaient, mais le changement de paysage était une pause agréable pour leur permettre de profiter du calme relatif régnant sur le bord de mer. Il se demanda ce qu'il se passerait s'il se laissait flotter sur les vagues -y avait-il un monde sous-marin facilement accessible dans ce monde de tous les possibles ? Serait-il simplement importé bien plus loin jusqu'à arriver à de nouveaux rivages ? Ou flotterait-il pour l'éternité sur une mer lisse et sans fin ?
Sortant du sable en hordes rebelles, des touffes d'herbe grasse bordaient le pied de la falaise, suffisamment épaisses pour dissimuler quelques surprises - tel ce banal et habituel oeuf violet qu'il ne remarqua pour le moment pas, concentré sur l'horizon qu'il était.