Maman les avait emmenés à la plage.
Iberis ne savait pas encore si il aimait cet endroit : lorsqu'il avait été se baigner dans la mer, l'eau lui avait piqué les yeux et il l'avait trouvée trop salée pour être agréable en bouche. Quand au sable, il grattait.
Mais c'était joli, cette étendue bleuté et c'était assez amusant, de courir à en perdre haleine sur la plage. Ce paysage là, et les activités qu'il permettait était bien différent du Castel ou il s'était trouvé bien trop longtemps cloitré.
Enfin, le sable et la mer, c'était bien un instant : Iberis voulait voir plus !

Alors, même il savait qu'il se ferait probablement gronder, il s'éloigna, alors que Maman jouait avec Nirvana et Iris, un peu plus loin. Il ne quitterait pas la mer, de toutes manières : c'était quelque chose de proche, qui l'attirait.
Le temple de la Renarde.
Même si, le orange, c'était pas sa couleur préférée. Il préférait toujours le jaune.

Confiant et sans crainte, le louveteau sombre entreprit de grimper sur quelques rochers, pour s'approcher de l'imposant escalier qui devrait le mener jusqu'au temple.
C'est alors qu'il la vit. Elle était plus grande que lui, mais pas totalement grande non plus. Bruyante, elle semblait chercher quelque chose, sur leurs terres...

Iberis renifla.
Elle n'avait pas leur odeur.

Alors, ça ressemblait à ça, un Solitaire ?
Il resta à bonne distance et ouvrit la gueule, prêt à la héler.

- EH TOI !

Il n'y avait, dans sa voix, pas d'animosité.
Mais une grande excitation et tant de curiosité.

- Est-ce que tu es une Solitaire ?

Elle n'était pas Solitaire, c'était ce qu'elle disait, mais bien d'autres choses.
Peut-être qu'elle mentait, Maman disait que les Solitaires le faisaient souvent, après tout.

Elle n'avait, cependant, pas l'air méchante et lui se rappelait, évidemment, à lui les paroles d'Anita. La réflexion s'interrompit là, alors que l'inconnue tendait vers lui une patte avec, entre ses petits doigts, la figurine d'un ours de pierre.
Iberis restait un enfant avec des loisirs d'enfants et il porta, sur ce jouet, un regard d'envie.
Furent alors oubliés, les Solitaires et la méfiance dont il aurait du faire preuve : L'ours trouva sa place, tenu entre ses pattes avant.

- D'accord ! Je suis sûr que je cours plus vite que toi !

Dans son dos, sa queue se mit à remuer, témoignant de son excitation. Il voulait jouer et, faire la course, c'était rigolo.
L'ours fut pris dans sa gueule, pour lui dégager les pattes et par ce qu'il ne voulait pas le faire tomber dans l'escalier : Lui n'avait pas de cape avec des poches.
Il gloussa et s'élança en avant, posant ses pattes sur les premières marches de l'escalier, ignorant le danger potentiel qu'une chute pouvait représenter.

Il voulait gagner !
Et il gagnera.

[PC AGI : 1]

AH, IL AVAIT GAGNÉ !
Il avait été le premier a poser sa patte sur la dernière marche du grand escalier, et elle, la fille qui était pas Etelkru, elle était encore loin. Le louveteau redressa le buste, prêt à fanfaronner un peu. Enfin, pas pour longtemps.
Iberis ouvrit de grands yeux, lorsqu'elle apparut derrière lui, choqué.

- WOAH ! Tu as un pouvoir toi, déjà ? Mais tu as même pas de glowstick !

Est-ce que c'était un pouvoir de sorcière de la plage ? Est-ce qu'elle était alors une vraie sorcière ?
Lui aussi, il voulait faire ça ! C'était pas juste ! Par contre, il voulait pas son odeur : Elle sentait trop bizarre.
Il secoua la tête.

- Je sais pas qui c'est Chauve-Sourire ! Et non c'est pas ma maison, enfin pas ou je dors, ma maison à moi c'est le Castel et c'est pas ici. Je te montrerai quand tu reviendras jouer si on a pas le temps aujourd'hui.

Par ce qu'elle reviendra jouer, c'était évident.

- Ici c'est la maison à Dairo. C'est la Déesse à ma maman, Dairo. Puis y'a aussi les maisons de Kiro qui est le Dieu à Anita et de Aka, mais pas ici. Tu veux voir Dairo ?

Il était très fier de pouvoir lui faire visiter un peu ses terres.

Oh, la chance, elle avait un oncle qui pouvait donner des pouvoirs !
Lui aussi, il voulait ça, mais bon, il avait même pas d'oncle, il avait même pas de second parent, alors c'était bof possible. Mais peut-être sur son tonton à elle pourrait lui en donner un, de pouvoir, si il lui demandait gentiment ?
Voilà ce qu'il fera, quand il ira la voir sur sa plage : Par ce qu'il viendra. Enfin, si il arrivait à convaincre un grand -mais pas maman- de l'emmener là bas.

- Oui oui tu reviendras ! Comme ça on pourra rejouer à la course et puis a plein d'autres jeux ! Je veux venir sur ta plage aussi !

Il était bien content de s'être fait une nouvelle amie, lui, même si elle était pas Etelkru !
Son minois se para d'un large sourire. Elle aussi elle aimait jouer à des jeux de rôle ? Ou alors c'était une vraie princesse mais lui il était pas chevalier. Lui, il était le prince par ce que sa Maman c'était la CHEFFE.

- Je suis pas un Chevalier, je suis un Prince par ce que Maman c'est l'Alpha des Etelkrus avec Anita. Mais oui, viens, princesse des mers !

C'était amusant, comme jeu, ce n'était pas lui qui allait la contredire plus que ça.
Le louveteau fit signe à la jeune louve d'entrer le premier, galant qu'il était.

- Tu veux lui dire quelque chose, à Dairo ? Elle écoute tout ce qu'on dit, puis après elle vient.

Oh, mince, sa nouvelle amie pleurait : mais pas de tristesse, visiblement.
Il n'avait jamais vu ça et ne comprenait pas vraiment comment la lumière pouvait, à ce point, la gêner. Mais puisque, visiblement, elle ne jouait pas là la comédie et qu'il aimait ce statut de Prince gentleman qu'il s'était donné, Iberis s'abstint de questions et vint se placer à ses côtés, épaule contre épaule, pour la guider jusqu'à la fontaine de la renarde.

...
Elle n'avait, vraiment, pas l'air bien.
Est-ce qu'elle allait lui vomir dessus ? Oh non, il ne voulait pas de ça, lui, c'était dégoûtant, le vomi. Iberis fit une moue de dégoût.

...
Il fronça les sourcils, lorsque la Déesse se manifesta à sa manière.
Depuis tout petit, il entendait parler de Dairo et avait, évidemment, déjà accompagné Maman au temple lorsqu'elle venait y prier. Jamais il ne l'avait vue ou on ne la lui avait décrite si... méchante ?
Par ce que c'était pas gentil, de dire "Vas-t'en" à Miraj alors qu'elle avait rien fait et qu'elle avait même demandé s'il te plait.
Iberis fit la moue.

C'était pas juste !
Lui, il aimait pas ce qui était pas juste.

- C'est peut-être par ce que tu es pas Etelkru.

C'était sûrement ça.

Iberis secoua la tête, les sourcils toujours froncés, vexé.

- Non, j'ai pas menti ! Je mens jamais. Je savais pas que c'était comme ça ! J'ai jamais vu de pas Etelkru avant toi, moi.

C'était pas bien, de mentir, c'était Maman qui l'avait dit, donc lui il mentait jamais... De souvenir.
Enfin, bon, il avait pas non plus envie que sa nouvelle amie reparte par ce qu'elle était vexée, alors reprit une expression plus ordinaire et se décida à lui expliquer, par ce que c'était important.

- On peut pas être Etelkru juste pour un après-midi, quand on est Etelkru c'est pour tout le temps sinon c'est pas bien. Puis on peut pas le devenir comme ça, faut demander à Anita et à Maman et c'est elles qui disent oui ou non pour que tu puisses faire partie de la meute.

Enfin après elle pouvait toujours devenir Etelkru pour tout le temps, lui serait content de toujours l'avoir pour jouer avec lui. Puis comme ça, peut-être que Dairo elle serait plus gentille avec elle.
Pour le moment, en tout cas, c'était la seule explication qu'il trouvait pour justifier le comportement de la Déesse orange.

Bon c'était bien si il était excusé, vu que c'était pas sa faute à lui le contraire l'aurait contrarié.

- Alors quand tu es Etelkru, tu fais dodo au Castel ! Le Castel c'est là bas et ça ressemble à un château et dedans y'a une salle avec des trônes et plein d'endroits ou dormir et jouer. Puis quand tu es Etelkru et que tu deviens grand, tu as un rang, tu peux te battre contre ceux qui sont méchants ou alors soigner, ou alors faire d'autres trucs comme garder les petits. Puis avoir un glowstick avec un pouvoir trop bien. C'est qui Chauve-Sourire ?

Ca lui disait rien, il connaissait personne qui s'appelle comme ça.

- Oh oui je veux venir à ta plage et être prince de là bas et voir ton Oncle aussi, il doit être gentil ton Oncle, il s'appelle comment ? Je demanderai à Anita de m'emmener, elle est gentille Anita.

Par ce que Maman, elle serait pas trop d'accord pour l'emmener voir la fille pas Etelkru, il le sentait. Donc fallait pas qu'elle sache et ses soeurs non plus.
Ce sera son petit secret avec Anita.

- Au fait, c'est quoi ton prénom à toi ? Moi je m'appelle Iberis.

Il ne savait pas, si c'était possible, ça, d'être Etelkru mais de dormir sur la plage.
Ce n'était pas une certitude par ce qu'il voyait parfois cette grosse louve aux ailes de chauve-souris partir vers le Nord et ne revenir que plus tard. Alors peut-être qu'elle dormait là bas, elle aussi ?
Il n'en savait rien mais de disait une chose : si on l'autorisait à cette louve, il faudrait faire la même chose pour Miraj.
Iberis hocha la tête.

- D'accord, alors je vais demander à Maman et à Anita que ce soit comme ça.

Monter sur le trône, c'était possible pour jouer : il l'avait déjà fait et Nirvana aussi.
Il observa le bracelet : effectivement, il en avait déjà vu un, comme ça, porté par...

- Oh. Narcisse il a le même. Mais c'est pas Chauve-Sourire, du coup.

Enfin, c'était pas son prénom, puisqu'il s'appelait Narcisse.
Il gloussa.

- C'est pas mon Anita. Anita c'est une fille et elle est jolie et elle est surtout gentille. Elle sait plein de choses et les explique bien, je l'aime beaucoup même si elle fait pas de neige et donne pas de pouvoirs.

Si elle avait pas été là, il aurait peut-être tapé Miraj. Mais il l'avait pas fait et heureusement par ce qu'elle était gentille aussi.

- Mais ça doit être bien, la neige et les pouvoirs.

Lui aussi, il voulait bien ça.

- C'est joli Miraj. Et toi aussi tu es jolie.

Elle était triste.
Iberis sentit son propre coeur se serrer, également. Pas par compassion, par ce qu'il ne comprenait pas vraiment cette tristesse, ce n'était qu'un bracelet, après tout, mais par ces sentiments qu'il pouvait capter chez ses interlocuteurs, depuis sa plus tendre enfance. Ca lui fit froncer les sourcils et vint piquer ses yeux.
Quelle sensation désagréable.

Il cilla comme pour la chasser, et elle partit, lorsqu'il complimenta son amie sur son prénom et son minois.
Pas avare de compliments, par ce qu'il ne mentait jamais et par ce que c'était vrai, qu'elle était jolie, la plus jolie des louves de son âge qu'il ai pu croiser, le louveteau bleu hocha la tête, sourire aux babines.

- Oui, c'est toi la plus jolie des filles !

Des garçons, il se moquait bien : De toutes manières, il n'y en avait pas vraiment, de sa génération.
Elle était plus jolie encore que Anita, plus jeune, surtout. Puis à Anita, il voulait pas lui faire des bisous, alors qu'à elle... Elle, il voulait bien qu'elle devienne son amoureuse même si elle était pas Etelkru.
Sa truffe vint toucher la sienne.

- Tu veux être ma princesse à moi et que moi je sois ton prince à toi ?

Possiblement doté du même coeur d'artichaut que l'était sa mère, Iberis était conquis par cette rencontre éphémère, celle de la princesse de la plage.

Oh !
Elle avait dit qu'il était un beau garçon, et être beau c'était encore mieux que d'être joli, alors, évidemment, Iberis était content. Puis elle aussi, elle était belle aussi : il aimait bien sa couleur et ses cils tous longs et tout blancs et la rose qu'elle avait sur le bout de la queue.
Son petit cœur se mit à battre un peu plus fort dans sa poitrine, en proie à ces premiers émois.

- Des couronnes de fleurs !

A défaut de vraies couronnes. Maman savait en faire, il l'avait vue mais... Mais Miraj n'était pas encore Etelkru et il n'avait pas spécialement envie qu'elle soit la première à savoir qu'il avait, maintenant, une amoureuse pas de chez eux. Une amoureuse avec qui il allait se marier.
Sa future femme, oui oui !

Enfin, ils n'auraient qu'à se débrouiller tout seuls, tant pis, ce sera un mariage secret !
Il referma ses pattes avant autour du corps frêle de la jeune femelle pour lui offrir un câlin, ne la trouvant pas vraiment envahissante dans ses contacts. C'était bien normal, puisqu'ils étaient des amoureux !

- Il nous faut les plus jolies fleurs pour notre mariage.

Si jeune et déjà si exigeant... Il ne souhaitait clairement pas un mariage médiocre.

Leur étreinte prit fin, au profit des préparatifs pour leur mariage.
Il suivit celle qui était désormais sa fiancée -c'était bien ça, le mot ?- jusqu'à la plage, pour cueillir avec elle ces fleurs dont il ne connaissait pas le nom. Il prit, pour eux, seulement les plus belles pour des raisons déjà évoquées et une quête du beau qu'il faisait sienne.
A voir, désormais, si la réalisation saurait sublimer leur trouvaille, ou non. Iberis espéra alors que le talent de sa mère pour la confection de couronnes de fleurs serait un don héréditaire.

- Je peux essayer.

Il rassembla les fleurs et se mit au travail, tâchant de relier les tiges entre elles.
Il semblerait que la confection de couronnes soit un talent héréditaire, oui. Satisfait, il releva la tête vers la louve rouge, un sourire sur les babines.

- C'est pas mal, non ?