Là où les regards ne vont point - Feat. Joy

L'air était plus salin ici-bas que tout là-haut.
C'est la première pensée qui le frappa alors qu'il s'arrêta pour la première fois depuis un peu plus d'une heure, le cœur pompant le sang chaud dans ses artères, rugissant dans ses oreilles. Le rythme auquel se soulevait ses côtes ralentit quelques peu, imitant sans le savoir le rythme des vagues qui léchaient le sable. Si le soldat avait commencé sa descente au crépuscule, le ciel s'était maintenant recouvert d'un grand draps noir, et déjà pointait de timides pâles étoiles au-dessus de la courte plage sur laquelle il s'était rendu, tout en bas des falaises, là où l'océan rencontrait les terres Etelkrus.

« Hm ». Simple onomatopée contemplative, alors que son regard détaillait l'horizon plat sans réel but. Il s'entraînait beaucoup, Kalashnikov. Plus qu'avant. C'était l'occupation principale de ses journées, maintenant que ses enfants grandissaient et désiraient davantage avoir leur espace. L'activité physique chassait le brouillard de ses pensées folles qui lui vrillaient la tête durant la nuit. L'incident avec les Raeders, toute l'inquiétude et l'anxiété que ça avait fait naître en lui, la peur de perdre son enfant jadis, la peur de ne pas être un assez bon père aujourd'hui... La disparition et la mort de Bamboo qui laissait derrière elle une tranchée émotive entre lui et ses enfants. Il avait peur d'être inadéquat... d'être repoussé par ces trois jeunes têtes qu'il aimait plus qu'il n'avait jamais aimé, parce que cette mort ne pourrait jamais le toucher autant qu'elle les touchait eux. Les visions que lui avait offerte son dieu, la peur de ne pouvoir protéger ceux qu'il avait jurer de protéger... Toutes ces obsessions lui creusait des cernes sous les yeux, insomnie des penseurs. C'était pour ça qu'il courait, c'était pour ça qu'il grimpait. La douleur des muscles surpasse pour un instant les soucis de l'âme, et pour ce soir, pour un instant, il les avait un peu soulagés.

C'est ainsi qu'un corps gonflé par l'exercice et collé par la sueur et la poussière des falaises se laissait errer tranquillement, l'esprit vidé, ne laissant comme trace de sa présence qu'un souffle plus calme et le bruit apaisé des pattes qui frôlent l'eau et le sable mouillé, rare moment de plénitude que le prêtre inquiet pouvait s'offrir sans n'être observé.

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Et il pourtant il l'était. Observé. De sa position légèrement surélevée, sur une saillie rocheuse, la louve beige avait tout loisir de voir la plage. Depuis sa nomination comme Conseillère auprès de son amie bleue, ses journées avaient pris un rythme bien plus soutenues. Oh bien sûr, elle ne s'en plaignait pas, au contraire ! Joy n'avait jamais osé telle aspiration, et voilà qu'on reconnaissait sa valeur aux yeux de tous. Elle était ravie, elle se sentait pleine de gratitude pour les Meneuses qu'elle aimait tant. Pepper plus encore. La fille d'Aka profitait donc de la nuit pour s'entraîner encore. Puisque ses tâches quotidiennes lui permettait moins de temps pour mettre à l'épreuve son endurance. En effet, si elle parvenait toujours à donner du temps à son élève, raven, et à s'entraîner un peu en même moment, les exercices tournaient plus autour de la force immédiate, de l'agilité et du combat rapproché. Forcément, les activités cardio s'en voyaient reléguées à plus tard. ce plus tard était donc renvoyé à l'après journée de travail, et donc au soir, voir la nuit. Joy avait cette qualité de ne savoir s'arrêter tant que son souffle tenait bon. Il lui fallait avoir les poumons en feux et les muscles perlcus de tremblements pour cesser et se mettre au repos.

Elle n'en était pas loin, lorsqu’elle avait vu une lueur sanguine s'allumer dans le paysage des hautes falaises. La curiosité ayant toujours été un gros défaut chez la femelle, elle avait donc cesser sa troisième ascension de la falaise. Bon, elle n'en était qu'au début, et probablement qu’elle ne serait pas aller beaucoup plus haut pour cette nuit. Tout d'abord à cause de la fatigue, ensuite, car même si le glowstick et la griffe d'Aka projetait devant elle leurs chauds éclats de lumières, cela devenait insuffisant sur un terrain aussi escarpé et traître qu'une falaise rocheuse. Le ciel se para peu à peu d'étoiles, regards bienveillants des anciens guerriers. Elle fit donc demi-tour, la Conseillère Bouclier, vers ce congénère disciple du Grizzli qui semblait prendre temps sur l'obscurité pour également, profiter d'un temps à lui. La surprise s'afficha sur le museau de l'Etelkru lorsqu'elle reconnu la silhouette du Prêtre rouge. Elle se stoppa net, hésitante désormais à aller voir le loup. Elle l'avait certes découvert sous u autre angle, lorsque Geb les avait forcé à une patrouille ensemble, toutefois, elle gardait une certaine réserve vis à vis de lui. Non plus d'animosité ne tempêtait dans son coeur, désormais elle avait pour lui le respect dûe à sa position. Il était fils d'Aka et son porte-parole sur terre. Joy avait accepté donc, de l’élever à ce titre.

De fait, sans doute venait-il si loin du campement ou de son temple pour être tranquille. Elle jugea toutefois qu'il était trop tard et que dans la nuit, il aurait probablement également remarqué son glowstick. Rebrousser chemin aurait donc été une fuite, et ça, ce n'était même pas envisageable. Dans un soupir, la Bouclier continua donc sa descente vers la crique ensablée où se trouvait Kalaschnikov d'un pas tranquille. Une telle allure lui permit d'apaiser son myocarde au rythme effréné et son souffle court. De plus, cela laissait tout loisir au Prêtre d'anticiper son approche. C'était plus honnête que de le surprendre. Étonnamment, elle se prit à penser qu'il arrivait au bon moment car son entraînement touchait vraiment à sa fin, elle le sentait désormais dans ses pattes crispées, qu'elle n'aurait su aller plus loin. Elle se demanda un instant s'il lui fallait se montrer présentable devant son supérieur, supposa que oui et se permit donc une courte baignade dans la mer pas encore rafraîchie de l'absence de soleil. Le sel de l'eau remplacerait celui de sa sueur, son pelage ébouriffé serait lisser par le liquide et surtout l'odeur de ses chaleurs se verrait un peu masquée par l'océan. Sauf qu’elle s'ébroua vigoureusement et n'avait pas prévu que son poil se dresserait en paquet à l'image d'un petit hérisson.

Joy lécha vainement son épaule pour égaliser les épis fous, puis dans un haussement d'épaule, elle capitula. Elle n'était pas là pour se faire belle devant le mâle Etelkru. Avec respect, donc la tête légèrement plus basse que lui et les oreilles droites, elle salua le loup.

« Bonsoir, Prêtre. Quelques insomnies ? »

Calme regard posé là-haut, deux cercles orangés suivant la lueur rouge qui vacille et s'approche. Ainsi n'était-il pas seul en cette soirée qui s'annonçait fraîche, température de plus en plus rare alors que les jours se réchauffaient et s'ensoleillaient un peu plus chaque aube. Il était venu dans les entrailles rocheuses pour y trouver un peu de calme, et il espéra ainsi le rester, debout sur le sable humide où il fabriquerait un camp de fortune, peut-être un feu, réfléchissant toute la nuit comme celles d'avant. La tanière aux Dents de Roc restait plus souvent vide ces temps-ci, les enfants grandissants et s'éloignant de plus en plus du nid paternel. Kalashnikov préférait de loin le doux bercement des vagues au silence écrasant de la tanière vidée d'enfants. Loin pour un moment de ses pensées coupables, de ses regrets, là où les regards ne vont point.

Et pourtant, sous la lueur timide des étoiles naissante, une silhouette s'approchait doucement, sûrement, descendant les quelques mètres restant la séparant du fond des falaises, la séparant de lui. Le vent secoua les mèches raidies que formaient le pelage sombre du mâle, puis ses cheveux, laissant vagabonder quelques fils fins sur ses sourcils et frôlant ses paupières. Ce même vent lui apporta une odeur familière, celle d'une guerrière qu'il avait appris à connaître malgré toutes ces années d'animosité et de méfiance, celle d'une mère, qui avait mûri comme il avait mûri, une coéquipière, comme ils s'étaient nommés, chassant ensemble le cerf sur l'île. Vint bien-sûr, vu le mois, avec cette odeur connue le parfum épicé des chaleurs, mais ici le Prêtre n'y fera guère commentaire, étant beaucoup trop poli pour l'adresser, faisant de son mieux pour l'ignorer. Le mâle aux rayures n'était plus le jeune loup débordant des soubresauts de la jeunesse qui avait à prime abord déposé ses pattes sur le sol de Punk Wolf. Ces années de responsabilité et d'événements malheureux l'avaient changé, en bien. Ce loup-là ne ferait rien pour embarrasser l'amie qui s'approchait ainsi de lui. Amie, étrange qualificatif à donner à quelqu'un qui vous détestait et que vous n'aimiez point. Pourtant, après cette expédition en duo, des années suivant l'incident à l'Offrande d'Aka, le militaire se sentait prêt à utiliser tel terme. Joy était une louve brillante. Elle ne se laissait pas marcher sur les pattes, à l'image du motto de leur meute. Quelqu'un qu'il se sentait prêt à apprécier.

C'est fraîchement rincée dans l'eau de mer qu'elle se présenta à lui, quelques mèches rebelles refusant de se tenir à leur place. Elle était bien belle sous la faible lumière nocturne. Cet air à demi peigné allait de pair avec son caractère sauvage que nul n'avait su apprivoiser.

« Bonsoir, chère Conseillère. »

Il avait accompagné sa salutation d'un sourire franc, rebondissant sur son appellation par le rang. Elle avait bien mérité sa place au cœur du Heaume, et son respect, depuis plus longtemps. C'est un hochement de tête semblable au sien qu'il lui fit. Il était au service d'Aka, et par extension, au service de ses disciples. Au fond de lui, il était heureux de ne pas se retrouver complètement seul avec lui-même sur cette plage bien solitaire. Il ris d'un rire chaud à la mention d'insomnie.

« Elles se font nombreuses ces derniers jours. Agréable surprise de vous rencontrer ici, j'ose imaginer que vous veniez ici comme moi pour vous entraîner ? »

En effet peu de loups descendaient au fond des falaises, leur descente tout comme leur ascension étant laborieuse, voire dangereuse pour les pattes inexpérimentées.

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La mention de son nouveau rang fit s'agiter les oreilles de Joy. Cela faisait quelques jours, et pourtant, elle peinait encore à apprivoiser ce titre. Elle n'était plus Bouclier, elle était conseillère, elle était le bras droit de Pepper et d'Anette. Et cette place réchauffait le coeur de la louve sablée, des années de bons et loyaux services reconnus et appréciés. Que pouvait-elle demander de plus pour être comblée ? Son existence était pleine alors que bientôt elle atteindrait son septième été. Elle était une fière fille d'Aka, qui avait su évoluer au fil des ans, elle mettait du zèle à la tâche et offrait une loyauté sans -presque- de failles à ses Alphas, elle avait deux beaux et grands enfants qui laissaient un nid bien souvent vide dans sa tanière... Mais elle était ravie, pour eux, pour la meute. La femelle sentit donc un peu de chaleur sous ses joues tandis que le Prêtre lui rendait son salut accompagné d'un sourire amical. Ce n'était pas surprenant, car leur patrouille forcée, quelques semaines plus tôt, leur avait permis de remettre les pendules à l'heure, d'aplanir le terrain, de s'affranchir de l'impétuosité de leur passé respectifs et communs. Toutefois, c'était inattendu et donc bienvenue. A son tour, la fille d'Aka sourit, joviale.

« Il nous faut visiblement chercher loin la sérénité d'après effort. »

Son souffle encore un peu rapide lui força à marquer une pause, avant de terminer sa réponse dans un sourire malicieux.

« Cela vaut le détour, il y a de quoi épuiser tous nos muscles, ici ! »

En effet, en quelques jours, il lui était devenu quasiment impossible de ne pas avoir à faire, régulièrement on la détournait de sa tâche pour lui poser des questions, pour une broutilles ou une autre, allongeant plus encore ses journées déjà bien chargées. Mais Joy ne s'en plaignait pas, c'était un bonheur que d'être utile à ses paires. Elle inspira profondément l'air iodé, nettoyant au passage ses sinus. L'odeur de sel lui picota la truffe, comme un relent de pourriture pirate. Enfin... Il était improbable d'en trouver un ici, où alors il serait bien aliéné ! La louve à l'étendard du Grizzli haïssait tout bonnement la mer et tout ce qui s'y rapportait. Ce n'était pas pour ses vagues écumantes ou ses coquillages inutiles qu'elle venait ici. Elle n'avait d’intérêt que pour les falaises qui endurcissaient le corps et l'esprit. Et ce soir, pour celui qui partagerait un bout de d'insomnie avec elle. Détaillant Kalaschnikov, entre les deux lueurs sanguines de leurs glowsticks et les quelques étoiles éparses d'une nuit sans nuages, les prunelles dorés de l'Etelkru glissèrent le long des diverses cicatrices du mâle bleu-vert. L'expérience était marqué sur son museau, son dos, ses flancs. La lassitude semblait poindre sur les traits du guerrier rouge.

« De grandes responsabilités incombent de ronger sur l'intimité, et sur la candeur des nuits. »

Il y avait bien longtemps, à vrai dire, que Joy ne dormait plus que d'un œil. Depuis qu'elle était mère en fait. Savoir que deux petites boules de poils sans défenses étaient endormies contre son ventre avait éveillé en elle un instinct de conservation qu’elle ne se connaissait pas. Maintenant que Meshret et Léo étaient de jeunes adultes, elle n'en dormait pas mieux, au contraire. Ils leurs arrivaient de découcher de la tanière familiale, restant avec les autres guerriers ou avec leurs amis. La femelle se sentait alors bien seule et bien angoissée à l'idée qu'il puisse arriver quelque chose à ses bébés. Et puis, peu à peu, son attention s'était étendu à d'autres jeunes loups de la meute : Raven, Désastre, Orthalice et Harmakhis... Autant de jeunes loups dont elle se sentaient la responsabilité d'apprécier et d'encourager, notamment pour le manque de douceur de leurs enfances. Si elle avait pu, l'ancienne Bouclier les auraient tous attrapés dans son giron et les auraient élever avec ses deux enfants. Ainsi donc elle s’inquiétait pour un bon nombre de loups Etelkrus et ses nuits avaient diablement raccourcies en prime. Hors maintenant qu'elle était Conseillère, elle sacrifiait encore du sommeil pour organiser ses journées suivantes... Et pour se garder en forme !

Le regard de la louve quitta Kalaschikov quand elle se rendit compte qu'elle le fixait depuis de trop longues secondes. Elle s'allongea sur le sable, bien droite et face à la marée, pour retrouver sa contenance. Il était irrévérencieux d'ainsi étudier l'apparence d'un haut-gradés. Quand bien même elle en était une désormais. Et puis, elle avait l'excuse de ses pattes agitées de tressautements de fatigue. Il lui faudrait reposer un peu ses muscles perclus de crampes pour rentrer au Castel. Plus tard. Elle eu une soudaine envie de profiter d'un peu de temps pour elle, de ne plus réfléchir quelques heures et pourquoi pas, d'apprécier une compagnie qu'autrefois elle aurait déchiquetée avec un malin plaisir. Sans offenses, pensa t-elle en souriant à l'idée de leur rivalité, que dis-je, de leur inimitié précédente.

« Je suppose que vous êtes trop fatigué, à cette heure... Pour une petite partie de pêche ? »

Si son corps était épuisé, son esprit lui, restait bien trop affûté pour espérer trouver quiétude tout de suite. Alors autant s'amuser un peu ? Pareil à elle même, c'est dans le défi qu'elle proposait d'occuper les prochains instants.

La fraîcheur des regards nouveaux agitait les esprits ce soir.
Deux ennemis qui s'étaient d'abord unis après moult remous dans leur passion commune pour leur divin Ours, mettant de côté leurs animosités fraîches afin de terminer comme il se le doit le rituel entamé. Deux ennemis qui s'étaient unis, patte dans la patte, compensant en force là où l'autre avait une faiblesse pour mener à bien une chasse fructueuse, nourrissant de leurs efforts bien des bouches affamées. Deux âmes usées par la rancune, où les coins les plus pointues, les arêtes les plus tranchantes s'étaient peu à peu adoucies avec les années, rendant possible ce que hier ils nommaient impossible. Se côtoyer leur était désormais tolérable, voire agréable. Le prêtre penchait en faveur de l'agréable. Il regarde la louve, lui aussi, alors que les billes d'or liquides coulent sur son corps marqué par les combats. C'est un regard adouci qu'il lui offre, celui que l'on offre à un ami, quelqu'un qu'on comprend, qui nous comprend. N'étaient-ils pas là, maintenant, tous les deux à discuter tranquillement alors que la lune couche de l'ivoire sur la mer ? L'idée de cette coïncidence particulière, le fait qu'ils se retrouvent ce soir au même endroit, au même moment après un entraînement semblable, leur sommeil tous deux dérangés par les déboires de la vie, le fait sourire en pensée. Le mâle ne croit pas au destin, mais il se plaît à penser qu'une raison les rassemble ainsi, à écouter les vagues qui se brisent le dos sur la rive, à sentir l'odeur du sable chaud qui refroidit, du sel qui pique les sinus. Peut-être Aka aimait-il voir ainsi ses deux fidèles disciples faire la paix après tant d'années de crocs dévoilés et de grondements sévères. Au fond, ils étaient pareils, tout deux. Dévoués, à leur dieu, leur meute et famille. Dévoués plus que tout. Joy l'avait prouvé sans peine en ascendant au poste de conseillère. En élevant ses propres enfants alors que Kalashnikov faisait de même. Du mieux qu'ils le pouvaient.

Il l'écoute parler, Joy. Sa voix est calme, rassurante. Il lui trouve un joli timbre, cette voix. Il n'avait jamais remarqué avant.
Le poids de ses iris sur lui le rend un peu embarrassé, il se sent rougir légèrement sous le poil foncé de ses joues. Ce n'est pas désagréable pourtant. Il ne dit rien, se laisse détailler. Après tant d'années à s'ignorer, il était peu-être temps de rattraper ce qui aurait pu avoir été fait jadis. Elle lui propose de la pêche, une pointe de défi dans la voix. Ça lui prend une seconde de trop sortir de sa rêverie, il cligne des yeux quelques fois. Ce n'est que maintenant qu'il le réalise, sous la lumière faible et blanche de l'astre nocturne. Elle est belle. Joy est belle. Il aurait pu avoir mis cette impression soudaine d'observer un charme féminin sous l'excuse facile des chaleurs, de cette odeur enivrante qui ondulait tout autour d'eux tout comme celle de l'océan, mais il savait que ce n'était pas le cas, certain qu'il l'aurait vu sans cette variable. Bella, bella, bella. C'était une beauté forte, la beauté d'un orage dans un ciel d'été. Kalashnikov n'avait jamais eu l’œil ni le goût pour les sérénades pompeuses des louves qui se pavanent, convaincues que leur seul atout se trouvait sous leur queues. Cette beauté là par-contre, elle lui rentrait dedans. Celle qui coupe le souffle, qui ne laisse place qu'à l'admiration silencieuse des forces de caractère. Une beauté d'amazone.
Les babines du loup bleuté s'étirent en un sourire franc, rieur.

« Nous verrons bien à qui les poissons décerneront le titre du plus fatigué »

À peine sa phrase terminée, il s'élance à sa gauche, soulevant un peu de sable et d'eau avant que le bruit de ses pas ne s'étouffent dans la densité de l'eau, énergique comme un louveteau qui joue. L'eau claire se brouille alors qu'il remue le fond sablé de ses grosses pattes, se retournant doucement vers elle, son regard l'invitant à aller le rejoindre. Retrouver leurs cœurs d'enfant, seuls ensembles, juste pour une nuit.

Joy ; 13 PVs
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Il y a un temps de flottement. Un temps de silence où le ressac répond aux crépitements du sable inondé. Peut-être était-ce malvenu ? Peut-être que Kalaschnikov ne voyait pas du même œil neuf le respect nouvellement acquis ? Peut-être avait-elle cru à tort qu'il était prêt, comme elle, à tirer un trait sur des années de colère néfaste ? Le sourire mutin du mâle vint faire taire son appréhension et la Conseillère se redressa dans un sourire identique. Déjà, pourtant, le guerrier rayé avait bondit dans l'eau comme un jeune loup prompt à gagner un pari, piquant dans l'amour propre de la beige d'une pique bien choisie. La fille du Grizzli ne perdit pas de temps en palabre et se glissa dans l'eau sans hésiter. En quelques foulées elle fût au plus loin où ses coussinets touchaient encore le sol mouvant, nageant à demi.

Dé Réussite sur END 2 ( car Joy est fatiguée = sort d'une longue journée + entraînements ) ~ Réussite Critique

Comme tout le monde le savait, y compris la Conseillère, il fallait de la patience et surtout du calme pour pêcher des poissons frais. Or les pâles rayons lunaires se reflétèrent par moments sur la peau d'un poisson qu'elle devinait uniforme, gris et fade, parmi les algues ondulantes et les roches sous l'eau. Vu qu’elle avait à peine patte, il lui faudrait plonger et attraper entre ses crocs l'habitant de la mer car elle ne parviendrait pas à l'écraser entre le sol et ses griffes. En se fondant au possible dans le mouvement de la marée, la beige se laissa coulée en retenant son souffle, ouvrit ses prunelles dorées sur ce monde d'onde plutôt sombre mais tout de même un peu couvée par Dame Lune. Juste assez pour y voir un peu clair et discerner les proies. Sans s'agiter pour économiser son souffle, Joy se laissa tapir sur le fond et détendit ses muscles avec toute la brutalité et la rapidité dont elle était capable, se jetant sur le poisson qui se retourna contre elle au dernier moment. Elle ne l'avait pas prévu si vif et si...  dentus !

Sa mâchoire se planta dans la queue épaisse de ce qu'elle comprit être un tout petit requin. Probablement un jeune. Elle fût désolée de lui retirer la vie si tôt, et en même temps... Ce serait potentiellement un prédateur de moins pour un louveteau qui viendrait se baigner dans les alentours ! Il se débattit avec force et parvint même à agripper ses dents tranchantes dans le poil de la femelle au moment où la vie s'échappait de lui. Une griffure de plus sur son cuir de guerrière. Bon, avec le sel de l'eau, c'était vraiment désagréable, m'enfin, rien qui méritait de s'y attarder. Elle remonta tout de suite avec sa prise en gueule, souriante jusqu'aux oreilles. Bon elle devait admettre que c'était quand même un bon coup de pouce que lui offrait là le Seigneur Aka, car d'ordinaire, la plage n'était pas son terrain de chasse de prédilection. Le Grizzli la souhaitait-il impresionner son Prêtre ? Allez-savoir, en tout cas, Joy était ravie d'une si belle réussite dès le départ. Ça mettait la barre assez haut dès le début ! Se sachant seuls sur la plage, l'Etelkru n'eu pas peur de possibles vols et alla poser son gibier marin sur le sable encore tiède. Elle revint le regard plissé, les iris flamboyante.

« 1-0, fils d'Aka. »

Sourire.