Les étoiles qui s'en vont · Libre

Les noms entendus, ceux qui accompagnent ceux de sa défunte soeur, ne lui ont pas échappé.
Alors Onyx n’a pas cherché plus longtemps, avant de la chercher, Séléné. Son odeur, elle la connait bien, à force de rencontres.

C’est le coeur battant, bien que serré, qu’elle avance, inquiète, et surtout triste pour son amie.
Elle s’est rendue au lieu de leur première rencontre, là où tout à commencé et où elle a ressenti, pour la première fois, comme un coup de foudre amical.
Onyx la cherche et ne tarde pas à remarquer sa silhouette claudiquante, errante.
Brisée.

La licorne s’approche, un peu essoufflé.

- Sel !

Et son coeur bat plus fort, lorsqu’elle la découvre comme ça.
C’est dur, de perdre ses proches : C’est ptet encore plus dur, de voir ses amis perdre leurs propres proches et les regarder consommer leur deuil, en étant impuissante.
Par ce qu’elle ne peut rien faire d’autre, Onyx s’asseoit et lui tend les pattes avant.

- Câlin ?

Là, ça ira mieux, un jour. Je te le promet.
En attendant, tu peux pleurer dans mes bras.

Plutôt une étreinte.
Oh, d’accord.

Onyx cille et ouvre la gueule. Ce n’était… pas ce à quoi elle s’était attendue en suivant la piste de son amie. Elle la savait joueuse, avec ce genre de chose, et ce n’serait pas la première fois mais…
Mais jamais dans ce genre de situation.

Elle déteste la voir si malheureuse, vraiment, de toute son âme, elle déteste ça.
Ce n’est pourtant pas d’un simple câlin, dont à besoin Séléné, et peut-être pas seulement d’une nuit. Onyx n’a pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir qu’elle est prête pour lui offrir ce qu’elle demande.
Enfin, si seulement, elle en saisit toute la subtilité.

- Ok.

Elle n’a pas besoin de jeux qui lui font monter le rouge jusqu’aux oreilles, cette fois.

- Alors tu seras pas seule. Ni cette nuit, ni d’autres, si tu veux.

C’est l’appel d’une amie à une amie mais aussi, et peut-être surtout, d’un corps à un corps.
Onyx n’a jamais été en quête de sensations vertigineuses comme les décrit l’imaginaire (ou les expériences ?) collectives. Mais elle aime, à sa façon.
C’est la réponse d’un coeur à un corps.

D’une patte, elle vient délicatement sécher (tenter) les larmes de Séléné, et son museau vient doucement se poser contre la joue de la louve bleue.
Comme une caresse qui court et se perd dans son pelage éclaboussé de blanc.

- Bien sûr.

Demain, oui.
Elle sait, pour être résiliante, qu’on efface pas la douleur en une nuit mais accorde cet espoir sans avarice à son amie : Si elle veut se relever, demain, alors elle se relèvera. Même si, pour ça, il faut qu’elle la porte.
Tu te relèveras Séléné, je le sais aussi.

Avant ce lendemain, il y a ce soir et ce qu’elle a promis et offre, fourrure contre fourrure, les larmes de Séléné dans la patte.

- Dans un endroit tout doux.
Tu n’as qu’à fermer les yeux.

Là où l’on est soi même, et où personne n’a besoin de porter de masque.
Elle découvre une autre facette de son amie : Une facette que Séléné lui a dit détester.
Mais moi, c’est la louve qui se confie, qui ressent l’amour pour l’enfant qu’elle porte et s’inquiète pour celui qui lui viendra par une autre. C’est celle qui présente avec fierté ses deux petites vies, et se réjouit sincèrement que d’autres petits puissent bientot les rejoindre.
C’est celle qui se confie, celle qui pleure à raison par ce qu’elle a perdu tant de membres de sa famille, alors que la famille, elle y tient.

C’est cette Séléné là, que j’aime.

Et alors, elle l’étreint, sans gêne ni dégoût.

Elle la serre doucement dans le creux de ses pattes, une fois leur voyage achevé, les yeux mi-clos.
Les remerciements de son amie étirent ses babines en un léger sourire : Bien que déroutée par la détresse de la louve bleue, elle ne peut pas non plus dire qu’elle a fait tout ça, mené cette aventure, sans en avoir envie.
Ce sont des émotions encore un peu confuses, dans lesquelles elle baigne. Pourtant, une chose est certaine : Avec Séléné, elle est bien et espère procurer à celle qu’elle tient contre elle, un peu de tout ça.

- J’t’en prie. Merci à toi, d’exister.

Elle ignore même, si ses paroles sont censées, Onyx, mais c’est pas grave : Elle dit ce qu’elle pense, comme elle le ressent en cet instant.
Ca a toujours été comme ça, et c’est pas demain que ça changera.
Elle remet en place l’une des mèches de cheveux de son amie et essuie encore les larmes qui pourraient couler de son regard embué.

- Tu peux dormir, si tu veux. Je ne bouge pas.

Ou peut-être juste pour récupérer une patte, si la position devient trop inconfortable, mais rien de plus.
Au fond, elle aimerait que cet instant dure toujours.

- Je crois que t’es la seule à te voir comme une nouvelle lune, Séléné. T’as toujours été un soleil.

Si lumineuse et résiliente malgré tout ce qu’elle a pu traverser, et, surtout, ce qu’on a pu lui faire.
Elle est magnifique.
Elle est de ces astres autour duquel tous gravitent et même si certains disparaissent, d’autres resteront.

Onyx la laisse s’installer contre elle, sans perdre de son sourire. Elle même, se laisse bercer par la respiration régulière de la louve mais rouvre les yeux, alerte, dès qu’elle la sent trop penser, pour effleurer sa joue du bout de ses doigts.

La nuit passe et chasse les étoiles au profit d’un joli ciel rose.
La licorne ouvre les yeux mais n’ose rien dire : Au lieu de cela, elle préfère reposer son regard sur son amie plutôt que sur le spectacle matinale qui s’offre à elles et profite, ainsi, un instant, le temps qu’elles émergent toutes deux de leur sommeil.
Ceci fait, elle murmure.

- Bonjour.
Comment tu te sens ?

La nuit convenue touche à sa fin, mais à ses cotés, elle demeurera.

Les paroles de son amie lui vont droit au coeur et soulèvent les commissures de ses babines en un sourire radieux.

- Je suis contente.

Comblée d’avoir pu lui apporter quelque chose, au delà, elle espère, d’un corps contre un autre.
Ca ne peut pas résumer leur relation qui, de toutes manières, n’a pas commencé comme ça. C’est un plus, qu’elle apprécie, dans le lien si spécial qui les rattache l’une à l’autre sans jamais les emprisonner.
Elle a envie de la voir heureuse et souriante et se donne pour mission de sécher les vilaines larmes qui oseront couler sur les joues de celle qui est, pour elle, si précieuse.

- C’est aussi grâce à toi. T’es forte, Séléné. Tu as ça, en toi.

Sans avoir besoin de se cacher derrière un rôle.
Onyx se souvient des paroles de son amie et d’à quel point elle a pu détester l’enfant qu’elle était : Il faut constater qu’elle est aujourd’hui une louve qui a évolué et a trouvé, sur son chemin, la force d’affronter les drames que l’on sème sur sa route.
Elle tient à ce qu’elle le sache.

La fièvre de la veille un peu passée, c’est un peu plus timidement qu’elle vient poser ses pattes autour de la taille de son amie pour la câliner doucement.
Plus lucide, elle n’enivre encore un peu de ce contact. Elle sait ce qu’il se serait passé si ça avait été un autre, ou une autre, qui avait trouvé Séléné à sa place : La même chose, les mots en moins, peut-être.
Leur amante, en plus d’être géniale, à un don pour tous les mettre dans son panier.

La licorne sourit.

- On rentre quand tu veux.