Fleurs d'automne - Piclou.

L’air était frais, même lorsque l’on redescendait de la grève pour s’enfoncer un peu plus loin dans les terres.
Le temps changeait en harmonie avec le cycle du soleil, les rayons du jour se levaient plus tard et se dissipaient plus tôt. Teintant progressivement les arbres de couleurs enflammées, l’automne avançait sur les terres, et bientôt irait s’abattre sur ses terres natales plus au Sud. Anita était une enfant de l’hiver. Et ce serait le premier automne qu’elle verrait naître et grandir dans son appétit furieux à défaire ce que printemps et été avaient créé dans une profusion de vie, spectatrice elle serait de leur lent déclin jusqu’à ce qu’à nouveau l’hiver revienne en tons de blanc et de gris.
Délicatement enserrées entre ses crocs, les longues tiges des dernières plantes et fleurs qu’elle avait pu trouver encore vaillantes sur sa route flottaient doucement au vent tandis que sans réellement réfléchir ses pas la menaient là où elle devait aller.

Car il n’était pas vraiment pensable de se trouver si proche des terres Nakhus pendant si longtemps et de ne pas lui rendre visite, n’est-ce pas ?
Elle n’était venue qu’une seule fois ici, plus d’un an auparavant, mais pourtant ses pattes la portaient sans hésiter le long du chemin. Le temps était gris et brumeux, typique de ces derniers matins. Mais cela n’en dessinait que plus joliment encore la couleur de l’herbe et la silhouette du cimetière sur le fond monochrome du ciel.
Lorsqu’elle fut arrivée face à la tombe – ou plutôt face aux deux tombes étroitement liées, de sorte à ce que le contact puisse se faire au-delà de la vie – qui commençait déjà à souffrir de quelques signes du temps, elle s’immobilisa, ses yeux violets passant sur la pierre et les lettres avec douceur.
L’émotion n’était plus aussi forte, mais elle était présente, là, au fond de sa gorge.

Anita laissa un soupir s’échapper de sa poitrine serrée et s’assit, en silence. Elle était seule, contrairement à la dernière fois. Il n’y avait qu’elle, la brume et les rangées de tombes endormies. D’une patte délicate, elle passa les coussinets sur l’épitaphe, en essuyant la poussière et les mousses qui menaçaient de recouvrir les gravures puis déposa sur le sol son bouquet sauvage. Rien d’extravagant – comme il l’aurait aimé, lui qui toujours savait se montrer sincèrement touché par toutes les cochonneries et broutilles que ses petits enfants avaient l’art de rapporter. Clou n’avait jamais été un loup de prétention, après tout.
Un sourire étira malgré tout ses lèvres à ce souvenir et elle leva le museau vers le ciel, fermant un instant les paupières.

— Il se passe beaucoup de choses, Piclou. Des choses un peu effrayantes. Mais je crois que l’on va s’en sortir – comme toujours. Tu nous manques.

Tâche silencieuse et discrète qui voletait de branches en pierre de funérailles, diffusant sa lueur fantomatique dans ce lieu qui était on ne peut plus approprié, la créature qu’elle avait nommé Clou en ce jour se rapprocha. Asociale et jamais proche d’elle, mais pourtant propice à se montrer quand le moment semblait le plus pertinent.
Elle regarda battre le cœur immatériel, cette petite étoile lugubre qui refusait de s’éteindre, raison pour laquelle elle l’avait ainsi nommée.

Tout comme l’étrange animal veillait toujours sur elle d’une façon ou d’une autre et transcendait la mort, son grand-père serait toujours à leurs côtés, même depuis le cimetière devenu sa demeure éternelle.
Après tout, il le connaissait déjà si bien.

Ses yeux avaient fini par pratiquement se clore alors qu’elle inspirait lentement de profondes goulées d’un air chargé de multiples senteurs.
Elle laissait le calme l’envahir, couler dans son corps et l’envelopper d’une chaleur apaisante.
Ainsi communierait-elle avec le repos de son grand-père et des autres défunts.

Avant qu’une voix qu’elle ne connaissait que trop bien ne lui fasse ouvrir de grands yeux ronds.

La sérénité fut chassée comme par un coup de vent un peu brusque alors que la louve se mit à chercher tout autour d’elle de ses yeux vifs, ne trouvant rien, s’arrêtant parfois plus longtemps sur des herbes hautes pouvant dissimuler quelqu’un, sur les pierres tombales, même sur son familier qui l’observait depuis plus loin.
L’avait-elle rêvé ? Ce timbre si particulier – avait-elle pu se l’imaginer, ainsi plongée dans ses pensées envers lui, de sorte que son imagination finisse par lui jouer un tour en ressuscitant un fragment du passé issu d’un souvenir épousseté ?
Elle refusait d’effleurer la possibilité que quelqu’un puisse vouloir lui jouer un mauvais tour, pas ici, pas à ce sujet. Non, le cimetière était bel et bien… Vide.
Et à l’instant où elle avait presque fait la paix avec l’idée de n’avoir été victime que d’une simple illusion, elle l’entendit à nouveau.
Et n’était-ce pas comme un léger trouble de la réalité, comme une onde qui déformait un peu l’air ; ce qu’elle percevait non loin d’elle ?

Son regard troublé s’illumina, les doutes et les questionnements s’éclipsèrent en même temps qu’un hoquet de joie, de surprise et d’émotion vint s’étrangler dans sa gorge.

— Piclou ! T’es vraiment là !

Oh, qu’elle aurait aimé que sa famille soit là !
La jeune louve ne pouvait l’enlacer, se demandait même si quelqu’un d’autre débarquant à cet instant pourrait l’entendre. Mais rien de tout cela n’était une déception face à la chaleur intense qui l’avait envahie et qui agitait sa queue de battements enthousiastes. Elle en oubliait pratiquement tout ce qu’elle avait porté dans son cœur en venant jusqu’ici, toutes les pensées un peu lourdes qu’elle avait ramené en ce lieu particulier pour pouvoir les examiner en face avec l’impression d’avoir une présence réconfortante mais intangible à ses côtés.
Finalement, il était vraiment là en quelque sorte. Comment ? Elle n’en savait rien.
Mais elle ne savait pas pour combien de temps non plus, et il n’y avait pas de temps à perdre.

— Ben on est tous au Nord, en ce moment ! Au-delà des terres Nakhus, on dépasse même le bout de terre gelée proche de l’océan, là. Il y avait eu les prophéties par les Dieux, tu sais, et après ça on s’est finalement tous préparés. Et t’sais pas quoi, ya même des loups anciens ! Je les ai pas encore vus, mais ils sont super grands, apparemment… Et pas forcément très amis avec nous, mais pour l’instant, ils ont pas fait de mal et nous ont même aidés. Mais Narcy les aime pas, ça doit trop lui rappeler les solitaires, le contraire m’aurait étonnée.

Un large sourire sur les lèvres, la louve s’enroula sur elle-même en s’installant plus confortablement sur le sol, tournant son corps vers l’endroit approximatif où frémissait doucement l’atmosphère.
Sa peau était agitée de brefs tremblements, vestiges de l’excitation, de la joie inattendue ; mêlés à ce sentiment de gratitude qui naissant de savoir que l’on était touchés par une fleur extraordinaire du destin – et accompagné de cette peur un peu incontrôlable qui naissait juste derrière, à l’idée de ne pas savoir quand le charme se briserait.
Mais tant que cela durait, elle devait profiter.
Et comme lorsqu’elle était louveteau, les paroles et anecdotes sortaient de sa gueule en un flot ininterrompu.

— Et tu sais qu’on s’est battus contre un monstre ? Un énorme. J’avais jamais entendu parler de ça. Enfin il y en a un qui volait qui est venu m’emmerder dans la Moere, mais il était pas aussi… Terrible. Là, le gros, il a surgi de sous la glace alors que des loups chassaient. C’était le bordel. Heureusement qu’on était super nombreux, on a réussi à lui tenir tête, mais c’était pas… Facile.

Du museau elle désigna ses hanches en même temps qu’elle étirait les pattes arrières pour mieux en montrer la peau striée des cicatrices encore très fraîches.
Cette sortie pas très éreintante était l’une des premières véritables excursions qu’elle faisait depuis que sa convalescence s’était achevée.

— Je crois… Qu’j’ai eu un peu peur. Surtout pour les autres. Ça avait l’air impossible, de le battre, et il y avait déjà tellement de sang. Moi quand il m’a eue, j’ai à peine eu le temps de le sentir passer. Après tout le monde s’est super bien occupé de moi et je me suis réveillée quand c’était fini, j’ai raté une bonne partie du spectacle !

Un gloussement un peu étranglé ponctua sa phrase.
Ressasser les évènements n’était pas si aisé que prévu, malgré sa persistance à vouloir se les remémorer sans s’arrêter sur le pire, son entêtement à les conter avec une touche d’humour effronté. Cachée des regards des siens, des vivants, loin du camp militarisé, ramenée en enfance par la voix bourrue qui vibrait près de son oreille… Il était plus dur de s’affirmer insensible au traumatisme subi, quand bien même elle s’était toujours convaincue de ne pas en souffrir.
C’était vrai en grande partie car elle n’avait pas été retenue de s’envoler vers l’avant en faisant un pied de nez à ce qui l’avait menacée hier sans réussir à la mettre à terre. Mais finalement, elle avait si peu pris le temps d’y repenser pour de vrai. De repenser à cette peur mordante qu’elle avait subi pour ses proches qu’elle voyait à chaque instant si proches des immenses crocs de la bête.
Cette peur qui avait aussi vrillé ses entrailles, quand elle avait su qu’elle n’esquiverait pas le choc.
Et si elle était accro à l’adrénaline, ce genre de choses, c’était différent. On ne voulait plus les ressentir.

— … Enfin, c’était quand même dément. T’aurais dû voir comment tout le monde était déterminé et faisait des prouesses de dingue, finalement sa carcasse est hors de l’eau et chez nous, personne n’est mort.

Et rien que ces quelques éléments empêchaient le sourire de se désamorcer de ses babines et la pointe de fierté d’avoir fait partie de tout ça de s’éteindre.

Elle eut un vague hochement de tête.
Le bordel, ouais, comme tu dis Piclou.
Une inspiration profonde gonfla ses poumons, les griffes de l’air frais venant chatouiller sa truffe et le fond de sa trachée. La première excitation passée, la présence insaisissable de son grand père devenait étonnement apaisante. Elle se tenait à peu près immobile sans ressentir ce besoin quasi constant de gesticuler, consciente de côtoyer un moment fragile qu’elle craignait un peu de briser en venant froisser l’air, chérissant ces silences et ces secondes qui se mêlaient ensemble et lui permettaient de ressentir son âme proche de la sienne.

Elle savait qu’elle pouvait avoir peur, oui. Une grande part d’elle s’efforçait d’être honnête avec ses propres sentiments, d’accorder au maximum ce qu’elle ressentait en son for intérieur avec ce qu’elle montrait aux autres.
Mais quand on ne voulait pas voir ses proches souffrir, on préférait toujours garder quelques détails pour soi. Donner le meilleur, conserver le pire. Et c’était une façon de promettre. Pour mieux avancer.
Puisque je te dis que je vais bien, je vais te le montrer ! Regarde comme je cours et tourbillonne en riant encore.
Anita releva des oreilles curieuses en entendant les vibrations sourdes de sa voix reprendre et partir sur des phrases plus longues. Des mots qui se tissaient, s’assemblaient ensemble pour former une histoire, comme celles qu’il leur racontait plus jeune. Mais c’était une dimension différente, cette fois. Plus mature, quelque part, malgré le vocabulaire employé qui ne pouvait s’empêcher de la faire sourire.
C’était une histoire faite pour résonner avec la sienne. Sa façon à lui d’affronter le danger et d’accepter la peur.
Le museau se baissa pour expulser un souffle rieur mais un peu éteint par l’émotion, quand il la complimenta et qu’il n’avait pas pu le faire depuis tant de temps, quand par ses mots il lui rappelait que malgré les paroles échangées il n’était bel et bien plus là.

Sa poitrine s’était douloureusement comprimée mais elle se raccrocha à l’instant.

— Ouais, j’sais. C’est grâce aux ailes aussi, c’est vrai que la dernière fois qu’on s’est vus je les avais pas encore ! C’est Kiro qui me les a données. Parce que le machin qui était venu à la Moere il a voulu me ramener chez lui pour me becter, je crois, et comme il volait j’étais sacrément haut au moment où il a fini par me lâcher. Et Kiro voulait pas que je me fasse trop mal je pense, alors… Voilà, j’ai des ailes comme MaSheina et Axie, maintenant !

Les membranes se déployèrent, doucement ; pour en montrer la finesse, l’envergure, la forme taillée pour la vitesse.

— Je l’ai encore dit à personne, tu sais, mais il veut que je sois sa Prêtresse. Ça doit être pour ça qu’il veut pas trop que je m’abime.

Une information glissée sous le ton de la confidence, à quelqu’un qui jamais ne pourrait en trahir le temporaire secret.

— Et puis, si tu peux rester encore un peu… Je pourrais te montrer mes pirouettes, si tu veux.

Elle se pinça les lèvres, relevant des yeux presque anxieux vers la zone où elle semblait voir le monde légèrement flou, perturbé, un peu brouillé.
Avait-il le moindre contrôle sur le temps de cette entrevue accordée ?
Ne risquait-elle pas de briser le charme à vouloir contrôler ce fragile lien qui nouait leurs réalités ?

Le laisser la taquiner ? Bien-sûr que si, après tout, ne l’aimait-elle pas tant pour ce sourire de malice et les mots parfois piquants qui pouvaient s’échapper de sa langue fourchue ?

Elle n’eut qu’un rire bravache à répondre en même temps qu’elle secoua la tête d’un mouvement bref, c’était réponse suffisante pour assurer qu’elle avait tout ce qu’il fallait pour tenir tête au Serpent.
Puis vinrent les mots tant attendus, ce qu’il y avait de plus proche d’une confirmation et qui firent disparaître les traces d’angoisse à l’idée de bientôt se voir s’achever ce moment. Ce n’était pas tout de suite au moins, elle pouvait encore profiter.
Et s’envoler, regagner les cieux non pas pour se battre mais pour se mêler avec grâce aux feuilles virevoltant dans les courants.

La louve déplia des ailes déjà frémissantes et fit un petit pas en arrière, levant yeux et museau vers le ciel qui ne tarderait à l’accueillir.
Ses postérieurs se fléchirent, les muscles se raidirent - et d’une impulsion nette et maîtrisée, l’hybride chauve-souris se détacha du sol dans un bond qui n’était pas destiné à la ramener tout de suite à terre.
Elle s’éleva, battant de ses membranes longues et fines, tourbillonnant d’ores et déjà sur elle-même, en un long serpentin démarrant de sa truffe et courant jusqu’à sa queue ; s’accaparant l’espace sans hésiter un instant.
Une poussée vers l’arrière la tirait dans une pirouette fluide quand une embardée sur l’un des côtés l’envoyait en spirale ; sans jamais douter elle osait côtoyer la proximité des pierres tombales quand elle descendait soudain en piqué, pour ensuite remonter en n’ayant laissé au sol que la caresse fugace d’une griffe ou d’un poil.
Elle était maîtresse de ce corps que l’on avait voulu déchirer - elle prenait sa revanche sur les cieux qui ne l’avaient pas si bien gardée.

Plusieurs minutes passèrent durant lesquelles elle s’adonna avec plaisir et oubli à simplement laisser sa silhouette s’exprimer en d’extravagants mouvements que lui soufflait son inspiration, dans une trajectoire serrée qui ne l’emmenait jamais trop loin de son point de départ.
Car malgré tout elle savait encore pour qui elle dansait ainsi, et la dernière chose qu’elle souhaitait était de le laisser rater une miette de ce spectacle privé.
Et bien qu’elle eut puissamment brassé l’air de ses gestes et de son rythme effréné, elle espérait de tout coeur l’avoir suffisamment gardé près d’elle en un tourbillon serré pour n’avoir pas chassé l’essence de son grand-père qui grâce aux Dieux s’était trouvée là, ici, en ce jour, pour elle.

Une ultime pirouette la fit bifurquer vers le sol et Anita atterrit avec la même légèreté, l’oeil vif et exalté, cherchant Piclou du regard avant de se rappeler qu’elle ne pourrait le voir.
Un léger rire lui échappa et elle tournoya sur elle-même en quelques pas rapides avant de s’asseoir, expiant d’un dernier souffle l’air qui gonflait encore ses poumons.

— Alors ? C’était comment ?

Il y avait au fond de sa voix et de ses prunelles un pétillement enfantin, de ceux que l’on n’efface jamais tout à fait de soi et qui sont prompts à ressurgir au moment opportun.
Le pétillement d’excitation et de joie anticipée, quand l’on savait déjà quelle réponse on aurait et qu’on était simplement heureux de plaire, car il n’y avait aucune autre alternative.

Mais que l’on voulait quand même l’entendre, dans ce besoin constant d’amour et de validation qu’ont les âmes au coeur jeune.

Il n’y eut d’abord point de réponse, et le ton jovial de sa question se perdit dans le vent.
Quelques secondes passèrent et les hautes oreilles commencèrent à s’affaisser - elle craignait d’avoir finalement volé trop fort, trop vite ; et d’avoir dissipé les fragments invisibles qui rassemblaient l’essence de son grand-père.
Mais sa peine naissante n’eut pas bien le temps de fleurir quand un frémissement attira son regard. C’était comme si l’air se déchirait quand bien même le ciel était vide d’orage, comme si quelqu’un avait pris une plume et avec dessinait sur la brise pour former des traits qui n’auraient pas du exister.
Ces traits… Elle les reconnaissait. Cette silhouette comme nulle autre, avec ces pattes arquées et ce cou épais, ces bourrelets de chair et ce museau tordu.

Piclou était là, devant elle, plus tangible qu’il ne l’avait jamais été depuis sa mort. Là, elle avait presque l’impression de pouvoir le toucher, mais craignait trop de le traverser et de le briser.
Lui le fit, pourtant. Il leva une de ses pattes translucide, et elle put jurer devant Kiro qu’elle sentit ces coussinets posés contre sa joue.
Ils n’étaient pas froids comme le fond de l’air, ils étaient chauds comme le corps et l’amour qu’elle avait connu de son grand-père.
Elle se laissa appuyer contre ce contact - si cela était même possible. Elle en eut du moins l’impression : elle prit tout ce qu’il y avait à prendre, dans l’air gris de l’automne elle chercha ses yeux et se les imagina, et passaient en elle comme un flux d’électricité toutes les émotions qu’il avait voulu qu’elle ressente.

Il lui dit au revoir, et déjà elle le sentait s’en aller, se dissiper.

— Au r’voir, Piclou. Je t’aime.

L’émotion lui serra la gorge, le bout de ses doigts se crispa quand se dissipa la forme ténue, quand s’éclipsa cette sensation de sa présence contre sa peau.

Bientôt, il ne fut plus du tout, et il ne resta qu’elle au milieu des tombes, doucement caressée par une brise qui n’avait plus rien de mystique.
Elle resta ainsi un long moment, reniflant par intermittence, mais ne cédant pas aux larmes.

Au lieu de cela, un sourire perdura.