Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu (Défi - LIBRE)

Si un jour l’on lui avait dit qu'il ferait un tel voyage, Angelo n'en croirait certainement pas ses oreilles. Lui, si attaché à son clan de cœur, celui des Lazulis... Il n’avait de cesse de se répéter "Un garde ne quitte jamais son poste, pardi !". Car c’était vrai. Un garde reste fidèle à son poste coûte que coûte. Quelle idée de s'aventurer aussi loin, vers ce qu'il n'a jamais connu ? Vers ce qu'il ne verra jamais de ses propres yeux hélas, mais dont il ressentirait le nouveau, le neuf, le jamais-vu. Il était tout excité rien qu’à cette pensée. Il allait enfin découvrir les joies du voyage et des rencontres. Après tout, le bonheur est parfois caché dans l'inconnu.
Mère nature ne lui avait jamais fait don de la vue. Ao l'a fait d'une certaine manière grâce à son œil de verre lui permettant de voir les liens de toutes sortes... Quand bien même il éprouvait un amour profond pour sa divinité bleue, il se devait de partir. Il en ressentait le besoin au plus profond de lui maintenant que sa déesse ne donnait plus aucun signe de vie et que les Lazulis n'étaient plus. Il sentait toutes formes de joie abandonner son être au fil des jours, vivant très mal la séparation de son ancienne meute. Une vie de vagabond est bien trop monotone et terne à son goût, sans aucune joie ou petits plaisirs du quotidien à partager avec les membres d'une meute, une famille.

Le cœur palpitant à la frontière des terres Etelkrus, le borgne n’était jamais allé aussi loin de toute sa petite vie de jeune loup fraîchement décoré du grade, qu’il abandonnait désormais au profit de sa vie de solitaire. Il se sentit l'air d'un conquérant découvrant une toute autre contrée. Il ignorait si sa venue allait attiser les foudres des claniques vivant sur ces terres... Mais si c'était l'occasion de faire une première approche, de les rencontrer et peut-être même d'intégrer leur rang, Angelo serait empli de joie. Après tout…Que pouvait-il faire ? Un clan civilisé comme les Etelkrus n’allait certainement pas le tuer parce qu’il avait dépassé les frontières. Angelo était convaincu qu’il n’était pas comme les autres solitaires, de par le fait qu’il avait toujours son glowstick luisant de son œil de verre. Il devait saisir sa chance. Faire partie d’une nouvelle meute l’emplissait d’espoir pour le futur. Lui, à l’allure si froide et au physique lugubre, souhaitait de tout cœur quitter cette vie sombre de solitaire qui ne lui correspondait pas du tout. Car Angelo était certes très indépendant dans ce qu’il faisait, essayant à tout prix de tout faire tout seul afin de ne déranger personne avec ses problèmes, il n’aimait que très peu la solitude et préférait largement être accompagné d’un loup ou deux. Une manière de casser l’ennui si on peut dire. Pas la peine d’avoir une conversation palpitante, l’ex garde ne pipait pas grandes paroles. Il n’était donc pas très exigeant pour les sujets de conversation.

Après un certain moment passé à la frontière, il se décida et franchit le pas. Une part de regret naissait en lui. Et si les Lazulis décidaient de se reformer et qu'il n'était plus là ? Autant être honnête : il espérait qu'une telle chose arrive, mais son optimisme débordant avait tendance à prendre largement le dessus vis-à-vis de son réalisme et son bon sens. En prenant du recul, ce n'est pas une chose qui arriverait, ou tout du moins pas dans l'immédiat. À cette pensée, il ne sut ce qu’il deviendrait s’il attendait un jour de plus. L’espoir fait vivre, dit-on. Mais arrive un moment où l’on dit stop.

Remplissant ses poumons de cette douce brise fraîche et printanière, il se mit en route. Les paysages défilaient autour de lui, sans qu’il ne puisse rien y voir. Mais cela ne changeait en rien son ressenti de la découverte. Avec le temps, il a su découvrir les choses autrement que par la vue. Il profitait de tout ce qu’il pouvait percevoir. Le toucher, l’odorat, l’ouïe et le goût… Cela lui était amplement suffisant ! La vision des liens ne lui servait pas à grand-chose ici, car il était seul, tout seul. Encore pouvait-il déceler les colliers, les chaînes et les liens des autres loups, mais là rien. Nada. Le néant. C’est qu’il n’était pas encore arrivé à destination.

Les heures passaient, les pattes faiblissaient un peu ; il s’arrêta pour prendre une petite pause à l’ombre d’un arbre. C’est que le soleil commençait à taper à cette saison ! La température n’était pas bien haute, mais quand le soleil était au plus haut dans le ciel et sans l’ombre d’un nuage, ça en devenait vite étouffant.
Angelo pus tout de même profiter du changement d’air auquel il faisait face. Il n’en voyait rien, mais c’était dépaysant. Même pour lui ! En profitant du calme ambiant, il ferma les yeux et prit une bonne bouffée d’air. « Ahh ! Ce qu’on est bien ici ». Il sourit.

Immobile, seule sa chevelure flottait au rythme du vent. À aucun moment, il ne regrettait son choix d’être parti. Il se sentait si bien sur le moment présent…

Les sens à l’affût, il décela au loin un troupeau arriver à petit trot. Les brames se faisaient entendre, c’était bien un troupeau de cerfs qui arrivait vers lui. Le jeune loup les fixait sans même les voir, pas du tout apeuré par leur venue. Et eux non plus apparemment ! Ils devaient sentir que le canidé, bien que prédateur de leur espèce, n’était pas là pour les chasser. De plus, Angelo ne pouvait pas grand-chose face à ces bêtes immenses tout seul. Il faut être bien plus nombreux et plus habile pour espérer en abattre un, avec un peu de chance.
L’heure n’était pas à la chasse, mais au jeu. Cela se sentait dans l’air, et cela décocha un second sourire au loup noir qui « regardait » le troupeau se pavaner devant lui. Puis, un appel au jeu se fit entendre de la part d’un jeune cerf, visiblement avide de se dégourdir les pattes en compagnie d’un acolyte des plus étranges. Une invitation qu’Angelo accepta bien volontiers ! Il se leva et entama une course avec ce jeune cerf qui semblait avoir son âge. Comme c’est beau, l’innocence de la jeunesse, la pureté d’un moment partagé entre deux êtres que tout sépare de nature.

Les autres cerfs quant à eux, ne prêtaient pas beaucoup d’attention au loup qui courrait à leur côté. Angelo profita de ce moment tout particulier qu’il partageait avec le cervidé. Il ne se rappelait plus de la dernière fois où il avait passé un si bon moment. Ces dernières semaines ont été pour lui éprouvantes, pleines de tensions et de doutes. Maintenant, tout semblait s’envoler dans le nuage de fumée qui naissait au passage des deux compagnons de jeu. Aucun des deux êtres n’osait s’approcher plus de l’autre, ce qui n’était pas un mal, mais plutôt une marque de respect, une distance de sécurité qui ne déplaisait pas au canidé et au cervidé. L’instinct premier d’un loup n’est pas de faire copain-copain avec toutes les proies qu’il croise, même si ces dernières sont des plus plaisantes. Tout en respectant les limites de l’autre, tout ne pouvait que bien aller.

La course touchant à sa fin, Angel lâcha un jappement de joie en guise de remerciement destiné au cerf qui quant à lui, poursuivit son galop entouré de sa famille.
Le loup s’arrêta, reprit son souffle en entendant le vacarme des sabots battant le sol s’éloigner peu à peu. C’est exactement pour ce genre de choses qu’il voulait partir. Cette première rencontre en terres Etelkrus ne fit que confirmer son choix d’orientation clanique. En espérant que les prédateurs soient aussi sympathiques que les proies ! En somme, il n’y avait pas de raison que cela se passe mal… Même si l’intrusion d’Angelo sur le territoire pouvait ne pas être bien perçue, une discussion empreinte de civisme avec les hauts rangs des Etelkrus poserait les bases et les explications de sa subite venue. Il ne pouvait pas offrir grand-chose si ce n’est qu’un pouvoir à peu près utile, ainsi que le dynamisme d’un jeune loup qui arrive dans la force de l’âge. Si on y réfléchit bien, la venue d’un glowstick différent dans une nouvelle meute peut être très bénéfique. Angelo s’est toujours dit qu’il fallait tirer le meilleur de la diversité. Ce n’était que son humble avis, même s’il comprendrait l’avis contraire qui viserait à protéger la meute de l’inconnu qu’il représentait.
La rencontre avec la meute pouvait encore attendre le temps qu’il se repose de cette petite course des plus intéressante qu’il n’ait jamais eu de sa vie.
S’approchant d’un petit plan d’eau qui se trouvait là, il y alla pour s’y désaltérer. Buvant goulûment, il restait tout de même à l’affût de la moindre petite chose qui pouvait se passer autour de lui. Un garde ne baisse jamais sa garde !

Elle avait d’abord cru à un genre de mirage quand elle avait assisté à l’étrange spectacle un peu plus loin dans l’immense plaine, l’obligeant à faire une halte dans sa déambulation.
Oreilles droites et corps rendu parfaitement immobile, elle avait observé avec une certaine incrédulité mêlée de scepticisme cette silhouette bien canine courir aux côtés d’un cerf – mais ne jamais chercher à planter ses crocs dans ses membres pourtant à portée d’attaque. Le manège avait ainsi continué durant plusieurs minutes ; l’un attendant l’autre pour ensuite bondir dans de grandes embardées, proie et prédateur testant leurs aptitudes dans un jeu innocent qui était habituellement synonyme de sang.

En réalité, Anita ne jugeait pas – n’était-elle pas elle-même une amoureuse de la nature qui n’hésitait pas à se fondre des heures durant en son sein pour en observer les merveilles, continuant à jouer avec insectes et autres créatures alors même qu’elle avait tout récemment fêté sa première année ? Mais ça, elle n’avait encore jamais vu. Un loup visiblement adulte qui jouait ainsi avec les proies que l’on s’évertuait à chasser dès que l’on commençait à en avoir l’âge, c’était inhabituel. C’était nouveau.
Et tout ce qui était nouveau pour Anita attirait irrémédiablement sa curiosité.
Subjuguée et quelque peu fascinée par ce comportement atypique, elle ne parvenait pas à détacher ses prunelles améthystes de la scène, plusieurs questions fleurissant dans son esprit en d’incongrus bouquets – qui était ce loup, que faisait-il ici, pourquoi prenait-il le risque de passer leurs frontières pour danser avec les cerfs, est-ce qu’il faisait ça souvent ?
Les deux partenaires de jeu finirent par se séparer après un dernier jappement du loup noir, et quand celui-ci reprit une marche plus calme pour se diriger vers un point d’eau en s’enfonçant toujours un peu plus profondément dans la Rougelande, Anita se mit à le suivre.

Légère sur ses pattes souples, corps ramassé filant proche du sol et camouflé par les hautes herbes qu’elle commençait à bien connaître, elle trottina discrètement à une distance raisonnable de l’inconnu en se fondant dans le décor.
Regard intense camouflé derrière les brins d’herbe, elle arrêta de se mouvoir quand lui aussi se stoppa pour boire ; réduisant son souffle à un filin imperceptible qui remuait à peine les hautes tiges. Maintenant qu’il avait cessé de bouger, elle pouvait mieux le détailler de ses prunelles avides. Sombre et taché de blanc et de pourpre, il avait l’air plutôt jeune… Et pas méchant.
De toute façon, quand on dansait avec les jeunes cerfs, Anita avait du mal à imaginer quelqu’un de cruel ou mal intentionné.

Elle ne révéla pas sa présence immédiatement pour autant, le cours de ses pensées revenant parfois à cette solitaire folle qui avait franchi leurs frontières pour s’en prendre à Holly sans raison apparente. Faisant écho à tous ces évènements passés dont les Etelkrus parmi d’autres avaient été victimes, désormais histoires répétées dans le creux de l’oreille des louveteaux qui refusaient d’obéir pour les mettre en garde sur les dangers de l’extérieur.
Elle se rappela à quel point la louve verte et sanguinaire lui avait d’apparence paru normale, se remémora ce sentiment d’effroi lorsqu’elle avait réalisé qu’elle aurait facilement pu se laisser tromper et s’approcher sans crainte.
Alors même si ce loup jouait avec les faons, qu’est-ce qui lui prouvait qu’il n’avait pas de sombres intentions à leur égard ?
Il y eut néanmoins un élément de réponse qui lui fut offert – un détail qui encouragea un élan de confiance et de curiosité à nouveau.

D’un mouvement de tête de l’inconnu elle avait capté une lueur bleue. Un disciple d’Ao, la déesse Dragonne des anciens Lazulis.
Et elle n’avait encore jamais vu de Lazulis de près.
Et puisqu’il avait eu une meute et la confiance d’un Dieu, tout se passerait bien.

Sa longue queue regagna son habituelle mobilité en se déliant et en faisant soudainement bruisser la végétation autour d’elle tandis qu’elle se levait d’un petit bond pour s’approcher de lui à pas dansants, un léger sourire sur les lèvres, une lueur interrogatrice au fond des yeux.
Elle fit tout de même en sorte de ne pas s’approcher trop près de l’inconnu pour pouvoir réagir en cas de problème malgré son envie première d’aller coller son museau au plus près de son glowstick – dans l’œil lui aussi, comme pour Désastre !


— Salut ! Je t’ai vu, avec le cerf. Tu fais ça souvent ?

Oui parce que, avant tout, ça lui paraissait quand même tout de même capital comme information.
Sa longue langue passa furtivement sur ses lèvres noires et elle ajouta, inclinant légèrement la tête.

— C’est la première fois que tu viens ici ? Faut faire attention, souvent on n’aime pas trop les inconnus aux frontières. Enfin, certains s’en méfient. Mais toi, ça va, puisque t’étais Lazulis !

Son sourire s’élargit encore un peu.

Avait-on réellement besoin de préciser, qu'une fois de plus, Holly traînait avec Alexandrine ?
Elle trottinait, joyeuse, auprès de son amie, échangeant avec elle banalités et, parfois, quelques taquineries comme elles en avaient l'habitude, tout en cherchant des proies à ramener au camp.
C'était au programme, du moins, jusqu'à ce que des odeurs particulières, surtout une, autre que celles des cerfs qui couraient dans la rougelande, parviennent à ses narines. Il y avait, encore, sur leurs terres, un solitaire. Instinctivement, elle gronda, Holly, dévoilant ses crocs et hérissant son poil. Avant même de le voir, avant même de reconnaître l'odeur d'Anita, lorsqu'elle se rapprocha.
Elle se tourna vers Alexandrine, réellement inquiète.

- Il y a un solitaire avec Anita.

Il fallait protéger Anita, coûte que coûte.
Holly n'avait, évidemment, pas oublié sa rencontrer avec la solitaire folle et le combat qui s'en était suivi. Se pourrait-il que ce loup là soit comme elle ? Et si il faisait du mal à Anita ? Elle serra les crocs et courut, plus vite encore, autant que ses pattes le lui permettaient.
Jusqu'à tomber sur eux.
Son regard tomba immédiatement sur Anita et elle poussa un soupir de soulagement.

- Ouf, tu n'as rien.

Quelle frayeur.
Une fois rassurée, elle put donc faire profiter du solitaire de son joli sourire colgate... Ou plutôt, de ses crocs toujours dévoilés. Elle se faisait menaçante, au cas où l'envie de les approcher passait par la tête du loup. Un geste de sa part et Holly n'hésiterait pas à lui bondir dessus. Voir, appeler la garde.
Ce serait tout de même dommage, de finir en prison. Encore plus de finir mort.

- Que fais-tu ici ? Ne sais-tu pas que ces terres ne sont pas libres d'accès ?

Puis son regard tomba dans celui du mâle. Il portait le glowstick d'Ao... Était-il ex-lazuli, comme Méridor ? Ce constat la calma un peu. Juste un peu. Par ce qu'il s'était tout de même introduit sur leurs terres et se trouvait à proximité des siens.

— Salut ! Je t’ai vu, avec le cerf. Tu fais ça souvent ?

Une petite voix empreinte d'enthousiasme s'éleva parmi les herbes hautes qui entouraient le plan d'eau, surprenant le loup noir qui releva la tête d'un bond. Fixant la direction d'Anita sans même la voir, il ignorait depuis quand il était observé. Son ouïe développée ne pouvait rien face à la jeune louve menue qui se faufilait tel un chat dans la savane.

— C’est la première fois que tu viens ici ? Faut faire attention, souvent on n’aime pas trop les inconnus aux frontières. Enfin, certains s’en méfient. Mais toi, ça va, puisque t’étais Lazulis !

Les paroles de la jeune etelkrus le rassura. Elle avait déduit d'elle-même qu'il n'était pas là pour leur faire du mal, c'était déjà un bon point.
Il décocha un sourire en repensant à sa première question, amusé et gêné de s'être donné en spectacle de la sorte. Il se rendit compte que la louve le regardait depuis plusieurs minutes déjà, sans même qu'il ne s'en rende compte.

- Non, c'est la première fois..Je sais pas trop ce qui m'a pris, dit-il tout en gardant son sourire, toujours aussi gêné.

Il ne voyait pas Anita, évidemment, mais il n'avait que de bons ressentis à son égard. Elle semblait très avenante, bien qu'encore un peu méfiante à son égard. Ce qui est tout à fait normal. Angelo n'avait rien à craindre avec elle.
Au moment où ce dernier allait répondre à sa deuxième question, il entendit quelqu'un d'autre déboulé à toute allure, un "Ouf, tu n'as rien", ainsi qu'un grognement, beaucoup moins accueillant que la première louve. Cet avertissement le fit reculer d'un pas. En tant normal, il se serait montré beaucoup plus combatif et moins impressionné par ce grognement qui venait d'une louve guère plus âgée que sa camarade. Mais il ne voulait surtout pas montré une quelconque marque d'agressivité. Il n'était clairement pas en position de force sur le territoire qui n'était pas le sien.

- Que fais-tu ici ? Ne sais-tu pas que ces terres ne sont pas libres d'accès ?

Il le savait bien, et il comptait expliquer son intrusion au plus vite ! Mais avant, il entendit une troisième louve arriver. Il se sentit un peu mal à l'aise à être entouré tout à coup pour trois jeunes louves. Il n'y avait pas foule, certes, mais quand le nombre de loups présents dépassait le nombre de deux, ça devenait plus complexe à gérer. Surtout qu'il était l'intrus. Il n'avait pas encore eu le temps de parler qu'il avait déjà le mauvais rôle. C'est ça d'être solitaire après tout..

- T'es quand même bien bête de passer de ce côté de la frontière. Pourquoi tout le monde est bête et passe du mauvais côté de la frontière. C'est pas possible.

Du mauvais côté ? Leur territoire ? Avaient-ils eu des mauvaises surprises par la passé ? Des mauvaises rencontres ?
Sans plus tarder, il se décida à répondre à toutes leurs interrogations. Il n'en sera que plus soulagé de la sorte.

-Pardonnez mon intrusion, mais n'ayez crainte de cette dernière. Je ne vous veux aucun mal. Commença-t-il. Il savait que des actions valaient mieux que de belles paroles, mais étant dans l'incapacité de prouver ses bonnes intentions, il n'avait que les mots pour les convaincre de sa bonne foi. Au contraire, je suis venu parler à vos dirigeantes afin d'intégrer votre meute... Si c'est possible bien entendu. Si ça ne l'est pas, eh bien... cela fera comme si vous ne m'aviez jamais vu.

Autant jouer cartes sur table et balancer ses intentions direct. Inutile de faire durer le suspens, cela ne pourrait qu'éveiller plus de soupçons encore. Des soupçons qui n'ont pas lieu d'être au final.
Il se tut pour écouter ce que ses interlocutrices avaient à répondre à ça. Il se détendit face aux grognements et aux avertissements lancés par la seconde louve, il ne s'agissait là que de méfiance et de défense. Elle ne tenterait aucunes attaques si Angelo restait calme.

- Mon nom est Angelo.

Tu traînes encore ton corps sur les terres que tu connais par coeur. Tu traînes encore ton âme sur des états qui t’exaspère. Tu traînes encore ton corps et celui-ci percute le mauvais souvenir. Encore elle. De base tu ne cherchais pas la compagnie, tu te baladais simplement, te vidant la tête. Puis son odeur t’a prit la gueule, provoquant une douleur à ta poitrine que tu essaies d’ignorer et après quelque pas tu les a trouvé. Ta soeur et sa tique. Jolie tique. Détestable tique. T’es alors resté en retrait, sans vraiment les suivre, tu allais juste dans la même direction. Un pas puis un autre et te voilà avec deux soeurs et un étranger. Toujours dans l’ombres des arbres, ta chevelure qui pousse follement dansait agréablement sous le souffle du vent. Tu tends les oreilles, tu écoutes cette voix. Angelo Angelo doux Angelo, cela sonne bien dans ta tête. Tu sors alors de ta cachette et t’approches. Tu deviens plus grand, tu deviens adulte et ton regard, toujours brûlant de vie, explosion d’énergie, se calme légèrement.

-Comment savoir que tu dis la vérité ?

Un léger sourire brise en deux ton visage alors que tu t’avances davantage. Il sent l’odeur de la honte, de l’échec et de la colère. C’est comme ça que tu vois les ancien Lazulis. Rats insignifiants qui se sont fait écraser par plus grand qu’eux. Les Dieux sont bons. Les Dieux sont mauvais. Ils sont gris, et les froisser ne provoquera que fissure. Fissure de l’âme, de l’être, d’une meute.

-Mon nom est Floyd, fils d’une reine et voici mes soeurs, Anita et Alexandrine.

Tu commence les présentation toi-même en lançant un petit regard désolé aux deux femelles. Tu lui offre ton identité et celle de ses comparses car il t’a offert le sien. Lentement, aux côtés de la dragonne, tu t’assois. Tu attends. Tu attends et tu as toujours ce sourire curieux sur les lèvres, impatient de savoir comment cela va se dérouler, impatient et serein. Aujourd’hui tu as calmé ta cascade émotionnel, tu es simplement … calme.

L’étranger avait beau avoir été surpris de son arrivée, il n’avait pas pour autant montré le moindre signe d’agressivité. Au contraire, en fait, puisqu’il offrit même un sourire un peu gêné en retour à l’Etelkru.

— Non, c'est la première fois... Je sais pas trop ce qui m'a pris.

Sa longue queue remua d’amusement, le peu de méfiance qu’elle portait menaçant déjà de s’évaporer, une patte se levant pour la rapprocher d’un pas vers le nouveau venu.
Elle avait remarqué quelque chose dans son regard. Quelque chose d’à la fois singulier et familier. C’était cette façon qu’avait l’œil de glace – celui qui n’était pas fait de lumière – de flotter légèrement avant de se stabiliser et de n’être pas tout à fait dans le bon axe. Cette pupille qui ensuite semblait regarder tout droit mais vrillait juste un peu, cherchait à s’ancrer, ne visait jamais vraiment juste. Et ce léger voile sur les iris, aussi.
Tout comme Pepper.
Alors il était aveugle, comme sa tante ? Est-ce que le glowstick d’Ao fiché dans son œil lui permettait de voir, est-ce que c’était cela qui lui avait au contraire fait perdre la vue ? Pour lui donner autre chose ? Un autre sens ?
Les questions nouvelles se bousculèrent dans sa gueule et s’apprêtèrent à submerger le loup noir – mais elle n’en eut pas le temps, interrompue au moment où ses lèvres se séparaient.

Un bruit de cavalcade dans les hautes herbes, des odeurs familières qui lui emplirent les narines, un pelage blanc et bleu qui faisait irruption suivi par une silhouette massive mais plus tranquille qu’elle accueillit d’une ample ondulation de la queue.
Holly, en bonne Épée méfiante, n’avait pour l’inconnu qu’une hostilité à peine retenue tandis qu’Axie montra à son égard un peu plus d’intérêt –comme elle.
La jeune hybride se décala de quelques pas pour s’interposer vaguement entre Holly et le nouveau, ne lui bloquant pas vraiment la route mais lui signifiant de ne pas lui sauter dessus, de lui laisser sa chance – elle allait d’ailleurs prendre sa défense quand ce fut la voix du loup noir qui s’éleva pour plaider sa cause. Et à ses mots le sourire d’Anita grandit encore, son regard améthyste allant d’Alexandrine à Holly en quelques mouvements rapides et excités, comme pour leur dire « vous voyez ?! ».
Mais voilà qu’une cinquième présence approchait – une qui fit encore battre sa queue d’un mouvement fluide, une qui sentait la tempête, une qui électrisait déjà l’air de la Rougelande et chargeait l’ambiance d’une voix forte et grave.

Floyd posa sa question puis s’assit, Floyd déclina leurs identités puis attendit. Galvanisée par l’apparition de son aîné les oreilles d’Anita pointèrent plus haut et plus droit que jamais, tournées vers Angelo, prêtes à recevoir une réponse de sa part – mais son esprit tout entier était lui prêt à laisser sa chance à ce jeune étranger, prêt à lui laisser une place.
La question de son grand frère était légitime, probablement lui dirait-on sur un ton réprobateur que l’on ne pouvait faire confiance au premier arrivé clamant sa candeur et ses bonnes intentions ; cela serait juste et vrai, elle le savait – pourtant elle était fille d’Alpha et de Prêtresse, elle n’était pas née de la dernière pluie. Anita savait voir avec le cœur et percer avec les yeux – et ce qu’elle avait vu de ce loup n’avait rien d’une menace pour eux, pas en tant que tel.
Sa voix s’éleva, chantante et assurée.

— Je suis sûre qu’il est sincère ! Ça se voyait, quand il est arrivé.

Elle glissa un petit clin d’œil à l’intention d’Angelo – elle n’allait quand même pas révéler son petit secret devant tout le monde ! – avant de réaliser qu’il ne pourrait pas le voir. Tant pis.
Elle tourna cette fois-ci l’intégralité de son corps vers ceux qui constituaient sa vie, sa famille, sa meute.

— On peut le ramener ?

Son sourire s’agrandit encore pour charmer les âmes réticentes. Elle savait qu’Axie serait d’accord. Floyd aussi, si elle insistait un petit peu, qu’elle affirmait que cela lui ferait plaisir. Holly… Avec sa nouvelle nomination et les responsabilités qui retombaient sur ses épaules, ce serait un peu plus délicat.
Mais elle ne refuserait rien à sa sœur non plus.
Et comme sa sœur était déjà de son côté, ce serait gagné.

Si l'intrusion de ce solitaire mettait Holly un peu à cran... Il n'en était rien pour son amie Alexandrine, celle ci se montrant joviale, presque autant que sa soeur. Fallait-il réellement s'en étonner ?
Fort heureusement, l'individu ne semblait pas être hostile. Restant sur ses gardes malgré tout, elle se permit une posture un peu plus détendue, son visage gagnant également une expression plus avenante. Si il souhaitait devenir Etelkrus, sa présence ici se justifiait davantage. Même si il avait eu de la chance, de tomber sur elles et non sur une patrouille plus... A cran ?

En parlant d'individu à cran, voilà qu'elle pouvait sentir l'odeur de Floyd. Elle ne se tourna pas vers lui, son regard préférant ne pas lâcher le solitaire. Le ton de sa voix la surprit un peu, néanmoins. Pour une fois qu'il ne hurlait et ne jurait pas... Il lui faudrait marquer ce jour d'une pierre blanche. Pourquoi s'était-il montré si violent avec elle et se faisait-il si calme avec cet étranger au camp ? Sa tête ne lui revenait sûrement pas.
Oui, ce devait-être ça. Et au pire, elle s'en fichait bien, ayant fait le deuil sur une potentielle relation non conflictuelles avec le frère de son amie. Ils allaient donc faire comme d'habitude : S'ignorer. Ce serait très bien ainsi.

Son regard lâcha furtivement le solitaire pour se poser sur Anita, tout sourire, toute innocente. Holly ne put réprimer un petit sourire.

- Navrée pour cette introduction quelque peu... Rude. Nous avons connu quelques mauvaises expériences avec des solitaires, par le passé. J'espère que tu comprendras notre méfiance.

Enfin, la sienne et celle de Floyd en tout cas.
Pour Alexandrine et Anita, sa présence ici ne semblait pas poser le moindre problème. Anita semblait même le vouloir à la maison.
Elle pouvait la comprendre et hocha donc la tête.

- J'occupe la fonction de conseillère chez les Etelkrus. Mon nom est Holly. Je ne vois pas d'objections à ce que tu rencontres nos dirigeantes. Cependant, celles ci étant particulièrement occupées, je vais te poser quelques questions avant de te mener près d'elles. Cela leur fera gagner du temps, si tu le veux bien.

Inutile de leur ramener quelqu'un qui ne pourrait être Etelkrus, de par ses valeurs, de sa façon d'être ou même de ses ambitions. Cela ne ferait que faire perdre du temps à Anette et Pepper et... Holly ne le souhaitait vraiment pas.
Et puis, à s'entretenir avec lui, elle parviendrait peut-être à déceler ses intentions, quelques paroles incohérentes, aussi, peut-être. Était-il aussi gentil que ce qu'il voulait bien montrer ?

- Pourquoi souhaites tu rejoindre les Etelkrus plutôt qu'un autre clan ? Je vois que tu es également porteur du glowstick bleu d'Ao... C'est quelque chose qui ne peut être accepté au sein de notre clan. Si tu deviens l'un des nôtre, es-tu prêt à rendre ce don à ta déesse pour devenir disciple de l'une de nos divinités ? Et enfin, quelles sont tes aptitudes, Angelo ?

Sa voix s'était faite plutôt douce, rassurante. Elle ne voulait pas lui donner l'impression d'un interrogatoire strit... Quand bien même c'était peut-être un peu le cas.

-Comment savoir que tu dis la vérité ?

Un quatrième loup venait de faire son apparition à la Rougelande. Ce dernier s'approcha du petit groupe qui entourait Angelo. Tous étaient maintenant plus proches de lui, leur méfiance diminuant légèrement - mais toujours présente malgré tout -? L'aveugle pouvait à présent distinguer les liens qui unissaient les quatre loups en face de lui. Des liens forts s'entremêlaient, des liens fraternels. Les plus puissants selon Angelo, ceux-ci combinant amour et amitié. C'était toujours quelque chose pour Angelo de voir ça, lui ne l'ayant jamais vécut avec un frère ou une soeur. Il enviait cette relation qu'il ne connaissait pas, ou très peu.

- Hélas, vous ne pouvez pas. Pas encore je le crains..., dit tout simplement Angelo sur le ton de l'excuse. Il ne pouvait rien faire de plus que ce u'il ne faisait maintenant, c'est-à-dire de la manière la plus simple et la plus pure qui soit.

-Mon nom est Floyd, fils d’une reine et voici mes soeurs, Anita et Alexandrine.

Angelo haucha la tête pour signifier son enchantement de les rencontrer dans le silence.
Il repéra les trois individus mentionnés pour mettre un nom sur les accessoires qu'il pouvait voir. C'était sa seule manière de distinguer visuellement un loup, pourvu qu'il soit à porté de patte. Floyd avait par exemple beaucoup de bracelets aux pattes avant, ainsi qu'un collier et une ceinture qui définissait un peu plus son gabarit : une taille respectable, celle d'un jeune loup tout justement adulte.
Anita, sa première rencontre - et la plus avenante des quatre - avait une chainette qui pendait à son oreille. Il retiendrait d'elle les trois bracelets qui englobaient sa patte avant d'une étrange finesse. Il garda l'information dans un coin de sa tête, imaginant une amitié naissante avec cette dernière prochainement. Il devinait chez elle une ouverture d'esprit qui ne l'arrêtait pas aux préjugés que les autres loups pouvaient avoir des solitaires -ex-lazulis-. Tous ne sont pas mauvais de nature. Et Anita l'avait bien compris.

— Je suis sûre qu’il est sincère ! Ça se voyait, quand il est arrivé.

As expected, il ne vit pas le clin d'oeil qu'Anita lui envoya après. Il était content malgré tout de sa présence. Il ne la connaissait pas, mais il avait déjà de la sympathie pour elle.

— On peut le ramener ?

Angelo empêcha son amusement de parvenir à ses babines.
L'heure n'était pas à la rigolade, et c'est ce que prouva l'intervention de celle qui n'avait pas été introduite par Floyd. D'ailleurs, Angelo remarque que le lien avec ce dernier était...différent. C'était celui de l'indifférence. Rien de comparable avec la fratrie où les relations étaient au contraire très fortes. Un mince filet s'étendait entre les deux loups, preuve de leur faible intérêt l'un pour l'autre.
On ne pouvait pas avoir des affinités avec tout le monde.

La jeune Holly, conseillère des Etelkrus, commença son discours tout plein de formalité qu'Angelo écouta avec grande attention. Tout lui semblait logique et compréhensi- .. Attendez une minute. Abandonner Ao ? Abandonner son pouvoir ? Son oeil de verre qui lui permettait de voir ? Le loup noir ne put empêcher une légère grimace qui compromettrait très certainement son intégration chez les Etelkrus.  Abandonner Ao n'était pas du tout dans ses plans, et ne le serait jamais d'ailleurs.
Mais avant d'en arriver à la source du problème, il répondrait d'abords aux autres questions.

- Ma volonté a toujours été la même depuis ma naissance : faire partie d'un groupe. D'une meute. D'une famille.. A ses mots pouvaient se deviner une enfance amer. Lui, enfant délaissé et abandonné dans la forêt qui n'eut pour seule famille qu'une vieille louve Lazuli - qu'il aimait de tout son coeur -.
Inutile de vous expliquer ce qu'il s'est passé chez les Lazulis. La meute n'est plus, et me voilà solitaire à mon grand malheur. Une expérience des plus enrichissantes, bien que désagréable, qui n'a fait que confirmer mon souhait de vous rejoindre vous, les Etelkrus. Une meute fière et pleine de valeur, qui sont les miennes aussi.

Angelo soupira. Ce qui allait suivre n'allait certainement pas plaire à la conseillère qui avait pourtant adoucis sa voix et adopté une attitude plus avenante. Mais l'ex-lazuli continua son récit de sa voix grave et posée, teintée cependant d'une inquiétude trahie pas sa gorge resserrée.
Le loup noir fit le choix de ne pas parler de sa cécité car c'était un problème qui ne revêtait que de lui et de personne d'autre.

- Le lien qui m'unis à ma déesse m'est cher et m'a permis de surmonter bien des épreuves.  Elle est mon support au quotidien. Je resterais fidèle à mon choix et à ma déesse quoi qu'il arrive. Loin de moi l'idée de dénigrer vos dieux, mais nous basons tous nos choix sur nos préférences, notre vécus et notre intime conviction. Je décide de m'en tenir au mien.
Cela n'empêchera pourtant pas le dévouement et la loyauté sans failles que je porterais à votre meute si j'ai la chance de vous rejoindre. Je comprends votre méfiance et je comprends aussi votre réticence. J'agirais de la sorte à votre place. Mais je vous en prie, entendez-moi ...et essayez de comprendre la parole d'un loup qui a traversé tout un pays pour vous rencontrer à ses risques et périls.

Comment leur faire comprendre ? Angelo avait un besoin insatiable de placer sa loyauté dans quelque chose. Les lazulis ayant disparus, cela ne le dérangerait pas du tout de la placer dans une meute différente de la sienne - et pourtant si proche en fin de compte -. Chacun défend les valeurs qui lui sont chères. Angelo avait les siennes, et elles s'appliquaient au delà des frontières Lazulis. Elles s'appliquaient en tout loups qu'Angelo rencontrait, peu importe l'appartenance et les préjugés qui peuvent en découler.
Même s'il avait encore bien des choses à dire dans le but de les convaincre, Angel s'arrêta ici. Son coeur battait vite. Bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Il avait conscience qu'il ne fallait pas gâcher sa chance d'intégrer la meute, il n'en n'aura qu'une. Son regard vide se posa sur l'ensemble des loups autour de lui, matérialisés par leurs accessoires qui permettaient de les distinguer.

-Garde le alors.

Ta voix brise l’air , sûre d’elle, bien trop sûre d’elle. Il n’y a aucune provocation sur ton visage, qu’une simple vérité. Pour toi ça semble juste. Pour toi son coeur est sincère et vouloir servir un Dieu sous l’influence d’autres ne devrait pas être une interdiction.

-Ao est la soeur d’Aka, de Kiro et de Dairo, je ne vois pas pourquoi cela poserait problème. J’aurai plus de soucis à avoir confiance en un loup qui abandonne sa divinité comme une vieille écharpe trouée.

Floyd tu redresses la gueule et braque ton regard sur Holly. Après tout, tu n’es personne pour décider de cela n’est-ce pas ? Si les meutes sont en conflits, les dieux ne l’ont jamais été entre eux n’est ce pas ? C’est une simple guerre de mortels.

Tu tournes la tête vers ta soeur et pose ta patte sur sa gueule, l’embêtant un peu, un sourire brisant ton visage. Tu passes déjà à autre chose, pour toi c’est vraiment pas intéressant. Tu veux aller te dégourdir.

-Ah, je comptais aller me baigner dans un point d’eau, tu veux te joindre à nous ? J’suppose que tu vas m’coller aux bottes Alex - d’où le “ nous “ - Et toi Anibou ?

Flux d’énergie qui s’égare, t’es complètement passé à autre chose. Tu te redresse en souriant un peu. T’es insouciant Floyd. T’es franc et direct. Et là tu veux tremper ton cul dans l’eau. Chacun ses problèmes hein.

Devant l’ambiance générale, Holly fut bien obligée de revoir sa façon d’aborder la situation et en tant que nouvelle Conseillère, elle avait également décidé de s’engager dans des discours. Ce genre de choses pas toujours passionnantes quand elle et sa fratrie semblaient plutôt à faire connaissance avec le nouveau venu de manière moins… Formelle. Bien-sûr, c’était son rôle et la louve bleue ne pouvait probablement pas faire autrement que d’y mettre des formes, mais Anita ne put empêcher sa queue de retomber platement au sol – il faudrait attendre qu’Angelo passe l’interrogatoire avant de pouvoir peut-être s’amuser avec lui.
Tout ne serait pas perdu cependant ; le moment devenant propice à en apprendre plus sur leur peut-être futur camarade, aussi posa-t-elle avec attention son regard sur lui pour absorber les mots qui commencèrent à s’enchaîner en réponse à Holly. Son sourire se faisait plus grand à mesure qu’il avançait dans son récit, comme pour l’encourager bien qu’elle eut conscience de son incapacité de le voir.

Les choses se gâtèrent seulement un peu quand il aborda une autre facette des questions posées par l’Etelkru. Des réponses qui n’abondaient cette fois-ci pas totalement dans leur sens et qui firent se pincer une lèvre à Anita – qu’en penseraient sa mère et sa tante ? Si elle ne voyait aucun inconvénient à accueillir un loup qui avait choisi d’être fidèle à un dieu, elle n’était pas certaine que cela serait l’avis de celles qui encadraient la tradition de leur meute. Sa tirade achevée, Anita quitta Angelo du regard pour observer Holly, guettant sa réaction avec une forme de nervosité – mais celle-ci n’eut pas le temps de réagir que la voix de son frère redirigea à nouveau son attention, ramenant un large sourire sur ses lèvres. Elle ne pouvait que partager sa vision des choses vis-à-vis de sa loyauté envers les Dieux.
Et sa proposition suivante arracha un jappement de joie à l’adolescente.

— Oh oui, trop bonne idée Floyd ! Allons nous baigner !

Elle bondit de l’avant pour aller chahuter avec son aîné et sa sœur, leurs jeunes esprits se débarrassant bien vite de l’ennui des formalités. Angelo avait répondu sincèrement aux questions et ouvert son cœur – alors c’était bon, non ? Ils pourraient tous aller profiter de passer un moment ensemble, voir la suite plus tard. Pourquoi l’amener devant la hiérarchie immédiatement serait si important alors que le temps était idyllique, la température propice à aller piquer une tête dans les quelques vasques que les environs avaient à offrir ?
Anita se retourna tout de même vers la louve bleue, un immense sourire illuminant son visage.

— Tu viens aussi, Holly ?

Si elle avait bien remarqué que Floyd et elle n’avaient mutuellement aucune place dans le cœur de l’autre, Anita ne désirait en aucun cas l’exclure.

Holly écouta attentivement l'ancien Lazuli, ses oreilles pointées vers l'avant.
Elle pouvait comprendre son envie de faire partie d'une meute : Pourquoi se contenter d'une vie de solitaire lorsque l'on pouvait s'entourer, au sein d'un clan ? Hors, les Lazulis n'étaient plus et ne se reformaient pas, si elle s'en tenait à ce que lui avait dit Méridor, lors de leur rencontre. Il n'était donc pas dans l'intérêt d'Angelo de rester seul, errant, en attendant il ne savait quoi.
Mais, il y avait un mais. Celui ci ne souhaitait cependant pas renoncer à son glowstick. La femelle bleue pinça les babines. Elle pouvait, là aussi, comprendre cette allégeance qu'il portait à sa déesse, se sentant elle même très proche de Dairo... Mais elle n'était pas certaine que Pepper et Anette l'entende de cette oreille, hélas.

La conseillère allait répondre, jusqu'à ce que Floyd ne la coupe, invitant le solitaire à garder son glowstick.
... Il était sérieux ? Il avait beau être fils de l'une des Alphas, les décisions n'étaient pas siennes et Holly pas certaine que ce genre d'initiative soit vraiment appréciée de Pepper. Et puis, enfonçant le clou, il leur proposa, à tous, sauf elle, bien évidemment, d'aller se baigner.
Quel sale con, putain.

Puis, forcément, Anita se montra particulièrement enthousiaste à cette idée, s'élançant en avant pour rejoindre son abruti de frère. Elle eut néanmoins une pensée pour elle, ce qui toucha la louve bleue, lui arrachant un sourire.

- Merci, Anita. Ce serait avec plaisir mais il faut d'abord s'occuper d'Angelo. On ne sait jamais, si une patrouille arrive. Cela pourrait nous attirer des problèmes... et à lui aussi.

Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait, d'aller s'amuser, même si évidemment, la présence de Floyd, elle l'enchantait moins. Mais elle avait des responsabilités, en tant que conseillère, elle se devait de montrer l'exemple.
Elle tourna la tête vers le principal concerné, Angelo.

- Angelo. Je vais te mener près de nos Alphas, si tel est ton souhait. Je ne te cache pas qu'il ne sera pas aisé de les convaincre si tu souhaites rester disciple d'Ao... Mais qui sait, elles seront peut-être touchées par ta sincérité.

La situation lui échappait quelque peu, alors autant procéder ainsi. Elle n'était pas décisionnaire, de toutes manières.
Désormais, il était donc libre de la suivre jusqu'au Castel ou de rester ici pour se baigner.

L'impatience de Floyd durant son discours se fit sentir, jusqu'à ce que sa voix s'élève et tranche le problème comme s'il n'était rien. Malheureusement, il n'était pas décisionnaire ici... Mais au moins un avait compris le raisonnement d'Angelo, ce qui le rassura davantage.
Le jeune loup jaune lança même une invitation à la bande, y compris Angelo. Le solitaire qui venait d'arriver.
C'était sympa de proposer. Même si Floyd ne l'avait pas fait dans l'optique d'être gentil mais plutôt pour couper court à la conversation qui semblait s'éterniser.
La réponse d'Anita ne se fit pas attendre après la proposition de Floyd.

Le regard d'Angelo se posa tout d'abord sur cette dernière, puis sur Holly. La réponse de la bleue brisait l'insouciance des premiers loups. La voix de la sagesse. La voix de celle qui a le plus de responsabilité en présence. Il était logique qu'elle réagisse de cette manière.

Angelo resta muet. Que faire ? La petite sortie avec ses potentiels futurs compagnons au lac, ou la rencontre avec les alphas ? En somme, la trempette pouvait attendre... et comme le disait si bien Holly, valait mieux ne pas courir de risque inutile.
Au moment d'exprimer sa décision, Alex le devança.

On peut aller tous se baigner ! Tu viens avec nous. Et Angelo aussi. Comme ça tu le surveilles. Et on s'amuse tous ensemble. Et comme ça, APRES tu l'emmènes voir les alphas ! On se sera amusé. Et il aura vu les alphas. T'auras fait ton boulot. En plus, elles sont peut-être en patrouille. Alors que si on y va plus tard, elles seront probablement rentrées !

Angelo resta muet quelques instants avant de réagir enfin :

-Il me semble...que je ne suis pour l'instant pas le bienvenu ici. M'amuser dans le dos des Alphas et attirer leur foudre n'est pas quelque chose que je devrais faire dans ma situation.

Il marqua une pause et regarda Alex pour rebondir sur ce qu'elle a dit.

- Cela dit, si les Alphas sont bel et bien en patrouille, il vaudrait mieux que je reste sous votre surveillance, comme ça personne n'est en tort.

Il avait tout compte fait, bien envie de se baigner avec le groupe. Mais il était partagé entre "soit sage" et "on vit qu'une fois".

Encore et toujours des divisions, on ne peut pas faire ça, car il fallait d’abord faire ceci.
Troublée, Anita resta un moment interdite, la queue battant lentement l’air et jetant un regard sur chaque camp. Comment était-on censé contenter tout le monde quand visiblement les avis divergeaient sur des choses dites terriblement importantes ?
Elle laissa donc sa sœur prendre son relais, bondissant vers Holly pour la convaincre de faire les choses dans le bon sens. Anita hocha vigoureusement la tête – ça lui semblait très bien, comme ordre. Le soleil brillait encore haut dans le soleil – valait mieux faire l’administratif après, quand au crépuscule la majorité des âmes rentraient au Castel.

Puis ce fut finalement Angelo qui s’exprima lui-même, indécis. La queue d’Anita qui s’était relevée à l’idée de réconcilier tout le monde retomba un instant. Dépitée, elle attendit que la situation se débloque – avant que Flo’ ne reprenne à nouveau la parole, captivant ses yeux pétillants. Et quand sa silhouette jaune s’éloigna de la scène… Anita haussa vaguement les épaules, trottinant à sa suite.

Les autres pouvaient bien se perdre en discussion – quelle que soit l’issue de la situation, si belle journée n’aurait su être perdue en délibérations ! Le mouvement permettrait peut-être à tout le monde de se décoincer. Et dans tous les cas… Chaque chose pouvait arriver le lendemain. Angelo pouvait revenir un peu plus tard si les Alphas n’étaient pas là – mais qui pouvait par-contre assurer que le temps serait si clément pour une prochaine baignade ?
Bondissant joyeusement à la suite de Floyd la jeune louve accueillit avec plaisir l’eau froide autour de son corps, venant s’accrocher ensuite au cou détrempé de son frère pour mordre le bout de ses oreilles.

Eclats de rire et éclaboussures.

Oubliés, les autres tourments et questions complexes pour le moment. Maintenant, il s’agissait juste de profiter… Et elle espérait que les autres joindraient la danse.