Maman les p'tits bateaux qui vont sur l'eau ! l P.V. DC

... Ont-ils des jambes ?

Le bateau trainait sur la grève. C'était un beau, très beau bateau. C'était dommage, qu'il soit si abimé ! Les Raeders s'affairaient pourtant dessus, quand ils en avaient le temps. Mais il faisait chaud, lourd, les journées avaient beau être longues ces loups aquatiques n'arrivaient pas à reprendre le rythme. Il fallait pêcher pour se nourrir, quêter pour trouver de quoi fabriquer les premières et secondes nécessités, bref.

C'était compliqué.

Mais Makuro était plus grande, maintenant. Elle pouvait regarder le grand bateau et se dire... Et si on le réparait ?

Elle marcha le long de la coque pour observer cette dernière, analyser les problèmes. Elle n'était pas une architecte, elle n'avait pas l'habitude des constructions, mais... Elle se doutait bien qu'il faudrait un peu de bois, quelques clous, de quoi tailler l'ensemble...

Ah, mais elle était si petite. Elle fronça le museau. Parfait pour se glisser dans un terrier, pas trop pour tailler des planches.

Silencieuse, assise devant l'embarcation, elle réfléchissait.

Chima ronflait, la bedaine à l'air, les pattes repliées contre sa poitrine, allongé les quatre fers en l'air. Son frère n'était pas là, comme il le faisait pas mal en ce moment, la soeur était avec sa mère il ne sait ou et son père était partit dans l'eau pour se rafraîchir. Il en profitait tellement pour dormir et être tranquille, rêvasser comme un louveteau. La chaleur pénétrait doucement dans son petit endroit d'ombre, donnant un air doux et frais.

Mais alors qu'il voulut se retourner pour se mettre sur le ventre, une odeur qu'il connaissait bien vient le réveiller. Intrigué de sentir l'odeur-là si proche de sa maison, il se redresse, s'étire, baille, et sort de là. Qu'elle ne fut pas la surprise de voir Makuro une fois qu'il dépassa la tête par-dessus bord. Elle faisait quoi ici au juste?

"-Hey!!!" Cria Chima encore la mine fatiguée. "Je peux savoir ce que tu fais si près de ma maison???" Car oui, pour lui c'était chez lui encore plus que les autres. Il était né dans ce bateau, sa famille le lavait tous les jours en attendant que les matériaux soit là, sa mère, passait son temps à nettoyer la merde d'oiseau, à le rendre propre et à réfléchir pour faire tenir des trucs ici et là le temps que tout soit refait. C'était chez lui.

Elle aperçut sa petite tête émerger sur le ponton du bateau et ses oreilles se tendirent vers l'avant. Tiens tiens ! C'était ChimChim ! Makuro gloussa et tourna sur elle même avant de se dresser sur ses pattes arrières. Décidément, ce loup était toujours en train de brailler et de râler ! Il ne savait rien faire d'autre !

J'vieux chercher ta peluche ! Tu me la montres ?

Elle avait crié assez fort, sachant pertinemment qu'elle allait le faire brailler encore plus. Que c'était drôle ! Elle gloussa et se laissa retomber au sol, agitant sa longue queue duveteuse.

On alors, peut-être qu'on pourrait réparer le bateau. Mais je préfèrerais voir ta peluche.

Que les priorités soient claires.

Je suis sûre que le bateau a plein de secrets.

Elle s'approcha de la coque et l'effleura du bout de ses moustaches, goutant son odeur de sel. Il y avait plein de moules, sur la coque, qui n'avaient pas été détachées. Peut-être qu'ils pourraient faire ça ?

Chima bailla encore une fois avant de l'entendre parler de sa peluche. Il claqua sa mâchoire en montrant ses petits crocs avant de soupirer, pas envie de se battre verbalement avec quelqu'un, il avait encore la tête dans les rêves. Donc, doucement, il va près du bord et saute hors du bateau. N'ayant d'ailleurs pas pu se retenir, il retomba la tête dans le sable. Recrachant le sable, il lève la tête vers la femelle en la voyant faire.

Oui, le bateau avait des secrets. Mais il avait une âme aussi. Donc en soi...

"-Le bateau est un secret lui-même! Mon père me raconte qu'il a une âme d'ailleurs! Y paraît qu'il l'a vu couler vers le fond de la mer et ne voulait pas remonter sans avoir fait un marché! Mon père l'a ramené ici! Si tu ne le sais pas, il porte même le nom de Navire!" Il sourit, il adorait les histoires de son père. Et celle la ne faisait pas exeption! Étais ce vrai? Il ne savait pas, personne ne lui parlait de rien sauf lui.

Et pourtant, quand il regardait la louve fixer Navire, Chima eut un sourire.

"-On le nettoie ensemble? Papa et maman seront contents, et je suis certain que si Navire nous voient le nettoyer il sera content aussi! Qui sait, il nous donnera lui-même ses secrets caché?" Ou alors il accepterait plus tard de le conduire vers de nouveaux horizons.

Et sous ses yeux ébahis, ChimChim se jeta de nouveau la tête la première dans le sable, s'écrasant misérablement à côté du bateau. Makuro bondit et gloussa, se moquant ouvertement de ses pirouettes ratées. Qu'il était maladroit !

Tu aimes manger du sable !

C'était une affirmation provocatrice, saupoudrée d'amusement et de gentillesse. Tiens, c'était intéressant ça ! Alors comme ça Bybysse, qui disait qu'il ne fallait pas partir à l'aventure pour ne pas finir crevé comme une merde au fond de l'océan, il avait exploré les fonds marins avec, euh, Navire ? C'était un petit coquin doublé d'un sophiste, et elle ne manquerait pas de le lui faire remarquer, la prochaine fois qu'elle le croiserait. Elle demanda, curieuse :

Mais alors, ça veut dire que dans la coque aussi il y a des secrets !

Elle aurait préféré trouver des secrets, Makuro. Elle ne savait pas trop laver les bateaux. Mais elle sentait que c'était... Dangereux. De la même façon que les fonds marins faisaient peur aux nageurs prétentieux. Il y avait là quelque chose de sombre et de différent, des forces avec lesquelles il ne fallait pas jouer sous peine de perdre beaucoup.

Alors elle piailla.

Si tu me montres ta PELUCHE alors je t'aide ! Elle doit pas être loin, tu dormais sûrement avec !

Quand Makuro avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs.

Chima était pourtant souriant à l'idée qu'elle dise oui pour l'aider. Ce n'était rien de mander de compliquer, mais visiblement cette idiote ne l'entendait pas de la même oreille et revint même à la charge avec sa foutue peluche. Le jeune loup plaqua ses oreilles sur son crâne en grognant, le regard ennuyé et figé contre le bateau qui trônait dans le sable.

Donc, cette fois-ci, pour ne pas se prendre la tête, il haussait les épaules, soufflant pour se "calmer". Et arrachait déjà les mollusques et parasites sur la coque à l'aide de ses griffes et de ses dents. En vue des nombreuses bestioles, il en aurait pour la journée à faire ne fusse qu'une moitié, et n'en parlons pas de la saleté à nettoyer.

"-Bien! Puisque tu ne sembles pas vouloir m'aider, et comme tu m'a réveillé pour en plus te moquer de moi, et bien je vais le faire tout seul! Au moins les autres verront que je suis utile, et que je fais de bonnes actions! Et pas toi! Voilà!" Mentalité de louveteau le retour, Enfin, Chima le pensait réellement. Peut-être qu'en faisant ça il serait lui aussi un enfant sage et serviable comme le sont sa soeur et son frère. Qu'il aurait des remerciements voir des cadeaux en retour.

Mais à côté, il se posait la question sur, si elle allait vraiment l'aider ou pas. Il se le demande.

Si Chima croyait qu'elle allait céder, c'était bien mal la connaître. Makuro savait très bien que, si elle cédait cette fois là, le petit loup bleu serait persuadé qu'elle cèderait à chaque fois, et ça ne marcherait plus jamais jamais. Non ! Le chantage, ça ne marchait que si on tenait ses engagements.

Elle sourit.

D'accord !

Et elle s'assit derrière lui pour le regarder faire en oscillant sa longue queue duveteuse. Pour l'instant, ça l'intéressait assez de le regarder bosser. C'était plus intéressant que de se couper les pattes sur les bernacles !

Chima lui coula un bref sourire quand elle lui dit un simple d'accord. Mais ce n'était pas compter sur sa volonté. Car lui se cassait les fesses à bosser alors qu'il était encore fatigué alors que elle, elle glandait derrière lui. Plus il nettoyait ces choses dégueulasse, plus il sentait qu'il ne tiendrait pas l'envie de lui foutre ses quatre vérités en face.

Et puis il grogna en se retournant. Cherchant dans le sable quelque chose avant de trouver un os, qu'il croqua, -non pas sans difficulté- pour lui balancer devant les pattes.

"-Au lieu de me regarder, aide moi? Ca irait plus vite, "princesse"!" Oui, c'était comme ça qu'on disait quand un loup ne voulait pas faire un truc, comme se salir, ou laisser les autres faire, non?

La louvette violette n'était pas le moins du monde gênée par son attitude. Elle savait que si ça n'était pas aujourd'hui ce serait peut-être demain ou après-demain, mais ils finiraient par y arriver à le réparer ce bateau. Elle le sentait, au fond d'elle, que Navire (puisque c'était son nom) n'était pas destiné à rester échoué sur la plage jusqu'à ce que... Quoi arrive ? Jusqu'à ce qu'il ne devienne plus qu'une carcasse, comme l'autre ? L'autre avait-il été un Ancien Navire ? Quelle tristesse.

Quand ChimChim l'interpela, bourré de colère et d'agressivité comme à son habitude, Makuro éclata simplement de rire :

Mais ! ChimChim ! Tu m'as pas montré ta peluche !

Elle rouvrit les yeux et gloussa.

Avant ça, je ne peux pas t'aider.

Chima ne fut même pas surpris de sa réponse. Si elle pensait pouvoir le berner comme ça, c'était mal le connaître. Cela l'ennuyait même qu'elle soit aussi stupide en fait, elle jouait avec ses nerfs alors qu'il était plutôt sympa aujourd'hui, c'était même, assez méchant de sa part. Franchement, il ne comprenait pas du tout sa façon d'agir. Dans tous les cas, il allait le nettoyer comme il le pouvait ce bateau, même s'il devrait le faire tout seul tant pis. Et puis, si elle la voulait tant cette peluche, qu'elle aille la cherchée, de toute façon maintenant qu'elle connaissait son secret, il devait tout de même tenter de s'en défaire.

Et pour en revenir au bateau, au moins il aurait peut être de la reconnaissance et se ferait félicité par les adultes autre que ses deux parents. Dans un soupir las, il abandonne. Et sans un mot, se retournait pour reprendre là ou il en était. Oh bien sûr il ne manquait pas de se faire mal de temps en temps, retenant ses gémissements le plus possible. Mais bon, quand tu es un louveteau, déterminé, rien ne pouvait t'arrêter.

Et voilà qu'il faisait la tête et s'escrimait et râlait et piaillait en s'écorchant les pattes. Makuro l'observait avec attention, fronçant les sourcils. Pourquoi est-ce qu'il faisait ça comme ça ?

T'aimes bien t'écorcher les pattes ?

D'accord c'était important d'avoir le coeur à l'ouvrage, de vouloir aller vite et de bien travailler. Mais se blesser au passage était à la fois douloureux et contre-productif. Même s'il réussissait à terminer aujourd'hui malgré le sang et les coupures, qu'en serait-il de demain et d'après-demain ? Et si les blessures s'infectaient ? Se blesser en travaillant, ça n'était pas bien travailler.

Tu devrais arrêter et aller voir ta maman ou tante Mävis pour qu'elles te soignent.

Makuro souriait toujours, contemplant les tâches de sang qui laissaient des traces sur la coque du bateau.

Chima tentait de ne pas l'écouter. Que voulez vous qu'il lui réponde, elle allait de toute façon encore l'ennuyer. Il tentait donc de rester concentré sur ce qu'il faisait, enlevant un, puis deux, puis trois avant de sentir petit à petit que ça faisait belle et bien mal. Et pourtant il ne voulait pas abandonner, il ne voulait pas non plus aller voir mavis ou sa mère. Il irait plus tard, peut-être... Quand il aura fini, sans doute.

NE lui répondant toujours pas, voilà qu'il essaye d'aller plus vite, mais voilà que, à cause du bois âbimé, il finit par se prendre une écharde dans le coussinet. Un gémissement aigu sortit de sa gueule suivit d'un petit bon avant de retomber sur ses fesses. Il avait bien entendu la petite larme au coin de l'oeil, allant vérifier sa patte, qui était un peu écorchée, et dont on voyait bien le pique de bois assez bien enfoncé dans sa petite chair.

Ca faisait mal, très mal.

Posant sur Makuro un regard rempli d'une douleur que seul un louveteau pouvait comprendre, il était limite déchiré entre lui demander de l'aide ou ne pas se faire rire au nez.

Et voilà.

Makuro ne semblait nullement touchée, que ce soit par les cris de douleur ou les gouttes de sang qui parsemaient le sol autour de ChimChim. Elle secoua doucement la tête et roula les yeux au ciel. Elle parla d'un ton docte, entre les piaillements du loup couleur algues :

Maintenant tu ne peux plus travailler sur le bateau. Et tu ne pourras pas non plus demain, et après-demain.

Le sous-entendu était clair : tu aurais du m'écouter.

La louvette lui tira la langue et le força à se lever de petits coups de patte. Allons, elle n'allait pas le porter quand même ! Juste l'embêter jusqu'à ce qu'il arrête d'être bête, marche malgré la douleur, et aille chercher de l'aide.

Allez. File, ChimChim, va chercher ta maman.

Il n'y avait ni moquerie ni gentillesse dans sa voix, seule une simple chape blasée persistait.

Chima fini par partir. Il n'irait pas voir sa mère .. Tant pis pour lui s'était sa faute. Au lieu de ça il fit genre de partir la chercher mais une fois éloigné il prit une autre route...

Il finirait plus tard. Ce n'était pas grand chose une écharde. Il pourrait l'enlever tout seul.

» Là où les regards ne vont point - Feat. Joy
» Les étoiles qui s'en vont · Libre
» A toi, maman [PV Holly]
» Où es-tu, Maman ? [Libre]
» Belle maman - Sheina