It's a bird, it's a plane, no it's a pumpkin [Défi rp][Libre]

Le vol ce n’était pas encore ça, mais malgré sa petite taille, Siem était persuadée qu’avec un entraînement adéquat, elle irait haut, très haut dans le ciel. Le petit corps commençait à s’affiner et l’impatience de pouvoir voler ne manquait pas. Alors, en ce jour radieux, la louvette se dirigea en trombe vers le jardin qu’entretenait son père. Dans son sillage, elle tira Seamus de son sommeil pour qu’il puisse l’aider à s’entraîner. Savait-on jamais ? Même mou et la larme à l’oeil après ses immenses bâillements, cette grande perche serait sûrement utile à quelque chose.

Galopant à travers les champs, la petite louvette commençait déjà à faire des bonds pour s’échauffer  tout en battant de ses grandes ailes. Ces dernières avaient désormais leur allure définitive et le duvet   délicat n’était plus de ce monde. Un véritable bonheur que de sentir le vent traverser ses grandes rémiges, et pourtant, la louvette ne volait pas et aucun son de joie de sortait de sa petite gueule. Sa face était encore en décalage avec les sentiments qui se chevauchaient dans sa tête. Seamus, lui, peinait à suivre le rythme, encore vaseux et pas très réveillé, il tenta de stopper sa petite soeurette :

« Moins vite Siem, je suis pas aussi matinal que toi ! »

Ce à quoi elle répondit, lors de son bond le plus long qu’elle n’ait jamais fait :

« T’as qu’à arrêter de traîner la nuit dans le dédale, espèce de larve ! »

Lorsque le duo atteignit enfin le jardin, Seamus haletait comme un damné derrière la louvette violacée. Elle était à peine décoiffée malgré tout ses bonds et ses planages. Le mâle s’affala au pied d’un arbuste comme un sac. Siem, elle, agitait sa mini queue et scrutait de gauche à droite pour trouver le meilleur spot de départ. Quand enfin un arbuste lui parut assez solide, le petit corps rabattit ses ailes et fonça bille en tête vers sa cible. Elle murmura à elle même :

« Ouais là c’est bien ! »

Sans plus de cérémonie, elle commença à escalader ce petit arbre rabougri avec à peine assez de feuilles pour qu’un oiseau y fasses son nid. Ses griffes ripèrent une fois ou deux le long de l’écorce sèche. Seamus observait et lança, un brin narquois :

« T’es sûre que tu vas réussir à grimper au moins ? »

Il ricana plaçant ses lunettes sur son museau. Un cocktail en plus et on aurait pu le croire en vacances. Siem lui balança une fois arrivée assez haute :

« C’est ça, moques toi tant que tu le peux ! Tu seras jaloux quand je pourrais voler moi ! Et toi tu devras courir comme une petite fourmi au sol ! »

L’insulte glissa sur son frère comme si ça ne lui faisait rien. Avachi, les pattes arrières vers l’avant, les antérieurs sur son bide, il prenait beaucoup trop d’attitude de Judas. La louvette secoua le museau et se concentra sur son œuvre. Le vide devant elle, le grand saut à faire. Ses ailes se déployèrent, étirant chaque plume et elle se serinait tel un mantra :

« Ce n’est rien que de l’air, tu es plus forte que l’air ! »

Ses paupières se fermèrent un instant, ses poumons s’emplirent d’air. Son corps se ramassa puis, dans un souffle, la demoiselle bondit dans l’inconnu. Ses yeux glacés fixaient un point au loin et elle se mit à battre des ailes de toutes ses forces. Puis Siem se laissa planer tant ses muscles étaient douloureux et dans un dernière pique, elle lança à son frère :

« SEAMUS JE VOLE ! »

Ce qu’elle ne savait pas, c’est que le vent est, soit un ami, soit ton pire ennemi. Et là, elle s’agita en tout sens, redressant vaguement sa barque. Puis un second souffle lui entra dans les ailes et son corps maigrelet fit un magnifique looping non contrôlé. Sa course se finit dans une énorme citrouille dans laquelle son corps se logea. On ne voyait plus que ses pattes arrière et ses ailes qui ressortait et s’agitait.

Le mâle quant à lui, et bien, il se tordait et hurlait tellement fort de rire, que tous les oiseaux du coin avaient prit la poudre d’escampette.

Puis la citrouille se fendit par le haut et on vit la tête de Siem sortir et prendre une grande inspiration. Elle était agacée, mais quand elle vit son frère se rouler par terre, ce fut bien pire. Puis elle se mit à bouder en silence.

L’arrivée plus que bienvenue d’une sœur aimante, voilà qui faisait chaud au coeur. Enfin, Siem se décrispa un peu bien que la position ne lui permettait guère plus que de s’asticoter de gauche et de droite. Seamus, quant à lui, ne se fit pas prier pour glandouiller dans son coin tout en rétorquant à cette petite Pierre :

« Roh t’es pas marrante sœurette ! Le plongeon avait fort bel allure hein petite sœur ?! »

Il se releva, et se traîna vers le duo qui essayait d’échapper au cucurbitacée orange. Siem rétorqua :

« Ouais toujours plus d’allure que toi c’est clair ! »

Un souffle court et rageur s’échappa de la truffe de citrouille. Les parois cédèrent sous les coups de l’autre louvette. Et enfin la délivrance, se tortillant, titubante créature couverte de pied en cap de cette substance horrible. Des jours pour ravoir l’odeur, et le goût de cette horreur lui resterait tout autant dans la gueule. Quand son équilibre revint, Siem posa son séant sur le sol, rincée. Une aile après l’autre, elle agita pour se désengourdir et vérifier qu’elle n’avait rien pour répondre solennellement à Pierre :

« Plus de peur que de mal. T’inquiètes ça va, merci pour le coup de patte ! »

La grande perche maigrichonne qui servait de frère, s’approcha, sourire aux babines. Elle le savait bien que la méchanceté ne faisait pas partie de son vocabulaire à lui, mais il était bon vivant. Seamus se posa à côté, lui passa une patte par dessus l’épaule et entonna tout guilleret :

« Corvée de citrouille pour tout le monde, c’est papa qui va pas être content ! »

Et sans plus de cérémonie, il passa sa langue râpeuse sur la joue de Siem qui eut un léger rictus d’agacement.

« T’es vraiment lourd Seamus dégage ta patte de là ! »

D’un coup d’aile, elle rebalança le membre pesant pendant que le mâle aidait à la toilett, tout en répondant entre deux coups de langue :

« C’est si méchant de ta part tututu ! »

Le tout en agrémentant ses conneries d’un petit rire rond et familier. Le moineau darda un regard vers sa sauveuse et lui dit posément :

« Faut croire que je sais pas voler pour l'instant, mais au moins ce gros balourd non plus ! T’inquiètes, il est pas aussi méchant qu’il veut le faire croire ! »

D’un coup sec, elle planta son coude dans les côtes du bretzel qui lâcha un « Ouf !!! » de toute beauté, qui fit vaguement tirer un sourire à la louve citrouillée.