Bad boys in town l P.V. Littie

Alexandrine aussi, connait Noé.
Désastre se demande si elle lui avait longtemps parlé, à lui aussi. Si elle s'était laissé bercé par ses mots, par sa philosophie. Si elle l'avait déjà vu, en couleuvre si jolie. Ou bien si c'est en tant que panseur Etelkrus, qu'elle l'avait connu petite. Celui dont il aurait pu se souvenir un peu plus, mais qui subsistait en un flou trop grotesque pour osé être appelé souvenir. Celui que, pourtant, il avait dû côtoyer tous les jours en même temps qu'il apprenait aux côtés de Tawana. Mais dans cette vision limitée qui lui faisait posséder son monde propre, il avait fallu que ce soit au camp, qu'il pose véritablement nom et visage sur cet adulte qu'il respectait et qui, d'une certaine façon, il appréciait.

C'est pour ça que Serpent à Plumes s’enjoue, de ses plumes qui frémisses, de sa langue bruyante et de son corps qui tournoie autour de la construction pour mieux rejoindre Noé. Il siffle toujours un peu plus, parce que Désastre croit être compris.
Sans savoir que, peut-être, il ne ferait que jouer un jazz reptilien incompréhensible à ses oreilles.


Il rampe autour de lui, l'entourerait presque alors que crie Alexandrine. Elle aussi, elle est contente. Elle propose des tâches à exécuter à leur nouveau surveillant (peut-être est-ce lui, qui doit punir ? Dans ce cas, Désastre est soulagé, car il sait que jamais Pepper ne saura, parce que Noé sait), lui hoche la tête en de petits mouvements à l'évocation des rampes. Pour les poules, pour la capacité de cette tour à devenir inclusive aussi.
De sa queue aux petites ailes, il montre la barrière, aussi, puis les poules terrorisées.


Il s'en va rassembler les morceaux de bois, glisse contre l'herbe fraiche qui lui soutire quelques frissons. Il redresse les barrières, les replantes bien comme il faut. La force de serpent à plumes lui permet de les replacer profondément dans la terre ; la finition irait au loup brun.
Et déjà, il reprend envol, Quetzalcoatl.
Va au sommet, là où Alexandrine a disposé le socle.

D'un cercle fait par son corps qu'il trace au-dessus, il semble prendre des mesures.
Du bois, repartir en chercher. Quelques autres piliers. Une nouvelle plateforme et...
Un toit.
Tout est placé dans les encoches du bois, de la force dont il dispose encore -bien qu'il la sent s'amoindrir, au travers son corps qui le tire et de cette envie violente de se réfugier sous quinze couettes et plus pour dormir une journée entière-.

-Dé FOR:2, montage du toit et finalisation de l'extérieur de la tour-

Et voilà.
Voilà comment s'achève en partie cette construction. L'extérieur fait Quetzalcoatl retrouve le sol et Désastre redevint loup, n'ayant plus à tenir cette forme maintenant que de force et d'ailes il n'avait plus besoin pour s'occuper de l'intérieur de la tour.
Il est essoufflé, se secoue pour dénouer ses muscles endolories et chasser la sueur qui macule son corps. Sa cage thoracique se soulève avec vivacité, en même temps qu'il relève la tête pour mieux observer l'ouvrage.

Il est satisfait.

Les efforts se combinent et ne laissent derrière eux que cet ouvrage qui se termine.
Il observe en silence Noé redresser les barrières, les remettre suffisamment en place pour que les poules ne puissent plus en réchapper. Celles que lui se décident à ramener en leur intérieur, partant dans leur dos pour mieux les repousser d'un, de deux, de plusieurs aboiements qui se muent en ordre via ce don qu'il ne comprend pas encore ; essuyant quelques dernières critiques de volailles aussi endeuillées qu'en colère, surtout affamées.
Voilà.

« L'erreur est réparée. »

Du moins, c'est ce que pense celui qui régit à ses propres règles, pensant gagner le pardon au travers de cette action. Ils avaient détruits, pour mieux reconstruire. Profitant de cette peine pour ériger à ces poules quelque chose de plus grandiose que cette simple grange.
Il sait, que c'est mieux ainsi. Ça ne peut que l'être.
Enfin, il se tourne à son tour vers Noé, celui qui lui sourit sans qu'il ne lui rende cette même expression. Sa communication se fait sans, il n'en reste pas moins doté de reconnaissance à son égard, tout comme il apprécie sa présence.
Son attention est alors captée par la meilleure amie s'en allant dormir prêt du feu, roulée en boule compacte. Elle s'exclame même ainsi, et lui ne trouve que ça à dire, d'une voix basse et grave qui le fait mâcher ses mots.

« C'est un boulot de dingue ensemble. »

Pour reprendre ses termes.
Comme le font tous ceux possédant des ailes, il croit, elle écarte alors ses ailes. Il repense au soir, avec Anita.
Il sait qu'il doit aller en-dessous, traine son corps au dos endolori pour s'être tant étiré vers cette place qu'il part occuper.
Là.
Sous l'aile mais pas contre le flanc, se déshabituant depuis l'arrivée au grand Nord à la tolérance du contact.
Les membres regroupés sous son ventre, la nuque courbée pour reposer sa tête contre son torse...

Il se demande, si Noé les rejoindra. Ou s'il partira retrouver les siens, ceux qui l'auront envoyés ici.
L’œil le détaille, attentif. Ne s'allume que faiblement, de ce que l'on pourrait appeler amicalité.
Il lui dirait sinon au-revoir, avant de profiter du repos avec Alexandrine.