Parlons du Lazuli | Feat. Holly

Elle avait relativement bien dormi, cette nuit là.
C'était une bataille de gagnée contre le mal, l'angoisse, qui la rongeait actuellement. Mais Holly savait que la guerre, elle n'était pas terminée. Il lui fallait continuer de... Penser à elle, lâcher prise, tâcher de surpasser la dépendance. On l'y aidait, alors ça irait. Pour la première fois depuis le départ d'Alexandrine, elle avait l'espoir d'une issue positive.

Même si son amie lui manquait atrocement. Même si elle restait fort confuse, en songeant à leur dernier échange. Même si elle ne pouvait s'empêcher de se demander où elle était et ce qu'elle faisait, actuellement. Même si elle aurait tout donné, rien que pour poser son regard sur sa silhouette musclée et sentir ses joues s'empourprer lorsque leurs regards se croisaient.

Cessant de rêvasser -Elle aurait tout le temps de le faire lorsqu'elle serait revenue-, la louve se prépara, plaçant sur sa tête sa couronne de fleurs. De quoi avait-elle l'air, aujourd'hui ? Cette nuit, un peu plus reposante que les précédentes, étaient-elles parvenue à effacer, ne serait-ce qu'un peu, les cernes sous ses yeux ? Pas vraiment. Mais ce n'était pas grave, avec le temps, et du repos, cela s'arrangerait aussi.
Elle était, étrangement, plus sereine, aujourd'hui. La journée était belle, elle irait donc profiter du soleil à l'extérieur.

Pas question de se prélasser, cependant. Les habitudes s'ancraient bien vite et elle ressentait toujours ce besoin d'agir. Alors, après avoir trouvé un endroit qui lui convenait et où l'on ne la dérangerait pas trop, Holly s'entraina avec son pouvoir. Une grosse écuelle posée là, contre un rocher, et elle changeait l'une de ses pattes en une multitudes de perles nacrées qu'elle tentait de lancer dans le récipient. Toutes en même temps.
Certaines roulèrent sur le sol et l'Épée s'empressa de les ramasser avant qu'elles ne disparaissent. C'était important, si elle ne souhaitait pas voir de nouvelles blessures marquer sa peau.
Et elle recommençait, encore et encore.

Concentrée sur son entraînement, elle ne se sentit pas tout de suite observée.
Il aurait pu attendre un bon moment, ce pauvre loup, si Holly ne s'était pas décidée à se tourner pour récupérer l'une de ses perles, glissée derrière elle. Sa patte récupérée, elle posa sur lui un regard interrogateur.

- Bonjour. Tu as quelque chose à me demander ?

Si tel était le cas, il avait toute son attention. Sinon, elle retournerait s'entraîner.

Elle eut un sourire amusé.

- S'il te plait, appelle moi Holly. On a le même âge, toi et moi, il me semble.

La Conseillère avait beau être à cheval sur la politesse et ne pas voir de problèmes à ce que ses aînés l'appellent Dame Holly(ock)... De la gueule d'un loup de sa génération, c'était quand même un peu plus perturbant. Elle se serait presque sentie vieille.
Puis, presque tous les jeunes de son âge, à l'exception de Narcisse, l'appelaient par son surnom. Autant continuer sur cette lignée.

Elle s'assit face à lui, ses oreilles pointées vers lui.

- Tu ne me dérange pas, Saqqarah. Je t'écoute.

Méridor.
Il semblait parfait, Méridor.
En plus d'être très joli garçon, il était gentil, doux, attentionné, allant jusqu'à porter secours à l'un des siens alors qu'il devait avoir, encore, un travail titanesque sur les terres désolées. Une superbe personne que bien des louves auraient pu souhaiter avoir pour compagnon, qu'elle même avait rêvé de venir chez les Etelkrus pour elle, comme il le lui avait promis, quelques mois plus tôt. Qu'en était-il, d'ailleurs, avait-il toujours ce projet ?
Serait-il déçu, lorsqu'il se rendrait compte de son amour, bien plus puissant qu'un simple crush, pour une autre ? Pire, pour cette autre qui avait tenté de les rapprocher, au bourbier.

Ses histoires de cœur n'étaient, cependant, pas le sujet. Elle n'avait pourtant pas pu s'empêcher d'y penser, à son évocation.

- J'ai déjà croisé la route de Méridor. Il souhaite devenir Etelkrus après la reconstruction des terres désolées.

C'était on ne peut plus clair. Elle ne tournait pas autour du pot, Holly.

- Pepper et Anette ne sont pas injustes envers ceux qui aident les nôtres. Sa bonne action ne sera pas oubliée. Si Méridor demande asile chez les nôtres, il faudra effectivement voir cela avec nos Alphas. Agissons selon la volonté de l'intéressé, il est inutile de formuler cette requête si il souhaite rester sur les terres désolées. Chaque chose en son temps.

Bien joué, Méridor, tu viens de gagner un sacré point.

-Néanmoins, si tel est son désir, je pourrai appuyer cette demande.

Il lui fallait être objective : Ils avaient tout à gagner à accueillir, et à faire rester, un loup comme Méridor au sein du clan. Si il avait des bases en soin, ils pourraient éventuellement l'aider à approfondir ses connaissances... Si cela l'intéressait, du moins.
Elle entoura ses pattes arrières de sa queue, haussant un sourcil à la question suivante.

... Et resta un peu sur le cul.

- Je vais bien.

Son ton s'était fait plus cassant que ce qu'elle avait souhaité, loin de la douceur qu'on lui connaissait. Mais elle se reprit bien vite, consciente de son erreur. Les propos de Saqqarah étaient, certes, assez maladroits -Qui soulignait le côté maussade d'un congénère peu côtoyé sans songer à le vexer ?- mais le loup gris restait dans une optique bienveillante... Alors elle ne pouvait lui en vouloir.

- Désolée. Puis-je faire autre chose pour toi ?

- Je sais. C'était juste pour t'expliquer, puisque j'ai eu l'occasion d'en discuter avec lui.

Mais soit, le sujet Méridor semblait être clos : Le chevalier ferait bien ce qu'il voudrait et les Alphas seraient informées de sa bonne action.

- Oui, je sais. Merci, c'est gentil. Mais ne t'inquiète pas, Désastre m'aide déjà.

Très honnêtement, elle était très bien, suivie par le panseur gris.
Il faisait ce qu'elle souhaitait de lui : La soigner, sans chercher à la réconforter et à lui donner son avis sur telle ou telle chose, sans lui poser de questions qui auraient, elle l'avouer, bien vite fait de l'agacer ou la faire se refermer comme une huître. Il était, aussi, sérieux et appliqué et elle se sentait plutôt en confiance avec lui comme panseur. C'était d'ailleurs grâce à ses plantes qu'elle remontait doucement la pente et parvenait à envisager les choses... différemment.

Elle remua les oreilles à l'évocation d'Alexandrine.
Mhh. Visiblement, il n'était pas vraiment au courant. Alors autant lui expliquer.

- Elle est partie. Elle reviendra.

Ses pupilles bleues trouvèrent celles, émeraude, du mâle.

- Il faut lui laisser le temps.

C'était ce qu'Alexandrine lui avait demandé, lorsqu'elle l'avait croisé à la vasque de la lune.
C'était ce qu'Anette lui avait expliqué, et Anita aussi.
C'était ce qu'elle faisait, désormais : Elle lui laissait le temps d'aller mieux, loin des terres, pour se concentrer sur sa propre évolution.

Elle hocha la tête pour ce qui était de Désastre.
Oui, il s'occupait bien d'elle et Holly était heureuse de l'avoir pour panseur pour toutes les raisons évoquées précédemment. De son jeune âge, Désastre était déjà un individu bien prometteur. La meute avait de la chance, d'avoir un loup tel que lui dans ses rangs.
Pour ce qui était d'Alexandrine... La Conseillère hocha encore la tête, confiante.

- J'ai hâte qu'elle revienne aussi, bien sûr !

Ce n'était pas comme si son absence et la peur de la perdre l'avaient plongée dans un un état de violente détresse, avant qu'on ne l'aide, qu'elle parvienne à relativiser un peu et que sa route ne croise celle d'Alex, par hasard.
Désormais, elle patientait. Même si la louve dragon lui manquait terriblement. Même si il ne passait pas une journée sans qu'elle ne pense à elle, sans que son cœur ne s'emballe au souvenir de son odeur, de sa voix...
Putain de merde, elle lui manquait tellement, ouais.

La demande de Saqqarah la tira de ses pensées. Elle se redressa, remua les oreilles et ouvrir des yeux ronds. C'était une requête pour le moins... Surprenante ? Mais soit ! La Conseillère sourit, avenante.

- Oui, si tu veux !

Il était Etelkru, elle n'avait aucune raison de lui refuser cela.

- Que souhaites tu savoir ?

Plus qu'une conversation, il souhaitait chasser, Saqqarah, estimant que pratiquer cette activité ensemble leur permettraient de mieux se connaître. Pour sa part, elle ne pensait pas qu'une discussion puisse forcément être stérile, sauf si l'on se retrouvait entre deux individus peu loquace... Mais partager une activité, sur le terrain, était aussi un bon moyen de découvrir les capacités de ses camarades.
La louve bleue se redressa.

- Comme tu veux !

Cela ne lui posait pas de problèmes : Elle aimait chasser et ce serait l'occasion de remplir, davantage, le garde-manger Etelkrus.
La femelle remua doucement la queue.

- On reste par ici ?

Ils devraient bien trouver quelques marmottes, lapins et écureuils.

...
La louve bleue s'immobilisa soudainement, à la question posée par Saqqarah.
D'accord, elle lui accordait le fait d'être un panseur, et donc, de ne pas être particulièrement formé sur les techniques de chasse mais... Quand même ! N'avait-il pas, tout comme elle, pris part à la classe donnée par sire Athelstan où ils avaient, justement, chassé en groupe ? De plus, ils étaient des loups, des animaux sociaux ayant plus l'habitude de chasser en groupe qu'à plusieurs... Était-il, à ce point, dénué... d'instinct ? Elle n'avait pas envie de le penser stupide, par ce qu'il restait l'un des siens... Mais ce n'était, franchement, pas loin.
La conseillère tourna la tête vers lui, le jaugeant du regard.

- A ton avis.

Il était hors de question qu'elle lui donne la réponse. Si il ne savait pas, il devrait réfléchir par lui même. L'exercice n'était pas compliqué : Même des louveteaux y parvenaient.

Oups, il semblait vexé, Saqqarah.
Au moins, sa réflexion avait eu le mérite de le pousser à réfléchir par lui même, proposer des méhthodes de chasse. Alors Holly ne la regrettait pas.
Elle l'observa, attentive.

- Si tu n'es pas en état, peut-être vaut-il mieux chasser ensemble une autre fois.

C'était un détail auquel elle n'avait pas vraiment pensé. Et pourtant, désormais, il lui semblait évident. La chasse, c'était potentiellement s'exposer à de nouvelles blessures et mieux valait être au top de sa forme pour s'y lancer. Pour toujours rester opérationnel.

- Ce n'est que partie remise.