Alice, un corbeau et un bureau — Rhaegar et Pouit la galette

Les voilà fins prêts, habillés de leurs capes et leurs petites chaussons. Lewis avait vraiment chaud avec ça, peut-être parce qu’ils n’étaient pas encore assez au Nord pour cet accoutrement ? Enfin ceci dit, après le grand bain glacé, elle avait l’impression d’avoir froid constamment, c’était pas agréable comme sensation. Vraiment pas. Alors bon, la Nakhus elle avait pas chipoté, ses p’tits chaussons aux pattes et sa petite combinaison.

Son capuchon rabattu sur la tête, elle courrait dans la neige. Débordant toujours d’énergie, marquant quand même quelques pauses pour ne pas perdre de vue ses compagnons de voyage. Rhaegar il aurait râlé sinon !

« — Allez plus vite ! »

Lewis jappa à l’intention de ses partenaires pour les presser un peu avant de reprendre sa petite course, pour s’arrêter finalement à un endroit familier. AH !

« — C’est là qu’on a joué avec Monsieur porc ! »

Le pauvre. Il avait fini tout écrabouillé. Comme une petite crêpe. Lewis aurait bien voulu s’habiller avec ses poils à lui, ils auraient même pu se cacher tous dessous si ça trouve tellement qu’il était gros môsieur porc.

Mais ce n’était pas pour lui qu’ils étaient là.
Pour la louve qui n’avait pas voulu jouer.
Alors maintenant fallait l’appeler.

« — YOUHOUUUUUUUUUUUUUUU ! »

Rhaegar

La neige s'écrasait comme du beurre sous ses immenses pattes, tout ici n'était que blancheur et pureté. L'ours noir n'avait pas l'habitude de ce genre de décors, lui était habitué qu'à un dôme brûlant et ce des années durant.Vêtu de sa grande cape et de ses crampons, Rhaegar marchait calmement aux côtés des deux oiseaux tandis que la pirate courait loin devant eux telle une enfant impatiente et surtout imprudente.

Il soupira par les naseaux et son souffle chaud se condensa en une buée blanche dans l'air frais des lieux. Son cri lui fit dresser les oreilles et il se contenta de secouer sa tête de gauche à droite lentement, yeux clos, d'un air désespéré. Tandis qu'Asclepia s'envola pour sillonner les environs, lui scruta les environs d'un regard méfiant, yeux plissés.

Le piaf n'a pas tort Lewis, nous sommes en terrain hostile ici..

Son regard s'arrêta sur la louve ailée et il s'approcha pour analyser la bête. Il se mit en position et aida à retirer la peau en tirant dessus avec ses crocs. Ses pattes creusèrent la neige sous l'effort et grâce à sa force et aux coups de dents d'Eva il parvint à l'arracher entièrement.

[Lancé de dé FOR - 2]

L’odeur de la peur, empestait.

Lewis les regarde tour à tour, du coin de l’oeil. Aucun ne semblait confiant. Aucun ne semblait prêt à jouer avec les inconnus du coin. Comme c’était décevant. Les yeux mauves suivent la silhouette de Maître Corbeau prenant son envol pour mieux surveiller les alentours, alors que les deux autres s’occupent du cas de mosieur porc encore sous les gravats. Hum… Ce mort-là n’était pas très intéressant, surtout maintenant qu’ils étaient habillés de fourrure…

Un sourire étirant ses babines, la louvette s’adresse à Rhaegar.

« — C’est pour cela qu’il vaut mieux signaler sa présence, Rhaegar. »

Cela éviterait les mauvaises surprises.
Pour les monstres.
Comme pour eux.

Eux, qui étaient passés. La louve qui avait fui. Hum…

Peut-être resterait-il une piste à suivre ?

(Lancé de dé)

Laissant les autres, la pirate, la truffe au sol, se mit à chercher une odeur. Celle de Mosieur Porc dominait bien sûr, même si le froid préservait le corps, la bête avait une odeur naturellement forte. Lewis se concentra, se positionnant là où ils avaient vu l'étrange louve avant d'être contraints de fuir. Hum...

L'odeur était présente.
Moins forte.
Mais pas effacée malgré les mois écoulés...
L'inconnue était visiblement revenue...

« — Ahhhhh ! Maître Corbeau, viens sentir ça ! »

Arrêtez de le saigner.
Laissez le monstre dormir.
Pour cette fois.

Aucun ne semble rassuré. Aucun n’est confiant. Ils ont tous peur du danger, des jeux qui s’y prêtent. Les yeux mauves fixent une à une les silhouettes. Pourquoi avaient-ils donc insisté pour venir, si ils se laissaient ronger par la peur ? Lewis ne comprenait pas leur raisonnement, étais-ce par volonté de prouver aux autres qu’ils en étaient capables ? De prouver qu’ils étaient des loups dignes ? Rendre fiers les leurs ? Leur clan, leur famille ? Une cause que la louve ne partageait pas. Qui donc, pouvait-elle vouloir rendre fier ?

Un autre arrive.  

Cendres.

La mauve se raidit. À quoi jouait-il ? Lui qui ne savait pas comment jouer ?

N’avait-il pas promis de ne jamais t’abandonner ? Ne lui avais-tu pas fait cette promesse toi aussi, Lewis ? N’étais-ce pas ainsi, la preuve, que lui pouvait tenir ses engagements ?

La pirate ne pouvait se permettre d’être distraite, pas maintenant. Sa truffe revint trouver la fraicheur du sol, alors qu’elle avançait pour voir où se rendait Alice.

L’odeur se fait plus forte à chaque pas. Parce qu’elle avait quelque chose de spéciale Alice, ce maux qui semblait toucher les louves. Ce maux même que Lewis s’efforçait d’ignorer. Cela rendait son odeur plus forte, plus facile à suivre. À la manière d’un chien de chasse, la Nakhus, truffe au sol s’efforce de poursuivre cette odeur.

Elle avait besoin d’air.
Heureusement que la piste menait un peu plus loin.

Pourquoi un corbeau ressemble-t-il à un bureau ?

Rhaegar

Cape : 18 tours

Il attrapa le sac tendu par Eva et glissa la viande froide dans un coin en prenant soin de ne pas effrayer le petit animal qui y dormait étrangement. Pourquoi avoir emmené un être aussi fragile avec eux ? Rhaegar se contenta d'hausser les sourcils en lui redonnant le sac et il accepta les anguilles et le bout de peau en échange. Il défit sa cape et avec quelques points il la doubla de la peau encore fraîchement retirée. Son regard allait et venait avec nervosité entre sa couture et les silhouettes disparaissant dans le tunnel de glace plus loin. Rapidement il remit sa cape et pressa le pas pour rejoindre le petit groupe. L'endroit était un peu étroit, recouvert d'une glace froide, brillante et épaisse. L'effluve d'une étrangère ne tarda pas à se faire sentir et plus ils s'approchèrent, plus l'excitation monta au sein de la petite meute. Les oreilles en alerte, la trotte s'arrêta et Rhaegar dressa la tête au fond, dépassant celles des autres. Les yeux plissés et le regard méfiant, il resta silencieux comme un garde à dévisager cette gigantesque louve.

Elle n'a rien de normal, elle n'est pas d'ici. Elle est probablement puissante.. Et pas seule.

Même pour un loup de sa carrure le fils d'Anianka n'était pas serein en face de cette inconnue, mais son allure fière ne montrait aucune peur non, il ne dégageait qu'assurance et force.

Ils ont peur des flammes,
Quand déjà toi tu vois les cendres.

La cape semble bien plus chaude maintenant qu’Eva lui a ajouté une doublure. La louvette se contente d’un sourire en guise de remerciement, pour le moment. Viendrait peut-être le moment de gratitude. Pour l’instant, ils avaient l’esprit embrumé par les heures sombres qui s’annonçaient. Peut-être même que leur propre heure viendrait… qui sait ? La truffe dans la neige, Lewis continue de pister, avant de s’arrêter soudainement. Ah ?

La voilà.
La Alice.
Celle pour qui ils étaient revenus.

Si à côté des autres, Lewis ne se sentait guère grande, voilà qu’à côté de cette louve-ci, elle était bien petite. Pourtant, cela ne la gênait pour rien au monde, ça pimentait même les choses. Les yeux mauves brillent d’une lueur nouvelle, presque de défi. Parce que la pirate se rappelait de la puissance du cochon, du dinosaure des eaux… alors cette louve quelle genre de force cachait-elle ?

C’est qu’elle ne semble pas très ravie de les trouver, maintenant une distance entre eux. Ses mots sonnent bizarrement. La mauve penche sa tête sur le côté, observant la cicatrice à la gorge.

L’odeur de la peur émanant de Rhaegar eu pour effet de faire grimacer Lewis.

Ils ont tous peur de la vérité,
Pourtant ils se disent prêts à l’affronter.

La louve tourna sa tête vers Cendres. Lui qui voulait qu’elle apprenne à fuir. Qu’elle apprenne à avoir peur du danger. Qu’en penserait-il alors ?

Lewis s’avance, sa queue recourbée se balançant de gauche à droite, alors que ses babines sont étirées en un large sourire. Alice ne craindrait sûrement rien d’une louvette qu’elle pouvait écarter d’une pichenette, alors la pirate pouvait se permettre d’avancer, encore, jusque’à se trouver sous la truffe de cette nouvelle interlocutrice. Là, elle cesse son avancée, regrettant l’absence de Poe, alors qu’elle observe droit dans les yeux cette inconnue.  

Que cherchez-vous ?

« — Toi, Celle-Qui-Observa-Avant-De-Disparaître. »

Lewis pointa son museau en direction de ses compagnons.

« — Mais eux, veulent réponses à leurs questions. »

Alors, resteras-tu jouer avec nous, Alice ?

Rhaegar

Il paraissait calme, peut être même insignifiant et pourtant, la pupille marquée de la croix verte restait inébranlablement planté sur cette étrangère. Les muscles bandés étaient prêt à réagir à la seconde, au moindre mouvement déplacé. Le disciple rose qui vint sur son dos s'aggriper lui fit remuer la queue avec agacement mais son regard ne bougea pas non, il ne devait pas baisser sa garde.
Lewis était bien trop proche, bien trop imprudente.
Le regard insistant de l'étrangère au cou balafré ne presageait rien de bon et il se permit d'avancer quelques pas aux côtés d'Eva, clairvoyant.

Et sa prudence ne fut pas de trop car le geste arriva bien vite. Quand bien même Eva était restée respectueuse cette louve là n'avait pas la même diplomatie. Instinctivement le loup sombre eut un léger sursaut, comme s'il avait voulu bondir mais qu'il s'était retenu à la dernière seconde. Son regard inquiet se posa sur son amie au sol et son cœur s'accélera dans sa poitrine. D'un geste relativement vif, il posa son énorme patte sur l'épaule du fils de la couturière pour le rassurer et qui sait, pour le retenir d'agir bêtement. Lewis avait fait l'idiote et malheureusement elle en subissait les conséquences. Difficile était de réagir convenablement quand on laissait parler nos sentiments, mais un loup sage lui a un jour enseigné qu'il fallait parfois faire preuve de patience et de tolérance pour faire la paix avec des étrangers. Garder un esprit analytique, prévoir les pires situations pour ne jamais se faire surprendre, ça il le tenait de sa mère. Tant que la louve n'attaquait pas ouvertement, il tâcherait de rester à sa place.

Sa gorge semblait si fragile, et de sa hauteur à lui il pouvait l'atteindre avec facilité. Voilà une faiblesse exploitable en cas d'attaque. Ses paupières tantôt se plissaient et tantôt s'ouvraient en écoutant les échanges, des questions il en avait pleins la tête, mais seule Eva attirait la curiosité de cette louve alors il se contenta de réfléchir silencieusement, enregistrant chacun de ses gestes, chacune de ses paroles dans sa mémoire.  

L’odeur de la peur.
Lewis ne la comprenait pas.
Jusqu’à…

Jusqu’à ce que son corps soit plaqué au le sol, une pression sur son crâne.

Lewis est trop surprise pour bouger.
Trop perplexe pour tenter une esquive.
Trop choquée pour lutter.

La pression, ce n’était pas la première fois qu’elle la ressentait. Les autres aussi avaient joué avec elle la dernière fois, eux aussi s’étaient amusés, à ouvrir, à refermer, à blesser. Comment oublier la sensation ? Comment oublier la douleur ? Les griffes s’enfoncent dans la glace, alors qu’elle a l’impression que tout est flou autour d’elle. L’odeur de la peur envahit ses sens. La sienne. Celle des autres. Tout empestait la peur.

La panique monte.
Parce que Lewis n’aime pas être insecte.
Ses babines commencent à se retrousser.
Alors que l’instinct s’éveille.
Avant que les mots ne vienne la calmer.

Ne bouge pas, Lewis. Tout ira bien.

La louvette se stoppe. Sa respiration se fait plus calme, alors que son corps se détend sous la patte d’Alice. Parce qu’elle faisait confiance aux mots de Celle-Qui-Échappa-À-L’Océan.

Tout ira bien.

La gueule dans la neige, la pirate n’entend pas tout parfaitement, quelques mots qui fusent. Les autres ne parlent pas, seules Alice et Eva. Il est question d’un arbre un moment. En tout cas, il a l’air vraiment pas efficace leur arbre. Ou alors il a trop bien marché, au point qu’il a repoussé les dinosaures jusqu’à qu’aux terres de Punk Wolf.

De sa position, la tête bloquée au sol, la seule vision qui s’offre à Lewis, c’est celle d’une Alice vu d’en dessous. Au moins, avait-elle la confirmation qu’il s’agissait bien d’une louve. Bien grande. Pourtant, impossible à toucher ? Les babines s’étirent en un sourire alors que la queue se balance de gauche à droite sur le sol. La blessure à la gorge. La pirate entend la louve parler avec difficultés, elle revoit la marque des crocs. Oui. Sa gorge. C’était une zone qui avait été atteinte, qu’elle n’avait pas su protéger, alors que c’était là, qu’il était le plus facile d’ôter la vie. La taille lui conférait un avantage pour des adversaires tout aussi grand, mais il suffisait de quelqu’un de plus petit et agile pour pouvoir la toucher, pour pouvoir de nouveau la mettre à terre.

Oui.
Alice pouvait perdre.
Ça, c’était une certitude.

Il n’y a plus de mots, mais Lewis a encore l’arbre à l’esprit, alors elle profite pour parler.

« — L’Arbre est malade, Celle-Qui-Vint-Avec-Le-Grand-Froid ? »

Rhaegar

Fort heureusement son intervention cumulée à celle de la louve ailée parvint à calmer le jeune mâle blanc, sans quoi ils courraient droit à un bain de sang. Rhaegar soupira et dégagea un petit nuage blanchâtre par les narines, il espérait ne pas avoir à utiliser la force. Pourquoi diable tant de pression alors qu'ils avaient un ennemi commun ? Elle était tout autant méfiante qu'eux et de toute évidence bien plus impulsive, il allait falloir y aller avec des pincettes pour gagner sa confiance. Mais l'effort n'était pas que dans un sens, elle aussi allait devoir y mettre du sien si elle voulait des alliés.

Toujours muré derrière un silence mystérieux, seuls le plissement de ses yeux et l'orientation de ses oreilles prouvaient qu'il était parfaitement attentif. Y auraient-ils d'autres dieux que ceux déjà connus ? Ou se pourrait-il que Kiro aie un autre nom, pour d'autres civilisations ?

La proposition qui arriva lui fit froncer soudainement les sourcils et il posa cette fois ci son regard sur son amie clouée au sol, hésitant. Ce n'était pas équitable non, beaucoup trop dangereux.

Pourquoi devrions-nous vous faire confiance ?

Alors même que vous détenez notre amie sous votre patte en guise d'intimidation.

Pour la première fois sa voix grave résonna, calme et aussi froide que le regard de cette étrangère. Si ils mentaient sur leurs prétentions alors pourquoi seraient-ils aussi indulgents ? Si c'est sa mort qu'ils auraient voulu, alors ils auraient attaqué depuis longtemps déjà. Non, l'effort va dans les deux sens. Ses prunelles allèrent sur Eva, le visage intransigeant.

Il est hors de question que nous te laissions seule Eva, nous sommes venus ensemble, nous repartirons ensemble.

Puis son visage se tourna vers Alice, toujours aussi fermé. L'idée de l'otage était la plus raisonnable dans cette situation mais qui, qui choisir pour être le possible sacrifice ? C'était le genre de dénouement que Rhaegar redoutait et si on le choisissait lui alors il irait, mais ce choix ne lui appartenait pas. À vrai dire, il fallait rester stratégique, faire en sorte que quoi qu'il arrive, la force soit égale dans les deux camps.   

Elle parle encore beaucoup la nouvelle venue. La Alice. Elle parle d’un arbre. D’un coeur jaune ? OH ! Son nom aussi. Lyn. L-y-n. Hum… Lewis elle préférait plutôt lui donner un titre, ce serait beaucoup plus classe. La louvette s’habitue presque à être sous la patte de la louve, ses oreilles s’agitent à la demande d’Eva. Puis vint finalement sa demande à elle. À laquelle tout comme Rhaegar, Lewis répond par la négative.

« — Non. »

Le refus est direct, alors que la louvette adopte une position plus confortable sous la patte de la grande louve, de sorte à voir ses amis.
Ils ne pouvaient laisser leur amie ici, elle était bien trop importante. Lewis préférait demeurer ainsi otage, plutôt que de voir la louve bicolore seule ici. Les Nakhus ne le lui pardonneraient pas. La pirate clown on pouvait se passer de sa présence, mais Lion-Blanc ne pardonnerait pas à Lewis d’avoir sa laissé son amie si cher dans le froid.
Et puis Cendres…
Les yeux mauves s’attardent un instant sur le loup blanc, avant de poser sur Rhaegar, vers qui elle cligne doucement des yeux. Elle resterait, si cela était nécessaire.

« — Mais je veux bien resté jouer avec toi, Celle-Qui-Vint-Avec-Le-Grand-Froid ! »

La sans-glowstick essaye de lever la tête vers Lyn.

« — Oh ! Vous devez vous battre, comme nous, on peut peut-être vous aider ! J’veux bien me battre contre vos supers méchants ! »

La queue balaie la neige, alors que la gueule s’entrouvre en un sourire ravi. Ouais cette perspective lui plaisait bien à Lewis ! Botter des fesses plutôt que de demeurer le cul dans la neige ! En plus, Ours-Rouge-Qui-Irradies-La-Force lui avait donné un présent qu’elle était quand même impatiente d’utiliser. Le corps commence à trembler d’excitation.

« — Dis-dis Celle-Qui-Vint-Avec-Le-Grand-Froid, tu veux pas nous laisser jouer aussi ? »