La plus belle - Miraj

La plus belle, il allait la voir en ce jour ensoleillé, comme il le faisait dès lorsque l'occasion se présentait.
Au camp, Iberis faisait moins preuve d'oisiveté et, de ce fait, ses journées se faisaient plutôt chargées en apprentissages divers et variés : Que ce soient ceux menés auprès des panseurs ou à effectuer les exercices donnés par Anita, si il ne s'entraînait pas avec Anita, elle même.
C'était des efforts nécessaires à son intégration : il ne pourrait devenir haut gradé en étant incompétent et, quand bien même cela le privait de quelques heures délicieuses passées en compagnie de son épouse, il était certain que celle ci lui pardonnerait.
Il ne disparaissait d'ailleurs, jamais vraiment et venait toujours avec, dans la gueule, un bouquet des plus jolies fleurs.

Les plus belles, pour la plus belle.

Le coeur battant, il foula la plage de l'Atoll et partir à sa recherche.
Un sourire souleva les commissures de ses babines lorsqu'il l'aperçut.
La plus belle.

- Bonjour, ma femme adorée. J'espère que l'attente ne fut point trop pénible.

Ravi de la revoir, sans surprise, il accueilli bien volontiers le contact de son corps contre le sien et lui rendit son embrassade.
Et comme si cette simple visite et ce merveilleux moments qu’ils passeraient ensemble n’étaient pas assez parfaits, sa femme, toute aussi parfaite, s’était donné la peine d’effectuer quelques préparations culinaires qui semblaient tout à fait délicieuses.

- Quelle délicate attention qui me touche grandement. Il est évident que l’on ne connaît meilleure hôtesse sur ces terres.

Comme toujours, il referma ses pattes sur les épaules frêles de sa femme, tendre et protecteur.
Quand bien même un nuage gris venait couvrir leur ciel si bleu et si beau. Il ignorait, évidemment, de quelle soeur Miraj voulait parler : Si il s’agissait de Nirvana, eh bien, il n’y avait alors pas le moindre problème, puisqu’il avait confiance en sa soeur sirène, pour ces secrets qu’ils partageaient.
Si il s’agissait d’Iris, cependant, tout serait alors bien plus complexe.

Il glissa une patte sous le menton de la louve.

- Allons, ma douce, ne t’accable point pour ce genre de choses : Je n’ai pas à rougir d’être marié à une louve aussi exceptionnelle que toi, et ce même parmi les miens. Si je garde le silence c’est davantage car je crains que notre union ne soit pas du goût de tous et que certains rustres, oubliant leur place, se montrent désagréables envers ta belle personne.

Les gens aimaient parler, pensait-il et, au delà des rustres, il craignait que la réaction de sa propre mère, ainsi que celle d’Iris, soient disproportionnées.
Fichtre, était ce un crime que d’aimer une louve aussi charmante ?

- Ils seront cependant amenés à le savoir et n’auront qu’à l’accepter, si ils me veulent encore à leurs côtés. Alors, ce n’est pas grave. J’espère que cette soeur croisée ne fut point trop ennuyeuse. De laquelle s’agissait-il ?

Une femelle rustre à la lumière orangée fichée sur la joue...
Iberis fronça les sourcils et songea alors aux différentes disciples de Dairo. Bien peu portaient l'orange sur la joue, à part, peut-être, son ainée...
Mais elle n'était point rustre ! Ou peut-être que si, aux yeux de sa femme ? Mais qu'est ce que Nirvana pourrait donc avoir à faire d'un oncle ?

- Oh, je suis navré d'apprendre que tu aies eu à vivre cela, ma si chère femme. Pourquoi ne s'est-elle point rendue immédiatement près de ton oncle, si elle n'en avait qu'après lui ? C'est irrespectueux vis à vis de toi. Je ne saurai tolérer telle attitude vis à vis de ta personne !

Il bomba le torse et se promit de mener son enquête, lorsqu'il serait de retour en terres Etelkru.
Tout en espérant que ce ne soit pas sa sœur, qui se montra contrariante envers son épouse.

- Tu fais bien, ma Reine ! Certains sont barbares et n'hésiteraient point à te blesser. J'en serais fort contrarié, et peiné, bien évidemment !
Celle dont tu parles doit être Iris. Elle est la sœur dont je te parlais et qui s'acoquine des plus rustres personnages Etelkrus. Celle qui abandonna son enfant est son amie et cela ne m'étonne guère...

Tout comme il comprenait mieux toutes les émotions négatives ressenties chez sa soeur, dernièrement.
Cela lui permit, d'ailleurs, de trouver de quoi surenchérir dans sa description peu flatteuse d'Iris.

- Iris n'est pas agréable à côtoyer et caractérielle, elle a tenté de faire de moi son objet, mais, évidemment, je ne l'ai point laissée faire. Quel fut mon agacement, en la retrouvant, un jour, à m'attendre à la frontière, désireuse de savoir ce que je faisais de mon temps libre. Notre union ne doit pas lui plaire mais cela m'est bien égal.

Oh.

Alors, c'était pour cette raison que Nirvana (?) portait tant d'intérêt à l'oncle de son épouse. C'était une quête qu'elle avait évoquée avec lui, lors de la réunion de meute, mais dans laquelle il ne s'était, ensuite, pas plus impliqué que cela.
Il ne s'était pas attendu à ce que Miraj puisse être liée à cette créature, désignée comme ennemie par son clan. Lui, n'en pensait pas grand chose, puisqu'elle n'avait jamais commis d'affront envers sa personne.

S'y intéresser n'avait été qu'une manière, comme une autre, de chercher à briller et ce serait sans regrets qu'il abandonnerait ce projet, au profit d'un autre, bien plus important.
Celui d'éloigner les Etelkrus de sa louve.

Il la retint de ses pattes, lorsqu'elle voulut s'écrouler aux siennes.

- Ma douce Miraj, je ne peux que faire preuve de reconnaissance plus que de méfiance envers cette entité sans qui je n'aurais point connu ce bonheur qu'est ta présence à mes côtés.
Je crains cependant que les autres Etelkrus puissent t'être hostile si ils ont connaissance de ton lien avec l'entité. Je t'en prie, ma Reine, reste discrète à ce sujet. Savent-ils que c'est à l'Atoll que tu résides ?

Il lui faudrait trouver sa sœur... Ses deux sœurs et s'assurer que l'information ne serait pas partagée avec leurs hauts gradés, et surtout pas avec leur mère.
Sa petite femme était si frêle qu'elle ne ferait pas le poids contre l'Alpha et lui ne se sentait pas capable de l'en protéger. Quand à Anita, il doutait fort qu'elle puisse faire preuve de violence envers celle qui n'y était pour rien, mais préférait la voir rester dans l'ignorance.

C'était déjà deux personnes de trop qui savaient pour l'Atoll.
Combien de temps avant que d'autres personnes ne soient au courant ? Il songea, encore, à maman et à tous les sots amis d'Iris. Leur en parlerait-elle, à l'occasion d'une conversation, où se servirait-elle de cette information pour lui nuire, après l'une de leurs trop nombreuses disputes ?

D'autres révélations mirent un terme à ses réflexions inquiètes.
Alors, c'était pour cela, cette odeur de mort sur le pelage de sa louve.

- Tu es tant aimée, ma Reine, pour que ton parent ai à ce point le cœur de te voir vivre et que ton Oncle le permette ! Je suis bien heureux que les choses se soient passées ainsi, il aurait été si malheureux que tu restes morte, je n'aurais alors jamais fait ta rencontre et ma vie aurait été si ennuyeuse...

Quelle vie incroyable !
Il ne pouvait s'empêcher de se demander si sa propre mère aurait pu faire la même chose, pour lui, si il était né sans lui. Mais il n'était pas au coeur de cette conversation.

- Je ferai mon possible pour que personne ne vienne vous importuner, ton oncle et toi. Je crains cependant, pour ta sécurité et par crainte que mes sœurs n'en parlent autour d'elles, qu'il ne soit plus prudent de quitter ton Atoll pour une autre destination. Car je vivrais alors avec la peur au ventre que les Etelkrus se servent de toi pour blesser ton si cher Oncle.
Il s'agirait d'e procéder ainsi, le temps qu'ils se désintéressent de ton oncle. Je te tiendrai informée, bien évidemment.

Les mots prononcés par sa Reine firent battre son cœur un peu plus fort.
Loin d'être rebuté par cette situation, honnêtement, bien peu conventionnelle, il n'en était, au contraire, que plus épris encore de la belle louve rose et se sentait si chanceux d'être aux côtés d'un être si exceptionnel.

- Tes paroles me vont droit au cœur, ma si chère Reine. Je t'aime tant.

Mais sa Reine mit fin, temporairement, à leur étreinte pour s'affirmer en tant que telle, courageuse.

- Je te fais confiance, tu sais sûrement ce qui sera le mieux pour vous. La brume, est-ce ce don obtenu lors du cauchemar ?

Il était d'autant plus déterminé à se faire informateur, désormais, en dépit de la trahison que cela représenterait aux yeux de sa meute, si c'était su.
Il n'avait, de toutes manières, d'affection, parmi eux, que pour bien peu de tête, quand bien même deux d'entre elles étaient les meneuses. Elles n'étaient, cependant, pas mises en danger par la présence de l'entité, alors, le parti était rapidement pris et il ne pouvait que raisonner ainsi : Si l'Oncle avait donné la vie à Miraj, il ne pouvait pas être mauvais.
Un sourire vint finalement étirer ses babines et il pressa son museau contre la joue toute douce de Miraj.

- Tant que je peux te voir, tout me convient.

Elle lui rendit ses mots d'amour et, sous son poil sombre qui rendit son état imperceptible, il sentit ses joues rougir.
Conquis, il était, sans que cela ne soit une surprise, par celle qui était si belle et charmante...
Si incroyable, par tout ce qu'elle dégageait et tous les pouvoirs qu'elle possédait.

- Tu es si forte, ma Reine, je suis fort rassuré de savoir que tu sais déployer tant de ressources. Je suis, évidemment, de ton côté et pourrai te prévenir de ce qu'ils décident de faire, si cette information me parvient.

Sa mère ne communiquait que bien peu à ce sujet, et ses sœurs s'en étaient bien gardées également, visiblement.
Puisque sa meute fonctionnait ainsi, alors, il n'aurait que bien peu de scrupules à l'idée de la leur faire à l'envers, également.
Il accueillit la belle louve entre ses pattes et plissa les yeux.

- Cela me plait.

Quand bien même il aurait aimé la voir bien plus souvent. Mais il lui fallait répondre à ses obligations et il se devait d'honorer ses séances auprès de sa mentor pour acquérir de nouvelles compétences et devenir, bien évidemment, un individu bien plus brillant encore.
Et peut-être trouver sa place, dans ce clan dans lequel il se sentait, toujours un peu plus, étranger, malgré ses origines.