Elle gaine.

Elle gaine comme sa mère le lui a appris, comme la vie le lui a appris, elle gaine et tire sur le harnais improvisé de cuir et de cordes tendu entre leurs corps et le crâne. Il n'y a ici que des femelles, pour porter la gloire de leurs dieux. Du dieu rouge, évidemment, loin devant dans celui d'Alexandrine.

Alors elle gaine. Alors elle tire. Elle sent la sueur perler sur son front, elle sent les corps de ses congénères qui tirent avec elle, elle ressent leur effort et s'en galvanisent. Encore une fois, ensemble. C'est beau, c'est bon, c'est entier. Elle peut là résumer son monde et ce qu'elle en aime, ce qu'elle veut porter haut et loin. C'est son monde, et c'est le plus beau qui soit.

Et elle ferait tout pour le protéger.

Alors elle ahane et elle tire. Elle plante profondément ses pattes dans la neige et la glace, puis l'herbe, le sable et les épine.

Enfin vint la pierre.

Annette menait la marche, scandait, rythmait leurs efforts. Elle imposait les moments de contraction comme ceux de repos, pour les mener à bon port.

La haute mais délicate silhouette capée de blanc de Cendres les accompagnait. A demi-mot, il avait bredouillé une question, une requête. Celle de les accompagner, pour voir les dieux. Pour remplir un carnet, demander quelques honnêtes retours, surtout pas de les importuner. Surtout pas de les gêner. Juste, les connaître un peu mieux. Conserver une part d'eux.

Au départ, il avait hésité. Tirer le crâne ? Oui, bien sûr. Il ne s'y opposait pas, bien qu'il doutât être d'une quelconque utilité dans la manoeuvre. Il proposa une simple chose :

Peut-être, dans les passage les plus plat, glisser des rondins sous les crâne pour qu'il soit moins lourd ? Quatre ou cinq suffiraient à alléger le tout et aller plus vite.

Non pas qu'il n'admirât pas la pugnacité de ces filles et femmes d'Aka ou de Dairo - mais il ne voyait pas l'intérêt d'ainsi tirer telle charge. De la même façon, il préféra proposer à Lewis d'aller de l'avant pour défricher le passage : abattre les arbres qui les empêcheraient d'arriver à bon port, prévenir des gouffres impossibles à franchir avec une telle charge, installer parfois de quoi améliorer leur traction.

Alléger leur peine, de la seule façon dont il sache le faire : en utilisant son cerveau.

Et, peut-être, grappiller quelques instants de plus avec la louve violette.

Ils arrivent enfin en vue de l'arrivée. Cendres s'était, tout au long du chemin, gavé de ces lieux qu'il n'avait jamais vu et ne reverrait peut-être jamais. Un sentiment doux-amer l'envahissait. Sagement, laissant aux guerriers Etelkrus cette gloire et cette joie qui leur revenait, à eux et leurs dieux si fiers, eux et leurs dieux tant à l'écoute, il resta de côté.

Dansant d'une patte sur l'autre, patient mais pas très à l'aise si loin de chez lui.

Alexandrine, elle, rayonnait. Enfin, ça y était, ils étaient là. Ils avaient ramené le crâne. Son admiration pour ses alphas - présentes toutes les deux - lui donnait des ailes. Elle le sentait dans son coeur, dans son corps tout entier qui palpitait. Ils revenaient. Il étaient à la maison, avec ce qui était dû à leurs divinités.

Elle tournait la tête à droite, à gauche, son fier regard de braise passant tour à tour sur sa mère et sur Pepper avec qui, tout particulièrement, elle partageait cet instant. Elle avait l'impression qu'elles se dressaient, seules ou presque, pattes à pattes devant leurs dieux.

Devant toi, Aka.

Un murmure qui lui échappe, tout bas, un souffle empli de tout ce que représentait le dieu rouge pour elle.

Alors elle ramène la tête en arrière, à son tour. Et comme à la fin de la bataille, comme en recevant son glowstick elle a laissé éclater sa ferveur et sa joie.

Elle hurle, rejoignant le cri de Pepper, rejoignant la liesse qui les envahissait, qui les portait.

Qui leur donnait des ailes.

Elles sont là, dieux et déesses. Elles sont là devant vous, et pour vous.

A la gloire de nos dieux

Elle les effleura de sa présence. Contrairement à son frère, jaloux probablement, elle était venue. Silencieuse. Son corps encore crépitant de volonté s'éparpilla sur celui de Pepper, l'un de ses rares disciples, avant de reprendre forme plus loin. Une caresse, en somme. Comme un remerciement silencieux.

Ou juste un jeu.
Elle étira ses babines en un sourire carnassier à la vu du crâne.

« Ce crâne te revient de droit, frère. J'ai vu le combat. J'ai vu vos interventions. Et la Ruse n'a que peu jouer. Vos tentatives, vaines, n'ont eu que peu d'effet. Vos stratégies ont faillit couter la vie à bons nombres... »

Elle plissa les yeux. Il n'y avait dans son ton ni reproche, ni colère. Simple constat, aussi triste soit il.

« Mais vous avez essayé. Et face au Monstre des Profondeurs, la force brute est parfois la seule solution. »

D'un mouvement rapide et gracieux, elle décrivit un petit cercle dans les airs ; qui se mit alors à vrombir. Se dilatant, s'ondulant. Avant de libérer de ce mouvement perpetuel et dérangeant, une petite proche de renard. Une identique à celle qu'elle avait offerte aux enfants il y a bien longtemps désormais.

« Peut être ceci vous aidera à être plus malin ; et à mieux comprendre vos ennemis anciens... »

Et tandis que luisait les yeux du renard gravé dans la bijouterie, elle disparut, sans un mot de plus.

Pour une personne, de votre choix (présente ou non) : la broche permettra de créer un clone de son porteur pour réaliser une action à sa place (prendre un coup, distraire, etc.) n'utilisant pas de dès (pas d'attaque ou de soin). La réussite sera automatique. Le monstre sera donc obligé de focus le clone.
Le clone mourra au premier coup reçu et la broche se brisera.

A la gloire de nos dieux

C'est le dernier à se pointer, le dernier à se faire entendre, dans cette assemblée divine. Il laisse d'abord à son frère et à sa soeur, aux autres fondateurs de cette meute, occasion de se manifester. Un sifflement discret, qu'il aurait pu manquer s'il ne s'était pas curé les oreilles c'matin.
Une intervention un peu plus longuette de la Renarde, dû sans doute à la présence d'une de ses disciples ici.
Il est vrai que tous les horizons ne sont pas égalitairement représentés, ici.

Le rouge restait de mise.
Et bientôt de rouge, fut l'ambiance.

Quand cliquette sur le sol la broche orange, les torches du temple d'un feu puissant s'embrase. Il tourne autour de vous, tempête brulante qui frôle les murs avant de venir s'écraser contre la statue.
Et des flammes qui se dispersent il vint alors.
Celui que vous attendiez.
Celui que vous vénériez un peu plus que les autres, ici.

Aka.

« Il est vrai, Soeur et Frère, que la force pour cette fois triompha.
N'en reste pas moins que c'est ensemble qu'on gagne. »

Le rire grave et puissant. C'est la première chose qui vous saisit.

« Disciples et combattants ! Amoureux de la guerre et de la violence ! Et..toi, maigre gosse. »
Sourire orgueilleux alors que le visage divin s'est rapproché de Cendres avant de soudain se relever.
« J'ai vu votre combat. J'ai entendu vos cris et vos appels. Je vous suis venu en aide, parce qu'on me l'aura demandé. Et...Surtout, j'accepte vos mots et ce présent. »

Il retourne sur le socle de sa statue, d'un pas qui fait trembler le sol et effrite les stalactites du plafonds, laisse sur le sol d'épine et de roche la marque de ses pas.
Un aboiement, alors.
A l'entrée, Légionnaire est là.

« Pour celui-ci... je vous offrirais nouvelle version du Légionnaire. »

Une démonstration.
Il avait aujourd'hui art du spectacle qu'il empruntait à Kiro. Le légionnaire d'un bond disparait dans l'orbite géante.
Et le crâne s'anime.
D'un corps de rouge et de lumière, il se soulève. Il est Légionnaire qui devient surmonté non plus de bois de cerf mais d'une gueule immense. Bien plus grand. Bien plus fort.
On pourrait même dire invincible.

« Voici le Général. Ou donnez lui le nom qu'vous voulez, j'en ai rien à foutre. Retenez simplement qu'il sera présent, pour vous.
Et que cette bataille vécue, n'sera plus avec lui. »

S'il resterait ici, surmontant alors le temple sur lequel il alla se hisser, pour y laisser le crâne et descendre simple Légionnaire... Il sera capable de venir vous soutenir, de façon plus efficace.
Votre camp est désormais sous sa protection.
D'humeur généreuse, et pour vos hurlements et vos beaux discours...
Il a aussi cette attention en plus. Pour vous, qui avait préféré user de votre temps pour péter les os et les ligaments qui maintenait le crâne au squelette.
Devant vous, Anette, Alexandrine, Pepper et Lewis... Un anneau, rouge et gravé de sa silhouette, dégageant une force étrange.

« De façon plus personnelle, voilà pour chacun d'entre vous une part de bénédiction. Et pour toi, gringalet, quelques pages dans ton bouquin. »

Cendres, tu trouveras en effet remplis d'encre rouge et brillante, ressemblant à de la lave mais ne dégageant moindre chaleur, ce que tu aurais voulu savoir sur lui.

« Vous serez encore amené à lutter. Ne lâchez rien, gardez la foi et..
On s'dit à bientôt. »

Dans un rire, un dernier qui gonfle votre cœur et éteint les douleurs du combat, les flammes ressortent du corps rouge aspirant à redevenir statue, partant embraser les torches alentours.

- Le Légionnaire peut désormais muter en Général. Il défendra le camp établi au Nord de tout ennemi que vous ne pourrez vaincre.
- A Anette, Alexandrine, Pepper et Lewis : une chevalière orné d'un ours, luisant d'un rouge léger, vous conférant la bénédiction d'Aka - pour 1RP, vous gagnerez +1FOR. Transmissible une fois avant que sa magie ne s'éteigne.
- A Cendres : les écrits d'Aka sont obtenus.

Un sifflement, qui ne se mua jamais en présence dorée. Mais un sifflement tout de même, bientôt suivi de la présence de la déesse orange qui amena un sourire joyeux sur les babines d'Alexandrine. Elle l'avait déjà vue, Dairo, et elle s'était montré très patiente et gentille avec Tita et elle lors de cette entrevue. Elle l'estimait aussi pour ça, et une fois encore elle ne les déçut pas. Bon, évidemment Alexandrine n'était pas disciple de la ruse et ça n'était pas pour rien, mais la déesse se montra tout de même clémente envers leur combat.

Pepper reçoit, et Pepper donne. Alexandrine accepte le présent d'un signe de tête et d'un sourire - il ne lui faudrait que quelques heures pour l'amener à qui de droit.

Puis vient Aka. Avec toute la classe et le démonstratif dont il sait et dont il aime faire preuve. Alexandrine se gonfle, sourit, trépigne, bouffe la scène des yeux en laissant échapper des petits piaillements d'excitation et de joie. Le légionnaire. Le crâne. Le général. Les bagues.

C'est tellement incroyable putain.

Elle ne laissa échapper que quelques mots, dans un souffle.

A bientôt.



Cendres observa la scène, les yeux ronds, frissonnant. S'il ne perçut pas la présence ténue de l'anaconda, ce dieu qu'il ne connaissait pas, la vision de la louve rousse et de son penchant carmin s'imprima sur ses rétines dans un souvenir impérissable. Le dieu rouge lui fit même l'honneur de l'interpeler - maigre gosse, c'était lui ça -, lui qui ne pouvait être plus éloigné de sa couleur qu'actuellement, et ce malgré les efforts de Lewis.

Et il lui offrit les pages qu'il demandait.


Décidément, quelle journée !