Il est l’heure petite, il est temps d’avancer encore vers l’avenir. Il faudra porter le poids des tiens sur ses épaules. Elle le sait, mais elle le veut, elle en est fière même de pouvoir prétendre à un glowstick. Elle se sent prête, un peu impatiente, et légèrement stressée aussi. Mais sa queue ondule avec joie quand elle passe l’entrée de la maison de la corneille. Elle est fière, les roses trémières prenaient bien et avaient commencé à joliment décoré l’entrée de la maison de dame Yurai. Elle espérait que la déesse apprécie d’avoir cette jolie vue. Pierre n’était pas dans l’apparence, mais elle avait trouvé triste qu’un temple ne soit pas plus décoré, qu’on ne voit pas la grandeur de la mère des corneilles.

La jeune louve avait commencé à s’affirmer, elle répondait désormais quand on se moquait de sa voix. Elle était une femelle, une dame, avec la voix grave ou pas, ça ne changeait rien. C’était la vie, elle n’y pouvait pas grand-chose. La fille de Raison avait eut du mal à accepté cette farce de la nature. Maintenant elle réfléchissait, comment faire comprendre aux autres qu’elle était bien une femelle malgré sa voix ? Elle avait commencé par s’occuper de sa chevelure qu’elle coiffait, espérant que ça serve parce qu’elle ne voulait plus entendre de moquerie. Ça l’avait tellement blessé par le passé. La jeune louve se sentait bien quand elle disait : Oui, je suis une femelle, même avec la voix masculine.


Elle longea les rangées de banc, avant de venir s’asseoir au pied de la statue de la corneille. L’observant, elle était belle, et elle se mit à remuer la queue. Elle qui n’avait pas d’autre mère que Judas qu’elle chérissait. Elle avait toujours considéré que Yurai était une maman, sinon pourquoi ses enfants se considéraient comme des frères et sœur ? Elle pointa ses oreilles vers l’avant, un sourire effleurant ses babines.

« Bonjour mère Yurai, je viens demander à passer mon épreuve de Glowstick. Je me sens enfin prête ! »

Elle se sentait prête, elle avait vu l’horreur, elle se remettait de la grève. Et cette gifle mentale qu’elle s’était prise la bas l’avait réveillé. Elle avait manqué de courage, mais plus jamais, ça n’arriverait plus jamais. Elle passera son épreuve de Glowstick, et peut importe son résultat, elle continuera de se battre, et cette fois elle ne fera pas demi tour avec la peur au ventre !

Pierre hocha humblement et calmement la tête. Les oreilles pointées en avant, le respect coulant dans ses yeux. Elle était certes une louve pile électrique surexcité, elle n’en était pas moins pieuse et respectueuse de ses ainés même si elle savait son mauvais caractère. Ce sera selon vos ordres, déesses Yurai.

A la question, la jeune louve fixa la déesse, les oreilles pointées, s’agitant lentement à ses paroles. Qui es-tu était une question bien épineuse pour Pierre. Elle était juste Pierre à ses yeux. Elle n’était personne de particulier. Juste elle-même. Elle était la fille de Judas, la fille de Raison, l’une des petites d’une fratrie trop grande. Elle était l’amie de Momon. Elle était l’élève d’Eva. Elle était la camarade de lecture de Cendres. Elle était la compatriote de chasse de Violette. Elle n’avait pas fait de grandes choses dans sa vie. Elle était loin de ses sœurs ainées, de son frère qui possède savoir et connaissance. Elle était l’une des nombreuses enfants élevés dans la meute sans trop savoir pourquoi. Elle n’a pas choisit les Nakhus, elle y est née, sa naissance les lui a imposée. Et pourtant elle les aime avec une telle force. Oh elle les critiques certes, parfois elle se moque, des fois elle est méchante, et quand elle l’est, elle s’en veut aussi vite qu’elle aura parlé. Elle n’aime pas faire de la peine, ça la rend maussade. Mais c’est de sa faute, et elle doit ensuite faire attention, tirer des leçons de ses bêtises et de ses vilaines paroles.

Elle pencha la tête sur le côté. Se demandant à elle-même qui elle pouvait bien être. Elle était une petite louve perdue dans la vague de la meute. Dans l’océan de vie. Elle était ni méchante, ni gentille. Elle était neutre, elle était méchante quand la vie la secouait, ou que les autres l’agressaient, elle était gentille quand la vie était calme, ou quand les autres ne lui renvoyait pas de la colère. Mais est ce que c’était la faute des autres ? Elle pouffa de rire à cette pensée. Non c’est sa propre faute si elle a mauvais caractère. Les autres n’y sont pour rien. Rejeter la faute sur autrui n’était pas dans ses habitudes. Elle s’inquiétait même pour ceux qui la rendaient chèvre comme Violette qui se mettait en danger et que ça la paniquer parce qu’elle voulait pas que sa meute soit en danger.

En parlant de danger, elle pensa au Mosasaure, oh la honte, elle avait été médiocre, inutile, complètement à l’ouest, un vrai poids une pauvre chienne stupide qui ne sert à rien. Même Hayndriel avait été plus utile qu’elle. L’aveugle avait bondit de nulle part pour attaquer le monstre, se fichant de la peur qu’elle devait sans doute avoir. Pierre avait été impressionnée, elle avait regardé sa sœur avec tant d’admiration et de fierté d’être sa cadette. Mais elle était loin d’être aussi forte la passionner des roches. Elle se dandina sur elle-même, nerveuse et se leva, faisant un tour sur elle-même avant de se rasseoir. Elle n’était personne, juste Pierre. Elle ne méritait pas particulièrement d’être connu, et elle ne le désirait pas forcément non plus. Elle était une louve neutre, parfois méchante, parfois gentille, qui se remettait en question souvent, et qui s’en voulait dès qu’elle comprenait sa méchanceté. Elle était une enfant curieuse, aimante, et bienveillante, qui voulait le bien de sa meute qui pouvait perdre son sang froid quand un membre de sa meute était en danger. En gros, elle est banale, et très émotive. Elle agita la queue à cette pensée, avant de se souvenir de la journée où elle avait installé des plantes grimpantes devant l’église de la déesse. D’ailleurs les plants avaient bien pris. Ce même jour elle avait offert un gâteau à Momon. Elle réfléchissait à faire un petit cadeau à Cendres aussi. Un livre sans doute, mais un livre qu’on ne trouverait pas dans la bibliothèque. Elle s’égare, elle secoua la tête. Elle s’égare souvent, elle le sait la petite girouette qui aime la liberté. Elle reposa ses yeux sur Yurai qu’elle ne voyait plus vraiment car elle avait été plongée dans ses pensées.

« Je suis juste Pierre, juste moi. Je ne suis ni foncièrement méchante, ni foncièrement gentille je pense… Mais je m’en veux vite quand je comprends que j’ai fais de la peine à quelqu’un. Je n’aime pas faire souffrir les autres. Et je manque de calme quand un loup de ma meute est en danger. Et j’ai manqué de courage face au Mosasaure, j’ai été loin du courage d’Ajani, de celui de Momon, de Siem, ou d’Hayndriel… Je suis fière d’être née Nakhus… »

Mais ça elle devait sans doute le savoir la corneille. La jeune louve mit la tête en arrière, fixant le plafond.

« Ensuite, pourquoi je pense mériter le Glowstick violet ? »

Elle ferma les yeux et souffla longuement. Rabattant sa queue contre son corps.

« Je ne pense pas le mériter plus qu’un autre. Je sais que je manque de calme et de tempérance quand un loup de la meute est en danger, et que j’ai été très trouillarde face au Mosasaure. Je m’en veux encore beaucoup pour ça d’ailleurs, et je veux faire mieux la prochaine fois, si prochaine fois il y a, bien que j’espère qu’il n’y ai jamais d’autre fois comme celle-ci… »

Elle ne pensait sincèrement pas mériter ce glowstick plus qu’un autre. Mais elle s’était sentit la force d’aller passer cette épreuve. La conviction aussi que c’était le bon moment. Qu’il était temps de passer un cap dans sa jeune vie. Elle ne voulait pas ce glowstick pour être plus forte. Elle ne le voulait pas non plus pour apprendre à se tempérer quand les siens sont en danger. Elle ne le désirait pas pour trouver le courage de se battre, tout cela devait venir d’elle-même, elle devait apprendre seule tout cela, elle le savait très bien.

Elle ne pensait pas mériter ce glowstick plus qu’un autre. Elle ne pensait pas non plus avoir de bonne raison de le demander. Elle considérait que demander à un dieu de nous donner la puissance pour aider autrui n’était pas bien. Parce que c’est à nous même d trouver la force qu’il y a en nous pour avancer et se battre. Que les dieux ne sont là que pour guider, et protéger dans le cas de problème extrême. Elle mit les oreilles à l’horizontal. Elle voulait faire pareille, être là pour guider, et protéger, et sauver des vies aussi. Peut importe que ça soit celles des Nakhus ou celles de loups d’autres clans.

« Je ne veux pas demander à un dieu de me donner la puissance, le courage, ou l’intelligence, je dois les apprendre et les trouver seule. Je veux sauver des loups, mais il ne tient qu’à moi de sauver et protéger le monde dans lequel je suis née. Mais… Je crois, que j’ai peur toute seule… Et que j’aimerais votre lumière pour me guider dans le noir, dans les jours sombres où je perds espoir, je me raccroche à vous… C’est pour ça, que je suis venue ce matin. »

Oui, elle c’était raccroché à la Déesse. Dans les jours où elle était perdue, elle était venue vers l’église réfléchir. Elle avait trouvé ses réponses seule certes, mais elle avait gardé la tête haute parce quelle c’était raccrochée à la Corneille. Parce qu’elle avait foi en elle. Et qu’elle s’était toujours dis que si elle était née chez les Nakhus, c’est parce que c’était ici qu’elle avait une vie à faire, des choses à accomplir, et un avenir à créer. Elle s’était mise à prier la déesse avec ferveur le jour où ils avaient ramené les blessés du Mosasaure, et tout en aidant la noble Kerguelen, elle n’avait cessé de pensée à la déesse, de lui demander de les aider. Qu’ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient, mais qu’ils avaient besoin de sa lumière dans ces instants trop sombres à ses yeux.

La femelle observait la statue, sa déesse d'aujourd'hui, de demain et de toujours. Elle l'écouta, dressant les oreilles. Etre tendre avec elle même ? Se pardonner ? Pour le moment elle n'y arrivait pas, mais elle agirait pour y parvenir. Apprendre à mieux accepter ses fautes encore, même si chacune d'entre elles la poussaient à se remettre en question. Elle sentit bientôt la chaleur dans la pierre que lui avait offert Momon. Celle qu'elle avait passé tant d'heures à tailler pour en faire un objet à cheveux. Elle sentit un sourire fendre ses babines, son coeur s'emplir de joie et dans son sang couler un désir toujours plus fort de soutenir autrui.

"Merci, Déesse Yurai."

Il n'y avait rien d'autre à dire, rien de plus et rien de moins. La déesse jugera toujours de ses actions. Et elle sera toujours qui elle est vraiment au plus profond de sa chair. Et si un jour elle s'égare, alors c'est vers elle qu'elle se tournera pour retrouver la lumière sur sa route. Elle s'inclina avec respect avant de se retourner, s'envolant rapidement à la sortie de l'église. Elle voulait aller aider maintenant ! Aider vers le nord ceux qui avait besoin de son soutient !