L'évadée belle ♥ Libre

• 5 ans et demi •
F A E I

« Alors c'est toi. »

Horus était assis face à la cellule. Arrivé discrètement pendant son delirium sévère, il avait observé, dans un mutisme inhabituel pour lui. La voilà la folle et sauvage louve qui s'en était prit à Crystal. C'était donc elle, cette pouilleuse timbrée, qui s'en était prit à une louve innocente et candide. Brute épaisse. Le mâle était pourtant quelqu'un de tolérant, de sympathique, d'avenant. Ces derniers temps pourtant, l'accumulation d’événements peu agréable avait assombrit quelque chose en lui. Noyant sa pure gentillesse dans une tornade de colère qui ne savait comment maîtrisé. Comme du doux caramel, qu'on aurait laissé brûler. Le beige posa son regard vert d'eau sur le corps rongés de puces qui se tortillait par terre. Il en aurait presque eu de la peine, s'il n'avait pas été si lourdement atteint du poids de ses pensées.

« Pourquoi t'en prendre à ... aux plus fragiles ? »

Lâcha t-il, la mine grave. Son trop plein de dépit, de peine, de frustration en tout genres et de rage se manifestait soudain, incontrôlable.

« Pourquoi faut-il que tous les parias soient des bêtes ?! »

Tous les mêmes finalement, hein ? Mais de qui parles-tu au juste, Horus ?

• 5 ans et demi •
F A E I

Elle était bien à sa place, dans cette cellule, la folle. Le poil du collet d'Horus se gonfla en réaction à ce sourire outrancier, à ces yeux hypnotique. Un frisson glaciale couru le long de l'échine du disciple de l'Anaconda. Les iris de la sauvage était vide de pupille, bleu clair comme un ciel d'été, cerclé de feu, comme si ce regard s'embrasait, se consumait. Ce qui -outre l'étrangeté- focalisait toute l'attention du Croquemort, c'est qu'à lui s'imposait l'image des prunelles contraire : crépuscule cerclé de nuit, glaciales et violentes la dernière fois qu'elles avaient été croisées. Et celles là étaient si magnétiques, qu'un simple souvenir suffisait à... La femelle bougeait, coupant court à ses divagations. Elle vint se coller aux barres d'acier qui la maintenait captive, s'y agrippa comme on se retiendrait au garde-fou d'un navire pour ne pas basculer dans l'eau. Se sentait-elle bien ici ? Dans ce taudis humide et froid, en compagnie des rats et des parasites ? Elle semblait tellement à l'aise, et dans un monde toute autre. L'instinct guida l'Etelkru à montrer les crocs, retenant à peine un grondement : la prisonnière le narguait maintenant. Juste sous sa truffe elle exhibait ses trophées. Les griffes arrachées de Crystal.

Il la fixa quelques secondes, dans une attitude à mi chemin entre l'envie de mordre et la haine glaciale, neuve dans son coeur, ressentie pour les solitaires. Ceux-ci avaient si souvent déçus, que sa tolérance et son optimisme s'en voyaient rongés lentement, sa patience grignotée. Que devenais-tu Horus ? Qui devenais-tu ? Il ne se reconnaissait pas. Et il savait pourquoi. Il n'avait pas laissé le temps au temps. Il n'avait pas suivi les conseils de son mentor disparu, il n'avait pas pris soin de lui, de ses maux et de ses peines. Trop occupé à soulager les autres, à ménager ses congénères. Et voilà que l’accumulation le chargeait d'une animosité inconnue, vorace. Le gardien du Cimetière ne savait pas comment gérer cette vague de négativité, d’incompréhension, de colère, de fatigue et de tant d'autres émotions réprimées. Il était tellement tenté de rentrer dans cette geôle et de décharger sur elle, sur la folle dingue, sur la solitaire ayant blessé les siens, ayant attaqué sa douce Crystal. Mais le méritait-elle vraiment ? Sa sentence était déjà bien lourde. Le soleil ne lui manquait-il pas ? Et pourquoi diable s'en préoccupait-il ?! Le fils de Kiro avança vers elle, la tête basse et le tonnerre roulant entre ses crocs, en prévention.

« Pourquoi les voler ? »

Ces morceaux qui ne sont pas à toi, ces morceaux d'autres que tu t'appropries en les étrillant sans foi. Il essayait de comprendre tout de même, il tentait encore de lui trouver des circonstances atténuantes, de l'excuser, pour repousser encore une fois ce maelström menaçant qui risquait de le rendre, lui, fou.

« Vous ne laissez pas de repos pour le Croquemort, sorcière. »

Lâcha t-il dans un souffle, le ton sec et cassant. Comme si c'était sa faute à elle, elle et tous les autres parias de la société qui s'en prenaient aux Etelkrus, et ceux qui menaçaient, qui mentaient, qui truandaient. Mais la louve verte, elle, elle était devant lui à cet instant. Elle et ses longs cheveux blonds emmêlés, crasseux, fourchus, serait le bouc émissaire pour l'autre. Pour tous les autres.

• 5 ans et demi •
F A E I

La femelle se frotte, tapine dans sa cellule. Le museau du Croquemort se plisse, si l'odeur est plaisante, le comportement trop ouvert, trop suggestif, le laisse de marbre. Il a été mieux élevé que ça, il a appris à faire taire sa truffe, sa douce et tendre génitrice y aura veillé pour faire de lui un bon garçon, un honnête loup. Capacité tout aussi pratique lorsqu'il s'agissait d'enterrer un corps dans un stade avancé de décomposition, bien moins glamour, mais d'autant plus digne d’intérêt. Le poil vert, rongé par les puces et l'humidité pouvait presque s'enorgueillir de posséder une odeur similaire à un cadavre en décomposition. Le mélange avec la fragrance hormonale était étrange, âcre. Horus ferma les yeux un seconde, pour ne pas voir la prisonnière telle l'une de ses carcasse au museau inexpressif qu'il se devait d'embellir et de mettre en terre avant que le temps ne passe trop. Oh qu'il aurait aimé voir ces satanés solitaires dans les tombes fraîchement creusée. Il souffla, pour ne pas inspirer, relevant le défi tacite de cet affront de regard. Il y avait une lueur dans les iris de la solitaire, c'était difficile à cerner, mais c'était intriguant. Elle jouait avec lui comme un fauve se moque de sa pitance avant de la tuer pour la manger. Il était manipulable, il s'en rendait compte.

Le colère ne fit que s’exacerber. Contre elle, contre lui, contre le monde entier et ses injustices. Elle avait blessée sa petite amie pour récupérer des griffes qu'on lui avait auparavant arraché. Quel monstre faisait-il acte si barbare ? Qui osait ainsi s'en prendre à autrui ? Et de quel droit croyait-elle récupérer ailleurs ce qui lui manquait ? Il y avait tout un schéma de penser qu'Horus ne pouvait même pas concevoir... C'était aussi absurde que malsain. Le cliquetis des griffes qui tapotent la roche agaçaient ses tympans, harassait ses nerfs, agressait sa bonne volonté à ne pas laisser gagner le volcan de ses sentiments reclus. Il sentit sa patience s'effriter, il sentit son envie de rester du bon côté de la moralité s'effondrer, il sentit que les principes de ses parents ne seraient pas suffisant à lui intimer le calme. Il y avait eu trop de douleurs, trop de vides dans sa poitrine, trop de confiance bafouée. Il ne voulait plus être celui dont on se moque, même gentiment. Il ne voulait plus être celui que l'on menace, parce qu'on le croit faible. Il ne voulait plus être celui qui attend sagement son tour. Le Croquemort avait besoin de plus. Mais il ne savait même pas de quoi...

Que devait-il répondre à la louve ? Oui, elles sont belles ces griffes. Non elle ne sont pas à toi. Elle appartiennent à la louve que j'ai juré de protéger, à celle que j'aime. Mais pouvait-il le dire avec sincérité ? Un vague sourire sarcastique vint décorer ses babines alors que ses sourcils se haussaient.

« Continue et c'est les miennes que tu auras. »

Dans le ventre, dans la gorge. La vision d'horreur qu'il se provoquait eu l'effet d'une douche froide. Voulait-il réellement être un barbare ? Voulait-il se laisser devenir un monstre, un assassin ? Voulait-il vraiment laisser éclater sa colère dans un tel excès ? Mais que lui prenait-il d'ainsi penser de travers ?! La captive s'éloigna de ses barreaux, se retournant pour mieux le narguer, probablement. Le fils de l'Anaconda ne lâcha pas le regard brûlant de l'adversaire et par une attraction hypnotique, il s'approcha de la porte dans le même mouvement qu'elle quand elle laissa sa gueule dépasser pour s'octroyer son statut de gardien des morts. Qu'entendait-elle par là ? Que voulait-elle donc ? Tarée, folle à liée. Il ne comprenait même pas pourquoi il était encore là, les griffes enfoncées dans le sol plutôt que dans un arbre ou dans une proie qu'il viendrait de traquer. Oh, elle aurait pu être cette proie. Elle aurait pu être celle qu'il caressait de ses griffes comme elle semblait le lui demander. Il lui aurait suffit d'ouvrir la cage, de la laisser courir et de la courser en territoires libres. Il n'était pas question de tâcher la prison et surtout d'être surpris et prit pour un traître. Mais n'était-ce pas déjà ce qu'il était, un peu ?

Au fond de lui pourtant, Horus savait qu'il n'était pas un tueur. Il était seulement très enragé contre le destin, et définitivement persuadé que ce n'était plus son tour de souffrir. Il refusait de ressentir la peine, il refusait d'être ainsi malmené par celui qu'il avait idéalisé. Il rejetait cette partie de lui trop faible, trop fragile, pour embraser ce qu'il ressentait là maintenant, tout de suite. Quelque chose qu'il avait découvert quelques années plus tôt quand il s'était battu pour sa survie, quand il avait cru ne jamais voir d'autres jours se lever, quand il avait été persuadé qu'il finirait là-bas. A ce souvenir, a cette vision d'enfer, l'adrénaline coula dans ses veines comme de la térébenthine, en réponse, peut-être aussi, à ce presque contact avec la dangereuse sorcière tandis que leurs museaux se frôlaient. L'une en riant, l'autre en grondant comme un orage de moins en moins lointain. Peut-être était-il devenu dingue, lui aussi, à vouloir jouer avec le jeu ? Peut-être était-il en train de s'auto-détruire dans cette tentative de désespérée de casser la monotonie déprimante et affligeante d'une ronde de morts à peine entamée ? Car il y en auraient d'autres.

Tout comme il y aurait d'autres mensonges, d'autres confiances brisées, d'autres liens crus partagés alors qu'il n'en était rien. D'autres trahisons. D'autres descente aux enfers. Celle là n'était peut-être que la première marche vers l'infernal ? Il venait donc de la bondir cette marche, en donnant un coup sec de crocs dans le cuir de la muselière. Un peu de liberté rendue à une captive qu'il était venu dans l'esprit de châtier, ironiquement. Enfin, si elle faisait l'effort de se débarrasser du reste, ainsi fragilisé, ce serait facile.

« Je le ferais, sois-en certaine. »

Mais pouvait-il seulement se regarder en face s'il venait à faire la sépulture d'une louve enfermée pour la fin de sa vie ? Il ne voulait pas cautionner ça. Ce qui était une excuse en réalité. Car tout ce qu'il désirait ardemment, hormis retrouver le mâle noir pour... Pour quoi d'ailleurs ? Lui montrer qu'il n'avait plus peur ? Lui montrer qu'il ne se laisserait pas marcher sur les pattes ? Lui montrer qu'il voulait le dominer ? Lui montrer que... Tout ce qu'il voulait, là, tout de suite, c'était engendrer le chaos qui tourbillonnait dans son esprit en espérant ainsi en être débarrassé. Même s'il savait qu'il n'en serait rien. C'est là qu'il sauta au bas de la seconde marche de l'escalier infernal. Il ne su pas comment il était arrivé là, mais voilà qu'il était à l'intérieur de la cage. Avec la folle. Rempart entre elle et la porte ouverte. Crocs dévoilés en un sourire ironique qui ne lui ressemblait pas, le poil gonflé par la provocation. Qu'allait-il faire maintenant ? Que venait-il d'entamer ?

• 5 ans et demi •
F A E I

Il était planté là, comme un idiot. A fixer ce regard ensorcelant qui faisait battre son coeur plus vite. Pour deux raisons en fait, tout d'abord, parce qu'il avait entendu dire qu’elle était violente, dangereuse, sournoise et pour lui qui était habitué au calme du cimetière et à la douceur d'une vie sans torp de remous, c'était de l'adrénaline pure qui embrasait tout son être. Et aussi parce qu'il avait le souvenir constant de ces yeux opposés qui lui donnait tant de frissons -de peur ou non ?- sans qu'il ne comprenne, sans qu'il ne veuille en accepter l'évidente cause. Le Croquemort observa le manège de la captive. Elle ne tenta même pas de le contourner ou de le mordre pour fuir. N'était-ce pas cette idée qui l'avait poussé à entrer là ? Que la folle le morde, qu'elle lui lacère la peau ? Que la souffrance provoquée par une bataille égale ne lui soit châtiment pour ses maux ? Elle était cadavérique de faim et du manque d'exercices certes, mais il n'avait pas de notion de combat et n'était pas assez retorses pour savoir comment blessé vraiment. Le voyait-elle dans son regard ? Qu'il n'était rien de plus qu'un traître ? Parjurant les promesses faites à ses parents d'être honorable et loyal ? Cachant sa situation à sa meute entière -ou presque-, vivant hors des frontières, se mentant à lui même...

Il détailla la louve verte, dans l'idée de calmer ses nerfs, dans l'optique de faire demi-tour, de reculer et de lâchement abandonné ce qu'il venait à l'instant de débuter. Était-il un couard ? Non. Il l'avait prouvé dans le monde rouge. Il n'était pas de ceux qui s'enfuient. Même si la raison lui hurlait de revenir sur ses pas, de refermer cette cage et de courir loin d'ici, retrouvant son existence misérable de félon et de menteur. Et s'il retournait là-bas ? Peut-être l'enfer avait-il les réponses à son mal-être ? Peut-être que ses cauchemars n'en étaient pas et qu'ils s'agissaient là d'un appel à écouter... ? Les crocs du beige se serrèrent sur sa langue, si fort. Si fort qu'il sentit le goût du sang contre son palais et qu'une douleur aigu le réveilla. Le fossoyeur, comme elle l'appelait, réalisa qu'il s'était embarqué dans une galère qui ne le laisserait sans séquelles : qu'il soit surpris ici ou non, on y trouverait son odeur. On saurait que le fils de Geb et Korra, loups les plus louables et honnêtes qu'on ai pu connaître, était entré à l'intérieur de la cellule. Pour y faire quoi ? Se laisser agresser ? Se battre ? La femelle au pelage évoquant les champs verdoyants de blé en pousse, juste avant la récolte des céréales séchées par le soleil, ne semblait pas du tout disposée à être violente.

Quelle excuse avait-il ? Qu'il voulait mourir et n'avait trouvé solution plus lâche ? Et puis ce n'était pas vrai, il ne voulait pas abandonner la vie. Il ne voulait pas de ça. Il voulait plus, en fait, que ce qu'il avait maintenant. Il voulait la passion, le frisson, l'angoisse et la victoire. Tout ce qui n'allait pas avec une vie bien rangée et paisible qui était pourtant déjà toute tracée pour lui. Horus recula d'un pas alors qu'elle se laissait tomber au sol, troublé par son attitude si désinvolte, si amusée. Savait-elle qu'il était incapable de nuire, au fond ? Incapable de vouloir du mal à autrui quand il espérait, lui, souffrir milles morts ? Le Croquemort baissa les oreilles. L'espèce de comptine non innocente de la solitaire le fit tiquer. Elle savait donc qu'il n'était pas libre. Savait-elle aussi à quel point cela lui pesait ? A quel point il se sentait sale et traître d'ainsi penser ? Comment diable pouvait-elle savoir quoi que ce soit enfermée ici ? Il était idiot, se serait giflé. C'était sa culpabilité qui le faisait croire que ce regard malsain qu'elle lui jetait pouvait lire en lui comme on lisait un livre en gros caractère. Elle ne pouvait comprendre. Elle ne pouvait deviner. Elle était l'incarnation du non-sens. Et soudain, il la vit comme l'un des personnages d'un roman lu, des années plus tôt.

A se tortiller, à parler étrangement et à sourire ainsi, l'oeil torve. Oui. On aurait dit un certain chat rayé de violet et aux prunelles hypnotisantes.

« Quel est ton nom ? Et quel épitaphe devrais-je mettre dessous, selon toi ? »

Horus cessa de gronder, pour marmonner plutôt, dans un rictus semblable à celui de la prisonnière Etelkru. Petit à petit, la raison sembla revenir sous la forme de sarcasmes. L'incendie, toutefois, n'était jamais plus très loin...

• 5 ans et demi • 13 PVs
F A E I

Elle s'approchait de lui. Toujours plus hypnotisante, toujours plus sauvage, toujours plus attirante. Comme le vide appelle l'âme quand on se tient au bord d'un précipice, comme l'attrait suffocant du danger.

« Mé-lu-ciole. »

Un nom bien trop doux pour une femelle aussi ignoble. Et pourtant, pourtant elle aurait sans doute été belle cette catin, avec ses longueurs blondes et son poil au couleur du printemps. Toujours plus prêt, voilà que son odeur chatouilla la truffe du Croquemort. Horus ne savait plus trop ce qu'il faisait là. L'avait-il su seulement en entrant ? Sa prime idée avait été de récupérer le triste butin et de rendre à la tendre Crsytal ses possessions. Mais qu'en aurait-elle fait, en fin de compte ? Il n'était pas réellement possible de se re-greffer ses propres griffes. Il grondait, le beige, comme un avertissement de plus en plus tenu alors que la captive venait se frotter contre lui. Il lui faudrait se gratter le poil en sortant de là, il lui faudrait se traiter contre la vermine. Mais que faisait-il là ? Rien. Il ne fit rien en tout cas, pour la repousser. Cette pauvre louve qui évoquait autant de peine que d'intrigue. Comme une bulle crevée, sa rage avait refluée, un peu. Elle n'était pas cause de ses tourments. Ce n'était pas elle qu'il voulait blesser. Ce n'était pas elle qu'il voulait mordre. Ce n'était pas son souffle à elle qu'il voulait sentir contre son cou. Il le réalisait à cette instant. Et pourtant...

« Voleuse. Voleuse... Dans les ombres. » Porteuse d'un nom de lumière, et pourtant l'âme noircie de folie.

Pourtant c'est dans son cou qu'il passa ses crocs. C'est sa peau qu'il pinça pour la forcer à s'allonger, à reculer, à abandonner son emprise magnétique. L'incendie avait fait place à quelque chose de plus mesquin et réfléchi pour l'instant, de plus... sournois. Comme une vipère tapie dans l'ombre, qui attend son moment pour planter ses crochets et injecter son venin. Sa proie n'était pas la louve verte. Elle n'était qu'un bouc émissaire, au mauvais endroit au mauvais moment. Après tout, il était disciple d'un serpent...

« Et il n'y a plus rien a volé chez moi. »

Et c'était vrai. Il n'avait plus que son âme, et elle s'était vendue à un autre.

• 5 ans et demi • 10 PVs
F A E I

Qu'il était idiot. Qu'il était faible. Qu'il était lamentable. Le rire de la femelle emplit ses oreilles, teintant comme un carillon démoniaque et dérangeant. Ses prunelles bicolores exprimèrent une chaleur qui le met mal à l'aise, qui l'aurait fait reculer si l'éteinte de la verte ne s'était pas ressurée. Qu'avait-il fait ? Qu'avait-il pensé ? Il n'était pas de ceux-là. Il n'était pas violence gratuite et mesquinerie. Il n'était pas rage et rancœur... Et pourtant il n'y avait rien d'autres dans son âme aujourd'hui. Plus que le noir obscur d'une dépression qui le guettait, d'un manque de sensations qui le tuait. Comme un alcoolique en défaut de boisson, Horus allait chercher son adrénaline dans l'endroit le plus misérable : entre les pattes d'une alliénée, arracheuse de griffes. Des griffes de son amie qui plus est... Mais ça n'avait été qu'une excuse pour chercher les ennuis. Pour inonder ses veines de cette hormone grisante, galvanisante. Il n'en avait pas trouvé ici finalement, qu'il était désespéré. ! La peau fine de son ventre griffée, lacérée, le fit réagir finalement et rouler sur le dos pour repousser la sorcière qui s'agrippait trop fermement en l'embrassant.
Il chuta bien sur le côté, mais son élan s'arrêta là où il aurait voulu ensuite rejeter la louve blonde comme les blés, dans un cuisant échec. Volonté dû le fuir pour que sa force de creuseur de tombe ne parvienne à lui faire soulever ce corps maigrichon. Ou bien était-elle trop bien plantée dans son cuir pour le lâcher, telle une sangsue avide et affamée. De se dégager d'elle il abandonna l'idée, pour préférer observer et étudier une porte de sortie. Il n'avait que trop traîné ici pour bien peu de ce qu'il était venu chercher. Et le remue-ménage risquait de faire apparaître du monde qui l'aurait découvert dans cette délicate position, compliquée à expliquer. Cela faisait partie du risque calculé... Non ? D'une flagellation future déjà imaginée, n'est-ce pas ? Pauvre Horus qui ne savait plus. Pauvre Horus qui n'était plus que l'ombre de... Non. Plus qu'une ombre.

• 5 ans et demi • 4 PVs
F A E I

Mais que se passait-il ? Spectateur de sa propre existence, Horus allait-il rester simple observateur de ce manège tordu et malsain ? Il n'y avait de toute façon nulle sortie disponible, nulle fuite envisagée. Et bien qu'il aurait voulu être ailleurs, les assauts répétés de la femelle contre lui agrippèrent la moindre de ses pensées. Entre les crocs qu'il sentait pincer sa peau, ses longs cheveux emmêlés qui venaient caresser son torse et sa truffe et la danse de la femelle qui venait exacerber ses sens... C'est une toute autre tension qui s'empara de lui. Fruit de cette pression néfaste, de cette délicieuse adrénaline qu'il sentait revenir dans cet ersatz de duel, et de cette colère ingérable qui le faisait s'auto-détruire, un désir inattendu et coupable le fit répondre aux avances de la prisonnière. Infâme plaisir, délicieuse honte. Qu'on ordonne, que l'on condamne. Qu'aurait-il mérité d'autres pour cesser de repousser la sorcière ? Que valait donc le Croquemort qui acceptait telles bassesses ? Humilié entre les pattes d'une vile ensorceleuse. Dé Réussite sur AGI. Puis soudain bourreau alors qu'il repoussait la louve pour la prendre à son tour. L'opprobre lui tomba dessus, presque assommante, en même temps que la bestiale concupiscence prenait fin.
Au sommet du scandale, qu'aurait-il pu arriver de pire ?