La traversée des terres - Aller ♖ Méridor

Du bourbier silencieux jusqu'aux prémices de la grève gelée.
Voilà à quoi ressemblerait votre voyage, à Méridor et toi-même. Tu t'étais rapproché du jeune fils de Gloriel, revenant sur l'idée que tu avais proposé lors de son appel lancé à tous les ex-Lazulis et autres loups présents sur ces terres. Il t'apporterait son aide, lui si investi quant à la reconstruction de ces terres...Toi, tu en profiterais pour le mentorer et faire de cette quête quelque chose de bénéfique autant pour lui que pour le territoire.

L'objectif était simple, mais épuisant. Aller chercher de l'eau, pour lancer une bonne fois pour toute les plantations sans craindre que cet essentiel ne leur manque, en insuffisance sur ces terres arides et désolées qui avaient été vôtre, il n'y a encore pas si longtemps que ça.
Il était prévu de remplir les jarres disposées ici et là, celles faites tant pour l'île aux roses que pour le reste des terres. Une fois que tu t'étais lancé dans leur conception, tu ne t'étais finalement plus arrêté, reprenant ton ouvrage les soirs où tu étais resté seul sur les terres désolées, ne poussant pas à chaque fois un retour jusqu'aux plaines savanes.
Tu avais fais en sorte que celles-ci soient plus aisément transportable, afin d'assurer un ravitaillement fréquent. Ainsi avais-tu pensais à un système d'attaque sur le dos, basé comme un sac de bas. Tu en avais fais deux, de ces procédés, le tien de plus grande capacité que celle de ton accompagnant au vu de ta stature plus développées.

Il ne restait plus qu'à aller chercher de l'eau, maintenant.

Le niveau du lac de la vasque étant faible, le fleuve chantant n'étant plus qu'un lit mort, c'est ailleurs qu'ils vous faudrait pousser. Au-delà de vos frontières, par-delà celles Nakhus.
Jusqu'à ce que neige et eau soit à profusion, qu'en prendre ne manque à personne.

Tu trottes léger jusqu'au point de rendez-vous convenu, à proximité du temple d'Ao.
Tu étais prêt à t'investir davantage, partageant ces deux jours de travail avec lui, comme tu avais auparavant distribué de ton temps à un jeune paon que tu avais formé en même temps que tu l'eus embauché pour tes quêtes. Tu te donnais à fond, ouais, en ce moment.
Tout ça avant d'aller voir Moiro et repartir ensuite chez toi, retrouver ta femelle pour te consacrer pleinement à elle et à ce que vous aviez décidé de construire ensemble. Une famille.
Tu voulais tout finir, avant de prendre retraite des terres désolées.
Comme pour honorer une dernière fois le titre de conseiller chimère que tu n'avais su bien tenir.
Comme pour te rattraper.

« Hey, Méridor. »

Tu poses devant lui le système, lui adresses un sourire sympathique.

« Prêt pour le grand voyage ? »

T'avais hâte de bouger et de te rappeler ta jeunesse, bien que ledit voyage ne serait pas aussi grand.

Bonjour Sir Teddy, je suis prêt !
Tu as envie de lui dire qu'il possède les mêmes politesses que son père, mais tu t'abstiens. Il était évident que le fils de ton amie Anianka et de celui qui t'avait fait admettre au sein des Lazulis puis t'avais plus tard nommé conseiller, aka Gloriel, tenait davantage de ce dernier que de la première. Plus que le physique, il possédait le charisme discret et un leadership encore caché. Il était jeune, pourtant la reconstruction des terres Lazulis ne tenaient que de sa seule initiation.
Un gamin prometteur, ouais, dont tu te satisfaisais de t'en faire le mentor.

Il méritait d'aller loin, bien plus loin que d'autres et même de toi.
Même si en attendant, c'est devant toi qu'il exécutait une courbette (attention, tu allais finir par t'y habituer, à ce genre de cérémonie en ton honneur, aussi bref soit-elle).

« Super...Alors tiens ! V'là pour toi. »

Et sur son dos fut positionné le système, laissant les sangles pendre de chaque côté de ses flancs, et les jarres y trouver leur place. A lui de finir de se l'installer, eh, t'allais pas tout faire non plus !

« Avec ça, on aura de quoi aller chercher l'eau nécessaire pour démarrer les premières plantations, celles qui elles-même aideront à conserver celle-ci par la suite.
Et quitte à partir en voyage, autant en profiter pour former son corps.

Tu auras tout l'aller pour apprendre à supporter le poids à vide. Car au retour, c'est pleines qu'il faudra être capable de porter les jarres. Et sans s'écrouler sur le sol. »

Allez, il paraissait être un solide gaillard motivé, tout ira bien ! Tu lui apprendrais, toi, à maintenir un gainage constant, à savoir relâcher ses muscles, à savoir accepter des pauses pour mieux continuer ensuite. Tu garderais un œil sur les signaux de fatigue que pourraient te renvoyer son corps.
Ça s'annonçait chouette, comme aventure.

D'un petit mouvement de la tête, tu l'incitas à se mettre en route à tes côtés.
On allait bien voir à quel niveau s'élevait tant sa force que son endurance, maintenant, à c'ptit Méridor qui ne l'était plus tant que ça. Dire que tu l'avais connu en mode lardon... Plus rien à voir, maintenant.

T'hoches la tête, un grand sourire sur le coin de tes babines. Yep ! C'est clair que ça s'rait pas la tâche la plus facile qu'il soit. Et si l'aller ne s'rait guère épuisant, avec vos jarres vides et vos forces à peine entamées... Il en s'rait tout autre chose du retour, c'est évident.
Alors il avait raison, le gosse. Fallait pas déjà épuiser toutes ses forces, mais apprendre à les gérer. Toi... Tu t'économises, déjà, même si tu pétais la forme.
Tu adoptes même une démarche amblé, de celles des grands trotteurs, avec de longs déroulés.
Lorsque les membres de votre espèce, d'ordinaire, usitait d'une démarche diagonale, c'est une démarche latérale qui s'imposait donc dans ce cas.

« Pas b'soin de te dire que même si on est en forme, on se doit de s'économiser. Adapter sa démarche est un fait, respecter ses pauses et ses signes de fatigues aussi. Si on veut partir loin, on s'doit d'éviter toutes les blessures possibles et envisageables. Quitte à s'foutre assis cinq minutes, à se bander les pattes pour mieux maintenir un poignet, tu saisis l'idée. »

T'avais confiance en la tête de c'minot. Gloriel n'était guère chef pour rien, et Anianka savait tout autant réfléchir. Il avait reçu une bonne éducation, il suffisait de l'entendre pour savoir qu'il possédait un esprit vif et intelligent.
Pt'être que tu t'méprenais ! Mais tu doutais fort de ton erreur, sûr de toi (comme tu pouvais trop souvent l'être, certes).
Marchant ainsi, avançant vers les terres gelés, tu demandas au jeune loup :

« Jusqu'à présent, tu t'es beaucoup entrainé ? »

Histoire d's'adapter à lui, quand même. Et de ne pas faire doublon en lui enseignant ce qu'il savait déjà.

Il avait pas encore vu grand chose, c'gosse. C'gosse qui était d'jà un adulte, certes, et que tu n'avais vu grandir, n'ayant pas prit assez de temps pour ça. Il avait été jusqu'aux Monts Celestes, devaient davantage connaître les Terres Lazulis. Elles, ouais, comme leur poche.
A les sauver, à faire bouger les choses. P'tit chef qu'il s'était révélé être à c'moment, mais qui aujourd'hui... Ne te semblait plus vouloir en être un. Son droit, après tout. C'était une tâche lourde de responsabilités, après tout, qui finissait par vous user avant l'heure.
Si tu possédais un certain leadership, tu n'avais pourtant pas su diriger correctement les tiens. Pas être à la hauteur, de ce qu'avait souhaité Gloriel. Soit.
C'était un temps ancien, révolu, sur lequel tu ne portais qu'une vague nostalgie plutôt qu'un réel regret.

Les choses étaient faites pour bouger.
Comme vous, là, maintenant, transcendants les frontières pour toujours vous porter plus loin, sur les terres de glace et de froid. Tes yeux mauves se posent loin devant toi.
Il ignore encore beaucoup de choses, sur ses capacités, hein...

« Alors ça s'ra le moment de les révéler. »

T'en es certain. Il est capable de grandes choses, il le sait juste pas encore. N'a pas encore trouver les outils pour s'révéler.
En même temps que vous marchez, tu te décides à lui enseigner davantage.

« Allez, suite de l'enseignement. Maintenant que tes muscles sont en fonctionnement, voyons voir ce que t'as dans le crâne.
Dans un long voyage, comme ça, il est bon de prévoir des plantes et des remèdes à s'donner sur le chemin. En cas de coup d'pompe, en cas de douleur qu'il faut faire taire pour marcher un peu plus loin... Pour prévenir des courbatures, aussi, c'est c'qu'il y a d'plus important si on veut être capable de s'taper un aller-retour sans souffrir des jours.

L'arnica sera ton allié, sur le chemin. Quelques plants à macher, avec du cassis et de la reine des près. Bien s'hydrater, aussi, c'genre super important. »

Discrètement, il augmente un peu l'allure. Tu retiens bien, gamin, hein ?

Il suit la cadence, le jeune apprenti.
Il n'se laisse pas dispenser par l'vieux sage que tu es devenu, pleins de connaissances et d'enseignements. Enfin, vieux sage. Vite dit, hein. Tu n'avais de traits de sagesse que quelques mèches blanches venues s'éparpiller dans le violet de ta chevelure, ainsi que quelques rides au coin des yeux. T'n'en restais pas moins un sacré numéro, d'un énergie et d'un entrain que tu n'retrouvais pas partout, pas même dans cette jeunesse qui défilait sous tes yeux.

Aux questions, des réponses qui bien évidemment tombent. Tu savais beaucoup de choses, n'étaient spécialisés en rien. Juste dans ta survie, un peu celle des autres.
L'essentiel.

« C'est bien panser. Contre les courbatures, on usera d'un cataplasme de pâquerettes sur les muscles douloureux. Le millepertuis est aussi de bonne efficacité, il t'aidera aussi contre les brûlures, comme celles du soleil.
Les bandages sont toujours à avoir sur soit, c'est ce qui te permettra en effet de protéger les plaies, et de les conserver en milieu humide. Avec des compresse de mousse imbibé de miel, pour aider à la cicatrisation.

Quand à l'arnica... Mmh, attends ! »

Tu te stoppes. De ton sac, sort la concernée réduite en morceaux. Ouvre le petit sachet, lui fait sentir, ouais comme ça un bon snif' allez.
L'imprègne de l'image comme de l'odeur, les deux ensemble donnant toute identité à la plante. Voilà. Bien, comme ça. Ca t'fait en plus placer une pause discrètement, d'quoi vous arrêter cinq minutes avant de reprendre plus en forme.

« Tout au long du chemin, on trouvera de nombreuses plantes qu'il nous faudra cueillir. Les voyages permettent les stocks, c'n'est pas tout les jours que tu reviendras ici. Mieux vaut prévoir, donc. »

Et toi... Toi, tu lui montreras, tout au long du chemin. Ca contribuera à sa formation.
Marcher, et penser. Il n'verrait même pas l'chemin s'faire, c'te gosse !
Cette pause faite, vous repartez donc de vives allures, prêt à sentir dans pas si longtemps que ça la morsure du froid.

Allez. N'trainons pas.
Y avait des plantes à irriguer.

A sa question, tu hausses tes épaules, relevant ton museau pour t'accorder un p'tit moment de réflexion. Enfin, faisant mine de t'en accorder un, du moins ; car déjà tu reposes sur lui tes yeux d’améthystes, ceux trouvant écho dans la couleur des cristaux qui parsèment ton corps et brillent avec éclat (lui, raccord' avec ta personnalité, eh).

« On peut, ouais ! Ça t'apprendra à avoir l’œil autant sur la route qu'sur les environs, c'pas plus mal.
...T'jours être attentif à son environnement, mon ptit ! »

Tu ris un peu, sans perdre ton allure. Eh, c'conseil était l'plus pertinent (ouais, encore un) qu'tu puisses lui donner, vraiment. Ça lui sauverait les miches plus d'une fois, d'toujours regarder ce qu'il se passait autour de lui, ça lui éviterait de se faire surprendre comme un bleu. Puis bon, rien qu'pour son honneur ! Y avait rien d'plus humiliant que d'se faire surprendre par quelqu'un venu dans son dos, parce qu'on ne lui apparaissait alors sous son meilleur jour.
Et Moiro savait, à quel point tu f'sais toujours tout pour apparaître sous ton meilleur profil, Teddy.
Quant aux plantes évoquées...

Là, une d'entre elle !
D'un petit coup d'épaule, tu avais attiré l'attention d'ton disciple sur celle-ci, l'entrainant dans quelques explications à son sujet. T'en fis de même avec toutes celles que vous croisèrent sur votre route, alors que changeait la végétation pour s'adapter au climat d'plus en plus humide, d'plus en plus froid. On n'citera pas de noms, tous les conseils pouvant s'trouver sur n'importe quelle page traitant des plantes médicinales ; t'laisserais à la joueuse c'te chance de s'y cultiver.
Tu expiras, laissant un volute de fumée se former devant ta gueule.
La température était d'plus en plus adapter à ton épais poil, toi qui avait passé de très, très longs mois sur ces petits de terres gelées. Tu n'lachas en guise de cette constatation qu'un

« On y est presque. »

Reprenant un peu ton souffle, au passage, vieux qu'tu devenais en plus. Mais en forme, eh, qu'on t'enterre pas trop vite bordel ! D'tous les loups d'ces terres, t'restais le plus résistant t'en était genre..certain !
Sourire en coin sur tes babines, alors qu'la route se reprend.

Et s'achève presque, aux abords d'ces terres offrant d'l'eau si clair et si pur.

Il trépigne comme un gosse, et tu penses bientôt à ceux que tu vas avoir. Y a un sourire qui s'étend au coin d'tes babines, alors qu'ton apprenti du moment file sans s'retourner vers toi, presque se jette dans c'te flotte qui se livre à vous. Il se jette dessus, l'gaillard, boit à grande gorgée ce qui coulait ici.
Toi tu t'en approches, plus calme.
Eh !
Faut dire que tu étais plus de la première jeunesse, toi, et que c'voyage mine de rien tirait un peu sur tes pattes. Bordel, c'bon, t'étais encore assez en forme pour repartir mais...
Mais tu admettais qu'une pause ferait autant de bien à ton corps endurant mais vieux ; comme au corps manquant encore de celle-ci mais jeune de l'autre.

Tu bois aussi, laissant échapper à cette suite un râle de contentement.

De tes épaules tu déloges alors les jarres, incite le jeune loup à en faire de même.

« Eh, t'sais ce qui nous reste à faire. »

Puis tu te mis assis, levant ton museau vers le ciel pour étirer ton dos et tes cervicales.

« ...Une p'tite pause, d'abord. »

Tu lui souris. Soyons pas fou, quand même.
Vous en aviez déjà vu et appris, sur l'aller ; autant pendre le temps d'être en forme pour le retour maintenant.

T'as chassés tes postérieurs sur le côté et ouvert tes pattes avants, soulageant tes pattes et ton vieux dos. Ca f'sait du bien, quand même, on allait pas s'mentir !
Après un instant laissé au silence, le jeune mâle finit par t'adresser la parole. Et t'une p'tite tape donnée sur son épaule, tu l'invites à s'étendre c'gamin.

« Eh, t'inquiète ! On est parti s'installer à la Savane, dans une grotte qui nous permettra sans s'sentir à l'écart d'élever nos enfants. C'est un endroit où j'aurais longtemps vécu, lorsque j'étais solitaire et avant qu'ta mère ne vienne à ma rencontre, puis qu'ton père ne m'admette au sein des Lazulis. »

Y avait rien d'indiscret, dans ta vie. Enfin, presque. Y a pleins d'trucs que tu avais décidé d'escamper, pleins d'trucs que tu racontais pas. Parce qu'en plus d'être chiant, ça te rappelait tes échecs et tes trop plein de doutes, de toutes tes hésitations qui t'avaient poussés à commettre des erreurs tout comme elles avaient fait de toi le loup qu'aujourd'hui tu étais.
Heureux, bien que cachant ses regrets et ses restes de remords.

« T'pas envie de bouger ailleurs, toi ? »

T'as toute la vie devant toi. N't'attache pas à ce peu que tu as connu.

« Merci ! »

T'afficha un regard réjoui, étirant au maximum les commissures de tes babines. Parce que t'étais putain trop content, Teddy. Et parce que t'allais putain trop d'bien t'en occuper, de tes gosses, t'en était certain. T'allais les chérir, les choyer, leur offrir le meilleur avenir possible ! Ah, bordel. Qu't'avais hâte.
Ça passait vraiment pas assez vite, une gestation, s'en était limite frustrant.
L'gamin, lui, semblait pas encore décidé d'quoi faire d'sa vie.

Bah ! Il avait l'temps, en vrai.
Toi...Toi t'en avais pris, oh bordel, des années pour te décider quoi faire d'ta peau ! A jongler entre les meutes et les admissions, à pas savoir où poser ton derche. Mais voilà, t'y étais un jour parvenu.
Et ça avait été des chouettes années, fallait bien qu'tu l'avoues ; même si tu n'les regrettais pas, te satisfaisant de ta vie actuelle.

« Eh bah on f'ra en sorte qu'tu sois déjà un p'tit peu plus fort aujourd'hui, histoire de t'laisser l'temps encore de décider quoi faire demain. »

Tu lui offres un sourire complice ainsi qu'un clin d'oeil, pour appuyer ton expression jouasse.
Puis un souffle, t'avachissant un peu plus dans l'repos mérité. Ah, p't'ain.
C'qu'il allait falloir penser à prendre le chemin du retour, maintenant.