» Nombre de messages : 8599 » Age : 31 » PUF : Hax » Date d'inscription : 04/08/2009 » Personnages : CASSIUS
5 ans (6 ans le 07/12/2024, 1 lifting surprise)
Jeune loup solitaire. Bilingue, s'exprime avec un accent espagnol.
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Sujet: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Lun 01 Juin 2020, 17:49
Spoiler:
Dans un minimum de 1500 mots, Joaquín se rendra dans les tréfonds asséchés du canyon de la Passe Ventue, accompagné de son familier. Tu devras détailler ce que ton loup pense de cet oiseau qui ne le lâche pas d'une semelle, et des avantages et inconvénients qu'il y a en tant que solitaire de ne plus l'être tout à fait. Occupé par ses pensées et observations de l'oiseau, il finira par remarquer un comportement étrange de celui-ci qu'il n'a jamais observé auparavant : l'oiseau semble agité, très agité. Quelque chose rôde dans le canyon, il n'y a plus aucun doutes. Joaquín devra user d'ingéniosité pour trouver une façon de communiquer avec son familier par l'observation de ses agissements fasse à une menace imminente... et survivre à la jeune Manticore qui a élu domicile dans l'ancien lit de la rivière qui coulait jadis. Ce combat est l'occasion parfaite de trouver symbiose avec ton familier, à toi de voir comment ce dernier s'y prendra.
Le Loup, l'Oiseau et la Bête
Penché au-dessus de la flaque, Joaquín faisait face à son reflet mais ne le voyait pas.
Au-dessus de lui, une épaisse arcade naturelle renvoyait sur les roches environnantes les plus pâles de chaleureux reflets rouges, de plus en plus épars à mesure que le soleil montait dans le ciel. La matinée touchait peu à peu à sa fin, et il serait bientôt temps pour lui de se chercher un endroit où s'abriter des heures les plus chaudes de la journée. Enfin, lui... ... Eux.
Posé à ses côtés, le fin duvet qui entourait son bec gris encore constellé de gouttelettes, le jeune oiseau qu'il avait sauvé quelques semaines plus tôt d'un destin funeste l'observait d'un œil curieux, comme s'il se demandait ce qui pouvait pousser son compagnon à poils à rester ainsi immobile. S'il avait connu ce qu'on pouvait littéralement appeler une longue traversée du désert — logement inclus –, Joaquín ne pouvait aujourd'hui que constater que sa vie avait connu quelques changements au cours des derniers mois, changements dont il ne savait trop quoi penser. Certains lui paraissaient plus que bienvenue — la disparition du Dôme qui recouvrait ses terres et les nouvelles possibilités d'exploration que cela impliquait, et plus précisément, la possibilité d'accéder enfin à ce Canyon et de laisser derrière lui ce désert blanc qui ne suscitait chez lui que des émotions conflictuelles, sa capacité retrouvée à se rendre dans la Savane et de manière générale un peu partout sans avoir à se mettre à l'affût du moindre bruit, son calme globalement retrouvé et sa propre reprise en main après de longues semaines de laisser-aller suite à ses mésaventures dans le Monde rouge –, d'autres le laissaient plus perplexe. Ce lien qui semblait s'être tissé entre la petite louve de la plage et lui sans même qu'il ne le réalise au cours des rares fois où il avait croisé sa route. Cette connexion qui le liait au solitaire à poils ras, et dont il avait le sentiment qu'elle recélait encore bien des surprises. La manière qu'avait cette exacte copie de lui-même qui le dévisageait en retour dans l'eau stagnante de paraître identique à celle qu'elle était il y avait déjà bien longtemps, cette étonnante constante dans son physique depuis qu'il était revenu de l'Upside Down, comme si son corps avait refusé de vieillir. Sa rencontre avec cette louve aveugle de la veille, cette manière qu'il avait eu de l'aider sans attendre d'elle la moindre contrepartie autre que celle de tromper l'ennui. Cet oiseau, à ses côtés, semblait-il pour le meilleur et pour le pire désormais.
Ses yeux vinrent se poser sur le volatile. Il était étonnant de voir à quel point ce petit être inoffensif suscitait chez lui une profonde sympathie, en dépit du caractère ennuyeux qu'il pouvait y avoir à désormais ne plus être jamais seul. Cet oiseau — qu'il avait décidé dans un élan d'inspiration inattendu de baptiser Ixcanul, car la manière qu'avaient les plumes rouges et éclatantes à son encolure et à la naissance de sa queue de contraster avec le noir presque bleu du reste de son corps n'était pas sans lui rappeler la manière qu'avait le magma d'un volcan de venir lécher lentement et inexorablement le flanc sombre d'un volcan lorsque ce dernier s'éveillait – était arrivé dans sa vie au bon moment. Et force était de reconnaître que lui-même était arrivé au bon moment pour lui, puisqu'à quelques minutes voire secondes près, ce n'était pas une étrange amitié avec un carnivore solitaire qui lui aurait été promise, mais la mort, pure et simple, aux griffes du même coyote qui avait tué sa mère sous ses yeux. Ixcanul était arrivé lorsque la solitude lui devenait insupportable. Sans offrir à Joaquín la même chose qu'un clan ou qu'une famille, ce dernier faisait renaître en lui un sentiment d'appartenance qu'il avait presque oublié. Et sans que rien ne puisse le justifier, lorsqu'il observait l'animal, Joaquín avait le sentiment que c'était réciproque. Le problème était que l'oiseau était fragile. Et à mesure que le lien qui les unissait se renforçait, le loup ne pouvait s'empêcher de redouter l'éventualité d'un accident. Jusqu'à ce jour, Ixcanul avait toujours suivi son compagnon à une certaine distance lors de ses excursions, veillant à toujours rester hors d'atteinte lorsque ce dernier croisait un congénère — une bonne chose en soi : il semblait comprendre que tous n'étaient pas aussi amicaux que lui, et peut-être était-ce là le souvenir du coyote dont il l'avait sauvé qui se rappelait à lui –, chassait ou se déplaçait tout simplement. Il ne s'approchait bien que lorsque la situation était sans le moindre doute sans danger. Mais que se passerait-il si ce dernier prenait ses aises ? Voire même s'attachait à lui au point de tenter de lui venir en aide s'il se retrouvait aux prises avec un adversaire difficile ? Le regard de Joaquín se durcit, et la tension qui le gagnait sembla toucher l'oiseau également, car celui-ci recula de quelques petits bonds, dardant sur le canidé un regard interrogateur. Ce n'était qu'un oiseau. Mais Joaquín l'aimait bien, cet oiseau. Il lui rappelait chez lui. Il lui rappelait la maison. Avec les plumes de quetzal chatoyantes accrochées à son oreille et son épais collier de cuir, il était la seule chose tangible qui le rattachait à ses racines, et à un endroit qu'il n'aurait jamais quitté s'il n'y avait été forcé. Joaquín ne voulait pas que cet oiseau meure.
Il aurait dû n'y accorder aucune importance. Il aurait probablement dû le laisser à son triste sort, voire dans un élan de compassion écourter ses jours lorsqu'il l'avait trouvé dans son nid. Cet oiseau rendait Joaquín faible, et plus il y réfléchissait, plus il se disait que c'était ce pays tout entier qui le rendait faible, nuançant bien trop sa vision des choses et ternissant ses réflexes. Il aurait sans doute dû le tuer ici-même, en cet instant, rompant immédiatement ce lien avant qu'il ne prenne trop de place. L'aurait-il fait, l'autre Joaquín ? Ce jeune mâle plein d'audace et d'arrogance qui avait rejoint ce gang tout juste sorti de l'adolescence ? Aurait-il tué l'oiseau ? Aurait-il ri de voir ce qu'il était aujourd'hui, un survivant, toujours affûté, mais bien moins acerbe et impitoyable qu'avant ? Et si tous deux s'étaient affrontés, qui aurait gagné ? Il n'était pas sûr de vouloir connaître la réponse à cette question. Il avait bien trop peur qu'elle n'aille pas en sons sens. Il avait bien trop peur de s'être affaibli. Sa force, c'était un peu la seule chose qu'il avait pour lui. Sa ténacité, sa capacité à survivre envers et contre tout. S'il n'avait plus ça, que devenait-il ? Juste un loup avec un oiseau et un accent qui dénotait dans le paysage ?
Il mit du temps à le remarquer. Ce martèlement aigu qui se répercutait en écho à ses oreilles, se frayant difficilement un chemin jusqu'à sa conscience. Un bruit répété qui n'avait pas lieu d'être. Des cris à son adresse. Joaquín papillonna des yeux, revenant à la réalité, et vit que l'oiseau face à lui s'agitait. Interloqué, il observa la petite forme bicolore sautiller fiévreusement, allant même jusqu'à revenir vers lui pour lui asséner un petit coup de bec sur la patte. A croire que cela faisait un moment qu'il tentait d'attirer son attention.
— ¿Qué te pasa?
La voix rauque de Joaquín sembla calmer l'oiseau un instant, et celui-ci battit des ailes et prit son envol, avant d'aller se poser sur un rebord de falaise. Pour émettre de nouveau ce cri aigu, si alertant, en le regardant avec insistance. Les sourcils de Joaquín se froncèrent et il regarda autour de lui. Il lui semblait que tout à coup, l'atmosphère s'était alourdie. Peut-être n'était-ce dû qu'à l'impression qu'il avait que son oiseau essayait de le mettre en garde. De communiquer avec lui. Quoi qu'il en soit, il s'approcha à pas lents de l'animal, et ne s'arrêta qu'à un mètre du pied du mur où il avait trouvé refuge.
— Enseñame.
Et l'oiseau quitta son refuge, déployant ses ailes noires, et alla voleter plus loin, disparaissant derrière la falaise. Joaquín lui emboita le pas. D'un trot sûr, il passa à un galop affirmé, retrouvant l'animal une centaine de mètres plus loin, pour voir de nouveau ce dernier s'envoler après un nouveau cri aigu. L'opération se répéta encore deux fois, le conduisant à gravir des rochers et à prendre un peu de hauteur, avant qu'il ne trouve l'oiseau perché sur une souche, au bord d'un ravin. Ce dernier émit une dernière fois ce cri si caractéristique, de façon peu audible cette fois, comme s'il avait voulu se montrer discret. A pas lents, Joaquín le rejoignit, puis s'approcha silencieusement du bord de ravin pour regarder en contrebas. A première vue il n'y avait rien. Juste le lit asséché de la rivière, quelques restes de plantes mortes, et un squelette dont les os blanchi par le soleil. Mais il y avait cette odeur. Une senteur étrange et dérangeante, mêlant des fragrances familières, toutes altérées. Quelque chose de fauve. Quelque chose dont il su immédiatement que c'était dangereux. Quelque chose qui ne tarda pas à se manifester lorsqu'une silhouette massive s'extirpa d'une faille qui semblait s'enfoncer dans le mur sous eux et s'avança à pas lents. Un sentiment d'effroi envahit Joaquín, bien vite délayé par cette colère qui lui était si familière. Il n'avait pas la moindre idée de ce que c'était, mais c'était dans son Canyon, et rien qu'à voir les muscles affutés qui roulaient sous son poil doré et court, sa queue étonnamment semblable à celle d'un scorpion — sérieux, encore ?! – et les larges ailes membraneuses repliées sur son dos, il doutait qu'une cohabitation soit possible. Il s'interrogea néanmoins un instant. Il y avait tant d'incongruités ici qu'il aurait très bien pu s'agir d'un nouveau loup fantasque, en dépit d'une odeur très inhabituelles. Mais lorsque la bête se pencha au-dessus du squelette et sembla l'effleurer du museau, Joaquín put apercevoir sa tête, et ce qu'il vit ne lui plut pas. Définitivement pas. Il ne savait pas ce que c'était, mais ça n'avait guère d'importance : c'était chez lui. C'était une menace. Ca ne le serait plus longtemps.
Il ne suffit que d'une fraction de seconde pour que la machine Joaquín se mette en marche. Il sentit comme une décharge électrique remonter de ses pattes et envahir tout son corps, gonflant son pelage et dévoilant ses crocs. La créature dut sentir le danger car elle fit soudain volte face et leva vers lui son visage hideux, dévoilant bien vite ses dents à son tour. Deux paires d'yeux jaunes se fixaient l'une l'autre, et d'une voix rocailleuse, Joaquín parla à Ixcanul sans jamais quitter sa cible des yeux :
— Búscate un lugar seguro.
Une seconde encore et l'oiseau s'envolait, au même titre que la Manticore, qui fondait droit vers lui, et lui, bondissait droit sur elle.
L'impact fut rude. Fort de ses ailes et en dépit de son aspect juvénile, le monstre avait pu se propulser avec force vers lui. Plus lourd que Joaquín, c'est lui qui eut le dessus et qui faucha le loup noir en plein vol, l'emportant dans son élan. Mais le Mexicain s'y était attendu et se cabra pour aller fouiller le début de crinière de son adversaire de ses crocs, à la recherche d'une prise fiable. La nuque était épaisse et il peinait à s'y retrouver au milieu de l'épaisse toison qui la garnissait. De son côté, la Manticore avait commencé à battre des ailes, sa trajectoire virevoltant et menaçant d'éjecter le loup, et tentait également de trouver une prise sur laquelle refermer ses mâchoires. Il sentit que sa patte effleurait de peu les dents de son opposant et donna un violent coup de genou dans son nez, avant de tenter de prendre appui sur sa large tête pour monter sur cette dernière et s'éloigner de la gueule qui menaçait à chaque instant de venir se saisir de lui. Aveuglée, la Manticore alla percuter un mur, manquant de peu d'écraser Joaquín entre elle et se dernier, et tous deux retombèrent lourdement au sol. Il eut le souffle coupé lorsque son dos heurta ce dernier, des éclairs blancs dansant devant ses yeux, mais les chassa bien vite en battant des cils car un nouveau cri perçant similaire à ceux qu'avait employé Ixcanul pour le prévenir, suivi d'un rugissement féroce lui indiqua que son ennemi s'était remis sur ses pattes bien plus vite que lui. Il roula sur le côté et se remit debout, avant de bondit en arrière, évitant de peu un coup de patte. Les griffes frôlèrent l'épais collier qui protégeait sa gorge, et, une lueur folle dansant dans ses yeux, Joaquín bondit de nouveau, sur le côté cette fois, avant de rebondir et de foncer droit vers le flanc de la bête. Il parvint à s'agripper à la base de l'aile de la Manticore, qu'il mordit fermement, et secoua la tête, dans l'espoir de fragiliser l'articulation. Mais bien vite un coup de passe vint heurter son poitrail, dessinant de longues estafilades rouges sur ce dernier, et l'envoya plus loin. Il retomba cette fois sur ses pattes, et bondit de nouveau juste assez vite pour ne pas se faire empaler par le dard de la queue de cette chose qui disposait décidément d'un arsenal létal d'une indécence prodigieuse. Tous deux se faisaient face, se jaugeant l'un l'autre, et alors qu'il sentait sur sa langue le goût déplaisant du sang de cette chimère venu tout droit des Enfers, il eut le plaisir de voir que cette dernière avait rabattu contre elle l'aile qu'il avait attaquée de manière maladroite, alors que l'autre battait furieusement dans sa direction. Il avait réussi à la diminuer. Depuis quand cette chose était-elle là ? Il n'avait jamais senti la moindre trace d'elle auparavant, ce qui était assez alarmant dans la mesure où il patrouillait quotidiennement ce Canyon depuis quelques lunes déjà. Il supposait qu'elle venait de s'installer récemment, et, à en croire ses flancs creusés, elle peinait à se nourrir dans le coin. Et surtout, depuis quand est-ce que de pareilles abominations existaient ? N'avait-il donc pas tout vu, tout entendu ? Etaient-elles encore nombreuses, les mauvaises surprises de ce genre ? Pourrait-il jamais se trouver un coin tranquille, sans qu'aucune bestiasse à moitié scorpion ne vienne l'y déranger ?
La colère n'avait de cesse de monter en lui, aiguisant ses sens et noyant le picotement désagréable qui prenait naissance là où les griffes de la Manticore avaient déchiré sa peau. Dans un aboiement rageur, Joaquín s'élança de nouveau, et alors qu'il s'apprêtait à bondir, un nouveau piaillement vint le distraire et le fit sauter un poil trop tard, à contretemps. Mais la Manticore, elle, avait anticipé son saut tel qu'il aurait dû être et se dressa sur ses pattes arrières, claquant des ailes et de la queue, pour le frapper. Trop tôt, du coup. Joaquín se ramassa au sol et plongea droit vers sa gorge, entre ses antérieurs. Il trouva une prise, et ne la lâcha plus. Rugissant de plus belle, son sang coulant dans la gueule du loup, la Manticore, furieuse, se débattit, assénant des coups de patte sans le voir. Lui tenait bon. Jusqu'à ce qu'un coup mieux placé que les autres ne vienne s'abattre sur sa tête, lui faisant voir trente-six chandelles, le conduisant à lâcher la gorge de la Manticore et le projetant plus loin. Il roula douloureusement au sol, essoufflé, avant de se relever péniblement. La plaie au cou de son ennemi était belle, mais ce n'était pas suffisant. Lui, en revanche, arborait désormais de belles écorchures là où son corps avait heurté la roche, et surtout une large plaie au niveau de son crâne, non loin de son oreille droite. Il cracha un épais caillot de sang au sol, la gorge en feu. Cette chose était terriblement coriace, et fonçait de nouveau droit vers lui. Sur la défensive, Joaquín s'évertua à esquiver les coups ou les parer du mieux qu'il pouvait, subissant la furie de la Manticore dans l'espoir d'une ouverture. Il parvint à éviter la plupart des coups mais de nouvelles entailles vinrent s'ajouter à sa collection grandissante, mouchetant le sol alentours de sang rouge, et il manqua de peu, de nouveau, de se faire piquer par ce putain de dard. Il y eut à un moment une possibilité de contre attaquer, et il s'y jeta sans la moindre arrière pensée. Se glissant par terre jusqu'au ventre de la Manticore, il bondit violemment vers le haut, percutant de plein fouet son estomac avec son épaule. La bête glapit, déstabilisée, et il réitéra l'opération, grinçant des dents en sentant son articulation qui le tiraillait sous l'effet des coups répétés. Il finit par lui faire perdre l'équilibre et elle bascula sur le côté, révélant cette fois-ci mieux son ventre, sur lequel Joaquín se précipita. Ses crocs fendirent la peau fragile de du ventre clair, faisant de nouveau couler le sang, et l'attaque aurait pu sonner le glas de la bête, si cette dernière, prodigieusement souple et désagréablement increvable, n'avait de nouveau usé de ses pattes griffues pour l'envoyer battre en retraite. Reculant, Joaquín la vit qui se relevait péniblement, avant de darder de nouveau sur lui ses yeux jaunes. Il commençait à sérieusement se demander quelle pouvait être la marche à suivre pour occire pareille créature sans lui-même y laisser toutes ses plumes lorsqu'un nouveau piaillement lui fit dresser l'oreille.
Quittant un instant des yeux son opposant, Joaquín vit son oiseau qui s'était posé sur une fine corniche. A côté de lui, un éboulement. Des pierres. Fronçant les sourcils, le loup prit le temps d'observer les alentours, avant de constater que de nombreux rochers s'accumulaient à quelques mètres au-dessus du sol, sur un pan de falaise adjacent. C'était peut-être ça, la clé. Il partir au triple galop vers la zone repérée au moment où la Manticore revenait à la charge sur lui, esquivant ses crocs de peu, mettant de la distance entre eux. Puis se stoppa, le souffle court, au pied de la falaise qu'il avait repérée. Et se campa fermement sur ses pattes, prêt à bondir. Aveuglée par sa rage, la Manticore, qui s'épuisait à force de perdre du sang, ne réfléchit pas et se jeta de nouveau sur lui. Il lui fallut attendre le dernier moment pour rouler sur le côté, dans un nuage de poussière, pour esquiver la bête sans qu'elle ne puisse dévier de sa trajectoire initiale. Elle heurta violemment le mur, à demi assommée, et alors qu'il était toujours à terre, Joaquín regarda avidement les gros rochers qui tremblaient dangereusement au-dessus d'elle, à deux doigts de tomber de leur perchoir. Sa déception était flagrante lorsqu'il les vit se stabiliser et redevenir immobile, tout juste légèrement plus près du rebord qu'ils ne l'étaient avant. Ereinté et fou de colère, Joaquín se hissa sur ses pattes, voyant le corps de la créature qui tressautait, prêt à se redresser à son tour, et mû par l'énergie du désespoir, il courut de nouveau vers elle avant de bondir sur son dos. Les ailes qui le garnissaient s'agitèrent, et il finit par réussir à s'agripper à l'une, puis à prendre appui sur cette dernière pour sauter jusque sur la corniche, au côté des rochers. La Manticore se dégagea, l'écume aux lèvres, et, en contrebas, commença à tenter de bondir droit vers lui, toutes griffes dehors, tendant fiévreusement ses larges pattes vers lui. Il tenta de pousser l'un des rochers mais ce dernier demeurait immobile. Il sauta dessus, tâchant de creuser sous d'autres, mettant plus de distance entre lui et la Manticore, désormais acculé. Cette dernière saura plus haut, battant de sa seule aile valide, et parvint à s'agripper à la pierre, commençant à tenter de se hisser dessus, gesticulant. Il y eut un déclic. Une sueur froide qui parcourut son échine, remontant le long de sa queue, de son dos, pour aller se perdre parmi les nombreuses entailles qui zébraient sa tête. Le rocher avait bougé. Saisissant une occasion qui ne se représenterait pas, Joaquín bondit en bas, à côté de la pierre, et, réunissant ce qui lui restait de forces, se jeta dessus avant de la heurter d'un nouveau coup d'épaule qui voilà se nouveau sa vision d'un flash blanc. La pierre céda et avec elle toutes les autres. C'est un véritable éboulement qui tomba droit sur la Manticore et l'ensevelit, et qu'il ne parvint qu'en se jetant maladroitement sur le côté, aussi loin qu'il le pouvait, trop loin pour retomber sur ses pattes. Il s'écroula lamentablement au sol, la gueule dans la terre, et y resta, essoufflé, attendant que le nuage de poussière levé par l'effondrement ne se dissipe.
C'est avec soulagement qu'il vit que dans le Canyon, à l'exception de sa poitrine qui se soulevait fébrilement, et du petit oiseau qui observait la scène d'un air tendu, plus rien ne bougeait. Il laissa encore s'écouler de longues minutes avant de se remettre debout, péniblement. Son corps ressemblait à une sorte de mots croisés géants où chacune des rayures était une entaille qui suintait le sang, et il avait sérieusement mal à l'épaule, et plus globalement partout, mais à l'exception de la plaie à sa tête qui semblait plus impressionnante que les autres au vu du sang qui lui coulait jusque dans l'oeil et de la désagréable sensation de nausée qui le gagnait dès qu'il tentait de faire un pas, les blessures n'étaient pas bien graves. Il s'avança vers l'éboulis, et constata que le corps, de toute évidence désormais bien dépourvu de toute trace de vie, de la Manticore émergeait à moitié de sous certaines des pierres les plus petites. Sa tête, elle, était perdue sous un énorme rocher. Déblayant le chemin, il exposa le flanc tâché de sable et de poussière de son opposant, et planta ses crocs dedans. Déchirant la peau, il alla chercher entre les côtes et trouva finalement le foie de la créature, qu'il s'empressa de sortir de là. Quitte à avoir tuer cette chose, autant recycler la viande.
Un éclat rouge à ses côtés lui fit tourner la tête. Perché sur un gros galet, Ixcanul l'observait. Un faible gloussement s'échappa de la gueule ensanglantée de Joaquín, qui, s'allongeant sur un gros rocher, déposa le foie à ses pattes. Comme il avait désormais pris l'habitude de le faire, il détacha un bout de son repas et le lança à l'oiseau, qui, après une brève hésitation, s'avança vers ce dernier et commença à le picorer avidement.
— Que aproveche, souffla Joaquín, avant de s'atteler à son festin.
Au-dessus d'eux, le soleil avait depuis longtemps atteint son zénith. Et si la chaleur était étouffante, il était un point positif dans cette histoire, hormis le repas exotique qu'elle offrait au loup et à l'oiseau : la zone où ils se trouvaient, et où la Manticore était morte, se trouvait à l'ombre. Ils n'auraient donc pas à s'abriter du soleil. Et pourraient déguster leur viande sans craindre une insolation.
Invité Invité
Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Ven 26 Juin 2020, 15:52
Tarko
Tarko en avait assez de rester en convalescence chez les Nakhus. Alors, au petit matin, quand l’occasion s’est présentée, il a filé en douce comme un enfant qui profite de l’absence de ses parents pour faire le mur. Sortir du Dédale n’a pas été chose aisée mais à force de patience il a réussi à retrouver la lumière du soleil. Il s’éloigne, a grande foulée, de la Vallée des Murmures. Dans sa course, ses pattes qui frappent le sol arrachent de l’herbe et soulèvent de la poussière. C’est fou comme ça lui fait du bien de retrouver l’extérieur. Le solitaire s’enivre de cette euphorie qui fait palpiter son cœur. Il accélère la cadence, allonge ses foulées, respire plus vite et pousse son corps à son maximum. Le vent fouette son museau et le soleil réchauffe son poil. Il court. Encore et toujours. Il court pour vider sa tête de toutes les pensées qui se bousculent et agitent ses nuits. Il court et avale les kilomètres comme s’il avait le Diable aux trousses. Il court car il besoin d’aide. Tarko a pris conscience, à différentes reprises, qu’il n’est pas assez fort. Le combat contre Salazar et celui contre la bête de la Grève ont révélés les limites de ses capacités. Alors il a réfléchit, longtemps, à une solution. Et aujourd’hui, il pense l’avoir trouvé.
Le solitaire se concentre sur ce souvenir qu’il a conservé de cette journée. Il n’est pas certain que cela va fonctionner. Remonter une piste a partir d’un souvenir flou et lointain, c’est presque peine perdue. Comme il le craignait, sa recherche n’est pas fructueuse. Le contient regorge de nombreux parfums et d’odeurs. Et dans le lot, un seul, peut-être, le mènera a bon port. Tarko file vers le Sud sans un regard derrière lui. Il se demande ce que vont penser les autres en ne le voyant plus au Dédale. Va-t-il passer pour un lâche qui a fuit ? Ou vont-ils croire qu’il a décidé de partir seul sur la Grève ? Il le saura à son retour. En attendant, il doit se concentrer. Longeant la frontière du territoire Etelkru à la limite des Monts Célestes, le bleu traverse une foret dense qui lui offre la possibilité d’avancer rapidement sans se faire voir. Son organisme tourne a plein régime alors qu’il serpente entre les arbres. L’humus étouffe le bruit de ses pas et le feuillage dense le protège de la chaleur du soleil.
Les heures passent et Tarko abandonne la fraîcheur de la foret pour découvrir l’étouffante Passe Ventue. Bien qu’habitué aux terres arides de la Plaie, le mâle souffre de la chaleur écrasante et du vent brûlant qui balaye l’endroit. À mi chemin entre un canyon et l’Enfer. Au milieu de ce paysage désertique, aux teintes briques et ocres, il longe les parois et suit les courbes des ombres. Le solitaire ralenti l’allure quand le chemin se fait étroit et qu’à sa droite, la falaise se fait escarpée. Mieux vaut ne pas tomber. Quand une rafale tente de le déséquilibrer, il trouve enfin la piste qu’il cherchait. À cette odeur, se mêle celle du sang. Il suit précipitamment l’effluve qui devient de plus en plus forte a mesure qu’il avance et se rapproche avant, enfin, de le voir. Là en contre-bas, affairé autour d’un tas énorme de caillasses qui semblent cacher quelque chose d’intéressant. Tarko, quitte son chemin et marche avec précaution dans la pente pour ne pas déraper et descendre à vitesse grand V. Prenant soin également de ne pas déloger de roches sous le poids de sa carcasse.
Une fois en bas, le solitaire s’approche, un sourire satisfait sur les lèvres. Si tu savais depuis combien de temps je te cherche ! Ses yeux bleus passent du tas de pierres duquel dépasse un créature terriblement imposante au loup noir. Et vu la quantité de plaies qu’il porte, il va sans dire que c’est lui qui l’a tué.
— Et bah bon app’ mon vieux. Lance-t-il en lui souriant avant de s’approcher du monstre enseveli pour l’observer de plus près. Il siffle admiratif. V'là un sacré morceau ! puis, renifle l’animal encore chaud. C’est meilleur qu’le croco’ ? Petite boutade. Ça fait un bail, tu te souviens de moi?
Cassius » Historique
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Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Mer 01 Juil 2020, 09:44
A mesure qu'il arrachait des lambeaux de chair de l'imposante carcasse et sentait son estomac se remplir, Joaquín s'interrogeait sur le devenir de ce prédateur devenu proie. Il allait sans dire que la quantité de nourriture était bien trop importante pour eux deux, elle l'aurait même probablement été pour une meute entière. Si revenir fréquemment s'attaquer aux restes dans les jours qui venaient était initialement une possibilité envisageable, il n'était pas sûr que le cadavre tienne, au vu de la température environnante et des assauts du soleil. Ca l'emmerdait bien. Lui qui s'était donné du mal pour mettre l'animal à terre n'avait pas spécialement envie de perdre une telle source de nourriture : sans doute qu'avoir grandi dans un endroit où cette dernière pouvait se faire très rare avait fait de lui quelqu'un de particulièrement peu enclin au gaspillage. Même si des charognards passeraient certainement derrière lui dès qu'il aurait quitté les lieux — il lui suffisait de lever les yeux vers le ciel pour voir que quelques vautours y tournaient déjà dans l'attente d'une ouverture –, l'amertume était présente. Il n'eut cependant guère le temps de s'attarder sur la question, car son oiseau émit rapidement un petit cri qui se voulait sans aucun doute un avertissement. Le poil de Joaquín se gonfla lentement et il se lécha les babines avant de humer l'air. Ses yeux jaunes vinrent trouver la silhouette trapue du solitaire tricolore — nickname Crocodile Dundee – qui descendait droit vers lui. Si l'attitude du mâle se voulait avenante, les muscles de Joaquín se raidirent, prêts à le lancer sur l'autre loup dans l'optique où ce dernier aurait tenté de s'attaquer à lui. Mais la tension qui l'habitait se relâcha rapidement lorsque ce dernier le salua.
Le mâle noir scruta attentivement l'autre, une lueur curieuse dans les yeux. La dernière fois qu'il l'avait croisé, ce dernier était en sale état après avoir été aux prises avec un crocodile, couvert de sang et sérieusement blessé à la patte. Et voilà qu'il déboulait comme une fleur le sourire aux babines, débarqué d'il ne savait où, l'interpelant comme un vieil ami. Si l'esprit de Joaquín lui soufflait qu'il n'y avait pas grand chose à craindre, il restait sur ses gardes. Il était courant chez lui d'attaquer les autres lorsqu'ils étaient dans une position vulnérable, ce qui était actuellement son cas. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un s'avancer vers lui tout sourire au beau milieu d'un repas. Instinctivement, ses pattes se resserrèrent autour du bout de viande qu'il mâchonnait, et son regard alla fouiller les environs, en quête d'éventuels acolytes en embuscade. Il ne trouva rien. Après quelques longues secondes passées à analyser la situation et plus globalement ses chances, et à tenter de tempérer sa méfiance naturelle, il regarda de nouveau la carcasse de la créature, puis l'autre loup. Et puis merde.
— C'est moins sec, fit-il avec un haussement d'épaules. Puis, en désignant la carcasse d'un signe de museau : Goûte si tu veux. Il y en a beaucoup.
Peut-être parce qu'il n'aimait pas se sentir redevable — l'autre l'avait laissé manger un morceau du crocodile qu'il avait tué, dans la tête de Joaquín, il y avait dette à payer –, peut-être parce que partager avec quelqu'un lui permettait de réduire le gaspillage, peut-être juste parce que la solitude lui pesait, il était prêt à partager. Il était prêt à faire confiance. Ca n'arrivait que rarement.
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Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Jeu 02 Juil 2020, 23:38
Ses yeux bleus détaillent le canyon. D’en haut il ressemblait a une immense fissure aride. D’en bas, ce n’est pas tout a fait la même chose. Dans l’ensemble, il s’agit d’un milieu sec, mais quelques cactus aux aiguilles acérées semblent s’y plaire. D’autres végétaux, de petites tailles, parviennent aussi à se développer dans les interstices de la falaise. Le fond, par endroit sablonneux du canyon, témoigne d’un temps où l’eau était là et devait probablement satisfaire la soif des animaux vivants ici. Aujourd’hui les animaux se comptent sur les doigts d’une patte. Un monstre (même s’il est mort ça compte), des loups, un lézard dont seule la tête dépasse entre deux pierres et un oiseau aux plumes rouges et noires. Tarko surpris, s’arrête sur le volatile. Il l’a déjà vu, mais ne s’agissait-il pas d’une hallucination la première fois ? Puisse qu’il est bien là aujourd’hui, devant lui, à picorer de la viande, c’est qu’il n’avait pas rêvé. Est-ce un hasard ou une forme de commensalisme ? La voix du loup noir le sort de ses pensées.
Il se souvient. Le solitaire affiche un sourire radieux et accepte volontiers l’invitation. Voyons quel goût ça a le monstre. Le solitaire s’approche de l’ouverture déjà présente dans l’animal pour en tirer à son tour un lambeau de chair. Puis, il s’installe pas trop loin de son interlocuteur. Son hésitation quant au risque qu’il court de manger de la bestiole inconnue ne dure qu’une seconde. L’odeur de la viande n’est pas suspecte, sa couleur non plus et ils sont deux avant lui a y avoir goûté. Serein, il s’attaque à son morceau qui est … Coriace ! C’est là première fois qu’il doit autant mâcher sa nourriture. Le goût est lui aussi très différent de tout ce qu’il a déjà mangé au part avant. Il lève un sourcil dubitatif, pas certain d’aimer et pas certain de détester. « C'est bourré de vitamines, mais ça a un goût de chiottes » comme dirait l’autre.
Avalant, enfin, sa bouchée (note pour soi-même : la prochaine fois prendre un morceau plus petit) il se tourne vers ce loup a qui il vient demander de l’aide et dont il ne connaît même pas le prénom.
— Je m’appelle Tarko.
Tant qu’à y être, autant se présenter d’abord.
— J’ai un service à te demander.
Il redresse la tête, se tient le dos bien droit, l’air sérieux et solennel. Ils ne se connaissent pas. Leur première rencontre a été brève. Pourtant, la lumière qui brille dans ses iris bleus ne trompe pas. Cette journée dans les Plaines Savanes l’a changé et a créé un lien entre eux. Alors, se fiant à son instinct chuchotant qu’il peut le compter parmi ses alliés, Tarko souhaite renforcer ce lien.
Cassius » Historique
» Nombre de messages : 8599 » Age : 31 » PUF : Hax » Date d'inscription : 04/08/2009 » Personnages : CASSIUS
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Jeune loup solitaire. Bilingue, s'exprime avec un accent espagnol.
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Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Ven 03 Juil 2020, 18:26
Le plus étonnant dans toute cette histoire, c'était que l'autre avait l'air foncièrement ravi de le voir. Fait hautement inhabituel pour lui : déjà dans son pays natal, à l'exception de ses soeurs, sa grand-mère et ses parents, il n'y avait pas grand monde pour se réjouir de sa compagnie, qui plus est de manière aussi vive, comme s'il n'y avait pas de menace, pas de rancoeur ni d'amertume, rien qu'une franche appréciation de l'autre. Et c'était censé être l'endroit où sa popularité atteignait des sommets. Ici... eh bien il y avait certes Misiek, et pour le coup c'était réciproque, mais s'il ne l'avait pas tant croisé que ça, leurs échanges avaient été un peu plus développés que les quelques mots qu'il avait pu échanger avec l'autre mâle, alors à peine conscient. Il y avait peut-être Tabralt, qu'il ne connaissait pas vraiment mais qui était visiblement quelqu'un d'avenant. Et surtout, qui était quelqu'un qui lui-même ne connaissait pas vraiment Joaquín et ne savait pas quel genre de personne il était, ce qui pouvait hautement joué sur l'estime que ce dernier avait de lui pour le moment. Quant à Justice, il n'aurait su dire, lui-même était assez indécis quant à ce qu'il pouvait bien penser de lui. Il fallait bien dire que leurs rencontres s'étaient à une exception près systématiquement finies dans un bain de sang — ou un bain d'eau de mer et de puces. Difficile ainsi de dire si la compagnie du poil ras lui était appréciable. Non pas que l'idée d'avoir à jouer des muscles et risquer sa vie à chaque fois qu'il se trouvait avec l'autre solitaire lui était déplaisante. C'était plutôt la perspective de voir ses convictions en un monde pragmatique et connu ébranlées par la soudaine apparition d'une créature monstrueuse qui n'avait strictement rien à faire dans leur réalité débouler et les attaquer qui le dérangeait plus. Au final, cela ne faisait pas grand monde. Et ça se comprenait : Joaquín ne cherchait pas vraiment l'estime des autres. Ca lui allait très bien, même si ça pouvait jouer contre lui. Ca lui permettait de faire le tri.
Et voilà que tout droit descendu de nulle part ce type débarquait comme une fleur, presque chaleureux, et Joaquín n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait lui valoir un tel traitement. Et si un comportement aussi inhabituel avait de quoi générer plus de soupçons que d'ordinaire, la sincérité qui émanait de l'autre, elle, lui laissait penser qu'il n'y avait vraiment pas de quoi s'en faire. L'autre était juste content de le voir. Mais pourquoi ?
Mastiquant un reste de foie, il observa avec curiosité l'autre qui se débattait avec un morceau de viande particulièrement coriace, attendant qu'il parle, parce qu'il allait bien finir par dire quelque chose, il avait l'air bien lancé, après tout.
— Je m'appelle Tarko. Puis d'enchaîner : J'ai un service à te demander.
Cette journée n'en finissait décidément pas de le surprendre. Le mot du jour était : impromptu. Il cligna lentement des yeux et avala ce qu'il avait dans la gueule, avant de répondre :
— Joaquín.
Puis de détailler l'autre, impassible. Du moins en apparence. Intérieurement, c'était plus conflictuel. Il était définitivement intrigué, et cette soudaine déclaration de ce mec qu'il n'avait jamais dû que côtoyer 15 minutes dans sa vie à tout casser était probablement la chose la plus excitante qui lui soit arrivée au cours des dernières semaines, si l'on excluait sa petite accroche avec la chimère dont il se repaissait à présent. Car sa vie était définitivement ennuyeuse. Et ça, ça avait l'air... eh bien, moins ennuyeux que sa vie. Mais Joaquín restait Joaquín. Un mec à la sympathie toute relative, élevé dans un environnement à la sympathie toute relative, et selon un code à la sympathie très discutable. On ne rendait pas service gratuitement, chez lui, sauf à la famille. Il y avait toujours une contrepartie. Il y avait toujours une dette. On n'avait rien sans rien. Tarko le soupçonnait-il ? Pour une obscure raison il semblait s'être mis en tête de le chercher lui pour lui demander un service, savait-il qu'il aurait probablement mieux fait de s'adresser à quelqu'un de plus... eh bien de plus sympathique ? A moins qu'il ne veuille apprendre l'espagnol ou le défier dans un trépidant jeu d'alcool, il était très probable qu'il puisse trouver quelqu'un d'au moins aussi apte que lui à lui rendre ce mystérieux service, sinon plus. C'est après quelques nouvelles longues secondes qu'il rompit à nouveau le silence :
— Dis-moi.
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Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Lun 03 Aoû 2020, 11:47
Une rafale d’air chaud vient balayer son pelage pétrole et fauve. Tarko lève la truffe pour capter les odeurs que lui apporte le vent. Pour le moment, rien à signaler. Il en profite également pour imprimer dans son esprit l’odeur de cet étranger dont il connaît désormais le nom. Le solitaire n’est pas certain d’être capable de l’appeler sans écorcher la prononciation. Un petit sourire amusé se dessine. Tout en lui respire l’inconnu. Son apparence, son accent, sa façon d’être et son nom. Tout cela justifie l’intérêt que lui porte Tarko.
— Tu n’es pas d’ici, alors, tu dois savoir des choses que nous, nous ignorons.
Son regard se pose sur la carcasse de la chimère. Combien de loups son capable d’une telle prouesse ? Pour le bleu, il n’y en a qu’un et il se tient devant lui. Le mâle se lève et s’approche.
— Ce que je souhaite, c’est que tu m’enseignes comment devenir plus fort.
Affronter la mort et être capable de se défendre comme de contre-attaquer. Tarko sait le faire. Mais ce n’est pas suffisant. Il veut donner le meilleur de lui même, frapper encore plus fort, être plus agile, plus rapide et être capable à son tour de pourfendre des ennemis qu’aucun autre loup n’aurait eu le courage d’affronter avant.
Son regard brille de détermination. Jamais il n’a eu autant envie d’apprendre qu’aujourd’hui. Son père sera fier de lui. Et plus important encore : rien ne l’arrêtera. Ni les bêtes sauvages, ni les meutes.
Cassius » Historique
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Jeune loup solitaire. Bilingue, s'exprime avec un accent espagnol.
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Sujet: Re: Le Loup, l'Oiseau et la Bête | Libre Dim 13 Sep 2020, 16:22
Un apprentissage.
Joaquín cessa sa mastication, le léger frétillement de ses oreilles et la manière qu'elles eurent de se figer, pointées droit devant lui, trahissant une certaine surprise. Il ne s'était certainement pas attendu à ça. On venait — en tout cas, à une certaine époque – généralement le voir pour ruiner la vie des autres, pas pour les aider. Son alignement avait toujours été chaotique et bien plus porté sur la destruction que sur la création — en l'occurrence d'expérience et pourquoi pas de potentiel. Le plus positif qu'il ait jamais été capable d'offrir à autrui était une certaine forme de protection, une promesse pourquoi pas, promesse qui bien malgré lui semblait systématiquement destinée à faillir, car, eh bien, ce n'était tout simplement pas dans sa nature. Il s'y était rapidement fait, préférant se focaliser sur ce qu'il se savait capable de faire plutôt que sur des objectifs probablement inatteignables. N'avait cherché plus loin. Son domaine de compétences entrait de toute manière pile dans les requis de sa terre natale : ça tombait plutôt bien pour lui, même si au final ça avait entraîné sa perte.
Il ne savait rien du mâle en face de lui, si ce n'est qu'il semblait suffisamment têtu pour que ça puisse coller. Sans doute. Et qu'il était capable de mettre à terre un croco, ce qui était plutôt encourageant. Du reste, le néant. Ne connaissait-il pas quelqu'un d'autre ? Pas facile, vu la faune locale, souffla une petite voix âpre dans sa tête. Ils avaient beau être confrontés à des menaces surnaturelles toutes les trois lunes, ils demeuraient bien différents de chez lui. Et avaient leurs stupides divinités pour les assister.
— Qu'est-ce que j'y gagne ? finit-il par demander.
Outre un peu de ce lien social qui lui faisait si cruellement défaut depuis qu'il avait quitté sa famille, la perspective d'une certaine forme d'accomplissement et un peu d'action dans des journées bien fades ? Trois éléments qu'il recherchait avidement sans jamais totalement les trouver depuis des mois, mais ça, il se garderait bien de le montrer.