Raowr l P.V. Alth

Il aimait à parcourir les Terres Désolées, qui ne l'étaient plus tant. Il se demandait encore combien de temps cela durerait, combien de temps ils pourraient s'y balader avant que quelqu'un ne les clame siennes. Cendres espérait que cet instant viendrait le plus tard possible, que longtemps encore tous pourraient accéder à ces merveilles toujours plus nombreuses à découvrir. Le louveteau capé de blanc avait trouvé, quelques semaines auparavant, de larges grottes qui semblaient garnies de crocs. Il était sûr que, malgré le côté sombre et sec du lieu, Lewis saurait en voir la beauté.

Mais avant de s'y rendre il avait un petit détail à régler. Il avait trouvé dans le Terrier Lumineux, en compagnie d'Holly, des petits cristaux phosphorescents. Il les avait soigneusement glissé dans sa besace dans l'attente du jour où il aurait une idée précise de quoi en faire. Et ce jour était venu. Il était allé voir Fergus - encore !, mais il était le seul qu'il connaissait à même de tailler la pierre. Ca n'était pas comme le travail du métal, mais doué de ses p'tites pattes il était la meilleure aide possible. Et puis, Cendres l'aimait bien. Il était toujours ronchon, comblait les vides de questions et de réponses, mais toujours doux et attentionné. Peut-être, aussi, Cendres lui racontait-il un peu quelques bribes de sa vie.

Et tes babioles là, t'veux en faire quoi alors ? C'pour qui ? Ta Lewis encore ?

Et il rougissait toujours, car comment ne pas rougir sous le regard ardent du disciple de la corneille ?

Cendres lui prodiguait des informations précises et, du mieux qu'il pouvait, l'aidait. Les formes n'étaient pas simples à réaliser, il n'avait vraiment pas eu l'idée du siècle. Mais il était têtu, et à force de travail ça finit par ressembler à quelque chose.

Foutredieu ! J'espère qu'elle a pas d'si bons yeux ta douce, elle risque de m'en vouloir !

Mais Cendres chassait ses doutes d'un rire. Le travail fait, il récupéra les deux babioles qu'il noua à deux traits de cuir délicats. Là, c'était terminé. Il remercia le forgeron d'un sourire, une douce parole et une proie fraîchement chassée avant de filer vers la Forêt des Murmures. Là, il trouva la louve violette.

Lewis ! Viens, j'suis sûre t'es jamais allée à l'Antre aux Crocs ! Dans les livres, on raconte que c'est l'ancien lieu de vie des Lazulis. Mais maintenant, c'est juste des grottes vides !

Sur cette petite mise en bouche, il les avait mené sur place. Et en effet l'antre ouvrait sa gueule immonde au centre du canyon, un trou béant paré de longues dents menaçante qui risquait de les avaler tout cru. Cendres se tint au centre de l'entrée, tourné vers Lewis, aventurier et grand sourire aux babines.

Viens !

Il y avait peut-être des monstres ? Ou très probablement rien, mais c'était amusant de découvrir de nouveaux endroits. Et surtout, il était excité d'anticiper sa petite surprise. Comme avec les lucioles, comme avec les étoiles. Ca ne serait pas aussi grandiose, cette fois... Mais il avait hâte de voir ses réactions.

Lewis

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Lewis venait d’attraper un poisson dans sa gueule, lorsque Cendres vint la trouver. Contente de le voir, sa queue se balança de gauche à droite, alors que sa tête se pencha légèrement sur le côté à ses paroles. L’Antre aux Crocs ? Le nom semblait déjà très sympathique ! La louvette ouvrit la gueule en souriant, laissant le poisson encore en vie tomber au sol.

« — Ouais allons-y ! »

La louvette repoussa le poisson dans l’eau avant de suivre son ami. Il l’emmenait à pleins d’endroits en ce moment, c’était vraiment méga cool ! Sautillant entre deux pas, Lewis laissa échapper un « ohhhh » en voyant l’entrée. C’était vraiment trop creepy ! Et y’avait des loups qui avaient habité là-dedans ? Terrifiant ! En tout cas, c’était plutôt joli, laissé à l’état sauvage comme ça.

La pirate renifla le sol. Pouahhh ! Y’avait plus de loup ici depuis un moment ! Dommage, ça devait être drôle de vivre ici avec tous les tunnels. Han !

« — Tu crois qu’il y a des passages secrets ? Genre une salle cachée avec pleinssssss de trésors ?! »

Rohlala, ce serait méga classe ça !

Il l'observait. Il ne s'en lassait jamais, c'était son passe-temps favori. Elle était si belle, après tout. Droite et fière, en train d'éclater de rire à l'entrée de la caverne, ravie à l'idée de découvrir de nouveaux secrets, de nouveaux trésors. Encore un pirate, quelque part au fond de son coeur. Ce constat l'amusait. Tout, chez elle, l'amusait. Et, en ce moment plus que d'habitude, l'enivrait. C'était terrifiant. Il n'était pas sûr de pouvoir y survivre, si ça continuait. Alors il se contentait de garder ses distances, éviter de trop l'approcher - c'était dangereux, si dangereux. Il risquerait de briser toutes ses résolutions, d'aller trop vite, de... De ne pas faire ce qu'il avait envie de faire.

Il sourit et prit la tête de leur petite expédition. Il n'était pas venu souvent, quelques fois seulement, de quoi repérer un peu les lieux. De quoi trouver ce dont il avait besoin. Alors il se plaça en avant et se tourna vers elle, malicieux :

Je pense qu'on peut trouver des passages secrets. Et je suis sûr qu'il y a des secrets.

Il gloussa et lui tira la langue avant de se diriger dans les longs boyaux de pierre. Bientôt, ils eurent à choisir entre plusieurs chemins, alors que des caches s'ouvraient tout le long de la pierre. Certaines étaient plus ou moins éclairées, des trous permettant à des rayons de soleil de percer la roche et moucheter le sol. Cendres dédaigna ces derniers, pour s'enfoncer dans les caves les plus sombres.

Finalement, ils se mirent à marcher dans le noir complet. Les pas de Cendres se firent moins assurés, et il finit par se stopper complètent. Dans cette ambiance où rien n'était discernable, il sentait le corps de Lewis derrière le sien, son odeur si délicate et musquée en cette saison, à lui faire tourner la tête alors qu'il n'avait que ça sur quoi se concentrer.

Regarde.

Il n'y avait rien à voir.

Vraiment ?

Cendres sortit de sa besace les deux pierres délicatement taillées (bon, du mieux possible ok) qui pendaient délicatement au bout de colliers de cuir tressés. Le premier prenait forme d'un écureuil, et le second d'une grenouille.

Il présenta les deux à Lewis.

Tu veux lequel ?

La grenouille lui revenait, bien sûr. Il l'avait taillée pour elle, pour tous ces batraciens qu'elle chérissait. Mais c'était à elle de choisir... Et Cendres l'observait droit dans les yeux, curieux. Ils n'étaient éclairés que des cristaux qui luisaient doucement entre eux deux.

Lewis

La pirate sourit à son ami.

« — Les secrets ça, ils sont pas difficiles à trouver ! »

Dans la roche, certains avaient laissé une trace de leur passage ou peut-être étais tout simplement des vestiges de leur vie écoulée dans ces tunnels. La louvette toucha les empreintes peintes sur la roche, effleura les marques de griffures. En fermant les yeux, elle n’avait pas de mal à imaginer les enfants se chamaillant, les parents non loin qui les surveillaient. La vie des clans continentaux semblait bien différent de celle des pirates. Ces derniers avaient peut-être changé avec le temps… Quelle importance ? Lewis n’était plus qu’une traîtresse.

Les paroles de Cendres la tirent de ses pensées, alors qu’il sort de son sac deux colliers sertis d’un pendentif. La louvette ne peut retenir un « whouahhhh » de surprise, alors que ses yeux mauves observent avec attention les pierres taillées. C’était vraiment bien trop classe !

« — C’est toi qui les a fait ? Tu m’avais pas parlé de tes petits talents cachés ! »

La truffe de la louvette n’est qu’à quelques centimètres de celle du mâle blanc, alors que joyeuse, elle remue sa queue.

Ohhhhh, en plus elle avait le choix. La grenouille aurait été le premier choix bien sûr, mais…

Mais cela fait aussi de nous des êtres vivants, Lewis. Refuser d'aimer par peur de souffrir, c'est refuser de vivre.
Ne me fais pas croire que tu ne ressens rien pour personne.

Un sourire vint étirer les babines de Lewis, son regard perdu dans le vague. Oui. Rhaegar avait raison sur certains points.

« — Celui-ci. »

Elle pointa l’écureuil de la griffe.

« — Comme ça, j’aurais toujours un souvenir de toi, et tu en auras toujours un de moi. »

Pour quand je ne serais plus là.
Je te tiendrais ma promesse d’une autre façon.
Ainsi, une part de moi ne te quittera jamais, Cendres.

Il rougit au compliment, il rougit à sa présence, il rougit de la voir ainsi si proche de lui. Heureusement qu'il fait si sombre et qu'ils ne se voient à peine, la lumière bleutée projetée par les cristaux baignant l'ensemble d'un filtre froid. Il est cependant obligé de balbutier :

A-avec Fergus surtout. Il est gentil et il sait faire plein de trucs-

Il hésite à lui dire d'aller le voir, mais le vieux risquait de lui dire des choses... Compromettantes. Elle s'approche, effleure son museau et de nouveau son coeur s'emballe alors qu'elle est là. A quelques centimètres à peine, son odeur partout autour d'eux - comment faisait-elle pour n'en avoir pas conscience, ça le rendait fou. A sa grande surprise, elle choisit l'écureuil, et son coeur de nouveau manqua d'éclater dans sa poitrine lorsqu'elle justifia ce choix. Il considéra longuement la grenouille.

Une partie d'elle, toujours avec lui.

Ca n'était pas qu'une partie, qu'il souhaitait.

Il inspire.

Il a tant envie de la prendre entre ses pattes et de la serrer contre lui. De glisser ses pattes dans ses mèches pourpres, d'effleurer ses babines, de poser son front contre le sien. Ici, dans le noir complet, qui les verrait ? Qui viendrait les juger, les disputer ?

Mais c'est d'un seul regard qu'il avait peur, et il était posé sur lui à cet instant. Il n'était pas sûr qu'elle partageait ces pensées - il était même presque sûr que c'était à sens unique. Il n'était qu'un loup, un louveteau qu'elle avait trouvé sur le bord du chemin. Elle était une pirate, la reine des grenouilles. Les paroles d'Holly lui revenaient, et sa motivation fluctuait. Es-tu prêt à vivre ainsi, Cendres ?

Mais pouvait-il se permettre de la perdre ? La douleur de la côtoyer tous les jours en gardant au fond de lui ce secret si profondément ancré n'était-il pas misérable à côté de cette amitié qu'il chérissait ?

Il fit passer la lanière de cuir par-dessus la tête de Lewis, pour faire trôner l'écureuil sur son col. Effleurant de ses griffes ses oreilles, ses joues, le positionnant sur son encolure. Elle était là, entre ses pattes. Face à lui. Il n'avait qu'à se pencher en avant, esquisser un simple geste délicat pour effleurer ses babines des siennes.

Comme un soleil, sa présence l'attirait irrémédiablement. Il n'avait qu'à se laisser porter, son coeur cognant si fort. Si fort dans sa poitrine.

Tic.

Tac.

Une opportunité à saisir, ou laisser s'échapper.

Ses pattes retombent sur le sol.

Le temps reprend autour d'eux.

Il lui sourit.

Je suis sûr qu'un passage nous attend, au fond de cette grotte. On sent un filet d'air frais.

Cette fois encore, il a tenu.

Lewis

Ahhhh, Fergus n’étais-ce pas Celui-qui-gronde-contre-le-métal ? Intéressant ! Sans bouger d’un poil, la pirate laissa son ami lui mettre le collier. Ses yeux mauves sont plongés dans les prunelles dorées de son ami.

C’était étrange.
Qu’étais-ce donc… cette sensation ?

Rhaegar, tu as tant parlé ce jour-là, et pourtant tu n’as rien expliqué.

Étais-ce cela que l’on ressentait, lorsque… lorsqu’on…
Non.

Le pendentif en forme d’écureuil tomba sur le capuchon, ornant désormais le cou de la louve.

Lewis détacha son regard de Cendres pour observer l’écureuil taillé dans la pierre. Elle plaça son collier devant le petit museau de Menthe, abordant un air ravi, mettant de côté ses interrogations.

« — Regardes Menthe ! Un petit toi à mon cou ! »

Comme ça, plus de raison de ne pas manger l’écureuil ! (elle plaisantait bien sûr).

« — C’est si vivant et mort à la fois, ici… »

C’était curieux.
Biens des choses, le sont, curieuses, inexplicables.

La pirate avança dans le couloir, s’efforçant d’être la plus silencieuse possible, avant de finalement s’arrêter à l’endroit indiqué par Cendres. Oui, derrière il y avait bien quelque chose. Avec un sourire elle se tourna vers son ami.

« — Qui y va en premier ? »

Le petit écureuil piailla et bondit sur la tête de Lewis pour se glisser dans son col, cherchant la chaleur là où Cendres n'osait aller. Ce dernier observa la grenouille de cristal un instant avant de la glisser autour de son cou, par dessus le bandana. C'était un cadeau à double tranchant : il faisait d'eux des cibles faciles dans cette noirceur d'encre. Mais il leur permettait aussi de se repérer, d'éviter d'entrer en collision avec les murs rocheux. Il réagit aux paroles de Lewis, songeur.

L'Histoire résonne.

Devant une petite ouverture dans laquelle ils pouvaient difficilement se glisser, Cendres baissa le museau.

Il avait fait l'innocent, mais savait pertinemment ce qu'il se trouvait derrière. Après avoir rampé pendant plusieurs mètres, le boyau s'élargissait et s'évasait pour former une petite grotte percée en son centre d'un puits de lumière. Une salle sans autre issue que celle qu'ils emprunteraient l'un après l'autre. Et dans ce puits mille encoches se détachaient, à peine perceptibles à l'oeil nu mais qui permettaient d'en joindre le sommet. Une sortie de secours en cas de problème ? Mais aussi un territoire de jeu à qui n'avait pas peu du vide en dessous de ses pattes.

Mais le plus étonnant restait toutefois les milles gravures qui accompagnaient la montée. Loups oubliés, souvenirs d'un temps anciens, indéchiffrables et ésotériques.

Cendres sourit et s'écarta légèrement, heureux de lui laisser cette découverte.

Toi d'abord.

Lewis

Alors, ils la feront résonner cette histoire.

Ensembles.

Lewis se glissa dans l’ouverture, lorsque Cendres la désigna comme étant la première à passer. Hum… y’avait-il un quelconque danger par ici ? Enfin au moins, ils ne tomberaient pas sur des tortues… sauf si une terrestre avait élu domicile dans le secteur. Le trou au plafond éclairait la pièce qui semblait vide de toute issue. Semblait. La roche laissait de multiples appuies, pour offrir une issue vers la surface. Mais la pirate n’avait pas envie de partir. Pas encore. Ses griffes vinrent effleurer l’une des gravures.

C’était si beau.

« — Pourquoi les belles choses, doivent rappeler la mort, plutôt que la vie ? »

Les loups ou créatures, avaient laissé une empreinte de leur vie en ces lieux, pour laisser une trace après leur mort.

La louvette bondit sous la truffe de Cendres.

« — P’tit cachotier, tu connaissais l’endroit pas vrai ? »

C’est qu’il avait bien appris à jouer, Cendres.

Il s'aplatit au sol et le suivit avec un peu plus de mal. Ce passage n'aurait jamais laissé place à un loup imposant, seuls les petits gabarits y avaient droit. Probablement Cendres n'y passerait plus lorsque sa croissance serait achevée, ou alors avec grandes difficultés. Déjà il devait se tortiller pour passer - mais c'est aussi ce qui l'avait intrigué lorsqu'il avait tenté sa chance. Lorsqu'il émergea, il resta allongé à l'entrée et observa avec attention Lewis faire le tour, enfin discernable dans la lumière retrouvée. Elle était encore plus belle, magnifiée par la lumière dorée du soleil qui tombait dans le puits directement dans sa fourrure lavande. Ses pattes sur le sol sec soulevaient mille étincelles de poussière brillantes et délicates ornant la scène d'un sentiment d'irréalité.

Son coeur se mit à battre plus fort dans sa poitrine, encore. Mais à distance, sans risque d'être surpris, il se délecta de cette sensation et des tensions qui naissaient dans son corps. C'était si bon d'aimer, et d'aimer autant. Lorsque Lewis revint vers lui, son coeur s'accéléra encore plus et il lui sourit, moqueur.

Peut-être. Un magichien ne dévoile pas tout ses secrets !

Terme croisé dans un livre, amusant et approprié.

Son regard dévia un instant sur les gravures.

Au bout du compte, seuls les souvenirs restent. Nous sommes poussières, et nous redeviendrons poussière.

Il reporte son attention sur Elle. Il ne peut l'en détacher plus de quelques instants, qu'il y revient toujours.

Lewis

Un magichien ? Voyons, voyons, il se mettait à inventer des p’tits mots maintenant ? Où diable donc était passé le gamin timide du début ?

Tu l’as dévoré Lewis.

« — Tu préfères que je les découvre par moi-même, c’est ça ? »

Cela ne la dérangeait pas, les secrets, ils n’existaient que parce qu’on avait quelque chose de compromettant à cacher. Alors, si fouiner un peu permettait de faire resurgir la vérité, un p’tit coup de patte était toujours la bienvenue non ? Après tout, la frontière entre secrets et mensonges était incroyablement fine.. Mais voilà qu’il évoque la poussière. Leur passé, leur futur. Ils n’avaient que d’autre finalité à cela au bout du compte.

« — Oui, c’est l’ordre des choses. »

Toujours en souriant, elle reprit la parole.

« — Puis, c’est pas si mal la poussière ! Ça peut s’incruster partout ! »

Absolument partout.

Vraiment très pratique pour embêter et espionner les autres…

Il gardait sur elle ce regard doux et bienveillant, que personne n'aurait pu lui ôter à son égard. Un sourire tira peu à peu ses babines, dévoilant ses crocs d'ivoire. Son coeur tonnait, alors qu'il hésitait un instant un seul avant de gronder doucement :

Je te donnerais tous mes secrets, si tu me les demandais.

Et lui tira la langue :

Mais c'est plus drôle comme ça, tu ne trouves pas ?

Il se redressa et s'ébroua, chassant ladite poussière qui s'était incrustée dans son poil alors qu'il rampait dans le boyau de pierre. Il effleura les gravures sur la pierre avant de se rendre au centre du puits de lumière et s'y asseoir, appréciant la caresse du soleil sur son corps.

Je ne pense pas que grand monde se rende ici. Ca peut déjà nous faire un secret commun ?

Quittant les vieilles pierres du regard, il reporte son attention sur Lewis.

Lewis

Absolument tous ? Les connaissaient-ils tous au moins ? Lewis observa un instant les peintures, avant de darder sur lui un regard malicieux.

« — Peut-être… »

Peut-être pas…
Qui sait ?

« — Plus il y a de secrets en ce monde, moins on parvint à trouver la vérité… » La louvette regarda avec douceur le loup. « Alors, ne faisons pas de cela un secret, mais plutôt un savoir que nous partagerons tous deux. »

Ce lieu, ils ne seraient que tous les deux à le connaître, cela ne voulait pas dire qu’il serait inaccessible pour d’autres. Lewis tendit l’une de ses griffes, comme un pacte du p’tit doigt.

« — Qu’en penses-tu ? »

Tant que personne ne poserait de question, personne n’aurait besoin de savoir.
C’était aussi simple que ça.
Une sorte de secret, à qui ne savait comment poser de question.

Il ne voyait pas vraiment la différence entre un non-dit et un secret. Il ne s'agissait que de créer un mensonge par omission au lieu d'un plein mensonge, ce qui revenait un peu au même. Mais pour elle, il aurait donné son âme au diable, alors cet effort ne lui coute rien. Cendres lui sourit et s'approche d'un pas, levant la patte et le petit doigt.

Tout ce que tu voudras.

C'est pour ramener une mèche derrière son oreille, la glisser dans sa fourrure épaisse, souligner l'arc de sa mâchoire qu'il aurait voulu lever la patte. La tentation est là, forte et magnétique, mais finalement les griffes se croisent et s'entrecroisent.

Le pacte est scellé.

Il pointe le puits de lumière du museau.

Prête à découvrir un nouveau secret ?

La vue, là-haut, était à couper le souffle.

Lewis

Tout ce que tu voudras.

Absolument tout ? C’est la question que Lewis a bien envie de poser, ne serais-ce que par taquinerie. Finalement, ses paupières se ferment un instant, les babines venant s’étirer en un sourire amusé. Ah ? Étais-ce donc là que Rhaegar avait voulu en venir ? S’attacher aux autres pour mieux évoluer ? Les dieux aussi ressentaient-ils pareille attache à l’égard de leurs disciples ? Étais-ce seulement possible… Mais Lewis comprenait maintenant, où voulait en venir l’Ours. Aimer, ce n’était pas seulement jouer, c’était également protéger.

Et je te protégerai, Cendres.

Les yeux mauves se posent alors sur le mâle.

« — Oui ! »

Allons-y !

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